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LA CRÉATION CONTEMPORAINE AU FESTIVAL D’AIX DE 1949 À 1971 La Turangalïla-Symphonie par Olivier Messiaen, 1950 La Turangalîla-Symphonie fut donnée en première audition en Europe le 25 juillet 1950. Nous reproduisons ici l’introduction du texte écrit par Olivier Messiaen pour présenter son œuvre dans le programme. Cette œuvre est un chant d’amour. Commandée en 1945 par Serge Koussevitzky et la Fondation Koussevitzky pour le Boston Symphony Orchestra, elle a été écrite et orchestrée du 17 juillet 1946 au 29 novembre 1948. La première audition aux États-Unis en a été donnée à Boston (Symphony Hall) le 2 décembre 1949 […] avec Yvonne Loriod au piano solo et Ginette Martenot aux ondes, sous la direction de Léonard Bernstein. Outre les bois traditionnels et le quintette à cordes, la composition orchestrale de turangalîla-Symphonie est des plus variées. Pour les cuivres : aux cors, trombones et tuba, s’adjoint un important pupitre de trompettes (petite trompette en ré, 3 trompettes en ut, cornet en si bémol). Les 3 claviers : jeu de timbres, célesta, vibraphone, ont un rôle spécial, assez semblable à celui des « gamelang » hindous, tels qu’ils se

pratiquent au îles de la Sonde (Java et Bali). La batterie, très fournie, exécute de véritables contrepoints rythmiques, et comprend : triangle, temple-block, wood-block, petite cymbale turque, cymbale, cymbale chinoise, tam-tam, tambour de basque, maracas, tambourin provençal, caisse claire, grosse caisse, huit cloches en tube. De plus, une « onde Martenot » (admirable instrument radio-électrique) domine l’orchestre de sa voix expressive. Enfin, une partie de piano solo, d’une extrême difficulté, destinée à « diamanter » l’orchestre de traits brillants, de grappes d’accords, de chants d’oiseaux, fait presque de turangalîla-Symphonie un concerto pour piano et orchestre. La turangalîla-Symphonie est écrite dans un langage rythmique très spécial, et utilise plusieurs principes rythmiques nouveaux (ordres quantitatif, dynamique, cinématique, phonétique, valeurs ajoutées, rythmes non-rétrogradables, agrandissement asymétriques à plusieurs personnages rythmiques, modes rythmiques et union des ordres quantitatif et phonétique en renforçant les valeurs et le timbre de chaque instrument de la batterie par des accords qui en sont la résonance). Graziella Sciutti et Michel Roux, décors de François Ganeau.

Le téléphone, de Gian-Carlo Menotti, texte de Marc Pincherle pour le programme du Festival de 1951 On a tant et tant parlé de Gian-Carlo Menotti, à l’occasion du Consul, qu’il me semble utile de donner sur sa carrière quelques renseignements précis. […] Bien qu’il ait écrit de la musique instrumentale […], son principal effort s’est porté sur le théâtre lyrique, vers lequel l’attirait un assez rare ensemble de dons : il est à la fois le librettiste, le compositeur et le metteur en scène de toutes ses

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œuvres dramatiques […]. the telephone a été créé à New York le 18 février 1947, sous la direction de l’auteur. […] En mettant cette intrigue en musique, Menotti, sans la ralentir ou la faire dévier d’une ligne, a fait le plus plaisant comprimé de toutes les situations, de tous les ingrédients traditionnels de l’ancienne opera-buffa. L’air tendre, l’air à vocalises, le duettino d’amour, l’éclat de rire, tout cela est

Gian Garlo Menotti, à gauche, et Gabriel Dussurget, au centre.

enchaîné, incorporé au dialogue avec une adresse incomparable. le téléphone peut le plus légitimement du monde servir de lever de rideau au Mariage Secret. Son italianisme n’est pas, comme on l’a parfois avancé, celui des véristes de l’époque 1900, mais bien celui qui anime les intermezzi du dixhuitième siècle, transposé à l’époque où nous sommes, et tel que, vraisemblablement, Pergolese, Galuppi, Cimarosa aimeraient à y reconnaître leur descendance.

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