Europa Star Première 6/2015

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Le nouveau visage d'Urban Jürgensen

Forum de la Haute Horlogerie

Le regard de... Natalie Lombardo

La marque Swiss made renoue avec ses origines danoises et propose une nouvelle ligne très élégante et de haute facture......................... p.20

Politiciens, scientifiques et penseurs se sont succédés pour dépeindre une vision du futur noircie par les attentats de Paris............................... p.22

Archéologue du désordre, l'artiste allume la ronde des matières pour donner naissance à une planète insolite et personnelle................. p.28

EUROPA STAR PREMIERE LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE

NO 6 (Vol.17) | 6.00 CHF / € | GENÈVE, LE 7 DÉCEMBRE 2015 | EUROPASTAR.COM

ISSN 297-4008

ÉDITORIAL

par

Serge Maillard

Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève a mérité ses galons d’«Oscars» de l’horlogerie. En quelques années, la compétition s’est fortement professionnalisée et a gagné en transparence et en légitimité. Europa Star est d’ailleurs très fier d’avoir pu contribuer à son succès, en étant présent dans le jury (et je ne demanderai pas à mon respectueux oncle et néanmoins collègue Pierre Maillard de trahir ici son devoir de réserve!). Pour autant, il me semble que la compétition peut encore gagner en représentativité sur un marché horloger en évolution rapide. Durant la cérémonie, le directeur d’Audemars Piguet François-Henry Bennahmias a lancé un appel pour que davantage de marques participent au GPHG. On peut s’interroger sur le mode de présélection des montres, les marques s’inscrivant et choisissant elles-mêmes la catégorie dans laquelle elles veulent figurer. Ne vaudrait-il pas mieux qu’un comité de sélection choisisse librement dans l’ensemble de la production annuelle? Evidemment, certaines maisons refuseront sans doute, dans un premier temps du moins, de venir chercher leur prix. A voir le peu d’enthousiasme suscité par le Concours international de chronométrie, on constate en effet que les marques n’aiment guère les «classements», surtout quand elles finissent quatrième! Mais un système totalement ouvert pourrait aussi accélérer les bonnes volontés de tous, condition indispensable pour prétendre au titre d’Oscars de l’horlogerie – si Spielberg et Scorsese

manquent à l’appel, cela peut poser problème... Autre limite à cette comparaison: si tout le monde peut aller voir le dernier Scorsese, peu pourront ne serait-ce qu’accéder en «vrai» (au-delà de la photo) à la très rare Tourbillon 24 Secondes Vision de Greubel Forsey. Pourquoi ne pas inclure un critère «prix» plus important dans les sélections, dans l’objectif d’un Grand Prix plus démocratique? Un jour, une Aiguille d’Or plus accessible au commun des mortels! Du reste, si l’on peut se réjouir que le GPHG récompense particulièrement les artisans horlogers à la production très limitée, il est aussi réel que l’industrialisation trouve ses lettres de noblesse dans la démocratisation horlogère qu’elle entraîne. Pour filer la métaphore cinématographique, ne nous limitons pas à l’art et essai thaïlandais. On l’oublie parfois, la montre mécanique ne représente qu’une infime minorité des montres écoulées sur le marché horloger – et les montres sélectionnées, souvent des séries limitées voire des pièces uniques, encore moins. Pourquoi pas au moins un prix, parmi les nombreuses catégories, consacré aux «99%», c’est-àdire au marché électronique? Voire à terme une catégorie «montres connectées» si ce segment prend de l’importance (avec un jury spécial). Mentionnons encore que si l’industrie horlogère est très masculine, la présence de deux femmes sur les 25 jurés n’est pas encore très représentative du marché... ni du nombre de catégories féminines. Quelques pensées pour assurer et souhaiter une longue vie au Grand Prix d’Horlogerie de Genève!

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Le GPHG, vers plus de représentativité du marché?

Détaillants: tenir bon! Face au ralentissement horloger, témoignages des acteurs de terrain en Suisse

par

Pierre Maillard

«Pour notre part nous avons resserré notre réseau autour des détaillants qui connaissent vraiment notre marque et la défendent. Et nous avons décidé de ne pas investir nous-mêmes dans de propres points de vente, à l'exception de trois magasins historiques à Genève, Paris et Londres, et de deux ambassades en Chine pour la promotion, à Shanghai et à Pékin. Pour le reste, pas ques-

tion d'ouvrir des boutiques. C'est un choix, ça coûte très cher d'avoir un bon emplacement, les compétences et le réseau. A chacun son métier.» C'est Philippe Stern qui parle ainsi à notre excellent confrère Watch Around, dans sa dernière livraison (WA nº20 Automne 2015). «A chacun son métier!» donc. Sauf que le «métier» s'est transformé. Être détaillant multimarques en Suisse aujourd'hui n'a plus rien à voir avec ce que c'était il y a vingt ans seule-

ment. En deux décennies, les groupes se sont étendus et sont montés en puissance. Ils se sont verticalisés et horizontalisés en acquérant de «nouveaux métiers», en amont comme en aval sur des territoires autrefois dominés exclusivement par les détaillants traditionnels. Les boutiques de marque ont fait floraison partout. Confrontés à cette déferlante en forme de redistribution des cartes, les détaillants multimarques ont

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DOSSIER DÉTAILLANTS

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Les Ambassadeurs: «Face au franc fort, le service est plus crucial que jamais» Figurant parmi les leaders du détail horloger en Suisse, Les Ambassadeurs vient d’inaugurer une nouvelle boutique à Lucerne, une étape audacieuse en plein épisode de franc fort. Son directeur, Joachim Ziegler, se dit très confiant. Propos recueillis par Serge Maillard

Quel bilan tirez-vous de l’année 2015? Au-delà de la conjoncture, cette année a surtout été marquée par l’ouverture de notre nouvelle boutique à Lucerne. Cinquante ans après l’ouverture de notre première enseigne à Genève, qui a été suivie de notre

visent essentiellement des touristes, donc des visiteurs très occasionnels.

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(Suite)

dû se repenser, innover, lutter, se battre au risque de souvent devoir se plier aux exigences de marques en compétition (même à l'intérieur des groupes) désireuses de «contrôler» de plus en plus près leur image devenue intouchable. Mais en contrepartie, la présence de l'horlogerie et son attrait global se sont considérablement accrus. Ce dont les détaillants ont aussi profité, comme nous l'ont avoué certains qui, par ailleurs, déplorent souvent l'arrogance nouvelle de marques dont les exigences «statutaires» et les seuils de leurs carnets de commande ne cessent d'augmenter et de se requalifier. Au risque de les étrangler. Ce qui est valable pour le monde entier se retrouve avec quelques nuances supplémentaires en Suisse, où le maillage territorial des horlogers remonte souvent à loin et puise même son origine dans le tourisme britannique de l'époque de la reine Victoria! On trouve donc toujours foison de dynasties familiales et d'horlogeries-bijouteries en Suisse romande: au total nous avons recensé 230 détaillants et boutiques dans notre Dossier Spécial Détaillants de Suisse romande, à découvrir dans les pages de ce numéro. Confrontés à la fois au franc fort et à la baisse du tourisme d'achat chinois et des fantasques visiteurs russes, ils doivent continuer à s'adapter. L'année a été rude, semble-t-il, mais l'automne, si elle est porteuse de nouvelles très mitigées en ce qui concerne l'amont, semble donner quelque espoir en aval. Il était temps car les tiroirs sont dangereusement pleins.

Quelles mesures avez-vous prises pour réagir au franc fort, qui reste le grand choc de l’année pour les vendeurs suisses?

et dans la qualité de nos équipes de ventes. Je suis persuadé que le plus important facteur dans le commerce de détail du secteur du luxe, au-delà du prix, demeure la qualité du service, la passion transmise par nos collaborateurs et plus généralement l’atmosphère de nos boutiques. Cela n’a pas de prix!

Nous avons accru nos investissements dans le service à la clientèle

Votre portefeuille de marques évolue-t-il beaucoup d’année en année?

expansion à Zurich, à St-Moritz et à Lugano, nous sommes vraiment très fiers d’être présents au cœur même de la Suisse.

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Nous sommes très sélectifs lorsque nous choisissons de nouveaux partenaires car nous visons des relations de long terme. Parmi les très bonnes nouvelles: Omega nous a rejoints l’année dernière, nous avons ajouté A. Lange & Söhne dans notre boutique de Zurich et de nouveaux partenaires sont présents à Lucerne: Parmigiani, Zenith ou TAG Heuer, pour n’en nommer que quelques-uns. Justement, quels sont vos objectifs avec ce nouveau point de vente?

Montblanc Heritage Chronométrie and Hugh Jackman Crafted for New Heights En hommage à l’explorateur européen Vasco da Gama et à son obsession de la précision, Montblanc a créé le Montblanc Heritage Chronométrie Quantième Complet Vasco da Gama Édition Spéciale : un gardetemps équipé d’un quantième complet et d’une phase de lune entourée d’une constellation laquée bleue, reproduction exacte du ciel nocturne audessus du cap de Bonne-Espérance tel qu’a pu l’observer Vasco da Gama, lors de son premier voyage en Inde en 1497. Visit Montblanc.com

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Lucerne est l’un des «points chauds» globaux pour la vente de montres. Pour Les Ambassadeurs, il s’agissait d’une étape stratégique. Mais nous avons pris un moment avant de trouver la boutique appropriée. Nous contribuerons à la valeur ajoutée de Lucerne en tant que destination touristique mais nous ne visons pas que les touristes: nous souhaitons devenir numéro un auprès des locaux. Comment se répartit votre clientèle entre tourisme d’achat et clientèle locale? Ces derniers représentent environ 40% de nos clients. C’est cette forte base locale régulière et très exigeante, entre autres facteurs, qui nous oblige à adopter des standards plus élevés que les détaillants qui

De faux points de vente Les Ambassadeurs apparaissaient parfois à l’étranger. Comment réagissez-vous? C’est la rançon de la gloire! Nous sommes l’un des rares détaillants à travers le monde ayant un concept de boutiques et de marketing très reconnaissable et très reconnu. Bien sûr, nous prenons toutes les mesures légales contre ceux qui entendent utiliser une notoriété bâtie sur un demi-siècle. Qu’attendez-vous de l’année 2016? L’année prochaine restera éprouvante pour les détaillants en Suisse. Mais avec une situation en cours d’amélioration en ce qui concerne le franc fort et notre nouvelle boutique à Lucerne, nous acceptons le défi! Les Ambassadeurs – Genève Marques: A. Lange & Söhne, Bell & Ross, Blancpain, Bovet, Breguet, Breitling, Cartier, Chanel, Franck Muller, Girard-Perregaux, Greubel Forsey, Hermès, Hublot, Jaeger-LeCoultre, Jaermann & Stübi, Jaquet Droz, Longines, Omega, Panerai, Roger Dubuis, Ulysse Nardin, Urwerk, Vacheron Constantin, Vulcain 62, rue du Rhône 1204 Genève +41 22 318 62 22 www.lesambassadeurs.ch LES VAINQUEURS DU GPHG: Grand Prix de l’Aiguille d’Or: Greubel Forsey, Tourbillon 24 Secondes Vision


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Guillard, l’horlogerie des notables et des autres Par Pierre Maillard

l’avocat ou de l’industriel à la femme de ménage, sans ségrégation. Je ne veux pas que ce soit intimidant, au contraire: c’est ouvert, nous sommes proches avant tout du client.»

Une année délicate pour tous

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Pour tout Lausannois, Guillard c’est une institution. Pensez-donc, placée au cœur de la ville, sur les flancs de l’Hôtel de Ville, place de la Palud, la maison a été fondée en 1858 et 5 générations successives de Guillard s’y sont frottées avant que Bernard Metzger ne la reprenne en 1995. Bavarois d’origine, venu parfaire sa formation d’horloger en Suisse, il est rentré chez Guillard en 1964, après un séjour professionnel en Afrique du Sud. Responsable d’un des 5 magasins alors sous pavillon Guillard, il s’est associé en 1983 avant de devenir seul maître à bord et de ne conserver que deux enseignes (Place de la Palud et avenue de Chailly). «L’attitude du client a changé, note-t-il, il revient vers le centre-ville et notamment Place de la Palud dont le caractère patrimonial rassure. J’en ai profité pour rénover de fond en comble ce magasin qui offre 17 marques s’étageant de 1'000.-CHF à 50'000.-CHF. Je n’ai pas

cédé à la pression des corners mais ai imposé ma vision, sobre, pure, essentielle: chaque marque dispose d’un panneau identique derrière lequel sont rangées ses collections. Ils ont joué le jeu, essentiellement parce que tous sont logés à la même enseigne, sans privilèges et que l’ensemble, entièrement fait sur mesure dans les

Le magasin de l'avenue de Chailly

plus beaux matériaux, dégage une impression de serein et accueillant prestige. Cette équanimité de traitement démontre notre indépendance et rassure aussi notre clientèle qui est essentiellement locale mais dont l’assise est large. Je n’ai pas voulu me spécialiser, par exemple dans les complications. Ici, nous recevons tout le monde, de

Ce qui a aussi changé est que désormais, «les clients viennent avec une idée généralement bien précise de ce qu’ils veulent. Matraqués par internet et la publicité, ils sont à 90% adeptes d’une marque. Cette nouvelle donne joue un peu contre le détaillant, lui laissant moins de latitude. Mais notre compétence de vrais horlogers nous permet de les conseiller au plus près de ce qu’ils désirent. Et la qualité de notre service nous distingue.» Interrogé sur la marche des affaires dans cette année 2015 délicate,

Bernard Metzger constate une «assez nette amélioration depuis le mois d’octobre. Mais avant, il a fallu faire le gros dos même si, de par sa nature essentiellement locale, sa clientèle a moins été affectée que d’autres par le franc fort. Quant aux touristes chinois, cette «manne providentielle» de l’horlogerie suisse, «ici, il ne faut pas trop compter sur elle, de toutes façons. Ils passent faire un petit tour en vieille-ville de Lausanne mais ont déjà les poches bourrées de montres achetées à Interlaken ou ailleurs». Mais n’est-ce pas mieux ainsi, après tout, que de pouvoir compter sur la fidélité d’une clientèle que rassure la véritable «institution» qu’est Guillard depuis bientôt deux siècles ? Guillard – Lausanne Marques: Bulgari, Chanel, Frederique Constant, Longines, Louis Erard, Hermès, Maurice Lacroix, Montblanc, Parmigiani, Tissot, Cartier, Ebel et en bijouterie: Dodo, Roberto Coin, Stefan Hafner, Pomellato, Vhernier, Mattioli Place de la Palud 1 1003 Lausanne Tél.: +41 21 312 68 86 Avenue de Chailly 5 1012 Lausanne Tél.: +41 21 652 06 32 www.guillard.ch

Michaud: La plaine plus ensoleillée que la montagne Comme le prouvent les différents portraits réalisés dans ce dossier, les détaillants horlogers indépendants romands, c’est souvent d’abord une histoire de famille! Les Michaud confirment la règle: ils sont pas moins de trois à avoir repris le flambeau allumé par leur arrière-grand père Charles-Louis Michaud, qui a inauguré sa boutique d’horlogerie-bijouterie neuchâteloise en 1909. Aujourd’hui, Laurent Michaud et sa sœur Marie-Maude s’occupent de l’enseigne historique située sur la Place Pury, au cœur de Neuchâtel, tandis que leur frère Jean-Nicolas a «pris de la hauteur» en s’installant à Verbier, où la fratrie a ouvert une deuxième boutique en 2011. Toutes deux sont axées sur le haut de gamme, avec des marques qui vont de Cartier à Ulysse Nardin en passant par H. Moser & Cie et Rolex, représentée depuis les années 1950. «L’inauguration du nouveau point de vente à Verbier a été le grand chantier de ces dernières années, souligne Laurent Michaud. Comme beaucoup de nos clients neuchâtelois, nous connaissions bien cette station. Surtout, avant que nous n’arrivions, il n’y avait qu’une bijouterie-horlogerie à Verbier: la

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Par Serge Maillard

station n’était donc de loin pas aussi saturée que d’autres lieux de villégiature dans les Alpes.»

Moins d’oxygène en montagne La clientèle varie fortement entre les deux points de vente: une majorité de touristes, principalement des Européens du Nord, à Verbier, une majorité de locaux – et quelques hommes d’affaires étrangers de passage – à Neuchâtel.

Laurent Michaud est bien content de pouvoir s’appuyer sur ces deux «jambes» bien différentes: «En 2015, même si l’on sent moins de spontanéité et de plaisir chez les clients dans ce contexte international troublé, les affaires se sont heureusement bien déroulées à Neuchâtel. En revanche, le franc fort a réellement entraîné un coup d’arrêt pour les détaillants de montagne. Les stations ont été désertées. A Verbier, nous dépendons à 95% de la clientèle de la zone euro.»

Cependant, le détaillant s’attend à une meilleure saison d’hiver: «Les signaux sont bons du côté des réservations hôtelières et les marques ont fait des efforts et adapté leurs prix. Il reste à dépasser l’étiquette psychologique «franc fort»…» Pendant ce temps, en plaine, les Michaud innovent: ainsi, ils réussissent depuis peu à capter dans la Watch Valley une clientèle chinoise: «Pas les groupes en bus, mais des connaisseurs qui souhaitent voir de leurs yeux les manufactures.» Une diversification bienvenue!

Michaud – Neuchâtel Marques: Rolex, Cartier, Hublot, Panerai, IWC, Jaeger-LeCoultre, H. Moser & Cie, Ulysse Nardin, Piaget, Tudor, Zenith, Chanel, Bell & Ross, Franck Muller, Bomberg Place Pury 1-3 2000 Neuchâtel Tél.: +41 32 722 61 68 E-mail: info@michaud.ch www.michaud.ch Michaud – Verbier Marques: Cartier, Hublot, Breitling, Panerai, H. Moser & Cie, Ulysse Nardin, Zenith, Bell & Ross Rue de Médran 5 1936 Verbier Tél.: +41 27 771 11 09 E-mail: verbier@michaud.ch www.michaud.ch


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Kaenel: Le défi des détaillants de montagne Par Serge Maillard

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«Les touristes comparent immédiatement nos prix.»

Fils du fondateur de la boutique, un Chaudefonnier monté en 1954 à PUBLICATION: Europa Star Premier Villars, Pierre-Francis Kaenel proINSERTION: 01/10/2015 pose aujourd’hui une sélection très SIZE: 251 x 200mm Trim originale de marques indépendantes LANGUAGE: F actives dans le moyen de gamme – COUNTRY: International loin du mainstream horloger que

l’on retrouve souvent dans les stations alpines. En vitrine, des marques comme Romain Jerome, Perrelet, Frédérique Constant ou Bell & Ross (et tout de même quelques poids lourds commerciaux comme Tissot). Avec ce profil de niche, représentant des marques accessibles et originales, la boutique attire ainsi non seulement les touristes – en majorité Français, Belges ou Néerlandais – mais aussi une clientèle importante de locaux.

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Villars fait peau neuve

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Comme le souligne le détaillant, le problème de Villars reste sa réputation de «station vieillissante». La situation devrait néanmoins évoluer rapidement: tout le centre névralgique de la station est en train d’être rénové, afin d’accueillir dès 2017 davantage de commerces, d’attirer davantage de touristes et de donner une image neuve et plus dynamique à Villars. Pierre-Francis Kaenel compte beaucoup sur ce grand chantier: «Nous bénéficions déjà d’excellentes remontées mécaniques et de la présence d’écoles privées réputées. Maintenant, les hôtels et les commerces doivent rouvrir!» La boutique d’horlogerie est par ailleurs en train de se diversifier sur la bijouterie: celle-ci représente pour l’heure 30% du chiffre d’affaires et sa part devrait augmenter. Avec ses tarifs abordables et des nouveautés comme la montre Alpina connectée qui sera lancée avec l'école suisse de ski de Villars, Pierre-Francis Kaenel reste confiant pour la saison d’hiver, même si les hôteliers souffrent beaucoup. Cette même connexion joue néanmoins des tours aux détaillants suisses: «Aujourd’hui, les touristes comparent immédiatement nos prix avec le tarif dans leur pays d’origine. Les marques doivent faire un effort pour que la Suisse ne soit pas un îlot de cherté. Aujourd’hui, nous sommes 20% plus chers qu’à l’étranger. Heureusement, à la montagne, les gens fonctionnent encore un peu à l’achat plaisir…»

Chefs-d’œuvre de l’horlogerie datant du XVIe au XXe siècle

« Horlogerie à travers le monde » Pendulette « dôme » en émail cloisonné Patek Philippe, Genève, vers 1988/1989

« Apollon et les Muses précédés de Aurore » Eventail avec montre et musique. Piguet & Capt, Genève, vers 1810

Samedi: viSite guidée en françaiS à 14h00, en anglaiS à 14h30

Chronométrie Kaenel – Villars Marques: Alpina, Bell & Ross, Frédérique Constant, Perrelet, Roamer, Romain Jerome, Slyde, Swiza, Swiss Military, Tissot, Victorinox Rue Centrale 111 1884 Villars-sur-Ollon Tél.: +41 24 495 26 55 E-mail: info@kaenel-villars.ch www.kaenel-villars.ch

Heures d’ouverture : mardi-vendredi: 14h00 -18h00 samedi: 10h00 -18h00 Rue des Vieux-Grenadiers 7 – Plainpalais – Genève Téléphone +41 (0) 22 807 09 10 www.patekmuseum.com

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Olivier Zbinden, au cœur des flux Un détaillant «choisit-il» vraiment sa clientèle? A cette question on serait tenté de répondre que c’est l’emplacement qui la choisit. La boutique d’Olivier Zbinden se situe au 17 rue du Mont-Blanc, la voie piétonne qui prolonge la gare de Cornavin à Genève. De l’autre côté du pont du Mont-Blanc, on trouve la rue du Rhône avec sa luxueuse et orgueilleuse enfilade de boutiques monomarques. Mais Olivier Zbinden ne changerait de rive pour rien au monde. Avec ses 16 marques, étagées entre 500.- CHF et 10'000.- CHF, il offre une palette suffisamment large et bien différenciée pour pouvoir ré-

pondre à une large clientèle. «Nous travaillons sur le volume, je dirais le volume qualitatif et notre clientèle est composée à 75% d’étrangers, détaillet-il, mais parmi ceux-ci, il ne faut pas croire que ce soit uniquement des achats de circonstance. Beaucoup d’entre eux sont réguliers et le bouche à oreille est de première importance. Il tient non seulement à la diversité de notre offre mais aussi à la qualité de notre service. Nous travaillons ainsi beaucoup avec les diverses missions de l’ONU et des organisations internationales, auprès desquelles je me déplace aussi régulièrement. L’emplacement central de la boutique au coeur des flux des pendulaires, de ceux qui se rendent à l’aéroport, qui commutent à Cornavin ou des voyageurs et touristes qui descendent vers le lac, nous permet d’assurer le volume dont nous avons besoin. Mais être détaillant de nos jours ce n’est pas juste avoir une vitrine, de bonnes marques et une bonne situation géographique. C’est devenu un combat permanent, il faut aller chercher le client, rien n’est acquis et la vraie fidélité n’existe plus. C’est aussi pour ces raisons que nous ne négligeons pas, la clientèle locale, bien au contraire.»

Marques toujours plus exigeantes Arrière petit-fils, petit-fils et fils d’horlogers-détaillants, Olivier Zbinden sait de quoi il parle. Sorti de l’Ecole d’horlogerie de Genève avec son diplôme d’horloger-rhabilleur, passé par les services après-vente de grandes marques en Suisse puis dans les Iles-Vierges et les Bermudes, il a repris petit à petit le magasin familial dès les années 2000 et l’a agrandi et rénové en plusieurs étapes dont la dernière en 2005. «Il fallait s’adapter au développement des marques, nous explique-t-il. L’important est de les privilégier plutôt que de mettre en avant notre propre nom. L’image des marques doit être répercutée dans le point de vente mais, avouons-le, ce n’est pas toujours facile, elles sont devenues de plus en plus exigeantes, envoient régulièrement leurs mystery shoppers et viennent photographier les vitrines. Et si toutes veulent briller, aucune ne veut paraître être la plus chère. Il faut aussi se rendre compte que chaque marque supplémentaire exige entre 200'000.- et 400'000.- CHF d’investissement.»

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Par Pierre Maillard

Avec ses 8 employés dont 3 horlogers, le loyer, les frais fixes, «il faut faire des ventes, même si le prix moyen a baissé, que les touristes se sont raréfiés, que les Chinois ont quasiment disparu, accaparés par Interlaken et Lucerne, que le franc fort a frappé, qu’Internet permet de comparer les prix désormais bien plus avantageux ailleurs en Europe…». Mais loin de baisser les bras face à ces problématiques qui s’accumulent, Olivier Zbinden se montre confiant en l’avenir. Seul impératif: bouger, innover, être à l’offensive sans jamais renier la qualité.

«Qu’on le veuille ou non, acheter une montre suisse en Suisse rassure.» O. Zbinden – Genève Marques: Girard-Perregaux, Omega, Longines, Baume & Mercier, Rado, Raymond Weil, Aquanautic, Gucci, Jordi, Hamilton, Mido, Edox, Titoni, Tissot, Victorinox, Ck Rue du Mont-Blanc 17 1201 Genève Tél.: +41 22 732 55 05

Davidoff brothers: Dans l’antre du vintage Leur petite échoppe de la Vieille Ville de Genève est en réalité le cœur d’un très large réseau d’amateurs et de collectionneurs de montres vintage, répartis à travers le globe et qui communiquent essentiellement en ligne. Bienvenue chez Roy et Sacha Davidoff! Rien à voir avec la marque de cigares du même nom, dont le fondateur était d’origine ukrainienne. Les frères Davidoff (depuis 1983), eux, sont de la branche ouzbèke: descendants d’une lignée de marchands de pierres précieuses, ils sont nés à Genève et ont grandi entre la Suisse et les Etats-Unis. Leur jargon est non seulement émaillé de multiples références aux montres vintage et à l’usure du temps sur les modèles («tropicaliser», «patine», ghost bezel…), mais saute d’une phrase à l’autre du français à l’anglais. Les Davidoff se concentrent sur les tool watches, les montres de plongée, de course ou encore d’aviation, rares voire uniques, produites entre 1940 et 1980 et pouvant encore se porter facilement aujourd’hui. Mots-clés: Omega, Breitling, Rolex, Tudor, Heuer, Panerai, mais pas seulement. Enicar, Nivada, Universal Genève, Bulova, ou Lemania, cela vous dit quelque chose? Autant de marques plus rares qui sont au-

jourd’hui bien vivantes sous l’œil expert des Davidoff. Leur look correspond tout à fait à l’esprit de l’époque couverte – barbe de rigueur, veste en cuir, boots, chemise à carreaux. «Nous ne sommes pas juste des vendeurs, mais d’abord des collectionneurs passionnés. Nous vivons au quotidien à travers notre passion du vintage, qui dépasse les seules montres et inclut l’automobile ou les vêtements, entre autres.»

nir, nous devrons augmenter les volumes, c’est-à-dire vendre davantage de modèles plus accessibles», répond Roy Davidoff. Leur principale concurrence reste la vente directe sur internet. «Nous offrons cependant des garanties infiniment supérieures, comme le fait de voir la montre ou de l’essayer avant de l’acheter. En combinant la force de frappe de notre boutique et de notre vitrine digitale, ainsi que de réseaux comme Instagram ou Facebook, nous sommes gagnants.»

«Nous ne bluffons pas» La boutique de la rue Verdaine vient de fêter sa première année d’existence. «Nous avons une approche quasi scientifique de la montre d’occasion, souligne Roy Davidoff. Il faut qu’elle soit parfaite, bien datée, sans modifications ultérieures. En fait, nous aimerions racheter toutes les montres que nous vendons! Cela, je crois que les clients le ressentent. En tant que collectionneurs, nous partageons leurs craintes. Nous ne bluffons pas.» Outre l’histoire, l’esthétique et la technique – la valeur patrimoniale – les collections vintage peuvent aussi présenter une valeur d’investissement considérable: «Ces montres tiennent, voire accroissent leur valeur sur la durée. Dans une économie instable, les clients sont de

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Par Serge Maillard

plus en plus attentifs à cet aspect», complète Sacha Davidoff. Les montres les plus accessibles, entre 1'500 et 10'000 francs, sont présentes en boutique. Les plus recherchées, entre 10'000 et 100'000 francs, proposées d’abord sur internet. Roy

et Sacha Davidoff semblent profiter d’une tendance de fond pour le vintage de qualité et d’une «nouvelle génération d’acheteurs». Bilan après une année? «Nous avons concrétisé nos objectifs de départ en ce qui concerne la valeur écoulée. A l’ave-

Davidoff brothers – Genève Marques: Omega, Breitling, Rolex, Tudor, Heuer, Panerai,… (vintage uniquement) Rue Verdaine 16 1204 Genève Tél.: +41 22 810 19 83 E-mail: davidoffbrothers@gmail.com www.db1983.com


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Grégoire: «Montblanc va continuer Une sélection d’ouvrir des points stricte et épurée de vente en Suisse» Comment se règlent les relations entre une grande marque horlogère et ses représentants locaux? Les réponses de Delphine Favier, responsable du marché suisse chez Montblanc. Par Serge Maillard

Anouk Schneider

Issue du monde des instruments d’écriture, Montblanc a lancé ses activités horlogères en 1997. Depuis l’arrivée il y a deux ans de Jérôme Lambert, ex-CEO de Jaeger-LeCoultre, la marque du groupe Richemont est passée à l’offensive dans toutes les directions, des bracelets connectés (le e-strap, qui permet de combiner montre traditionnelle et connexion) aux grandes complications horlogères (l’Exo-Tourbillon dans la collection Chronométrie) et aux modèles féminins (la collection Bohème, avec pour ambassadrice Charlotte Casiraghi). Dans le cadre de ce dossier détaillants, Europa Star Première a rencontré Delphine Favier, directrice générale du marché suisse chez

Par Serge Maillard

Une forme d’exclusivité Designer toujours active dans l’industrie horlogère, Sonia Lacroix a veillé à ce que cette sélection demeure très cohérente, malgré les sollicitations de plusieurs autres marques. Les nouveaux détaillants restent prudents. «Nous ne voulons pas nous perdre alors que le marché est déjà saturé de marques et de produits. Notre intention est de proposer des

Comment structurez-vous votre présence en Suisse? Notre colonne vertébrale est constituée de nos quatre boutiques en nom propre, situées à Genève, Zurich, Lugano et Bâle, où nous proposons

«Lorsque un client régulier ne retrouve pas l’«univers» Montblanc dans un magasin, cela devient problématique.»

Sur quels critères vous basez-vous? Ce qui est important, lorsque nous travaillons sur deux réseaux en parallèle, c’est que tous deux – boutiques et détaillants – donnent une même image de la marque. Nous évaluons des critères géographiques, la qualité du magasin et des vitrines et nous observons le type de marques qu’il représente ainsi qu’un point vraiment décisif: la formation des équipes. Une connaissance horlogère ne suffit pas: nous recherchons une réelle implication en faveur de Montblanc dans les enseignes multimarques. >

marques très accessibles et originales, des indépendants qui nous ressemblent. La majorité de nos ventes se fait en-dessous de 2'000 francs. Les Junghans sont un vrai best-seller. Ce n’est pas vrai que les Suisses n’achètent que du Swiss made, comme certains nous mettaient en garde!» «A Genève, nous sommes surtout confrontés à deux types de montres: du mainstream dans le créneau accessible ou alors on part directement dans les prix stratosphériques de l’ultra-luxe. Il y avait un manque, dans cet «entre-deux», que nous essayons de combler», poursuit la jeune détaillante. La boutique attire d’abord une clientèle locale. Et depuis que Junghans et Nomos ont adapté leurs prix, les clients viennent même de France voisine. Il faut dire que ces marques sont très rares dans la région: les amateurs n’hésitent donc pas à se déplacer… Bijouterie Grégoire – Genève Marques: Junghans, Nomos, March LA.B, Speake-Marin 8, rue Étienne-Dumont 1204 Genève Tél.: +41 22 731 76 50 E-mail: info@gregoire.ch www.gregoire.ch

DR

Avant 2012, la bijouterie Grégoire ne proposait très logiquement que… des bijoux. Depuis lors, l’enseigne située dans la Vieille Ville de Genève attire de plus en plus d’amateurs d’horlogerie, autour d’une petite palette de marques minutieusement choisies. «Nous proposons des montres qui tiennent leur ligne, au design vraiment épuré, indémodables voire intemporelles: une simplicité universelle qui plaît tant aux hommes qu’aux femmes», résume Sonia Lacroix, l’une des trois associés de la bijouterie-horlogerie. Au menu: deux marques allemandes – Junghans, avec sa collection signée par le pape suisse du design et membre du Bauhaus Max Bill, et Nomos, über-cool – une marque française nostalgique des années 1970, March LA.B, et une très belle marque suisse fondée par un horloger britannique, qui s’inscrit davantage dans le néo-classicisme et dans le haut de gamme, Speake-Marin.

Montblanc, pour évoquer la stratégie de distribution locale de la marque.

tous nos produits: les instruments d’écriture, les montres mais aussi les produits en cuir. Nous disposons également d’une boutique en franchise à Crans-Montana. En outre, nous travaillons avec une cinquantaine de partenaires en Suisse, dont une trentaine de points de vente qui proposent notre horlogerie. A mes yeux, ce n’est pas encore assez. Mais nous sommes très sélectifs lorsqu’il s’agit de choisir nos partenaires.


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Chaque maison horlogère prêche cependant «pour sa paroisse» en ce qui concerne sa visibilité chez les détaillants: quels moyens mettez-vous en avant pour accroître votre présence?

ou veulent garder leur «âme», d’autant plus si l’enseigne est de petite taille. Nous le comprenons tout à fait.

Ce sont certes de longues discussions! Nous proposons de solides arguments, à commencer par notre offre très riche, d’autant plus depuis l’arrivée de Jérôme Lambert: notre cœur de gamme se situe entre 3'000 et 8'000 francs mais nous pouvons aussi proposer des modèles Villeret pour les clients les plus avertis. Par ailleurs, disposer à ces niveaux de prix d’une montre à calibre manufacture, bénéficiant en outre de la notoriété globale de Montblanc pour assurer un équilibre entre clientèle locale et touristique, c’est très convaincant.

Nous n’imposons pas de packages à nos revendeurs. Tout part généralement d’une discussion: nous connaissons nos bestsellers, ils connaissent leur clientèle. Une majorité de commandes se prend au SIHH, où nous présentons nos nouveautés, mais nous sommes à leurs côtés toute l’année pour ajuster les sélections. Ainsi que pour les accompagner et les former à nos nouveautés.

Comment négociez-vous les stocks présents chez vos détaillants?

«Nous travaillons avec une cinquantaine de partenaires en Suisse, dont une trentaine de points de vente qui proposent notre horlogerie. A mes yeux, ce n’est pas encore assez.» Et en ce qui concerne le service après-vente? Nous sommes en train de lancer un système qui permettra d’agréer nos

partenaires. Mais heureusement, notre taux de retour est très bas, de l’ordre de 4%! Cela reste le meilleur service après-vente possible (sourire). Quel bilan tirez-vous de 2015? Un moment fort a été le SIHH, où l’intérêt pour notre marque a été décuplé, en raison de toutes les nouveautés lancées qui permettent à nos partenaires de couvrir presque tout le spectre horloger. Cette édition a vraiment constitué une révélation pour beaucoup. Et le rythme a été bon cette année en Suisse. Un autre moment fort reste cependant à venir, avec les fêtes de fin d’an-

née, car tous nos produits sont prisés comme cadeaux. Et l’année prochaine s’annonce en fanfare, puisque nous allons fêter nos 110 ans... Boutique Montblanc – Genève Place du Port 1 1204 Genève Tél. +41 22 312 27 70 www.montblanc.com Boutique Montblanc – Crans-Montana Route des Mélèzes 1 3963 Crans-Montana Tél. +41 27 481 84 00 www.montblanc.com

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Avez-vous inauguré de nouveaux points de vente en Suisse cette année? En effet, nous avons trois nouveaux partenaires, en ville comme à la montagne. Nous prévoyons d’en ouvrir trois autres l’an prochain. Nous prenons notre temps et pensons à long terme, car il s’agit de construire un réseau de partenaires fidèles. A terme, justement, pour bien couvrir la totalité du marché suisse, j’estime qu’il faudrait une septantaine de points de vente, dont quarante à cinquante disposant de nos créations horlogères. A l’inverse, en avez-vous fermé cette année? Parallèlement, il y a en effet des collaborations qui s’arrêtent – deux en Suisse en 2015. Cela peut survenir pour des raisons très variées, mais souvent pour une question de qualité du point de vente. Lorsque un client régulier ne retrouve pas l’«univers» Montblanc dans un magasin, cela devient problématique... Justement, quelles sont vos exigences sur la décoration ou l’environnement dans lequel sont présentés vos modèles? Sur ce point, il y a un contraste entre les détaillants qui distribuent nos produits d’écriture ou notre horlogerie. Dans le premier cas, la grande majorité d’entre eux met en place un shop in shop Montblanc. Chez les détaillants horlogers, c’est moins le cas, car certains propriétaires invoquent une unité de style dans leur magasin

LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Chronographe: Piaget, Altiplano Chrono

Couronne Symbole royal ou remontoir de montre ? Découvrez l’univers de l’horlogerie d’exception, sur www.hautehorlogerie.org

Couronne | La couronne de remontoir est un bouton de formes variées, moletée ou cannelée que l’on saisit entre le pouce et l’index pour remonter la montre. Certaines couronnes incluent un poussoir mobile pour déclencher le mécanisme du chronographe, ou le couvercle d’une boîte savonnette.

PARTENAIRES DE LA FONDATION | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | BOVET 1822 | CARTIER | CHANEL | CHOPARD | CHRISTOPHE CLARET DE BETHUNE | GIRARD-PERREGAUX | GREUBEL FORSEY | HERMÈS | IWC | JAEGER-LECOULTRE | LOUIS VUITTON | MB&F | MONTBLANC | OFFICINE PANERAI PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RALPH LAUREN | RICHARD MILLE | ROGER DUBUIS | TAG HEUER | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS


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Retail: booster les profits, même lorsque les ventes cessent de croître On a souvent tendance à mesurer la performance d’un commerce de détail principalement à l’aune de la croissance des ventes. Mais une contraction de cellesci peut aussi offrir de formidables opportunités, et conduire à des exercices record. La clé du succès repose alors sur une gestion optimisée des stocks à travers quelques indicateurs déterminants, souvent négligés en période de haute conjoncture. Par François-Xavier Mousin Caroline Buechler, cofondateurs d’Opus Magnum,

et

agence de stratégie marketing

1. Oublier les moyennes: penser médiane, quartiles et centiles

Le retail horloger et joaillier est un secteur où les volumes de marchandise sont faibles et où la fourchette de prix de l’assortiment peut osciller de quelques centaines à quelques centaines de milliers de francs. Les indicateurs basés sur les valeurs moyennes, d’autant plus sensibles aux valeurs extrêmes que les quantités sont faibles, devraient être systématiquement complétés par des indicateurs de valeurs médianes, beaucoup plus pertinents. Un tableau de bord comparant stock et ventes sur la base des prix médians, mais aussi des deuxième et troisième quartiles ainsi que des centiles 10 et 90, offre une grille d’analyse fidèle et non biaisée, parfaitement en adéquation avec les besoins du secteur. 2. Rotation: en valeur, mais en quantité aussi

Le même biais des valeurs extrêmes peut impacter également les indicateurs de rotation, pour autant que ceux-ci se focalisent exclusivement sur les données en valeur. Y adjoindre la mesure des rotations en volumes permet de réaliser facilement un double check, et d’identifier immédiatement ces éventuels biais. 3. Âge du stock: sur les pièces vendues également

Tout détaillant connaît généralement parfaitement l’âge moyen de son stock, et observe attentivement son évolution. Cette mesure peut être rendue encore plus efficace en y adjoignant la mesure de l’âge des pièces vendues. Un décalage important entre ces deux indicateurs permettra, par exemple, de découvrir que le ralentissement des ventes sur une marque ne provient pas de la faiblesse de la marque elle-même, mais de l’inadéquation entre l’assortiment proposé et la demande de la clientèle. Enfin, suivre attentivement l’évolution de l’âge des pièces vendues permettra d’identifier rapidement les bestsellers et d’optimiser la gestion du réassort. 4. GMROI, mais pas seulement et pas n’importe comment

Le GMROI (Gross Margin Return On Investment), et sa variante « Turn & Earn », sont depuis longtemps les indicateurs fétiches du commerce de détail. Le GMROI permet de comparer globalement la performance de deux produits, de deux lignes de produits ou même de deux marques, en mesurant l’impact combiné de la rotation et de la marge sur le profit. Malgré ses faiblesses, cet indicateur de rentabilité se prête particulièrement bien au retail horloger et joaillier, où la structure des coûts de vente est sensiblement identique pour les différents produits de l’assortiment. Il est cependant crucial de toujours se souvenir que les deux composantes du GMROI, la rotation et la marge, n’ont pas la même force comme leviers de profit: à chiffre d’affaires égal, une augmentation de la marge a plus d’impact sur le profit qu’une augmentation de la rotation. Il faut également toujours garder à l’esprit qu’un GMROI élevé ne signifie pas pour autant que la marge générée suffise à faire du profit… En effet, dans une perspective de recherche de cash, un produit bon marché, même avec une forte rotation et une marge élevée, rapportera moins qu’un produit beaucoup plus cher ayant une

rotation et une marge relativement plus faibles. Or c'est ce premier qui aura le meilleur GMROI. 5. Le DPP: pour garder à l’œil l’évolution des coûts fixes

Loin d’être réservé aux grandes entreprises et aux multinationales, le DPP (Direct Product Profit) peut se révéler d’une grande utilité pour une PME, où l’importance des coûts fixes est parfois négligée. En effet, les coûts de stockage, de transport, de commissions ou d’assurance peuvent entamer fortement les marges brutes et pénaliser la rentabilité générale d’un magasin, un phénomène qui risque même d’exploser lorsque la rotation augmente. La complexité de l’exercice du DPP réside généralement dans la bonne allocation des coûts sur les différents produits. Dans le retail de l’horlogerie et de la joaillerie, cet exercice peut toutefois être simplifié grâce à une structure des coûts relativement homogène entre les produits. Le DPP devient alors le partenaire de choix du GMROI pour l’optimisation de la rotation. 6. Intuition et connaissance de la clientèle: les armes imparables

SERVICES APRÈS-VENTE HORLOGERS: NOUVELLES EXIGENCES par Kalust Zorik et François Courvoisier Cet ouvrage réunit les communications présentées en 2013 à Neuchâtel lors de la 8e Journée de recherche en marketing horloger, ainsi que les exposés et tables rondes qui ont eu lieu à la 17e Journée internationale du marketing horloger tenue à La Chaux-de-Fonds. Diverses facettes des services après-vente dans le domaine horloger y sont présentées: le rôle du SAV, la perception que les consommateurs en ont, les nouveaux enjeux du SAV et ses possibilités en ligne, les besoins en formation d’horlogers spécialisés dans le SAV, les nouvelles technologies pour mieux connaître les besoins des clients ainsi que les possibilités de l’impression 3D métallique. Réf. 14682 • 208 Pages • Illustrations couleurs • Format: 17 x 24 cm • Prix: CHF 48.00 | € 48.00 LUXES ET INTERNATIONALISATION (XVIE-XIXE SIÈCLES) par Nadège Sougy Ce livre propose d’analyser l’évolution des marchés de luxe entre le XVIe et le XIXe siècles. Différents espaces sont envisagés – Asie, Amériques, Afrique et Europe – afin d’en dégager les spécificités et les complémentarités. L’essor du négoce international des produits de luxe, non seulement dans les échanges Europe-Asie et Europe-Amérique mais encore Asie-Amérique, contribue à recomposer la géographie des lieux de production et à fixer des aires nouvelles de consommation. En focalisant l’attention sur ces échanges, les auteurs abordent les mécanismes économiques, sociaux et culturels qui sous-tendent la production et la consommation de ces marchandises destinées à une clientèle étroite. Dans ce cadre, le luxe s’écrit au pluriel parce que c’est un concept relatif, fonction du pouvoir d’achat et du niveau socioculturel. Réf. 9053 • 352 Pages • Format: 22.5 x 17.7 cm • Prix: CHF 44.00 | € 37.00 LUXURY BRAND MANAGEMENT par Michel Chevalier et Gérald Mazzalovo Written by two renowned insiders, this revised and updated edition of Luxury Brand Management is packed with new information covering the financial crisis's impact on luxury brands, and looking towards a new period of growth, the book reconciles management, marketing, and creation with real-life examples and management tools, including brand creation, the complexity of managing brand identity, the convergence of arts and brands, and much more. Addresses the practical functions that can make or break bottom lines and affect brand perception, such as distribution, retailing, logistics, and licensing. Focuses on brand life-cycle, brand identity, and licensing issues. Réf. 9048 • 336 Pages • Format: 16 x 23.5 cm • Prix: CHF 55.00 | € 43.90

Quelle que soit la puissance des indicateurs et des outils d’analyse de stock, ils ne peuvent jamais se substituer totalement à l’intuition du détaillant et à une connaissance approfondie de la clientèle et de ses goûts. Le succès du retail horloger et joaillier, qui repose encore massivement sur des enseignes à taille humaine et sur la qualité du service et du conseil, dépend heureusement toujours d’une approche mêlant intelligemment les outils d’analyse les plus puissants avec une grosse dose d’instinct, d’observation et d’empirisme.

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L’art ancestral de la vente de montres

Par Dominique Fléchon, expert auprès de la fondation de la haute horlogerie, genève

A ses débuts, la commercialisation de la montre a bénéficié d’une économie équilibrée entre demande et production. Survinrent les manufactures qui, non assujetties aux règlements corporatifs, augmentèrent les volumes de produits finis à des fins de rentabilité. Pour les écouler, elles durent faire appel à des méthodes de diffusion originales et à la publicité afin de susciter la demande et soutenir la production. Issue des petites horloges de tables à ressort, la montre apparait à la fin du XVème siècle. Au siècle suivant, la profession s’organise en se dotant de statuts qui définissent dans leurs moindres détails les règles et la structure du métier d’horloger. De rares gravures d’époque prouvent que fabrication et commerce se font à la vue de tous dans une échoppe ouverte sur la rue. Cette obligation constitue à la fois un spectacle très prisé des visiteurs étrangers et une forme de publicité.

Le rôle crucial des établisseurs Au XVIème siècle, l’imprécision de la montre est compensée par son rôle de bijou d’apparat, prisé des membres des familles royales et princières dont les maîtres-horlogers recherchent le parrainage. Les grandes foires commerciales furent durant des siècles le principal vecteur du commerce en général. Elles permettent en particulier la diffusion de l’horlogerie dans toute l’Europe, mais aussi vers les pays orientaux. Forte de son organisation bancaire et du développement de ses propres foires locales, Genève, faute de cour royale, y participe dès le XVème siècle. En 1592, des LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Calendrier: Hermès, Slim d'Hermès QP

garde-temps genevois parviennent à Constantinople, ville dans laquelle s’installe alors une colonie d’horlogers genevois et où des horlogers français actifs à Blois ont déjà envoyé des représentants pour promouvoir et entretenir leurs propres fabrications. A la même époque et par le même biais, les montres européennes sont vendues en Inde, en Chine et au Japon. Le développement des exportations de montres genevoises est dû au succès des établisseurs, négociants spécialisés dans le commerce d’horlogerie et recrutés par les maîtres-horlogers quand ils ne l’étaient pas déjà euxmêmes. Entre le commis voyageur et le détenteur de capitaux suffisants à la passation de commandes conséquentes, véritable chef d’entreprise, les établisseurs coordonnent le travail de leurs sous-traitants dont ils financent par anticipation les capacités de production, tout en assumant pleinement leurs responsabilités de marchands. Leur rôle s’accroît vers 1650 lorsque le négoce de montres prend une grande ampleur. Ils sont nombreux à se déplacer pour visiter cours royales, foires et négociants locaux et s’adjoignent les services de courtiers ou d’intermédiaires tels groupements professionnels et colonies locales d’horlogers. Malgré l’émergence des voyageurs de commerce, ils maintiendront leur activité jusqu’au XIXème siècle.

Suisses contre Anglais Au niveau régional, la vente par colportage fait son apparition au XVIIème siècle et sera courante dans les Etats-Unis du début du XIXème siècle. Ce système de ventes, que le chemin de fer détrônera, s’accompagne souvent de la méthode du confié qui consiste à laisser une horloge chez un client solvable. Ce dernier, s’y habituant, en fera l’acquisition lors de la prochaine tournée du marchand. En parallèle, les publications des diverses académies de sciences font connaître les nouvelles réalisations auprès de la clientèle aisée et leur assure caution et notoriété. En 1700, l’Angleterre est le centre mondial de l’horlogerie. Au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle, le commerce de l’horlogerie helvétique se développe au Proche-Orient par l’intermédiaire de Constantinople et de Smyrne qui jouent le rôle de comptoirs commerciaux. La concur-

Se faire connaître pour exister Dès la fin du XVIIème siècle, de rares annonces dans les gazettes à tirage limité mentionnent l’adresse d’une boutique d’horlogerie ou l’inauguration d’un magasin. La presse bon marché apparaît dans le deuxième quart du XIXème siècle. Ouvrant ses colonnes aux commerçants, ses tirages sont augmentés grâce à une montre offerte en prime à chaque nouvel abonné de longue durée. Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, le développement du chemin de fer puis du télégraphe incite les manufactures à créer pour leurs exportations des représentations locales, voire des agences. Sur le plan national, elles remplacent la vente directe aux détaillants par celle aux grossistes, eux-mêmes fournisseurs des détaillants et véritables régulateurs de la production. Ultérieurement, elles écouleront directement leurs produits à des détaillants concessionnaires spécialement choisis. En parallèle et malgré l’opposition farouche des horlogers traditionnels, la vente par intermédiaires et celle par correspondance vont assurer une partie de la distribution des produits de grande diffusion et de faible valeur. Dans le premier cas, les fabriques envoient aux secrétaires de mairie, facteurs, instituteurs et autres fonctionnaires à faibles revenus une demi-douzaine de montres. Si cinq d’entre-elles sont vendues au prix indiqué, l’intermédiaire conserve gratuitement la sixième. La vente par catalogue (ou par correspondance) apparait dans les années 1860. Aux Etats Unis, elle est connue sous l’appellation «cash and delivery». A l’origine, montres et pendules figurent dans les catalogues aux cotés des phonographes à cylindre, des articles d’optique ou encore de l’outillage. Dans celui de la Manufacture Française d’Armes et Cycles de Saint Etienne créée en 1885, la montre constitue l’un des accessoires du chasseur, du pêcheur et du cycliste, au même titre que le fusil et ses munitions, la canne à pêche ou le vélo.

«La montre qui a fait le renom du dollar» Afin de susciter la demande, la réclame, ancêtre de la publicité, fait son apparition à tous les niveaux de la commercialisation. Dans le courant de la seconde moitié du XIXème siècle, les entêtes des documents commerciaux des grandes manufac-

DR

Quand sont donc apparus les prospectus, les slogans et les méthodes qui ont ouvert la voie aux techniques publicitaires horlogères actuelles? Depuis six siècles, les fabricants n’ont cessé d’innover dans un même but: attirer le chaland, connaisseur ou profane.

rence anglaise y est forte, mais, les Suisses savent tirer parti de la situation, de nombreuses montres vendues aux Turcs par les horlogers londoniens étant en réalité fabriquées à Genève.

tures énumèrent les produits fabriqués: montres, pendules et horloges, mais aussi contrôleurs de ronde, baromètres, marégraphes, compteurs pour machines à vapeur, tournebroches, métronomes, etc. Suivent compétences, références et distinctions obtenues lors des concours de chronométrie et des expositions universelles. Les géants de l’industrie horlogère américaine font, quant à eux, preuve d’une grande créativité dans leurs publicités: prospectus aux effets percutants, mise en avant de la qualité et des prix de vente, slogans mémorables tel celui d’Ingersoll présentant la montre dite à un dollar comme «la montre qui a fait le renom du dollar»!

L’incontournable horloger-détaillant La communication des détaillants de produits haut de gamme se concentre sur la création, la vente et l’entretien d’articles d’horlogerie. Mais ces derniers côtoient fréquemment joaillerie, orfèvrerie, baromètres et thermomètres, voire les instruments d’optique, autant de spécialités clairement mentionnées sur les enseignes des boutiques. Les autres, horlogers de village ou de quartiers, jouent un rôle central dans la vie locale, notamment à partir du début du XXème siècle. En marge de leur activité commerciale principale, ils apposent une enseigne portant la mention «atelier spécial de réparation» destiné à

«La vente par catalogue (ou par correspondance) apparait dans les années 1860.» l’horlogerie, mais aussi aux machines à coudre, phonographes, lunettes et entretiens variés s’apparentant à des activités très diverses de bricolage. En outre, ces détaillants assurent par contrat annuel l’entretien des horloges publiques, voire des pendules chez les particuliers. Pour se faire remarquer, ils installent dans leurs vitrines ou à l’entrée de leurs magasins des horloges à complications, chefs d’œuvre de fin d’apprentissage ou automates de vitrine. Ils apposent à l’extérieur des plaques en tôle émaillée au graphisme élégant fournies par les marques qu’ils représentent: Omega, Longines, Lip ... La clientèle est séduite par la qualité des emballages et par de menus cadeaux publicitaires tels calendriers, dessins à énigmes et buvards. Tous sont présents dans les annuaires industriels ou commerciaux, journaux locaux ou nationaux. Mais les temps changent. Depuis les années 1970, la montre a perdu son rang dans la hiérarchie et la priorité des achats. Aujourd’hui et à l’exception des pièces haut de gamme, sa promotion ne se distingue plus de celle des produits de grande consommation.


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Sélection de boutiques et de magasins en Suisse romande Tempus La Boutique Rue de la Gare 22 Bienne Tél. +41 32 322 98 10 www.tempus.ch

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Tissot Jacques Rue de Nidau 68 Bienne Tél. +41 32 322 47 27 Villiger R. Rue du Collège 12 Bienne Tél. +41 32 322 72 77

FRIBOURG Boutique Susan Avry-Centre Route de Mattran 9 Avry-sur-Matran Tél. +41 26 470 15 10 www.boutiquesusan.ch

Pierre Liechti Boulevard de Pérolles 4 Fribourg Tél. +41 26 322 14 91 www.alliances.ch

Christ Avenue de la Gare 10 Fribourg Tél. +41 26 321 20 15 www.christ-swiss.ch Grauwiller Avenue de la Gare 7 Fribourg Tél. +41 26 347 11 31 www.grauwiller.ch Kupper Horloger Bijoutier Bd de Pérolle 46 Fribourg Tél. +41 26 424 14 38 www.bddeperolles.ch La Marquise-Clément Rue de Gruyères 9 Bulle Tél. +41 26 322 33 76 Le Tres'or Bd de Pérolles 22 Fribourg Tél. +41 26 322 16 79 www.le-tresor.ch

Schmutz Horlogers-Opticiens Grand-Rue 5 Romont Tél. +41 26 652 22 50 Vollichard & Cie Pont-Muré 22 Fribourg Tél. +41 26 322 16 96 www.vollichard.ch

GENÈVE Air Watch Center Genève Aéroport Tél. +41 22 717 84 14 www.airwatchcenter.ch

Airbijoux-Centre Passage Malbuisson 20 Genève Tél. +41 22 311 71 71 www.airbijoux.com B & B Genève Quai du Mont-Blanc 1 Genève Tél. +41 22 732 31 18 www.betb.ch Benoît de Gorski Rue du Rhône 86 Genève Tél. +41 22 310 14 30 www.benoitdegorski.ch Bijouterie Grégoire 8, rue Étienne-Dumont Genève Tél. +41 22 731 76 50 www.gregoire.ch (lire en page 6) Bijouterie Kunz Quai des Bergues 23 Genève Tél. +41 22 731 09 20 www.bijouterie-kunz.ch

Bijouterie Kurz Centre Balexert Genève Tél. +41 22 796 30 00 www.kurzschmuckuhren.ch Boutique Audemars Piguet Place de la Fusterie 1 (Provisoire) Genève Tél. +41 22 319 06 80 www.audemarspiguet.com Boutique Audemars Piguet Grand Hôtel Kempinski Quai du mont-blanc 19 Genève Tél. +41 22 732 83 00 www.audemarspiguet.com

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DANS NOS ARCHIVES

A bas les comptoirs ! (1961)

Dans le numéro 65 de notre publication Eastern Jeweller and Watchmaker datant de 1961, on trouve cet étonnant reportage intitulé «Removing the counter». Il présente une innovation apparue récemment dans certaines horlogeries suisses: la suppression de l’antique comptoir. «On ne peut pas

changer la nature d’une porte de prison simplement en la peignant en rose ou en tout autre couleur agréable. De même avec le comptoir d’un magasin. Quelle que soit son apparence, il met une barrière infranchissable entre le vendeur et l’acheteur.» Et le rédacteur d’alors de donner en

exemple «certaines horlogeries-bijouteries suisses ultra-modernes qui ont tout bonnement supprimé le comptoir pour le remplacer par un aménagement moins formel de petites tables couvertes de verre et de confortables fauteuils». Toujours selon lui, «les clients, tout spécialement ceux aux revenus im-

portants, apprécient l’atmosphère à la fois luxueuse et détendue de ce genre de magasin et le contact plus humain et plus approfondi qu’il permet.» Autre avantage: ceux-ci ont désormais «la possibilité d’examiner en toute tranquillité l’objet et même de converser avec leurs amis». En effet, insiste-t-il, «comme il s’agit sou-

vent de cadeaux, il est nécessaire de consulter la personne concernée et cela se fait beaucoup plus agréablement et confidentiellement assis à une table loin des autres clients.» Un «modèle» qui a connu la fortune que l’on sait. (PM)


DOSSIER DÉTAILLANTS Boutique Chopard Rue de la Confédération 8 Genève Tél. +41 22 311 37 28 www.chopard.com Boutique Franck Muller Tour de l'Ile 1 Genève Tél. +41 22 901 17 33 www.franckmuller.com Boutique Franck Muller Quai du Montblanc 19 Grand Hotel Kempinski Genève Tél. +41 22 901 00 36 www.franckmuller.com Boutique GC Quai du Général-Guisan 12 Genève Tél. +41 22 310 70 91 www.gcwatches.com Boutique Gucci Rue du Rhône 92 Genève Tél. +41 22 310 84 06 www.gucci.com Boutique Hermès Rue du Rhône 39 Genève Tél. +41 22 819 07 19 www.hermes.com Boutique Hublot Rue Robert Céard 3 Genève Tél. +41 22 310 13 13 www.hublot.com

Boutique Montblanc Place du Port 1 Genève Tél. +41 22 312 27 70 www.montblanc.com (lire en page 6) Boutique Officine Panerai Rue du Rhône 19 Genève Tél. +41 22 818 66 44 www.panerai.com Boutique Omega Rue du Rhône 31 Genève Tél. +41 22 319 2550 www.omegawatches.com Boutique Omega Genève Aéroport Tél. +41 22 817 48 35 www.omegawatches.com Boutique Piaget Rue du Rhône 40 Genève Tél. +41 22 817 02 00 www.piaget.com Boutique Queens Lane Rue du Rhône 35 Genève Tél. +41 22 316 66 88 www.queenslane.ch Boutique Ralph Lauren Genève Aéroport Genève Tél. +41 22 799 31 42 ralphlaurenwatches.com

Boutique IWC Rue du Rhône 3 Genève Tél. +41 22 310 36 86 www.iwc.com

Boutique Richard Mille Grand Hotel Kempinski Quai du Mont-Blanc 19 Genève Tél. +41 22 732 20 22 www.richardmille.com

Boutique Jaeger-LeCoultre Rue du Rhône, 56 Genève Tél. +41 22 310 51 50 www.jaeger-lecoultre.com

Boutique Roger Dubuis Place de la Fusterie 5 Genève Tél. +41 22 321 28 28 www.rogerdubuis.com

Boutique Jaquet-Droz Rue du Rhône 40 Genève Tél. +41 22 818 26 88 www.jaquet-droz.com

Boutique TAG Heuer Rue Robert Céard 9 Genève Tél. +41 22 818 72 72 www.tagheuer.com

Boutique Louis Vuitton Place du Lac 2 Genève Tél. +41 22 311 02 32 www.louisvuitton.eu

Boutique Ulysse Nardin Quai Des Bergues 29 Genève Tél. +41 22 740 10 11 www.ulysse-nardin.com

EUROPA STAR PREMIÈRE | 11

Boutique Vacheron Constantin Quai de l'Ile 7 Genève Tél. +41 22 316 17 20 vacheron-constantin.com

Corum La Maison de l'Horlogerie 25 rue Kléberg Genève Tél. +41 22 731 84 27 www.corum.ch

Boutique Vacheron Constantin Place de Longemalle 1 Genève Tél. +41 22 316 17 40 vacheron-constantin.com

Davidoff Brothers Rue Verdaine 16 Genève Tél. +41 22 810 19 83 www.db1983.com (lire en page 5)

Boutique Van Cleef & Arpels Rue du Rhône 31 Genève Tél. +41 22 311 60 70 www.vancleefarpels.com

De Grisogono Rue du Rhône 27 Genève Tél. +41 22 317 10 82 www.degrisogono.com

Boutique Zenith Rue du Rhône 35 Genève Tél. +41 22 311 18 65 www.zenith-watches.com Breguet Les Boutiques Rue du Rhône 40 Genève Tél. +41 22 317 49 20 www.breguet.com

DeLaneau Boutique Quai du Général Guisan 10 Genève Tél. +41 22 319 29 88 www.delaneau.com

Bucherer Rue Du Mont-Blanc 22 Genève Tél. +41 22 732 72 16 www.bucherer.com

Dragon du Ciel Rue Argand 2 Genève Tél. +41 22 732 45 36 www.dragonduciel.ch Elie Chatila Rue du Rhône 78 Genève Tél. +41 22 310 77 02 www.chatila.com

Bucherer Rue du Rhône 45 Genève Tél. +41 22 319 62 66 www.bucherer.com Christ Centre comm. La Praille Route des Jeunes 10 Carouge Tél. +41 22 301 65 48 www.christ-swiss.ch Christ Rue Du Mont-Blanc 11 Genève Tél. +41 22 738 29 90 Chrono-Time Rolex Rue de la Fontaine 3 Genève Tél. +41 22 311 08 55 www.rolex.com Clarence Chronométrie Rue du Marché 3 Genève Tél. +41 22 311 31 69

Dior Joaillerie & Horlogerie Rue Robert-Céard 5 Genève Tél. +41 22 817 72 55 www.dior.com

Espace Temps Rue du Mont-Blanc 13 Genève Tél. +41 22 732 87 64 www.espacetemps.ch

Harold W. Rue de Berne 10 Genève Tél. +41 22 738 92 10 www.harolw.com Horlogerie des Bergues Rue Rousseau 1 Genève Tél. +41 22 731 06 68 Horlogerie-Bijouterie Kurz - Bader Rue de la Confédération ll Genève Tél. +41 22 311 70 76 www.kurzbijouxmontres.ch Hour Passion Swatch Group Genève Aéroport Genève Tél. +41 22 817 48 37 www.hourpassion.com Jean-Jacques Zbinden Rue de Coutance 4 Genève Tél. +41 22 731 36 96 www.bijouterie-zbinden.ch Joaillerie Moussaieff Quai de Montblanc 19 Genève Tél. +41 22 731 25 00 www.moussaieff.co.uk

Les Ambassadeurs Rue Du Rhône 62 Genève Tél. +41 22 318 62 22 www.lesambassadeurs.ch (lire en page 2) Lilly's Metro Shopping Cornavin Genève Tél. +41 22 738 13 88 Maverick Geneva Grand Hotel Kempinski Quai du Mont-Blanc 19 Genève Tél. +41 22 300 05 55 www.maverick-geneva.com Montres Prestige Grand Hotel Kempinski Genève Tél. +41 22 731 83 00 www.montresprestige.ch Moya Horlogerie-Bijouterie Rue Kléberg 25 Genève www.moyawatch.com Myl’Or Route de Genève 106 Thônex Tél. +41 22 348 59 80 www.mylor.ch

Planet d'Or Planète Charmille Promenade de l'Europe 11 Genève Tél. +41 22 340 00 25 www.bijouterie-geneve.ch Raymeyer & Co Place du Molard 9 Genève Tél. +41 22 310 8232 www.aquanautic.com Royal Swiss Montres et Bijoux Rue du Rhône 23 Genève Tél. +41 22 818 00 00 Salons Patek Philippe Rue du Rhône 41 Genève Tél. +41 22 809 50 50 www.patek.com Simeto Joaillerie Complexe Rhône 8, Rue du Commerce 4 Genève Tél. +41 22 310 32 55 www.simeto-joaillerie.ch Splendid Geneva Grand Hotel Kempinski Quai du Mont-Blanc 19 Genève Tél. +41 22 300 05 55

Kerdanian Rue du Rhône 35 Genève Tél. +41 22 311 73 74 www.kerdanian.ch

O. Zbinden Rue du Mont-Blanc 17 Genève Tél. +41 22 732 55 05 (lire en page 5)

Kurz Bijoux et Montres Globus Genève Rue du Rhône 50 Genève Tél. +41 22 816 37 37 www.kurzschmuckuhren.ch

Orfelis Montres et Bijoux Rue du Rhône 114 Genève Tél. +41 22 786 20 86 www.orfelis.ch

Tiffany & Co Rue du Rhône 21 Genève Tél. +41 22 761 55 50 international.tiffany.com

Pastore-Nicolet Rue du Mont-Blanc 7 Geneve Tél. +41 22 732 47 81 www.pastore-nicolet.com

Van der Bauwede Genève Rue de la Tour-Maîtresse 3 Genève Tél. +41 22 312 03 44 www.vdb.ch

Swatch Group Shop Manor Rue de Cornavin 6 Genève Tél. +41 22 732 90 20

Geneva Jewels Rue du Rhône 35 Genève Tél. +41 22 316 66 88 Golay Fils & Stahl Rue Guillaume Tell 10 Genève Tél. +41 22 731 54 00 www.golayfils.ch

L'Heure Asch Rue de la Cité 19 Genève Tél. +41 22 311 19 19 www.heure-asch.com La Maison de l'Horlogerie Rue du Cendrier 24 Genève Tél. +41 22 732 09 54

Pilo & Co Rue du Conseil-Général 6 Genève Tél. +41 22 329 77 80 www.pilo-watches.com

Victorinox Rue du Marché 2 Genève Tél. +41 22 318 63 40 www.victorinox.com

Gübelin Place du Molard 1 Genève Tél. +41 22 365 53 80 www.gubelin.com

Le Comptoir des Indépendants Rue De La Tertasse 1 Genève Tél. +41 22 311 62 87

Pilo & Co Rue Vallin 11 Genève Tél. +41 22 328 01 12 www.pilo-watches.com

Zbinden Olivier Rue du Mont-Blanc 17 Genève Tél. +41 22 732 55 05 (lire en page 5)

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Boutique Hermès Rue De La Paix 1 Lausanne Tél. +41 21 312 33 22 www.hermes.com Boutique Louis Vuitton Rue de Bourg 30 Lausanne Tél. +41 21 312 76 60 www.louisvuitton.eu Boutique Tourbillon Place Saint-François 4 Lausanne Tél. +41 21 323 51 45 www.tourbillon.com

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Christ Centre comm. La Maladière Rue de la Pierre-à-Mazel 10 Neuchâtel Tél. +41 32 725 70 45 www.christ-swiss.ch

Didier Mancini & Cie Avenue de la Gare 42 Delemont Tél. +41 32 422 47 50 Mancini Didier Rue du 23 Juin 3 Porrentruy Tél. +41 32 422 47 50 Refouss Rue du 23 Juin 4 Porrentruy Tél. +41 32 466 13 36

NEUCHÂTEL Bijouterie Le Diamant Place Pury 7 Neuchâtel Tél. +41 32 725 15 81 www.lediamant.ch Chappuis Greco Place Pury 2 Neuchâtel Tél. +41 32 725 39 44

Brändli Creation Rue Centrale Villars-sur-Ollon Tél. +41 24 495 14 14 www.brandli-creation.ch Brunner Claude Grand-Rue 23 Rolle 218260507 Brunner Frères Rue Des Etangs 7 Cossonay-Ville Tél. +41 21 861 09 86 www.bijouteriebrunner.ch

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Ermoli Bijouterie Place du Port 2 Neuchâtel Tél. +41 32 724 18 19 www.ermoli.ch Espace Temps Rue du Temple 11 St-Aubin-Sauges Tél. +41 32 835 44 20 Horlogerie Bijouterie Mathys Rue des Poteaux 4 Neuchâtel Tél. +41 32 724 56 21 www.bijouteriemathys.ch Jossi Alain Rue Daniel-Jeanrichard 1 Le Locle Tél. +41 32 931 14 89 www.shop-watches.ch

Michaud Place Pury 1-3 Neuchâtel Tél. +41 32 722 61 68 www.michaud.ch (lire en page 3) Robert Horlogerie - Bijouterie Rue du Seyon 5 Neuchâtel Tél. +41 32 725 28 32

Brunner Pierre Grand Rue 6 Echallens Tél. +41 21 881 15 80 Bucherer Rue de Bourg 1 Lausanne Tél. +41 21 312 36 12 www.bucherer.com Cad'Or Rue du Théâtre 10 Montreux Tél. +41 21 965 31 45 www.cad-or.com Chez l'Horloger Route du Village 7 Blonay Tél. +41 21 943 33 43 www.chez-l-horloger.com

VAUD A L'Emeraude Place St-François 12 Lausanne Tél. +41 21 312 95 83 www.emeraude.ch

Christ Grand Rue 26 Montreux Tél. +41 21 963 44 92 www.christ-swiss.ch Christ Chavannes-Bogis Chavannes Tél. +41 22 776 73 00 www.christ-swiss.ch

L'Abeille Horlogerie Bijouterie Rue de la Serre 56 La Chaux-de-Fonds Tél. +41 32 913 21 61 www.horlogerie-abeille.ch

Art & Or Rue du Théâtre 7 Vevey Tél. +41 21 921 75 12 www.artetor.ch Au Diadème Rue du Bourg 3 Lausanne Tél. +41 21 312 36 36

Le Diamant Avenue Léopold Robert 41 La Chaux-de-Fonds Tél. +41 32 913 76 86 www.lediamant.ch

Aurea Rue Centrale 9 Morges Tél. +41 21 801 66 97 www.aurea.ch

Christ Av. Général-Guisan 15 Vevey Tél. +41 21 921 33 39 www.christ-swiss.ch Christ Grand Rue 48 Morges Tél. +41 21 802 59 56 www.christ-swiss.ch

Mayer-Stehlin Avenue Léopold-Robert 57 La Chaux-de-Fonds Tél. +41 32 913 41 42 www.mayer-stehlin.ch

Bijouterie Golaz Grand-Rue 57 Morges Tél. +41 21 801 12 41 www.bijouteriegolaz.com

Christ Rue St-François 11 Lausanne Tél. +41 21 329 08 20 www.christ-swiss.ch

Christie Horlogerie - Bijouterie Rue de la Mèbre 4 Renens Tél. +41 21 634 54 37 Chronométrie Kaenel Rue Centrale 111 Villars s/Ollon Tél. +41 24 495 26 55 www.kaenel-villars.ch (lire en page 4) Chronométrie Châtelain Rue du Pont 10 Lausanne Tél. +41 21 323 58 54 www.chronochatelain.ch

Jeanmonod Marc Place de la Liberté 2 Vallorbe Tél. +41 21 843 10 85 www.optiquejeanmonod.ch Junod Place St-François 8 Lausanne Tél. +41 21 312 83 66 www.junod-lausanne.ch L'Age d'Or Rue d'Italie 58 Vevey Tél. +41 21 921 18 13 www.agedor.ch

Lionel Meylan Place du Marché 4 Vevey Tél. +41 21 925 50 50 www.lionel-meylan.ch

Flury Hologerie-Bijouterie Grand-Rue 50 Payerne Tél. +41 26 660 22 08 Gillet Horlogerie-Bijouterie Place Pestalozzi 5 Yverdon-les-Bains Tél. +41 24 426 02 82 www.gillet.ch

Lionel Meylan Rue des Deux-Marchés 34 Vevey Tél. +41 21 925 50 50

Gonthier Bijouterie Place Bel-Air Rue Des Terreaux 7 Lausanne Tél. +41 21 312 19 77 www.bijouteriegonthier.ch

Meylan Freddy Rue de l'Ale 20 Lausanne Tél. +41 21 312 36 90

Guillard Avenue de Chailly 5 Lausanne Tél. +41 21 652 06 32 www.guillard.ch (lire en page 3) Guillard Place Palud 1 Lausanne Tél. +41 21 312 68 86 www.guillard.ch (lire en page 3) Horlogerie-Bijouterie Michel Grand-Rue 12 Villeneuve Tél. +41 21 960 12 39 www.bijouxmichel.ch Horlogerie-Bijouterie Pierre-Alain Christen Rue du Bourg 6 Aigle Tél. +41 24 466 22 94 J.C. Schaller Avenue Claude Nobs 2 Montreux Tél. +41 21 963 05 88 www.schallermontreux.ch Jacot Horlogerie-Bijouterie Grand-Rue 38 Le Sentier Tél. +41 21 845 57 36 www.jacot-swiss.ch Jean-Jacques Zbinden Grand Rue 46 Montreux Tél. +41 21 963 93 93 www.bijouterie-zbinden.ch

Wütrich Frères Grand-Rue 25 Payerne Tél. +41 26 660 21 49 Xel'Or Rue du Lac 47 Yverdon-les-Bains Tél. +41 24 426 69 00 www.xel-or.ch

Lilly's Rue de la Morâche 6 Nyon Tél. +41 22 361 58 61

Daniel De Guy Rue Centrale 5 Lausanne Tél. +41 21 312 80 91 www.danieldeguy.ch

Guignard Horlogerie-Bijouterie Grand-Rue 80 Rolle Tél. +41 21 825 10 30

Werner & Jaqueline Schweizer Rue de Mauverney 20c Gland Tél. +41 22 364 51 50

Mayer Roman Avenue Du Casino 39 Montreux Tél. +41 21 963 34 24 www.roman-mayer.ch

Michel et Elodie Capt Grand-Rue 26 Le Sentier Tél. +41 21 845 73 83 Ouranos Grand Chêne 7 Lausanne Tél. +41 21 311 11 88 www.ouranos-palace.ch Parmentier Horlogerie - Bijouterie Avenue d'Ouchy 9 Lausanne Tél. +41 21 323 05 05 Piguet Horlogerie-Bijouterie Rue Saint-Jean 36 Nyon Tél. +41 22 361 12 90 www.bijouterie-piguet.ch Schoch Walter Horlogerie - Bijouterie Rue de la Gare 36 Nyon Tél. +41 22 362 75 75 www.bijouterie-ws.ch Schott Pierre Rue de Maupas 6 Lausanne Tél. +41 21 323 49 51 Titzé Jean-Bernard Rue de Lausanne 14 Vevey Tél. +41 21 921 13 08 www.titze.ch Viceversa Place Saint-François Lausanne Tél. +41 21 323 96 34 www.viceversa.ch Voegeli Pierre Pl. du Pont-Rue Mauborget 2 Moudon Tél. +41 21 905 11 30

VALAIS Boutique Hermès Rue Du Prado Crans-Montana Tél. +41 27 481 03 03 www.hermes.com Boutique Louis Vuitton Rue du Prado 12 Crans-Montana Tél. +41 27 481 82 12 www.vuitton.com Boutique Tourbillon Rue du Prado 6 Crans-Montana Tél. +41 27 480 47 74 www.tourbillon.com Caillet-Bois Arnold Grand-Rue 48 Champéry Tél. +41 24 471 24 62 Christ Centre Commercial Sierre Tél. +41 27 455 97 70 www.christ-swiss.ch Christ Place du Midi 44 Sion Tél. +41 27 323 75 75 www.christ-swiss.ch Crans Prestige Rue du Prado 9 Crans-Montana Tél. +41 27 481 14 05 www.crans-prestige.ch Dessimoz Michel Rue Centrale 64 Plan-Conthey Tél. +41 27 346 23 60 Farine Horlogerie-Bijouterie Place du Midi 40 Sion Tél. +41 27 323 14 44 Fournier Thierry Place Centrale 4 Martigny Tél. +41 27 722 22 99 Gaillard Bijouterie Rue du Grand -Pont 9 Sion Tél. +41 27 322 11 46 www.gaillardsa.ch Gérard Maret Horlogerie Rue de l'Eglise Fully Gil Bonnet & Fils Av. du Général-Guisan 11 Sierre Tél. +41 27 455 28 70 www.gil-bonnet.ch


DOSSIER DÉTAILLANTS Goltz Le Châble Tél. +41 27 776 14 05 www.goltz-optique.ch

EUROPA STAR PREMIÈRE | 13

L'Atelier Du Temps Rue Centrale 56 Crans-Montana Tél. +41 27 480 14 44 www.atelierdutemps.ch

Langel Horlogerie-Bijouterie Rue du Prado 10 Crans-Montana Tél. +41 27 481 41 21 www.thierry-langel.ch

La Joaillerie de Crans Rue du Prado 16 Crans-Montana Tél. +41 27 481 11 89

Langel Marcel Avenue de la Gare 25 Martigny Tél. +41 27 722 27 24

Horlogerie-Bijouterie Jeker Rue des Remparts 8 Sion Tél. +41 27 322 57 03 www.horlogeriejeker.ch

Landry Bijouterie Rue du Rhône 17 Sion Tél. +41 27 322 19 81 www.landry-bijouterie.ch

Merry and James Rue Louis-Antille 15 Crans-Montana Tél. +41 27 480 31 26

Jacot Horlogerie-Bijouterie Route de Verbier Verbier Tél. +41 27 771 66 06 montres-bijoux-verbier.com

Langel Rue de Coppet 1 Monthey Tél. +41 24 471 29 24 www.langel.ch

Héritage Rue du Prado 19 Crans-Montana Tél. +41 27 480 43 84 www.heritage-crans.ch

Michaud Rue de Médran 5 Verbier Tél. +41 27 771 11 09 www.michaud.ch (lire en page 3)

Montblanc Boutique Route des Mélèzes 1 Crans-Montana Tél. +41 27 481 84 00 www.montblanc.com (lire en page 6) Saegesser Montres Bijoux Rue Centrale 60 Crans-Montana 2 Tél. +41 27 481 18 54 www.montresbijoux.ch Titzé François Carrefour du Centre Sierre Tél. +41 27 455 66 66

Yerli Avenue de la Gare 40 Martigny Tél. +41 27 722 30 70 www.yerlysa.ch

Christian Mas Avenue Pasteur 5 Annemasse Tél. +33 450 92 22 42 bijouterie-christianmas.com Juvet Rue de la Gare 11 Annemasse Tél. +33 450 38 36 53

FRANCE Amorsi Rue des Voirons 5 Annemasse Tél. +33 450 92 53 37 www.bijouterieamorsi.com

Vignuda Avenue de la Gare 20 Annemasse Tél. +33 450 95 01 95 Dejean Rue nationale 70 Évian-les-Bains Tél. +33 4 50 75 25 52

Rondot Square Aristide Briand 1 Thonon-les-Bains, Tél. +33 4 50 71 26 10 Bijouterie Clergeau Girollet Rue des Arts 12 Thonon-les-Bains Tél. +33 4 50 71 07 42 Bijouterie Badier Grande Rue 55 Thonon-les-Bains Tél. +33 4 50 71 13 73 Bijouterie Juvet Rue des Arts 8 Thonon-les-Bain Tél. +33 4 50 71 18 33 Liste non contractuelle

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BUSINESS & TENDANCES

14 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Marchés: le point sur Dubaï

Propos recueillis par Serge Maillard

Les exportations horlogères suisses vers les Emirats Arabes Unis et Dubaï sont passées de 180 millions de francs en 2000 à plus d’un milliard l’an passé. Le pays est aujourd’hui le dixième débouché pour l’horlogerie suisse, devant le Royaume-Uni. Comment expliquer cette progression? Plusieurs phénomènes ont participé à cette croissance remarquable. Tout d’abord le développement d’importateurs à Dubaï comme Richemont, Swatch, Seddiqi, Al-Futtaim qui réexportent sur la zone CCG (Conseil de coopération du Golfe) composé de l'Arabie Saoudite, de Bahreïn, de Oman (Muscat), ainsi que du Qatar, des Émirats Arabes Unis et du Koweit. D’autre part, les Emirats Arabes Unis jouissent d’une économie florissante caractérisée par des recettes touristiques croissantes, un confortable excédent budgétaire et par une position

géographique à la jonction entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Aujourd’hui, environ 95% de la population dubaïote est constitué d’expatriés dont une part importante connaît un niveau de vie et un pouvoir d’achat très élevés. On observe donc une croissance du segment haut de gamme avec des prix moyens élevés (montres serties et grandes complications). En effet, ce type de montre reste très recherché dans le Moyen Orient. Quelles sont les marques les plus populaires? Rolex et Patek Philippe restent les marques les plus populaires. On observe malgré tout une croissance de parts de marché des horlogers indépendants.

tèle locale commence à évoluer. Les connaissances sont plus pointues et les amateurs se tournent vers d’autres montres plus épurées et les montres à grande complication.

Oui mais les pratiques d’achats ont évolué dans la région. Les femmes veulent pouvoir exprimer plus librement leur personnalité et la montre est un moyen de se différencier. D’ailleurs, les femmes s’intéressent désormais aux mouvements, ce qui constitue une tendance nouvelle.

Les EAU, et en particulier Dubaï, sont aussi un hub régional important. D’où viennent les principaux acheteurs de montres? Les principaux acheteurs sont des acheteurs locaux des pays du CCG et les voyageurs en transit ainsi que les touristes consommateurs de luxe surtout de Russie et de Chine mais aussi d’Inde et d’Afrique.

Le pays est aussi une plaque tournante pour la contrefaçon, notamment d’origine chinoise. La Fédération horlogère suisse y fait régulièrement des saisies de plusieurs milliers de montres. Comment l’expliquer? Le phénomène est-il plutôt en augmentation ou en régression?

Est-ce que la levée programmée des sanctions contre l’Iran risque de pénaliser la puissance de la place horlogère émiratie - si les Iraniens achètent davantage de montres dans leur pays?

Quel est le créneau le plus important en valeur: entrée, moyen ou haut de gamme?

Sachant que le hub de Dubaï existe déjà, les futures ventes devraient continuer de passer par Dubaï car il existe déjà une plateforme logistique, SAV, commerciale, marketing… Le flux sera donc de l’Europe vers Dubaï puis vers l’Iran dans une large mesure. On assiste déjà à cette tendance avec la Turquie et l’Inde.

Le haut de gamme sans aucun doute! Les pièces en or et pierres précieuses restent les plus prisées mais la clien-

Au premier semestre, les exportations horlogères suisses vers les EAU ont reculé d’environ 8%.

DR

Exportations, expatriés, excédents… Entretien avec Roula Bitar, responsable du pôle luxe de la filiale émiratie du cabinet Mazars et experte du marché horloger à Dubaï, véritable plateforme commerciale pour toute la région.

Le marché horloger émirati est-il principalement masculin? Quelle est la part des femmes dans les achats horlogers?

Comment se porte le marché horloger émirati en 2015 - alors que d’autres marchés importants comme la Chine et la Russie sont également en recul? Le marché horloger émirati est également en recul car il dépend justement pour une partie de la Chine et de la Russie.

Le système de zones franches dont le nombre augmente régulièrement est sans doute la cause principale de ce phénomène. Sans formalités administratives ou contrôles douaniers détaillés, les marchandises transitent quasi anonymement. La zone franche permet une modification technique de l’origine et les marchandises perdent leur origine pour prendre l’origine «Emirats Arabes Unis». Mais on observe une intensification de la collaboration entre la Fédération de l’industrie horlogère suisse et le Dubai Department of Economic Development. Chargée de la surveillance du commerce, cette agence a intensifié les contrôles l’année dernière.

Patek Philippe investit 500 Mio (de sa poche) Un nouveau bâtiment regroupera dès 2018 l’ensemble des activités de la marque sur un seul site, à Plan-les-Ouates (GE). par

Pierre Maillard

Il y a 20 ans, Patek Philippe regroupait l’ensemble de ses activités, jusqu’alors dispersées à travers tout Genève, dans une nouvelle et flamboyante manufacture sise à Plan-lesOuates. «A l’époque, entre 1995 et 1996, les affaires horlogères étaient fort mauvaises, précise Philippe Stern, mais nous étions confiants dans l’avenir. Et effectivement, dès 2003, nous étions déjà à l’étroit dans ce bâtiment que nous pensions être suffisant pour des décennies. Nous avons donc dû déménager notre secteur habillement non loin de là puis, en 2009, nous avons agrandi notre parcelle de Plan-les-Ouates et rénové un bâtiment pour y loger la fabrication de nos composants mouvements. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, à nouveau les marchés ne sont pas en bonne forme, l’avenir

est difficile à prévoir mais à nouveau nous investissons. C’est notre devoir pour le futur.» Et quel investissement: 500 millions de CHF, dont 450 millions pour la construction et 50 millions pour l’équipement technique de production! Une somme colossale, entièrement auto-financée. Avec ses 110’000m2 de surface, ses 6 niveaux et 4 étages de sous-sols, le bâtiment, qui sera inauguré en 2018, réunira à nouveau sur un seul site l’ensemble des activités de la marque (dont le personnel total se monte à 2400 employés). Thierry Stern détaille à son tour les objectifs assignés à ce bâtiment: «Nous allons pérenniser, renforcer et encore développer nos activités à Genève. Notre but avec ce nouvel outil est d’augmenter encore la qualité de nos produits, d’investir dans la formation et dans la recherche

appliquée, notamment dans le domaine des nouveaux matériaux. Au jour d’aujourd’hui, nous avons déjà validé notre plan de production de mouvements jusqu’en 2024 et ce bâtiment, dont la moitié de la surface sera réservée à la production, nous permettra d’atteindre nos objectifs. Mais au-delà, il abritera aussi le haut artisanat, les chaînistes, les angleurs. Des lignes-pilotes y seront installées, de façon à tester en continu les processus de fabrica-

tion de nos produits. On y trouvera aussi un vaste restaurant, un centre de service destiné à assurer la fabrication et le stockage de nos pièces de rechange afin de consolider encore les activités de rhabillage et la restauration des pièces anciennes. Enfin, on y centralisera aussi toutes les activités de formation, que ce soit pour les horlogers, les distributeurs et les détaillants.» Conçu par les architectes de Frisk de Marignac Pidoux, de Genève, le

nouveau bâtiment répond à «une logique de développement durable». Celle-ci prend en compte non seulement la gestion énergétique du bâtiment (avec notamment le recyclage de l’énergie utilisée par les machines pour chauffer le quartier avoisinant) mais aussi la qualité «sociale» des espaces, abondamment éclairés par la lumière naturelle, ou tout aussi bien les questions d’implantation et de densification de la zone industrielle de Plan-les-Ouate ou celles concernant la mobilité (avec 650 places de parc réservées aux deux-roues). Enfin, preuve de l’importance du projet pour le Canton de Genève, l’autorisation de construire a été obtenue dans le temps record de 3 mois. «La démonstration que, au-delà des rentrées fiscales attendues, Genève mise aussi sur l’industrie, et pas seulement sur le tertiaire. Et il s’agit également d’une image que nous voulons préserver, celle de la tradition horlogère, de la recherche, de l’innovation», conclut Antonio Hodgers, conseiller d'Etat chargé du département de l'aménagement, du logement et de l'énergie du canton de Genève.


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CONFIDENCES À L'ARCADE

16 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Edouard Meylan, H. Moser & Cie: «Il nous fallait casser nos codes» Quel bilan tirez-vous de 2015? Cette année, nous aurons produit un peu plus de 1'000 montres. Avec notre nouvelle stratégie, la clientèle s’est rajeunie. On compte beaucoup de collectionneurs. Certains ont certes critiqué le fait que l’on ne mette plus de visuel de montre sur nos publicités… Mais globalement, le concept «Very Rare» ou la campagne autour de la «smartwatch» ont été bien accueillis. Il faut perdre des clients pour en attirer de nouveaux, trouver un équilibre entre la provocation et la continuité. Nous sommes aujourd’hui une manufacture à 360°, qui gère autant le produit – l’une des très rares maison produisant ses propres spiraux – que l’image. Où se situent vos principaux débouchés aujourd’hui? Parmi nos marchés les plus importants, il y a d’une part l’Europe (Suisse, Allemagne, Italie, France), d’autre part Hong Kong et la Grande Chine, que nous venons de réinvestir avec des points de vente à Pékin et Shanghai. A Hong Kong, nous travaillons avec mon frère Bertrand. Du fait de notre grande proximité avec les détaillants, nous y vendons surtout aux locaux, contrairement à d’autres marques, qui misent sur le tourisme d’achat.

Carlo Fachini

Vous avez aussi lancé une nouvelle collection cette année…

La manufacture schaffhousoise H. Moser & Cie tente aujourd’hui de résoudre une difficile équation: dynamiser une marque à l’ADN très «classique» pour attirer un public plus large. Porteur d’un vent nouveau, son jeune directeur Edouard Meylan a pour l’heure réalisé un sans-faute, de manière particulièrement audacieuse. Explications. par

Serge Maillard

Quels principaux changements avezvous apportés, depuis que vous avez repris les rênes de H. Moser & Cie il y a deux ans? En premier lieu la gestion du prix de revient. Lorsque je suis arrivé chez H. Moser & Cie, les coûts de production étaient de l’ordre du prototypage et chaque pièce devait être retouchée. Ce n’était pas cohérent. On perdait des heures précieuses sur l’assemblage, il fallait ajouter au moins 5'000 francs par pièce! Les marges brutes étaient négatives. Nous avons donc com-

mencé par faire des calculs. C’était un chantier très important. Et cela commence aujourd’hui à payer. Si nous avions réduit il y a deux ans le personnel de 75 à 40 employés, nous sommes repassés entre temps à 55 personnes. Un autre chantier a été celui de la communication et du positionnement. Avant, H. Moser & Cie voulait «faire» du A. Lange & Söhne ou du Patek Philippe. Or, nous devions trouver une niche bien à nous. Mon idée, pour H. Moser & Cie, cela a été en quelque sorte de mélanger le meilleur de Hublot et le meilleur de A. Lange & Söhne! Je ne veux pas faire des montres poussiéreuses. D’où

l’idée, par exemple, d’un cadran bleu électrique ou d’un bracelet en cuir de koudou sur la Endeavour Perpetual Calendar Funky Blue. Il y avait des codes à casser. Justement, parmi les modèles de cette année, la Funky Blue a rencontré un écho particulier. Le fameux détaillant parisien Laurent Picciotto l’a immédiatement «adoubée», de même que nos clients, sur le marché japonais en particulier. Je me rappelle que Richard Mille a dit: chaque montre doit être un concept. Au début, je ne voyais pas très bien ce qu’il voulait dire; maintenant, je le comprends. Cela peut aussi s’illustrer dans la manière de présenter la montre. Le concept provocateur de «smartwatch» a permis de positionner cette montre (lire encadré). Elle symbolise ce que nous sommes, notre esprit. Nous aurions pu en vendre davantage mais nous avons fait une série d’une trentaine de montres, à 54'000 francs la pièce. Nous réutiliserons cette couleur dans le futur.

Oui, la Pioneer! A cette occasion, la manufacture a d’ailleurs sponsorisé les premiers vols paraboliques organisés en Suisse par l'Université de Zurich. L'objectif était de tester le mouvement de la Pioneer en apesanteur, mais aussi certains composants clés du mouvement, comme le spiral et l’échappement. La collection Pioneer sera déterminante pour notre palette de modèles: elle est très élégante, classique, en or,

L’objet: Pomme

plus accessible que nos autres collections, avec un positionnement prix à 22'900 francs. Nous élargissons notre jardin. En étant un peu plus sportive que les autres collections et étanche à 120 mètres, elle séduira sans doute des marchés comme la Russie ou l’Amérique latine, que nous devons conquérir ou reconquérir. C’est un modèle un peu atypique: on ne sait pas très bien où le placer dans les magasins et c’est une bonne chose! Mon objectif global est de parvenir à une production totale annuelle de 2'500 montres d’ici à 2019, pour arriver à une taille critique et une vraie rotation. Nous jouons avec de nouveaux cadrans et de nouvelles complications. Nous avons déjà dû fiabiliser huit modèles depuis la reprise de la société, cela prend du temps. Quelle est votre gamme de prix? Elle va de 15'000 à 128'000 francs, avec un prix moyen de 30'000 francs, qui n’a pas beaucoup augmenté depuis le rachat. Mais vu la psychologie actuelle des marchés, il faut proposer davantage de modèles en-dessous de 30'000 francs. Nous proposons notamment une Grande Date à moins de 30'000 francs. Aujourd’hui, c’est surtout le segment entre 30'000 et 100'000 francs qui souffre. Dès janvier 2016, vous participerez au SIHH, un pas de géant pour une manufacture somme toute de petite taille! Le SIHH, c’est un label, une reconnaissance, qui nous permet d’entrer dans une nouvelle dimension. Notre stand fera tout de même 100m2, soit la plus grande surface au sein du nouveau «Carré des Horlogers». Cela nous oblige aussi à lancer de nouveaux modèles, mais nous avions beaucoup d’idées et de produits dans le pipeline. Nous allons vers des montres un peu plus «folles».

Une pomme aux couleurs d’H. Moser & Cie, clin d’œil ironique à l’Apple Watch et surtout une manière inédite de communiquer pour la vénérable marque schaffhousoise… En mars dernier, juste avant Baselworld, les journalistes reçoivent un communiqué qui fera figure de poisson d’avril légèrement avancé: H. Moser & Cie lancerait une «smart watch». Tout le monde pense naturellement à une montre connectée, il s’agira en réalité d’une montre tout à fait «smart» même si elle n’est aucunement connectée: la Endeavour Perpetual Calendar Funky Blue. «Alors, non, ce modèle ne vous permet pas de dessiner des doodles, ni de tweeter, il n’envoie pas votre rythme cardiaque aux autres et ne fixe pas vos objectifs sportifs. Il ne prend pas non plus de photos. Par contre, il vous laisse déclarer votre individualité avec élégance et ingéniosité tout en contemplant le temps qui passe…» (Edouard Meylan)


CONFIDENCES À L'ARCADE

EUROPA STAR PREMIÈRE | 17

Rexhep Rexhepi, Akrivia: «J'ai toujours envie d'aller de l'avant!» A 28 ans, le fondateur de la marque Akrivia Rexhep Rexhepi figure parmi les très rares – voire le seul – jeunes horlogers qui ont lancé leur propre marque de haute horlogerie à la sortie de leur apprentissage. Cerise sur le gâteau, son modèle Tourbillon Chiming Jump Hour a récemment été présélectionné au Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Rencontre avec un horloger très prometteur. par

Serge Maillard

Quelles sont les principales caractéristiques techniques de votre premier modèle à sonnerie, le Tourbillon Chiming Jump Hour?

Combien de modèles avez-vous déjà créés? Cette sonnerie est mon quatrième modèle: il fait suite à un chronographe, un tourbillon heure minute et un régulateur. Le Tourbillon Chiming Jump Hour, qui est proposé à 180'000 francs, a été présélectionné au Grand Prix d’Horlogerie de Genève dans la catégorie Sonneries: il y avait six concurrents, de la trempe de A. Lange & Söhne ou Girard-Perregaux, et cela nous a donné un écho médiatique tout à fait bienvenu! La montre a voyagé de Genève à Séoul. Pour la suite, je travaille déjà sur un nouveau modèle pour Baselworld. A quels défis faites-vous aujourd’hui face? J’ai toujours envie d’aller de l’avant, mais il faut parfois savoir attendre. C’est compliqué de réunir tous les composants à temps… En aval, en ce qui concerne les détaillants, je suis en discussion avec des représentants potentiels en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Suisse. Mais je ne veux pas sacrifier l’âme de mon projet: je ne vais pas faire 20 pièces d’un coup. A terme, je me fixe une limite à 30 modèles par an. C’est une question de respect de mes clients. Et je ne veux pas que l’on brade mes modèles. En réalité, ce n’est pas moi qui ai sollicité les détaillants, mais l’in-

verse: j’ai d’abord créé mes montres, ensuite les détaillants sont venus. C’est une logique qui n’est pas forcément courante… Avec qui travaillez-vous pour fabriquer vos montres? Je travaille avec deux horlogers, qui m’épaulent, mon frère qui nous a récemment rejoint et un ami de longue date. Nous travaillons parfois jour et nuit. J’aime cette idée, un peu comme le fait Max Büsser, de m’entourer d’amis horlogers. Par ailleurs, j’ai deux sous-traitants, dont MHC, pour la boîte par exemple ou l’usinage. Aujourd’hui, je conçois et réalise tous les mouvements de mes montres. Certains m’ont reproché d’avoir utilisé un mouvement avec une base existante dans mon premier modèle et pourtant beaucoup d’indépendants ont fait de même. Bientôt je ne proposerai que des calibres maison dans mes collections car le chronographe est une édition limitée qui est presque entièrement vendue.

Carlo Fachini

A chaque passage de l’heure, le marteau vient taper le timbre qui a d’ailleurs une forme très particulière pour des raisons d'esthétique et de place. Il y a deux positions: silence ou sonnerie. Par ailleurs, le marteau est placé à midi, car il est l’élément «identitaire» de ce modèle. J’essaie toujours de rendre visible la particularité de chacun de mes modèles. Par exemple, c’était la roue à colonne pour le chronographe.

L’objet: Traité d'horlogerie La chronométrie de Paul Ditisheim

«En 2004, alors que j’avais 17 ans et que j’étais apprenti chez Patek Philippe, j’ai participé à une compétition d’horlogerie. J’étais sûr que j’allais gagner. Cela ne s’est pas passé comme je l’avais espéré! Mais j’ai reçu ce livre et je me suis dit: après tout, peu importe, je vais essayer de suivre les traces de cet horloger qui a été comparé en son temps à Abraham-Louis Breguet!» (Rexhep Rexhepi)

PRÉSENTATION TRÈS RÉUSSIE À L’ARCADE EUROPA STAR Le 25 novembre dernier, Rexhep Rechepi a présenté à l’Arcade Europa Star sa marque Akrivia et les quatre modèles réalisés jusqu’à présent (dont le Tourbillon Chiming Jump Hour présélectionné au GPHG), ainsi que sa première montre réalisée lors de son apprentissage. Un événement couronné de succès, dans une atmosphère de partage de connaissance et de réseautage. Europa Star collabore avec des marques horlogères pour organiser ces présentations intimistes. Pour les marques intéressées, contacter Serge Maillard: smaillard@europastar.com.


NOUVEAUX VISAGES

18 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Réapparition de Czapek Co-fondateur de la Patek, Czapek & Cie en 1839, l’horloger Franciszek Czapek est disparu vers 1869, sans qu’on connaisse la date de sa mort. Aujourd’hui, une «manufacture horizontale» tente de le faire revivre en faisant appel au crowdfunding et en présentant des premières pièces remarquables. par

Pierre Maillard

En 1830, la Pologne s’embrase et une insurrection armée prend le pouvoir, contre la Russie tsariste. Les Polonais en révolte ne conserveront le pouvoir qu’une petite année avant d’être militairement défaits. Les rescapés de l’aventure sont contraints de fuir et d’aller se réfugier ailleurs en Europe. Quelques années plus tard, en 1836, deux de ces réfugiés, Antoine Norbert de Patek et Franciszek Czapek – polonais d’origine tchèque – se rencontrent sur les rives du Lac Léman. Czapek est horloger et il va inviter Patek, ancien militaire, à se joindre à lui pour se lancer dans une toute autre aventure, la création d’une société d’horlogerie. Elle naît le 1er mai 1839, sous le nom de Patek, Czapek & Cie. Pendant six ans, les deux hommes vont produire et vendre des montres d’exception. Czapek est à l’établi, Patek à la vente et à la direction de la société. Et puis ils se séparent, Patek s’associe avec un certain Adrien Philippe pour fonder la Patek, Philippe & Cie – dont on connaît l’illustre destin – tandis que Czapek fonde la Czapek & Cie. Installée à Genève, Czapek & Cie rencontre un grand succès à travers toute l’Europe avec ses montres remarquables. Promu «Horloger de la Cour Impériale» par Napoléon III, qui lui a commandé plusieurs montres, l’horloger ouvre boutique Place Vendôme (une des premières du genre, semble-t-il) et à Varsovie. Puis tout se brouille, on perd sa trace vers 1869 et Franciszek Czapek disparaît sans même qu’on ne connaisse la date de sa mort. Rideau.

Ressortir de l’oubli Un siècle et demi plus tard, deux hommes vont pourtant «soulever» ce rideau et se mettre en tête de «ressusciter» Franciszek Patek d’entre les morts du panthéon horloger. Car si l’homme et sa Cie ont disparu, ses pièces subsistent bel et bien, démontrant un talent d’horloger tout à fait exceptionnel. Pour démarrer cette aventure, Harry Guhl et Xavier de Roquemaurel se penchent sur la montre de poche référence 3430 fabriquée par Czapek & Cie vers 1850. Cette montre d’une grande pureté et d’un style intemporel va donner le la à la renaissance actuelle de Czapek: on retrouve ainsi le boîtier d’un très grand classicisme

aux finitions parfaitement «léchées», la pure élégance dépouillée du cadran émail Grand Feu, avec ses index étirés, la finesse remarquable de ses aiguilles, les compteurs inhabituellement positionnés à 4h30 et 7h30, dont une judicieuse réserve de marche à double aiguille faisant office de semainier. Voilà pour le style. Côté mécanique, le mouvement va lui aussi s’inspirer directement du calibre original de 1850 et de ses caractéristiques historiques: une architecture d’un grand équilibre, ordonnée par deux grands rochets ajourés, des finitions de Haute Horlogerie, avec vis bleuies et anglages main… Mais, évolution technique oblige, l’organe réglant a été optimisé. Dotée de deux barillets en série, cette montre à remontage manuel offre 7 jours de réserve de marche. Ce mouvement de très haute qualité, intégralement développé pour Czapek, n’est que le premier d’une série qui devrait voir naître des complications par module additionnel. Un chronographe est aussi à l’étude.

cialiste Donzé Cadrans, aux cadrans carbone (ligne sport) Convergence Composites et Metallique, aux aiguilles HMS Waeber, aux bracelets Camille Fournet et aux aciers spéciaux le tessinois Montansthal… que du beau monde.

historique pour en transposer les codes aujourd’hui». Un voyage stylistiquement et techniquement parfaitement réussi mais dont la poursuite dépend désormais d’une opération de «crowdequity» en cours.

«Pour démarrer cette aventure, Harry Guhl et Xavier de Roquemaurel se penchent sur la montre Une «manufacture de poche référence 3430 horizontale» fabriquée par Czapek & Pour parvenir à faire ainsi renaître Cie vers 1850.»

Les trois associés décidés à faire revivre l’héritage de Czapek & Cie ne sont pas classiquement appuyés par des investisseurs «extérieurs» ou des banques mais construisent leur aventure en privilégiant le «financement participatif équitable». Qu’est-ce à dire exactement? Dans une première phase, ils ont levé les fonds nécessaires au développement du calibre et à la réalisation des premières pièces des deux collections de base grâce à la création en 2013 du Czapek Design Study Chronograph, un chronographe équipé d’un mouvement historique de 1971, exclusivement réservé à leurs premiers «followers». Après avoir ainsi réuni environ 500'000.- CHF, ils font désormais appel à un crowdfunding plus étendu. Cette opération, menée par Raizers, première plateforme europpéenne de «crowdinvesting», offre à ses souscripteurs la possibilité d’une prise de participation au

Czapek, Guhl et de Roquemaurel, rejoints par un troisième associé horloger de son état mais qui reste pour l’instant anonyme (on ne connaît que son prénom, Sébastien), créent alors ce qu’ils nomment une «manufacture horizontale» en attirant dans leur aventure des spécialistes de renom, tous originaires de l’Arc jurassien. Autant de noms gages de grande qualité: au mouvement on retrouve ainsi Jean-François Mojon, de Chronode, au design de la pièce Antoine Tschumi, de Neo-Desis, au boîtier, Aurélien Bouchet, de AB Product, aux cadrans émail Grand Feu le spé-

Les premiers résultats tangibles de cette «manufacture horizontale» ont été récemment dévoilés à Genève, avant les Salons QP de Londres et Belles Montres de Paris. La première collection de Czapek porte le nom de Quai des Bergues et, à en juger par les premières pièces que nous avons pu découvrir, le résultat est à la hauteur des ambitions proclamées. Comme le dit le designer Antoine Tschumi, «c’est un voyage dans le temps qui a été accompli en partant de la montre

Crowdinvesting

capital de Czapek. L’idée est aussi d’intégrer les actionnaires dans le processus créatif et de construction de l’entreprise, de créer ainsi un réseau social privé en incitant les actionnaires à devenir autant d’ambassadeurs de la marque – et en leur réservant des montres à prix fortement préférentiels. L’objectif est de réunir 1 million de CHF dans les mois qui viennent, afin de passer à l’industrialisation du mouvement et au lancement des premières séries de montres (objectif 1'000 montres). Pour en savoir plus, allez sur http://czapek.com/investmentlevels-benefits LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de l’Exception Mécanique: Jaquet Droz, The Charming Bird

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Sans titre-1 1

22.09.15 10:58


NOUVEAUX VISAGES

EUROPA STAR PREMIÈRE | 19

Un nouveau couteau suisse lancé par Swiza La marque s’est associée à la start-up Helvetica Brands pour briser le monopole du géant du couteau suisse. Elle propose des modèles innovants de forme courbée. A la manœuvre, un ex-directeur de... Wenger, dont la production de couteaux a cessé. Rencontre. par

Serge Maillard

«Avec le rachat de Wenger par Victorinox et l’arrêt de la production de ses couteaux suisses à Delémont, le Jura a perdu ce qui était sans doute le plus iconique de ses produits d’exportation! Nous avons voulu remettre les pendules à l’heure.» Lorsqu’il frappe avec son associé Florian Lachat en 2013 à la porte de Swiza, entreprise également jurassienne spécialisée dans les pendulettes et les réveils, pour leur proposer de réaliser une série de produits de consommation plus suisses que suisses, Peter Hug trouve l’oreille du propriétaire. La collaboration se concrétise d’abord par une ligne de montres-bracelets. Et cet automne, ce sont les couteaux PUBLICITÉ

Swiza, réalisés eux aussi par la startup jurassienne, qui ont fait leur apparition, fruit d’une préparation en secret pendant 20 mois. Il faut dire

«Une ligne de 16 couteaux, proposés entre 29 et 37 francs, en rouge vif, bleu husky, blanc neige ou noir graphite, et dont la différence la plus frappante avec les produits de Victorinox est la forme légèrement courbée.»

que Swiza s’attaque là à un véritable mythe! Mais Peter Hug connaît très bien le monde du couteau suisse, puisque le co-directeur d’Helvetica Brands a été lui-même CEO du groupe Wenger entre 2005, année du

rachat par Victorinox, et 2013, année de la fin de la fabrication de couteaux sous l’enseigne du fournisseur jurassien de l’armée suisse.

«Plus sûr et plus maniable» «Nous sommes partis d’une feuille blanche mais avons voulu concevoir un couteau qui respecte à la fois la tradition jurassienne et applique les techniques les plus modernes», souligne Peter Hug. Pour quel résultat? Une ligne de 16 couteaux, proposés entre 29 et 37 francs, en rouge vif, bleu husky, blanc neige ou noir graphite, et dont la différence la plus frappante avec les produits de Victorinox est la forme légèrement courbée. «Nos mains ne sont pas droites. Avec cette courbe, les couteaux offrent une meilleure tenue et maniabilité.» Swiza a aussi voulu résoudre une difficulté que les adeptes de couteaux suisses connaissent bien: il est parfois délicat de «pincer» les outils pour les faire sortir de leur boîtier. «Avec nos couteaux, il est possible de les retirer avec deux pointes de doigts. Et une fois qu’elle est dépliée, la lame est automatiquement bloquée, pour des raisons de sécurité. Il faut presser sur la croix blanche pour la replier.» Autre innovation: un tire-bouchons à cinq spires, pour une meilleure ouverture des bouteilles de vin! La marque vient de débuter la commercialisation du couteau en Suisse, en Allemagne et en France, en attendant les Etats-Unis et l’Asie. «Nous travaillons avec des détaillants horlogers, des magasins de coutellerie et des boutiques touristiques de qualité. Pour l’instant, le démar-

rage est très fort et nous sommes sollicités par de nombreux points de vente, qui se retrouvent sur liste d’attente.» Le site de production à Delémont occupe une vingtaine de personnes et la marque vise à produire des «centaines de milliers de couteaux» d’ici trois à cinq ans. Un début, face aux plus de vingt millions de couteaux produits chaque année par Victorinox, selon certaines estimations. Quelle réaction de leur côté d’ailleurs? «Aucune, répond Peter Hug, mais la concurrence a la don de stimuler l’innovation...» LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Sport: Tudor, Pelagos

LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Dame: Hublot, Big Bang Broderie


PORTRAIT DE MARQUE

20 | EUROPA STAR PREMIÈRE

La nouvelle jeunesse d’Urban Jürgensen Reprise il y a une année, la marque Swiss made d’origine danoise, dont les montres sont produites depuis plus de deux siècles, compte bien séduire les collectionneurs avec sa nouvelle ligne, son esprit d’indépendance et sa philosophie: du fait-main, sinon rien! par

Serge Maillard

Le 31 octobre 2014 au soir, la vénérable marque danoise Urban Jürgensen, bicentenaire, célèbre deux coups très favorables du destin. D’une part, son modèle 1142 avec seconde centrale, échappement à détente et ses aiguilles si caractéristiques, vient d’être nommé montre masculine de l’année au Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG). D’autre part, un groupe d’investisseurs danois, menés par Søren Jenry Petersen – aujourd’hui CEO et président de la société –, signe le rachat de la marque, qui revient ainsi en mains scandinaves. C’est le début d’une nouvelle ère pour Urban Jürgensen. Champagne! Si nombre de marques issues d’un siècle des Lumières tout aussi doré pour la philosophie que pour l’horlogerie européenne ont été ressuscitées au 20ème voire au 21ème siècle – on en a vu un exemple récent avec Ferdinand Berthoud –, la marque danoise figure parmi les très rares manufactures n’ayant jamais interrompu leur production horlogère. La société a été fondée en 1773 à Copenhague par Jürgen Jürgensen, qui a noué des liens très étroits avec des horlogers neuchâtelois et notamment le «maître du chronomètre» Jacques-Frédéric Houriet au Locle.

Echappement à détente dans une montre-bracelet Appointée manufacture royale sous le règne de Frédéric VI du Danemark, la marque a pris son envol sous l’impulsion du fils du fondateur, Urban Jürgensen, qui a étudié auprès des légendaires Breguet et Arnold et introduit plusieurs innovations, comme la roue d’échappement à cylindre en acier ou le thermomètre bimétallique. Il s’est aussi distingué dans la production de chronomètres de marine. Installée dès 1834 au Locle, la firme a traversé les grands bouleversements de l’industrialisation au 19ème siècle, avant que la dynastie horlogère Jürgensen ne s’éteigne en 1912. La production a néanmoins continué lors du siècle dernier, la marque passant alors entre plusieurs mains. Dès 1979, la manufacture commence à reprendre des couleurs sous l’impulsion de l’horloger suisse Peter Baumberger, qui en reprend la pro-

priété deux ans plus tard. Le vrai coup d’éclat surviendra en 2009, lorsque la marque présente à Baselworld un prototype du premier échappement à détente – un mécanisme fragile mais d’une précision sans égal utilisé dans les chronomètres de marine – conçu pour une montre-bracelet (lire Europa Star Première Vol.13, No 4). L’horloger danois, qui décédera un an plus tard, a su s’entourer des meilleurs, dont Kari Voutilainen et Jean-François Mojon, pour réaliser ce tour de force. Son acolyte de toujours, le Dr. Helmut Crott, reprendra le flambeau jusqu’à ce fameux soir d’octobre 2014, lorsque le champagne coula à flots…

Minutie helvético-danoise Avec ce pedigree, on comprend mieux pourquoi tout connaisseur horloger se doit de posséder une Urban Jürgensen! Dès que le champagne fut digéré, les nouveaux propriétaires ont en effet commencé à concrétiser leur feuille de route: préparer une collection pour Baselworld – à noter que si la marque est d’origine et sous propriété danoise, elle est strictement Swiss made et ses ateliers se situent à Bienne. Pari réussi, en tout cas: la dernière foire de Bâle a donc vu l’apparition de la collection 1140, héritière en droite ligne de la 1142 primée au GPHG. A plusieurs nuances près. La taille d’abord, qui passe de 42 mm à 40 mm. Parallèlement, les chiffres romains ont été remplacés par des bâtonnets – sauf sur le modèle 1140C en or rose. Le modèle en platine réserve quant à lui une belle surprise, sortie tout droit des années 1930: pas de bâtonnets mais des chiffres arabes en or blanc finement disposés en appliques sur le cadran, qui requièrent deux processus de découpe différents avant d’être positionnés à la main. Autre caractéristique: des entre-cornes en forme de gouttes qui nécessitent elles aussi une solide intervention humaine, puisque leur processus de création peut comprendre huit cycles différents, entre une pression de 50 tonnes et le passage à 800 degrés, et durer plusieurs jours… jusqu’à rendre leur intégration individuelle à la montre totalement invisible à l’œil nu. Les montres intègrent lle fameux oeil en or chassé dans l'aiguille des heures avec le bleu typique Jürgensen, obtenu par procédé thermique lui aussi.

URBAN JÜRGENSEN 1140C ROSE GOLD

Avec ce pedigree, on comprend mieux pourquoi tout connaisseur horloger se doit de posséder une Urban Jürgensen!

Marque de collectionneurs Quatre modèles de la nouvelle collection sont équipés du nouveau calibre manuel P4 (échappement à ancre), de la petite seconde et disponibles en versions or rose, or jaune ou or blanc, ainsi que platine. Le «poids lourd» de la collection, le 1140C en or rose et à seconde centrale, est équipé du calibre manuel P8 à échappement à

détente. Les prix s’étendent quant à eux de 27'900 francs à 49'000 francs H.T. pour les différents modèles de la nouvelle collection. «Qu’il s’agisse du guilloché, des aiguilles ou des entre-cornes, le faitmain est une condition sine qua non pour nous, poursuit Mercedes Gonzalez-Gorbena. Tous nos mouvements sont des calibres maison. Notre objectif est de maintenir la manière artisanale dont les plus belles montres sont réalisées depuis des siècles. Derrière chacun de nos modèles, on peut voir la patte de l’horloger dont aucune machine ne pourrait remplacer.» Malgré les (ou grâce aux?) longs siècles qu’elle a traversés, Urban Jürgensen semble donc plus vivante que jamais et se profile en alternative crédible dans les vitrines des détaillants qui cherchent à séduire les collectionneurs. «Pour l'heure nous sommes présent au Danemark, au Japon et aux USA mais nous cher-

chons de nouveaux négociants pour nous étendre en Europe: nous ciblons d'abord la Suisse, l’Allemagne, l’Italie et la France.» A l’heure où les professionnels de la branche sont plus que jamais sous pression, la piste à suivre est peut-être de revenir à plus de légitimité tout en prenant un bon bol d’air frais venu du Nord… LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Homme: Voutilainen, Voutilainen GMR


PENDULES

EUROPA STAR PREMIÈRE | 21

Les pendules neuchâteloises font de la résistance Mécanisme prisé

Studio 53 / Serge Wesoly

La particularité du métier reste cependant de combiner cette esthétique très recherchée – pour les salons très épurés contemporains, mieux vaut certes opter pour le modèle en inox que pour le style Louis XVI, quoique! – avec la mécanique la plus rigoureuse. Le cœur battant des pendules, un mouvement mécanique 8 jours à sonnerie (dont certains à porte-échappement), est aujourd’hui encore considéré comme la Rolls du genre, en terme de construction, de fiabilité et de service. Sa conception remonte cependant à… 1945. «Ce mouvement, que nous avons vendu à plusieurs marques horlogères de renom pour des pendules de table, a été développé par mon père, Marcel Wermeille.»

Basé à St-Aubin, Roger Wermeille dirige l’une des dernières manufactures spécialisées dans ces horloges aux formes si typiques. Face au risque d’essoufflement de cette tradition très ancienne, le propriétaire du Castel entend former la relève à un travail artisanal qui mélange bois, dorures et mécanique. Rencontre. par

Serge Maillard

Homme charmant à la voix apaisante, presque septuagénaire, Roger Wermeille accueille le visiteur dans un délicat concert de tic-tac. Autour de nous, dans la manufacture du Castel à St-Aubin, proche du lac de Neuchâtel, une vingtaine de pendules tapissent les murs de la salle. Un peu comme les horloges murales qui indiquent l’heure des principales métropoles mondiales dans les lobbies d’hôtel, mais en beaucoup plus volumineux! «Je ne les mets pas toutes à la même heure, car vous imaginez que sinon, sur les coups de midi, cela deviendrait une sacrée symphonie!», précise le maître des lieux. Dorées sur feuilles d’or, souvent décorées de motifs floraux, de style Louis XVI, certaines pendules affichent des coloris rouges, d’autres verts ou noirs. Quelques-unes exhibent leur bois de tilleul nu, tandis que l’une d’entre elles est ornée de marqueterie. Toutes ont des formes en «vagues», des courbes rondes et généreuses. L’une d’entre elles se démarque nettement: un modèle Spirale en inox, d’aspect

beaucoup plus contemporain – un modèle qui représente aujourd’hui le quart des ventes. Ici, on est modeste et artisan avant tout: colle de lapin, pinceaux aux poils de blaireau, bois de tilleul ou de poirier, un bestiaire qui rappelle les origines naturelles de la tradition de la pendulerie, alors que les hommes allaient encore en forêt couper le bois ou chasser dans la Montagne neuchâteloise.

Travailler selon le temps de la nature Roger Wermeille, à la fois fabricant et restaurateur de pendules, pousse l’analogie plus loin: «Je suis un peu comme un cuisinier qui ne travaillerait qu’avec des matières naturelles. Comme lui, je ne sais pas combien de convives j’aurai à ma table. En revanche, je sais que mes plats ne sont pas périssables!» Le Neuchâtelois s’est entouré au fil des décennies des meilleurs artisans de la région: émailleurs, décorateurs, mécaniciens, ébénistes… Mais il y a un hic: la moyenne d’âge s’envole et les jeunes horlogers ne se

pressent aujourd’hui guère au portillon de la pendulerie. Avec le temps partiel, le travail à domicile et la baisse des volumes de production, les ateliers semblent un peu vides. Il est temps de réagir! Car le métier, mélangeant les saveurs du bois, de l’or et des vis, ne manque pas d’atouts, à une époque qui crie à tue-tête son amour de l’artisanat et de la qualité suisse (certes souvent pour masquer le parc industriel automatisé que l’on ne saurait voir…): ici, pas de machines, tout est réalisé à la main avec minutie et surtout patience – en comptant les intervalle liés aux temps de séchage, de l’ossature bois à la décoration finale, il faut compter jusqu’à six mois par pendule. «Le bois est une matière vivante. Nous ne pouvons aller contre la nature et il faut veiller à ce qu’aucune craquelure n’apparaisse, donc travailler le bois pour qu’il devienne le plus lisse possible. Et en période sèche, nous ne pouvons pas faire de dorure.»

«Dans la tradition cantonaise, si vous offrez une pendule murale à quelqu’un, cela signifie que vous irez à son enterrement dans les trois semaines. Cette superstition ne nous profite guère!» Avant guerre, les Wermeille tenaient un atelier de décolletage et de taillage à St-Aubin, une activité tournée vers l’exportation. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a entraîné le blocage du commerce international, la famille s’est alors tournée vers un produit tout à fait adapté au marché national… la pendule, qu’elle a commencé à commercialiser sous le nom Le Castel. Septante ans plus tard, la tradition est toujours vivante. La manufacture produit quelque 150 pendules par an, écoulées entre 4'500 et 32'000 francs, surtout en Suisse et en Allemagne, mais aussi au Canada. Et le marché chinois, cet eldorado? Pas de chance: «Dans la tradition cantonaise, si vous offrez une pendule murale à quelqu’un, cela signifie que

vous irez à son enterrement dans les trois semaines. Cette superstition ne nous profite guère! En revanche, il y a quelques années, je vendais encore bien au Japon.»

Moins de boutiques, plus de vente directe Ces cinq dernières années n’ont été marquées ni par une baisse ni par une hausse des ventes. Pas de profil de clientèle-type: «Je vends à l’ouvrier comme à l’aristocrate!» Reste que l’accès aux détaillants semble de plus en plus un parcours d’obstacle aux yeux de l’artisan: «Ils ne prennent plus de stocks et travaillent à la demande. Les grandes boutiques privilégient les grandes marques d’horlogerie, qui leur imposent une forte pression si elles entendent rester concessionnaires. Par ailleurs, les détaillants sont de moins en moins des vrais horlogers. Ils ne veulent plus investir du temps pour s’initier à l’univers des pendules, encore moins aller les fixer au mur chez le client comme je le fais moi-même! Pourtant, c’est à ce moment en particulier que se crée une vraie relation de confiance.» Alors, Roger Wermeille ouvre aujourd’hui de plus en plus les portes de sa manufacture aux acheteurs pour de la vente en direct – l’occasion de discuter personnalisations et entretien, également. Les pendules restent par ailleurs des cadeaux prisés par les entreprise ou lors de festivités. Et le propriétaire demeure confiant: il voit tout de même des jeunes, venus du CIFOM du Locle par exemple, qui se disent intéressés à s’initier au monde de la pendulerie – condition sine qua non pour gagner le défi de maintenir les métiers de l’artisanat dans la région. Par ailleurs, des horlogers très «tendance» comme Max Büsser sortent de plus en plus de l’univers strict de la montre-bracelet, par exemple avec l’horloge de table Arachnophobia, ce qui pourrait faire des émules et «décloisonner» quelques conventions. Et la restauration de pendules anciennes peut aussi se vivre comme une vraie chasse au trésor pour les passionnés d’histoire: lors des siècles passés, il était en effet de rigueur de repeindre les pendules en noir si un décès survenait dans une famille. En grattant la peinture, on n’est pas au bout de ses surprises...

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DÉBATS & OPINIONS

DR

22 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Enrico Letta

Michael Green

Winter Nie

Harry Cliff

Tim Harford

Yves Morieux

Bertrand Piccard

Un grand remue-méninge, loin des montres Placé sous le thème du «futur en construction», le septième Forum de la Haute Horlogerie s’est tenu juste après les attentats de Paris. Scientifiques, économistes et politiciens y ont débattu de thèmes qui dépassent – de loin – la seule industrie horlogère. Le point en mots-clés. par

Serge Maillard

«Une actualité en quête de sens», telle a été la base de la discussion menée au grand brainstorming annuel proposé par la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH). Avec pour toile de fond un climat international particulièrement anxiogène et délétère, pour l’industrie horlogère bien sûr mais surtout pour des pays européens exposés plus que jamais à la menace terroriste, les orateurs y ont abordé de manière prospective les grandes questions qui tenaillent notre monde, de l’environnement à la productivité en passant par la physique des particules. De quoi prendre un peu de recul… Trop de bavardages, parfois, diront les esprits férus d’action et de rouages horlogers. D’aucuns leurs rétorqueront qu’il est évident que, dans notre mondialisation imparfaite, l’avenir de l’intégration européenne ou celui de l’innovation chinoise pèseront lourdement dans nos vallées horlogères. Tout comme, peut-être à terme, une remise en cause de la théorie de la relativité d’Einstein! La directrice de la FHH Fabienne Lupo assume ce parti pris: des confé-

rences qui ne traitent pas directement de la mesure du temps, devant un public composé d’horlogers. Cette année, le futur est à nouveau au cœur des débats, en raison des «mutations très importantes» qui touchent nos sociétés. Franco Cologni, président du comité culturel de l’organisme, a de son côté insisté sur le temps et la mémoire: «Aujourd’hui, j’ai accès à des milliards de données en un seul clic, mais savoir se souvenir c’est aussi savoir prévoir.» Nietzsche n’était pas très loin, lui qui a écrit que «le futur appartient à celui qui a la plus longue mémoire». Voici donc les principaux thèmes abordés par les orateurs.

DÉSINTÉGRATIONS EUROPÉENNES Sous le coup des attentats, l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta déclarait avoir totalement changé le discours qu’il avait préparé pour le Forum sur l’état de l’Europe. Face au terrorisme, contre lequel aucune réponse crédible n’a encore été apportée, faut-il plus ou moins de cette

intégration européenne si décriée aujourd’hui? Pour l’Italien, la réponse est clairement la première: «La riposte ne peut être nationale face à des terroristes globaux. Mais aujourd’hui les services de renseignements sont nationaux et ils partagent peu; c’est une des causes des attentats. Nous devons former un front commun contre la menace extérieure.» Or, l’Europe fait face au risque que la France soit la seule à mener des frappes contre l’Etat islamique: «Ce serait un très mauvais signal.» Autre scénario possible: la tentation de créer «une forteresse, qui ne laisse passer personne, d’où la volonté d’assimiler parfois les terroristes aux réfugiés, qui sont les premières victimes des fondamentalistes.» Deux clivages profonds divisent aujourd’hui l’Europe, selon l’ancien politicien: nord-sud sur le plan économique, est-ouest sur les rapports avec la Russie et sur les migrants. «Les discours des premiers ministres hongrois ou slovaque sont incompatibles avec les idées des responsables politiques d’Europe de l’Ouest.» De fait, le risque existe que l’Europe se dé-

sintègre sous le coup de ces clivages. Et Enrico Letta de plaider pour une Europe «du centre», unie, qui seule sera à même de résister non seulement au terrorisme mais aura une voix qui porte pour négocier avec la Chine, l’Inde ou les Etats-Unis. «En 1995, l’Europe représentait 45% de l’économie mondiale; en 2016, les Brics vont nous dépasser, ils seront à 33%, nous à 32%. Au cours de l’histoire, il y a eu très peu de changements aussi drastiques en vingt ans seulement.» A la dernière Exposition universelle de Milan, Enrico Letta a été frappé des thématiques passéistes abordées par les pavillons européens, contrairement à celui de la Malaisie par exemple. «Si l’on ne se tourne pas vers le futur, l’Europe deviendra un musée. Y compris la Suisse bien sûr!»

COSTA RICA ET PROGRES SOCIAL Sachons distinguer richesse et bienêtre: un adage dont on use et abuse parfois. L’économiste britannique Michael Green, lui, a décidé de concrétiser cette différence en participant à l’introduction du Social Progress Index (SPI), en complément du traditionnel PIB. De quoi redonner de l’espoir aux nations les moins fortunées: la Nouvelle-Zélande, qui a un PIB bien inférieur à la Norvège, est presque à son niveau de SPI; le Costa Rica a un plus grand SPI que le Koweit, alors qu’il est beaucoup moins riche; le Brésil est plus pauvre que la Russie, mais a un plus grand SPI… «Plus le PIB augmente, moins le SPI

augmente proportionnellement, explique Michael Green. Le PIB n’est pas tout, ce n’est pas notre destin.» L’économiste rappelle que même l’inventeur du concept de PIB en 1934, l’Américain Simon Kuznets, mettait en garde qu’il s’agissait d’un bon moyen de mesurer l’économie seulement, pas nos vies. On ne saurait assumer que l’accroissement des richesses se traduit automatiquement en bien-être social. Basé sur 52 indicateurs, le SPI prend en compte, par exemple, non plus les LES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Haute Mécanique pour Dame: Fabergé, Lady Compliquée Peacock


DÉBATS & OPINIONS dépenses de santé d’une économie donnée mais l’espérance de vie et le bien-être de sa population. Tout le monde a-t-il accès à l’alimentation? A l’information et à l’éduction? Quelles sont les possibilités de progresser dans la société? Selon Deloitte, le PIB global augmentera considérablement d’ici à 2030 mais le SPI n’enregistrera qu’une très faible croissance. «Or, ce que montrent des pays comme le Costa Rica, la Nouvelle-Zélande ou le Rwanda, c’est qu’il est possible de surperformer en terme de SPI même si le PIB n’est pas très élevé», déclarait Michael Green. Figurant dans le top 3 mondial du SPI, la Suisse n’en est pas moins relativement peu performante dans certains domaines, comme la tolérance aux immigrés ou le taux d’obésité, n’a pas manqué de rappeler l’économiste.

Comme l’a un jour résumé le PDG de Haier: «D’abord, nous observons et digérons. Ensuite nous imitons. Finalement, nous avons une compréhension suffisante pour produire de manière indépendante.» En luxe toutefois, les marques chinoises sont encore très en retard, souligne Winter Nie. Des marques de niche sont certes en gestation, visant des clientèles bien particulières. Par exemple les femmes de milliardaires…

EINSTEIN HAS BEEN?

LA FORMULE MAGIQUE CHINOISE En quoi l’innovation chinoise est-elle différente? Pour Winter Nie, professeure de management à l’IMD, un défi économique majeur auquel fait face l’Empire du Milieu consiste à passer «du low-cost et de la copie au high-cost et à l’innovation». Quelques compagnies chinoises, plus ou moins connues en Occident, montrent la voie, selon la spécialiste. C’est le cas de Huawei, troisième plus grand fabricant de téléphones au monde, dont «46% de la main d’œuvre travaille dans le R&D et qui a déjà déposé quelque 49'000 brevets». Mais aussi de Xiaomi, une compagnie fondée en 2010 qui a vendu quelque 60 millions de smartphones l’an passé et vend presque à prix coûtant tout en menant d’innombrables tests auprès de la clientèle. «Leur patron se prend un peu pour le Steve Jobs chinois.» Pour chaque compagnie chinoise qui réussit, 80 échouent, nuance cependant Winter Nie. Celles qui percent le doivent à une formule magique basée sur trois éléments: des coûts très compétitifs; un marché-test immense qui induit une réactivité à toute épreuve (comme le fabricant de machines à laver Haier qui a conçu des modèles capables de laver des cacahouètes puisque certains clients ruraux en faisaient un tel usage…); l’introduction rapide de nouveautés (la Huawei Watch est considérée par certains observateurs comme la «meilleure smartwatch tournant sous Android Wear», alors que la marque ne proposait pas ce type de produits il y a deux ans).

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Il y a un siècle exactement, Albert Einstein a osé remettre en cause les doctrines dominantes de son temps pour élaborer sa théorie de la relativité générale, posant les fondements de la physique moderne. Nous devrions peut-être suivre son exemple – en remettant en cause sa théorie! Les principes mêmes posés par Einstein semblent en effet près de vaciller sous le coup des développements récents de la physique quantique, explique Harry Cliff, physicien des particules à l’Université de Cambridge et collaborateur au CERN. Le scientifique britannique a essayé de vulgariser une matière pour le moins complexe… «La théorie de la relativité est en quelque sorte une théorie sur l’espace-temps. Or, les notions même de temps et d’espace n’ont plus de sens dans l’univers de l’infiniment petit que l’on étudie notamment au Grand collisionneur de hadrons du CERN.» Si le circuit genevois occupe une surface gigantesque, il s’agit en réalité du plus fantastique microscope à notre disposition, grâce auquel nous pouvons étudier l’infiniment petit, rappelle Harry Cliff: «Nous pourrions passer d’une théorie en trois dimensions à une théorie en deux dimensions. L’environnement dans lequel nous évoluons est peutêtre totalement différent de ce que nous imaginions!»

KEYNES, ROI DES ECHECS Comment anticiper l’avenir? Les économistes semblent bien mauvais sorciers… Pourtant, Tim Harford, éditorialiste au Financial Times, se risque à reprendre la théorie des super-forecasters de l’universitaire Philip Tetlock, qui suppose l’existence d’analystes capables de réaliser des prévisions pertinentes. «Ce qui joue, c’est l’attitude psychologique: il s’agit de personnes qui ac-

ceptent la critique et apprennent des autres, explicite Tim Harford. Si on les met en équipe avec d’autres personnes ouvertes d’esprit, on obtient de meilleures prévisions – certes jamais parfaites, cela serait impossible. Le plus important reste de se remettre en cause.» Pour étayer cette thèse, l’éditorialiste a brièvement retracé les trajectoires de deux économistes très connus en leur temps, au début du 20ème siècle: John Maynard Keynes et Irving Fischer, qui tous deux ont élaboré des théories prospectives. Autre point commun: aucun des deux n’a su anticiper la crise financière de 1929! Or, si le premier a fini sa vie dans l’aisance et est demeuré populaire jusqu’à nos jours, le second est mort pauvre et honni. Pourquoi? Deux semaines avant le crash, Fischer prévoyait un «plateau continu de hauts rendements», explique Tim Harford. Ce tenant du productivisme a continué de manière désespérée à investir pendant la crise, estimant que la conjoncture allait rapidement remonter. Keynes a accepté de changer d’avis et reconnu qu’il avait eu lourdement tort, tandis que d’autres trouvaient toutes sortes de raisons conjoncturelles à la crise, blâmant par exemple les politiciens. Keynes avait déjà connu l’échec et la faillite après la Première Guerre mondiale, réussissant par la suite à regagner sa fortune. «Cet échec a en réalité été sa principale chance, puisqu’il lui a appris à se méfier des hauts et des bas de l’économie et lui a donné un esprit ouvert à l’autocritique.»

COMMENT LA SNCF SE REMET SUR DE BONS RAILS Yves Morieux, directeur de l’Institut pour l’organisation du Boston Consulting Group, a su emballer le public sur des sujets pourtant a priori fort peu alléchants: la crise de la productivité et la crise du travail. Deux constats de base: la productivité est très décevante depuis quarante ans en Europe, déclinant d’une croissance de 3% à 1% aujourd’hui. Où passe donc le potentiel de productivité lié aux innovations? Toujours en Europe, seuls 11% à 23% des salariés se sentent par ailleurs réellement engagés dans leurs société. A tel point que Gallup a inventé le concept de «désengagement actif», des employés qui luttent activement contre leur entreprise!

«La bonne nouvelle, c’est que les deux crises sont liées à une même source, explique Yves Morieux. On peut donc passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux. La cause profonde commune, c’est la manière des entreprises de s’organiser, qui est tirée des livres de management et se résume à se battre sur les coûts ou sur la différenciation. Cela marchait lorsque le monde était simple. Mais dès 1980, les entreprises ont essayé de faire face à la complexité du monde en devenant ellesmêmes plus compliquées. Cela n’a fait qu’ajouter des problèmes.» En cause: des managers qui passent 40% de leur temps à faire du reporting, des équipes qui ne travaillent pas sur les bonnes priorités, occupant jusqu’à 80% de leur temps à «perdre» du temps… «Il y a de plus en plus de travail sur le travail, de moins en moins de travail. C’est là que se situe le problème de productivité – et cela suscite bien sûr du désengagement.» Pour Yves Morieux, il faut passer d’une organisation entrepreneuriale basée sur de la peur et de la bureaucratie absurde à une structure plus souple axée sur la coopération. Comment? «Les managers doivent comprendre ce que leurs employés font vraiment et pourquoi ils le font, ainsi que leurs contraintes.» Exemple: les SNCF, une entreprise qui a réussi à augmenter drastiquement la ponctualité de ses trains, en encourageant ses employés à signaler les retards

et les communiquer à leurs collègues, alors qu’auparavant, personne n’osait le faire de peur d’être blâmé. «Ce qui a changé, c’est que la SNCF a décidé de blâmer ceux qui recevaient l’information du retard et n’en faisaient rien, donc ne partageaient pas! L’erreur, c’est de ne pas demander de l’aide.» Autre exemple tiré de l’athlétisme: la finale du championnat du monde de course de relais féminin 4x100 m. «Sur la base de leur producti-

vité individuelle, les Américaines étaient données largement favorites. Pourtant, les Françaises ont gagné grâce à des stratégies et des choix de coopération très judicieux, lors du passage de témoin en particulier. Le tout vaut plus que la somme des individus: ce n’est pas de la poésie, c’est des maths! Et la coopération n’a rien à voir avec la bonne entente, ce n’est pas de la simple compliance.»

DEUX REGARDS SUR MA VIE Quand une personnalité aussi reconnue et synonyme de succès que Bertrand Piccard retrace sa vie sous forme d’échecs successifs, on s’interroge… L’explorateur et psychiatre s’est amusé à proposer deux autobiographies, basées sur les mêmes événements mais faites de cauchemars ou de rêves. Comment rebondir face à des écueils? En prenant de la hauteur, de l’altitude (titre de son dernier ouvrage), résume avec le sens de la cohérence le cofondateur de l’avion solaire Solar Impulse, champion de voltige aérienne et de montgolfière. Ainsi en va-t-il lorsque l’aile principale du nouveau prototype de Solar Impulse se casse, entraînant une année de retard sur le projet. Qu’à cela ne tienne, c’est l’occasion de faire une tournée aux Etats-Unis pour promouvoir de manière spectaculaire l’énergie solaire, dans un pays accro aux énergies fossiles. Actuellement, Solar Impulse connaît de nouvelles difficultés et est cloué au sol à Hawaï jusqu’en avril prochain. Bertrand Piccard en profitera pour se faire l’avocat d’une autre approche de la lutte pour l’environnement lors de la grande réunion COP21 à Paris: moins moralisatrice quant à nos modes de vie et moins dogmatique, plus encourageante quant aux opportunités de transformer toute une économie, plus prometteuse d’innovations… et surtout d’envie!

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DÉBATS & OPINIONS

24 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Pour une communication horlogère authentique, audacieuse et créative! des exemples: A quand des portraits d’horloger ou d’artisans signés de grands documentaristes? A quand de petites fictions, variations libres sur le Temps, («Le Temps est la reproduction déchiquetée de l’Eternité», «Il est toujours plus tard que tu ne crois», «Le temps passe, mais il ne fuit pas encore», etc.) signées au contraire par de jeunes réalisateurs/ rices des grandes Ecoles de cinéma? Ou encore, à quand de petits objets joyeux, surprenants, poétiques, esthétiques réalisés à l’occasion de fêtes qui marquent le passage du temps: Noël, St Sylvestre, St Valentin, Pâques? A quand des interviews déjantés et ludiques «Les éternels retardataires», «Les trop ponctuels», «Les obsédés de la fuite du temps» etc…? A quand une collection de grands entretiens filmés, avec des personnalités «horlogères» de premier plan, qui «brassent» large, et ont une «épaisseur» et une profondeur rares (les Franco Cologni, Philippe Stern, Ludwig Oechslin, Philippe Dufour, etc.)? Vous le voyez, les voies sont nombreuses.

A la tête de Bohemian Films depuis plus de 20 ans, André Martin a produit nombre de fictions et de documentaires pour le cinéma, tissant au fil des coproductions un important réseau international de compétences. Outre cette activité proprement cinématographique, Bohemian Films a créé Midnight Media, un département consacré essentiellement aux films de commande et tout particulièrement à la communication horlogère. Midnight Media a ainsi signé ces quinze dernières années de très nombreuses réalisations pour la Fondation de la Haute Horlogerie, le Groupe Richemont et la plupart de ses marques, la Fédération Horlogère Suisse, Rolex, Audemars Piguet, Chopard, Ebel, Maurice Lacroix, etc. Cet aller-retour entre fictions, documentaires et films de commande permet à André Martin de jeter un regard expert et singulier sur l’usage que l’horlogerie fait des images.

L’horlogerie est une grande utilisatrice d’images à but publicitaire. Qu’est-ce que le cinéma, fiction ou documentaire, peut lui apporter? L’horlogerie en général et les grandes marques du secteur en particulier, sont les dépositaires de très belles histoires et de parcours de vie synonymes d’émotion, d’expérience, de philosophie, d’anecdotes truculentes, de passions. Mais force est de constater que ces histoires – l’expérience accumulée de centaines d’horlogers et d’artisans de haut vol – ne sont pas ou trop peu souvent exploitées. Les entreprises devraient puiser dans ce réservoir extraordinaire et oser développer de nouvelles formes comme par exemple des séries documentaires (web séries), qui donnent la parole à leurs artisans, à leurs horlogers, constructeurs, mais également à leurs clients fidèles et à leurs collectionneurs. Le monde n’est pas fait que de mannequins sophistiqués, de sportifs de

haut vol et d’images parfaites et glacées. Comme le disait Paul Valéry: «Aujourd’hui ce qui est parfait retarde.» Nous avons exploré cette voie notamment avec la Fondation de la Haute Horlogerie, avec laquelle nous avons réalisé 3 grandes séries documentaires, au total 36 films, «Les métiers d’art», «Les complications» et «Du dessin à l’écrin» et piloté deux concours de films avec l’ECAL et la HEAD sur la question de la contrefaçon. Cette expérience nous a ouvert à la richesse culturelle souvent ignorée du monde de l’horlogerie. Vous parlez «culture» mais vos interlocuteurs répondent «marketing»… Je suis persuadé que l’horlogerie a tout à gagner à s’inspirer de nouvelles formes d’expression qui n’empruntent non plus seulement au monde de la publicité et du corporate story-telling, mais également à la fiction, au documentaire de création, à l’art vidéo, en deux mots à des modes d’expression qui soient à même de rendre compte de la «profondeur culturelle» des

C’est bien beau tout ça, mais encore faut-il atteindre le public…

MB&F – Arachnophobia

Propos recueillis par Pierre Maillard

grandes marques et qui prennent en compte le goût du public, qui se vérifie tous les jours sur tous les écrans, pour l’authenticité, le vécu, l’émotion. Pourquoi, alors que les grandes marques du périmètre de la haute horlogerie rivalisent de créativité dans leur domaine, délaisser à ce point les outils du cinéma de création ou de l’art vidéo contemporain? A quand, par exemple, de véri-

tables «oeuvres horlogères» signées Bill Viola, qui, mieux que personne, parle dans ses travaux du TEMPS? L’exemple que vous donnez est certes intéressant mais un peu élitiste, non? Mais les pistes à explorer sont multiples et à même de toucher des publics bien différents. Vous voulez

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On peut très bien imaginer constituer de mini chaînes de TV dédiées sur le site de la marque, hébergées sur VIMEO ou YouTube, qui créent du contenu autour de la marque et de ses produits, certes, mais qui nourrissent également les consommateurs, les cultive, leur donne à penser, à voir et à entendre, les divertissent, leur donnent le goût de la bel ouvrage tout en tournant autour de la question de la mesure du temps. Une telle initiative participerait à la construction d'une identité pérenne de la marque, forte, culturelle, avec une grande profondeur. Et faire une «chaîne» de ce type qu'on alimente à l'année et qui fidélise et attire, ça ne coûte pas plus cher, si on sait bien s'y prendre et qu'on dispose des compétences et des réseaux nécessaires, qu'un spot de pub et les achats d'espace correspondants, pour une présence durable, forte, identifiable et virale. www.bohemianfilms.ch


CULTURE HORLOGÈRE

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Montres connectées: premiers avis de clients potentiels Selon un sondage récent mené par la Haute école de gestion Arc, l’intérêt pour les smartwatches demeure minime en Suisse. Néanmoins, alors même que la Carrera Connected de TAG Heuer vient de susciter un buzz mondial, le marché ne devrait pas en rester là… Quelques pistes de réflexion. par

Maria Bashutkina, adjointe

scientifique, haute école de gestion

François Courvoisier, professeur, haute école de gestion arc arc, et

L’interconnexion des objets physiques est en train de générer de véritables changements dans la société. L’Internet des objets peut et va encore plus permettre une connectivité pour tout le monde, en tous temps, en tous lieux (pourvu qu’il y ait du réseau téléphonique ou du wifi) et depuis n’importe quelle plateforme: voiture, appareil ménager, montre, habits, etc. Les montres connectées, dont on parle depuis 2013 comme d’une probable révolution horlogère, ne représentent qu’une partie émergente de ce qui nous attend en matière d’accessoires portables connectés. En dépit de qualités et de fonctionnalités intéressantes, les premières smartwatches, comme Samsung et LG, n’ont pas amené de rupture technologique vraiment innovante. Ces produits consistaient plutôt en une miniaturisation d’ordinateurs qui, placés sur le poignet, permettaient d’effectuer des activités personnelles et de les mesurer. Aujourd’hui, la majorité des traceurs d’activités et des montres intelligentes ont peu d’autonomie, une durée de vie limitée, un design standardisé, sobre et minimaliste. C’est pourquoi les horlogers suisses, déjà en 2013, étaient assez sceptiques à propos de ces «gadgets» et les considéraient plutôt comme une «parodie de la montre», soit un mini-ordinateur porté au poignet. Depuis le SIHH et Baselworld 2015, les avis ont évolué et une dizaine de marques, dont Montblanc, Breitling, TAG Heuer, Frédérique Constant, Swatch et IWC, ont présenté ou annoncé des PUBLICITÉ

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bracelets et/ou des montres connectées; en avril 2015, c’est la très attendue Apple Watch qui a été lancée, mais à ce jour les chiffres de vente end user ne sont pas communiqués par la marque. En ce qui concerne les consommateurs potentiels de montres connectées, les prévisions sont ambiguës: certains experts disent que ces montres intelligentes vont inciter la jeune génération à porter à nouveau quelque chose au poignet et, dans 15 ou 20 ans, une fois établis professionnellement, ils s’achèteront assez volontiers une belle montre. Mais d’autres avis préviennent au contraire que, si les jeunes s’habituent aux objets connectés portés au poignet, alors il sera difficile de les faire revenir vers les montres traditionnelles car ils n’y verront aucune utilité. Qui aura finalement raison?

La voix des consommateurs Afin de sonder l’intérêt de clients potentiels pour les montres connectées, nous avons réalisé entre novembre 2014 et février 2015 un sondage auprès de 50 étudiants en gestion en Suisse et en France (hommes et femmes en moyenne âgés de 20 à 30 ans) pour comprendre leur intérêt envers ces produits. Seuls 3% de répondants se sont dits intéressés par les montres connectées et prêts à en acheter une, justifiant leur intérêt par la possibilité d’avoir «plus qu’une montre qui donne l’heure» et «d’être toujours connecté». Les 97% restants ont manifesté peu d’enthousiasme pour ces produits. C’est pour cette raison que, dans une deuxième étape, nous avons réalisé un sondage en ligne par Facebook pour obtenir des avis de 50 consommateurs au profil plus varié, provenant de 17 pays et âgés de 20 à 49 ans. Ceci nous a permis d’obtenir des informations plus détaillées sur le choix d’une montre, connectée ou non. Le premier point-clé qui ressort de cette étude de 100 consommateurs potentiels est que «la montre connectée ne va pas forcement remplacer une montre mécanique». Les montres suisses sont considérées comme des «œuvres d’art». Comme l’art est intemporel, ces objets vont

toujours séduire. Ce n’est pas le même produit, ce n’est pas la même vocation. Les montres sophistiquées artisanales ne seront jamais remplacées par les «gadgets». Cela confirme l’avis initial des horlogers suisses. Néanmoins, il y a quelques bémols à ce sujet: certains répondants ont indiqué qu’une montre connectée peut bien remplacer «les accessoires de luxe», c’est-à-dire les montres mécaniques suisses, si la connectivité offre plus de fonctions et d’utilité. En ce qui concerne la «montre du futur», en réponse à notre question qui consistait à imaginer quelle montre sera portée dans 10 ans, nous avons reçu les descriptions suivantes: «une montre classique qu’on ne sent pas au poignet», «une montre sophistiquée avec des complications», «une montre personnalisée et unique», «les mêmes montres qu’il y a 10 ans – des montres vintage» ou encore « la même montre qu’aujourd’hui, car c’est un cadeau». Quelques propositions plus futuristes ont été évoquées: «une montre intelligente décorée comme une montre suisse de luxe», «une montre mécanique avec de l’intelligence cachée» et une proposition encore plus audacieuse: «l’utilisation d’hologrammes projetés devant nous ou un petit appareil mis à l’intérieur de notre corps ou de notre poignet». Pour les facteurs influençant le choix de la future montre, c’est le style, le design

et la marque qui ont été principalement cités. En conclusion de ce sondage, nous avons constaté relativement peu d’enthousiasme ou de hâte pour se procurer une montre connectée; la montre suisse classique, mécanique de préférence, éventuellement personnalisée, reste plébiscitée. Seule une faible minorité de répondants à notre sondage a manifesté de l’intérêt pour les montres connectées.

L’internet des objets, réel enjeu Selon un sondage en ligne auprès de 890 personnes diffusé par Intervista en avril 2015, 10% des Suisses qui ont actuellement un smartphone mais qui ne portent pas de montre pourraient être intéressés par une montre connectée; dans la tranche d’âge de 14 à 29 ans, ce taux monte à 14%; 59% des personnes sondées pensent cependant que les montres connectées influenceront durablement le secteur horloger et 70% les considèrent comme une opportunité pour les fabricants suisses. Les montres à quartz et les montres mécaniques donnent une même information de base: l’heure, de manière plus ou moins précise. Les swartwatches, avec leurs diverses applications, se situent sur un marché différent, selon une distribution

différente: le consommateur pourra en effet trouver une smartwatch dans un magasin d’électronique, au même titre qu’un téléphone portable. Ce n’est pas le cas pour une montre suisse haut de gamme. La vraie question qui se pose reste l’appréciation par les consommateurs de l’«Internet des objets», qui les fait entrer dans une nouvelle dimension dans laquelle les objets connectés vont influencer considérablement leur quotidien. La smartwatch actuelle ne représente de prime abord pas un danger pour l’industrie horlogère suisse dans son ensemble, mais plutôt une belle opportunité pour étendre le marché. Seules les montres d’entrée de gamme, jusqu’à CHF 1500, pourraient pâtir de l’arrivée massive de montres connectées. Etre «à l’heure» pour l’industrie horlogère suisse semble plus que jamais une nécessité de survie. Les montres connectées peuvent devenir une vraie chance pour le Swiss made et pour la croissance du secteur. Nous pensons en effet que l’industrie de la montre connectée va se diviser à terme: d’un côté les groupes d’électronique grand public qui proposeront des produits grande consommation du type «téléphone augmenté pour le poignet », et de l’autre un marché plus horloger au design plus traditionnel. Pour les uns comme pour les autres, l’objectif est de gagner la «guerre du poignet» (ou des deux poignets de chaque consommateur potentiel). Les clients qui souhaitent des produits premium seront intéressés par un objet dans l’esprit des horlogers haut de gamme, mais qui va évoluer vers les nouvelles technologies.

CARRERA CONNECTED de TAG Heuer


CULTURE HORLOGÈRE

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Le bouddhisme de Madame Butterfly et le japonisme de Cartier vogue de «japonisme» conquerra ainsi rapidement le grand public qui se presse en masse aux expositions universelles ou autres où une production japonisante – et parfois médiocre - s’écoule en grandes quantités. A tel point que l’effet de mode poussé à son extrême finira par lasser. Après les «chinoiseries», on parlera de «japoniaiseries».

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Un engouement spirituel de courte durée

Par le plus grand hasard du calendrier, deux expositions se tiennent en même temps à Genève qui font profondément écho entre elles: «Le bouddhisme de Madame Butterfly – Le japonisme bouddhique» au MEG, le Musée d’ethnographie de Genève, jusqu’au 10 janvier 2016 et «L’Asie rêvée dans les collections Baur et Cartier» à la Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient de Genève, jusqu’au 14 février 2016. Un doublé à ne manquer sous aucun prétexte. par

Pierre Maillard

L’importante exposition «Le bouddhisme de Madame Butterfly. Le japonisme bouddhique» du MEG, conçue par Jérôme Ducor, le conservateur du département Asie et son co-commissaire Christian Delécraz, pose le cadre historique et culturel global qui permettra de mieux apprécier et comprendre l’exposition «L’Asie rêvée» de la Fondation Baur. La première serait comme la vaste et féconde introduction à l’incroyable vague du japonisme qui a subjugué l’Europe à la fin du XIXème siècle et transformé ses arts. La seconde serait comme son prolongement naturel sous forme d’exemple de la profonde influence du japonisme et de l’orientalisme dans le luxe européen de la fin du XIXème siècle et début XXème à travers le riche exemple de Cartier.

La mise en scène d’un choc culturel Splendidement mise en scène, en espace et en lumière, richement dotée d’objets en provenance de musées prestigieux, l’exposition du MEG propose au visiteur un fascinant parcours historique qui nous fait visuellement et intellectuellement comprendre comment la découverte de l’art nippon et de la religion bouddhiste a exercé une influence fondamentale sur les beaux-arts et dans les consciences des Européens. La production artistique nippone n’était certes pas totalement inconnue de ceux-ci, notamment par l’entremise des Hollandais qui étaient les seuls à avoir maintenu des relations commerciales modestes avec un Japon par ailleurs totalement

fermé depuis sa «découverte» au 16ème siècle par les marins portugais. Mais l’ouverture commerciale du pays en 1854, sous la pression des canonnières du commodore américain Matthew Perry, représente un exemple unique à l’époque moderne de découverte réciproque de deux civilisations millénaires. Un véritable choc culturel qu’on peine à imaginer de nos jours. Tout se passe dès lors très vite. En quelques années des traités commerciaux sont signés (dont un avec la Suisse en 1864) et, en même temps qu’arrive sur le trône le jeune empereur Meiji, le Japon subit un profond bouleversement. Dans tous les domaines, les sciences et les techniques occidentales sont adaptées et transforment radicalement le pays. Lancés par Thomas Cook en 1872, les premiers «voyages à forfait» incluent le Japon dans leur tour du monde en dix mois. C’est un déferlante de voyageurs fortunés, d’étudiants, de savants, d’artistes, d’écrivains et de collectionneurs qui débarquent sur les terres nipponnes. Les traditions, la culture, la religion, les arts du pays et l’organisation sociale japonaise fascinent. Au fur et à mesure que le Japon s’occidentalise, l’Europe se «japonise».

Du japonisme aux «japoniaiseries» L’histoire de la peinture, des beauxarts et des arts décoratifs européens n’aurait sans doute pas été la même

si des artistes tels que Van Gogh, Bonard, Degas, Matisse, ToulouseLautrec ou encore Vallotton n’avaient été subjugués par la découverte notamment des estampes japonaises, des œuvres d’un Hiroshige ou d’un Hokusai avec leurs lignes claires, leurs francs aplats de couleur, la simplicité de leurs compositions. C’est à cette immense vogue de japonisme que l’on doit aussi la naissance de l’Art nouveau, dont le nom même a été diffusé par Samuel Bing, le plus grand marchand d’art oriental de son époque, fondateur du «salon de l’Art nouveau» dont on connaît la fortune dans les arts appliqués. Des cercles artistiques, cette

L’engouement artistique se double d’un engouement intellectuel et spirituel pour la bouddhisme, cette «religion sans dieux» qui intrigua alors beaucoup. A tel point qu’il se disait que «les dames du monde se devaient d’avoir chez elles un petit autel bouddhique.» Cette ferveur particulière s’explique aussi par un fait historique: au début de l’ère Meiji, soit entre 1868 et 1874, le nouveau gouvernement lança une vague de persécution contre les bouddhistes au profit de la religion shinto. Les temples bradèrent alors leurs trésors aux marchands et collectionneurs européens, dont on retrouve nombre d’exemples magnifiques dans l’exposition. Certains de ces objets proviennent du fameux Musée Guimet de Paris, fondé par Emile Guimet (1836 – 1919) dont le but premier était de faire état de toutes les religions du monde. A noter tout particulièrement, un ensemble de mobilier et d’objets destinés au culte rassemblé par Guimet et qui fut utilisé en 1891 par des religieux japonais venus tout exprès dans la ville-lumière pour y célébrer leur liturgie devant le Tout-Paris. Mais la pompe bouddhiste ressemblait trop par certains de ses aspects solennels à la pompe catholique. Et cette religion semblait par trop compliquée pour que la «greffe» prenne vraiment.

LES PORTRAITS DU PATRIARCHE MYONYO Si la rencontre avec le Japon a profondément influencé les artistes européens, le contraire est tout aussi vrai. En témoignent deux portraits grandeur nature du Patriache Myonyo, peints dans le style occidental entre 1895 et 1896 par Ando Chutaro. Un de ces portraits est pourvu de deux volets de bois qui n'étaient ouverts que lorsque l'image du Patriarche était présentée à la dévotion des fidèles. En effet, malade et ne pouvant plus se déplacer en personne dans les grands temples de la province, le Patriarche était "présent" par l'entremise de son portrait. Un prêt tout à fait exceptionnel obtenu par Jérôme Ducor, commissaire de l'exposition mais également moine de l'école bouddhique Jôdo-Shinshû, au Hompa-Honganji de Kyôto, et résident du temple Shingyôji de Genève. Mais avant d'accepter le prêt, les responsables du temple Nishi-Honganji où est conservé le tableau ont exigé que Jérôme Ducor vienne au Japon pour être présenté en personne au portrait du Patriarche qu'on lui dévoila en ouvrant solennellement devant lui les deux volets qui le cachaient à la vue.


CULTURE HORLOGÈRE

Les précieuses rêveries orientales de Cartier L’exposition «L’Asie rêvée dans les collections Baur et Cartier», créée conjointement sous la houlette de la commissaire Estelle Niklès par la Fondation Baur et le département Patrimoine de Cartier, illustre parLES VAINQUEURS DU GPHG: Prix de la Montre Métiers d’Art: Blancpain, Villeret, cadran Shakudō

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Le crépuscule de ce japonisme artistique et religieux n’allait pas tarder. A la fois lassés par la «japoniaiserie» ambiante et rebutés par la complexité de la religions bouddhique, artistes et intellectuels allaient s’en détourner – pour s’intéresser à d’autres continents à découvrir, comme l’Afrique. Le plus éclatant symbole du triomphe et de la décadence du japonisme est le célèbre opéra de Puccini, Madame Butterfly qui, créé en 1904, marque de façon symbolique le début du déclin de cette folle passion. Avant, comme le démontre cette magnifique exposition, qu’un autre «japonisme» ne renaisse de ses cendres (au propre comme au figuré) après la guerre avec la Beat Generation éprise de zen ou grâce, notamment, au merveilleux passeur que fut l’écrivain-voyageur genevois Nicolas Bouvier. Son adresse «bouddhiste tendance zen» lors de son long séjour à Kyōto en dit tout l’attrait: «Pavillon de l’Auspicieux-Nuage, temple de la Grande-Vertu, quartier de la Prairie pourpre, secteur Nord, Kyōto».

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faitement et somptueusement cette vogue de japonisme et, au-delà, d’orientalisme qui se diffusa dans toutes les pratiques artistiques et artisanales européennes. L’interpénétration culturelle y est démontrée de façon saisissante dans une série de vitrines thématiques qui exposent côte à côté des objets d’origine japonaise ou chinoise provenant de la splendide collection Baur à des créations du joaillier Cartier. Il est ainsi souvent difficile, pour le profane comme, semblet-il, parfois même pour le spécialiste, de démêler ce qui est d’origine et ce qui relève d’une réinterprétation artistique. Et ce d’autant plus que Cartier a parfois utilisé dans la création de ses objets des éléments de provenance asiatique qu’il a mélangé à d’autres éléments créés de toutes pièces. Pagodes, bouddhas, dragons, phénix, chimères, insectes, végétaux, jardins, portiques… autant de motifs qui pénètrent profondément le vocabulaire formel de l’Art déco et se diffusent dans la joaille-

rie et les objets précieux de Cartier. Mais c’est aussi toute une palette d’assemblage de couleurs qui prend naissance: bleus et verts, verts et rouges, rouges et noirs. C’est aussi la découverte de pierres jusqu’alors négligées ou peu prisées - jades, pierres de couleur, agates, cristaux – ou de techniques artisanales inédites telles les arts de la laque et des émaux, les incrustations de nacre ou encore l’usage du bambou ou des plumes, des pierres aux formes étranges, des coexistences de matières. Mais c’est aussi, comme le montrent nombre de vitrines de l’exposition, un nouveau répertoire formel qui s’affirme et donnera naissance à l’Art déco. On imagine ainsi de nouveaux accessoires comme le vanity-case ou la minaudière inspirée par ces délicates boîtes que les Japonais portent suspendues à la ceinture. Du côté masculin, on propose des boîtes à cigarettes, de riches pendules de bureau qui prennent la forme de ces portiques que l’on trouve partout au Japon.

L’Asie rêvée illustre la naissance et le développement de cet engouement en confrontant quelques unes des plus belles pièces de la fabuleuse collection réunie par Alfred Baur au début du XXème siècle, avec des pièces issues de la Collection de Cartier qui renferme plus de 1500 objets, scientifiquement archivés. On y retrouve des inspirations chinoises et japonaises dès 1877, avec un étui en argent, ou en 1887 de petits sabres de style japonais, ou encore une broche de 1907 qui reprend la forme exacte d’un nœud de kimono. Les artisans de Cartier utilisent aussi souvent d’authentiques «apprêts» d’origine chinoise ou japonaise qu’ils intègrent dans de nouveaux décors ou dans de nouvelles formes. Dès 1908, des émissaires des frères Cartier sont envoyés pour de long périples orientaux dont ils reviennent avec documents, estampes et objets qui viennent nourrir l’imaginaire du joaillier parisien, voire directement l’inspirer comme le montrent les quelques exemples de «sœurs jumelles» présentées dans

l’exposition, à l’image de ces petits pots Cartier qui reprennent sans détour les formes de pots tirés de la collection Baur. L’exemple d’une riche fécondation. MEG Musée d’ethnographie de Genève 65-67 bd Carl-Vogt 1205 Genève Tél: +41 22 418 45 50 Email: meg@ville-ge.ch www.meg-geneve.ch Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h. Fermé le 25 décembre et le 1er janvier . Fondation Baur, Musée des Arts d’Extrême-Orient 8 rue Munier-Romilly 1206 Genève Tél: +41 22 704 32 82 Fax: +41 22 789 18 45 Email: musee@fondationbaur.ch Ouvert du mardi au dimanche, de 14h à 18h. Fermé du 22 au 26 décembre et du 29 décembre 2015 au 1er janvier 2016.

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…Natalie Lombardo

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LE REGARD DE...


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Il est l’heure! «C’est une sarabande de créatures qui s’accrochent à leurs tripes de plastique et à leurs cœurs de bric et de broc pour crier leur rage de survivre. Des personnages et des objets assemblés qui remontent le temps, recyclent nos émotions et rattrapent la terre avant qu’elle ne bascule dans la poubelle de l’univers. Natalie Lombardo trie, collectionne, récupère, sort des eaux troubles de sa colère, pour souffler sur la vie. Femme, elle fait cercle, cadenasse ses peurs, transmet, à l’inverse de détruire. Archéologue du désordre, elle allume la ronde des matières pour donner naissance à une planète insolite et personnelle. Sa terre promise, émouvante et grinçante.» Florence Heiniger par

Pierre Maillard

Née en 1961 à Carouge, fille du «peintre en lettres» Jean Cattin (l’inventeur des fameux trapèzes réservés à la publicité culturelle en ville de Genève, à qui le Musée de Carouge a consacré l’exposition 50 ans de panneaux peints, il y a quelques années), Natalie Lombardo est décoratrice de métier. Mais en dehors de son activité professionnelle, cette amatrice de chine, de brocantes et de marchés aux puces «bricole»,

comme elle le dit avec trop de modestie. En fait de «bricolages», elle construit une œuvre très personnelle, colorée, à la fois ludique et grave. Puisant dans son monde imaginaire, dans ses préoccupations voire ses inquiétudes, rassemblant les objets dépareillés qu’elle a réuni au fil de ses coups de cœur et de ses intuitions, elle avance dit-elle au «feeling» jusqu’à ce qu’une «histoire», une thématique naisse des rencontres qu’elle organise entre ces objets simples et parfois dérisoires.

C’est ainsi de la rencontre improbable entre un casier de typographe, un bout de rail de train miniature, une photo d’enfant qu’est née la thématique de sa dernière exposition dont le titre générique serait: «Il est l’heure!». Il est l’heure… de se bouger, de prendre enfin conscience, de changer d’état d’esprit, de se respecter et de respecter la planète avant que l’on disparaisse dans un grand maelström en forme de tourbillon planétaire. Six casiers de typographe envahis de petites créatures de plastique évoquent ainsi le pétrole, les pôles, la ville industrielle, le plastique qui envahit les océans, la déforestation… Puis elle chine de vieilles horloges dans lesquelles grimpe et s’agrippe une sarabande de personnages hétéroclites qui semblent fuir le temps. Enfin, les mêmes personnages s’agglutinent jusqu’à former eux-mêmes une horloge qui semble affolée par son propre mouvement circulaire… Une «Arche de Noé» pour temps troublés. Mais si les thèmes sont forts voire dramatiques, l’humour et la poésie ne sont jamais absents des pièces de Natalie Lombardo qui savent parler directement au regard et à l’intelligence de tout un chacun.

L’exposition de Natalie Lombardo se tient jusqu’au 23 décembre chez ARCHITERIA, 39 rue Rothschild, 1202 Genève ( Lundi, mardi, vendredi 14h/17h. Tous les jeudis 18h/21h en présence de Natalie Lombardo. Sur rendez-vous au +41 78 808 20 45 – www.architeria.ch) ARCHITERIA, école de dessin créée par Armando Locatelli, architecte-designer, prépare ses élèves aux concours d’entrée des écoles supérieures d’art suisses et européennes. Une année préparatoire aux disciplines plurielles: arts plastiques, architecture, architecture d’intérieur, design industriel, graphisme, et photographie. Le cursus propose une pédagogie dynamique avec le concours d’intervenants professionnels, impliqués dans le milieu artistique. Autre particularité d’ARCHITERIA, sa galerie, attenante à l’école et intitulée «La Pièce», un lieu réservé à l’accrochage des travaux d’élèves comme au montage d’expositions de créateurs indépendants.


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Rédaction: Pierre Maillard: pmaillard@europastar.com, Serge Maillard: smaillard@europastar.com, Contributeurs dans ce numéro: Caroline Buechler, François-Xavier Mousin, Dominique Fléchon, Maria Bashutkina, François Courvoisier

Publicité, Marketing & Communication: Marianne Bechtel Croze (Bab-Consulting): mac@bab-consulting.com / tél. +41 79 379 82 71 Carlo Fachini: cfachini@europastar.com Nathalie Glattfelder: nglattfelder@europastar.com Véronique Zorzi: vzorzi@eurotec-bi.com Catherine Giloux: cgiloux@europastar.com Jocelyne Bailly: jbailly@europastar.com Graphisme: asgouridis@europastar.com, prod@europastar.com

Impression: Musumeci S.p.A. Direction du groupe Europa Star HBM: Philippe Maillard Éditeur - CEO: Serge Maillard Les publications du groupe Europa Star HBM: Europa Star - Europe - International - USA & Canada - Watches for China - Horalatina - CIJ Trends & Colours - ES Première Europa Star Ukraine - Eurotec - Bulletin d’informations.

Les sites web & iPad du groupe Europa Star HBM: www.worldwatchweb.com, www. europastar.com, www. watches-for-china.com, www. watches-for-china.cn, www. horalatina.com, www. europastar.es, www. europastarwatch.ru, www. watch-aficionado.com, www. cijintl.com, www. eurotec.ch. Les propos exprimés par les auteurs n’engagent que ces derniers. UNE PUBLICATION BIMESTRIELLE D'EUROPA STAR HBM SA.


ANNUAIRE DES HORLOGERS

ARGOVIE AIGNER / Wallbach / www.aignerworld.com CONTINENTAL / Möhlin / www.continental-watches.ch CRUISER / Möhlin / www.cruiser-watches.ch EVERSWISS / Möhlin / www.everswiss.ch HANOWA / Wallbach / www.hanowa.ch MONTEGA / Remetschwil / www.montegauhren.ch POLICE / Wallbach / www.policelifestyle.com ROAMER / Möhlin / www.roamer.ch BÂLE ALEXORA / Bâle / www.alexora.com CHARMEX / Bubendorf / www.charmex.ch CHRISTIAN JACQUES / Bâle / www.christian-jacques.com CX SWISS MILITARY WATCH / Liestal / www.swiss-military.com EMKA / Binningen / www.emka-watches.com EMPORIO ARMANI (Fossil) / Bâle / www.armani.com FOSSIL (Fossil) / Bâle / www.fossil.com GROVANA / Tenniken / www.grovana.ch JAQUET&GIRARD / Binningen / www.jaquet-girard.com ORIS / Hölstein / www.oris.ch REVUE THOMMEN / Tenniken / www.revue-thommen.ch SWISS ALPINE MILITARY / Tenniken / www.swissalpinemilitary.com SWISS MILITARY WATCH / Liestal / www.swiss-military.com SWISSPACE / Tenniken / www.swisspace.it ZEITCENTRALE TIMM DELFS / Bâle / www.zeitzentrale.ch ZENO WATCH / Bâle / www.zeno-watch.ch BERNE A.B.ART / Bienne / www.abartwatches.com ANGULAR MOMENTUM / Ittigen / www.angularmomentum.com ARMAND NICOLET / Tramelan / www.armandnicolet.com ARMIN STROM / Bienne / www.arminstrom.com ATLANTIC / Lengnau / www.atlantic-watches.ch AUGUSTE REYMOND / Tramelan / www.augustereymond.ch AZIMUTH / Bienne / www.azimuthwatch.com AZZARO / La Neuveville / www.azzaro-watch.com BALMAIN (Swatch Group) / St-Imier / www.balmainwatches.com BISSET / Lengnau / www.bisset.ch BOEGLI / Moutier / www.boegliwatch.ch BREMONT / Bienne / www.bremont.com CALVIN KLEIN (Swatch Group) / Bienne / www.calvinklein.com CANDINO (Festina Group) / Bienne / www.candino.com CATENA / Corcelles / www.montres-catena.com CENTURY / Nidau / www.century.ch CLARO WATCH / Bienne / www.clarowatch.com CODEX / Bienne / www.codexwatches.com CONCORD (Movado Group) / Bienne / www.concord.ch DAVIDOFF / Bienne / www.zinodavidoff.com DAVOSA / Tramelan / www.davosa.com DE BORTOLI / Bienne / www.debortoliwatches.com DELANCE / Macolin / www.delance.ch DELBANA / Lengnau / www.delbana-watches.ch DELMA / Lengnau / www.delma.ch DOXA / Bienne / www.doxa.ch EBEL (Movado Group) / Bienne / www.ebel.com EBERHARD & Co / Bienne / www.eberhard-co-watches.ch EPOS / Lengnau / www.epos.ch FORMEX / Lengnau / www.formexwatch.com FRANK JUTZI / Wichtrach / www.frankjutzi.com GEORGE J VON BURG / Bienne / www.gjvb.com GEVRIL / Tramelan / www.gevrilgroup.com GLASHUTTE ORIGINAL (Swatch Group) / Bienne / www.glashuette-original.com GLYCINE / Bienne / www.glycine-watch.ch HALDIMANN / Thun / www.haldimann-horology.ch HAMILTON (Swatch Group) / Bienne / www.hamiltonwatch.com HERMES / Bienne / www.hermes.com HORAGE / Bienne / www.horage.com HUGO BOSS / Bienne / www.hugoboss.com HUGUENOT / Bienne / www.huguenot.com INDUCTA / Gwatt / www.inducta.ch JAGUAR (Festina Group) / Bienne / www.jaguarwatches.ch JOVIAL / Bienne / www.jovial.ch L.LEROY / Bienne / www.montres-leroy.com LEON HATOT (Swatch Group) / Corcelles / www.leonhatot.com LONGINES (Swatch Group) / St-Imier / www.longines.com MARANELLO / Bienne / www.rotapmaranello.com MAURICE LACROIX / Bienne / www.mauricelacroix.com MILLERET / Bienne / www.milleret.ch MILUS / Bienne / www.milus.com MOVADO (Movado Group) / Bienne / www.movado.com OGIVAL / Bienne / www.ogival-watch.com OMEGA (Swatch Group) / Bienne / www.omegawatches.com PERRELET (Festina Group) / Bienne / www.perrelet.com PIERCE / Bienne / www.pierce1883.com PIERRE JUNOD / Bienne / www.pierrejunod.com RADO (Swatch Group) / Lengnau / www.rado.com RESSENCE / Bienne / www.ressence.eu RODANIA / Koeniz / www.rodania.com RSW / La Neuveville / www.rsw-swiss.com SCUDERIA FERRARI OROLOGI (Movado Group) / Bienne / www.store.ferrari.com SECULUS / Bienne / www.seculus.ch

STROM / Nidau / www.stromwatch.ch STUHRLING ORIGINAL / Bienne / www.stuhrling.com SWATCH (Swatch Group) / Bienne / www.swatch.com SWISS MILITARY / Moutier / www.genuineswissmilitary.ch SWISS TIME / Bienne / www.swisstimeintl.com TALLER / Bienne / www.tallerwatch.ch THOMAS PRESCHER / Twann / www.prescher.ch TIFFANY & CO / Bienne / www.tiffany.com TRASER H3 / Niederwangen / www.traser.com UNION GLASHUTTE (Swatch Group) / Bienne / www.union-glashuette.com URBAN JÜRGENSEN / Bienne / www.ujs-chronometry.ch VASTO / Tramelan / www.vasto.ch VICTORINOX SWISS ARMY / Bienne / www.victorinox.com VOGARD / Nidau / www.vogard.com W. GABUS / Bienne / www.wgabus.com ZEITWINKEL / St-Imier / www.zeitwinkel.ch FRIBOURG BULOVA / Fribourg / www.bulova.com CARBON 14 / Granges-Paccot / www.carbon14.ch CARTIER (Richemont) / Villars-sur-Glâne / www.cartier.com CECIL PURNELL / Belfaux / www.cecilpurnell.com GUEPARD / Fribourg / www.guepard.ch JO SIFFERT / Fribourg / www.josiffert.com LINDE WERDELIN / Fribourg / www.lindewerdelin.com MAURON & MUSY / Saint-Aubin / www.mauronmusy.com SAINT HONORE / Fribourg / www.sainthonore.com VAN CLEEF & ARPELS (Richemont) / Villars-surGlâne / www.vancleefarpels.com GENÈVE AKRIVIA / Genève / www.akrivia.com ALAIN PHILIPPE / Genève / www.alainphilippe.com ALFRED DUNHILL (Richemont) / Genève / www.dunhill.com ALPINA / Plan-les-Ouates / www.alpina-watches.com ALTANUS / Genève / www.altanus.com ANDERSEN GENEVE / Genève / www.andersen-geneve.ch ANTOINE PREZIUSO / Arare / www.antoine-preziuso.com APPELLA / Carouge / www.appella.com AQUANAUTIC / Genève / www.aquanautic.com ARTYA / Vésenaz / www.artya.com ATELIERS DE MONACO / Plan-Les-Ouates / www.ateliers-demonaco.com BADOLLET / Genève / www.badollet.com BAUME & MERCIER (Richemont) / Bellevue / www.baume-et-mercier.com BEDAT & Co. / Genève / www.bedat.com BERTOLUCCI / Genève / www.bertolucci-watches.com BLACK BELT / Vésenaz / www.blackbeltwatch.com BLACKSAND / Genève / www.blacksandgeneve.com BOGH-ART / Genève / www.bogh-art.com BOVET / Plan-les-Ouates / www.bovet.com BREVA / Genève / www.breva-watch.com BURBERRY (Fossil) / Genève / www.burberry.com CHANEL / Genève / www.chanel.com CHARRIOL / Genève / www.charriol.com CHOPARD / Meyrin / www.chopard.com CLERC / Genève / www.clercwatches.com CVSTOS / Genève / www.cvstos.com CYRUS / Versoix / www.cyrus-watches.ch DA VINDICE / Genève / www.davindice.com DANIEL ROTH (Bulgari) / Meyrin / www.danielroth.com DAVID VAN HEIM / Carouge / www.david-van-heim.com DE BETHUNE / Genève / www.debethune.ch DE BOUGAINVILLE / Plan-les-Ouates / www.debougainville.com DE GRISOGONO / Plan-les-Ouates / www.degrisogono.com DELACOUR / Genève / www.delacour.ch DELALOYE / Carouge / www.garde-temps.ch DELANEAU / Genève / www.delaneau.com DEWITT / Meyrin / www.dewitt.ch EMILE CHOURIET / Meyrin / www.emile-chouriet.ch ENIGMA / Genève / www.gbenigma.com F.P. JOURNE / Genève / www.fpjourne.com FABERGE / Genève / www.faberge.com FRANC VILA / Genève / www.francvila.com FRANCK MULLER / Genthod / www.franckmuller.com FRED (LVMH) / Genève / www.fred.com FREDERIQUE CONSTANT / Plan-les-Ouates / www.frederique-constant.com GERALD GENTA (BULGARI) / Meyrin / www.geraldgenta.com GIO MONACO / Genève / www.giomonaco.com GRAFF / Genève / www.graffdiamonds.com GRECO GENEVE / Plan-les-Ouates / www.greco-watches.com HARRY WINSTON (Swatch Group) / Plan-les-Ouates / www.harrywinston.com ICELINK / Genève / www.icelinkwatch.com JACOB & CO. / Genève / www.jacobandco.com JEAN DUNAND / Plan-les-Ouates / www.jeandunand.com JORDI / Nyon / www.jordiwatches.com LACOSTE / Genève / www.lacoste.com LADOIRE / Genève / www.ladoire.ch LAURENT FERRIER / Plan-les-Ouates / www.laurentferrier.ch LE RHONE / Satigny / www.lerhone.com LEBEAUCOURALLY / Genève / www.lebeaucourally.com LEONARD / Genève / www.leonardwatches.com LOUIS VUITTON / Genève / www.louisvuitton.com LUDOVIC BALLOUARD / Meyrin / www.ballouard.com M. STEPHANE / Vésenaz / www.m-stephane.com MAGELLAN / Genève / www.magellanwatch.com MAREMONTI / Genève / www.maremontiwatch.ru MATHEY-TISSOT / Genève / www.mathey-tissot.net MB&F / Genève / www.mbandf.com

EUROPA STAR PREMIÈRE | 31

MECCANICHE VELOCI / Genève / www.meccanicheveloci.ch MOYA / Genève / www.moyawatch.com MYKRONOZ / Genthod / www.mykronoz.com PATEK PHILIPPE / Plan-les-Ouates / www.patek.com PETER TANISMAN / Meyrin / www.peter-tanisman.com PIAGET (Richemont) / Plan-les-Ouates / www.piaget.com PICARD CADET / Genève / www.picardcadet.ch PIERRE KUNZ / Genthod / www.pierrekunzgeneve.com PILO & CO / Carouge / www.pilo-watches.com QUINTING / Genève / www.quinting-watches.com RALPH LAUREN / Plan-les-Ouates / www.ralphlauren.com RATEL / Genève / www.cyrilratel.com RAYMOND WEIL / Genève / www.raymond-weil.com RJ - ROMAIN JEROME / Genève / www.romainjerome.ch ROBERT ET FILS 1630 / Genève / www.robertfils1630.com ROGER DUBUIS (Richemont) / Meyrin / www.rogerdubuis.com ROLEX / Genève / www.rolex.com SARCAR / Vésenaz / www.sarcar.com SNYPER / Genève / www.snyperwatches.com SPERO LUCEM / Genève / www.spero-lucem.com STEELCRAFT / Carouge / www.steelcraft.ch TECHNOMARINE / Genève / www.technomarine.com TF EST 1968 / Carouge / www.tfco.ch TUDOR / Genève / www.tudorwatch.com UNIVERSAL GENEVE / Meyrin / www.universal.ch URWERK / Genève / www.urwerk.com VACHERON CONSTANTIN (Richemont) / Plan-les-Ouates / www.vacheron-constantin.com VAN DER BAUWEDE / Genève / www.vdb.ch VENUS / Genève / www.montresvenus.com VOLNA / Genève / www.volna.ch YESLAM / Genève / www.yeslam.ch ZANDIDOUST / Genève / www.zandidoust.com JURA AEROWATCH / Saignelégier / www.aerowatch.com ANDRE MOUCHE / Fahy / www.andremouche.ch AVIATOR / Porrentruy / www.aviatorwatch.ch CATOREX / Les Breuleux / www.catorex.ch CLAUDE BERNARD / Les Genevez / www.claudebernard.ch EDOX / Les Genevez / www.edox.ch ERNEST BOREL / Le Noirmont / www.ernestborel.ch HEBE / Alle / www.hebewatch.com IKEPOD / Bassecourt / www.ikepod.com L'DUCHEN / Saignelegier / www.lduchen.com L'EPEE / Delémont / www.lepee-clock.ch LOUIS CHEVROLET / Porrentruy / www.louischevrolet.ch LOUIS ERARD / Le Noirmont / www.louiserard.ch MATTHEW NORMAN / Delémont / www.matthew-norman.ch PAUL PICOT / Le Noirmont / www.paulpicot.ch RICHARD MILLE (Horométrie) / Les Breuleux / www.richardmille.com RUDIS SYLVA / Les Bois / www.rudissylva.com SWIZA / Delémont / www.swiza.ch VALGINE / Les Breuleux / www.jic.ch/valgine VICENTERRA / Boncourt / www.vicenterra.ch WENGER / Delémont / www.wenger.ch LUCERNE CARL F. BUCHERER / Lucerne / www.carl-f-bucherer.com CHRONOSWISS / Lucerne / www.chronoswiss.com OCHS UND JUNIOR / Lucerne / www.ochsundjunior.ch NEUCHÂTEL 88 RUE DU RHONE / La Chaux-de-Fonds / www.88rdr.com AFFLUENCE / Neuchâtel / www.affluencewatches.com ALEXIS GARIN / Les Verrières / www.alexisgarin.ch ARNOLD & SON / La Chaux-de-Fonds / www.arnoldandson.com BALL WATCH / La Chaux-de-Fonds / www.ballwatch.com BLAULING / Chézard-Saint-Martin / www.blauling.com BLU / Colombier / www.blu.ch BOMBERG / Neuchâtel / www.bomberg.ch BOUCHERON (Kering) / Cortaillod / www.boucheron.com BULER / La Chaux-de-Fonds / www.buler.ch BULGARI (LVMH) / Neuchâtel / www.bulgari.com CATENA / Corcelles / www.montres-catena.com CERTINA (Swatch Group) / Le Locle / www.certina.com CHATELAIN / La Chaux-de-Fonds / www.chatelain.ch CHRISTOPHE CLARET / Le Locle / www.christopheclaret.com CHRISTOPHE SCHAFFO / La Brévine CHRONOGRAPHE SUISSE CIE / La Chaux-de-Fonds / www.chronographesuisse.ch CORONA WATCH / Neuchâtel CORUM (Haidian) / La Chaux-de-Fonds / www.corum.ch DIOR HORLOGERIE (LVMH) / La Chaux-de-Fonds / www.dior.com DREYFUSS & CO / La Chaux-de-Fonds / www.dreyfussandco.com DUBEY & SCHALDENBRAND / La Chaux-de-Fonds / www.dubeywatch.com ELLICOTT 1738 / La Chaux-de-Fonds / www.ellicott.ch ENICAR / La Chaux-de-Fonds / www.enicar.com ETOILE / Le Locle / www.montres-etoile.ch FENDI / Marin-Epagnier / www.fendi.com FERDINAND BERTHOUD / Fleurier / www.ferdinandberthoud.ch FESTINA / Bienne / www.festina.com FLIK FLAK (Swatch Group) / Cormondrèche / www.flikflak.com FREDERIC JOUVENOT / La Chaux-de-Fonds / www.fjouvenot.com GAMIL WATCH / La Chaux-de-Fonds GEBSON / Neuchâtel / www.gebson.com GERGE / Neuchâtel / www.gergeswiss.com

GIRARD-PERREGAUX (Kering) / La Chaux-de-Fonds / www.girard-perregaux.com GRAHAM / La Chaux-de-Fonds / www.graham-london.com GREUBEL FORSEY / La Chaux-de-Fonds / www.greubelforsey.com GUCCI (Kering) / Cortaillod / www.gucciwatches.com HAUTLENCE (Melb Holding) / La Chaux-de-Fonds / www.hautlence.com HERITAGE / Neuchâtel / www.hwm-watch.com HOROSWISS / La Chaux-de-Fonds / www.horoswiss.com HYT / Neuchâtel / www.hytwatches.com JAERMANN & STUBI / Le Locle / www.jaermann-stuebi.com JAMES C. PELLATON / Le Locle / www.jamespellaton.com JAQUET DROZ (Swatch Group) / La Chaux-de-Fonds / www.jaquet-droz.com JEAN D'EVE / La Chaux-de-Fonds / www.jeandeve.ch JEANRICHARD (Kering) / La Chaux-de-Fonds / www.jeanrichard.com JULIEN COUDRAY 1518 / Le Locle / www.juliencoudray1518.ch LOUIS MOINET / Saint-Blaise / www.louismoinet.com MAITRES DU TEMPS / La Chaux-de-Fonds / www.maitresdutemps.com MARATHON / La Chaux-de-Fonds / www.marathonwatch.com MARVIN / Vaumarcus / www.marvinwatches.com MCGONIGLE STEPHEN / Neuchâtel / www.mcgonigle.ie MCT / Neuchâtel / www.mctwatches.com METAL.CH / Neuchâtel / www.metalch.com MIDO (Swatch Group) / Le Locle / www.mido.ch MONTBLANC (Richemont) / Le Locle / www.montblanc.com MUREX / Le Locle / www.murexwatch.com NOBEL / Neuchâtel / www.nobelwatch.ch OPTIMA / Le Locle / www.optimawatch.com PARMIGIANI FLEURIER / Fleurier / www.parmigiani.ch PIERRE THOMAS / La Chaux-de-Fonds / www.pierrethomas.ch RAIDOX / Le Locle / www.raidox.ch RIBA MUREX / Le Locle / www.murexwatch.com ROD / Neuchâtel / www.rodwatches.ch ROTARY / La Chaux-de-Fonds / www.rotarywatches.com SCHWARZ-ETIENNE / La Chaux-de-Fonds / www.schwarz-etienne.ch SULTANA / La Chaux-de-Fonds / www.sultana.ch TAG HEUER (LVMH) / La Chaux-de-Fonds / www.tagheuer.com TAUCHMEISTER / La Chaux-de-Fonds / www.michel-perrenoud.ch TEMPVS COMPVTARE / Neuchâtel / www.tempvscompvtare.ch TISSOT (Swatch Group) / Le Locle / www.tissot.ch ULYSSE NARDIN (Kering) / Le Locle / www.ulysse-nardin.com VOUTILAINEN / Môtiers / www.voutilainen.ch VULCAIN / Le Locle / www.vulcain-watches.ch WALTHAM / Marin-Epagnier / www.waltham.ch ZENITH (LVMH) / Le Locle / www.zenith-watches.com

DAMIANI / Manno / www.damiani.com DWISS / Lugano / www.dwiss.com GLAM ROCK / Lugano / www.glamrockwatches.com GUESS / Bioggio / www.guesswatches.com N.O.A / Balerna / www.noawatch.com ORA / Locarno / www.oraswisswatch.com SALVATORE FERRAGAMO (Timex Group) / Manno / www.ferragamotimepieces.com SEA-GOD / Chiasso / www.sea-god.ch TENDENCE / Lugano / www.tendencewatches.com TIMEX (Timex Group) / Manno / www.timexgroup.com TONINO LAMBORGHINI / Chiasso / www.lamborghini.it VERSACE (Timex Group) / Manno / www.versace.com ZITURA WATCH / Magliaso / www.zitura.com THURGOVIE ANDREAS STREHLER / Sirnach / www.astrehler.ch HANHART / Diessenhofen / www.hanhart.com VAUD

ADRIANO VALENTE / Lausanne / www.adrianovalente.com ALAIN SAUSER CRÉATION / Chamby / www.alainsauser.ch ALFRED ROCHAT - AROLA / Les Bioux / www.arola-alfred-rochat.ch ANONIMO / Chavannes-de-Bogis / www.anonimo.com AUDEMARS PIGUET / Le Brassus / www.audemarspiguet.com BLANCPAIN (Swatch Group) / Paudex / www.blancpain.com BREGUET (Swatch Group) / L'Abbaye / www.breguet.com C3H5N3O9 / Gand / www.c3h5n3o9.com CABESTAN / L'Orient / www.cabestan.ch CHAUMET (LVMH) / Nyon / www.chaumet.com CLAUDE MEYLAN / L'Abbaye du Lac de Joux / www.claudemeylan.ch DE HAVILLAND / Yverdon-les-bains / www.dehavilland-watches.com DODICI / Montreux / www.dodici.ch FRERES ROCHAT (Automates) / Le Brassus / www.freres-rochat.com HD3 COMPLICATION / Luins / www.hd3complication.com HUBLOT (LVMH) / Nyon / www.hublot.com HYSEK / Lussy-sur-Morges / www.hysek.com JAEGER-LECOULTRE (Richemont) / Le Sentier / www.jaeger-lecoultre.com JANVIER / Ste-Croix / www.vianney-halter.com LOISEAU / St-Prex / www.atelier-loiseau.ch LOUIS GOLAY / Lonay / www.louisgolay.com MANUFACTURE ROYALE / Vallorbe / www.manufacture-royale.com PHILIPPE DUFOUR / Le Sentier / www.philippedufour.com PIERRE DEROCHE / Le Lieu / www.pierrederoche.com REBELLION / Lonay / www.rebellion-timepieces.com REUGE (automates) / Sainte Croix / www.reuge.com REVELATION / Lully / www.revelation-watches.ch OBWALD ROMAIN GAUTHIER / Le Sentier / www.romaingauthier.com ANTOINE MARTIN / Alpnach / www.antoinemartin.ch SLYDE / Luins / www.slyde.ch SPEAKE-MARIN / Bursins / www.speake-marin.com SCHAFFHOUSE VALBRAY / Lausanne / www.valbray.ch VINCENT CALABRESE / Morges / A. LANGE & SOEHNE (Richemont) / Schaffhouse / www.vincent-calabrese.ch www.lange-soehne.com H. MOSER & CIE (Melb Holding) / Neuhausen am Rheinfall / www.h-moser.com ZOUG IWC (Richemont) / Schaffhouse / www.iwc.ch CIMIER / Baar / www.cimier.com DIETRICH / Zoug / www.dietrich-watches.com SCHWYTZ FAVRE LEUBA / Zoug GC WATCHES (Timex Group) / Zoug / COINWATCH / Pfäffikon / www.coinwatch.ch www.gcwatches.com LES MILLIONNAIRES / Pfäffikon / www.millionnaires.ch PANERAI (Richemont) / Steinhausen / LUMINOX / Pfäffikon / www.luminox.com www.panerai.com MIRA / Pfäffikon / www.mirawatch.ch RAM / Cham / www.ram-watches.ch PHILIP ZEPTER / Wollerau / www.zepter.com RECONVILIER / Zoug / www.reconvilier.com SOLEURE ZURICH ARLEA / Wolfwil AUREMA / Grenchen ZASPERO / Regensdorf / www.zaspero.com BIJOUMONTRE / Grenchen / www.bijoumontre.com CAMEL ACTIVE / Zurich / www.mondaine.com BREITLING / Grenchen / www.breitling.com CORNAVIN / Zurich / www.cornavin-watches.ch CAT / Solothurn / www.catwatches.com HELVETICA / Zurich / www.mondaine.com COACH / Grenchen / www.coach.com JUSTEX / Zurich / www.justex.ch COVER WATCHES / Solothurn / LALIQUE / Zollikerberg / www.lalique.com www.coverwatches.com M-WATCH / Zurich / www.mondaine.com CYCLOS / Dornach / www.cyclos-watch.ch MARC JENNI / Zurich / www.marcjenni.com ETERNA (Haidian) / Grenchen / www.eterna.ch MAURICE DE MAURIAC / Zurich / FORTIS / Grenchen / www.fortis-watches.com www.mauricedemauriac.ch GENIE / Grenchen / www.genieswiss.ch MIKI ELETA (Pendules) / Zurich / www.eleta.ch HARWOOD WATCH CO. / Grenchen / MONDAINE / Zurich / www.mondaine.com www.harwood-watches.com MONTILIER / Zurich / www.montilier.com JOWISSA UHRE / Bettlach / www.jowissa-watches.com O&W / Zurich / www.chronotime.ch KIENZLE / Egerkingen / www.kienzleuhren.de PAUL GERBER / Zurich / www.gerber-uhren.ch MANJAZ / Welschenrohr / www.manjaz.ch PHILIP STEIN / Kilchberg / www.philipstein.com NORD ZEITMASCHINE / Büsserach / SEVENFRIDAY / Zurich / www.sevenfriday.com www.nord-zeitmaschine.ch SWAROVSKI / Männedorf / www.swarovski.com PORSCHE DESIGN / Grenchen / TORSO / Zurich / www.torsoswiss.ch www.porsche-design.com URBACH / Zurich / www.urbach.ch ROAMER / Soleure / www.roamer.ch XEMEX / Zurich / www.xemex.ch SWISS MILITARY-HANOWA / Solothurn / www.swissmilitary.ch TITONI / Grenchen / www.titoni.ch Liste non contractuelle ST. GALL LUNESA / Sevelen / www.lunesa.com TESSIN ADRIATICA / Camorino / www.adriaticawatches.ch ALFEX / Manno / www.alfex.com ARMAAN / Agno BUCCELLATI / Chiasso / www.buccellati.com Pour des informations complètes sur CANOPUS / Magliaso / www.amanzoni.com toutes les marques suisses et internationales, CUERVO Y SOBRINOS / Capolago / consultez www.europastar.com/brand-index www.cuervoysobrinos.com


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