Kaizen 28 – Pour la rentrée, dessinons l’école de demain !

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DOSSIER

BIOMIMÉTISME, LE VIVANT COMME MODÈLE

Voyage au cœur de l’Inde avec les thés Jardins de Gaïa

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n harmonie avec la nature et les hommes qui les produisent, ces thés sont bio, issus de petits producteurs et favorisent un commerce plus juste.

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Magazine bimestriel numéro 28 Septembre - octobre 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Stagiaires pour ce numéro Jessica Robineau & Léa Esmery Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Photo de couverture : © Alberto Ghizzi Panizza/Biosphoto Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

Inspiration nature «

S

i l’on veut s’inscrire dans une démarche biomimétique, il faut vivre nu dans les champs, les forêts », m’a confié Yvan Saint-Jours cet été, dans un élan lexical dont il a seul le secret. « Tu vois, la plus grosse erreur d’Homo sapiens, c’est d’être passé de chasseur-cueilleur nomade à cultivateur-éleveur. Depuis, tout n’est que possession et l’avoir a supplanté l’être. Retrouvons ce mode de vie, si l’on veut sauver l’humanité. On est allés trop loin. Alors, copions la nature, mais vraiment ! T’as déjà vu une sauterelle en robe de soirée ou un têtard en costume ? » Comme nous n’avons pas l’intention de nous appeler Nu magazine, nous n’allons pas vous inviter à tomber la robe et le costume tout de suite. Pourtant, le panorama sociétal et environnemental, après cet été tourmenté, nous indique que le mur approche et que nous continuons d’accélérer, pour paraphraser Edgar Morin. Alors, pour accompagner davantage le changement de société auquel nous aspirons, nous avons décidé de vous offrir quatre pages supplémentaires, dès ce numéro, sans augmenter nos tarifs. Car si le mur approche, les initiatives pour l’éviter se multiplient aussi. Face aux forces mortifères, nous voulons valoriser les énergies de vie. Se reconnecter à la, à notre nature, est sans doute un premier pas. C’est le principe du biomimétisme, que nous explorons dans le dossier de ce numéro. Sans pour autant vivre nu, peut-être pouvons-nous vivre un peu plus en symbiose avec la nature. La voie est à la fois courte et longue. Passer du « tout cerveau » au « tout naturel », ça s’apprend, question d’éducation ! C’est ce que proposent, par exemple, Céline Alvarez, les Mooc et la ME3C. Autant de points de vue, d’outils, à lire dans ce numéro, pour envisager une autre manière d’être au monde. Sur la terrasse où je rédige ces lignes, le vent souffle dans les arbres. Le souffle, voilà ce dont nous avons besoin, pour nous élever au-dessus du mur. Alors, en ce mois de septembre, courez dans la forêt, dans les champs, inspirez, soufflez : la vie est un souffle à entretenir. Pascal Greboval Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

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Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

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34 Dossier

68 Je vais bien, le monde va mieux La sauge

Rencontre Céline Alvarez Transformons l’école

13 Les pièces du puzzle Le vinaigre, à utiliser sans modération ?

72 Do It Yourself Farines, fécules et flocons en cosmétique

17 Portfolio

76 Nos bonnes adresses La Rochelle Le biomimétisme : la nature comme mentor et modèle de durabilité

Laurent Baheux : dans les traces des éléphants d’Afrique 26 Créateurs de culture Les Mooc : une salle de classe ouverte sur le monde

80 Cuisine

50 Portraits Auxiliaires de vie scolaire : ils apportent aide et tendresse aux élèves en situation de handicap 52 Vent d’ailleurs À Rome, un restaurant où la cuisine est sociale 57 Politisons ! par Cyril Dion

Le rosé des prés 87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours 89 Les rendez-vous Kaizen

30 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber 32 Une nouvelle Le Message du serpent de Claire Gratias

58 Et si on le faisait ensemble ? V’île fertile, un maraîchage urbain « dont vous êtes le héros » 63 Goût de l'enfance La méthode éducative 3C : des enfants heureux qui réussissent 67 Écologie intérieure par Gilles Farcet

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92 Paroles de Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi


© Aï Barreyre


Rencontre

Céline Alvarez Transformons l’école Pendant trois ans, Céline Alvarez a porté un projet de classe unique dans la maternelle d’un établissement classé REP (Réseau d'éducation prioritaire) et plan violence à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Son expérience visait à montrer, grâce à un suivi scientifique1 des progrès des enfants, qu'une proposition pédagogique basée sur les mécanismes naturels d'apprentissage leur serait hautement bénéfique. Entretien avec une passionnée de l’éducation. Entretien réalisé par Pascal Greboval. À retrouver en intégralité sur www.kaizen-magazine.com/celine-alvarez-transformons-l-education

Pascal greboval Pourquoi avez-vous décidé de mener une telle expérience ? Céline Alvarez J'étais indignée par les chiffres alarmants de l'échec scolaire. Il faut savoir que, chaque année, 40 % de nos enfants sortent du CM2 avec des acquis fragiles ou insuffisants en mathématiques et en lecture. Les rapports de 2007 et de 2012 du Haut Conseil de l'éducation précisent que ces lacunes empêcheront les enfants de poursuivre une scolarité normale au collège. J'ai toujours été convaincue que l'école nous imposait un fonctionnement inadapté, contraire à nos « lois » d'apprentissage et d'épanouissement, mais ce chiffre fut un déclencheur. Après mes études de linguistique, il m'a décidée à infiltrer le système en passant le concours d'enseignante, et à obtenir carte blanche dans une maternelle où les trois sections étaient mélangées pour « voir » ce que donnerait un environnement de classe plus respectueux des mécanismes naturels d'apprentissage. Les enfants seraient-ils encore autant en difficulté ? Avant de mener cette expérience, j'ai étudié longuement la recherche cognitive, les neurosciences sociales et affectives, la linguistique, ainsi que les travaux de Maria Montessori.

Qu'est-ce que cela vous a appris sur le fonctionnement des enfants ? Une chose merveilleuse : que ce dont ils ont besoin pour apprendre et s'épanouir est d'une simplicité insolente. Encore mieux : nous savons déjà intuitivement ce qui leur est nécessaire. C'est tout l'objet de mon livre 2, inviter tout un chacun à se faire confiance en montrant que nos intuitions sont scientifiquement validées : oui, le jeune être humain possède une intelligence plastique extraordinaire et doit pouvoir bénéficier d'un environnement riche et de qualité ; il apprend en réalisant les expériences qui le motivent, dans un cadre bienveillant, soutenant et encourageant, au sein duquel il ne se sent pas jugé, et où il peut interagir avec des enfants plus jeunes et plus âgés. Ces quelques principes – environnement riche, autonomie, bienveillance et diversité sociale – sont en quelque sorte des lois non négociables de développement. Ils devraient devenir le dénominateur commun de toute initiative pédagogique. La grande révolution de l'éducation aura lieu lorsque nous appliquerons massivement ce que nous savons déjà intuitivement. kaizen • septembre-octobre 2016 • 9


Portfolio

Laurent Baheux Dans les traces des éléphants d’Afrique Zèbres, girafes, hippopotames et léopards défilent en noir et blanc et avec magnificence sous l’objectif de Laurent Baheux. Laissons ce photographe « animaliste », comme il se désigne, nous mener à la découverte du plus grand mammifère terrestre existant : l’éléphant d’Afrique. Propos recueillis par Diane Routex et Pascal Greboval

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Comment avez-vous commencé à photographier les animaux sauvages d’Afrique ? Laurent Baheux Je m’étais fait une place dans la photographie sportive : les trois quarts des sujets que je traitais étaient de nature footballistique et je commençais à être écœuré des problèmes de violence récurrents qui venaient ternir les événements que je couvrais. J’asphyxiais. J’avais envie d’espace et de voir autre chose que des êtres humains. En 2002, j’ai effectué mon premier voyage en Tanzanie avec comme seule envie de me faire plaisir. Puis j’ai multiplié les séjours en Afrique de l’Est et en Afrique australe, tout en continuant à travailler en tant que photographe sportif. Quelques années plus tard, j’ai fini par abandonner le sport et à me consacrer entièrement aux animaux d’Afrique. 18 • kaizen • numéro 28

Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur la vie sauvage africaine et pas sur les papillons de nos régions par exemple ? J’ai toujours été attiré par les gros mammifères, et c’est en Afrique qu’on les trouve. D’ailleurs, l’éléphant d’Afrique est le plus gros animal terrestre. J’aimais aussi l’idée de voir les animaux évoluer dans leur habitat naturel sans véritable supervision humaine. En France, et plus largement en Europe, nous avons mis la nature sous contrôle. En Afrique, il y a des territoires vierges de présence humaine où l’animal peut s’exprimer grandeur nature.


Créateurs de culture

Les Mooc : une salle de classe ouverte sur le monde

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Les Mooc – massive open online courses ou « cours en ligne ouverts à tous » – seraient-ils l’outil idéal pour bâtir la société de demain ? Car ces formations en ligne favorisent la création de liens, malgré les frontières. Et permettent de pallier l’absence d’enseignement universitaire sur la transition. Texte : Aude Raux • Dessins : Cecilia Pepper «

Q

uand j’ai découvert, via les réseaux sociaux, que le mouvement Colibris proposait un Mooc sur les Oasis 1, je me suis dit que je n’étais plus isolé dans ma quête de changement de paradigme. Si les Colibris se mettent, eux aussi, à développer ces échanges, on va pouvoir métamorphoser le monde », confie Philippe Richoux. Du 27 janvier au 10 avril 2016, à l’initiative de l’université des Colibris, s’est déployé sur la toile un Mooc consacré aux Oasis. Pas moins de 25 000 personnes s’y sont inscrites, dont Philippe Richoux, 53 ans, gestionnaire de stocks dans une association bouddhiste. « Avec les Mooc, on se moque de la géographie », constate Rémi Bachelet, enseignant-chercheur à l’École centrale de Lille et fondateur d’un Mooc intitulé Gestion de projet. Ces cours en ligne sont en effet accessibles à tous, quelle que soit sa nationalité ou son lieu de résidence, que l’on soit diplômé ou non. Bref, aucun prérequis n’est exigé. Il suffit de faire son choix parmi la pléthore de plateformes (lire encadré page 29) et de s’inscrire, gratuitement dans la grande majorité des cas. On pourrait comparer le Mooc à une salle de classe mondiale dans laquelle un même cours serait suivi par une enseignante américaine, un ouvrier français, un entrepreneur nigérian et une étudiante chinoise, tous réunis par leur désir d’acquérir de nouvelles compétences. Le Mooc se déroule pendant une période déterminée, entre un à trois mois. Plusieurs formes d’apprentissage y sont systématiquement proposées : des courtes vidéos, dans lesquelles des experts apportent du contenu, des quiz pour que les participants puissent vérifier l’assimilation de

leurs connaissances, des exercices pratiques ou encore des documents à télécharger. Pour Rémi Bachelet, « c’est une façon de mettre en valeur les ressources éducatives libres ».

Construire, ensemble, le contenu pédagogique Surtout, ces cours sont, à divers degrés, vivants : un forum de discussion permet l’échange entre pairs et avec les enseignants afin de co-construire le contenu pédagogique. Les élèves deviennent ainsi acteurs. Le nombre d’apprenants varie de plusieurs milliers à une centaine de milliers. « L’aspect collectiviste est fondamental, souligne Yann Le Beguec, coordinateur de l'université des Colibris et cofondateur du Mooc Concevoir une Oasis. Quand 25 000 personnes réfléchissent, en même temps, aux notions de communication non violente et de gestion des conflits, forcément, c’est enrichissant. On apprend des réponses des autres, mais aussi des questions que se posent les autres. Tout le monde est gagnant. » Sa remarque trouve un écho positif chez Jean-Marie Gilliot, enseignant-chercheur à l’école d’ingénieurs Télécom Bretagne, co-concepteur, en 2013, et coanimateur du premier Mooc francophone ITyPA (Internet, tout y est pour apprendre) : « Le fait d’expliquer aux autres permet de se rendre compte si l’on a vraiment compris. En résumé, pour apprendre, il faut enseigner. » Conséquence : il n’y a plus de relation verticale entre enseigné et enseignant, mais des échanges entre une communauté d’apprenants et une équipe pédagogique. La coopération fait

« Une façon de mettre en valeur les ressources éducatives libres. »

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© François Gilson/Biosphoto


Dossier

Le biomimétisme La nature comme mentor et modèle de durabilité S’inspirer de ce que la nature fait de mieux depuis plus de 3,8 milliards d’années, telle est la belle ambition du biomimétisme. Une approche révolutionnaire scientifique, technique, mais aussi philosophique, qui cherche à comprendre et imiter les « savoir-vivre » inventés par les autres espèces pour les adapter au service des savoir-faire humains, depuis l’industrie jusqu’à l’architecture, en passant par l’organisation de nos villes… Entrons dans l’univers passionnant d’une démarche qui nous reconnecte à l’intelligence de la nature ! Dossier réalisé par Delphine Evesque, Tarik Chekchak et Pascal Greboval

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Et si on le faisait ensemble ?

V’île fertile, un maraîchage urbain « dont vous êtes le héros » Produire une alimentation durable et valoriser les déchets organiques, telle est l’ambition de V’île fertile. Cette association maraîchère participative est implantée, depuis 2013, à Paris, dans le bois de Vincennes. Ses « héros » sont tous des urbains. Texte : Aude Raux • Photos : Éléonore Henry de Frahan

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ans un potager abrité par un rideau d’arbres centenaires du bois de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement de Paris, des citadins se reconnectent à la terre nourricière. Sous la houlette de V’île fertile, une association maraîchère participative, ils se retrouvent bénévolement pour préparer le sol, réaliser du compost, semer, arroser, désherber

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et récolter. « Aucun n’a suivi de formation agricole en bio-intensif [conjugaison de différentes techniques, telles l’agroécologie et la permaculture, visant à produire une alimentation complète sur une petite surface], précise Raphaël Luce, l’un des fondateurs. L’objectif est d’apprendre et de faire ensemble : c’est plus rigolo et puis, tout seul, ce serait impossible. »


La parcelle de légumes croquants – salades, blettes, radis, poireaux, carottes… – s’étend sur 600 m2, à laquelle s’ajoute une serre de 160 m2 qui abrite des tomates plantées dans des seaux en plastique récupérés auprès de la restauration collective.

Un maraîchage urbain participatif En 2013, Raphaël Luce entend parler de l’appel à projets Végétalisation innovante. L’initiative, lancée par la mairie de Paris, vise à promouvoir la biodiversité, l’agriculture urbaine et l’adaptation des villes au changement climatique. Épaulé par deux amis, Raphaël soumet l’idée d’un maraîchage urbain avec vente en direct au détail de légumes bio. Leur projet est sélectionné. Reste à trouver des terres fertiles. Justement, niché aux confins du bois de Vincennes, à 5 minutes à pied du RER A – arrêt Nogent-sur-Marne – se déploie l’incroyable Jardin d’agronomie tropicale, anciennement jardin René-Dumont, du nom de cet agronome engagé dans l’écologie. Cet espace vert a été créé quelques années avant l’Exposition coloniale de 1907. Un siècle plus tard, passée une porte à remonter le temps – d’inspiration chinoise, à la peinture rouge écaillée – on peut encore y voir les ruines d’un pavillon congolais, un pont khmer ou une serre exotique, vestiges du passé colonial de la France. C’est au cœur de ce jardin que V’île fertile est implantée. « Quand la division du bois de Vincennes [qui dépend de la direction des parcs, jardins et espaces verts de la mairie de Paris] nous a fait visiter ce terrain en friche de 1 100 m2 avec sa maison de jardinier, pour le mettre à notre disposition, on a eu un véritable coup de cœur », raconte Raphaël Luce.

indiqué dans la charte de V’île fertile. Puisque tout intrant chimique est banni, les membres de l’association font leur propre compost afin de nourrir le sol avec un engrais naturel riche en matières organiques. Le fait d’être dans le bois de Vincennes leur permet de se fournir en déchets de tonte et en broyat de bois et de concocter du purin d’ortie. Grâce à la proximité de la ville de Nogent-sur-Marne, ils peuvent facilement récupérer les invendus du marché dans un chariot à bras, soit 40 à 50 kilos de déchets organiques par semaine. Autre provenance : le fumier du centre équestre de Joinville-le-Pont. Si ces nouveaux jardiniers expérimentent la rotation des cultures et l’association des plantes, cela ne les empêche pas de commettre des erreurs de débutant, comme de repiquer les courgettes tous les 30 cm au lieu d’un mètre !

Renouer avec la tradition maraîchère francilienne Les membres de V’île fertile s’inspirent du maraîchage bio-intensif, qui consiste notamment à enrichir le sol en humus afin d’intensifier la production sur une petite surface. Ils puisent aussi dans les recherches en agriculture urbaine et les pratiques des maraîchers qui, jusqu’à la fin du XIXe siècle, encerclaient la capitale d’une ceinture verte. « C’est une aventure de pionniers, constate Élodie Mourier, 26 ans, adhérente et assistante monteuse de profession. Quand on a débarqué ici, la parcelle était en friche, il pleuvait dans la serre et on a trouvé un renard mort dans la cave de la maison de jardinier.

Culture en bio-intensif En parallèle à sa candidature à l’appel à projets, l’équipe de V’île fertile avait lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. Presque 6 000 euros avaient été récoltés, principalement pour acheter du matériel, en plusieurs exemplaires étant donné la dimension collaborative. Question main-d’œuvre, les trois amis parviennent à fédérer pas moins de 170 adhérents la première année. Des femmes et des hommes, d’une trentaine d’années en moyenne, habitant Paris et la proche banlieue. Mais, très vite, ce nombre fond à une soixantaine, dont une quinzaine de personnes très actives. Pas de quoi décourager cependant le noyau dur de l’association pour « passer du jardin d’agrément à la production maraîchère urbaine, du flâneur-cueilleur au glaneur-cultivateur », comme

Ici, on apprend à jardiner, mais à jardiner ensemble.

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« Nous avons des ruches nouvelles Faites d'un bois qui vous plaira ; La sauge les parfumera : Posez-vous, abeilles, mes belles ! » François Fabié, extrait du poème « Berger d’abeilles », 1920


je change

Je vais bien, le monde va mieux

Les plantes indispensables à votre santé

La sauge

Au début du XVIIe siècle, les Chinois échangeaient deux à trois caisses de thé contre une caisse de sauge venue d’Europe. Et ils avaient le sentiment d’avoir fait une bonne affaire, car ils considéraient la sauge comme une panacée, remplaçant à elle seule tout un cocktail de plantes médicinales. Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce et Amandine Geers

Son portrait La sauge officinale est une jolie plante veloutée, qui offre au printemps des hampes de fleurs violettes. Ses feuilles, d’un vert bleuté, sont portées par une plante herbacée devenant ligneuse en quelques années et donnant un air de garrigue au carré des simples. Lorsqu’on la froisse, elle libère un arôme puissant, caractéristique, voire quelque peu médicinal.

Ses propriétés Son nom latin Salvia – dérivé de salvus : « en bonne santé » – trahit son efficacité et sa polyvalence, car la sauge soigne tout ou presque. Cela s’explique par sa richesse en principes actifs variés : flavonoïdes anti-inflammatoires, terpènes antimicrobiens, cétones digestives, principes amers stimulant le foie, tanins astringents, etc. En pratique, la sauge est tonique et antifatigue, elle soulage les affections respiratoires et les troubles digestifs, facilite la digestion et atténue les bouffées de chaleur liées à la ménopause. On l’emploie aussi contre la transpira-

tion excessive, l’acné et de nombreux problèmes cutanés. Elle est très réputée pour les soins buccodentaires, notamment pour soulager les maux de gorge et les aphtes. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle donne de beaux reflets aux cheveux foncés.

On la prend comment ? Elle a tant d’usages que nous voilà partis pour les détailler dans un petit catalogue… Sauge fraîche : si vous avez un jardin, au moindre bobo – piqûre d’insecte, écorchure, coupure –, courez à votre pied de sauge et cueillez quelques feuilles qui, malaxées, formeront un cataplasme salutaire à appliquer là où ça fait mal. Infusion : ne le cachons pas, son petit côté amer peut gâcher un peu la tisane. Pour que celle-ci passe mieux, ajoutez-y une pointe de miel. En cas de digestion difficile, de rhume, de fatigue, de bouffées de chaleur, faites infuser environ 1 cuillère à café de feuilles fraîches ou séchées dans une tasse d’eau chaude, à prendre 2 ou 3 fois par jour pendant quelques jours si nécessaire. Mais ne prolongez pas kaizen • septembre-octobre 2016 • 69


DIY

Do It Yourself

Farines, fécules & flocons en cosmétique

Les modes vont et viennent. Allons-nous tenter de relancer celle des perruques poudrées, des dentelles amidonnées et des allitérations en [f] ? Que nenni ! Car farines, fécules et flocons peuvent nous apporter toute leur douceur dans des soins dignes de notre époque. Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce et Amandine Geers 72 • kaizen • numéro 28


je change

Le pois chiche, secret de beauté des Indiennes Les farines à la loupe Utilisées en poudre sèche, les farines et les fécules sont absorbantes – matifiantes –, éclaircissantes et couvrantes. Ainsi, la « poudre de riz » jadis si prisée des élégantes n'était rien d’autre qu'une farine de riz très fine, souvent mêlée à de la poudre d'iris et délicatement colorée et parfumée. Mais l'intérêt cosmétique des farines repose aussi sur l’aptitude de l'amidon, leur principal composant, à former avec l'eau une solution onctueuse – colloïde – qui rappelle la texture du lait. Les farines constituent donc une excellente base pour épaissir et stabiliser les préparations – masques, onguents – tout en augmentant leur douceur et leurs propriétés hydratantes. Les farines sont plus ou moins exfoliantes selon leur type de mouture et leur degré de raffinage. Moins la farine subit de raffinage, plus elle contient de son, c’est-à-dire de fragments d'enveloppe de grains, qui augmentent ses propriétés gommantes. Les farines complètes, très riches en son, peuvent donc être ajoutées à des préparations – huiles, laits… – afin de réaliser des gommages permettant d’éliminer en douceur les cellules mortes qui brouillent le teint. La farine de froment : la farine complète, humectée d’eau pour former une pâte épaisse, donnera un gommage à la fois doux et efficace. Pour cela, employez cette pâte comme une gomme, en effectuant des mouvements circulaires du bout des doigts. Pour simplement épaissir ou adoucir un masque, vous pouvez employer une farine blanche, plus raffinée (voir recettes pages suivantes).

Dès les temps védiques, la future épouse était enduite de pâte de farine de pois chiches avec laquelle parentes et amies la massaient pour lui donner une peau parfaite. Cette tradition se perpétue encore de nos jours en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, souvent désignée par le nom de cérémonie du haldi – nom hindi du curcuma. La pâte, appelée ubtan, est réalisée avec du curcuma, de la farine de pois chiches, du fenugrec, du santal, du safran et de l’huile d’amande douce ou de moutarde. Dans le nord de l’Inde, dans la région du Pendjab, se pratique la cérémonie du mayian. Un jour avant le mariage, la future épouse revêt un sari rouge. Quatre femmes mariées de sa famille lui prodiguent un massage gommant à l’aide de l’ubtan et entonnent des chants traditionnels.

La farine d’avoine : l'avoine est sans aucun doute la plus réputée des céréales utilisées pour les soins de la peau. Elle est reconnue pour être hydratante, émolliente et adoucissante. Elle convient particulièrement aux peaux sensibles. Sa farine est donc recommandée pour adoucir l’eau du bain, voire pour préparer un bain traitant destiné à calmer et hydrater les peaux sensibles, irritées, souffrant d’eczéma. Il existe des bains dermatologiques à base de farine d’avoine en pharmacie, mais il est également facile de réaliser des sachets maison (lire encadré page suivante). La farine de riz : particulièrement douce, elle est très agréable aussi bien dans le bain que sous forme de masque adoucissant. Elle a la réputation d’éclaircir le teint.

Il était une fois Poppée, deuxième épouse de l’empereur Néron, était fort belle et d'une grande coquetterie. On dit même qu'elle aurait inventé à Rome l'usage des masques de beauté. Ainsi, elle appliquait sur son visage, pour conserver la fraîcheur de son teint, des tranches de pain imbibées de lait d'ânesse. À la Renaissance, la recette connut un regain de succès sous le nom de « masque de Poppée ». Témoin de l’intérêt que les Romains portaient aux dérivés des céréales, ce pot d’onguent découvert en 2004 à Londres, dans les eaux de la Tamise. Vieux d’environ 2 000 ans, on y voyait encore la trace des doigts de son utilisatrice. Des chimistes en analysèrent un échantillon et découvrirent qu’il contenait de l'amidon, mêlé à de la graisse animale et à de l'oxyde d'étain. Il s’agissait d’un fond de teint des-

tiné à donner au visage la blancheur virginale prisée à cette époque. C’est aussi dans la quête de cette blancheur que la poudre de riz fut employée en Asie depuis les temps les plus anciens, son usage remontant à plus de 3 000 ans selon certains. Ainsi, en Chine, dans la province de Hubei, on a retrouvé dans la tombe du marquis Yi de Zeng, un riche prince lettré de la période des Royaumes combattants (Ve siècle av. J.-C.), de la poudre de riz conservée dans une boîte en forme de canard. Lorsqu’elle arrivera tardivement en Europe, dans le courant du XIXe siècle, la poudre de riz des Japonaises connaîtra un succès considérable dans les « grands magasins » de la belle époque, dont elle est devenue emblématique.

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Nos bonnes adresses

La Rochelle Un nouvel élan vert La Rochelle est belle et rebelle. Laissez-vous transporter par cette ville ouverte sur la mer et découvrez quelques-unes des adresses tenues par des corsaires passionnés du goût et respectueux de la planète. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret Merci à Jérôme Henry pour son aide précieuse.

Se déplacer Qui dit La Rochelle, dit vélo. C’est dans la Ville blanche, sous l’ère Michel Crépeau, en 1976, que fut créé le premier système de vélos en libre-service de France, qui fonctionne toujours. L’association Vive le vélo, de son côté, propose des ateliers de réparation, ainsi que des balades touristiques et pédagogiques pour découvrir les itinéraires domicile-travail entre La Rochelle et les communes périphériques. Alors, tous en selle pour découvrir les adresses qui suivent !

Manger Étienne, cuisinier de formation, était lassé « de pas mal de choses dans [s]on métier ». En 2004, il crée son restaurant : « J’ai compris la différence entre l’espoir et le désir. On peut espérer qu’il fasse beau, 76 • kaizen • numéro 28

que la mer soit calme, mais on ne peut pas espérer ouvrir un restaurant, créer une autre société, il faut le désirer, et mettre tout en œuvre pour que ce désir se réalise ! La Petite marche, c’est cette notion d’élévation, de grandir pas à pas. » Ainsi poussé par cet élan, il peut se lancer dans ce qu’il appelle la fresh attitude. « Elle consiste à cuisiner des produits frais, de saison, de la région et si possible bio. » Et comme Étienne a envie d’échanger sur l’intérêt de cette démarche, il a pensé son restaurant comme un self-service. « Ça permet de donner les informations quand je sers les plats. » C’est donc dans une ambiance conviviale, en centre-ville, que vous pourrez savourer la cuisine d’Étienne, qui conclut dans un beau sourire : « Cuisiner, c’est résister. » Dans la même logique, il a mis en place, avec l’association Graines de troc, un petit présentoir qui permet d’échanger des graines afin de préserver et découvrir les semences locales. Un peu à l’écart du centre, Étienne a ouvert La Petite épicerie pour trouver un équilibre économique.


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Jean-Yves, fatigué de travailler dans les produits surgelés, saute sur l’occasion lorsque Le Soleil brille pour tout le monde est à reprendre. « Les choix du couple créateur, qui favorisaient le bio et les producteurs locaux, me plaisaient bien ; je me suis donc inscrit dans cette démarche et j’ai conservé le même cuisinier, David. J’avais besoin d’être dans une économie de moyens, d’énergie, de soi. Cette forme de sobriété est positive pour tout le monde. Je préfère privilégier la relation avec les producteurs du territoire que d’avoir un congélateur. » Résultat : d’excellents plats midi et soir, accompagnés de bons vins naturels. Pensez à réserver tôt ! Dénaturer les aliments le moins possible, tel est le principe de la raw food, ou crudivorisme, notamment en ne les cuisant pas au-dessus de 42 degrés. C’est cette approche que Hania et Amjad ont développée au Rawcoco. Dans cette petite échoppe, vous pourrez manger sur le pouce ou prendre à emporter. Préparés avec des produits 100 % bio et de saison, les plats sont conditionnés dans des emballages en amidon de maïs ou en fibres végétales. Ouvert tous les jours depuis fin juin 2016, le restaurant propose quotidiennement trois plats et deux desserts – dont un de chaque végane et sans gluten – cuisinés sur place « avec beaucoup d’amour », insiste la jeune femme. Idéal pour un repas citadin sur le pouce. Dans le nouveau quartier entre le Vieux-Port et les Minimes, derrière la médiathèque, se cache un petit self-service à la cuisine fraîche : My'self e, créé par les aimables Xavier et Betty. Le concept est simple et efficace : on choisit le plat du jour ou une quiche, on compose sa salade et, de fait, on mange vite et bien, de saison et très majoritairement bio. « Nous voulions faire une cantine propre », résume Xavier, ancien navigateur. Pari Réussi. Juste en face se trouve un lieu atypique : The Roof,

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ou comment passer de la mer à la montagne, enfin presque. Au Roof, on grimpe – sans corde –, comme dans une salle d’escalade classique. Les parents seront ravis de pouvoir laisser leurs enfants dès 2 ans dans un espace de motricité libre. Mais The Roof, c’est aussi un petit salon de thé et restaurant mis en place par Mélanie et Benoît où l’on peut manger bio et de saison tous les jours, à l’intérieur ou sur la petite terrasse camouflée derrière des bambous. Un peu plus loin, en se dirigeant vers le port des Minimes, trône un café culturel : Aiôn r. Symbole du temps illimité dans la mythologie grecque, Aiôn est aussi une Scop créée par quatre amis : Quentin, Thomas, Aymeric et Anne. « C’est un bar convivial, intergénérationnel, où le plaisir d’être ensemble n’est pas synonyme de beuverie, explique Quentin. C’est un lieu où la joie se mêle au respect, où l’étonnement côtoie la réflexion. » La programmation se veut donc éclectique : concerts, théâtre, slam, projections, débats, ateliers créatifs – aussi pour les enfants –, repair cafés et apéros Colibris. Et les événements artistiques sont à prix libre ! Pour favoriser les liens, les quatre amis ne servent que des produits locaux et ont mis en place un système de café suspendu. Après un début de carrière comme pâtissière dans les palaces parisiens et californiens, Julie se décide à investir la grande maison familiale pour créer son laboratoire à… chocolats, sous la marque La Cabosse enchantée. Végétarienne et sensible à l’environnement, elle se tourne naturellement vers des produits bio et équitables pour concevoir ses chocolats. « J’ai la chance d’avoir un grand jardin. Pour réaliser mes ganaches, je peux donc y cueillir menthe, sauge ou framboises et les incorporer au chocolat. » Goûter le chocolat de Julie, c’est l’adopter ! Tous les samedis et les premiers et troisièmes mercredis du mois, vous la trouverez sur le marché, rue de la Forme. Et si vous

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Cuisine Cuisine

Le rosé des prés

… notre champignon de Paris sauvage ! C’est dans les vertes prairies et en automne que l’on distingue ces petits bouchons de champagne blancs et veloutés. Sous leur chapeau, des lames rose tendre indiquent leur appartenance à la famille des Agaricacées et leur confèrent leur si joli nom ! Textes et photos : Linda Louis


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Identification d’Agaricus campestris (Agaricacées)

Sauvage & délicieux !

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etournez un agaric champêtre, placez votre nez sur ses lames et humez son parfum brut de champignon blanc… Tout un poème ! C’est à la fin de l’été, quand la fraîcheur des jours commence à générer de la rosée dans les prairies que ce champignon sort le bout de son chapeau. Il forme ici et là des petites touches de blanc réparties en ronds de sorcières reconnaissables de loin. Avant de vous y aventurer, veillez à ce que le lieu ne soit pas privé ou habité par des chevaux ou des vaches qui n’apprécieraient peut-être pas cette intrusion ! Le rosé des prés fait partie de la famille des Agaricacées, comme le champignon de Paris – Agaricus bisporus – et partage avec lui un critère en mycologie : le dessous d’identification essentiel e composé ici de lamelles roses lorsqu’il du chapeau, com est jeune, brunes lorsqu’il vieillit. Ses spores – cellules de reproduction des champignons logées le plus souvent sous le chapeau c – sont brunâtres. Elles nous sont clairem clairement utiles pour déterminer cette espèce, ou du moins sa famille. Faisons un petit jeu je étonnant et pédagogique. Prenez un spécimen de rosé des prés bien bie ouvert – ou un champignon de couche acheté dans votre épice épicerie bio. Retirez le pied et posez so son chapeau côté lames sur une ffeuille de papier blanc. Laissez ain ainsi à température ambiante pendan pendant quelques heures avant d'observer d'observe la couleur de la « sporée ». L’empreinte L’em réalisée formera un anneau large et marron, caracAgaricacées ! Au-delà de son téristique des Ag côté ludique, cette cet expérience permet d’écarter probable avec la sulfureuse famille des la confusion prob Amanitacées, don dont la sporée est blanc crème – à tester donc sur un papie papier foncé. La cueillette des champignons n’est pas à prendre à la légère, mais, en suivant bien nos recommandations, vous pourre pourrez récolter un petit panier de rosés des prés, tout fra frais, prêts à passer à la casserole !

• Champignon évoquant la forme, la couleur et la bonne odeur du champignon de Paris, et poussant en colonies. • Lames rose tendre à l’état jeune, vieux rose, bordeaux à brunes à maturité. • Chapeau d'abord globuleux puis hémisphérique, devenant convexe et s'étalant avec l’âge, d’un diamètre de 5 à 12 cm, blanc, velouté, parfois écailleux ; chair rosissant quand on l’écorche. • Pied cylindrique blanc de maximum 6 cm de haut avec un petit anneau blanc fragile et fugace, s’amincissant vers le bas. • Habitat dans les prairies, les pelouses où paissent les chevaux, plus rarement les bovins et les ovins. • Récolte d’août à novembre. Autre espèce comestible et très proche de l’agaric champêtre : l’agaric des jachères (Agaricus arvensis), dit « boule de neige », plus grand, plus dodu, à l'anneau plus large et plus épais, et au pied plus robuste.

À ne pas confondre avec… • L’agaric jaunissant (Agaricus xanthoderma) – toxique : le haut du chapeau est aplati, formant un trapèze – bombé chez le rosé ; la chair écorchée vire au jaune citrique – critère déterminant, surtout au niveau du pied – et son odeur est désagréable. • L'amanite vireuse (Amanita virosa) et l'amanite phalloïde blanche (Amanita phalloides forma alba) – mortelles : à l’état jeune, elles peuvent pousser en lisière de prairie. Reconnaissables par leurs lamelles blanches – sporée blanche –, leur volve – sac engainant le pied – et leur anneau épais. • D’autres agarics comme l’agaric des bois (Agaricus silvicola) – comestible : ses lames moins rosées – presque blanches à l’état jeune – que l’agaric champêtre et l’habitat forestier peuvent susciter la confusion avec les amanites blanches ou phalloïdes. Faites le test de la sporée sur du papier. Comment (pré)parer les champignons ? Les rosés des prés sont rarement sales, il n'est donc pas nécessaire de les laver à l'eau. Coupez le pied. kaizen • septembre-octobre 2016 • 81


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SEPTEMBRE 4 septembre / Saint-Martin-en-Coailleux (42) Festival Groseille et ciboulette www.facebook.com/Lejardinsecree42 12 au 16 septembre / Lablachère (07) Stage Le Potager agroécologique niveau 1 terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 17 septembre au 9 octobre / Gavarret-sur-Aulouste (32) Inauguration du théâtre Nouveau monde, construit en matériaux de récupération par les habitants de Cologne et des environs. la-langue-ecarlate.com/ TheatreTemporaire • 06 99 60 64 90 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 23 au 25 septembre / Montpellier (34) Festival pour l’école de la vie : 26 conférences sur l’éducation, 150 exposants, des ateliers… Château de Flaugergues www.festival-ecole-de-la-vie.fr 04 34 00 63 06

L’AGENDA KAIZEN 2016 SEPTEMBRE-OCTOBRE

[KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 29 septembre au 3 octobre / Paris Salon Zen. Lundi 3 octobre de 12 h à 17 h 30 : cycle de conférences sur l’éducation sous l’égide de Kaizen. Avec Emmanuelle Piquet, Catherine Schwennicke, Ramïn Farhangi, Yann Le Beguec et Bénédicte Fumey. Animation : Pascal Greboval Espace Champerret, 75017 www.salon-zen.fr • 01 45 56 09 09

OCTOBRE 1er et 2 octobre / Lablachère (07) Stage Plantes sauvages comestibles terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 7 au 9 octobre / Nantes (44) Salon Zen et bio Parc des expositions de la Beaujoire www.salon-zenetbio.com • 01 45 56 09 09 8 octobre / Paris Forum international de l’évolution de la conscience Université Paris-Sorbonne, 75017 www.evolutionconscience.com 09 52 03 65 64

RENDEZ-VOUS 24 septembre / France entière Journée de la transition : pour permettre aux citoyens d’identifier les acteurs de la transition. www.transitioncitoyenne.org [CONFÉRENCE KAIZEN] 26 septembre à 19 h 30 / Lyon Tous en selle ! Avec Marine Bigot (Pignon sur rue), Camille Pechoux (CEREMH) et Maël Meralli-Ballou (La Clavette). Animation : Pascal Greboval Goethe-Institut, 18, rue François Dauphin, 69002 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences [CONFÉRENCE KAIZEN] 28 septembre à 19 h 30 / Paris Le biomimétisme : apprendre à coopérer à l'image de la nature. Avec Gauthier Chapelle (Greenloop), Kalina Raskin (CEEBIOS) et Olivier Scheffer (Symbiopolis). Animation : Tarik Chekchak Goethe-Institut, 17, av. d’Iéna, 75116 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences

[KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 8 et 9 octobre / Guichen (35) Salon Ille et Bio www.illeetbio.org • 02 99 52 02 90 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 8 et 9 octobre / Paris Veggie world. Conférence Kaizen le dimanche 9 octobre à 15 h 15 : Une enfance sans sucre, c’est possible ? Avec Nathalie Petit, auteur des hors-série Kaizen Pour une enfance joyeuse et Frédérique Cervoni, naturopathe. Le Centquatre, 75019 veggieworld.de/fr/paris-4 8 et 9 octobre / La-Roche-sur-Grane (26) Stage Psychologie & coopération, pour s’interroger sur l’écologie relationnelle www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 8 et 9 octobre / Paris Festival du livre et de la presse d’écologie, 14e édition Le 100, 75012 www.festival-livre-presse-ecologie.org 10 au 14 octobre / Lablachère (07) Stage Approche de la permaculture terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

[SÉJOUR KAIZEN] 23 au 29 octobre / Vernines (63) Séjour Randonnée et qi gong au gîte Le Bonheur dans le pré, associant marche douce et disciplines d’éveil corporel. Au cœur des volcans d’Auvergne, vous découvrirez l’art énergétique chinois. www.kaizen-magazine.com/vacancesqigong • 04 73 21 54 78 27 octobre au 1er novembre / Ménigoute (79) Festival international du film ornithologique de Ménigoute, 32e édition www.menigoute-festival.org 05 49 69 90 09

PASSEZ À L’ACTE ! Kaizen ne serait pas grand-chose sans ses lecteurs et lectrices qui portent avec eux les idées du changement ! C’est pourquoi nous vous proposons depuis quelques mois déjà de vous/ nous rencontrer régulièrement lors des Kawaa-Kaizen ! Venez participer à nos prochains Kawaa « spécial rentrée » qui auront pour thème « Je change pas à pas : comment et par où commencer ? Quels sont les freins et comment les lever ? » ou n’hésitez pas à créer le vôtre ! Pour tout savoir et vous inscrire : www.kaizen-magazine.com/rencontres 8 septembre à 19 h / Tours (37) Animation : Simon Beyrand Café le Court-circuit, 16 bis, place de la Victoire 13 septembre à 19 h / Rambouillet (78) Animation : Françoise Vernet. Inscriptions auprès de la librairie : equipe.labyrinthes@orange.fr ou 09 61 22 89 91. Librairie Labyrinthes, 2, rue Chasles 14 septembre à 19 h / Rennes (35) Animation : Pascal Greboval Le Panama, 28, rue Bigot de Préameneu 15 septembre à 19 h / Paris (75010) Animation : Françoise Vernet La Petite chaufferie, 32, rue de l’Échiquier 13 octobre à 19 h / Paris (75018) Thème : la parentalité positive Animation : Nathalie de Boisgrollier (OZE) et Antonella Verdiani (Printemps de l’éducation). La Recyclerie, 83, boulevard Ornano

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