CHEMINS DE TRAVERSE

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Association ABI/ABO 28 rue Lamartine 69003 Lyon www.abi.abo.free.fr

CHEMINS DE TRAVERSE

ABI/ABO - association 1901 - non assujettie à la TVA N° Siret : 489 407 254 000 23 Code APE : 9001Z N° Licence d’entrepreneur du spectacle : 2-1001808


INTRODUCTION « Pour mieux habiter notre monde, il faut apprendre à redevenir des « itinérants » et à percevoir que notre monde est constitué de lignes » (Yves Citton, à propos de Tim Ingold, « une brève histoire des lignes » in RdL n° 4, 01/03/2012)

Ce projet s'inscrit dans une démarche de création partagée menée par le collectif ABI/ABO sur le territoire du Grand Parc et en partenariat avec lui depuis 2008. Il a été écrit par le collectif ABI/ABO en concertation avec le Grand Parc, les centres sociaux et leurs publics, comme une réponse sensible aux besoins tant d'un territoire qui cherche à inventer de nouveaux usages (le Grand Parc, cf plan directeur 2005/2015, où l'action culturelle et l'art in situ sont d'importance) que d'habitants qui ont besoin d'expérimenter d'autres territoires et de nouvelles manières de s'y rapporter. Ce travail procède du constat des diffcultés spécifques, pour les habitants des quartiers classés en « politique de la ville », à se situer, qui sont à rapprocher de la diffculté à sortir de territoires souvent étroits, comme de la diffculté à se construire une histoire propre, une estime de soi et une perception d'ensemble du monde environnant. Le collectif ABI/ABO mène des actions artistiques dans une perspective interdisciplinaire, collaborative et située, à travers des processus de création qui incluent les lieux où l'action prend place et impliquent le public auquel elle s'adresse. Musique, écriture, arts plastiques, théâtre et arts numériques constituent les composantes combinées de son travail. Le credo de l'association ABI/ABO implique un dialogue non seulement entre les arts mais avec les acteurs de la société civile (acteurs associatifs, habitants, entrepreneurs, urbanistes), avec le monde de la recherche (anthropologues, acousticiens...), avec le politique (élus, collectivités, militants, partis) : un dialogue nourri entre l'art et la cité. Les arts non seulement éclairent la société, mais encore contribuent-ils à son invention : la saisie puis le partage du sensible, que propose toute expérience esthétique, permettent l'émergence d'une chose commune comme d'un espace public.


PRÉSENTATION

Principes de l’action Le collectif ABI/ABO, en résidence sur le Grand Parc de Miribel Jonage, propose à travers des ateliers de création in situ, à des habitants des quartiers classés en « politique de la ville » et en partenariat avec les ACM de ces quartiers, de rentrer dans une démarche de création partagée. Des expériences poursuivies avec le public des ateliers, tant sur leur territoire que sur celui du Grand Parc naîtra une installation pluridisciplinaire in situ, visuelle, sonore, poétique, qui sera proposée au public lors de la fête de l'Automne 2013. Cette année, notre travail explorera la question du monstre et des généalogies. Nos ateliers sont un creuset où s'élabore une proposition artistique interdisciplinaire, résultat d'une collaboration entre des artistes et un public impliqué activement dès le début du processus de création, dans une démarche qui interroge les catégories de l'auteur et de l'oeuvre et explore les possibilités d'une subjectivité plurielle – d'un sujet sans auteur.


LES CHEMINS

Les propositions d'ateliers sont au nombre de sept. Elles seront autant de manières de cartographier l'espace physique et imaginaire exploré au cours de ces ateliers en plein air, soit au Grand Parc, soit sur les territoires de référence des participants. Chacune sera l'occasion d'une approche artistique différente : art plastique, théâtre, musique, écriture...

 Promenade sonore (musique, enregistrement) À l’aide d'outils d'écoute et d'enregistrement sonore, on y apprendra à se déplacer par l'oreille, à s'éveiller à la notion de paysage sonore. Une cartographie où l'évènement prend le pas sur l'objet.  Promenade musicale (musique, jeu instrumental) Collectes de corps sonores (cailloux, branches qui cassent, feuilles qui crissent) et élaboration d'instruments musicaux rudimentaires. Cette promenade s’inscrit dans le son ambiant, et invente une narration musicale en rapport avec le cheminement physique dans le paysage.  Promenade théâtrale (théâtre, oralité) Réécriture « sur le vif » de scénarios de contes et récits populaires, à travers la scénographie qu'en propose spontanément le paysage, où ceux qui s'y promènent, et qui est un prétexte à leurs transformations.  Ateliers d'écritures (le cheminement du récit, écriture) Écrire, c'est inventer un cheminement, activer une mémoire, enrichir un cadre de référence. C'est aussi projeter des paysages, une présence, une action dans un espace et un temps, à la fois fctifs et exploratoires. Dans le miroir de l'écriture, s'inspirant de l'expérience sensible qu'offre le lieu où l'on se tient, on s'interroge et se prépare, presque malgré soi, à en coconstruire le réel. À en transcrire, à en inventer, à en frayer l'expérience : les scénarios possibles, les nominations, les mises en récits et en perspectives. Plusieurs registres seront proposés, d'action en action : fction ; poésie ; vrais ou faux comptes-rendus d'expériences et d'explorations... Le jeu et l'écriture se répondent. Le jeu, c'est d'y inviter le monde en y frayant un passage sous la forme d'un récit, de fragments d'un récit, de leur mise en jeu, comme point de départ, comme passage...  Les chemins du regard (photographie, dessin) Chaque regard est comme un raccourci dans l'espace, parfois un court-circuit. Capter ces cheminements éclairs, découvrir et relever les brèches qu'il ouvre, au moyen de la photographie, du croquis, de la carte, comme autant de manière de se mesurer au paysage.  Paysages corporels, corps dans le paysage (vidéo) Par-delà l’œil qui regarde, le rapport à la nature est d'abord celui d'une co - présence de notre propre corps au monde. Il y sera interrogé à travers la réalisation de compositions plastiques entremêlant et projetant l'un sur l'autre corps et paysage.


 Habiter l'espace (land art, sculpture, scénographie) Assez spontanément, par l'usage que nous en faisons, nous transformons les lieux où nous sommes : déjà, nous les habitons. Interroger les questions d'usage et d'habitat, en en inventant de nouvelles modalités, des classiques cairns et cabanes aux improbables ponts et fenêtres sans rivière ni dehors, nous construirons nos éphémères occupations des lieux.

Ces ateliers auront chacun leur fn en soi. Mais dans le même temps, les matériaux et les formes qui y seront découverts et élaborés seront mis en commun et partagés : ils feront ricochet d'un atelier sur l'autre, créant à l'usage des passerelles, des chemins de traverse entre les participants, les différentes pratiques et les disciplines convoquées. Ils formeront ainsi peu à peu une chose commune à l'ensemble des participants, où, si chacun se retrouve, nul ne peut plus démêler le mien du tien.

MONSTRATION

Au terme des ateliers, qui auront servi de cadre à l'élaboration des matériaux et de la forme de l’œuvre, un temps sera consacré à sa fnalisation puis à sa restitution, ouverte au public, à laquelle seront conviés tous les participants des ateliers. Nous envisageons cette restitution comme une représentation qui aura lieu à l'occasion de la Fête de l'Automne 2012.

L'œuvre fnale sera présentée au public au travers d'une promenade qui permettra d'interroger la relation entre naturel et urbain, à travers des étapes sonores, théâtrales, visuelles et poétiques qui en ponctueront le parcours. C'est à la découverte d'une cartographie imaginaire du Grand parc que le public sera convié. Cette cartographie constituée en atelier pourra servir de support à l'organisation d'expositions sur les territoires des publics, permettant des rencontres inter-quartiers.


Objectifs de l’action Interroger, à travers l'invention d'une cartographie sensible, le territoire du Grand Parc, pris entre l'urbain et le naturel, c'est, pour les centres sociaux (ACM) partenaires de l'action et leur public : - Découvrir l’écosystème et la richesse du parc par l'entremise d'une expérience sensible. Découvrir les composantes d'un espace riche et complexe (tant par son écosystème que par les usages et les territorialités complexes qui s'y déploient) grâce à une pratique artistique sensible, aux moyens d'ateliers collectifs in situ, en interaction avec l’environnement et le territoire.

- S'engager et participer dans la durée à un projet collectif, apprendre à partager une expérience et un travail sensible, à se fédérer - En retour, explorer son propre territoire ; interroger les rapports qu'on entretient avec lui ; croiser cette expérience avec celle d'autres acteurs et d'autres territoires. Ainsi dynamiser entre eux les différents espaces où se déploie l'action (Grand Parc et territoires référents de nos partenaires) : créer des échanges, ouvrir des perspectives, valoriser tant les territoires que les acteurs L'action se déploie à la fois in situ, au Grand Parc, mais aussi out situ, vue et retravaillée depuis les territoires « de référence » des participants. Elle permet de valoriser les participants et le fruit de leurs travaux par un ou plusieurs « rendus publics », qui permettront en même temps la rencontre et les croisements entre des territoires souvent dissociés.

Cette opération permet à la fois de valoriser des territoires et leurs habitants et d'expérimenter un autre rapport au territoire, de « déterritorialiser ».


PRINCIPES D'ORGANISATION Les Ateliers Nous viserons cette année à inscrire dans la durée la collaboration avec les ACM, afn que chaque participant ait la possibilité vivre de bout en bout l'expérience d'un travail de création. Nous faciliterons aussi les croisements inter-quartiers en proposant à tous nos partenaires les mêmes dates d'ateliers, sur le territoire du Grand Parc. Les interventions se dérouleront entre février et novembre 2013 (hors mois d’août). Elles intègreront le « Club » et les « Ateliers » pour proposer de passer de 48 séances à 60. Un groupe est constitué au maximum de 12 enfants afn de correspondre aux capacités de transport d’un mini bus. Chaque intervenant peut accueillir selon sa pratique de 6 à 12 personnes. Ainsi, au delà de 6, les groupes peuvent être divisés en 2 et pris en charge par 2 intervenants. Plusieurs ateliers peuvent être menés en parallèle, et il est donc aussi possible de répartir des groupes venant de territoires différents sur une même journée, dans des activités différentes, en fonction de leurs préférences. La séquence de travail idéale permet à un même groupe de passer à travers plusieurs ateliers de natures différentes, à travers quatre à cinq séances successives. L’intervention est évolutive en fonction de la demande des groupes. Des séances en groupe élargi (addition de plusieurs groupes) sont prévues pour les croisements de territoires, la visite de sites spécifques et les temps d’expositions (sur les quartiers et le parc). Le programme est constitué en fonction des groupes et des croisements possibles entre ces groupes.

Résidence & Monstration Le travail de résidence, intimement lié aux processus des ateliers, renforce l'engagement des publics concernés par l'action. L'ensemble du projet est ainsi sous-tendu par une seule et même dynamique de bout en bout. Le lieu de résidence est le Jardin des Allivoz. Ce travail permet la sélection, la synthèse et l'assemblage des diverses productions


d'atelier. Il mêlera les différentes disciplines convoquées et donnera lieu à une monstration ouverte au public où seront conviés les participants aux ateliers et leurs familles. Elle s'inscrira dans la programmation d'un événement du Grand Parc, la Fête de l'Automne. Celle-ci pourra éventuellement être reconduite en d'autres lieux. Cet évènement prendra la forme d'une promenade (cf chapitre « Monstration »).

ORIENTATION Le Grand Parc Miribel Jonage a fait de l’action culturelle, notamment dans des perspectives d’art du paysage, ou d'art in situ, un élément important de ses orientations à venir (Plan directeur 2005-2015). Par son biais il entend inciter à interroger les relations entre développement urbain et nature. Apprendre à respecter la nature, mais aussi, à travers une pratique artistique sensible, à agir par et avec elle. La donner à voir, à entendre, mais aussi en interroger les usages, la place et la valeur, en particulier dans le cadre des processus de rénovation et de transformation de l'urbain. ABI/ABO propose une démarche qui associe étroitement des publics jeunes à un processus de création exigeant. Elle interroge le rapport que chacun entretient à la nature, à l'urbain, au territoire. Ce projet s'inscrit ainsi dans les logiques de valorisation des quartiers placés en politique de la ville et de leurs habitants, défendues tant par la Ville de Lyon que par la région Rhône Alpes Ce projet rejoint encore leur souci exprimé de soutenir tant le développement personnel des habitants, que leur inscription dans une logique de développement durable sur leur territoire, par sa double dimension naturelle et culturelle. Il s'inscrit en particulier dans le volet culturel du cadrage de la Ville de Lyon : il s'agit en effet d'une action « en lien avec les processus de création », « développant la dimension végétale, environnementale dans des projets artistiques, de préférence dans l’espace public », qui sollicite « la participation des habitants, en particulier ceux qui subissent le plus de diffcultés sociales ou économiques » et dans lequel enfn « la relation aux habitants passe, entre autre, par l’établissement d’un partenariat avec le réseau des acteurs locaux ». Comme le titre l'indique, faire du chemin.


BÉNÉFICIAIRES Les participants, quelle que soit leur discipline et leur qualité, sont le moteur du processus de création : ils sont amenés à donner une forme concrète à l'expérience sensible qui leur est proposée. Le rôle de l'artiste consiste à organiser cette expérience, à en assurer la possibilité, à en recueillir les traces. Ce sont les interactions du groupe avec l'espace physique, comme les interactions à l'intérieur du groupe qui produisent et permettent l'invention formelle, à partir des trames proposées, des outils fournis par l'artiste-intervenant. Cette forme émergente, qu'elle soit enregistrée ou transcrite lors d'une séance suivante, en atelier « écriture » par exemple, ou d’ « enregistrement sonore », pourra être réexploitée comme matrice pour un nouvel atelier. La forme se construit par rhizome : par boutures successives, par prolifération, par jonctions improbables d'éléments hétérogènes – parole d'enfant, geste d'artiste, aléa du chemin. Son aboutissement doit être le résultat de l'interaction complexe entre des lieux, des habitants, un ensemble de pratiques et le résultat de leur application par cet ensemble d'habitants à cet ensemble de lieux, de manière systématique.


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