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La Feuille UN DÉPUTÉ S’INVITE DANS LE DÉBAT P. 4

12 OCTOBRE 2013

SPÉCIAL

SNJ, nom masculin p.2 Portraits croisés de deux pigistes p.3 Déontologie, il reste du chemin p. 3

Bellanger belle victoire

MATHIEU LIGNEAU

JOURNAL-ATELIER DES ÉTUDIANTS DE L’ÉCOLE PUBLIQUE DE JOURNALISME DE TOURS (EPJT)


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SAMEDI

12 OCTOBRE 2013

La Feuille

SNJ, nom masculin FEMMES

Malgré une féminisation du métier de journaliste, la représentativité du « deuxième sexe » reste faible.

PHOTOS : MATHIEU LIGNEAU

générale, « n’y [a] jamais cru ». Seule la section Île de France a présenté autant de femmes que d’hommes. « C’est de la galanterie, pense Michèle Bernaben, journaliste au Midi Libre et membre du comité. J’espère que les femmes n’ont pas été sélectionnées pour leurs jupettes et leurs talons aiguilles, mais pour leurs compétences. »

Des candidatures féminines rayées

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e vous salue messieurs puisque plus de 70 % des élus sont masculins » , lançait Alice Coffin (au centre de la photo), journaliste à 20 Minutes, lors de la soirée élective. Au sein du comité national du SNJ, seulement un tiers des élus sont des femmes. Et sur les 80 candidats au comité national, 20 étaient des candidates, soit un quart. Rendre la parité obligatoire ? Dominique Pradalié, seule femme secrétaire

Dans les entreprises, s’il y a autant d’hommes reporters que de femmes, les postes de directions ne sont occupés que par 37,6 % de femmes, selon le rapport 2012 de l’Observatoire des métiers du journalisme. Au SNJ aussi, les postes à responsabilité sont majoritairement occupés par les hommes. Dominique Pradalié se rappelle : « Il y a deux ans, toutes les candidatures féminines pour le bureau national ont été rayées. » Les a priori sont encore nombreux alors même que la profession se féminise. « L es femmes assurent des responsabilités

familiales et ont moins de temps » , observe Aline Brachet, membre du bureau national. Sur les 30 élus, seulement 6 femmes. « L es barrages c’est nous qui nous les mettons, tempête Michèle Bernaben. L’engagement syndical c’est une question de force de caractère. » « Il faut convaincre les mecs au sein de la direction », est persuadée Cathy Rocher. Au cœur des rédactions, les stéréotypes ont la vie dure : « Il persiste l’idée qu’une femme est moins à même d’affronter la hiérarchie », admet Michèle Bernaben. Pour autant, Dominique Pradalié l’assure : elle n’a « jamais senti de machisme au sein du syndicat » . Martine Rossard, responsable du pôle pigiste au syndicat, est plus sceptique : « Il y a encore quelques mecs qui ont des attitudes peu encourageantes. » Jamais aucune femme n’a été élue à a tête du SNJ. Cathy Rocher ironise : « Le jour où il y en aura une, ce sera un événement. » Mathieu LIGNEAU et Madjéné SANGARÉ

ANTHONY BELLANGER A ÉTÉ RÉÉLU AU POSTE DE PREMIER SECRÉTAIRE, CE VENDREDI MATIN

Une assemblée collégiale sans vague CONGRÈS

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Pas de bouleversement à la tête du SNJ. Les membres de la collégiale se sont accordés rapidement sur tous les candidats.

près leur élection jeudi soir et une Le poste du premier secrétaire général l’assemblée a choisi, en son absence, courte nuit, les membres de la n’a pas posé plus de difficultés : Anthony Francis Magois, de France Football. collégiale du SNJ se sont réunis Bellanger, seul candidat, a été réélu. Ce Il avait cependant posé sa candidature. ce vendredi pour élire le bureau du sera son dernier mandat. Au poste de Arrivé peu de temps après son élection, syndicat. Pour accélérer les choses, les trésorier, on retrouve Pierre Le Masson, il a été acclamé. Olivier Da Lage, de RFI, cinq candidats se sont présentés sur une de La Voix du Nord, élu à l’unanimité. seul candidat pour le poste de délégué seule liste pour les postes de secrétaires Quant au poste du trésorier adjoint, aux affaires internationales, a été élu à généraux. l’unanimité. Vingt-­cinq mains se sont levées Les vingt-­six membres de pour approuver leur candidature, la collégiale se sont ensuite avec une seule abstention : une p r é s e n t é s a u x a u t r e s . I l s élection rondement menée. ont détaillé les différentes Anthony Bellanger du Courrier commissions auxquelles ils de l’Ouest, Vincent Lanier du souhaiteraient participer, telles Progrès, Dominique Pradalié que déontologie, aides à la de France 2, déjà élus lors du presse, droits d’auteur, etc. précédent mandat, ont accueilli Prochain rendez-­vous est donné deux nouveaux : Claude Cécile le 12 novembre, pour (re) du Courrier de Mantes et commencer à travailler. Soliane COLAS Rodolphe Pété, de Nice Matin. Une élection nettement plus calme que celle de la veille.


samedi

12 octobre 2013

Une curieuse liberté PIGISTES

Plus de 7 000 des 37 000 journalistes professionnels français titulaires de la carte exercent « à la pige ». Par choix ou par obligation.

A p r è s soixantedix contrats à durée déterminée enchaînés en seulement six années au Courrier de l’Ouest, Catherine Richard, journaliste depuis 1999, a vu sa collaboration avec le titre « suspendue ». Après des études de journalisme en Belgique et à Paris (au Centre de formation professionnelle des journalistes), cette Choletaise avait toujours réussi à trouver des contrats réguliers, à durée indéterminée ou non. Les piges lui servaient uniquement à arrondir ses fins de mois. Mais depuis un an et demi, cette femme de 39 ans s’est résignée au travail à la pige : « Ce n’est pas du tout un

choix. » Elle connaît d’ailleurs de nombreuses difficultés à vivre de cette activité. Elle aimerait bien retrouver un poste au sein d’une rédaction. Cela lui assurerait plus de sécurité : « Quand on n’est pas pigiste régulier, il est très dur d’en vivre. » Aujourd’hui, la journaliste travaille uniquement pour Le Courrier de l’Ouest et le groupe Precom, régie publicitaire de Ouest France. Elle souffre du manque de médias dans le Choletais car il lui est impossible de multiplier ses employeurs. Mais elle admet que son statut actuel autorise « une certaine liberté ». Cependant, elle estime que la pige est un bon moyen, de nos jours, de démarrer dans le métier : « Quand on débute, il ne faut pas hésiter. » Justine BOUTIN

Juliette Cottin, diplômée du master journalisme de l’Institut d’études politiques de Grenoble, exerce, depuis bientôt trois ans, le métier de journaliste. Elle est devenue, voici un an et demi, pigiste. Et c’est un choix assumé. De retour en France après un long séjour en terre québécoise, la jeune journaliste n’a trouvé « aucune offre intéressante » au sein d’une rédaction. La pige lui a donc semblé une bonne alternative. Elle s’est alors lancée, l’année dernière, dans le grand bain et ne regrette rien. Elle a été séduite par la grande diversité des sujets qu’elle doit traiter et « par la liberté d’emploi du

Déontologie : « Un combat de longue haleine »

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lexandre Busine, porte parole de la commission de déontologie au SNJ, a travaillé sur la mise en place d’une instance qui régulerait la pratique journalistique. L’an passé, le congrès du SNJ proposait la création d’une instance de déontologie. Où en est le projet aujourd’hui ? Les retours ont été mitigés. Le but était d’impliquer les employeurs et les salariés. Nous n’avons eu aucune réponse de la part des fédérations d’employeurs. Celles données par les autres associations et syndicats ont été plutôt mièvres, pour être tout à fait franc. En revanche, le PS s’est penché sur la question et va plutôt dans notre sens. Pourtant, au Parlement, les élus du groupe nous fuient. Ce matin, lors de notre table ronde sur les aides à la presse nous n’avons reçu aucun élu PS, malgré nos invitations. Tout le monde se défile.

Pourquoi cette instance vous paraîtelle nécessaire ? En 2011, j’ai été choqué par la proposition du député UMP de l’Oise, Jean-François Mancel qui souhaitait créer une « instance déontologique des médias » contrôlée par les politiques.

En cas de nouvelle attaque, il faudrait être prêt et savoir comment y répondre. Nous traversons en plus une crise de confiance de la part du public. Cette instance nous permettrait de lui montrer notre souci de travail et de qualité.

temps ». Travailler au sein d’un journal ? Franchement, Juliette Cottin n’en a pas du tout envie. En tant que pigiste, la seule chose qui lui manque par moment c’est une équipe rédactionnelle « avec qui discuter et échanger des idées ». Aujourd’hui, la jeune femme a réussi à diversifier ses employeurs. Elle collabore, entre autres, avec Le Courrier de l’Ouest, Le Journal des entreprises ou encore L’Express. La jeune femme dit vivre correctement de cette activité, même si elle complète également ses revenus en travaillant dans le domaine de la communication. Mais Juliette Cottin espère dans très peu de temps pouvoir se concentrer exclusivement sur son activité journalistique en toute liberté. J. B.

Comment fonctionnerait cette instance ? Elle pourrait être saisie ou s’autosaisir de cas pour mener une enquête documentée à charge et à décharge. Bien que tout soit à relativiser, elle permettrait de savoir si une ligne jaune a été franchie. Chacun pourrait ensuite se référer à ses conclusions. Elle devrait pouvoir s’appuyer sur les modèles des instances étrangères déjà existantes. Quel travail reste-t-il à accomplir ? C’est avant tout un effort de pédagogie, notamment au sein du SNJ qui ne s’est pas totalement imprégné du sujet. Il faut continuer à sensibiliser les politiques. Nous avons déjà écrit au Parlement, pris contact avec David Kessler, conseiller médias et culture auprès de François Hollande. Nous partons pour un combat de longue haleine.

Recueilli par A. BERRE et T. DEBENNE

PHOTO GUILLAUME LE ROUX

La Feuille


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SAMEDI 12 OCTOBRE 2013

Le soutien timide du député FINANCEMENT

PHOTO : SOLIANE COLAS

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La Feuille

Hier, Michel Piron, député UDI du Maine-et-Loire, s’est entretenu avec l’équipe dirigeante du SNJ sur les aides à la presse.

i c h e l P i r o n v o i t contrôle de la part de l’État. » Rapidement, l’accélération du traitement le député UDI se fait réticent : « Les aides de l’information comme un à la presse sont essentielles, soit, mais danger. « Cette course aux n’allons pas trop loin. » Il préfèrerait que ces clients plus qu’aux lecteurs subventions soient réservées aux journaux conduit à une simplification du message. » développant un contenu de qualité. Mais Les membres du SNJ qui ont rencontré qui sera juge de la qualité ? le député partagent ce constat accablant. Si le sujet est inépuisable, il n’est pas la priorité d’Anthony Bellanger, premier secrétaire général : « Le débat budgétaire va bientôt commencer et, avec lui, les tractations concernant les aides à la presse », attaque-­t-­il d’emblée. Et, d’expliquer au député « l es incohérences inhérentes à la distribution des aides à la presse ». Des subventions « accordées de manière contradictoire et opaque », ajoute Jean-­Pierre Frappier, Michel Piron (à dr), le seul député face au SNJ. membre du bureau national. Sur ce point, Michel Piron rejoint les syndicalistes : Tout soutien a donc un prix, celui de « Nous aussi souhaitons que ces aides soient Michel Piron aussi. Lorsque les journalistes plus transparentes. » Ses interlocuteurs demandent « des aides conditionnées selon insistent : « Il faut instaurer un véritable des critères sociaux », il leur retourne la

question : « Comment rendre opérationnels ces critères ? » Le député n’hésite pas à jouer sur les mots. Alors que les syndicalistes demandent « une reconnaissance juridique des équipes rédactionnelles » , il botte en touche : « J e me méfie plutôt d’une indépendance judiciarisée. » Il n’hésite pas à rappeler aux journalistes la définition du mot média. Anthony Bellanger réplique aussitôt : « Tous ces principes sont définis dans la Charte d’éthique professionnelle des journalistes. Leur application étant variable, nous souhaitons créer une instance déontologique. » Le SNJ entend cadrer la profession autour de garde-­fous : « Mais pour les mettre en place, il faut des moyens », rappelle le premier secrétaire général du SNJ. Selon L’Express.fr, l’enveloppe consacrée aux aides à la presse s’élèvera en 2014 à 135 millions d’euros, soit une amputation de 7,3 % par rapport à 2013.

La photo du jour

Clémentine VERGNAUD

Aujourd’hui

9 h. Reprise des travaux et comptes-rendus des commissions. 12 heures. Clôture du congrès (déjeuner sur place au Lac de Maine).

Rendez-vous Après les vins d’Anjou, la chimay. Le 96e congrès du SNJ aura lieu à Liessies, près de la frontière belge, du 8 au 11 octobre 2014.

LAURE COLMANT

La Feuille

A Terra Botanica, 170 congressistes et 20 invités ont profité d’un déjeuner sous les palmiers. L’occasion de recharger les batteries avant le rapport des commissions en séance plénière à 15 heures.

Journal-atelier des étudiants de l’école publique de journalisme de Tours (IUT). 29, rue du Pont-Volant, 37000 Tours. Distribué gratuitement. Directeur de publication : Nicolas Sourisce.


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