Extrait turner editions pimientos p1 13

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Le lac de Lauerz aquarelle sur papier, collection privée, photo © Agnew’s, London

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a peinture de paysage a changé de visage avec William Turner. Ce fils de barbier londonien, devenu membre de l’Académie Royale de Peinture à 24 ans, est le plus grand peintre anglais de son siècle. Un peintre de marines pour la plupart des amateurs d’art qui frissonnent devant ses scènes de naufrage et de tempête, où ciel et mer s’entre-déchirent. On découvre qu’il est aussi un peintre de la montagne, lui qu’enfant on surnomme « le Prince des rochers », tant il aime escalader les gorges du comté d’Avon pour les capturer sur papier. Ainsi, parmi les quelque 20 000 aquarelles et 300 peintures que Turner laisse à sa mort en 1851, plusieurs milliers d’œuvres élèvent leur ligne d’horizon au-dessus du niveau de la mer : au sommet des Alpes. Imaginons comme il dut être déroutant pour l’insulaire qui avait appris à transfigurer le liquide et l’aérien, à creuser le lointain à l’infini, de se retrouver encerclé non plus par l’eau mais par la roche, dans un panorama faramineux, que peu de touristes et encore moins d’artistes avaient eu le loisir d’admirer avant lui. Les Alpes seront la grande aventure de Turner en ce qu’il en est un défricheur, un témoin. Son absolue virtuosité vaincra leur étrangeté, repoussera les limites imposées par la Nature. L’artiste traversera près de dix fois la Manche pour gravir des cols quasiment inaccessibles, à dos de mulet ou à pied. Les Alpes, en France et en Suisse surtout, lui seront aussi familières que les pavés de Londres. Là-haut, il copie d’abord la nature puis invente un nouveau genre paysager. Ou plutôt, c’est la montagne qui s’offre à lui pour devenir le cadre de tous les genres. Turner en fait pour tous les goûts : vues pittoresques avec bergers et montagnards, grandes scènes classiques sur thème biblique ou mythologique, expérimentations colorées dans sa veine « atmosphérique », toutes les facettes du paysage de montagne sont à son catalogue. Le plus remarquable est l’audace avec laquelle il s’approprie ce décor, parvient à bousculer les conventions — tant techniques que théoriques — pour créer des œuvres totalement nouvelles, porteuses d’une modernité qui fera de lui un précurseur de l’impressionnisme. Les Alpes n’avaient pas besoin d’un peintre anglais pour qu’on les regarde. Mais à paysage extraordinaire, Turner répond peinture extraordinaire. Et après lui, on les verra autrement.

Val d’Aoste vers 1820, aquarelle, 30,2 x 40,8 cm, British Museum 4


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Pages précédentes : Le Blue Rigi, lac de Lucerne — Sunrise 1842, aquarelle sur papier, 29,7 x 45 cm, collection privée

Le premier bateau à vapeur sur le lac de Lucerne en 1841 aquarelle sur papier, University College London

Fluelen : matin (en regardant vers le lac) 1845, aquarelle et gouache, Yale Center for British Art

Pages suivantes : Grenoble vue depuis la rivière Drac avec le Mont Blanc à l’horizon vers 1802, huile sur toile, 64,1 x 36,2 cm ,Tate Collection

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Lac Thun aquarelle sur papier, collection privée

La Via Mala, vue de Thusis Tate Collection

The Lauerzersee with Schwyz and the Mythen aquarelle, 22.5 x 28.6 cm, collection privée

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