La Demeure du Chaos - Fragments Alchimiques

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La Demeure du Chaos Fragments Alchimiques

Ĺ“uvres de thierry Ehrmann photographies Marc del Piano

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La Demeure du Chaos Fragments Alchimiques

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Ce qui tombe et (est) ce qui reste pour l’éternité. Le romantisme trouve dans les ruines de la Demeure du Chaos et son alchimie secrète une puissante image du “mal du siècle”.

What falls remains forever. The ruins on the site of the Abode of Chaos and the secret alchemy of the place suggest a powerful Romantic image of “world-weariness”.

Le regard qui passe par le crible de la ruine découvre un paysage d’accumulation par tous les âges et l’humanité qu’il a traversé. Le temps dévorateur est aussi “le temps, ce grand sculpteur”, disait Marguerite Yourcenar. Le regard qui passe par la ruine pour regarder le paysage dans un même temps humanise puissamment celui-là mais aussi l’autonomise, en tant que manifestation de la nature, vision panthéiste, marque de la divinité singulière et universelle.

The eye that sees through the perspective of a ruin discovers a landscape accumulated by all the ages and generations it has experienced. Time is the great undoer of all things, but “time is also a great sculptor,” as Marguerite Yourcenar observed. The gaze that traverses a ruin and simultaneously contemplates the surroundings is a strongly humanised gaze; but it is also an empowered vision – a manifestation of nature, a pantheistic vision, a symbol of singular and universal deity.

The Romantic sees himself in the ruins, and the ruins as an allegory of his own existence. In the early 19th century François-René de Chateaubriand turned the ruin into a veritable aesthetic: Ruins are stronger than new and complete edifices. Ruins lighten walls and allow the gaze to contemplate distant clouds and mountains. For Chateaubriand, time-damaged buildings allow us a longer view of things. The Abode of Chaos is exactly that: a vast black hole giving access to a multi-dimensional universe. In this sense, ruins are like openings to possibilities, or more precisely, places that propose a better appreciation of the landscape. A Romantic symbol of the pinhole viewer, of Brunelleschi’s mirror, of the camera obscura or even the lenses of modern cameras; in this sense the ruin acts as a kind of telescope, and one that has been used to great effect by my friend Marc del Piano.

L’homme romantique se projette dans la ruine, il y voit comme une allégorie de sa propre existence. La ruine que Chateaubriand promeut en véritable esthétique : “Les ruines sont plus fortes que le monument frais et entier. Les ruines permettent d’ajourer les parois et de lancer au loin le regard vers les nues, les montagnes”. Selon lui donc, grâce aux ruines, par essence édifices troués par le temps, “l’horizon recule”. La Demeure du Chaos est ainsi un vaste trou noir pour accéder à un univers à multiples dimensions. En ce sens, la ruine serait comme la condition de possibilité, ou plus précisément le relais du regard sur le paysage. Avatar romantique du sténopé, du dispositif miroitant de Brunelleschi et de la camera obscura ou encore des lentilles de l’appareil photographique moderne, la ruine apparaît dès lors comme un filtre que propose le regard de mon ami Marc del Piano.

D’où, dans ce second mouvement, la naissance du sentiment de sublime : c’est face à la ruine, marque de l’éphémère humain, que la Demeure du Chaos m’apparaît d’autant plus souveraine. Mystique sacralisante, monumentalisation anachronique ou artificielle a posteriori, le rapport aux ruines de la Demeure du Chaos est ambivalent car le trouble fait partie du voyage initiatique que je propose par ce chemin de Damas. Plus qu’une “image survivante”, la ruine est un véritable fragment de réel. Ces pierres dorées, ces pans de mur restent malgré les pluies et le vent au centre du paysage, au détour du chemin : un objet survivant et résistant à toute forme d’attaque. Le ciment des ruines de la Demeure du Chaos est fait du sang des bâtisseurs de cathédrales.

The enlightened gaze generates a sense of the sublime. It is precisely the proximity of the ruin – the ultimate symbol of man’s transience – that makes the Abode of Chaos such a powerful place. A holy site… an a posteriori anachronistic or artificial monument… the ruin’s relationship to the Abode of Chaos is ambivalent... and doubt is part of the initiatory journey that I propose on this Road to Damascus. More than just “surviving images”, ruins are genuine fragments of reality. The sandstone blocks and wall sections at the Abode of Chaos dominate a remote landscape, resisting the elements and the destructive forces they have encountered. The cement of the ruins at the Abode of Chaos contains the blood of cathedral builders.

La ruine a ceci de spécial qu’elle ne dit ni l’accomplissement ni l’aboutissement, comme veut le dire l’œuvre au noir qu’est la Demeure du Chaos. Elle serait comme l’envers du chef-d’œuvre, fantasme et fantôme, qui parcourt tout l’art occidental, art qui rêve de maîtrise, d’achèvement et d’immortalité. Elle serait l’avertissement —salutaire ?— que toute œuvre d’art est, au fil des siècles, mortelle ; mais sa représentation implique en un même temps que le déclin naturel et inéluctable, triste décomposition physique où ne restent que les ruines, retrouve la vie éternelle dans l’agora des éthers : le cybermonde où la Demeure du Chaos / Abode of Chaos devient un virus mutant à l’infini répliquant chaque fragment de ce Chaos Alchimique, Materia Prima de ce XXIème siècle tragique et somptueux.

Generally speaking, ruins do not express fulfillment or completion, at least, not in the deliberate manner of the Abode’s alchemical Nigredo raison d’être. The ruin is like the reverse of a masterpiece... contrasting with the fantasies and phantoms present throughout the history of Western art… an art that dreams of control, completion and immortality. The ruin is a ‘healthy’ reminder that in the long run, all art is mortal; indeed the act of creation simultaneously implies that natural decline is inevitable, a sad physical breakdown where only ruins remain, finds new eternal life in the agora of the ethers: the cyberworld where the Abode of Chaos becomes a mutant virus infinitely replicating each fragment of that primary alchemical raw material, chaos… in this tragic and sumptuous 21st century. thierry Ehrmann

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La Demeure du Chaos - Ĺ“uvres de thierry Ehrmann - photographies Marc del Piano - 2016



organe.org

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PRIX : 5,00 €

ISBN 978-2-9146-7412-6


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