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B U L L E T I N M E N S U E L D E L’ U N I T É L O C A L E E U R O C I R C L E Marseille, 01-2013

“ In Other Words “ est un projet de l’Union européenne, soutenu et financé par la Commission des Affaires juridiques

Sommaire

In Other Words NEWS

Editorial

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Témoignages de l’équipe In Other Words

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Ce qu’ils en ont 9 pensé Remerciements 10

“Milestones”

L’équipe In Other Words témoigne Des volontaires racontent leur rencontre avec le projet In Other Words L’équipe Autrement dit remercie...

Editorial

C

e n’est qu’un au revoir…

Voilà, le projet européen In Other Words touche à sa fin et il est temps pour nous de vous dire au revoir. Merci à tous nos lecteurs et lectrices de nous avoir suivis à travers nos newsletters mensuelles. Merci aussi à toutes les personnes, acteurs du secteur associatif et institutionnel, journalistes, ainsi que tous ceux que nous avons croisés à Marseille et ailleurs au cours de cette aventure de quinze mois et qui nous ont fait profité de leurs connaissances et de leurs réflexions. Merci enfin à tous les volontaires qui ont participé à ce projet et permis que celui-ci soit une réussite. Comme nous l’écrivions en titre, il ne s’agit ici que d’un au revoir. A l’heure actuelle, nous ne savons pas encore sous quelle forme exacte ce projet se poursuivra, mais une chose est sûre : en tant que coordinatrices, nous sommes plus que jamais motivées pour poursuivre l’aventure. En attendant, cette dernière newsletter officielle est pour nous l’occasion de

faire un bilan des leçons tirées de cette expérience pour mieux aller de l’avant. En vous souhaitant bonne lecture, nous vous disons donc à bientôt ! Elif KAYI Coordinatrice de l’équipe


In Other Words NEWS Témoignages de l’équipe

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Les témoignages de l’équipe marseillaise sur le projet In Other Words

In Other Words NEWS

Edité mensuellement à Jaén y Almeria (Espagne), Mantova (Italie), Mortagua (Portugal), Marseille (France), Timisoara (Roumanie) et Tallin (Estonie) avec l’approbation et le soutien de la Commission des Affaires Juridiques de l’Union Européenne.

« C’est dans la sphère humaine et personnelle l’intégration, du dialogue interculturel et du respect de chaque journaliste que le respect de la de la diversité, j’ai accueilli avec enthousiasme ce diversité devrait avant tout prendre sa place. » projet qui visait à créer un pont entre la lutte contre les discriminations et la communication Par Nicoletta GOMIERO, chargée du projet journalistique. Le rôle important du journalisme dans la société actuelle n’est plus à démontrer. L’urgence d’orienter la société vers plus de respect des diversités est de plus en plus évidente. L’objectif du projet était sans doute ambitieux mais également innovant et particulièrement intéressant dans le contexte marseillais.

L’édition française est assurée par Eurocircle Nicoletta Gomiero

E L’entreprise éditrice ne peut être tenue responsable pour les commentaires de ses collaborateures

« Un voyage de mille lieues commence par un pas. » Lao-Tseu

n janvier 2011 la direction d’Eurocircle m’a proposé de coordonner le projet ‘In Other Words’ : un projet qui venait d’être subventionné par la Commission Européenne. La Provincia di Mantova, autorité locale italienne et porteur du projet, l’avait monté sur la base des bonnes pratiques mises à disposition par l’association Articolo 3, en collaboration avec sept structures partenaires à travers l’Europe. Quand j’ai lu le contenu du projet, les objectifs et les activités prévues, je me suis tout de suite rendu compte qu’il avait un potentiel énorme. Coordinatrice des projets européens à Eurocircle, j’ai travaillé ces dernières années au développement de projets en faveur de l’inclusion sociale et de la promotion du dialogue interculturel chez les jeunes. Le sujet de la lutte contre les discriminations s’inscrit pleinement dans cette mission, même plus il en constitue le cœur. Dans une société de plus en plus multiculturelle et particulièrement dans une ville

Au départ, en 2011, l’objectif du projet me semblait être clair, mais il n’était inscrit que sur du papier. L’approche et les méthodes de travail avaient été établies par les porteurs du projet : l’idée centrale était de créer des nouvelles unités d’observation de la presse, tout en calquant l’expérience d’Articolo 3. Par contre, une partie des aspects spécifiques à la mise en place des activités restait encore à définir sur le terrain. Cela me semblait être à la fois notre mission principale et un défi : créer une dynamique locale autour d’un terrain de recherche encore très peu exploré ! Cette réalité a bien été confirmée par l’état des lieux effectué au début du projet par une première petite équipe d’Eurocircle dans ce domaine en France. A partir de la deuxième moitié de 2011, nous avons créé une équipe d’observation de la presse locale. J’ai d’abord pris contact avec la journaliste freelance, Elif Kayi, qui a manifesté un vif intérêt pour le projet. Elle a donc intégré le projet en octobre 2011 en tant que coordinatrice de l’équipe. Puis, une deuxième coordinatrice a pu intégrer l’équipe en 2012 : la sociologue et professeure de langues, Carine Bigot.

de grande mixité comme Marseille, ce sujet est au Ce projet n’aurait pu être développé aussi centre d’un processus permanent d’intégration positivement sans leur participation significative, et de cohabitation, vécu au quotidien. leurs compétences et tout leur dynamisme. Intéressée depuis longtemps par le sujet de Sans oublier les objectifs, elles ont su donner


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Témoignages de l’équipe au projet une forme réelle et concrète tout en respectant des délais de temps souvent très courts. Avec l’aide précieuse d’une équipe de bénévoles engagée et active tout au long du projet, elles ont mis en évidence des questions parmi les plus délicates dans la société actuelle, telles que l’intégration des populations Roms, la discrimination envers les minorités sexuelles, le sujet du handicap mental et physique, ou bien encore l’égalité entre les hommes et les femmes, la discrimination dans la politique et dans le sport, et enfin, pas moins important, la discrimination dans le journalisme. Les sujets abordés ont été choisis d’une façon réfléchie, dans l’optique de mettre l’accent sur les thématiques les moins traitées dans les médias, de découvrir les points forts et les points faibles du tissu médiatique, social et associatif marseillais. Le travail d’observation des médias marseillais nous a permis d’avoir une vision d’ensemble non seulement des sujets traités mais aussi de la façon dont ils sont traités. Les spécificités de Marseille ont joué un rôle positif quand l’équipe a pu s’intégrer dans une dynamique associative préexistante, mais aussi négative lorsque nous avons constaté les limites qui s’imposent à la presse locale, en termes d’économie et de ressources humaines. Le dernier sujet abordé par l’équipe d’In Other Words, la discrimination dans le journalisme, constituait le cœur même de la thématique du projet. En effet, c’est dans la sphère humaine et personnelle de chaque journaliste que le respect de la diversité devrait avant tout prendre sa place. La réalisation du projet a parfois été confrontée à des difficultés de financements limités, mais aussi à des disponibilités limités de l’équipe pour cette contribution bénévole. Néanmoins, plusieurs points montrent le succès de ce travail innovant et pionnier. Tout d’abord, chaque personne impliquée dans le projet est un agent démultiplicateur et véhicule des valeurs essentielles pour l’avenir. Grâce à ce travail d’observation de la presse locale, nous avons établi un état des lieux de la communication journalistique par rapport aux minorités. Cette recherche nous a également permis de commencer à tisser un réseau associatif et médiatique, afin de mettre en contact deux mondes qui peinent souvent à interagir. Les associations regrettent le manque d’attention des médias tandis que les journalistes considèrent la communication des associations peu efficace. Au terme de cette aventure autour du projet ’In Other

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Words’, je suis ravie d’avoir eu l’opportunité d’y participer, de l’avoir vu évoluer au fur et à mesure et d’avoir été en charge de ce processus long, graduel, parfois difficile, mais très enrichissant. Je tiens donc à remercier toutes les personnes qui ont contribué au développement du projet et plus largement tous nos lecteurs qui nous ont suivis avec attention tout au long de notre parcours. Tout en faisant appel à votre curiosité intellectuelle, je vous dis à bientôt pour la suite de l’aventure !


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Témoignages de l’équipe

« Le sujet de la discrimination et des médias est un sujet d’avenir, encore à l’état embryonnaire aujourd’hui » Par Elif KAYI, Coordinatrice de l’équipe

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uand Nicoletta Gomiero, la coordinatrice du projet « In Other Words » auprès de l’association marseillaise Eurocircle, m’a contactée pour me proposer d’encadrer l’équipe en octobre 2011, j’ai tout de suite pensé que c’était une vraie chance pour moi de participer à cette aventure. Journaliste pigiste (ou freelance selon les appellations) depuis 2006, j’ai aussi travaillé pendant plusieurs années, notamment à Berlin, dans le milieu associatif autour de sujets liés à la discrimination (racisme, antisémitisme, question de la parité, etc.). Lier le sujet de la discrimination à l’univers des médias me paraissait un projet aussi ambitieux qu’essentiel. L’approche choisie par les initiateurs européens du projet était de créer des unités d’observation de la presse locale et régionale à travers des « observatoires locaux des médias », afin d’effectuer un monitoring régulier de cette presse, relever les articles traitant de sujets liés à la discrimination au sens large (le sujet de toutes les minorités étant inclus) ou étant eux-mêmes discriminants pour en faire ensuite des commentaires. Chaque mois, une newsletter était publiée dans chaque observatoire participant au projet, présentant ainsi le travail d’observation et d’analyse effectué. Cette approche d’observation, de réflexion et d’analyse est importante. Elle permet dans un premier temps de réfléchir à certains « réflexes » journalistiques conduisant à la reproduction de clichés et de stéréotypes, comme par exemple l’emploi d’un vocabulaire discriminant mais utilisé car employé dans le langage courant. Un bon exemple étant ici le terme « les handicapés », utilisé en France dans le langage courant et employé aussi par les médias à la place de « personnes handicapées ». Dans un deuxième temps, cette approche permet de dresser une sorte de portrait des lacunes et des problèmes de chaque presse locale et régionale par rapport au sujet de la discrimination. Nous avons pu ainsi noter que dans le cas de l’équipe italienne par exemple, le problème principal était l’abondance d’articles eux-mêmes

Elif Kayi discriminants. Dans notre cas, c’est à dire dans le cas de la presse locale marseillaise, on retrouve par contre les grands traits que l’on trouve dans la presse nationale, à savoir avant tout une absence d’articles traitant de sujets liés à la discrimination, sauf en ce qui concerne des sujets liés à l’actualité politique du pays, comme ce fut le cas pour les Roms fin 2011 et tout au long de l’année 2012. Nous avons ainsi pu observer l’absence flagrante d’articles sur les sujets de l’homophobie ou du handicap, sujets pourtant aussi importants qu’actuels dans notre société. A la fin de l’année 2012, la question du mariage pour tous a contribué à la publication d’articles liés aux personnes homosexuelles, mais là encore, la question de l’homophobie restait très discrète quand elle n’était pas littéralement mise de côté, malgré le caractère ouvertement homophobe de certaines tribunes ou de certaines prises de position dans la presse nationale. Avant de commencer le projet, j’ai pensé que se concentrer uniquement sur des commentaires d’articles était un peu réducteur. En premier lieu, on peut dire que si la critique est aisée, l’art est difficile. Je pense en effet qu’après une partie théorique basée sur l’analyse, il était important pour les volontaires de l’équipe de passer à une approche pratique en réalisant euxmêmes leur propre contenu. C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’ajouter une partie « production de l’équipe » au format de la newsletter, sous la forme d’entretiens avec des personnes engagées sur des sujets liés à la discrimination, soit de manière personnelle soit dans le cadre d’un engagement au sein de la société civile, des


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Témoignages de l’équipe portraits de ces personnes ou des papiers traitant de ces sujets. Ainsi, le lien entre analyse et mise en pratique pouvait se faire. Il s’agissait aussi à mon avis de permettre aux volontaires de contribuer de manière active au projet par le biais d’activités plus personnelles et aussi plus ludiques. Commenter des articles est une tâche certes intéressante mais qui peut rapidement se révéler trop routinière dans le sens où elle enferme aussi la personne les effectuant devant son écran d’ordinateur. Aller sur le terrain pour réaliser ses propres papiers permet aussi aux volontaires de prendre un contact réel avec les sujets traités, de développer un réseau de contacts, et de devenir acteurs des sujets en publiant. La difficulté principale que nous avons rencontrée au cours de notre travail se situe avant tout au niveau logistique, dans le recrutement de volontaires. Une grande partie des volontaires ayant contribué au projet effectuait un service civique auprès d’Eurocircle ou était d’anciens volontaires de l’association. Recruter des volontaires à l’extérieur d’Eurorcircle s’est avéré une tâche difficile, dans la mesure où la motivation de ceux-ci s’étiolait rapidement. En effet, le projet ne prévoyait ni rémunération du travail effectué pour les volontaires externes, ni un cadre de formation bien défini. Mon idée était de proposer aux volontaires externes de produire du contenu par le biais d’articles ou d’entretiens qu’ils pouvaient signer et leur permettait d’avoir une référence écrite, ce qui pouvait être intéressant pour les étudiants en journalisme ou aspirants journalistes. Nous avons ainsi pu recevoir des contributions extérieures de jeunes volontaires, mais la motivation sur le moyen et long terme demeurait un problème. Pour mettre sur place une équipe de volontaires qui devienne pérenne, au moins à moyen terme, il faut pouvoir bénéficier d’un cadre financier permettant la prise en charge de plusieurs volontaires, soit dans le cadre d’un service civique ou d’un stage rémunéré. J’ai bien sûr conscience que c’est le souci principal pour de nombreux projets, mais je reste persuadée que la réussite et l’organisation d’un projet passent par là. Je retiendrai du projet que le sujet liant de la discrimination et des médias est encore à l’était embryonnaire, tant sur le plan du traitement de sujets liés à la discrimination que dans la forme utilisée pour traiter ces sujets. La discrimination au sein des médias eux-mêmes étant aussi un

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sujet corolaire de cette thématique, comme nous l’avions indiqué dans notre newsletter du mois de décembre. Je pense donc qu’il s’agit d’un sujet important et « d’avenir » qui mérite notre intérêt et notre considération. Le projet « In Other Words » est donc arrivé à son terme. Ce projet a renforcé mon idée de poursuivre dans cette voie. La forme exacte reste encore à définir (suivi de newsletters mensuelles ou bimensuelles, organisation de conférences et réunions rassemblant journalistes et acteurs de la société civile, etc.). Mais une chose est sûre : cela reste pour moi un thème d’actualité, à conserver et développer.


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Témoignages de l’équipe « Les mots et la façon dont ils intègrent le discours peuvent créer du lien et du sens, défendre, donner une place, de la valeur au sein d’une société mais, à l’inverse, ils peuvent aussi diviser, exclure ou encore stigmatiser. » Par Carine BIGOT, coordinatrice de l’équipe

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e travaillais déjà à Eurocircle en tant que formatrice interculturelle et linguistique quand Nicoletta Gomiero, chargée du projet, m’a proposé de devenir coordinatrice de l’équipe de l’observatoire marseillais In Other Words avec Elif Kayi, journaliste freelance et analyste médias. In Other Words avait pour objectif de mettre en place un observatoire des médias contre Carine Bigot la discrimination dans différents pays de la communauté européenne. Plusieurs unités de presse locales travailleraient ensemble à l’élaboration d’une newsletter mensuelle commentant la presse, relevant les articles discriminants, développant une nouvelle méthodologie d’analyse des médias et apportant un regard différent sur les médias et la question de la discrimination. Tout cela nécessitant de créer, former et coordonner des unités de presse opérationnelles et efficaces. Le projet était plus qu’attirant. Le travail avait déjà commencé, l’observatoire avait étudié pendant trois mois la question des Roms. Le projet était déjà bien lancé mais l’équipe avait besoin de renfort. Cet observatoire des médias contre la discrimination monté à l’échelle européenne était en effet un projet ambitieux, novateur et porteur de sens. Un projet ambitieux certes mais avec des moyens restreints. Le travail s’effectuant avec des volontaires très motivés mais rarement disponibles sur toute la durée du projet, il fallait un noyau dur solide pour faire face aux imprévus et aux manques à combler. Au moment où Nicoletta Gomiero m’a proposé de rejoindre l’équipe, j’étais en mesure de me dégager du temps afin de me rendre disponible pour travailler sur le projet In Other Words. Le travail de coordination m’a toujours plu et

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j’avais eu l’occasion de l’exercer antérieurement. Les questions sociales m’ont toujours intéressées, les sciences humaines ont été mes premières études et l’idée de participer à un projet citoyen ayant pour objectif de lutter contre l’intolérance, le racisme, la xénophobie, la discrimination sous toutes ses formes et touchant différentes minorités m’interpellait. C’était pour moi une belle opportunité, l’aventure m’a tout de suite tenté et c’est avec enthousiasme que j’aie rejoint l’équipe. Même si j’ai manqué les premiers pas du projet et que j’ai pris celui-ci en cours, l’équipe m’a volontiers donné ma place de coordinatrice que j’ai accueillie avec motivation. Lorsque je suis arrivée, le premier événement marseillais d’In other Words était en train de s’organiser : une table-ronde avec des journalistes sur la question de l’image des Roms dans les médias réunissant des journalistes de différents bords, des associations défendant les droits des Roms et tous publics intéressés. Cet événement m’a plongé dans le cœur du sujet. Lors de cette soirée-débat, j’ai pu constater l’importance et le besoin d’un véritable espace de dialogues, d’échanges et de réflexions. Les associations et les journalistes avaient un vrai désir d’échanger et beaucoup de questions surgissaient de part et d’autre. Ils pouvaient le temps d’une soirée se rencontrer, partager simplement et librement. De telles occasions se font rares. Il est vrai que ce projet s’est beaucoup mené dans l’urgence et c’est grâce à la solidarité collective, à la détermination de tous les membres de l’équipe, permanents, volontaires ponctuels, de courte ou longue durée, que l’observatoire In Other Words a pu avancer et proposer un regard différent sur la question des discriminations et des médias. C’est aussi grâce à tous ceux et celles qui ont bien voulu participer au projet par le biais d’une interview ou en partageant leur expérience, que ce soit les associations militantes et engagées, les citoyens de tous horizons, les journalistes issus de différentes formations et de divers médias ou encore les personnes étant concernées de près ou de loin par la discrimination, certaines faisant partie de « groupes minoritaires » directement touchés par ce fait de société. A mon sens, un des intérêts de ce projet a été le lien entre les sciences humaines, le regard sociologique et le monde des médias, le journalisme. In Other Words permettait qu’un pont s’établisse entre les deux. Il est certain que cet observatoire ne pouvait prétendre à la rigueur d’un véritable travail scientifique mais, en même temps, il a tenté de s’en approcher sans tomber dans


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Témoignages de l’équipe une mauvaise vulgarisation et en restant accessible au lecteur lambda. Les regards du journaliste et du sociologue ont pu se croiser pour réfléchir à la question de la discrimination dans les médias. Le fait d’aborder un sujet délicat comme celui-ci en commençant par observer la manière dont il est traité dans la presse, en essayant de l’analyser amène à l’aborder ensuite avec plus de recul et permet de poser un regard plus critique. C’est toujours en passant par une phase d’observation, de réflexion et d’analyse des sujets questionnés que la phase de production était entamée (interviews, articles, glossaires, etc.) Le constat, par exemple, du manque de lisibilité et de parole des associations s’intéressant aux minorités, luttant contre la discrimination dans les médias nous a amené « naturellement » à aller rencontrer des associations pour leur donner la parole et savoir quel était leur travail sur le terrain et leur rapport avec les médias. Ainsi, un véritable travail de réseau et de lien avec les associations s‘est développé tout au long du projet. Un autre constat a été l’emploi rapide et maladroit de certains termes, de certains mots dans la presse. Le vocabulaire peut être utilisé à mauvais escient et participé à la construction de stéréotypes, de visions réductrices, ou encore donné naissance à des amalgames ou des quiproquos. Il nous a donc semblé pertinent d’élaborer des glossaires pour certains sujets comme l’homophobie ou le handicap dans le but de faire une mise à plat des différents termes gravitant autour de ces sujets et de savoir à quoi renvoyait tel ou tel mot. Comment ces derniers sont utilisés ? Les mots et la façon dont ils intègrent le discours peuvent créer du lien et du sens, défendre, donner une place, de la valeur au sein d’une société mais, à l’inverse, ils peuvent aussi diviser, exclure ou encore stigmatiser. Faire attention au vocabulaire, à l’emploi des mots, à ce qu’ils peuvent induire a été un des travaux essentiels de l’observatoire. Je tiens à remercier particulièrement tous les volontaires qui ont participé à ce projet et qui ont donné de leur temps, souvent gracieusement, pour qu’un point de vue sur la discrimination et le rôle des médias puisse être partagé. Il est certain que le manque de financement a été un frein et une difficulté dans la bonne réalisation de cet observatoire. Il est à espérer que des projets d’une telle envergure puissent dépassés le simple « projet pilote » et devenir des projets à part entière avec les moyens nécessaires à disposition autant sur le plan fonctionnel qu’humain. Je remercie Nicoletta Gomiero

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de m’avoir fait confiance et de m’avoir donné la possibilité de coordonner l’équipe de l’observatoire avec Elif Kayi avec laquelle j’ai pu avoir un échange fructueux. Nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble et j’ai appris beaucoup sur le métier de journaliste. Publier tous les mois une newsletter se présentant comme un petit journal était assez grisant, trouver le prochain sujet, s’interroger, organiser les interviews mais aussi travailler dans l’urgence, une réalité du journalisme à laquelle nous nous sommes confrontés, réalité qui peut faire défaut à la pratique de ce métier et que nous avons pourtant critiquée… Ce projet, qui nous a rassemblé, a été aussi une merveilleuse occasion de faire de belles rencontres. Nous espérons vivement donner suite à ce projet qui laisse plusieurs portes entrouvertes qui n’attendent qu’à être ouvertes pleinement. Cette aventure citoyenne ne demande qu’à être poursuivie ! Nous espérons vous donner bientôt rendez-vous chers lecteurs et lectrices. Merci à vous !


In Other Words NEWS Témoignages de l’équipe

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« ��������������������������������������������������� L’information de qualité permet alors de mieux connaitre les « autres » et d’amener le respect, notamment de la différence et de la cohabitation. » Par Camille VERGE, membre active de l’équipe volontaire

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orsque j’ai intégré l’équipe du projet In Other Words à Eurocircle, début Novembre 2012, je savais qu’il y aurait beaucoup de travail jusqu’en Janvier, et en effet ce fut très intense ! Dans cette situation, où l’équipe est peu nombreuse par rapport à l’ampleur du projet, la coordination, la commuCamille Vergé nication, la solidarité et la coopération sont des moyens essentiels pour réussir à mener un projet d’une telle envergure jusqu’à la fin et continuer à produire un travail de qualité. Je tiens à remercier toute l’équipe pour m’avoir fait confiance dès le début de cette aventure. Il faut dire que j’ai tout de suite été plongée dans l’action, avec des responsabilités et des initiatives à prendre rapidement. Le fait d’être seule à gérer entre autres la partie des commentaires d’articles et des interviews dans un temps toujours très limité, m’a amené à travailler dans l’urgence, à gérer les imprévus. Cela m’a permis d’appréhender certaines conditions de travail dans le monde du journalisme. Les objectifs principaux de la « mission » étaient de me rendre sur le terrain à la rencontre des professionnels, des associations ou des personnes concernées par la question des discriminations et de réaliser des recherches d’articles dans la presse écrite locale mais aussi sur différents sites d’information sur internet. Ces diverses lectures quotidiennes m’ont enrichi professionnellement mais aussi personnellement : c’était l’occasion de suivre quotidiennement l’actualité via divers médias et de prendre le temps de l’analyse et de la compréhension des phénomènes. Malheureusement le manque de moyens financiers a des répercutions. L’impact sur le grand public est minimisé. Par exemple, lors du débat que nous avons organisé en Décembre, nous ne pouvions accueillir qu’un nombre limité de personnes dans nos locaux. Le manque de temps, le travail à fournir par une petite équipe rendent compliqué l’organisation d’un tel évènement qui est au final réalisé dans un cercle trop fermé. Cela est dommage

car ce débat était très intéressant, c’était un sujet de société. La discrimination dans le journalisme reflète tout le fonctionnement ou dysfonctionnement des écoles de journalisme françaises et plus largement du système scolaire français : l’accès aux écoles de journalisme, la reconnaissance par l’Etat d’une minorité d’écoles… Des questions plus larges ont été discutées sur la discrimination dans l’accès à la formation et au sein même de ce milieu professionnel ainsi que sur les moyens mis en place pour faire face à cela, pour informer et agir. Après avoir travaillé pendant trois mois sur la question du handicap dans les médias, par les nombreuses lectures sur ce sujet ou encore par les paroles recueillies de professionnels, j’ai pu faire un constat : très peu d’articles traitent du handicap (sujet large en soi-même) dans la presse exceptée dans la presse spécialisée. Ces personnes sont donc sous-représentées dans les médias. Cela ne reflète pas la réelle diversité sociale en France et renforce les inégalités ; parallèlement cela reflète le peu d’initiatives de la part des journalistes, un manque de volonté de la part des pouvoirs publics et des rédacteurs en chef pour mettre en avant les sujets traitant du handicap ou autre « groupe social minoritaire ». Cela influence l’intérêt ou plutôt le désintérêt de la société pour ces grands sujets. Travailler sur les discriminations dans les médias et au sein du journalisme me parait être une étape essentielle afin de lutter contre le racisme et la désinformation sur des sujets importants dans notre société. Ceci est d’autant plus important qu’il s’agit de nos concitoyens, que l’on côtoie quotidiennement, dans cette grande ville multiculturelle qu’est Marseille. L’information de qualité permet alors de mieux connaitre les « autres » et d’amener le respect, notamment de la différence et de la cohabitation : projet ambitieux mais qui peut commencer par des initiatives comme In Other Words et continuer avec d’autres projets !


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Ce qu’ils en ont pensé...

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Par Clara MARTINEZ, journaliste volontaire J’ai participé au projet « In other words » par conviction, car en tant que journaliste, parfois, on tombe dans des généralisations et des phrases toutes faites qui n’aident pas à lutter contre la discrimination. J’ai trouvé que c’était une façon pertinente d’essayer de changer les choses et de montrer aux journalistes actifs qu’en utilisant d’autres mots, ou en en évitant certains autres, on informe tout autant, voire mieux. Je pense que le projet devrait continuer, et même essayer d’impliquer plus la presse pour pouvoir augmenter les chances d’amener un vrai changement. Je pense que la discrimination dans les médias est en partie très liée au sensationnalisme et à l’audience.

Par Madalina STROILESCU, sociologue volontaire

Par Samir AKACHA, journaliste volontaire J’ai participé à des tas de projets associatifs et journalistiques. Mais il m’arrive toujours de tomber sur une petite pépite au hasard de mes déambulations. In Other Words, c’est une initiative dont j’ai appris l’existence par une amie suédoise, elle-même dans l’équipe à l’époque. Puis l’été touchant à sa fin, je décidais de rejoindre la rédaction, friand d’expériences un peu originales. Un observatoire des médias. Pendant cinq mois, qui sont passés à la vitesse de l’éclair, j’ai pu entrer en contact avec des réalités journalistiques et humaines, explorer des tranches de vie, et me familiariser avec des questions de société comme la discrimination ou encore le handicap. J’ai beaucoup appris, encadré par une équipe toujours souriante et motivée. C’est une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier. Merci à Elif, Carine, Nicoletta, Camille, Rebecca et à toute l’équipe d’Eurocircle !

Parfois le hasard nous ouvre des portes inconnues et nous offre les meilleures rencontres. C’est comme ça que j’ai rencontré Carine Bigot et que j’ai eu le plaisir de découvrir que nous partagions des idées et des valeurs communes, comme la liberté et le respect de l’autre, des valeurs nous animant et nous tenant à cœur. Participer au projet « In Other Words » a été avant tout une opportunité permettant de construire un regard plus critique sur les médias européens. Remettre en question les messages médiatiques qui participent à la construction de la réalité sociale et des idéologies dominantes a été un exercice formateur. Il est important de pouvoir avoir un espace pour dénoncer le pouvoir aliénant du message médiatique, et parfois, la meilleure façon c’est de le faire par le biais d’un autre message médiatique. Responsabiliser c’est un devoir. Je crois qu’il est nécessaire de pouvoir avoir des « contre-visions », des mises en scènes différentes, de pouvoir choisir l’image que l’on se fait de l’autre, de cet étranger inconnu et abstrait. C’est de la méconnaissance que naissent les monstres de la peur et ainsi la méfiance envers l’autre.


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Remerciements L’équipe d’Autrement Dit remercie... L’équipe IN OTHER WORDS :

Les associations et professionnels :

Nicoletta Gomiero

Caroline Godard, Rencontres Tsiganes

Elif Kayi

Jean Paul Kopp, Rencontres Tsiganes

Carine Bigot

Antonio Negro, Guitariste Flamenco

Leslie Gattat

Anne-Aurélie Morell, Journaliste Med’in Marseille

Camille Vergé Samir Akacha Clara Martinez Rodriguez Rebecca Blad Ursula Duplantier Pelagia Baxevani EUROCIRCLE 47 rue du Coq 13001 Marseille Tel : +33-(0)491429475 Fax : +33(0)491480585 E-Mail : autrement.dit.13@gmail.com

Christophe Léger, SOS Homophobie Romain Donda, SOS Homophobie Vincent Renaï, Ancien militant des UEEH François Vila, Journaliste

Katarina Gregner

Denis Trossero, Fait-divers/Justice La Provence

Umberto Bucci

Nabil Aïssat, Addap13

Katrin Kostner

Daniel Santiago, Addap13

Claudia Cuomo

Olivia Blanc, Addap13

Yasmine Chiaruzzi

Nicolas et Solène, Moissons Nouvelles

Amaury Moguel

Roland d’Humières, Psychanalyste

Anne Fauchard

Hélène Suzan, CREAI

Jawad Rhazi

David Laboucarie, APF

Madalina Stroilescu

Christel Pirrodon, HandiExperh

Valentin Villani

Nous remercions aussi tous ceux et celles qui nous ont aidé dans la réalisation du projet In Other Words. Merci encore et à bientôt ! www.inotherwords-project.eu


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