Cunta Balle 003

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CUNTA BALLE n°3

L’EDITO

C

Edito her lecteur,

Oui, tu n’es pas en train de berlurer, non ce n’est pas un fantôme sorti tout droit des cauchemars de Mathieu Coutadeur : tu es bien devant le numéro 3 de Cunta Balle, ce magazine qui semblait mort en même temps que l’esprit des Mousquetaires en juin dernier. Quelle mouche nous a piqués ? Quelle idée que de venir jouer les Bayard sur le pont d’Arcueil 6 mois après avoir lâché l’affaire et pris une retraite à Ste Hélène ? Quelle secousse simiesque nous a fait sortir de notre grotte pour rouvrir la boite de pandore et te balancer à la figure ce magazine inespéré ? La retraite, c’est bien. Six mois tranquilles, sans avoir rien à écrire, ce n’est pas déplaisant. Depuis qu’on a fermaga, c’est d’un œil distant et avisé que nous avons observé les élucubrances de notre équipe fanion, le sinoquage de son entraineur, les flatulences de ses joueurs, les grandes envolées déliriques de ses dirigeants. Malheureusement, à l’heure où notre cheptel

d’amour, où notre club de cœur vit les heures les plus sombres de son histoire moderne, notre sang de saiyens à diagonale s’est mis à bouillir, et notre inaction risquait de nous conduire droit à la déperdition, ou pire, au suicide par noyade dans une cuve de limoncello. Et quel plus beau moment pour revenir à nouveau sur le devant de la scène que cette période de Noël ? Mais ne te fourvoie pas cher lecteur : ce mag n’est qu’une brève parenthèse dans notre retraite. Il n’est pas question à l’heure actuelle de rouvrir le site. Ceci n’est donc qu’une petite escarmouche dans le quotidien fade et décrépi de notre club biancorossi. En espérant qu’à la fin de l’envoi, cette escarmouche face mouche ! Joyeux Noël, et meilleurs vœux pour 2011 !

Les Mousquetaires

Sommaire Page 4-5 - Cunta Vrac Page 6-7 - Best of Dubinettes pages 8-15 - Dossier Ligue 2 16-17 - Campagne de Plomb 18-23 - dossier de Noël Page 24-26 - 24h avec Mbokani Pages27-29 - les Typesses

Ils ont vaillamment participé à ce numéro de Cunta Balle : Jartagnan Guido Falxius El Cadetiño Orto La Mouette


CUNTA VRAC

CUNTA BALLE n°3

Vie de Monaco Aujourd’hui, je suis entraîneur de l’ASMonaco. J’ai absolument besoin d’un buteur. Tour à tour, ma direction me recrute Gudjohnsen, Maazou et MBokani … Vie de Merde ! Aujourd’hui, supporter de l’ASMonaco, je suis encore sans voix quand je découvre qu’à la tête du club que j’aime, il y a un banquier, un peintre, et le directeur général qui a envoyé Strasbourg en Ligue 2 … Vie de Merde ! Au stade ce soir, j’ai vu l’ASMonaco ne pas être capable de battre Grenoble, dernier du classement. Dépité, je sors boire un coup, pour oublier. Au bar du Fairmont, je croisé Nenê, Adriano et Gudjohnsen en train de faire la fête en charmante compagnie … Vie de Merde ! Aujourd’hui, je suis l’entraîneur de l’ASMonaco. Je fais un discours aux joueurs, leur expliquant la nécessité de se bouger et de se motiver pour sortir le club de la mauvaise passe qu’il traverse. Le lendemain, la moitié de l’effectif arrive en retard à l’entraînement … Vie de Merde !


CUNTA VRAC

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Le portrait jaune et bridé … avec Mbokani Si tu étais : Un pays ? Missa le mien … Mais encore ? Missa le mien ! L’Afrique pardi ! Un acteur ? JarJar Binks dans Star Wars Si tu étais un sportif ? Je serai footballeur ! Une devise ? Un pour tous, et tous en boite ! Un accident ? Arriver à l’heure à l’entrainement.

Une arme ? Un ballon ! Une planète… Naboo ! Une habitude avant un match ? Me demander pourquoi je vais pas directement en boite.

La blague de Freddy Adu « Un nouveau professeur fait son entrée dans la classe et demande tour à tour à ses élèves le métier de leur père. Le premier : Je m’appelle Jérôme et mon père est plombier. Le second : Je m’appelle Nicolas et mon père est électricien. Le troisième : Je m’appelle Fabrice et mon père est gogo-dancer dans une

discothèque homo. Le professeur, gêné, juge alors bon de changer de sujet.

Un évènement historique ? Quand missa a découvert le casino de Monaco. Un virus ? La flémingite aïgue. Votre principale qualité ? J’imite très bien le dodo …

Plus tard, à la fin du cours, il fait sortir tous les élèves, sauf Fabrice qu’il prend à part. - Dis-moi, mon petit, ça ne te pose pas de problèmes le métier que fait ton père ? - Si justement ! J’ai tellement honte de ce qu’il fait que je n’ai pas osé avouer son vrai métier. Le professeur reste interloqué. - Mais que fait réellement ton père ? - Bah... il est joueur de foot à l’AS Monaco. »



BEST OF DUBINETTES 2010


La ligue 2 : enfer


ou rédemption ?

Ceci n’est pas une nouvelle : notre club va mal. Solidement ancré

dans les tréfonds du classement, le dernier club français à avoir joué la finale de la Ligue des Champions s’enfonce petit à petit dans l’oubli, dans la misère… Et indubicontestablement, à moins d’un improbable changement drastique, c’est vers la Ligue 2 que fonce la charrette munegu. Pour beaucoup de supporters, une relégation équivaudrait à la mort du club. Sans argent, sans passion populaire, le club monégasque ne serait voué qu’à se maintenir, ou à périr. Et pourtant, derrière le spectre de la Ligue 2 se cache peut être les solutions qui nous manquent à l’heure actuelle pour faire repartir la machine, cet électrochoc nécessaire pour secouer les cages de ceux qui tiennent le destin du club entre leurs scélérates mains, ce constat d’échec suffisamment cuisant pour que soit repensée en totalité la politique générale du club. Alors la Ligue 2, rédemption ou pendaison ? Espoir ou suicide ? Renaissance ou fin des haricots ?


DOSSIER

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Du sciarafu rouge et blanc 15 décembre 1995. La Cour de Justice des Communautés européennes rend un arrêt qui va bouleverser le football moderne. JeanMarc Bosman, devant le refus de son club de le transférer à Dunkerque, porte l’affaire devant la Cour européenne, et obtient gain de cause. Dès la saison 1996-1997, l’UEFA est obligée de s’aligner sur les règles Européennes de droit commun, abrogeant, entre autres, la règle du quota limitant à 3 le nombre de joueurs étrangers ressortissants de l’Union européenne dans une équipe. A partir de là, les clubs les plus fortunés vont s’attacher les services des meilleurs joueurs du continent, faisant fi des nationalités. Ainsi, les mouvements sur le marché des transferts vont exploser. Avec cela, la concentration de stars dans un petit nombre de clubs va booster terriblement tout ce qui est droit à l’image, revenus du merchandising, droits télévisions … Les flux financiers allant de manière exponentielle, chacun a demandé sa part de gâteau, si bien que les salaires vont gonfler, obligeant les clubs à payer plus en indemnités de transferts, et plus en salaires. L’impact sur les clubs va être considérable. Les clubs les mieux « préparés » ayant trouvé des sources de revenus plus diversifiées, et pouvant assurer une certaine stabilité à haut niveau, synonyme de hauts revenus, via le championnat et la coupe d’Europe, s’en sont tirés. Les autres tentent de vivoter, voire coulent carrément. L’AS Monaco, à cette époque, est dans la période la plus faste de son histoire. En coupe d’Europe tous les ans, demi-finaliste deux ans d’affilée, champion de France en 2000, le club de la Principauté a atteint un haut niveau d’excellence et semble paré à dominer le foot français pendant de longues années. Sauf que cette vague inflationniste va être mal gérée par le président Campora. Il va vendre les meilleurs joueurs de l’effectif (Barthez, Trezeguet, Sagnol, Lamouchi), et va être obligé, suite à l’inflation, de prendre aussi cher des joueurs d’un niveau clairement inférieur (Jurietti, Dabo, Porato, Nonda), réduisant ainsi fortement la

qualité de l’effectif, tout en coûtant aussi, voire plus cher, car les résultats ne suivront pas, les rentrées d’argent allant de pair. Malgré cela, le président Campora va continuer d’investir, pensant que les résultats viendront, et que la manne de la coupe d’Europe comblera tôt ou tard ce trou. Et alors que nombreux sont les clubs cherchant à développer leurs activités pour augmenter les sources de revenus, il reste sur la politique qu’il a toujours utilisée, la seule qu’il connaisse, mais en la faisant tourner plus vite pour suivre le marché. Deux années de fuite financière en avant et d’absence de résultats et de coupe d’Europe, et à l’aube de la saison 2002-2003, les comptes de l’ASM sont dans le rouge, d’une façon irrémédiable. Le président Campora gagnera un dernier titre cette saison là avec une Coupe de la Ligue brillamment soulevée. Mais en coulisses, il subit le terrible échec du refus par le Palais de son plan de sauvetage, via FedcomInvest (dont il se murmure qu’il serait un des actionnaires, ce qui expliquerait sa présence dans la loge Fedcom à tous les matchs à domicile). Mis hors jeu, il quitte le club alors que celui-ci est relégué administrativement par la DNCG. Le président Campora, au volant de la Munegu Mobile, s’est donc planté. A l’heure où tous les autres faisaient les efforts pour pouvoir s’acheter une Ferrari, il a cru qu’en poussant au maximum son automobile rouge et blanche, il pourrait rivaliser. Evidement, au premier virage, ce fut la sortie de route …


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Réparer le moteur en mettant un pansement sur la carrosserie Suite à la sortie de route du président Campora, le Palais princier, qui n’a jamais cessé de suivre l’affaire au volant de sa dépanneuse, arrive en trombe pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Un vaste brainstorming est mis en place, afin d’étudier tous les plans possibles pour sauver l’ASM, qui bien entendu, a fait appel de la décision de la DNCG. 3 plans ont été proposés : Un plan type « Campora » : Celui-ci consiste en l’ouverture totale du club à un afflux massif de capitaux étrangers, afin de combler le passif,

et d’avoir suffisamment de liquidités pour investir et rebâtir une équipe compétitive. Le plan de Campora n’était pas innocent. Son idée tournait autour de son ami Fedorichev, riche et fortuné monarque russe, passionné de football et de l’ASMonaco, et dont la société Fedcom est autorisée en Principauté depuis 96. Nous n’avons pas d’information précise à ce sujet, mais il est fort probable que si Fedoritchev avait prit en main le club, le président Campora aurait certainement continué à y exercer une quelconque autorité. Point positif : mode de fonctionnement identique à la décennie précédente, avec du pognon à s’en faire péter les poches du pantalon, façon Chelsea, et de quoi payer et nourrir une tripotée de talents qui pourraient porter haut les couleurs du club. Point négatif : tout le reste de la L1 va nous cracher à la gueule, pas terrible en terme d’image,

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d’autant plus qu’avec un russe, c’est rumeurs de blanchiment tous les 4 matins. Et puis c’est surtout explosion du club si le financier retire ses billes du jour au lendemain. Dans l’idée, on gardait la même carrosserie, on y ajoutait juste un moteur de Ferrari, les équipements qu’on peut se payer, et on roule à tout berzingue jusqu’à ce que mort s’en suive. Un plan type « De Bontin » : Proposé par Jérôme De Bontin, administrateur du club et grand ami du Prince héréditaire Albert (à l’époque). Le principe était double. D’une part, ne pas faire appel de la décision de la DNCG, tomber administrativement en L2, afin d’opérer un allégement drastique de cette grosse sangsue qu’est l’ASM. Exit les parasites, les gros salaires inutiles, les coûts cachés, les dépenses débiles. Exit aussi les joueurs qui ne viennent que pour le soleil et l’argent, et les supporters qui ont découvert le foot après la victoire contre le Real en 2004. Recentrage du club autour de passionnés et de motivés, tant dans l’administration que dans l’effectif, avec du temps et une marge de manœuvre afin reconstruire de fond en comble du club, ciblé sur les axes modernes du foot, communication, image et retour en merchandising. Il est fort à parier que le club ne remonte pas de suite en Ligue 1, mais bien faite, cette régénération permettra à moyen terme d’avoir un club aux bases solides, aux finances saines, et à la mentalité tournée vers les objectifs d’excellence qui étaient les notre au cours des années 90. Point positif : Modernisation du club et assainissement à tous les niveaux, permettant d’avoir de légitimes ambitions au fil du temps. Point négatif : On n’a aucune garantie quand à la remontée parmi le gotha. 1 an, 5 ans, 10 ans … JM Aulas a mis 15 ans pour être champion après avoir récupéré Lyon en L2. Dans l’idée, on met l’ancienne voiture sur EBay, on récupère les fonds pour investir dans un prototype hybride écolo avant-gardiste, et on attend que ce genre de voiture devienne la mode pour refaire surface.


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De l’inaptitude du garagiste C’est la dernière option, qui va être choisie. Certains diront que c’est la moins exposée politiquement. D’autres que cela répond à un des derniers vœux pieux de SAS le prince Rainier III, à savoir garder le club « à la maison ». Malheureusement, avec le recul, on se rend compte que des trois propositions, cette solution là était véritablement la pire : car le seul projet était de renflouer les caisses, en espérant qu’à un moment le club retrouvera la coupe d’Europe… Un plan type « Svara » : C’est le plan qui au final a été retenu. Le principe est de maintenir coûte que coûte le club en « intra-muros », à savoir entre les mains de personnes de nationalités monégasques. Ainsi, on fait appel à un consortium de fortunes locales afin de remettre le club à flots histoire de montrer patte blanche devant la DNCG. Ces « fortunes » mettent de l’argent pour que le club reste au dessus de la ligne de flottaison, en contrepartie, ils se voient octroyer quelques projets immobiliers d’envergure (hôtels, centre économique, centre de loisir…). Point positif : L’image policée du club est sous contrôle, les administrateurs sont indépendants, mais c’est une façade, le Palais a toujours plus ou moins la main. Cette notion de contrôle est propre à rassurer tous ceux qui ont peur de voir le club partir à vau-l’eau, cette gestion maison va soit disant garantir l’image du club. Point négatif : Des Monégasques qui ont de l’expérience en gestion football, il n’en existe qu’un sur terre : M. Campora. Le foot étant un milieu plein de requins prêts à pomper toutes les pompes à fric existants, l’arrivée de newbies à la tête de l’ASM ne rassure en fait personne, et il est fort à parier que les mêmes erreurs vont être répétées, encore, et encore, et encore … Dans l’idée, on a récupère l’épave qui gît au bord de la route, on la retape comme on peut, au fur et à mesure des avaries de plus en plus nombreuses. Après un nouveau serrage du moteur, le Palais tentera de sauver les meubles en mettant un pansement sur la poignée du coffre…

Le « sursaut » de 2003 à 2005, intervenu au moment de la passation de pouvoir du président Campora, ne peut être considéré autrement que comme un « bienheureux accident » pour une équipe dont la glissade est encore plus rapide que le bobsleigh de son auguste et bienveillant Prince protecteur. La gestion interne « intramuros » est tout simplement catastrophique. Totalement inadaptée au foot moderne, elle va se révéler être un gouffre financier encore plus profond que ne l’étaient les dernières années du règne de M. Campora. Le manque de compétence et d’expérience football de la nouvelle administration va dilapider les derniers capitaux en recrutements bizarres, en opérations foireuses

sur des joueurs moyens, durant lesquelles les agents entremetteurs vont pomper la poule aux œufs d’or qu’est devenu l’AS Monaco.


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En parallèle, la courbe de talent dégringole aussi rapidement que grimpe le montant de la dette. Sans talent, pas d’Europe, sans Europe, impossible de renflouer les caisses, et sans argent … Banqueroute ! Devant le désastre de la gestion du couple Pastor/Brianti, le Palais fait appel à une vieille connaissance : Jérôme De Bontin. Remember, c’était lui à l’origine du plan B, descendre en Ligue 2, faire le ménage, remonter la structure et se laisser le temps de redevenir compétitif. Sa mission : passer le karcher justement et dégager tous les euros qui dépassent. Il a un petit côté tueur à gage venu de l’extérieur, embauché par la famille pour remettre les choses à leur place. Il va devoir retaper le club, comme il souhaitait le faire, mais sans avoir le luxe d’une régénérescence en L2. Il va devoir faire vite, faire efficace. Et surtout, son nouveau bureau présidentiel est un véritable champ de mine.

L’ancien couple présidentiel n’est plus en place, mais ils restent encore actionnaires majoritaires du club, avec probablement quelques fidèles à des postes clés, qui se sont certainement amusés à torpiller les plans de De Bontin. Car l’Américain, il en a des plans. Il a une vision du foot, ça on ne peut pas le lui enlever. Il sait à quoi s’en tient un club de foot professionnel pour survivre, et les efforts à procéder pour diversifier les revenus.

DOSSIER

Malheureusement, si la théorie, il maitrise pas mal, dans la pratique, il a beaucoup plus de mal. Doté de la sensibilité d’un éléphant au milieu du

musée de la porcelaine, il va ruer dans tous les brancards qui se trouveront à sa portée, se mettant à dos la majorité des supporters, pour avoir licencié des figures mythiques telles que Jean-Luc Ettori, pour avoir traité les Ultras de « chiens », pour avoir maintenu mollusquihno à la tête de l’équipe. Ses recrutements sont aussi douteux que les partenariats qu’il a tenté de mettre en place avec les Etats-Unis. Ajouté à cela son incapacité à trouver des investisseurs souhaitant mettre de l’argent sans avoir le contrôle du club (sic), et l’on comprend très bien pourquoi il s’est enfui de la Principauté à la première occasion, non sans avoir fait un dernier pied de nez, avec José Cobos en garde du corps pour ses dernières semaines au club. Avec le départ de De Bontin, c’est toute la gestion de l’ére Pastor qui touche à sa fin. Suite à cet échec, la Palais, toujours maitre marionnettiste opte pour le plan C du plan C, d’autres « fortunes » viennent investir dans le club uniquement parce qu’ils ont eu des contreparties (immobilières bien souvent). Malheureusement, la situation actuelle montre clairement que ce plan là n’est pas plus viable que les autres, faute à une direction faible et pas adaptée au petit monde du football professionnel. Et insister dans cette voie, c’est insister dans la régression, dans l’inéductabilité de la faiblesse, et dans une chute que la Ligue 2 ne saurait peut être


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même pas endiguer. Le bolide rouge et blanc est en bout de course. Cabossée de partout, un moteur en miettes, des pare-chocs qui tiennent grâce à du scotch, une direction qui ne tourne plus, des airbags que l’on doit gonfler à la bouche, à force d’être réparée et chattertonée, la voiture monégasque transpire l’incapacité des différents garagistes à en faire un bolide de compétition. Et avant que le club coule une bielle, chose qui devient de plus en plus inéluctable, une question, une seule question se pose : que faire ? Des bienfaits de la Ligue 2 Cet historique montre un fait indéniable : le positionnement et les résultats du club actuellement n’est que la résultante ultime de choix fort peu avisés qui ont été réalisés en 2003 lors de la fameuse rétrogradation administrative du cheptel monégasque en L2. Les faits sont là, cette politique n’a fait que mener le club à sa perte, et ce malgré la vaste valse des hommes en place à tous les niveaux, dirigeants, coachs, joueurs, qui n’a abouti qu’à une dégénérescence du club, son image est gravement écornée, et les résultats vont de mal en pis. Malheureusement, en haut lieu, la situation est totalement figée. Changer de gouvernance à la tête du club serait comme un constat d’échec pour le Palais, qui a choisi et milité pour ce plan C depuis presque 10 ans. Question d’image, nous voyons difficilement les hauts décideurs monégasques faire marche arrière et virer brutalement de cap sans une « contrainte » extérieure gravissime. Et vu ce qui s’est passé les dernières saisons, vivoter dans les tréfonds du championnat n’est probablement pas suffisamment « gravissime », puisque les mauvais résultats de l’ère Pastor n’ont abouti qu’à un swap d’actionnaires, la remise en place d’argent frais pour combler le passif, mais sans remettre en cause les méthodes de gestion, qui restent monégasques, vieillottes, donc inadaptées au football moderne. Seul un cataclysme pourrait faire changer radicalement

de position le Palais, et apporter les changements nécessaires pour raviver cette flamme qui s’est éteinte depuis trop longtemps. Et ce cataclysme, il pourrait probablement prendre une seule et unique forme : une relégation en Ligue 2. Oui, la Ligue 2 comme point de salut, la chose peut paraitre incongrue ou inopinée, mais c’est à l’heure actuelle la seule vraie raison qui pourrait pousser les hautes instances monégasques à changer son fusil d’épaule. Car le club en Ligue 2, c’est la vitrine de la Principauté qui se désagrège, c’est l’image de Monaco qui se rétrécit, et quand on sait l’importance qu’à l’image à Monaco, la Ligue 2 forcerait le Palais à prendre des mesures drastiques … mais salutaires. Pour nombre de supporters, chuter à l’étage inférieur, c’est synonyme de honte, d’opprobre, de descente aux enfers. Et pourtant, la Ligue 2 doit surtout être vue comme une occasion unique pour le club d’opérer une sorte de régénérescence indispensable pour aller à nouveau tutoyer les sommets de façon régulière comme nous le faisions jadis. La ligue 2, c’est une formidable occasion de faire le ménage, de passer au karcher le club et son environnement direct, pour dégager tous ces parasites qui satellisent encore autour du Louis II, toutes ces sangsues, ces joueurs pompes à pognons qui viennent en Principauté pour gagner un maximum de fric en faisant un minimum d’efforts, ces vils scélérats qui se sont faits de l’argent sur le compte du club en nous fourgant


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DOSSIER

les Vargas, Pokrivac, MBokani et autres sous produits du football inaptes à jouer correctement au ballon, ces « supporters » aux dents acérées qui se sentent investis de la mission divine qui consiste à insulter et cracher sur tout le monde au club, principalement le coach et certains joueurs, dès lors que l’équipe ne remporte pas tous ses matchs 8-3. Descendre en Ligue 2 pour descendre en Ligue 2, uniquement pour disputer un des rares titres qui manque à notre palmares, cela ne servirait à rien. Il est évident que tomber en Ligue 2 sans effectuer une remise en cause drastique du fonctionnement du club, et ce à tous les niveaux, ne servirait à rien. Du Palais au directeur de parapluie, en passant par les joueurs et l’encadrement, tout doit être revu et réadapté au monde du football professionnel, ses impératifs économiques, son mode de fonctionnement. Et l’expérience De Bontin nous a clairement montré que les travaux au Port Hercule sont si considérables que se battre de front pour la modernité et le maintien sont deux choses inenvisageables. Car la Ligue 2 offre un luxe que ne propose pas l’élite : du temps. Du temps pour faire les bons choix, du temps pour mettre en place la bonne organisation, le bon mode de fonctionnement, du temps pour mettre en place la bonne équipe, avec les bons joueurs, non pas ceux qui prennent les matchs du weekend comme une corvée retardant l’heure d’aller en boite, mais des joueurs qui se sentiront honorés de vêtir chaque semaine la tunique rouge et blanche. Du temps pour le futur dirigeant de s’assoir à son poste de président de club, de trouver une légitimité, une crédibilité, une assise, car un grand club de foot cela passe aussi par un grand dirigeant, en tout cas un dirigeant qui sache se faire respecter dans et hors du club, par les joueurs, les journalistes, les comparses… Il est évident que descendre en Ligue 2 n’est pas sans risques. Les exemples de Reims, de Nantes, sont trop criants pour les occulter. Mais ils renforcent aussi l’idée que la descente en Ligue 2

La Ligue 2 a certains aspects effrayants, certes

doit permettre une vrai remise en question au sein du club. Car faire comme Nantes et Reims, et croire que « l’aura » du club nous sortira de la fange, c’est mettre une croix sur des perspectives radieuses et des rêves prochains de titres et de gloire. Car la descente en Ligue 2 est une promesse façon Churchill : du sang et des larmes. Du travail, de la souffrance, et le réapprentissage de l’humilité à grands coups de masse d’arme dans le heaume. Ces valeurs depuis trop longtemps galvaudées à Monaco, on doit les retrouver, on doit les mettre en exergue, on doit les brandir bien haut. Ce n’est qu’à ce prix que l’ASM pourra faire comme dans les années 90 l’OM, Lille, Bordeaux ou Lyon, à savoir partir de l’étage inférieur, et des années plus tard, tutoyer les cimes, la Ligue des Champions, le haut du plateau. Car les exemples de réussite existent. L’OL en est le parfait exemple. Parti de rien en L2, le newbie JM Aulas a bâti, pierre après pierre, un empire désormais indécrottable du haut du tableau. L’ASM sait où se trouve le chemin, il ne lui reste plus qu’à trouver la force et le courage pour l’arpenter …


MATHIEU COUTADEUR


: Soldat de plomb


Notre Père NoÍl est une ordure


DOSSIER NOËL

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Cher petit papa Noël... Pour Noël cette année, voici ce que je t’ai commandé : * Le double CD live des frères Hansson, avec le grand Petter à la batterie. * Un mega kinder surprise spécial Noël, avec un Coutadeur en mousse inside * Une paire de Queshua Moonwalk taille 42, série spéciale Djimi Traoré, avec crampons dévissés et bout carré * « La grande déchéance » peinture à l’eau par Michel Aubery * La moustache pastiche façon Guy Lacombe, avec sa mini brosse pour remettre tout en place après un coup de sang * « Band of brothers » récits de guerre par Thierry Hubac * « Arrête, ou mon père va tirer » 24 h chrono dans la vie de la future génération de Mousquetaires. * Gabulani, ballon gabonais gonflés à l’hélium qui s’envolent loin au dessus de la transversale. * « Le Silmarillion », histoire de la terre du milieu, par Hobbit Mendy * La filet de pêche Adriano, avec de mailles de 35 mètres pour laisser passer les poissons, le ballon, les adversaires... * « La montagne, ça vous gagne », voyage initiatique par Yannick Sagbo * La médaille commémorative « Pierre Svara 2003-2004 ». * La réédition collector du « football expliqué à mes enfants » : une brochure de quatre pages dans laquelle Ricardo exprime sa passion pour le beau jeu. * La réédition vintage du maillot « Fernando Morientes ». * Un bobsleigh dédicacé par SAS Albert II, pour continuer à glisser à toute vitesse vers le bas. * Un Stade Louis-III avec pelouse rétractable, toit amovible et tribunes compactables et siège éjectable pour dégager les supporters qui sifflent.


DOSSIER NOËL

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En attendant, cher Papa Noël, Cunta balle est content de t’offrir la boite Bigmac spécial Fred Nimani !

Patron à découper et à monter soi-même. Un résultat d’une qualité incomparable garanti !


DOSSIER NOËL

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Un dîner du Noël presque imparfait... Menu prestige Foie gras d’iceman sur geyser de Vodka ---Civet de pigeon à la gabonaise, accompagné de sa moustache de cèpes aveyronnais et de nouilles congolaises ---Cocktail de fromages à la mode Liguede : Tomme de Savoie, Bleu d’Auvergne, Brocciu de Corse ---Bonnes poires aux amandes peu salées, coulis de fruits de la passion ------------------Menu tradition Pain suédois au jambon rose de Bayonne ---Quiche lorraine et ses salades argentines ---Rillettes de Nutella ------------------Menu des tripes et des boyaux Rotule malienne farcie à la cervelle de président, coulis d’airelles ---Steack de Lacombe saignant et sa diarrhée de supporters à la ratatouille ---Munster strasbourgeois sur pain perdu (affinage 18 mois à l’air libre) ---Sixmillefeuille d’aigris aux oranges sanguines


DOSSIER NOËL

CUNTA BALLE n°3

..

Les chants de Noel revisites par Cunta Balle Doux jeu (Douce nuit) Ô ce jeu, doux jeu, quand il vient, à la fin Presque beau si on en croit le coach Attendu depuis le début de saison Pour offrir à tous les joueurs Un peu de sympathie Petit ballon de Mbo (Petit Papa Noël) C’est la belle nuit de match, la pelouse étend son manteau vert, Et les yeux levés vers le ciel, assis, les spectateurs, Avant de fermer les paupières, Font une dernière prière. Petit ballon de Mbo, quand tu descendras du ciel, Avec des mouettes par milliers, n’oublie pas Djimi Traoré…

Il est né le stupide Ale, jouez pipo, résonnez mensonges Il est né le stupide Ale, chantons tous son transfert héhé Depuis plus deux longues années, nous le

promettaient les prophètes Depuis plus deux longues attendions cet heureux temps

années,

nous

Vive le vent… (Vive le vent) Vive Gudi, vive Gudi, vive Gudi le gros Qui s’en va, crachant soufflant sur les grands prés verts Vive Gudi, vive Gudi, vive Gudi le gros Boule de graisse et joueur pédant, et bonne année Keller

Mon beau Petter (Mon beau sapin) Mon beau Petter, roi des cavernes, que j’aime ton sourire, Quand par l’hiver, molaires et canines, sont dépouillés de leur gencive Mon beau Petter, roi des cavernes, tu gardes ton dentier Il est né le stupide Ale (Il est né le devin enfant)

Bonus ? - Reviens, notre Mumu reviens ! - Eh pourquoi ? - Parce que l’ASM elle a besoin de toi… - Ah OK OK OK.


DOSSIER LACOMBE

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Les 10 bonnes raisons de garder Lacombe Parce que Lacombe nous a emmenés en finale de la Coupe de France ! Parce que sans ses gueulantes, le public du Louis II va vraiment s’endormir Parce que vous croyez vraiment qu’avec Denouaix? Aubameyang va se transformer en Léo Messi ? Parce que c’est toujours mieux que Grégory (Lacombe) Au centre des débats depuis quelques semaines suite aux résultats, la moustache de Guy Lacombe a donc sauvé, provisoirement, son heaume à la tête de l’équipe. Convaincu que le mal est ailleurs, et qu’un changement d’entraineur n’aurai pour effet que de… changer d’entraineur, voici 10 (+1 bonus) bonnes raisons de garder Lacombe. Daghe Mustachu ! Parce qu’on a pas les moyens de racheter chupachups pour fournir Fernandez Parce que quand J.Petit s’est présenté, on lui a répondu non merci monsieur !

La Liste de Guy Lacombe Cher Petit Papa Noël.

Tout d’abord j’aimerais te charger d’une mission : remercie pour moi ton homologue Coréen qui m’a permis de garder ma tête au chaud pour le réveillon. Ensuite je ne vais pas faire le difficile : j’aimerais le même cadeau que l’an dernier, à savoir un type sorti de nulle part et qui va planter des buts jusqu’à la finale de la coupe de France. Et puis si tu as des tuyaux pour refourguer tous les jouets cassés et inutiles que j’ai mis au fond du grenier, ça serai fort sympa. J’en ai pour tous les gouts : du brésilien, de l’argentin, et même un jouet congolais tout neuf, qui a très peu servit. Alors n’hésite pas à venir te servir pour faire plaisir à ceux qui n’ont pas grand-

Parce qu’avec ses gueulantes, il maintient les joueurs éveillés à Louis II Parce que Bernard Lacombe porte très mal la moustache Parce qu’Adriano n’a jamais mis autant de but que sous ses ordres Parce que seul Harry Potter pourrait transformer nos chèvres en joueur de foot ... Alors à défaut, gardons le seul type capable de les motiver Parce qu’à défaut d’avoir les mousquetaires, il nous reste moustache …

chose. Tu trouveras aussi tout un stock de vieux maillots floqués Adu, Gudjohnsen ou Piquionne. Ce n’est pas à moi, c’est à Michel Aubery. Il faudra que tu lui demandes ce qu’il veut en faire, mais je pense que tu pourras aussi les récupérer, de toute façon, ma femme a essayé, c’est impossible à tricoter en pull over ces choses là. En attendant, cher petit papa Noel, je te souhaite bien du courage, car en ce moment, porter du rouge et blanc, c’est pas franchement une sinécure, hormis peut être dans un petit jardin d’enfant en plein cœur de Londres. Bises Ton Guytou.


24H AVEC MBOKANI

Le cas MBokani divise dans la communauté monégasque. Il ne pourrait en être autrement concernant un des plus gros recrutements de l’histoire de l’ASM, et un des plus faibles rendements d’un attaquant titulaire depuis plus de 10 ans. Afin de donner de l’eau au moulin de chacun, les mousquetaires ont suivi Dieu un jour, quelques temps avant Noel … 11h30 : M’Bokani se réveille. Bah oui, va pas croire qu’il se lève à 8h non plus ! 11h31 : Il regarde son portable. 57 appels manqués de Guy Lacombe. « Tiens, j’ai dû rater l’entraînement ! Pas grave, je pouvais pas rater la soirée champagne à gogo du Jimmyz » 11h35 : Dieumerci se fait une prière à lui-même. Il se promet qu’il s’apportera alcool, ballon d’or et filles de joie. Qu’il est bon ce Dieumerci !

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12h12 : M’Bokani prend son petit déjeuner. Il se sert un grand bol de whisky et de céréales… Au Bailey’s, les céréales. 12h30 : M’Bokani file se doucher. Il manque de glisser sur son savon étonnamment laissé dans sa baignoire mais parvient à se rattraper au dernier moment. Derrière la fenêtre de la salle de bain, un moustachu peste… 13h13 : Dieumerci appelle son agent pour qu’il fasse une déclaration à la presse. « Je vous assure que je vais devenir le meilleur joueur du monde. Mais pas maintenant, j’ai pédalo. » 14h14 : Ayant encore raté la séance d’entrainement de l’après midi, Dieumerci décide d’aller faire un petit tour au marché de Noël. De toute façon, à quoi bon s’entraîner, il est le futur Drogba ! 14h50 : En passant près du grand sapin de Noël, l’étoile au sommet de celui-ci tombe et manque de transpercer M’Bokani. Caché derrière le sapin, un homme mystérieux habillé


24H AVEC MBOKANI

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mite. Dieumerci n’a pas de temps à perdre avec de telles banalités. 17h55 : Dieumerci, accoudé sur le comptoir, attendant que le tavernier mélange le pinard et la canelle, voit passé JarJar Binks … Il lui fait signe « Hey Cousin ! » Sauf que c’était Aubameyang déguisé en renne du père noël …

d’un jogging de l’ASM frappé des initiales C.S s’enfuit en courant. 15h15 : Dieumerci passe tout prêt d’un prestidigitateur. Devant lui, un petit homme à moustache avec des grosses paires de lunettes de soleil et un cachet demande « Dites, vous n’avez pas une formule pour changer une chèvre en Ferrari ? Tout est possible Monsieur Moldu … Elle s’appelle comment votre chèvre ? MBokani monsieur Potter … Ah non, mais là Monsieur, il y a des cas où même la magie ne peut pas faire grand-chose … » 16h16 : Dieumerci monte sur la grande roue. 16h45 : Dieumerci enchaine les tours de grande roue. En haut de la grande roue, il appelle son agent « Steuplai, fait une déclaration à la presse comme quoi je veux réussir à Monaco, mais comme la roue tourne, je suis aussi prêt à partir… » 17h17 : Pause vin chaud pour Dieumerci dans l’un des chalets du marché. Inutile de boire dans un verre, il va directement prendre la mar-

18h18 : Ayant épongé sa soif, Dieumerci s’en va faire la multiplication des galettes… Il prend d’assaut le comptoir à crépes : « Une crépe avec votre meilleur Nutella patron ! » 18h40 : Un petit bonhomme un peu rondelet s’approche du marchant de crêpes. Devant le refus du crépiste suite à une rupture des stocks de Nutella, le petit gars pique une crise : « Je me suis défoncé à l’entrainement … JE VEUX MON NUTELLAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! » avant de s’enfuir en pleurant. 19h19 : Dieumerci tombe nez à nez avec le Père Noël. Un peu spécial, car celui-ci ne porte pas une longue barbe blanche, mais juste une moustache. Ce dernier offre une friandise à Dieumerci, qui la refuse et la donne à un petit garçon qui passait par là. Il finira à l’hôpital avec une intoxication alimentaire. 19h25 : Dieumerci a soif ! 20h20 : Dieumerci appose une parabole à la foule devant lui : « Mes biens chers frères, Dieu a dit : pas de boogie woogie avant votre vin chaud du soir … Ainsi sois je ! »


DOSSIER NOËL

20h55 : C’est officiel, les réserves de vin chaud de la Principauté ont été vidées par un grand Monsieur à l’air hautain avec un accent belge et une tête de canard. 21h05 : Le gérant de la baraque à frites du marché, ne voulant pas subir le même sort, préfère fermer boutique. 21h21 : Dieumerci, se baladant sur le port, tombe devant le « Black Legend ». Affolé, il appelle son agent « Dis moi, est ce que j’ai touché des royalties pour qu’ils ouvrent un restaurant à mon nom à Monaco ? »

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l’ombre semble glisser quelque chose sous sa manche… 00h00 : Dieumerci va en boite. Le videur, qui ressemble étonnamment à l’homme caché derrière le sapin de Noël, lui refuse fermement l’entrée. Dieumerci ne bronche pas devant le gabarit du videur, et s’introduit finalement par la porte de derrière. 04h04 : Dieumerci tombe nez à nez avec JarJar Binks dansant le moonwalk. Il se dit qu’il est temps de rentrer, son taux d’alcoolémie devenant critique. En effet, il vient de se souvenir qu’il est fils unique et n’a jamais eu de frère jumeau.

22h22 : Dieumerci arrive au Stars n’bars … Il se pose sur le comptoir, et harangue le barman « Tu vois mon gars, Dieu te dis désormais, ton 05h05 : Dieumerci sort de boîte et rentre se échoppe porte fièrement son nom… Car le bar coucher. Sur la route du retour, il manque de est là, et la star vient d’arriver… » 23h23 : Dieumerci est au bar, un gorgonzola burger devant lui. A coté de lui, un type un peu éméché regarde sa pitance avec avidité. Dieumerci le remarque. « Mon ami, Dieu est bon … Prend ce morceau et mange avec appétit, car ceci est mon corps … » 23h32 : A l’autre bout du bar, un grand barbu sort une dague de mousquetaire, et la plante sauvagement dans le morceau de Tbone steack que viens de lui apporter la serveuse, tout en regardant ses deux comparses d’un regard enflammé « Mangez votre nourriture avec appétit mes amis… Car ce soir, nous dinerons en enfer ! » Le petit maigrichon en face de lui ne peut masquer un léger tremblement, alors que le troisième, tapis dans

percuter un moustachu au volant d’un tank de combat. Heureusement, plus de peur que de mal ! Dieumerci dormira sur ses deux oreilles ce soir et pourra rêver sereinement de tous les ballons d’or qu’il glanera pendant sa brillante carrière.


LES TYPESSES

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LA PRISE DU PALAIS

Episode I : les préparatifs Deux heures du mat’, la camionnette avance au ralenti. Les graviers craquent sous nos pneus à chaque changement de direction. Le clou qui nous sert de véhicule ne m’inspire guère confiance. J’avais déconseillé à Jartagnan d’en faire l’acquisition contre trois cartons de Limoncello. La peinture s’écaillait par endroits et laissait apparaître des tâches sombres étranges. Le tableau de bord sentait la moisissure, les sièges en tissus collaient et l’ensemble grinçait sa complainte à chaque vibration. Mais Jarta’ trouvait au contraire que cela lui donnait tout son charme...

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pour se souvenir du nom de ce haut lieu, où tant ont perdu leur foie. Le Cadet se retourne vers Jartagnan : « Ecoute Jarta’, je pense que je suis prêt, laissez-moi venir avec vous. » Jartagnan fait la moue : « T’en es sûr ? Gorbarin est notre principal indic’ et il est très susceptible. Il a voyagé sur les onze océans, tu comprends ? » Le Cadet reste hébété : « Les onze océans ? » Jartagnan enchaîne : « Bon allez, viens mais fais bonne figure ! » Je pousse la double porte de La Taverne et nous nous enfonçons dans cette immense salle enfumée, que

La température est passée sous le zéro et ma montre affiche... de la buée. A ma gauche, Jartagnan s’est lancé dans un rituel étrange dont il ne veut rien dévoiler, mélangeant une mixture composée de savon et de litière de chat, « parce que cela sert toujours », argumente-t-il. Le Cadet, lui, est au volant. Le problème, c’est qu’il est plus habitué à conduire sur les monts enneigés de Haute-Savoie que le bitume de Monaco et il se sent obligé de contre-braquer à chaque virage. Ma radio grésille, c’est Ninie qui nous guide depuis le QG : « Attention les mecs, patrouille de flics au prochain carrefour ! » Jartagnan, les mains pleines de savon attrape son téléphone qui vibre, un SMS d’Orto, tout nouveau Mousquetaire resté au Quartier Général : « Je me sens obligé de corriger, on dit policiers et non flics !» Moi, je suis Guido Falxius. Si cela ne vous dit rien, faites un tour sur Google. Ce soir est notre soir. Cette nuit, mes deux compagnons et moimême projetons de nous inviter au Palais pour une discussion en tête à tête avec le Prince Albert II. Il doit connaître les dangers qui guettent l’AS Monaco. Avant de lancer notre opération, nous avons un rendez-vous capital avec Gorbarin. C’est un peu mon parrain et celui de Jartagnan également. Et celui de pas mal de monde d’ailleurs. La camionnette s’arrête en gémissant devant un vieil immeuble crasseux, à la frontière Est de la Principauté. L’enseigne « La Taverne » a perdu quelques lettres et il n’y a guère que les habitués

les rares leds fixées au plafond ne suffisent pas à éclairer convenablement. Gorbarin est déjà installé, terminant son troisième scotch. Une tignasse frisée épaisse et débordante, cachant un regard noir un brin forcé. L’homme est un sacré gabarit, ancien boxeur, reconverti en passeur de bonnes infos. A notre arrivée, il fait signe à une serveuse courtement vêtue qui s’empresse de nous servir. La bonne femme poudrée avec trop de zèle commença bien sûr par servir le Cadet, qui en quelques clins d’œil s’était déjà assuré une partie de culbute à notre retour. Encore fallait-il revenir vivant.


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Après avoir pris des nouvelles de nos familles respectives, j’introduis le Cadet auprès de Gorbarin, attendant avec délectation son bizutage. Notre indic s’élance : « Lorsqu’une mouette siffle au-dessus de ta tête, et que le soleil est à son zénith, l’éclipse peut s’avérer risquée... » Jartagnan hoche la tête en silence et après une courte pause enchaîne : « J’ai le souvenir d’enfance d’une porte fermée devant laquelle attendait un chat cul de jatte et aveugle, Noël prend alors tout son sens... » Avec Jarta, nous fixons alors le Cadet avec insistance. C’était à son tour de parler, transpirant à grosses gouttes, blanc comme un linceul. « Euh... Dans mes songes j’ai vu des ronds de fumée à travers les arbres... Et les voix de ceux qui laissent faire sans bouger... » Gorbarin le dévisage d’un air outré et je fais signe au Cadet d’aller nous attendre dans la camionnette, le temps de soutirer au Parrain les précieux renseignements.

Episode II : les montres sous terre

Une quinzaine de minutes plus tard, nous le rejoignons dehors. Inquiet, il s’empresse : « Mais qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai rien compris à votre discussion ! » Jartagnan, d’un air grave: « Des paroles de Led Zepplin en français, tu te crois malin ? Tu as insulté sa petite fille... Deux fois ! » Le Cadet est catastrophé. Tandis que le jeune se morfond à l’arrière de la camionnette, je lui explose le plan : « D’après Gorbarin, on ne peut accéder au Palais que par les airs ou la mer. Et ils ont des radars français qui surveillent l’activité aérienne, donc... » En fait, nous allons utiliser ce qu’il reste des passages secrets imaginés il y a quelques siècles, pour permettre l’évacuation de la famille princière en cas d’attaque. Aujourd’hui, ces tunnels sont laissés à l’abandon. Des dizaines de kilomètres de dédales et de caves humides. Gorbarin avait pu nous procurer les cordonnées GPS de l’une des entrées, aujourd’hui immergée. Cette position, il l’avait calculée à partir de vieux manuscrits entreposés dans sa bibliothèque privée. Ce que nous allions trouver dans ce tunnel, il ne nous l’a pas dit. Parce qu’il ne le savait pas ou pour ne pas nous effrayer...

Je rame maintenant depuis 40 minutes, les côtes monégasques ne sont plus qu’à environ deux cent mètres. Nous ne pouvons approcher plus près pour ne pas nous faire repérer par les miradors qui surveillent les côtes. Le Cadet avait entre-temps enfilé une tenue plus conforme. Les bouteilles d’oxygène fixées sur nos dos, nous plongeons. Même avec ma combinaison des plus modernes, l’eau qui s’y infiltrait était glacée. J’enviais presque à ce moment Jartagnan et son modèle antique. L’entrée du tunnel se trouvait à environ 30 mètres de profondeur, entre deux gros rochers qui la cachent des yeux indiscrets. Arrivés rapidement devant grâce à notre GPS waterproof, une grille nous barre le passage. Malgré la rouille et son âge vénérable, les barreaux en acier trempé résistent au assauts du Cadet. Jartagnan, grattant la surface du Rocher, décroche un coquillage pointu et entreprend de crocheter la serrure. Après 3 minutes d’effort, il décoince le mécanisme. Nous passons et retrouvons à l’air libre, enfin pas tout à fait.

Deux heures plus tard nous nous retrouvions tous les trois sur le port de Villefranche-sur-Mer. Plus tranquille pour embarquer sur notre frêle bout de bois flottant. Il allait falloir se mouiller pour atteindre l’entrée du fameux tunnel secret. Et le mot d’ordre avait été donné : « N’oubliez pas votre tenue d’homme-grenouille ». J’avais toujours la mienne, modèle dernier cri, la même que celle de l’Armée française. Jartagnan lui, préférait son modèle de l’ex-URSS, de 2cm d’épaisseur, lourd, mais inusable. Quelle ne fut pas notre surprise de voir arriver le Cadet dans un costume… de grenouille, à poils verts fluo, un vrai sosie de Kermit. A voir sa mine déconfite lorsqu’il nous vit sur la barque et comprit son erreur, je n’eus pas le cœur à le rabrouer. Jartagnan ne put s’empêcher de glisser dans un grincement de dents : « T’oublieras pas de nous faire un sketch au retour hein ! »

Une petite grotte, au sol rendu glissant par l’amas de mousse, nous accueille. Le Cadet allume sa torche. Pas de questions à se poser sur l’itiné-


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raire à suivre, un seul chemin est possible : un tunnel sombre et humide. Un léger filet d’air s’y engouffre et ricoche sur les parois tels des sons de l’au-delà. Je sors mon fusil d’assaut Famas équipé d’un poignard et d’une torche à la pointe, le Cadet son 9mm Beretta 92 et ses lunettes de vision nocturne et Jartagnan... sa longue vue et son mousquet, authentique modèle de 1550. Nous avançons lentement, la visibilité est rendue difficile par le léger voile de fumée, probablement de la vapeur, tant il fait chaud dans cette crypte. Des limaces et des araignées grosses comme le poing décorent les murs. Au terme d’une dizaine de minutes de marche, j’aperçois

« Trop facile, c’est l’homme ! » Et le vieillard de secouer la tête négativement. Je me creuse la tête, un peu perdu, persuadé comme le Cadet de notre bonne réponse. Au bout de quelques minutes de réflexion, Jartagnan s’avance d’un air triomphant : « Je sais ! C’est Juan Pablo Pino ! A quatre pattes le matin après sa cuite de la veille, à deux le midi après avoir décuvé et à trois le soir, sur la béquille au Karément ! » Le vieillard grimace, à moins que ce ne soit un sourire, et sort une clé massive. Nous franchissons la grille sans demander notre reste et laissons derrière nous le vieux gardien. Je me retourne quelques secondes plus tard, le vieil homme avait disparu.

deux points brillants. Nous pointons nos armes et avançons prudemment. Nos torches découvrent un vieillard assis en tailleur à même le sol devant une grille. Une longue barbe descend jusqu’à ses jambes, sa maigreur enveloppée dans une toge grisâtre, les yeux à demi-clos. Il ne semble par surpris par notre arrivée. Jartagnan, toujours empathique, s’avance : « Comment ça va l’ami ? J’espère qu’on ne dérange pas, on voulait visiter ! » L’ancêtre se râcle la gorge et murmure : « Ceux qui rentrent ne reviennent pas. Pour ouvrir le passage, vous devez répondre à la question suivante : Quel être a quatre jambes le matin, deux jambes le midi et trois jambes le soir ? » Le Cadet, fan de mythologie s’exclame :

Le tunnel fait environ 1m50 de haut pour un mètre de large et nous oblige à avancer légèrement courbés. Tous les vingt mètres environ, le chemin tourne à angle droit. Plus d’une heure que nous avons quitté le gardien et toujours aucune lueur n’indique que nous nous rapprochons de la surface. Et le Cadet de couiner derrière. Jartagnan se retourne agacé : « Qu’est-ce que tu as à grincer ? Ne me dis pas que c’est encore l’heure de ta pause pipi ! » « Mais ce n’est pas moi Jarta, je t’assure ! », réplique El Cadetiño (El comme Le). Silence général. Les couinements proviennent du bout du corridor. Nous nous approchons sur


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la pointe des pieds, comme des ombres. A la jointure de deux roches, une crevasse large de cinquante centimètres laisse filtrer un filet de lumière. La lueur d’une lampe à huile vacille dans une cavité assez vaste. Tels les Daltons, nous nous empilons les uns sur les autres pour scruter ce qui s’y déroule. Le spectacle nous glace le sang. Michel Pastor, oui le Michel Pastor, ancien président de l’AS Monaco, toutes canines dehors, toisait du regard deux hommes enchaînés à ce qui ressemble à de vieilles installations de torture. Jartagnan chuchotte : « Le type qui baigne dans son sang, à droite, il me dit quelque chose. Ces sourcils en bataille, les mégots de cigarette autour de lui, ce teint grisâtre, cet air de Georges Clooney des mauvais jours... Mais, c’est Thierry Hubac ! » Côté gauche, un autre type a l’air mal en point. Costard de golden boy, lunettes Prada, montre hors de prix... Et à vue d’œil, quelques côtes cassées, un cou parsemé de trous mal cicatrisés et une bave plus du tout maîtrisée. Je glisse à mes compagnons : « L’autre, c’est Alain Cloux. Il avait pas été licencié il y a plus d’un an celui-là ? Tu m’étonnes que l’on n’en n’ait plus entendu parler depuis ! » Pendant ce temps, Michel Pastor s’astique les canines et s’approche de Thierry Hubac avec l’air affamé. Nous filons sans demander notre reste, pas question de dévier de notre quête. Tant pis pour les dommages collatéraux... Au bout d’une nouvelle demi-heure de marche, la vision de ces deux pauvres types me hantait encore. Je me promettais de les sortir de là sur le retour. Je fus tiré de mes pensées par d’affreux cris déchirant le silence du tunnel. Nous pressons le pas, jusqu’à arriver devant une nouvelle petite grotte, en contre-bas cette fois-ci. Nous nous allongeons sur le sol pour voir ce qui s’y déroule. Le Cadet eut toutes les peines du monde à s’empêcher de rire. Frédéric Nimani était là, à moitié nu, transpirant, attaché au centre de la pièce, bras et jambes écartelés, tenu par d’épaisses chaînes en acier. Jérôme de Bontin, l’ancien président, lui tourne autour, faisant claquer un fouet, et tel un chapelier fou, arbore un haut de forme aux couleurs des Etats-Unis ! Il hurle à un Nimani chouinant ce qui lui reste de dignité : « Big Mac isn’t good for me, but i just

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can’t get enough, repeat please ! » Et le joueur répéta, avec docilité : « Big Mac iznogoud fomi (reniflement), beute i jeussecan guette inoeuf (sanglots) »... Je fais signe à mes deux compagnons qu’il faut continuer. La température commence à baisser, la sortie ne doit plus être loin. Jartagnan reçoit un texto d’Orto: « Si je puis me permettre, la prononciation de Fred laissait un peu à désirer... » Certes...

Episode III : les Mousquetaires au Palais Au bout d’un énième couloir, une échelle en bois nous attend. Elle remonte jusqu’à une plaque d’égout dans l’une des cours annexes du Palais, près des piscines, à l’Ouest du bâtiment principal. Jartagnan passe le premier, un savon entre les dents. La pleine lune éclaire son regard noir, scrutant à travers la grille. Un garde passe audessus de nos têtes. Lorsqu’il s’est suffisamment éloigné, Jarta pousse la grille délicatement et sort sans un bruit. Il se tourne vers nous, les yeux flamboyants et clame : « Ce soir mes amis, nous dînons en enfer ! » Serrant le savon dans ses mains, il y injecte un substance dont lui seul a le secret à l’aide d’une seringue. Le savon commence à vibrer sérieusement. Il s’envoie comme un dératé vers le garde qui nous tourne le dos à vingt mètres de là. Il jette le savon qui explose aux pieds du malheureux. Le casqué met un genou à terre, puis deux, et quelques secondes plus


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tard s’effondre sur le sol, plongé dans une sorte de coma, dont il émergera d’ici une semaine. Jartagnan, la barbe épaisse, s’approche de son ennemi terrassé et sans desserrer les dents, grogne : « This is Jarta ! » Le Cadet, comme à chaque adversaire tombé au combat lui accroche un pin’s « In tartiflette we trust ». Sa façon à lui de les honorer, se défend-il... Nous tirons le garde dans un buisson pour ne pas donner l’alerte. Nous avançons le dos courbé jusqu’aux abords de la piscine. La future princesse, Charlène, est là et multiplie les aller-retour. Subjugués, nous prenons quelques minutes pour admirer le ballet. Soudain, une ombre apparaît au bout de l’allée qui mène à la piscine, face à nous. Jartagnan fait signe de ne pas bouger. J’ai pour ma part enfilé ma tenue sortie tout droit d’Assassin’s Creed. J’ai essayé de faire croire à un leg d’un ancêtre de la Terre Sainte, mais l’étiquette « Made in China » m’a forcé à avouer que je l’avais commandée en ligne... Je me tiens prêt à assaillir l’assaillant, mais la démarche pataude et l’allure légèrement voûtée sèment le doute dans nos troupes. Peu à peu, la lumière diffuse de la lune révèle l’ombre. Des chaussons que l’on devine moelleux, roses saumon, un pantalon de velours vert pomme sur lequel tombe une robe de chambre d’un vert... vieux. S.A.S, Le Prince Albert II de Monaco, himself, la personne pour qui nous avons tout risqué ! Soucieux de ne pas l’effrayer et pour éviter de donner l’alerte, nous convenons de l’attirer au calme. Le Cadet repère un garde esseulé au fond du parc : « Je m’en occupe les amis, mais avant de risquer ma vie, place au sacrifice... » Et me voilà, en pleine nuit, derrière un buisson, sacrifiant... un Sundae au chocolat, tradition séculaire s’il en est, héritée de vieilles croisades. El Cadetiño file déjà entre les haies d’arbustes, se mouvant tel un ninja, mais de Haute-Savoie. Depuis sa plus tendre enfance, El Cadetiño, avait su mettre à profit les spécificités de son froid pays pour sauver sa vie. Arrivé à deux mètres du garde, il dépose un Roblochon mûri à souhait laissant à la brise légère qui caressait la cour du Palais faire le reste. Le garde ne tarda pas à sentir son corps frémir, ses pupilles se dilater, son estomac

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crier famine. Pourquoi pensait-il tout à coup à sa dernière soirée tartiflette ? Par l’odeur alléché, le fantassin de pacotille commence à s’agiter et cherche autour de lui la source de son désarroi. Le Cadet me fait signe. J’arme les fléchettes tranquillisantes cachées dans la manche de ma tenue. Oui, j’ai pris la liberté d’accessoiriser un peu la breloque. Le malheureux penché sur son Roblochon eut alors tout loisir d’y goûter, la fléchette l’atteignant dans la nuque et le plongeant dans un profond sommeil, la tête la première dans le très parfumé fromage. Le Cadet échange ses vêtements avec ceux du garde et prend sa place, presque crédible malgré son M un peu juste face au XXL de la belle au bois dormant. L’air de rien, faisant sa ronde, il s’approche du Prince. Et lui glisse à l’oreille une phrase probablement improvisée. Jartagnan râle dans sa barbe : « J’aurais dû le faire réviser, qu’est-ce qu’il a pu lui raconter ? » Le Prince reste interdit un instant puis part en courant vers le Palais. C’est à mon tour de pester : « Nous sommes perdus... »

A voir le sourire triomphant du Cadet, je me dis que quelque chose nous a échappé. Pendant que Charlène continue ses aller-retour aquatiques, nous le rejoignons. Jarta attaque : « Qu’est-ce que t’as foutu ? On


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va avoir les Experts Monaco sur le dos, t’es content ? » Le Cadet se défend : « Les Experts Monaco ? Le problème, c’est qu’une fois qu’Horacio a trouvé l’empreinte, si elle appartient à une personne qui est ami d’un ami du Prince au 3e degré, l’enquête est enterrée ! » Je tente d’apaiser les esprits : « Calmez-vous. El, il est parti où Albert ? » « Je lui ai dit qu’il était entrain de rater la finale de ‘Qui veut épouser mon fils’ ! », s’exclame-t-il sans honte. A voir la figure couleur prune de Jartagnan, l’improvisation du Cadet le laisse sceptique.

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garde est... occupée. Nous ne resterons pas longtemps, nous avons seulement à vous parler... » Albert, toujours en chaussons et robe de chambre reste interloqué. Transpirant à grosses gouttes, il nous fit malgré tout signe de nous asseoir. Je pris la parole : « Vous le savez, Monseigneur, la situation du club est grave. Et les hommes que vous avez mis à la tête du club ne font qu’accélérer la mort de l’ASM... » Après une heure d’explications de notre part sur les malversations, les erreurs de jugement, les combats d’ego, les règlements de compte, les mauvais choix quasi-systématiques et la nécessité d’ouvrir le capital du club pour ne pas mourir,

IN TARTIFLETTE WE TRUST Nous rasons les murs jusqu’au Palais. Retrouver la chambre du Prince n’est pas une mince affaire. Heureusement, le grésillement dans nos oreillettes nous rappelle que Ninie n’est jamais loin. « Bon les gars, je vous guide. Vous prenez la porte de service à 10 heures, distance 50 mètres. Puis direction les escaliers, vous montez 3 étages. Ce sera la porte au fond du couloir. » Par chance, les émissions de téléréalité n’intéressent pas que le Prince. Cinq gardes qui devraient normalement être dispersés dans les couloirs, et rendre notre tâche complexe, s’étaient rassemblés dans un local pour s’esclaffer tous ensemble. Qu’à cela ne tienne, un savon génétiquement modifié explosé au sol et tout le monde s’endormit paisiblement. Nous prenons l’initiative d’entrer dans la chambre sans frapper. Monseigneur reste les yeux rivés sur son écran et sans bouger d’un cil s’adresse à nous : « Michel, je t’ai déjà dit non, je ne peux pas te mettre président de l’ASM, c’est Franzi la caution. Et puis, chaque fois que tu parles dans les médias, tu te ridiculises... » Jartagnan se racle la gorge : « Hum, Monseigneur ? » Le Prince se retourne brusquement : « A moi la garde !!! » Cyril, toujours affublé de son costume de carabinier s’avance : « Du Calme, Monseigneur, la

nous réalisâmes que le Prince n’avait pas dit un mot. Il était resté attentif, mais silencieux. Avant d’enfin prendre la parole : « Mousquetaires, je vous remercie pour votre courage... et votre inconscience. J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir aux décisions que je dois prendre. Mais vous m’avez rappelé que, plus qu’un club, l’AS Monaco est aussi l’un des joyaux de l’héritage que m’a transmis mon Père. Je n’ai pas le droit de fermer les yeux sur ce qui s’y passe. Je vais agir, très rapidement. Au nom de l’amitié, j’ai laissé passer beaucoup de choses. Aujourd’hui, pour me comporter avec la sagesse qui incombe à ma fonction, je dois reprendre les choses en main. Sortez par la grande porte, amis, on ne vous barrera pas la route.... » Nous tournons les talons comme un seul homme, émus et pleins d’espoir. A l’instant où nous allions franchir la porte de la chambre, Monseigneur ajoute : « Puisque vous êtes là, si cela vous dit de m’accompagner, j’ai une envie de terrible depuis une heure, sans que je sache d’où elle me vient. Ça vous dirait de manger une tartiflette ? »




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