Foi et délivrance

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Diffusion : cerf

théologie

ISBN : 978-2-87299-241-6

Foi et délivrance

donner raison

Hubert THOMAS est moine bénédictin de Wavreumont-Stavelot en Belgique, depuis 1962. Pendant plus de vingt ans, il a travaillé comme animateur dans un centre de soins pour toxicomanes. C’est à partir de cette expérience, celle aussi de l’accueil des personnes divorcées, qu’il réfléchit sur l’Évangile et sur sa transmission.

Foi et délivrance • Hubert Thomas

Ce livre est à la fois l’expression d’une pratique inventive de la foi et une réflexion sur elle, animées par le désir et le goût de Dieu, éclairées sans cesse par une lecture intelligente et priante des Évangiles. Il s’agit de « faire la vérité ». Au fil des pages, on prend conscience que l’auteur propose un itinéraire de recréation. Libéré de la peur, le lecteur entre dans le renouvellement de son être et découvre à frais nouveaux les linéaments d’une nouvelle Imitation de Jésus-Christ pour le XXIe siècle.

Hubert Thomas

Figures du Christ thérapeute

Illustration de couverture : L’hospitalité Saint-Benoît, céramique de Max van der Linden, Wavreumont.

’ai souvent entendu cette objection à propos du croyant et notamment du chrétien : n’est-il pas tout encombré par l’adhésion, par l’application à des doctrines ? N’est-il pas sous le joug d’obligations morales ? Il me fallait donc reprendre le chemin des Évangiles et, plus longuement, entrer dans l’espace du Christ avec cette objection comme bagage. J’ai eu l’occasion, bien des fois en ces pages, de me remettre devant les guérisons faites par Jésus. Je vois qu’il rend aux personnes blessées la capacité de devenir auteur de leur propre vie alors que pèse sur elles le poids des mises à l’écart, du légalisme et du péché qui, aux yeux de la Bible, renvoie à une cible manquée. Jésus leur rend le libre accès à la vie. Le lieu de Dieu, c’est l’Ouvert. »



Hubert THOMAS

Foi et délivrance Figures du Christ thérapeute Préface de Maurice Bellet


© 2013 Éditions Lessius, 24, boulevard Saint-Michel, 1040 Bruxelles www.editionslessius.be Donner raison, théologie, 43 Une collection dirigée par Hubert Jacobs ISBN : 978-2-87299-241-6 D 2013/4255/11 Diffusion cerf


PRéFACE

Il me semble que le livre de frère Hubert Thomas correspond à une grande urgence, hélas trop souvent méconnue. Urgence pour la foi : car il nous faut sortir d’un certain style de christianisme, lié à un passé qui ne cesse de s’effacer, sans pourtant rien réduire ou déformer de ce qui fait l’Évangile, cette Parole qui est le nouvel Adam luimême, voie, vérité, vie. Urgence pour l’humanité où croît la dangereuse absence de ce qui réellement donne vie, par-delà les fantastiques réalisations de nos techniques. Et il se trouve que, pour le disciple de l’Évangile, les deux urgences coïncident : si l’Évangile redevient Évangile, c’est-à-dire parole actuelle et agissante, il nous rendra saufs de menaces extrêmes, et ce qui risquait de s’endormir dans des conformismes ou des rétrécissements redeviendra Éveil où s’éveillent les humains. Il me semble que c’est une telle ambition qui anime Frère Hubert. Très grande ambition. Aussi demande-t-elle une grande humilité. Je conseille au lecteur d’accorder la plus grande attention aux premières pages de son texte : « Pourquoi ce livre ? » L’auteur y déclare en quelle place il se tient. Aucune prétention à la théorie victorieuse, au discours définitif ; aucune polémique (sa critique, très vive, est d’une autre teneur). Le motif est tout concret : c’est de et dans son expérience qu’il parle. Et c’est une expérience évangélique, ô combien ! Le soin accordé aux démunis, déviants, exclus, perdus hors des chemins de raison. S’il y a une expérience évangélique, c’est bien celle-là…


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Maurice Bellet

Ce qui suggère à l’auteur de donner privilège à une figure majeure de Jésus Christ : le Thérapeute. Jésus l’évoque directement : « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades. » Pas seulement ceux du corps, qu’il guérit ; mais ceux de l’âme. Oui, tout l’agir du Christ peut s’entendre comme soin apporté à tout ce dont souffrent les humains. Comment se désigne-t-il aux envoyés de Jean Baptiste ? « Les aveugles voient, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres entendent l’heureuse parole. » Il est légitime de parler du Christ Roi, du Christ Prêtre. Mais pour nos contemporains, y entendre quelque chose de salvifique demande un certain exercice culturel. Thérapeute, en revanche, c’est une figure par laquelle on peut entrer dans une compréhension du Christ — sans rien ôter ni méconnaître pour autant. On pourrait craindre une réduction du Christ à une fonction tout humaine (mais que ne peut-on pas craindre, par exemple du Christ Roi ?). Ou bien un glissement vers une forme de « psychologisme », méconnaissant le sacré et la grandeur de Dieu. Mais, en vérité, c’est plutôt réalisme de l’incarnation. Si transcendant soit l’agir du Christ, où se révèle qui il est, il travaille réellement en nos douleurs et nos chutes. C’est son lieu, si je puis dire. Et sa parole, comme le souligne Frère Hubert, n’est pas d’abord un discours sur Dieu, elle est une parole humaine divinement salvatrice. Cela ne va pas sans modifier notre théologie comme notre psychologie et leur rapport. Frère Hubert s’avance en ces régions extrêmement difficiles avec le souci soutenu de l’être humain en son entier et pas d’emblée découpé en pièces ; mais sans méconnaître en chaque instance la relation qui la constitue. En Christ, c’est la relation à la pure source, insaisissable et inépuisable, en amont de tout, qui va irriguer, peut-être secrètement, toutes les figures du soin. Ce n’est pas la diminuer ou méconnaître le spécifique de la foi ni menacer la langue où elle prétend s’exprimer. C’est même exactement l’inverse : c’est ne pas se résigner à une espèce d’enclosure de l’Évangile qui l’exténue et le stérilise. Le chemin de Jésus et des siens est une prodigieuse sortie de ce qui enferme et réduit les humains. Imiter Jésus Christ commence là. maurice bellet.


POURQUOI CE LIVRE ?

Longtemps j’ai cru que Jésus s’adressait aux gens « normaux » et sans problème, qu’il proposait somme toute un idéal, une image de réussite plus forte, plus valorisante, plus méritante. Le suivre, me semblait-il, c’était s’imprégner de ses paroles et de ses gestes pour devenir meilleur, plus fort dans les vicissitudes de la vie, plus courageux, compagnon plus tolérant et patient dans la vie avec les autres, plus vertueux… Chemin faisant, je me suis rendu compte que tout l’évangile vécu ainsi pouvait être pris dans un discours idéalisant, un discours destiné à décrire un idéal de vie qui surplombe la réalité des gens telle qu’elle est en fait. Il me semblait que tout ce qui était dit à propos de la suite du Christ appartenait au monde « religieux », au monde de la religion, c’est-à-dire un monde séparé et destiné pourtant à inspirer la vie réelle. Il y avait ce monde de la religion, revu et corrigé par Jésus, se donnant comme un idéal à faire descendre sur la terre des hommes. Mais en était-il bien ainsi ? Souvent la question me venait : Jésus avait-il donné sa vie pour cela ? était-ce donc cela l’évangile dont on ne cessait de me dire : c’est la bonne nouvelle ? De longues années de travail auprès de gens blessés, des drogués, des alcooliques, l’écoute de personnes séparées et divorcées, sans oublier la fréquentation de soi et des autres dans une communauté de vie, m’ont conduit ailleurs. Mon propos ici serait d’évoquer ce changement. Non pas en parlant de moi mais en ouvrant des pistes dans lesquelles d’autres


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Pourquoi ce livre ?

pourraient peut-être trouver un langage proche de leur cheminement personnel. Ce seront là des évocations plus que des démonstrations. Je n’écris pas de thèses sur ceci ou cela, je ne désire pas convaincre que j’ai raison et que les choses sont ainsi. Je dois dire que je me reconnais mieux dans un style allusif, qui suggère par des touches diverses, qui écrit par ellipses sans prétendre tout dire. Il y a des lacunes, des blancs et des manques. Ce sont des « choses dites de profil ». Rien d’exhaustif, rien de complet… Il y aura aussi des redites, des répétitions, des reprises… Ce n’est pas un discours construit. Je me confie plutôt à l’imprégnation… Oui, il me semble que la vie spirituelle en nous se développe à travers une lente imprégnation de tout ce qui porte l’évangile. C’est laisser entendre et écouter plus qu’argumenter et que voir les choses écrites noir sur blanc. Affaire d’oreille donc. La Bible que je lis relève de ce genre où l’on est moins convié à « comprendre avec sa tête » qu’à écouter avec tout son être. On voudra donc prendre ce livre pour ce qu’il est. Ce n’est pas un « nouveau catéchisme », « un nouveau livre de la foi », une théologie inédite… Ce sont des paroles qui, avant d’être mises par écrit, me sont montées au cœur, sur le chemin. Loin de vouloir redire toute la foi chrétienne, elles sont comme des associations libres qui suggèrent ce qui est en jeu en elle. Je ne fais pas œuvre originale. C’est en écoutant beaucoup, donc en recevant beaucoup des autres, que tout ceci m’est venu. écrire pourrait être une façon de restituer, de reconnaître une dette, de reverser un don, si cela a un sens de parler ainsi. En tout cas, c’est une manière pour moi de transmettre la parole à d’autres… Le lecteur constatera que je dois beaucoup à la pensée de Maurice Bellet. En effet, il me semble que, dans le questionnement sur la condition chrétienne, son œuvre opère une percée qui donne… à penser. Alors voilà, comme le dit une parabole de Jésus, ayant reçu un talent, je me suis risqué à le faire fructifier plutôt que de l’enfouir en terre. J’écris pour créer des ponts, pour poser des questions et inviter à répondre — ce qui est autre chose que donner des réponses —, inviter à d’autres expériences. J’écris pour ceux qui ont quelque peine à exister… Celles et ceux pour qui les formules toutes faites, les formules passe-partout, découragent et ne nourrissent plus


Pourquoi ce livre ?

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vraiment. Peut-être trouveront-ils dans les pages qui suivent un mot, une phrase qui fera résonance en eux, leur donnant un peu de lumière et d’espace sur leur chemin ? Si cela pouvait être le cas, je m’en réjouirais ; mon texte les aurait alors rencontrés… Voici qu’ils pourraient peut-être trouver passage.



Première partie LE SOIN DE L’HUMAIN



Chapitre premier LE CHRIST THéRAPEUTE1 ?

Pourquoi parler du Christ thérapeute ? Pourquoi accoler ce titre au nom du Christ ? À lire les évangiles et tout le Nouveau Testament, on s’aperçoit que les titres conférés à Jésus sont multiples et divers. Si lui-même a eu des réticences par rapport aux nominations des hommes, tant il a craint les récupérations dans les filets des usages et des idéologies religieuses, on voit que les témoignages qui parlent de lui sont pleins de titres. On peut le comprendre. Il fallait désigner sa personne et sa mission parmi les hommes dans un langage symbolique qui, au lieu d’enclore dans une définition, ouvre des perspectives, suggère des voies pour la reconnaissance et l’invocation. Le Christ est donc nommé : pain, vigne, bon pasteur, chemin, porte, temple… Ces désignations, qui ne sont pas quelconques et banales, laissent entendre une créativité. Les premiers témoins se sont autorisés à parler de Jésus en diverses figures symboliques. Pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ? Sans prétendre, bien entendu, que nos appellations rendraient désuètes les titres du Nouveau Testament et pour autant que nous les mesurions en quelque sorte sur les titres « classiques ». De nos jours, le titre de libérateur est certainement un des titres les plus reconnus et usités et l’on peut dire qu’il a ses lettres de 1.¥Je dois beaucoup au livre de M. Bellet, Le Lieu du combat, Paris, Desclée, 1976.


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Le soin de l’humain

créance dans les écrits néotestamentaires, sans y être formalisé comme tel. Alors, pourquoi pas le titre de « Christ thérapeute » ? J’y recours pour deux raisons. Je crois d’abord que toute la dynamique et l’enjeu de la mission du Christ peuvent se retrouver dans ce titre et c’est précisément cela que je voudrais montrer à travers ces pages. Il me semble que l’intention de Jésus, venant du Père sur la terre des hommes, « l’homme qui marche2 », comme dit Christian Bobin, y marche pour en faire, selon le psaume, « une terre des vivants ». Or, ce qui a été mis sous les yeux des chrétiens, n’est-ce pas trop le Christ crucifié, le Christ souffrant et abîmé sur la croix, aux dépens du Christ qui est ressuscité ? Ou bien un Christ trop distant dans sa transcendance, trop loin de la terre des hommes, même si l’on dit et redit que Dieu s’est incarné et s’est fait homme. C’est d’une théologie de la vie dont nous avons besoin aujourd’hui. Par ailleurs, je choisis aussi ce titre parce qu’en appelant le Christ ainsi, je vise à lui donner sens dans le monde contemporain. Or, il me semble que la figure et l’action du thérapeute sont devenues symboliquement très significatives dans le monde d’aujourd’hui. Il suffit pour s’en rendre compte de voir toutes les formes de thérapies qui sont aujourd’hui proposées pour le traitement de « la maladie humaine ». Je ne nie pas que se glissent là-dedans des démarches qui brassent le bon grain et l’ivraie, menées parfois par des charlatans et des gourous dont les scrupules sont évanescents. Il reste que la personne de Freud et son invention de la psychanalyse — pour parler du fondateur et de l’initiateur en tout ce champ — appartiennent désormais aux « très riches heures de l’humanité3 ». À partir de lui, l’homme ne peut plus être pensé de la même façon, ni surtout écouté. Venant de là, ne faut-il pas reconnaître que, dans la culture contemporaine, la figure du thérapeute indique une nouvelle façon d’interroger, de questionner, d’écouter et de parler ? Ne faut-il pas y voir comme une nouvelle manière qu’a l’homme contemporain d’être à l’écoute du sens de la vie ? Je pense qu’en cette figure se symbolise, 2.¥C. Bobin, L’homme qui marche, Cognac, Le Temps qu’il fait, 1995. 3.¥S. Zweig, Les Très Riches Heures de l’humanité, Paris, Belfond, 1989.


Le Christ thérapeute ?

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en effet, toute une vision du monde. Ce n’est pas pour rien que Freud voyait dans la psychanalyse une nouvelle révolution copernicienne, la troisième à ses yeux. Après avoir dû reconnaître avec Copernic que c’est la terre qui tourne autour du soleil, avec Darwin que « l’homme descend du singe », il fallait reconnaître avec Freud que le moi n’est pas le maître chez lui. Il fallait admettre désormais que le soleil de la raison n’est pas tout puissant, que chacun est habité par de l’ombre qui agit à son insu sur les moindres actes de la vie. Ainsi donc, il y a de l’autre en chacun, de l’autre qui demande sans doute à être entendu. Mais comment l’entendre justement ? Comment faire pour l’entendre ? S’il n’est pas entendu, que devient-il ? Ces questions toutes simples disent sans doute que l’homme contemporain interroge sa destinée avec un autre regard. Sans pour autant affirmer naïvement que les psychanalyses et les psychologies d’aujourd’hui ont tout inventé. En prenant ce titre de Christ thérapeute comme fil conducteur à ces pages, c’est donc une reprise du langage de la foi pour aujourd’hui que je propose. J’en ferai cependant davantage une enseigne qu’une occasion de thèses et d’affirmations sur la question souvent débattue : la foi et la psychanalyse. Je ne m’inscris pas dans cette exploration-là des relations entre ces domaines. Beaucoup en effet a déjà été dit sur les rapports entre la vie de la foi et la psychologie et notamment la psychanalyse. Et depuis Françoise Dolto, les textes des évangiles ont été explorés du point de vue des données de la psychanalyse, « au risque de la psychanalyse » : les paroles de Jésus, ses paraboles, ses miracles… Tout cela a donné lieu à de multiples commentaires. Mon propos n’est pas d’ajouter mais de ressaisir globalement la figure du Christ comme thérapeute de l’humain. Il me semble pourtant utile, puisque mon terrain est celui de la vie spirituelle, de montrer des liaisons entre la démarche spirituelle et celle de la thérapie. Je prends donc ici le titre de thérapeute comme un nom qui, appartenant à notre culture, peut faire résonner les mots des évangiles autrement… Je crois utile de dire aussi que je ne ramène pas la figure du Christ à celle d’un psychothérapeute. Cette réduction me semble relever d’un emballage des évangiles selon une catégorie à la mode en vue de mieux « les faire passer ». Est-ce cela qu’il faut faire ? Les mots


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Le soin de l’humain

de Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine, assassiné avec ses frères moines m’habitent : « le Christ plus grand4 ». Dans ses relations avec les musulmans, il avait pris conscience que le Christ est plus grand que ce que les mots de nos doctrines et de nos prières peuvent en dire. Quand il est question du Christ, ne s’agit-il pas de le revêtir plutôt que de le vêtir de nos propres mots, selon les mots de saint Paul aux Galates (3,26-28) ? En partant dans cette direction, je fais aussi miens, j’essaie de faire miens les mots de Dietrich Bonhoeffer et sa préoccupation qui m’habitent maintenant : « Comment le Christ peut-il devenir aussi le Seigneur des non-religieux5 ? » Essayons-nous un peu à laisser venir ce qui vient quand on veut réfléchir à ce titre donné au Christ. Est-ce le Christ guérisseur ? Celui qui fait des miracles ? « Le Christ thérapeute » voudrait redire que ce dont il s’agit avec lui, c’est toute la vie de l’homme. Tout l’homme sauf, tout l’homme sain, tout l’homme sauvé. Pas seulement dans son âme. Pas seulement pour la vie intérieure. Mais aussi pour son corps. On voudrait aussi souligner que la relation à lui n’est pas quelconque ou d’importance mineure. C’est en cette relation que cela se passe, en elle qu’advient la guérison de l’homme. En cette relation de confiance et non pas de la seule reconnaissance d’une idéologie religieuse chrétienne. Esquissons quelques pistes dans cette direction. Je vois trois déplacements qui viennent à partir de ce point de vue du Christ thérapeute. 1. En premier lieu, un déplacement en ce qui concerne Dieu. On peut se demander si de nos jours la question de Dieu ne s’est pas un peu déplacée. Elle serait moins de savoir si Dieu existe et ce qu’il est que celle-ci : qu’est-ce qui arrive quand on croit en Dieu ? On pose alors la question de la fonction de Dieu. Non pas nécessairement pour ramener Dieu dans l’utilitaire et le faire servir à nos desseins — ce qui arrive toujours plus ou moins bien sûr — mais pour vérifier quels effets salutaires ou éventuellement pervers peut produire la foi en Dieu, comme la non-foi aussi. 4.¥C. Salenson, Christian de Chergé. Une théologie de l’espérance, Paris, Bayard, 2009. 5.¥A. Corbic, Bonhoeffer. Le Seigneur des non-religieux, Paris, Franciscaines, 2001.


TABLE DES MATIÈRES

Préface, par Maurice Bellet

………………………………………

5

Pourquoi ce livre ? …………………………………………………

7

Première partie le soin de l’humain Chapitre Ier. Le christ thérapeute ? …………………………………

13

Chapitre II. L’Évangile : idéal ou guérison ? ………………………

22

Chapitre III. La parole qui guérit …………………………………

27

Chapitre IV. Les guérisons

31

………………………………………

Chapitre V. Possessions et dépossessions dans les évangiles

……

36

Chapitre VI. Psychothérapie et vie spirituelle …………………… 1. Parler ………………………………………………………… 2. Cet obscur objet du désir ……………………………………… 3. Vivre en relation ……………………………………………… 4. « En thérapie… ma foi oui, ma foi non » ………………………

39 39 40 44 46

Chapitre VII. Va, ta foi t’a sauvé …………………………………

48

Chapitre VIII. La peur et la foi ……………………………………

52

Chapitre IX. Les crises de la vie et la vie spirituelle ……………… 1. Les crises dans la vie …………………………………………… 2. Les crises dans la vie sont inévitables ……………………………

56 56 57


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Table des matières

3. Ces crises peuvent être lieu d’approfondissement personnel …… 4. Insuffisances de la vie spirituelle ordinaire devant ces crises …… 5. Nécessité de la vie spirituelle pour porter les crises de la vie ……… 6. Crises et vie spirituelle …………………………………………

59 60 63 64

Deuxième partie remettre en chemin Chapitre Ier. L’Évangile est voie ……………………………………

81

Chapitre II. Pour trouver sa voie… ………………………………

87

Chapitre III. La traversée ………………………………………… 1. L’écoute ……………………………………………………… 2. Faire la vérité ………………………………………………… 3. Les décisions, les choix …………………………………………

92 92 93 95

Chapitre IV. Vers l’autre rive ………………………………………

98

Chapitre V. Aller vers les commencements ……………………… 103 Chapitre VI. D’exil et de commencement…

…………………… 106

Chapitre VII. La conversion ……………………………………… 1. L’enjeu ……………………………………………………… 2. Un processus ………………………………………………… 3. Est-il possible de changer ? …………………………………… 4. Que peut-on attendre de Dieu ? ………………………………… 5. Les crises de la vie ……………………………………………… 6. Se convertir : trois mots du Nouveau Testament ………………… 7. Le travail de conversion ………………………………………

110 111 116 117 118 119 120 123

Chapitre VIII. Qui est l’autre ? …………………………………… 127 Chapitre IX. La plainte d’être né ………………………………… 132 Troisième partie dieu est dans l’ouvert Chapitre Ier. Le lieu de dieu : l’ouvert

…………………………… 137

Chapitre II. L’insaisissable ………………………………………… 141 1. Il y a quelque chose qui traverse notre vie ……………………… 141 2. Ne pas perdre ………………………………………………… 142


Table des matières 3. L’insaisissable et le vide …………………………………………

Chapitre III. Une oreille pour entendre Chapitre IV. À l’écoute des évangiles

251

143

………………………… 146 …………………………… 149

Chapitre V. L’homme devant la Parole …………………………… 1. Au commencement est la Parole ……………………………… 2. L’homme ne vit pas que de pain mais de la Parole ……………… 3. L’accès à la Parole est l’écoute …………………………………

154 154 156 156

Chapitre VI. À tombeau ouvert ! ………………………………… 158 Chapitre VII. L’au-delà …………………………………………… 1. L’au-delà ? …………………………………………………… 2. Dieu ………………………………………………………… 3. Le Très-Bas …………………………………………………… 4. La non-clôture : le passage ……………………………………… 5. L’inimaginable ………………………………………………… 6. L’autre rive …………………………………………………… 7. L’excès …………………………………………………………

164 164 165 167 168 169 171 172

Chapitre VIII. Les tentations de Jésus …………………………… 175 Chapitre IX. Sujet de sa propre vie

……………………………… 185

Quatrième partie inventer un langage Chapitre Ier. Vicissitudes du langage chrétien …………………… 1. L’abstraction ………………………………………………… 2. Un langage sacral ……………………………………………… 3. Le Lieu d’où l’on parle ………………………………………… 4. Une lecture …………………………………………………… 5. Un idéal ? ………………………………………………………

193 194 195 196 197 198

Chapitre II. La surcharge ………………………………………… 202 Chapitre III. Quel salut ? ………………………………………… 206 Chapitre IV. Le salut vient de l’intérieur ………………………… 212 Chapitre V. Pénètre dans ton cœur ……………………………… 215 Chapitre VI. Jésus et les symboles ………………………………… 218


252

Table des matières

Chapitre VII. Des récits pour vivre ……………………………… 223 Chapitre VIII. Un langage pour l’Évangile ……………………… 226 Chapitre IX. Vivre à partir du manque ou les Béatitudes ………… 234 conclusion Conclusion ………………………………………………………… 243 Bibliographie ……………………………………………………… 247 Table des matières ………………………………………………… 249



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Hubert THOMAS est moine bénédictin de Wavreumont-Stavelot en Belgique, depuis 1962. Pendant plus de vingt ans, il a travaillé comme animateur dans un centre de soins pour toxicomanes. C’est à partir de cette expérience, celle aussi de l’accueil des personnes divorcées, qu’il réfléchit sur l’Évangile et sur sa transmission.

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Ce livre est à la fois l’expression d’une pratique inventive de la foi et une réflexion sur elle, animées par le désir et le goût de Dieu, éclairées sans cesse par une lecture intelligente et priante des Évangiles. Il s’agit de « faire la vérité ». Au fil des pages, on prend conscience que l’auteur propose un itinéraire de recréation. Libéré de la peur, le lecteur entre dans le renouvellement de son être et découvre à frais nouveaux les linéaments d’une nouvelle Imitation de Jésus-Christ pour le XXIe siècle.

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