LEGISLATIVES 2012

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CEVIPOF

LÉGISLATIVES 2012 L’UMP PIÉGÉE

LE PS PLÉBISCITÉ

LE FN BRIDÉ

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Tous les ministres ont ÊtÊ Êlus ou rÊÊlus. La vague rose s’enrichit de nombreux quadras et de femmes.

Sa poussÊe est entravÊe par la faiblesse de son implantation locale et limite la portÊe de son retour à l’AssemblÊe.

Les dissidences ĂŠlectorales de la droite et du centre ont dynamisĂŠ le PS qui gagne la majoritĂŠ absolue en sièges, rĂŠĂŠditant l’exploit de 1981. PASCAL PERRINEAU

Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

A A

vec 44,6 % des ĂŠlecteurs inscrits, l’abstention de ce second tour des ĂŠlections lĂŠgislatives a encore battu un record. Ces ĂŠlections qui existent dans l’ombre de l’Êlection prĂŠsidentielle ne mobilisent pas et sont considĂŠrĂŠes comme des ĂŠlections secondes qui reçoivent leur logique de fonctionnement de la première. Mais, encore plus qu’en 2002 (39,7 % d’abstentions au second tour) et 2007 (40 %), l’abstention s’est envolĂŠe. Cet envol est largement dĂť Ă une campagne d’entre-deux-tours particulièrement mĂŠdiocre oĂš, entre l’affaire du tweet de la compagne du prĂŠsident et le gag humoristique dont a ĂŠtĂŠ victime Nadine Morano, on pouvait avoir l’impression que rien ne se disait et que le pays continuait Ă ignorer superbement les en-

jeux ĂŠconomiques et financiers d’une Europe en crise grave. Pour ceux qui ont surmontĂŠ cette faible attirance des urnes lĂŠgislatives, la logique de confirmation du choix prĂŠsidentiel a jouĂŠ Ă plein. Comme en 1981, mais sur un mode mineur, le Parti socialiste, qui avait gagnĂŠ l’Êlection prĂŠsidentielle, a remportĂŠ une majoritĂŠ absolue de sièges Ă l’issue du second tour des ĂŠlections lĂŠgislatives. En 1981, François Mitterrand avait attirĂŠ 51,8 % des suffrages et le PS et ses alliĂŠs directs, quelques semaines plus tard, 58 % des sièges. Cette fois-ci, François Hollande a rassemblĂŠ 51,6 % des suffrages et le PS et ses alliĂŠs immĂŠdiats, cinq semaines plus tard, 54 % des sièges. MĂŞme si la dynamique est moins importante qu’en 1981, elle est bien rĂŠelle et la gauche a dĂŠpassĂŠ, lors de ce second tour, la barre des 50 % de suffrages exprimĂŠs (51 %), la droite modĂŠrĂŠe n’en rassemblant que 44 % et la droite extrĂŞme 3,8 %. Avec un tel rapport de forces, l’UMP et ses alliĂŠs ne pouvaient empĂŞcher la dynamique unitaire autour du PS et la capacitĂŠ de ce dernier Ă dĂŠgager une majoritĂŠ absolue de sièges en sa faveur. Le sondage Ipsos (1) rĂŠalisĂŠ dans les 414 circonscriptions oĂš il y avait un duel entre gauche et droite au second tour, montre que la première a bĂŠnĂŠficiĂŠ de très bons reports de voix entre forces de gauche (78 % des ĂŠlecteurs qui avaient choisi le Front de gauche au premier tour ont votĂŠ en faveur de la gauche au second, 83 % des ĂŠlecteurs d’Europe Écologie Les Verts ont fait de mĂŞme) alors qu’à droite et au centre les reports laissaient Ă dĂŠsirer (49 % seulement des ĂŠlecteurs du FN ont choisi le vote Ă droite au second tour, 52 % des ĂŠlecteurs proches du Modem ont fait le mĂŞme choix). Du fait de cette très bonne discipline Ă gauche, les candidats socialistes et leurs alliĂŠs ont fait le plein des voix et ont pu bĂŠnĂŠficier ici et lĂ de l’apport d’Êlecteurs centristes ou frontis-

tes : 42 % des ĂŠlecteurs qui avaient choisi François Bayrou Ă l’Êlection prĂŠsidentielle ont votĂŠ en faveur de la gauche dans l’ensemble des circonscriptions oĂš il y avait un duel lĂŠgislatif entre droite et gauche, il en a ĂŠtĂŠ de mĂŞme pour 29 % des ĂŠlecteurs qui avaient votĂŠ pour Marine Le Pen. Ces dissidences ĂŠlectorales en provenance du centre et de la droite extrĂŞme ont beaucoup contribuĂŠ Ă la dynamique ĂŠlectorale d’une gauche qui ne rassemblait que 44 % des voix au premier tour de l’Êlection prĂŠsidentielle et 48 % Ă l’issue du premier tour des lĂŠgislatives dans les circonscriptions en ballottage.

Pour la première fois sous la Ve RĂŠpublique, un mĂŞme parti contrĂ´le l’ensemble des dispositifs du pouvoir du plan national au plan local Au lendemain de ces ĂŠlections lĂŠgislatives, la gauche contrĂ´le ainsi 59 % des sièges Ă l’AssemblĂŠe nationale (plus de 340 sièges), le PS et ses alliĂŠs se taillant la part du lion (314 dĂŠputĂŠs soit plus de 9/10e des effectifs de la gauche), Europe Écologie Les Verts rassemblant 17 ĂŠlus et le Front de gauche ĂŠtant ramenĂŠ Ă la portion congrue de 10 dĂŠputĂŠs. Cette victoire socialiste va rendre la tâche plus facile au gouvernement chargĂŠ de mettre en Ĺ“uvre les propositions de François Hollande. Les nĂŠgociations du PS sur ces deux flancs, ĂŠcologiste et communiste, seront plus aisĂŠes. Cependant, on sait que les victoires larges peuvent avoir leurs effets pervers en crĂŠant un phĂŠnomène de ÂŤ majoritĂŠ introuvable Âť oĂš la surenchère peut venir de son propre camp. NĂŠanmoins, pour la première fois sous la Ve RĂŠpublique, un mĂŞme parti

contrĂ´le l’ensemble des dispositifs du pouvoir du plan national au plan local. Le Parti socialiste dirige les deux branches du pouvoir exĂŠcutif, les deux AssemblĂŠes lĂŠgislatives, la quasi-totalitĂŠ des rĂŠgions, la majoritĂŠ des dĂŠpartements et des grandes villes. MĂŞme le gĂŠnĂŠral de Gaulle et le mouvement gaulliste avaient face Ă eux un SĂŠnat plutĂ´t hostile et des pouvoirs locaux rĂŠticents. Il faudra donc que François Hollande parvienne Ă maĂŽtriser cette victoire et que le PS ne cède pas aux tentations du parti hĂŠgĂŠmonique. L’efficacitĂŠ et la cohĂŠrence sont des attributs importants de cette victoire, mais l’absence de diversitĂŠ et de contre-pouvoirs en prĂŠcise les limites. Le PS a presque un devoir de rĂŠussite : tout repose sur ses ĂŠpaules et il lui sera difficile, Ă l’avenir, de faire reposer la responsabilitĂŠ d’Êventuelles difficultĂŠs sur le comportement d’alliĂŠs rĂŠcalcitrants ou d’opposants bornĂŠs et encombrants. Un des dĂŠfis du prochain gouvernement Ayrault sera d’introduire une ouverture vers d’autres horizons que ceux du seul Parti socialiste ou de la seule gauche. Tout gouvernement portĂŠ par une forte majoritĂŠ sait que l’engouement ne dure qu’un moment, que les ÂŤ lunes de miel Âť sont ĂŠphĂŠmères : le PS l’a constatĂŠ très vite après sa victoire de 1981, l’UMP aussi après ses victoires de 2002 et 2007. Le mode de scrutin majoritaire Ă deux tours et la logique de ratification propre aux lĂŠgislatives qui suivent directement une ĂŠlection prĂŠsidentielle amplifient la victoire du courant politique dominant et peuvent donner l’impression d’un mouvement irrĂŠsistible. Cette ÂŤ ivresse Âť de la victoire ne doit pas cacher l’ampleur du retrait abstentionniste (presque 20 millions d’abstentionnistes au second tour sur un corps ĂŠlectoral de 43 millions d’Êlecteurs), la rĂŠsistance d’une droite modĂŠrĂŠe qui rassemble plus de 44 % des suffrages, l’Êvanescence d’un centrisme

indĂŠpendant mais la pĂŠrennitĂŠ d’un centre droit (20 dĂŠputĂŠs appartenant Ă cette mouvance ont ĂŠtĂŠ ĂŠlus) et le maintien, lĂ oĂš il ĂŠtait prĂŠsent, d’un Front national Ă un haut niveau. MĂŞme battue dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, Marine Le Pen a augmentĂŠ son capital ĂŠlectoral, du premier au second tour, de plus de 7 points. Il en a ĂŠtĂŠ de mĂŞme pour les deux dĂŠputĂŠs frontistes ĂŠlus dans la 3e circonscription du Vaucluse (+7,4 pour Marion MarĂŠchal-Le Pen) et la deuxième circonscription du Gard (+8,2 pour Gilbert Collard). Cette sĂŠquence de l’Êlection prĂŠsidentielle et des ĂŠlections lĂŠgislatives qui l’ont suivie ont marquĂŠ un assez profond renouvellement du paysage politique. Les premiers rĂ´les qui s’Êtaient imposĂŠs en 2007 ont quittĂŠ la scène : Nicolas Sarkozy a pris du champ, SĂŠgolène Royal a disparu dans un obscur règlement de comptes interne Ă la famille socialiste, François Bayrou n’a plus d’ancrage territorial, Marine Le Pen a fait oublier la figure tutĂŠlaire de son père. Des cohortes de nouveaux dĂŠputĂŠs oĂš les femmes, les nouvelles gĂŠnĂŠrations et les Français issus de la diversitĂŠ sont plus nombreux, entrent Ă l’AssemblĂŠe nationale. La sociĂŠtĂŠ française a changĂŠ, le système politique ĂŠvolue, les grandes questions sur l’avenir ĂŠconomique et social du pays demeurent. Les rĂŠponses politiques appropriĂŠes de demain, d’oĂš qu’elles viennent, devront prendre en compte ces trois paramètres. (1) Sondage Ipsos pour France TĂŠlĂŠvisions, Radio France, Le Monde et Le Point rĂŠalisĂŠ du 14 au 16 juin auprès d’un ĂŠchantillon de 3092 personnes inscrites sur les listes ĂŠlectorales, reprĂŠsentatif de la population française âgĂŠe de 18 ans et plus PAGES COORDONNÉES PAR JOSSELINE ABONNEAU ÉTUDES POLITIQUES DU ÂŤFIGAROÂť

JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO

L’ex-majoritÊ a ÊtÊ frappÊe par la multiplication des candidats dissidents et la banalisation du Front national.


12 le figaro l cevipof

mardi 19 juin 2012 LE FIGARO

LĂŠgislatives

La grève des urnes se singularise par l’Êmergence d’un ĂŠlectorat jeune intermittent. contre 42,8 %). Le choix de la nouvelle AssemblĂŠe s’est donc fait sans compter les 20 millions d’abstentionnistes qui sont restĂŠs en dehors de la dĂŠcision ĂŠlectorale. Comment interprĂŠter cette grève des urnes ? La rĂŠforme du quinquennat et l’inversion du calendrier ĂŠlectoral depuis 2000 ont crĂŠĂŠ des conditions propices. Les ĂŠlections lĂŠgislatives sont devenues des ĂŠlections secondes, dans l’ombre de l’Êlection prĂŠsidentielle. Elles sont devenues des ĂŠlections de ratification du choix prĂŠsidentiel considĂŠrĂŠ comme dĂŠcisif. L’enjeu des lĂŠgislatives est pourtant crucial. Sans majoritĂŠ au Parlement, le prĂŠsident de la RĂŠpu-

ANNE MUXEL Directrice de recherche CNRS/Sciences Po (Cevipof)

LA SÉQUENCE ĂŠlectorale du printemps 2012 se clĂ´t par une large victoire de la gauche Ă l’AssemblĂŠe nationale, mais aussi par une abstention record pour des ĂŠlections lĂŠgislatives sous la Ve RĂŠpublique. Le second tour des ĂŠlections lĂŠgislatives amplifie encore la dĂŠmobilisation des Français pourtant dĂŠjĂ forte au premier tour (44,4 %

blique est un prĂŠsident sans pouvoir. Le diffĂŠrentiel de participation aux premiers tours de la prĂŠsidentielle et des lĂŠgislatives organisĂŠs dans la foulĂŠe est devenu la règle : – 7,5 points en 2002, – 23,4 points en 2007, – 22,3 points en 2012. Le dĂŠbat sur la nĂŠcessitĂŠ de trouver un autre dispositif et un autre calendrier ĂŠlectoral est lancĂŠ. Celui-ci est complexe : une fusion complète du temps prĂŠsidentiel et du temps lĂŠgislatif pourrait encore renforcer la logique prĂŠsidentielle des institutions.

1er tour

42,8 44,6

2d tour 39,7

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32,1

1993

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35,6 28,9

Source : ministère de l’IntĂŠrieur

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2007

2012

moins de contenus et qui sont de plus en plus arrimĂŠes aux vicissitudes d’une politique spectacle traversĂŠe par des conflits liĂŠs Ă des affaires d’ordre privĂŠ (affaire DSK, l’affaire du tweet de ValĂŠrie Trierweiler, le coup de fil de Nadine Morano). Quoi qu’il en soit, l’abstention de ces deux derniers dimanches confirme bien l’installation dans le paysage ĂŠlectoral d’un ĂŠlectorat devenu intermittent. Il s’agit lĂ d’un modèle de participation qui s’impose et, tout particulièrement, dans les nouvelles gĂŠnĂŠrations. Les deux tiers des 18-24 ans (66 % au premier tour et 63 % au second) sont restĂŠs en dehors du scrutin lĂŠgislatif alors que seul un petit tiers s’Êtait abstenu au premier tour de l’Êlection prĂŠsidentielle. Ce nouveau modèle, marquĂŠ par l’hĂŠsitation et la perplexitĂŠ jusqu’au dernier moment, presque un ĂŠlecteur sur quatre se dĂŠcide le jour mĂŞme du scrutin, par l’intermittence du vote selon l’enjeu du scrutin, et par une abstention qui devient de plus en plus une rĂŠponse ĂŠlectorale en tant que telle, redĂŠfinit non seulement la place et le sens du vote dans nos dĂŠmocraties, mais aussi plus largement les usages contemporains du civisme et de la citoyennetĂŠ. â–

 L’utilisation d’une abstention de nature critique et politique vise à sanctionner les partis au pouvoir 

Politique spectacle

Évolution de l’abstention aux lÊgislatives EN % DES INSCRITS

porteuse de mÊcontentement à l’encontre du pouvoir en place. Lors de ces Êlections lÊgislatives, les Êlecteurs proches du Front national ont ÊtÊ plus nombreux que les autres à rester dans l’abstention au premier comme au second tour : 46 % des Êlecteurs de Marine Le Pen au premier tour de la prÊsidentielle et 58 % au second tour (Son-

L’ampleur de l’abstention doit ĂŞtre remise dans le temps long de la crise de la reprĂŠsentation politique depuis la fin des annĂŠes 1980. La classe politique suscite la mĂŠfiance des Français et nombre d’entre eux se sentent mal reprĂŠsentĂŠs par les grandes forces de gouvernement. Cette situation favorise les votes protestataires pour des forces antisystème ou en marge du système politique, mais cela renforce aussi l’utilisation d’une abstention de nature critique et politique visant Ă sanctionner les partis au pouvoir. Les ĂŠlections intermĂŠdiaires du dernier quinquennat ont toutes battu des records d’une abstention

dages Ipsos). Un malaise Ă l’Êgard de l’ordre bipolaire se manifeste dans l’Êlectorat de François Bayrou Ă la prĂŠsidentielle : 47 % se sont abstenus au premier tour et 49 % au second tour (Sondages Ipsos). Enfin, Ă l’heure oĂš la conjoncture politique et sociale est particulièrement grave en France comme en Europe, l’abstention peut aussi traduire un certain dĂŠsarroi des Français devant des campagnes ĂŠlectorales qui ont de moins en

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Évolution de l’abstention entre les deux tours 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 42,78 %

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2D TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 43,71 %

VARIATION EN POINTS Augmentation

De +2 Ă +4

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De 0 Ă -2

Moins de -2

La RĂŠunion

Mayotte

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N -CalĂŠdonie

PolynĂŠsie fr.

St-Martin et St-BarthĂŠlemy

Les grands corps de l’État aux commandes, les dÊputÊs s’inscrivent dans la routine de soutien au gouvernement. LUC ROUBAN

A

Directeur de recherche CNRS/Sciences Po (Cevipof)

LA MAJORITÉ obtenue par le Parti Socialiste est ĂŠcrasante. Le gouvernement pourra donc compter sur le ÂŤ fait majoritaire Âť pour faire voter les principaux chantiers lĂŠgislatifs (notamment la rĂŠforme fiscale) dès l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement. Les alliĂŠs du PS ne vont pas peser lourd. Le Front de gauche va moins souffrir du nombre de ses ĂŠlus que de l’Êchec de Jean-Luc MĂŠlenchon, hautement significatif du dĂŠcalage entre la rĂŠalitĂŠ sociale et son analyse politique. Le PS peut ainsi se protĂŠger de surenchères en matière sociale. Quant aux ĂŠlus Europe ÉcologieLes Verts (EELV), ils savent bien que leur siège dĂŠpend d’un accord ĂŠlectoral. Ils n’auront pas le poids nĂŠcessaire pour inflĂŠchir la politique ĂŠnergĂŠtique d’autant plus que le ministère chargĂŠ de l’Environnement leur a ĂŠchappĂŠ. Seule la rĂŠforme constitutionnelle (introduction de la propor-

tement de la personnalitĂŠ des candidats et s’associe de manière très variable au vote partisan, comme l’a montrĂŠ l’affaire de La Rochelle. Autant l’Êlection prĂŠsidentielle s’est inscrite dans le rejet d’un candidat, autant les lĂŠgislatives ont produit un simple rĂŠsultat arithmĂŠtique oĂš l’on trouve des parachutĂŠs, des notables vivant de leur rente ĂŠlectorale et des trublions locaux‌ mais oĂš

Le taux record d’abstention a montrĂŠ que le malaise dĂŠmocratique ĂŠtait loin d’avoir ĂŠtĂŠ rĂŠglĂŠ par l’Êlection de François Hollande l’Êlecteur garde toutes ses chances d’être bernĂŠ, surtout lorsqu’il vote Front national. La crise de confiance historique dans le personnel politique ne va pas se dissiper. LĂ , rĂŠside sans doute un vrai danger pour la prĂŠsidence Hollande qui, finalement, va rester seule devant l’opinion, sans fusible. Reste la fonction de contrĂ´le. La grande nouveautĂŠ des campagnes ĂŠlectorales de 2012

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Bordeaux

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Nice

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Lyon

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74 73

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64 tionnelle, limitation du cumul des mandats) et la rĂŠforme territoriale (que faire des dĂŠpartements ?) pourraient susciter d’âpres nĂŠgociations‌ au sein mĂŞme du PS dont le cĹ“ur est constituĂŠ d’Êlus locaux. Bien que majoritairement Ă gauche, le SĂŠnat ne va pas tout entĂŠriner. Enfin, la pression de l’Allemagne conduit Ă aller vers davantage de fĂŠdĂŠralisme budgĂŠtaire, une condition sine qua non posĂŠe par Angela Merkel pour accepter le pacte de croissance. MĂŞme le vote du budget sera encadrĂŠ. Si la fonction lĂŠgislative ordinaire de l’AssemblĂŠe va s’inscrire dans une routine de soutien au gouvernement, sa fonction reprĂŠsentative reste bien compromise. L’AssemblĂŠe a ĂŠtĂŠ mal ĂŠlue. Le taux record d’abstention a montrĂŠ que le malaise dĂŠmocratique ĂŠtait loin d’avoir ĂŠtĂŠ rĂŠglĂŠ par l’Êlection de François Hollande. L’AssemblĂŠe est l’expression appauvrie de la sociĂŠtĂŠ française et semble prisonnière des règles dictĂŠes par les partis politiques. Le vote lĂŠgislatif est cependant un vote sur les politiques publiques (l’emploi, l’Êducation, la santĂŠ, l’immigration), souvent lues et interprĂŠtĂŠes Ă l’aune d’une rĂŠalitĂŠ locale ĂŠtroitement circonscrite. Il dĂŠpend for-

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Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

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Infographie LE FIGARO

Strasbourg

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St-Pierreet-Miquelon

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Wallis-etFutuna

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elle

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DÉPARTEMENTS ET COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER

Martinique

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En gris : absence de second tour dans la circonscription (candidat Êlu dès le premier tour)

Guadeloupe

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LilleRoubaixTourcoing

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER

Diminution

Plus de +4

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Paris

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Toulouse tient à la volontÊ de vÊrifier la crÊdibilitÊ budgÊtaire de toutes les propositions des candidats. La crise appelle la restauration d’une fonction de contrôle forte. On a pu dÊjà constater le rôle nouveau jouÊ par la Cour des comptes dans le dÊbat public.

Fracture sociale entre l’exÊcutif et le lÊgislatif Or force est de constater qu’il existe une fracture sociale entre l’exÊcutif et le lÊgislatif. Si l’AssemblÊe reste fermÊe aux ouvriers et aux employÊs, la majoritÊ des dÊputÊs PS provient de la petite et moyenne fonction publique alors que les rouages ministÊriels sont aux mains de hauts fonctionnaires. Fait nouveau, ces derniers, à l’image du prÊsident et de plusieurs ministres, ont fait des Êcoles de commerce et l’ENA. Une sociologie rapide des directeurs de cabinets et de leurs adjoints nommÊs depuis le 6 mai montre que 58 % d’entre eux viennent de

Montpellier l’ENA (43 % sous les gouvernements Fillon) et que 14 % sont passĂŠs par une ĂŠcole de commerce (14 % ĂŠgalement entre 2007 et 2012). De ce point de vue, rien n’a changĂŠ. Tout est rĂŠuni pour que ces hauts fonctionnaires expĂŠrimentĂŠs (de nombreux jeunes socialistes ont ĂŠtĂŠ indignĂŠs d’être ĂŠcartĂŠs ainsi des ĂŠtats-majors) prennent les choses en main, ce qui permettra au gouvernement de dire ÂŤ non Âť et d’imposer des coupes sombres dans les dĂŠpenses. Le retour des hauts fonctionnaires avec la prĂŠsidence Hollande signifie que la classe politique va perdre le terrain gagnĂŠ pendant les annĂŠes Sarkozy. Le système ĂŠlitaire français retrouve son mouvement de balancier en direction des grands corps de l’État. La dĂŠception risque donc d’être au rendez-vous pour tous les dĂŠputĂŠs de gauche et une politique des ÂŤ territoires Âť qui n’aura pas un sou vaillant. â–

Marseille


l

des voix de droite a empĂŞchĂŠ l’UMP de franchir le seuil des 12,5 % des inscrits nĂŠcessaires pour accĂŠder au second tour. Car le troisième handicap qui fera sans nul doute date dans l’histoire de l’UMP est la rupture de la digue qui devait selon ses fondateurs assurer l’isolement du Front national. Dix ans après, c’est la banalisation du parti lepĂŠniste qui prĂŠvaut pour une fraction des ĂŠlecteurs de la droite qui ont rejoint le FN. Le reflux de l’UMP le 10 juin hors de ses zones de force du pourtour mĂŠditerranĂŠen, du sillon rhodanien et du Nord-Est contraste en effet avec le renforcement du FN dans ces mĂŞmes territoires (cf. cartes UMP et FN). La prĂŠsence du parti de Marine Le Pen le 17 juin dans 57 circonscriptions ne se solde certes que par deux victoires frontistes mais contribue Ă l’affaiblissement de l’UMP : elle est ĂŠvincĂŠe dès le premier tour de 19 circonscriptions oĂš le FN affronte seul la gauche et gagne moins de la moitiĂŠ (13 sur 29) des triangulaires qui l’opposent au FN et Ă la gauche. Au total, l’UMP et ses alliĂŠs comptent 229 ĂŠlus au lieu des 313 sortants. La recomposition de la droite entre un pĂ´le centriste fidèle Ă ses valeurs libĂŠrales et europĂŠennes, condamnant les ÂŤ dĂŠrives droitière Âť de l’UMP et un pĂ´le droitier sĂŠduit par les valeurs nationales du FN est-elle en marche ? â–

Candidats dissidents et banalisation du Front national ont fragmentĂŠ son ĂŠlectorat.

LE 6 MAI 2012, Nicolas Sarkozy est battu mais laisse l’UMP forte d’un capital politique de plus de 16 millions d’Êlecteurs. Le 10 juin, les candidats de l’UMP n’obtiennent qu’à peine plus de 9 millions de suffrages, soit 27,5 % des suffrages, un recul de 12,5 % par rap-

les sondages nous avaient appris durant la campagne que les Français ne voulaient pas d’une quatrième cohabitation.

DĂŠmobilisation Dans les 470 circonscriptions oĂš l’UMP prĂŠsente ses propres candidats, la corrĂŠlation significative entre leurs scores et les niveaux de l’abstention (-0.40) confirme que plus cette dernière a ĂŠtĂŠ ĂŠlevĂŠe, plus le score de l’UMP a flĂŠchi. Car c’est bien de la dĂŠmobilisation des ĂŠlecteurs de l’UMP et non de ceux

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Vote UMP AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 27,12 % 29

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Guyane

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Infographie LE FIGARO

1 PolynĂŠsie fr.

St-Pierreet-Miquelon

St-Martin et St-BarthĂŠlemy

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EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

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Comment un centrisme sans alliance devient fragile.

Guadeloupe

Professeur de l’universitĂŠ FrançoisRabelais (Tours)

FRANÇOIS BAYROU a perdu un triple pari : celui de son destin prĂŠsidentiel, celui de son ancrage parlementaire. Il a aussi perdu le pari du choix stratĂŠgique d’autonomisation de son parti le Mouvement dĂŠmocrate (MoDem), crĂŠĂŠ en 2007 dans la foulĂŠe de l’entredeux-tours prĂŠsidentiel. L’asymĂŠtrie des scrutins prĂŠsidentiel et lĂŠgislatif de 2007 se reproduit en 2012, mais en mode majeur : François Bayrou, qui avait recueilli au soir du premier tour prĂŠsidentiel 9,1 % des suffrages exprimĂŠs (soit une contreperformance par rapport Ă son score prĂŠcĂŠdent de 18,6 %) perd

son mandat parlementaire, dĂŠtenu depuis seize ans dans la deuxième circonscription des PyrĂŠnĂŠes-Atlantiques. Il fait les frais d’une triangulaire, ĂŠchoue significativement (Ă 13 points derrière la candidate socialiste ĂŠlue, Nathalie Chabanne). Mais il ĂŠvite de trois points l’humiliation d’une troisième place (30,1 % des exprimĂŠs contre 27 % Ă Eric Saubatte, le candidat UMP). La sĂŠquence ĂŠlectorale de 2012 se clĂ´t en peau de chagrin, avec seulement deux dĂŠputĂŠs Ă l’AssemblĂŠe nationale (Jean Lassalle rĂŠĂŠlu dans la 4e circonscription des PyrĂŠnĂŠes-Atlantiques, et Thierry Robert ĂŠlu Ă la RĂŠunion). Au premier tour des lĂŠgislatives, le MoDem avait recueilli moins de 2 % des suffrages. Sur 400 candidats prĂŠsentĂŠs sous l’Êtiquette ÂŤ Centre pour la France Âť seulement 7 se sont qualifiĂŠs au second tour.

DÊjà en 1965, Jean Lecanuet voulant  sortir des classifications  avait tentÊ l’aventure d’un centrisme indÊpendant, mais les successives dÊconvenues Êlectorales du Centre dÊmocrate avaient rÊvÊlÊ les fragilitÊs d’un centre sans alliance (41 Êlus aux lÊgislatives de 1967, 34 à celles de 1973).

Bipolarisation confirmĂŠe En 2012, le MoDem n’est pas le seul Ă faire les frais de la domination renforcĂŠe des deux grands partis de gouvernement sur le système politique français, puisque le Front de gauche et le Front national ont ĂŠtĂŠ, eux aussi, rabotĂŠs par une bipolarisation gauche droite une fois encore confirmĂŠe. Sans oublier ici les effets spĂŠcifiques du mode de scrutin uninominal majoritaire Ă deux tours, les deux partis prĂŠsidentiels remportent avec leurs alliĂŠs directs autour de 90 % des sièges.

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Nice

43 07

46

47

Lyon

73

19

24

74

01

69

87

16

64

SYLVIE STRUDEL

Strasbourg 68

70

03

33

Martinique

89

86

Bordeaux

OUTRE-MER

67 88

52

23

17

En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

10

37

79

57 54

45

De 4 Ă 6 De 2 Ă 4

91

36

De 6 Ă 37,8

55

77

41

49

44

De 0,3 Ă 2

08 51

78

72

56

2A Marseille

Montpellier

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER

Wallis-etFutuna

27 28

53

35 66

Toulouse

02 95

61

22

29

91 77 AgglomĂŠration parisienne

60 14

13 2B

59

80 50

11

62

76

Pour 345 candidats

83

93 94

LilleRoubaixTourcoing

AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 1,77 %

75

78 92

Paris

Vote MoDem

38

15

33

Lyon

73

19

24

64

95 74

01

69

87

16

Martinique

Âť

03

Bordeaux

OUTRE-MER

 La fragmentation prÊvaut (‌) Deux millions de voix de droite se sont ÊparpillÊes hors candidatures UMP

39

71

86

90

25

58

18

23

17

Strasbourg 68

70

21

De 3,1 Ă 20 En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

89

37

79

67 88

52

45

36

85

De 20 Ă 37

10

41

49

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De 27 Ă 37

57 54

77

91

72

55

51

78 28

53

56

De 37 Ă 58,1

95

27 61

35

Mayotte

93 94

62

76

Pour 502 candidats EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

75

78 92

Paris LilleRoubaixTourcoing

de la droite tout entière qu’il s’est agi, les scores des candidats des partis de centre droit se rĂŠvĂŠlant quasi indĂŠpendants du niveau de l’abstention. Le second handicap dĂŠcoule justement des difficultĂŠs rencontrĂŠes par l’UMP pour faire rĂŠgner l’ordre ĂŠlectoral dans son camp. C’Êtait pourtant un des objectifs qui avait prĂŠsidĂŠ Ă sa crĂŠation en 2002. Aux termes de dix ans d’efforts de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy pour restaurer l’unitĂŠ de leur camp, c’est sa fragmentation qui prĂŠvaut aujourd’hui. Un peu plus de 600 candidats appartenant Ă des formations centristes et des personnalitĂŠs locales en dissidence avec leur parti ont concurrencĂŠ le 10 juin les candidats de l’UMP. Ils ont rassemblĂŠ 7,2 % des suffrages (au lieu de 5,8 % en 2007) au dĂŠtriment d’un vote utile en faveur de l’UMP. Dans un nombre non nĂŠgligeable de circonscriptions, la droite a comptĂŠ jusqu’à 5 candidats‌ et 2 millions de voix de droite se sont ĂŠparpillĂŠes hors candidatures UMP. Sur les 19 duels gauche-FN de second tour, on peut estimer que dans 7 cas au moins la dispersion

06

04

84 13

83

11 2B 66

La RĂŠunion

Mayotte

Guyane

2A Toulouse

Marseille

Montpellier

Infographie LE FIGARO

Directeur de recherche honoraires, chercheur associĂŠ au Cevipof

Nelle-CalĂŠdonie

13

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie

PolynĂŠsie fr.

En revanche, le MoDem paye le prix d’un double choix stratĂŠgique de son prĂŠsident, dont les inconvĂŠnients se sont cumulĂŠs : en prĂ´nant l’indĂŠpendance du parti et en rompant les amarres historiques d’avec la droite au risque de la ÂŤ minorisation Âť et de la marginalisation ; en affichant un soutien ÂŤ personnel Âť Ă François Hollande, mais sans appel Ă voter pour le candidat de gauche au risque de l’incomprĂŠhension et de

Wallis-etFutuna

St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy

l’Êvaporation d’une partie de ses ĂŠlecteurs (et de soutiens ĂŠventuels au-delĂ de ses bases). La machine Ă gagner de 2007 s’est muĂŠe en machine Ă perdre. DĂŠsormais se pose la question du devenir du centre en situation de bipartisme imparfait, de la reconfiguration stratĂŠgique de formations centristes ĂŠmiettĂŠes, du destin d’un parti marginalisĂŠ et de l’avenir personnel de François Bayrou. â–

ÂŤ

2

3

4

7

8

9 10 11

5

6

Le MoDem paye le prix d’un double choix stratÊgique de son prÊsident, dont les inconvÊnients se sont cumulÊs

Âť

A

port au score lĂŠgislatif de 2007. La dĂŠfaite confirmĂŠe du second tour sanctionne les difficultĂŠs rencontrĂŠes par l’UMP pour surmonter trois handicaps. Le premier rĂŠsulte du moment politique dĂŠfavorable oĂš s’est jouĂŠ le scrutin lĂŠgislatif. DĂŠmoralisĂŠ par l’Êchec de Nicolas Sarkozy, l’Êlectorat UMP se rĂŠvèle sans surprise dĂŠmobilisĂŠ. Et les appels de ses chefs pour installer une cohabitation sont d’autant plus inaudibles en pĂŠriode ÂŤ d’Êtat de grâce Âť du nouveau pouvoir, que

ELISABETH DUPOIRIER

La RĂŠunion

mardi 19 juin 2012

le figaro cevipof

LĂŠgislatives

Guadeloupe

LE FIGARO


14 le figaro l cevipof

mardi 19 juin 2012 LE FIGARO

LĂŠgislatives

Les succès ministĂŠriels soulignent l’Êtat de grâce de la gauche au pouvoir. circonscriptions, 60 ĂŠtant rĂŠservĂŠes pour un candidat Europe Écologie-Les Verts (EELV), 32 pour un Parti radical de gauche (PRG), 9 pour le Mouvement rĂŠpublicain et citoyen (MRC). Une quarantaine de ces circonscriptions rĂŠservĂŠes ĂŠtaient considĂŠrĂŠes comme gagnables. Mais ces accords, ainsi que certains parachutages ont ĂŠtĂŠ parfois contestĂŠs localement, ce qui a conduit Ă 53 scrutins avec un socialiste dissident. Au soir du premier tour, 23 dĂŠputĂŠs PS avaient ĂŠtĂŠ ĂŠlus contre un seul en 2007. Pratiquement tous les ministres candidats ĂŠtaient en bal-

Professeur Ă Sciences Po Grenoble

COMME on l’a pratiquement toujours observÊ lorsque des lÊgislatives suivent une prÊsidentielle, les Êlections des 10 et 17 juin ont confirmÊ le rÊsultat du scrutin prÊcÊdent et donnÊ au prÊsident Êlu le 6 mai la majoritÊ parlementaire dont il a besoin pour mettre en œuvre son programme. Le PS prÊsentait des candidats dans 459

95

Vote PS

93 94

LilleRoubaixTourcoing

62

59

91 77 AgglomĂŠration parisienne

80

Pour 472 candidats

75

78 92

Paris

AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 29,35 %

76

02

08

60 14

50

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56 44

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

89

De 30 Ă 40

Bordeaux

12

31 09

Nice 05

26

30

06

04

84

2B

Infographie LE FIGARO

Toulouse

Marseille

Montpellier

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie

PolynĂŠsie fr.

Wallis-etFutuna

St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy

2 7

3 8

4

5

6

9 10 11

L’extrême gauche (NPA, LO) disparaÎt du paysage Êlectoral.

45

A

Chercheur CNRS au Cevipof, enseignant Ă Sciences Po

LES RÉSULTATS obtenus par la ÂŤ gauche de la gauche Âť lors des lĂŠgislatives se rĂŠduisent assez fortement Ă ceux du Front de gauche. Ces scrutins se sont inscrits pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO) dans le droit fil de leurs maigres rĂŠsultats Ă la prĂŠsidentielle, voire ils ont amplifiĂŠ cette tendance jusqu’à la quasi-disparition ĂŠlectorale. Avec moins de 1 % des votes exprimĂŠs, les deux formations de l’extrĂŞme gauche (pourtant fortement prĂŠsentes dans quasiment toutes les circonscriptions), signent un très mauvais rĂŠsultat en 2012. Au sein du Front de gauche, le PCF dominait largement les candidatures puisqu’il avait investi 418 candidats, le Parti de gauche reprĂŠsentant le Front de gauche uniquement dans 102 circonscriptions. Les autres composantes du Front de gauche n’Êtaient de fait que très faiblement prĂŠsentes. Les rĂŠsultats du Front de gauche doivent s’apprĂŠcier par rapport Ă trois critères. Le premier est celui

Le PC voudra mesurer le  rendement  d’une stratÊgie Front de gauche par rapport à la traditionnelle union de la gauche pour le Front de gauche. Le fougueux candidat MÊlenchon est-il un  joker  qu’il ne faut sortir que dans des Êlections oÚ son impact personnel peut donner à plein ? Le fait que Jean-Luc MÊlenchon n’ait pu rÊussir son pari, audacieux car le  parachutage  Êtait de trop fraÎche date, est d’autant plus frappant si l’on tient compte de la sociologie de la cir-

conscription très touchĂŠe par les difficultĂŠs et inĂŠgalitĂŠs sociales. Le second critère est celui des rĂŠsultats par rapport aux ĂŠlections lĂŠgislatives de 2007. En 2007, les candidats du PC avaient rĂŠuni au premier tour 4,29 % des exprimĂŠs, soit lĂŠgèrement moins qu’en 2002 (4,91 %). Comparaison faite avec le score du Front de gauche en 2012, il s’agit d’une progression. Mais celle-ci est en trompel’œil car le Front de gauche rassemble d’autres composantes (dont le Parti de gauche de JeanLuc MĂŠlenchon). Le cumul des voix de l’extrĂŞme gauche et celles du PC en 2007 reprĂŠsente 6,57 % des exprimĂŠs. En 2012, dans le contexte d’une quasi-disparition ĂŠlectorale de l’extrĂŞme gauche, ce total est de 7,95 % des exprimĂŠs, soit une faible progression. Ces ĂŠlĂŠments permettront-ils Ă JeanLuc MĂŠlenchon de se positionner comme celui qui a enrayĂŠ l’Êrosion du PC et rĂŠussi la fusion des diffĂŠrentes familles d’Êlecteurs de la ÂŤ gauche de la gauche Âť ? Il pourrait en ĂŞtre tentĂŠ, une fois digĂŠrĂŠ sa dĂŠfaite. Il n’est toutefois pas certain qu’il pourra en convaincre si l’on prend en compte le troisième critère : les sièges de dĂŠputĂŠs obtenus et l’implantation locale. On a re-

21

Guadeloupe

69 63

42

12

30

81 34

Martinique

64

31 65

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05

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82 32

Nice

43 07

46

Lyon

73 38

15

47 40

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01

19

24 33

OUTRE-MER

39

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16

Bordeaux

En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

90

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03 23

17

Strasbourg 68

70

58

18

86

06

04

84 13

83

11 2B 66

La RĂŠunion

Mayotte

2A

Guyane

Toulouse de la dynamique d’ensemble de la sĂŠquence ĂŠlectorale de 2012. Avec 6,95 % des voix au premier tour des lĂŠgislatives, le Front de gauche ne prolonge pas la dynamique prĂŠsidentielle de Jean-Luc MĂŠlenchon. L’Êlimination de ce dernier (moins de 12,5 % des inscrits dans la 11e circonscription du Pas-deCalais au premier tour) face Ă Marine Le Pen et son arrivĂŠe en troisième place derrière le candidat socialiste (finalement ĂŠlu) sonnent comme un rappel aux rĂŠalitĂŠs

89

De 10 Ă 46,57 De 7 Ă 10

67 88

52

37

79

57 54

10

41 36

85

55

77

91

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49

44

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

De 5 Ă 7

08 51

78 28

53

35

De 0,3 Ă 5

BRUNO CAUTRĂˆS

02 95

27 61

56 2A

Guyane

91 77 AgglomĂŠration parisienne

60 14

22

29

59

80

13

66 Mayotte

62

76 50

11

93 94

LilleRoubaixTourcoing

Pour 557 candidats

83

75

78 92

Paris

AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 6,91 %

48

81

65 La RĂŠunion

PRG en totalise 12. Les socialistes n’auront donc pas besoin de nĂŠgocier avec les 17 ĂŠlus EELV, ni avec les 10 Front de gauche pour mettre en Ĺ“uvre leur programme. Tous les ministres en compĂŠtition sont ĂŠlus, y compris Marie-Arlette Carlotti Ă Marseille (51,8 % de suffrages exprimĂŠs) et StĂŠphane Le Foll dans la Sarthe (59,5 %). Ces succès ministĂŠriels sont signe de l’Êtat de grâce dont bĂŠnĂŠficie la nouvelle majoritĂŠ, ils montrent aussi la volontĂŠ de certains ĂŠlecteurs de droite de garder un

Vote Front de gauche

73

34 64

Lyon

38

82 32

Martinique

Cette progression se faisait aussi en attirant des voix qui s’Êtaient portĂŠes sur Jean-Luc MĂŠlenchon et François Bayrou. Souvent, les partis de gouvernement rĂŠalisent de meilleurs scores aux lĂŠgislatives qu’à l’Êlection prĂŠsidentielle. Les rĂŠsultats du 10 juin le montraient clairement aussi bien pour l’UMP que pour le PS. Mais le PS a bĂŠnĂŠficiĂŠ aussi d’une prime au parti vainqueur Ă l’Êlection centrale du système politique. Le deuxième tour confirme et accentue mĂŞme la victoire socialiste que le premier tour laissait prĂŠsager. En pourcentage des suffrages exprimĂŠs, le Parti socialiste totalise

43 07

46

47 40

Guadeloupe

42

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33

OUTRE-MER

63 19

24

En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

Rajeunissement

95 74

01

69

87

16

De 2,2 Ă 30

Le PS a bĂŠnĂŠficiĂŠ d’une prime au parti vainqueur Ă l’Êlection centrale du système politique

03 23

17

ministre dĂŠfendant les intĂŠrĂŞts de leur circonscription. Par rapport Ă 2007, les socialistes et divers gauche gagnent une centaine de sièges. Leur victoire s’accompagne d’une entrĂŠe importante de femmes Ă l’AssemblĂŠe (106 ĂŠlues socialistes sur 280, soit un pourcentage de fĂŠminisation jamais atteint) et d’un rajeunissement, avec l’arrivĂŠe de nombreux quadras. La comparaison des cartes des ĂŠlus socialistes en 2007 et 2012 montre que les zones de force de la gauche modĂŠrĂŠe se sont ĂŠtendues du Sud-Ouest vers le nord du Massif central jusqu’à la SaĂ´ne-et-Loire, et vers le sud le long de la MĂŠditerranĂŠe jusqu’aux Bouches-duRhĂ´ne. Les gains de circonscriptions sont aussi très nombreux dans tout l’Ouest et le long de l’Atlantique en remontant vers le Nord. Les gains sont aussi manifestes dans les grandes agglomĂŠrations, confirmant une poussĂŠe sociologique favorable Ă la gauche modĂŠrĂŠe. Enfin, la crĂŠation de circonscriptions reprĂŠsentant les Français de l’Êtranger n’a pas donnĂŠ le rĂŠsultat prĂŠvu lors du redĂŠcoupage ĂŠlectoral de 2009. Les socialistes y obtiennent 7 ĂŠlus, les ĂŠcologistes 1, l’UMP seulement 3. â–

39

71

86

40,9 %, les divers gauche 3,1 %, le PRG 2,3 %, soit une gauche modĂŠrĂŠe Ă 46,3 % Ă laquelle il faut ajouter 3,6 % d’Êcologistes et 1,1 % de gauche radicale, soit un total gauche Ă 51 % (contre 44,1% pour la droite). La rĂŠpartition des sièges est tout aussi parlante. Le PS obtient la majoritĂŠ absolue avec 302 ĂŠlus socialistes, divers gauche et MRC, le

90

25

58

18

De 50 Ă 67,2 De 40 Ă 50

Strasbourg 68

70

21

37

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67 88

52

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36

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10

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49

57 54

77

91

28

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35

55

51

78

61

22

29

95

27

lottage favorable, même dans des circonscriptions normalement ancrÊes à droite comme celle de François Fillon dans la Sarthe ou de Renaud Muselier à Marseille. Le PS recueillait 34,4 % des suffrages exprimÊs avec ses alliÊs du PRG et divers gauche, contre 29,3 % en 2007. Il obtenait 5,8 points de mieux que François Hollande au premier tour prÊsidentiel, progressant tout particulièrement dans ses zones de force, oÚ son Êlectorat est probablement restÊ plus mobilisÊ.

Marseille

Montpellier

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 elle

N -CalĂŠdonie

PolynĂŠsie fr.

marquÊ que sa gÊographie Êlectorale prÊsentait de nombreuses similitudes avec la gÊographie historique du vote communiste. Le PC voudra sans donc doute mesurer le  rendement  Êlectoral d’une stratÊgie Front de gauche par rapport à la traditionnelle union de la gauche au plan local.

Groupe parlementaire En 2007, le PC avait obtenu 15 sièges de dĂŠputĂŠs, dont certaines figures emblĂŠmatiques en SeineSaint-Denis (Marie-George Buffet, Jean-Pierre Brard, Patrick Braouezec, François Asensi) ou dans le Nord (Alain Bocquet, Marc Dolez). En 2012, plusieurs d’entre eux ont ĂŠtĂŠ devancĂŠs par des candidats PS lors du premier tour (en Seine-Saint-Denis pour Patrick Braouezec, qui s’est finalement maintenu et a ĂŠtĂŠ battu, ou JeanPierre Brard), ont rĂŠalisĂŠ de moins bons scores qu’en 2007 (Marc Dolez dans le Nord) ou n’ont pas profitĂŠ Ă plein de la dynamique de la

Wallis-etFutuna

St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy

gauche. La rĂŠcolte 2012 est donc plus maigre que celle de 2007 en nombre de sièges, seulement 10. Les succès de Marie-George Buffet, Marc Dolez, AndrĂŠ Chassaigne ou Alain Bocquet ne compensent pas le manque Ă gagner. Le Front de gauche ne peut obtenir de groupe parlementaire, sauf se regrouper avec quelques dĂŠputĂŠs de gauche ĂŠlus mais sans groupe ou Ă obtenir un abaissement du seuil Ă 10 dĂŠputĂŠs. Dans la perspective d’une lĂŠgislature marquĂŠe par les rĂŠformes voulues par François Hollande, par la question de la dette publique et de la crise de l’euro, le positionnement du Front de gauche vis-Ă -vis du gouvernement sera une donnĂŠe intĂŠressante Ă suivre. Le PS n’en a pas fini avec le Front de gauche si la question europĂŠenne occupe une place importante dans l’agenda du nouveau pouvoir. La voix de JeanLuc MĂŠlenchon trouvera Ă s’exprimer en dehors des bancs de l’AssemblĂŠe nationale. â–

2

3

4

7

8

9 10 11

5

6

Infographie LE FIGARO

PIERRE BRÉCHON


l

39,2 % au second en moyenne : cette progression avait dĂŠjĂ ĂŠtĂŠ de 13,6 points en 1997 dans la mĂŞme configuration (23,8 % au premier tour et 37,4 % au second). Le report d’Êlecteurs de droite sur le FN pour faire barrage Ă la gauche s’effectuait donc dĂŠjĂ dans des proportions très proches en 1997. De surcroĂŽt, dans les 9 cas de duels FN-droite, la hausse du FN entre les deux tours a ĂŠtĂŠ cette annĂŠe de 16,7 points, soit un gain de mĂŞme ampleur que face Ă la gauche. Ces chiffres relativisent l’idĂŠe que les rĂŠserves de voix du FN ne se situeraient qu’à droite‌ Et dans la mĂŞme configuration, la poussĂŠe frontiste dans l’entre-deux-tours avait ĂŠtĂŠ bien moindre en 1997 : 8,9 points Ă l’Êpoque. Ces chiffres illustrent bien la capacitĂŠ de progression du FN dans l’entre-deux-tours en cas de duel, Florian Philippot gagnant 20points face Ă la gauche en Moselle (46,3 % au second tour) et Lydia SchĂŠnardi 22 points face Ă la droite dans les Alpes-Maritimes (pour atteindre 44,8 %), par exemple. On relèvera que les deux sièges gagnĂŠs par le FN, un des principaux enseignements de ce scrutin, ont ĂŠtĂŠ obtenus dans des triangulaires, la victoire dans le cadre de duels apparaissant encore très difficile, mĂŞme si, avec 49,9 % des suffrages, Marine Le Pen ĂŠchoue de très peu Ă HĂŠnin-Beaumont (Pasde-Calais). â–

La poussĂŠe frontiste est entravĂŠe par la mauvaise implantation locale du parti.

En dĂŠpit d’une bonne dynamique en sa faveur en avril dernier, le mouvement frontiste a pâti d’une dĂŠcote de 4 points au premier tour des lĂŠgislatives : 13,7 % contre 17,9 % pour Marine Le Pen Ă la prĂŠsidentielle. Ce tassement dĂŠjĂ observĂŠ en 2007 et en 2002 s’expli-

taliser sur leur image personnelle. Compte tenu de l’abstention et du score moyen du FN, 61 candidats frontistes Êtaient nÊanmoins en mesure de se maintenir au soir du premier tour. Le pouvoir de nuisance du parti de Marine Le Pen apparaÎt donc bien rÊel cependant, il est nettement moindre qu’en 1997 (133 candidats prÊsents au second tour) mais aussi qu’en 1993 (95 cas). À droite, le souvenir des lÊgislatives de 1997 et de ces 76triangulaires qui s’Êtaient soldÊes par 47 victoires pour la gauche reste cuisant.

95

Vote FN

PorositÊ de l’Êlectorat 75

78 92

Paris

AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 13,6 %

93 94

LilleRoubaixTourcoing

62

Pour 571 candidats

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91 77 AgglomĂŠration parisienne

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50 29 EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

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24

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15

07

82

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34 64 Mayotte

31 65

Guyane

09

2B

11 66

g p

Toulouse

PolynĂŠsie fr.

Wallis-etFutuna

St-Pierreet-Miquelon

2A Marseille

Montpellier

St-Martin et St-BarthĂŠlemy

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER

De 6 Ă 25

1

De 3 Ă 6

2

3

4

5

6

7

8

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Guadeloupe

De nouvelles personnalitÊs locales Êmergent avec l’appui du PS. DANIEL BOIS Directeur de recherche (FNSP) au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po

ÂŤ

En moyenne, dans la soixantaine de circonscriptions ÂŤ rĂŠservĂŠes Âť, les candidats du parti ĂŠcologiste recueillent 24,8 % des suffrages

Âť

Sortis affaiblis de la sĂŠquence ĂŠlectorale de 2007, oĂš les succès des environnementalistes et en particulier de Nicolas Hulot, avaient monopolisĂŠ l’attention des mĂŠdias et des acteurs politiques, les Verts conviennent en 2009 de renouveler leur appareil politique. Une nouvelle organisation, Europe Écologie-Les Verts (EELV), regroupe l’ancien parti des Verts avec des militants des associations environnementales qui ont fait leurs premières armes lors de la campagne de 2007. Cette nouvelle donne permet Ă l’Êcologie politique d’engranger une sĂŠrie de victoires lors des ĂŠlections europĂŠennes de 2009 (16 %), puis au cours des rĂŠgionales de 2010 (12 %), rĂŠussites confirmĂŠes en 2011 par une entrĂŠe

au SĂŠnat, grâce Ă l’appui du Parti socialiste. Fort de ces succès, EELV nĂŠgocie Ă l’automne 2011 un accord ĂŠlectoral très avantageux avec le Parti socialiste : 60 circonscriptions seront rĂŠservĂŠes aux candidats ĂŠcologistes tandis que le Parti socialiste admet une très sĂŠrieuse rĂŠduction du programme nuclĂŠaire Français. Au printemps 2011, les adhĂŠrents Verts ont aussi choisi, non sans hĂŠsitation, leur candidat(e) Ă l’Êlection prĂŠsidentielle : au très populaire, mais pas très ÂŤ Vert Âť, Nicolas Hulot, ils ont prĂŠfĂŠrĂŠ la très rigoureuse Eva Joly, aurĂŠolĂŠe de son passĂŠ de magistrate anticorruption. Ce choix va malheureusement s’avĂŠrer peu judicieux. Très rapidement, Eva Joly perd la confiance du public, parfois en raison de dĂŠclarations ĂŠtranges (l’idĂŠe de supprimer les cĂŠlĂŠbrations du 14-Juillet), le plus souvent par une attitude peu amène, qui lui aliène assez vite le capital de sympathie dont elle disposait Ă l’origine. De sondage en sondage,

69 63

42

47

30

81 34 31

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Nice

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Lyon

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74

01

19

40 64

39

71

87

16 24

Martinique

90

25

03

33

OUTRE-MER

21

86

Bordeaux

De 0,2 Ă 3

Strasbourg 68

70

58

18

23

17

En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

89

37

79

67 88

52

45

36

85

De 25 Ă 52

10

41

49

44

57 54

77

91

72

55

51

78 28

53

56

83

91 77 AgglomĂŠration parisienne

08

95

27 61

35

13

02 60

14

50

22

29

59

80

Pour 462 candidats

06

04

84

93 94

62

76

05

26

75

78 92

Paris LilleRoubaixTourcoing

AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 5,46 %

48

12

40

Nice

43

46

47

Lyon

73

19

33 Martinique

63

74

01

69

87

16

Bordeaux

OUTRE-MER

Vote Europe Écologie-Les Verts

03 23

Âť

95

39

71

86

Certains ĂŠlus de droite parviennent Ă contenir sur leur nom et dans leur territoire la poussĂŠe frontiste

90

25

58

18

Il a par ailleurs ĂŠtĂŠ beaucoup question de la porositĂŠ entre l’Êlectorat de droite et celui du FN durant cette campagne, ce phĂŠnomène devant notamment se manifester par de bons reports des ĂŠlecteurs de droite sur les candidats frontistes restĂŠs en lice au second tour. Dans les 21 cas de duels FN-gauche, le parti frontiste enregistre effectivement un gain de 16,2 points, passant de 23 % au premier tour Ă

ÂŤ

Strasbourg 68

70

21

De 0,7 Ă 10 En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

89

37

79

67 88

52

45

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85

De 10 Ă 14

10

41

49

44

57 54

77

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72

55

51

78 28

53

56

De 14 Ă 18

27 61

22 35

De 18 Ă 42,4

95

Dans les 28 triangulaires oĂš le FN ĂŠtait reprĂŠsentĂŠ cette annĂŠe (4triangulaires annoncĂŠes n’ayant pas eu lieu du fait du retrait de candidats dans l’entre-deux-tours), le bilan est nettement moins lourd pour la droite qu’en 1997. En effet, on dĂŠnombre 14victoires pour la gauche contre 12 pour la droite mais aussi, fait majeur, 2 succès pour le FN avec Gilbert Collard et Marion MarĂŠchal-Le Pen. Dans cette configuration de triangulaire, le FN est passĂŠ en moyenne de 24,5 % au premier tour Ă 22 % au second, soit une baisse de 2,5 points seulement alors qu’il avait reculĂŠ de 5 points en 1997.

06

04

84 13

83

11 2B 66

La RĂŠunion

Mayotte

Guyane

2A Toulouse

Marseille

Montpellier

Infographie LE FIGARO

Directeur du dÊpartement opinion et stratÊgies d’entreprise de l’Ifop

Nelle-CalĂŠdonie

15

FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie

PolynĂŠsie fr.

son potentiel ĂŠlectoral est rĂŠvisĂŠ Ă la baisse. Le verdict ĂŠlectoral du 22 avril confirme son ĂŠchec : 2,3 %.

RĂŠsistance de certains ĂŠlus PS Bon grĂŠ mal grĂŠ, le Parti socialiste va formellement respecter son accord ĂŠlectoral avec EELV : environ 60 candidats Verts ne trouvent en face d’eux aucun concurrent officiel du PS. Mais les socialistes locaux font souvent preuve d’indiscipline. Ainsi Ă Lyon, oĂš le radical de gauche Thierry Braillard, activement soutenu par le maire de Lyon, GĂŠrard Collomb, maintient sa candidature au dĂŠtriment du candidat Vert Philippe Meirieu. Ce cas de figure est la règle plus que l’exception : au total, il se reproduit dans deux tiers des circonscriptions concernĂŠes, avec des rĂŠsultats variables selon que le candidat bĂŠnĂŠficie ou non d’une notoriĂŠtĂŠ locale. Le bilan du premier tour des ĂŠlections lĂŠgislatives tĂŠmoigne

Wallis-etFutuna

St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy

que, lĂ oĂš ils bĂŠnĂŠficient de l’appui du Parti socialiste, les candidats d’Europe Écologie-Les Verts obtiennent des rĂŠsultats honorables. En moyenne, dans la soixantaine de circonscriptions ÂŤ rĂŠservĂŠes Âť, les candidats du parti ĂŠcologiste recueillent 24,8 % des suffrages. Les rĂŠussites de leaders des Verts dĂŠjĂ reconnus peuvent ĂŞtre notĂŠes : la victoire, dès le premier tour de NoĂŤl Mamère dans son fief de Bègles (Gironde), les succès leur assurant la victoire au second tour de François de Rugy Ă Nantes (Loire-Atlantique) (47,8 %) ou de CĂŠcile Duflot Ă Paris (48,7 %). Cette ĂŠlection fait aussi apparaĂŽtre de nouvelles personnalitĂŠs locales telles que Michèle Bonneton dans l’Isère (37,2 %) ou Éric Alauzet Ă Besançon (Doubs) (36,8 %). Mais la concurrence maintenue par la prĂŠsence de candidats qui ne respectent pas l’accord entre EELV et le Parti socialiste occasionne des dĂŠgâts : Ă Lyon, Philippe Meirieu est ĂŠliminĂŠ dès le premier tour. PrĂŠsents dans près de 40 cir-

2

3

4

7

8

9 10 11

5

6

conscriptions au second tour, les candidats d’EELV obtiennent au total 17 ĂŠlus, et donc la possibilitĂŠ de disposer d’un groupe Ă l’AssemblĂŠe. RĂŠsultat qui confirme le succès de leaders connus (CĂŠcile Duflot avec 72,2 %, Denis Baupin avec 64,7 %, François de Rugy avec 58,9 %), mais aussi l’Êmergence d’autres personnalitĂŠs : Michèle Bonneton (Isère), Eva Sas (Essonne), Paul Molac (Morbihan), Danielle Auroi (Puy-de-DĂ´me) ou encore Sergio Coronado (Français de l’Êtranger, deuxième circonscription AmĂŠrique latine, centrale et CaraĂŻbes). Pour tempĂŠrer ce rĂŠel succès des ĂŠcologistes, il faut cependant noter que, lors du premier tour des ĂŠlections lĂŠgislatives, les candidats d’EELV n’ont recueilli qu’environ 4 % des suffrages dans les circonscriptions oĂš ils n’Êtaient pas soutenus par le Parti socialiste. Ce qui tend Ă montrer que, pour les ĂŠcologistes, sauf adoption d’une dose de proportionnelle, hors du Parti socialiste, point de salut. â–

A

que Ă la fois par la forte abstention, qui touche plus particulièrement l’Êlectorat populaire, mais aussi par le fait que près de 20 % des ĂŠlecteurs lepĂŠnistes s’Êtant dĂŠplacĂŠs lors du premier tour des lĂŠgislatives ont votĂŠ UMP. Cela dĂŠmontre la capacitĂŠ de certains ĂŠlus de droite Ă contenir sur leur nom et dans leur territoire la poussĂŠe frontiste et illustre inversement le dĂŠficit d’implantation dont souffre le FN, qui ne parvient pas encore Ă aligner un nombre significatif de candidats connus et reconnus pouvant capi-

JÉRÔME FOURQUET

La RĂŠunion

mardi 19 juin 2012

le figaro cevipof

LĂŠgislatives

Guadeloupe

LE FIGARO


16 le figaro l cevipof

mardi 19 juin 2012 LE FIGARO

LĂŠgislatives

Orientations culturelles, urbanisation, tertiarisation modèlent une nouvelle gÊographie Êlectorale. PASCAL PERRINEAU Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

Paris Lille-Arras

La France de gauche qui se dessine au lendemain du deuxième tour des ĂŠlections lĂŠgislatives renoue avec une gĂŠographie traditionnelle que l’on connaĂŽt bien : celle d’un grand Sud-Ouest qui se retrouve dans une gauche rĂŠpublicaine depuis la fin du XIXe siècle, celle d’une France centrale très laĂŻque et dĂŠtachĂŠe de la religion, celle du Midi rouge du Languedoc-Roussillon jusqu’aux Bouches-duRhĂ´ne et celle d’une France du Nord oĂš la gauche s’Êtait enracinĂŠe dans un vieux tissu industriel. Ă€ ces vieux bastions, se sont ajoutĂŠs, au fil des ans, des pans entiers de l’Ouest oĂš le socialisme pĂŠnètre de vieilles rĂŠgions de droite oĂš la culture catholique est en fort recul. Cette avancĂŠe commencĂŠe il y a plusieurs dĂŠcennies se poursuit avec des percĂŠes ĂŠtonnantes de la gauche dans des dĂŠpartements comme le Maine-et-Loire, la

Infographie LE FIGARO

AgglomĂŠration parisienne

Strasbourg

Lyon Bordeaux

Nice

Mayenne, l’Ouest sarthois ou encore l’Orne. Ă€ l’Est, des terres comme la Savoie, la Meuse ou les Vosges voient d’anciennes contrĂŠes de droite cĂŠder Ă la poussĂŠe socialiste. La droite rĂŠsiste dans l’Ouest intĂŠrieur, le grand bassin parisien, l’Est de tradition rĂŠpublicaine et patriote, les dĂŠpartements de tradition catholique qui vont de la Haute-Savoie au sud du Massif Central ainsi que dans nombre de terres de la Provence et de la cĂ´te mĂŠditerranĂŠenne orientale. Les glissements des valeurs religieuses et des orientations culturelles ainsi que les ĂŠvolutions sociologiques des populations de ces divers territoires contribuent Ă ĂŠclairer ces recompositions de la carte ĂŠlectorale. SĂŠcularisation, libĂŠralisation des prĂŠfĂŠrences culturelles, tertiarisation et urbanisation sont autant de vecteurs de la poussĂŠe de la gauche et de son inscription dans l’espace national. â–

Paris

Val-d’Oise SeineSt-Denis Paris

Hautsde-Seine

Lille-Arras

Yvelines

Val-de-Marne

Nord Pas-deCalais

Essonne

AgglomĂŠration parisienne

Toulouse

CIRCONSCRIPTIONS QUI ONT VOTÉ POUR FRANÇOIS HOLLANDE,

CIRCONSCRIPTIONS QUI ONT VOTÉ POUR NICOLAS SARKOZY,

en % des surages exprimÊs

en % des surages exprimÊs

Plus de 60 De 55 Ă 60

Plus de 60

Somme

Marseille

Montpellier RĂŠsultats au 2 tour de la prĂŠsidentielle dans les circonscriptions de la MĂŠtropole d

Seine-Maritime

Manche

Val-d’Oise

Eure

Calvados

Ardennes

Meuse

Marne

Finistère

Ille-etVilaine

De 55 Ă 60 De 50 Ă 55

LoireAtlantique

Loiret

Vosges

DeuxSèvres

HauteMarne

Yonne

Côte-d’Or

Indre-etLoire

Nièvre

Cher

Allier Creuse

HauteVienne

Charente

RhĂ´ne

Isère

Dordogne

Cantal

De 55 Ă 60 De 50 Ă 55*

Gironde

Lot

De 55 Ă 60 De 50 Ă 55* *Dans le cadre des triangulaires, le score obtenu peut ĂŞtre infĂŠrieur Ă 50 %

Tarn

Gers

Ardèche

DrĂ´me

Hautes-Alpes

Gard

Vaucluse

Alpesde-HauteProvence

HĂŠrault

Bouches-duRhĂ´ne

HauteGaronne

PyrĂŠnĂŠesAtlantiques HautesPyrĂŠnĂŠes

Ariège

PyrĂŠnĂŠesOrientales

Circonscription remportĂŠe par le Modem

AlpesMaritimes

Var

Aude

Marseille

HauteCorse Corsedu-Sud

Circonscription remportĂŠe par le FN ou l’extrĂŞme droite Source : ministère de l’IntĂŠrieur Cartographie rĂŠalisĂŠe avec Philcarto (philcarto.free.fr)

Nice

Aveyron

en % des surages exprimÊs

Plus de 60 (ou candidat ĂŠlu au 1er tour)

Savoie

HauteLoire

Tarn-etGaronne

Landes

Lyon

Haute-Savoie

Lozère

Lot-etGaronne

Circonscriptions gagnÊes par la droite TOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DE L’UMP, NOUVEAU CENTRE, ALLIANCE CENTRISTE, PARTI RADICAL, DIVERS DROITE ET DEBOUT LA RÉPUBLIQUE

Ain

Puy-de-Dôme Loire Corrèze

Bordeaux

Jura

SaĂ´ne-et-Loire Vienne

en % des surages exprimÊs

Plus de 60 (ou candidat ĂŠlu au 1er tour)

Terr.-de-Belfort Doubs

Indre

CharenteMaritime

Strasbourg Haut-Rhin

HauteSaĂ´ne

Loir-etCher

Maineet-Loire

VendĂŠe

TOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DU PS, DU PARTI RADICAL DE GAUCHE, DIVERS GAUCHE ET EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS,

Aube

Mayenne Sarthe

Circonscriptions gagnĂŠes par la gauche

Meurthe-et-Moselle

Seine-etEure-et- Essonne Marne Loir

Côtes-d’Armor

Rapport gauche-droite au second tour des lĂŠgislatives en France mĂŠtropolitaine

A

Moselle Bas-Rhin

Yvelines

Orne

Morbihan De 50 Ă 55

Aisne Oise

Toulouse

Montpellier


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