Vie associative et éducation populaire - Renforçons le pouvoir d'agir des citoyens

Page 1

l e s

é c o l o g i s t e s

Dossier n°3

e n

a c t i o n

a u

c o n s e i l

r é g i o n a l

Vie associative Éducation populaire Une publication du groupe d’élus Europe Ecologie - Les Verts et apparentés à la région Rhône-Alpes

Avec les associations, renforçons le pouvoir d’agir des citoyens ! Par Lela Bencharif,

Photos Marie Bienaimé

vice-présidente de la région RhôneAlpes en charge de la vie associative, l’éducation populaire et la démocratie participative.

Alain Chabrolle,

vice-président en charge de la santé et de l'environnement.

Véronique Moreira,

vice-présidente en charge de la coopération solidaire.

Marie-Odile Novelli,

vice-présidente en charge du logement, de la politique de la ville, du handicap et des solidarités.

Au sens de la loi de 1901, l’association est une organisation collective par laquelle des personnes mettent en commun, de façon permanente, leurs connaissances, leurs savoirs citoyens et leurs pratiques au service du bien commun, dans un but autre que de partager des bénéfices financiers. Cela n’implique pas l’absence d’échanges monétaires, mais interdit d’en tirer un profit personnel. L’association n’est ainsi ni le lieu de l’élitisme, ni celui de la rentabilité soumis aux logiques de marché. Elle est d’abord le lieu de l’initiative citoyenne et solidaire où se concrétisent, au plus près des habitants, des actions au service de l’intérêt général. Elle est ensuite le lieu de l’intelligence collective, de l’émancipation individuelle. Bénévoles et salariés y développent des projets fondés sur des valeurs de citoyenneté et d’humanisme. Enfin, elle est ce corps intermédiaire à travers lequel des citoyens interpellent les pouvoirs

publics sur des enjeux de société. Elle est un espace de contre-pouvoir démocratique. Force est de constater que la répartition des fonds publics d’État reste inéquitable (voir encadré). Les collectivités locales se recentrent sur leurs compétences obligatoires et ne peuvent plus pallier les baisses de dotations. Dans ce contexte, la région Rhône-Alpes a fait le choix de remettre au centre de son action les valeurs de l’éducation populaire et citoyenne, notamment en réaffirmant le nécessaire soutien au projet associatif. Elle a choisi de reconnaître le rôle clef des associations citoyennes plutôt que de les considérer comme des prestataires d’activités au service de la commande publique. Nous voulons ainsi renforcer les richesses que les associations savent le mieux apporter à la société : mobiliser les individus, renforcer leurs capacités à agir, à prendre des initiatives, à construire ensemble.

La politique de soutien aux associations

1

Accompagner les associations au plus près des territoires.

La Région conclut des contrats d'objectifs pluriannuels avec de grands mouvements associatifs régionaux, afin de les aider à mieux accompagner leurs associations adhérentes. Elle appuie et conseille les associations sur le terrain avec le dispositif local d'accompagnement.

2

Former les bénévoles et valoriser leur action.

La Région finance des sessions de formations. Elle participe au financement du fonds mutualisé pour la formation des bénévoles.

3

Soutenir les projets associatifs et l'emploi.

La Région finance la création ou le maintien de postes qualifiés développant et animant la vie associative dans le cadre d'une démarche d'éducation populaire et citoyenne. Ces trois dimensions essentielles, qui portent le projet associatif, ont en commun un pilier : le bénévole. La Région reconnaît officiellement l’utilité sociale du bénévolat, actuellement non mesuré par les indicateurs de richesses traditionnels.

Déséquilibre En 2011, l’État a consacré 1,2 milliard d’euros aux associations. 3,5% des associations subventionnées reçoivent les trois quarts de l’appui public. La région Rhône-Alpes souhaite contribuer à compenser ce déséquilibre en prenant soin d'écouter et d'appuyer la diversité du monde associatif.


l e s

é c o l o g i s t e s

e n

a c t i o n

a u

c o n s e i l

r é g i o n a l

Formation citoyenne. À travers l'éducation populaire, Aequitaz développe le pouvoir d’agir des citoyens La Région considère les associations comme des lieux d’acquisition et de transmission de savoirs formels ou informels. En octobre 2013, plus de quatre-vingts jeunes adultes rhônalpins ont passé un week-end ensemble à Sainte-Croix (Drôme) afin d’identifier ce que, collectivement, ils aimeraient changer dans leurs vies. Invitée de l’événement, la ministre de la Justice Christiane Taubira est venue pour dialoguer sur un pied d’égalité avec les participants. Ce « parlement libre des jeunes » se voulait « une expérience de démocratie directe mobilisant des jeunes invités à s’exprimer, proposer ou revendiquer, mais aussi à s’organiser collectivement pour conquérir ou préserver des droits économiques et sociaux. Il s’agit d’une fête et d’un tremplin », explique Manu Bodinier, coordinateur de l’association Aequitaz.

Faire entendre sa colère

En octobre 2013, près d'une centaine de jeunes ont identifié ce qu'ils aimeraient changer collectivement.

Aequitaz est une association qui ne ressemble à aucune autre, héritière de la tradition de l’éducation populaire, inspirée par les grandes luttes sociales du passé, mais tournée vers l’avenir pour expérimenter de nouvelles formes d’action collective.

nise donc des campagnes contre les inégalités vécues dans certains mondes sociaux. Elle mobilise par exemple des jeunes pour qu’ils organisent des actions collectives visant l’obtention d’une allocation de formation-accès à l’emploi.

En toile de fond, la précarité des jeunes adultes, de plus en plus confrontés au chômage, à la pauvreté. « Nous voulons que les jeunes – qu’ils viennent des quartiers populaires ou des campagnes, qu’ils soient étudiants ou sans qualifications – puissent faire entendre leurs colères, leurs espoirs ou leurs rêves, puissent prendre confiance en leur capacités, s’unir et s’organiser collectivement pour améliorer leurs conditions de vie et leur accès au monde du travail. » Aequitaz orga-

Sur plusieurs mois, elle forme aussi à l’action collective non violente des militants déjà impliqués dans différentes causes. Enfin, elle élabore collectivement une stratégie nationale, voire européenne de partage des richesses et de justice sociale. Lors de leur week-end drômois, les jeunes du « parlement libre » ont adopté sept propositions très concrètes qui ont été soumises aux pouvoirs publics. Car la capacité à interpeller est pour Aequitaz l’un des

moteurs du changement : « si les pouvoirs publics n’agissent pas, c’est parce qu’il n’existe pas de mouvement revendicatif fort prêt à peser sur eux », estime Manu Bodinier.

Au service du bien commun En tant qu’association d’éducation populaire, Aequitaz se veut un lieu d’acquisition et de transmission de savoirs, qu’ils soient formels ou informels. « Les associations ne font pas que former à des techniques ou des compétences ou encore produire de l’activité, elles sont avant tout des lieux d’engagement, d’interpellation et d’initiatives citoyennes au service du bien commun », estime Lela Bencharif. C’est pourquoi Aequitaz a reçu de la région Rhône-Alpes un soutien pluriannuel pour l’ensemble de son projet associatif.

Les associations de Rhône-Alpes en chiffres 1 Rhônalpin sur 5 est bénévole dans une association.

Elles emploient

192 050 10 % soit

personnes,

de l’emploi privé.

On estime à au moins

120 000

le nombre d’associations actives.

Source : les associations en Rhône-Alpes, repères et chiffres-clés, Recherches et Solidarités pour l’Association des Régions de France, septembre 2013.

Depuis 2000, le secteur associatif a créé plus de

41 000

emplois.

7 044

associations ont été créées en 2012-2013.


l e s

é c o l o g i s t e s

e n

a c t i o n

a u

c o n s e i l

r é g i o n a l

Participation citoyenne. L’eau, un bien commun à valoriser dans le débat public La Région a choisi de soutenir des initiatives qui stimulent la démocratie participative et favorisent les contre-pouvoirs. Un kit d’information, des forums, des interpellations… La Coordination Eau Bien Commun Rhône-Alpes, constituée en avril 2013, est très active pour interpeller les décideurs et politiciens.

La coordination s’adresse aux élus, partis et candidats afin de les sensibiliser à la gestion de l'eau .

Le constat : l’eau n’est pas une marchandise comme les autres, c’est un bien commun vital. Sa gestion doit être publique, démocratique, citoyenne, et pas juste technique. L’objectif : mettre la question de l’eau au cœur du débat public. La coordination s’adresse donc aux élus, aux partis et aux candidats de tous bords afin de les sensibiliser à des questions comme l’intérêt d’une régie publique, la préservation de la ressource, la place de l’eau au cœur de la ville, le rôle du citoyen dans la gestion de l'eau…

Propositions concrètes « Le plus souvent, l’eau est un dossier géré par les intercommunalités, explique Natalia Dejean, présidente de la coordination. Les candidats aux municipales n'abordent pas directement la question dans leur programme. Nous leur proposons un kit citoyen avec des propositions concrètes comme la mise en application du droit à l'eau, la protec-

tion des zones de captage, l’installation de kits économiseurs d’eau… Ils sont très réceptifs à ces actions qu'ils peuvent soutenir au niveau de leurs communes. » La coordination cherche aussi à sensibiliser les citoyens à travers des réunions et des débats publics. « Contrairement à d’autres thématiques comme le changement climatique qui reste encore abstrait, les défis de l'eau sont plus proches de notre réalité, explique Natalia Dejean. Ce sont des enjeux que les gens peuvent s’approprier plus facilement : ils n’hésitent plus à demander des informations comme par exemple des détails sur leur facture, sur la qualité de l’eau… C’est un bon levier pour s’interroger ensuite sur

d’autres thématiques. »

Médias participatifs Pour ce projet, La Coordination Eau Bien Commun Rhône-Alpes a reçu le soutien de la Région à travers la délégation de la vie associative, animée par Lela Bencharif. De cette manière, la Région a choisi de soutenir des initiatives qui stimulent le débat démocratique : médias participatifs, usages citoyens du numérique, actions de participation citoyenne... « Ces initiatives sont importantes car elles font vivre la démocratie participative dans la région sans craindre d’alimenter des contre-pouvoirs », explique Lela Bencharif.

Innovation. Des enfants qui retrouvent le goût des bonnes choses La Région reconnaît aux associations un droit à l'expérimentation qu'elle encourage à travers un appel à projets sans critères pré-établis. « Dans l’alimentation, le moins cher est souvent le seul critère de choix, sans réflexion sur pourquoi un produit est moins cher ». Jacqueline Collard n’a de cesse de sensibiliser les citoyens à propos de l’impact de notre environnement sur notre santé, que ce soit à travers la pollution atmosphérique, la qualité de l’eau ou l’alimentation.

Pour cela, l’animateur propose des choses concrètes, comme confectionner un plat, faire des courses, lire les étiquettes, accommoder les restes… « A partir de là, nous soulevons des questions : qu’est-ce qu’un équilibre nutritionnel ? Puis nous démontrons que tout est lié : la qualité des aliments, notre santé, les conditions de production, l’impact environnemental de nos déchets... ».

Récemment, son association Santé-environnement Rhône-Alpes (Sera) s’est rapprochée du Café des Enfants, un lieu associatif situé dans un quartier populaire de Grenoble.

Quels fruits dans la confiture ?

L’objectif : sensibiliser le public à l’environnement et à la qualité alimentaire.

Pour cela, un point de départ : le goût. L'atelier propose par exemple un exercice tout simple : faire goûter des confitures à des enfants, et leur faire deviner quel fruit la compose. « Les enfants ne savent plus de quoi est fait ce qu’ils mangent et sont éloignés de

la production, regrette Jacqueline Collard. Il faudrait les emmener cueillir des fruits. »

Champ libre Ce projet, qui mêle l'éducation à l’environnement et à la santé, a été financé par la Région dans le cadre d’un appel à projets ouvert où les associations étaient invitées à déposer des projets de leur propre initiative, sans la pression d’une obligation de résultat. « Le droit à l’expérimentation est essentiel afin d’encourager l’innovation sociale, explique Alain Chabrolle, vice-président délégué à la santé et l’environnement. C’est pourquoi l’appel à projets ouvert laisse volontairement le champ libre aux associations qui souhaitent innover. »


l e s

é c o l o g i s t e s

e n

a c t i o n

a u

c o n s e i l

r é g i o n a l

Pouvoir d'agir du citoyen. La "Passerelle d'eau de Robec", une épicerie qui redonne confiance en la vie La Région soutient la capacité des associations à susciter l’implication des bénévoles et la prise d’initiative.

Sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, la crise a frappé fort les plus démunis. En six ans, l’épicerie solidaire « La Passerelle d’eau de Robec » a enregistré une hausse de 70% du public en difficulté qu’elle suit. Des personnes à qui il reste moins de 6€ par jour pour vivre quand elles ont payé leurs charges obligatoires. Mais pour Sophie Robert, fondatrice de l’association, la pauvreté ne se résume pas au manque d’argent : « Recevoir la charité, c’est dur, sachant que l’une des choses les plus importantes quand on est dans la précarité, c’est l’estime de soi. Quand on n’a pas d’emploi on se décourage, on se dévalorise, on s’isole, ce qui mène à des pathologies comme la dépression, la phobie sociale... C’est une spirale infernale ! »

Refus de l'assistanat C’est de ce constat de refus de l’assistanat qu’est née l’idée d’une épicerie solidaire qui considérerait ses bénéficiaires comme des parties prenantes de l’association. Aux côtés des 431 familles adhérentes en difficultés, 221 adhérents dits « solidaires », simples habitants du quartier, participent à la vie de l’association et peuvent faire leurs emplettes à l’épicerie.

En effet, les locaux de l’association ressemblent fort à une épicerie bio d’un quartier à la mode. Dans les rayonnages de bois neuf s’étendent des produits bio, écologiques ou du commerce équitable. Sur la droite, un petit comptoir où deux jeunes femmes prennent le café en jetant un œil attentif à l’exposition du moment créée par les adhérents. Une autre partie de l’épicerie, réservée aux plus précaires, propose des produits de première nécessité : sel, farine, pâtes… C’est la mixité des publics qui fait le succès de la démarche.

Petites victoires « L’épicerie est un point d’entrée vers l’association, explique Sophie Robert. Quand nous recevons un nouvel adhérent en difficulté, nous lui demandons ce qu’il a envie de réaliser pour que ça aille mieux. Cela lui permet de fixer un objectif raisonnable qui pourrait constituer un petit déclic pour remettre le pied sur une marche. » Parmi les petites victoires envisageables : avoir un logement salubre, obtenir la CMU, régler son ardoise chez le commerçant du coin, passer son permis de conduire, payer des vacances aux enfants… Ensuite, tout en étant suivi par des travailleurs sociaux, l’adhérent va participer à

la vie de l’association : ateliers cuisine, organisation d’expositions, ateliers d’écriture, décoration, stage de gestion d’un budget, sensibilisation à la santé… « Tous les ateliers sont co-construits et co-animés par les adhérents, explique Sophie Robert. On ne sait pas parmi les participants ceux qui sont adhérents bénéficiaires ou solidaires. Ils créent des liens, s’entraident, reprennent confiance en la vie… C’est le lien social qui est structurant ! » Autre originalité, les adhérents bénéficiaires participent à la gouvernance de l’association : « C’était dur, mais au bout de quinze ans, ils s'impliquent comme administrateurs à part entière », annonce Sophie Robert.

Association ≠ entreprise La Passerelle a reçu l’appui de la Région à travers différentes délégations, dont celle de Marie-Odile Novelli, vice-présidente à la politique de la ville. « A l’image de La Passerelle, les associations ne sont pas que des producteurs d’activités ou de services pour des bénéficiaires ou des consommateurs, explique cette dernière. C’est pourquoi la Région a choisi de soutenir leur capacité à susciter l’implication des bénévoles et la prise d’initiative. »

Pour en savoir plus... Contactez les élus du groupe EELV -app. au conseil régional de Rhône-Alpes. E-mail : eelv@rhonealpes.fr Tél. : 04 26 73 44 27 / Twitter : @EELVrhonealpes / facebook.com/rhonealpes.elusecologistes / Web : elus-rhonealpes.eelv.fr

Editeur: Groupe des élus EELV - Région Rhône-Alpes - 1 espl. Mitterrand, 69002 Lyon - Directeurs de la publication : Alexandra Cusey et Jean-Charles Kohlhaas - Imprimerie Multitude, Châtillon-sur-Chalaronne

Ateliers cuisine, organisation d'expositions, ateliers d'écriture réunissent des personnes en difficultés et des adhérents dits « solidaires ».


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.