Acid Arab - Musique de France press book

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La Hafla (single) / DJ reactions

“Great” Ame “Great, as always” Jd Twitch (Optimo) “Great stuff!” Dimitri From Paris “Great” Auntie Flo “Incredible!” Rob Da Bank (Radio 1) “MASSIVE! 5/5” Boiler Room “Heavy!” Psychemagik “Super cute” Severino Panzetta (Horse Meat Disco) “So fresh and amazing!” Fabrizio Mammarella “I love everything these guys do!” Dave P “This is one of their best!” Alex from Tokyo “Funtimes” Objekt “Always good!” Dop “Nice! 5/5” Sean Johnston (A Love From Outer Space ) “Like it. Will support. 5/5” Robert Louis (Tru Thoughts) “Immediate 'fuck yeah'” Sleazy McQueen


United States
















United Kingdom












































France





+

un CD mixé par

Boys Noize

ACID ARAB se dévoile

TRÉSOR : UN CLUB ET UN LABEL MYTHIQUE RICHIE HAWTIN : PASSION SAKÉ PORTFOLIO : SLASH RECORDS PARADIS L 16850 - 95 - F: 6,95 € - RD FEYNMAN MYKKI BLANCO GLASS ANIMALS

ANS

95


Acid Arab

Fra n c e O r i e n t E x p re s s FRANÇOIS BLANC

PIERRE-EMMANUEL RASTOIN

DE GAUCHE À DROITE : PIERROT CASANOVA, HERVÉ CARVALHO, GUIDO MINISKY, NICOLAS BORNE.



056 GRAND CENTRAL

Quatre ans après sa création, Acid Arab est devenu un acteur incontournable du paysage électronique français en puisant dans les musiques orientales. Le premier album du groupe compte parmi les temps forts de cette rentrée 2016.


C’était à l’été 2012. Gilb’r ne s’est pas joint à l’affaire, mais il nous a mis le pied à l’étrier, nous a offert un morceau pour ces soirées, nous a accueillis sur son label Versatile. Il vient d’une famille égyptienne, ce sont ses racines musicales, je pense qu’il a toujours eu envie de faire référence à ces musiques et j’aime à penser qu’on l’a un peu décoincé là-dessus (King Ghazi, le nouveau projet de Gilb’r avec le percussionniste et DJ Shadi Khries a été enregistré en Jordanie, ndr). Tu te souviens de ta première rencontre avec Hervé ? On travaillait tous les deux à la Flèche d’or, je faisais la programmation et lui était au bar, en 2008 ou 2009. Il faisait toujours des fêtes chez lui après les soirées, j’y allais de temps en temps. J’ai quelques flashs, mais on était dans un tel état que je ne me souviens de presque rien, il me disait : “Je suis DJ, je fais des fêtes à Londres.” Je programmais des soirées aux Disquaires à l’époque, je lui ai proposé d’y jouer, il était vraiment bon. Ensuite il a bossé Chez Jeannette, en bas de chez moi, donc je l’ai beaucoup vu. On a fini par lancer notre soirée Moune Power, avec aussi Loac et QOSO.

M

élanger musiques arabes et house music dans ses sets. C’était à leurs débuts en 2012, la motivation du duo de DJ’s parisien Acid Arab. Soit Guido Minisky, croisé en programmateur du club Chez Moune, en DJ au Pulp, ou en journaliste dans la presse musicale (et même dans les premiers numéros de Tsugi via sa rubrique culte Antijour) et le plus discret Hervé Carvalho. Quatre ans plus tard, après une grande compilation, Collections, où Acid Arab a sélectionné le meilleur des deux mondes et un statut de mastodonte de scène, le duo saute le pas et s’attaque avec bonheur à la production, devenu quatuor avec le renfort de Pierrot Casanova et Nicolas Borne. Au point de sortir un premier album, un vrai, Musique de France, où tout a été produit en interne, éclatant largement la formule d’origine (acid house + musiques arabes) et invitant de prestigieux musiciens et vocalistes d’Afrique et de Turquie. L’occasion d’une rencontre à Paris dans son studio du quartier Strasbourg Saint-Denis, d’abord avec Guido seul (Hervé ayant été empêché par un drame familial) puis en compagnie d’un des laborantins de studio, Nicolas, pour un commentaire track-by-track.

Tu racontes qu’Acid Arab est né en Tunisie… Guido : Le festival Pop In Djerba nous avait invités séparément, Hervé, Gilb’r (le fondateur du label Versatile, ndr) et moi. On a fait un grand back-to-backto-back à trois, j’étais venu les bras chargés de disques électroniques orientaux et au gré du set, il est apparu évident qu’il se passait un truc de fou. Dès le lendemain, comme notre soirée Chez Moune à Hervé et moi venait de s’arrêter, je me suis dit qu’il fallait en lancer une nouvelle, une soirée orientalo-électronique.

Les musiques orientales t’ont toujours passionné ? J’avais trouvé quelques disques en brocante, sans être à fond. Nova avait sorti une compilation arabe dont je suis tombé fou amoureux, il y avait aussi la bande originale du Mari de la coiffeuse. Avouons-le, les taxis ont aussi joué un rôle, à force d’entendre Radio Beur ! En rentrant de ce fameux voyage en Tunisie, j’ai commencé à digger le sujet, sur le net principalement, parce que les vrais collectionneurs n’avaient pas attendu 2012 et que les prix de ces disques avaient déjà flambé. Quand vous jouez dans les pays orientaux, vous gardez du temps pour chercher des disques ? À fond ! Mais c’est assez rare, on a fait deux soirées au Liban, une en Jordanie, une en Égypte, deux à Tel-Aviv, deux ou trois en Tunisie et deux au Maroc. Je fais la gueule si on n’a pas le temps de fouiller les disquaires de ces pays ! D’Amman en Jordanie, j’ai ramené des kilos de CDs. Le concept d’Acid Arab a vite pris ? Dès le début on a senti un vrai engouement, la première soirée était blindée, nos copains producteurs nous envoyaient des morceaux produits pour l’occasion. C’est comme ça qu’on a récupéré des pistes de Krikor, Pilooski, Joakim… On s’est dit qu’on tenait quelque chose qu’il fallait faire un disque qui porterait le nom de notre soirée, Gilb’r nous a proposé de sortir lui-même la compilation. Il nous manquait un morceau-type pour la compilation, un track qu’il nous fallait produire nous-mêmes. C’est là que vous passez de deux à quatre ? Tout à fait, Hervé est allé chercher son copain Pierrot, qui nous a produit “Theme”, huit minutes bien mentales, l’hymne de nos soirées. Nicolas nous a rejoints ensuite, il fallait qu’on devienne un vrai groupe. Vous êtes passés, Hervé et toi, de directeurs artistiques pour cette première compilation à producteurs d’un véritable album aujourd’hui ? Nous sommes restés les directeurs artistiques, on a des idées, des sons, des concepts, que les deux autres transforment par magie en studio. Hervé met de plus en plus les mains dans le cambouis de la production, moi ce n’est pas mon truc, je me contente du côté visuel et conceptuel. Je n’ai pas le sentiment d’avoir grand-chose à apporter une fois que l’idée a été lancée, je préfère éditer.


On n’a ja mais fa i t de décl arat io n p oliti que, l a démarch e du gr oup e p a r l e d’ elle- mêm e.

Hervé et toi êtes gênés par la représentation médiatique du groupe, que tout le monde voit comme un duo ? Bien sûr, mais je le comprends aussi, Pierrot et Nico ne sont jamais sur scène et c’est là qu’Acid Arab est le plus visible. J’essaye de rappeler toujours que je ne suis que le quart d’Acid Arab, mais les gens s’en foutent. L’album est varié, on dirait que vous vouliez à tout prix éviter le collage grossier entre deux mondes. On est tombés dans tous les pièges au début, aujourd’hui on sait ce qu’on ne veut pas faire, pas de samples, pas de darbouka sur des beats, pas des trucs faciles, pas de violons clichés, de palmiers et de chameaux sur les pochettes, de danses du ventre et de percussions traditionnelles sur scène. On a des règles… et on veut être un groupe électronique avant tout. Y a-t-il eu des sceptiques au début, qui contestaient votre légitimité, à une époque où on parle de plus en plus d’appropriation culturelle ? Au début, il y a eu des chieurs. Mais je pense qu’on a tout bien fait comme il faut pour ne pas penser qu’on vole la musique, ou quelque chose du genre. Les Arabes avec qui on discute ont compris que notre musique est altruiste, on est hyperrespectueux. Un musicien égyptien qu’on adore m’a confessé que la première fois où il nous a croisés sur scène il s’est dit “voilà les connards”. Puis il a changé d’avis, m’a avoué qu’il s’était trompé. Tous ces musiciens qui collaborent au disque ont accepté parce qu’ils aiment notre démarche et sincérité. De toute façon, ce sont des musiques méprisées par la majorité des Occidentaux, on ne vient pas leur voler leur or. Le titre de l’album, Musique de France, semble hautement politique. On ne veut pas trop expliquer ce titre, on veut que les gens s’approprient le disque. On n’a jamais fait de déclaration politique, la démarche du groupe parle d’elle-même. Pour schématiser, on ne fait pas de la musique arabe, ces musiques sont en France depuis toujours, on fait de la musique de France. L’époque angoissante, les communautés qui se regardent d’un mauvais œil, est-ce qu’Acid Arab a encore plus d’importance à cause du climat social ? Je le pense, même si j’ai du mal à croire qu’on puisse changer des opinions de cette manière. On symbolise une mixité, mais je ne pense pas que grâce à nous les fascistes se disent d’un coup : “Ah, mais les Arabes c’est super en fait !” Si on pouvait changer des opinions, ou aider les jeunes à être ouverts d’esprit, ce serait une chose incroyable. Y a-t-il une de vos dates dans un pays oriental qui vous a particulièrement marqués ? Il y en a une qui nous avait déprimés, vraiment pourrie alors qu’on en attendait beaucoup. Mais on a joué à Casablanca, dans un stade pour un festival gratuit, c’était impressionnant, comme si cela légitimait notre musique, que les Marocains aiment ce que l’on fait. Au Caire on a eu chaud, on jouait au milieu des stars de l’électro-chaabi, deux petits Français qui débarquent et puis finalement ça a pris, tout le monde souriait. On dit souvent qu’on vit un nouvel âge d’or du clubbing à Paris et ailleurs. Tu en penses quoi, toi qui as commencé il y a plus de quinze ans ? Je n’avais jamais mis les pieds en club avant le Pulp à la fin des années 90, même si j’étais DJ depuis longtemps, dans des soirées


Musique de France, piste par piste

“Buzq Blues”

Guido : C’est un morceau qui existe depuis longtemps, on avait été approchés par un label d’un autre continent pour une compilation, mais ils n’ont jamais réagi au morceau. Nicolas : C’est un bon symbole des débuts d’Acid Arab, le mélange des musiques orientales et de la TB-303 de l’acid music. Guido : On ouvre là-dessus pour ensuite passer à autre chose en élargissant le spectre électronique à la trap, la techno, la musique industrielle, etc.

“La Hafia” feat. Sofiane Saidi

Guido : Sofiane m’avait écrit aux débuts d’Acid Arab, on a beaucoup parlé de cette période étonnante dans les années 90, où la scène arabe est devenue branchée, lancée en France par Universal avec Khaled, Faudel ou Rachid Taha. Sofiane faisait partie de cette bande. Un jour on a joué à la Réunion et on l’a enfin rencontré. Du coup on l’a invité à poser des voix sur ce morceau qui existait déjà sur un maxi précédent. Son dernier album est formidable et ce mec est formidable, on a tout le temps envie de le prendre dans ses bras pour lui faire des bisous, il est touchant. C’est aussi le morceau de Kenzi, notre claviériste sur scène qu’on aime tant (absent lors de la session photo, ndr) et qui a aussi bossé sur quelques autres titres.

“Medahat”

Guido : C’est mon petit chouchou. C’est là que le projet atteint son point culminant, la rencontre entre cette musique chaâbi algérienne, ses flûtes graves au son écorché et un beat un peu trap et dark. Nicolas : Avec un petit côté industriel, le morceau nous faisait penser à un passage dans Terminator 2 où Schwarzy arrive dans un supermarché avec son fusil et il y a un drone qui met une ambiance oppressante.

“Le Disco”

feat. Rizan Saïd Guido : On n’est pas très bons pour les noms de morceaux, ça n’est souvent pas très profond. (rires) D’autant qu’aucun de nous ne parle arabe, parfois on tenait un mot et on cherchait la traduction ou on la demandait à Kenzi. Rizan se surnomme luimême le “king of keyboard”, il est incroyable, c’est lui qui est derrière Omar Souleyman depuis 20 ans, sans lui Omar n’était rien et maintenant qu’ils ne sont plus ensemble, je ne sais pas si Omar va rencontrer le même succès. On l’a rencontré en partageant des scènes, lui parle quelques mots d’anglais, contrairement à Omar. On était tous ensemble à Lisbonne dans une soirée organisée par Four Tet, on a joué nos morceaux dans les loges à Rizan, pas hyper chaleureux au départ, et d’un coup il s’est ouvert à nous.

“Gui l’Arbi”

feat. A-WA Guido : On les a vues en concert à Tel Aviv il y a deux ans. Épatés, on est restés un peu en contact avec Tomer qui est à la fois leur producteur et leur manager, il nous a proposé de remixer leur tube, en échange on leur a proposé de chanter sur le disque. Tout a été très simple, même si elles ont enregistré à Tel Aviv alors qu’on s’est croisés pas mal à Paris, on a partagé la scène de la Gaîté Lyrique et mangé ensemble au restaurant kurde de la rue d’Enghien. On a demandé à tous les vocalistes des traductions de leurs paroles. Là, les filles parlent d’amour. Seul Rachid Taha est un peu plus politique, mais de façon évidemment poétique.

“Stil” feat. Cem Yildiz

Guido : Cem est un personnage absolument fabuleux. Certains se souviennent peut-être de Insanlar, son groupe avec Baris K, dont le morceau incroyable de 24 minutes “Kime Ne” avait été remixé par Ricardo Villalobos. Il est joueur de saz (un luth des régions kurdes et turques, ndr). On lui a envoyé un mail et il a accepté de jouer pour nous, il a fait ses prises depuis Istanbul, on pensait qu’il ne ferait qu’un solo de saz et il a aussi fait des voix. Cela fait deux ans que le groupe tourne partout, avec parfois trois ou quatre dates par semaine,

tous les invités nous connaissent, cela devient plus facile. Enfin ça n’a pas toujours été comme ça, je me souviens d’une date à Berne devant personne en dehors des potes des barmen.

“A3ssifa” feat. Rizan Said

Guido : Un morceau “in your face” qui arrête les gens… Rizan y joue comme un fou.

“Houria” feat. Rachid Taha

Nicolas : Pierrot est parti sur un délire un peu à la Suicide ou Throbbing Gristle, un morceau vraiment sombre qui montre à quel point l’album est éclectique, en faisant référence à la musique industrielle. On est loin du côté dansant que les gens attendent d’Acid Arab et c’était important pour nous. Guido : On partage avec Rachid un tourneur et un musicien, le fameux Kenzi. C’est un foufou, on l’a pas mal croisé, il adore faire la fête et on s’entend bien. On est devenus cousins !

“Sayarat 303”

Guido : Ce sera le prochain single de l’album, hommage à la Peugeot. (rires) Nicolas : C’est le morceau le plus techno, et un petit clin d’œil au “Acid” de Acid Arab.

“Tamuzica”

feat. Jawad El Garrouge Nicolas : Jawad est venu chez nous enregistrer ses voix et propres percussions. C’est un personnage étonnant qui fait partie de Gnawa Diffusion. Ce devait être le morceau “Mogador”, qui finalement est sorti plus tôt dans une version techno instrumentale, alors que celui-là n’a même pas de beat. Guido : L’album, c’était l’occasion de ne pas viser que le dancefloor. Et les deux derniers morceaux montrent l’étendue du spectre d’Acid Arab. On a réussi à ne pas tomber dans notre propre cliché.


privées. Autour de 2008, j’avais l’impression qu’on commençait à se faire chier, mais je ne suis pas tenté par le “c’était mieux avant”. Aujourd’hui le clubbing est redevenu cool et tout se renouvelle, de nouveaux personnages débarquent, de nouveaux concepts, j’admire les Salut C’est Cool ou Flavien Berger. Certains artistes ont disparu, des clubs aussi, mais rien n’était mieux avant. Tu t’es mis à fréquenter les clubs tard, est-ce qu’aujourd’hui tu t’en lasses ? J’y passerais bien toute ma vie, mais le clubbing ne voudra bientôt plus de moi, d’ici quelques années je n’arriverai plus à faire bonne figure physiquement ! Déjà, aujourd’hui, je me fais appeler monsieur tout le temps. Il faut être une grosse star pour continuer après 50 ans… et pour moi, 50 ans, ce n’est pas si loin. Ce succès inattendu te tombe dessus à la quarantaine, ça change quelque chose ? Le groupe a commencé à mes 40 ans. Je ne sais pas si je gère mieux que quelqu’un de plus jeune. Je n’ai jamais bu, je ne prends quasiment pas de drogues, je me maintiens bien. Et je sais que ça ne durera probablement pas. Enfin je viens des Yvelines, je me souviens de Nicolas Godin de Air qui me disait il y a 20 ans quand sortait leur maxi qu’il devait profiter avant que ça ne s’arrête. Ils sont encore là 20 ans après ! On verra… Ce qui est drôle c’est que je n’ai jamais vraiment rêvé de ça, d’être musicien, de faire de la musique. Je rêvais d’être journaliste, d’avoir mes propres soirées, d’avoir un club et de vivre du deejaying… Tout cela, je l’ai fait. Avec Hervé, vous avez dû apprendre à vivre ensemble en tournée. Qu’est-ce que vous faites quand vous n’êtes pas sur scène ?

Ce n’est pas compliqué, dès qu’on arrive quelque part on demande où est la weed. (rires) Mais on a de moins en moins de temps pour vagabonder à chaque date d’Acid Arab, ce qui est frustrant et triste. On est allés à Dubaï, Hervé est resté huit heures sur place, c’est délirant. Est-ce que la peur que ça ne dure pas vous force à accepter toutes les propositions ? Cela arrive qu’on se retrouve à faire des choses qui ne nous plaisent pas, ça crée quelques tensions, mais on est très heureux dans l’ensemble. Des soirées, des DJ-sets, une compilation, un album, les ambitions d’Acid Arab vont crescendo. Quel est votre plus grand rêve ? Que l’impact du groupe soit politique, qu’on puisse programmer une scène d’un grand festival, voir créer notre propre festival. Ou même un label, ce qui semblait délirant, mais qu’on est en train de faire. On a déjà un artiste, Rozzma, un mec du Caire qui a inventé quelque chose à lui, une techno mâtinée de hardcore sur laquelle il chante en arabe. La scène là-bas est en train de s’effondrer, les soirées sont bloquées par la police. On a pété les plombs en entendant sa musique !

MUSIQUE DE FRANCE (CRAMMED DISCS/WAGRAM) SOUNDCLOUD.COM/ACID-ARAB

En tournée le 8 octobre à Nancy (L’Autre canal), le 14 à Annemasse (Château Rouge), le 27 à Massy (les Primeurs de Massy), le 28 à Castres (les Primeurs de Castres), le 29 à Paris (Pitchfork Music Festival).






































































































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El dúo francés compuesto por Guido Minisky y Hervé Carvalho -y que cuenta con el soporte de Pierre-Yves Casanova en el estudio- aterrizaban en Madrid para ofrecernos un Dj set en Joy Eslava como parte de la programación de La Noche del Jaguar, fiesta dedicada a sonidos exóticos. En él, presentaban los cortes de su aclamadísimo

‘Musique

de

France’, publicado en Crammed Discs, considerado de los mejores álbumes de electrónica de este 2016 que ha pasado, y en el que colaboran músicos como el teclista Kenzi Bourras, Rizan Said -colaborador de Omar Souleyman- el pionero de la fusión raï Sofiane Saidi y el cantante Jawad El Garrouge. Nos reunimos con ellos en su habitación de hotel para hablar de la cultura arábica en Francia, del break beat y del jamón de bellota…¡al ataque! Autor: Julia Lozano

Quisiera que me contaseis qué historia se esconde detrás de un nombre como Acid Arab… Guido:

Creo que es más descafeinada de lo que imaginas. Creemos que describe la música que hacemos. Hervé:

Pero esa no es la verdadera historia. El hecho es que estábamos en una fiesta que organizábamos y quedamos con una amiga que era diseñadora gráfica, y mientras hablábamos del estilo, de lo que hacíamos y del ambiente de la fiesta, ella entendió el concepto, y cuando nos reunimos para reflexionar sobre el rollo, nos dijo: “Creo que queréis algo como acid y arab”, y claro, dijimos: “sí, sí, es eso. Touché”. Gracias, Nayla, así se llama ella. Es genial.

Cuando mencionáis que vuestra música engloba estilos diferentes, ¿por dónde vais exactamente? Hoy, por curiosidad, he ido a Discogs y en vuestro perfil de artista se describe vuestro estilo como techno, house, acid, folk, breakbeat… ¿Escribisteis esa descripción vosotros? Guido:

En Discogs, el sistema que crearon al principio solamente mencionaba unos pocos estilos, básicos, y no entraba en subgéneros. Y creo que, en cierta manera, ahora están en un punto sin retorno, es demasiado tarde para ir hacia atrás, hay demasiada información que cambiar en la base de datos. No tienen secciones de música étnica, por ejemplo. Así que a nosotros nos han asignado folk. Quizás algún día consigan reorganizar todos los estilos. Hervé:

Obviamente hay algunas influencias del old skool breakbeat en nuestra música. Chemical Brothers y Prodigy, y el breakbeat inglés… A mí me gustaba bastante hace ya 15 años o más, pero fue un momento importante para la música electrónica. Así que creo que existe un paralelismo entre la manera de producir que ellos tienen y la que tenemos nosotros. Piero, el chico que no está hoy con nosotros pero que habitualmente es parte de la formación y trabaja con nosotros en el estudio está bastante metido en el techno industrial y el new wave, así que podría ser también una influencia.

Tanto vosotros como otros artistas de renombre estáis actualmente llevando la música de Oriente Medio y el Norte de África fusionada con electrónica a las pistas de baile occidentales. Embajadores del Este en el Oeste. ¿Os sentís así, y si es el caso, cómo lo lleváis? Hervé:

No sé si embajadores es la palabra, es una palabra muy potente y cristaliza muchas cosas…

manera diferente a, por ejemplo, el afro beat o la música brasileña. ¿Se está convirtiendo esto en un hype? Guido:

Ya ha pasado de ser un hype. Ahora está aquí, y está aquí para quedarse. El hype fue antes y fue cuando nosotros nacimos. Somos hijos de ese hype.

Supongo que habréis bebido de estos sonidos antes, ¿no? Hervé:

Internet. Internet está ahí. Mucho tiene que decir nuestro viaje a Túnez. La gente que conocimos allí… Guido:

La idea de Acid Arab nació en Túnez. De las experiencias, los lugares, los sabores, los olores, la música, y algunas actuaciones que vimos allí. Vamos a destripar un poco los entresijos de vuestro álbum. ¿Por qué decidisteis llamarlo ‘Musique de France’? Guido:

El álbum es exactamente lo que el nombre describe. Esta música árabe ha existido en Francia desde hace muchísimos años, mucho antes de que nosotros naciésemos. En París, en Marsella, desde los años 60 la música árabe se ha estado escuchando en clubes, en salas de conciertos y en teatros. Ha coexistido con la música francesa durante décadas. Hervé:

En algunas de las ciudades francesas está realmente muy presente; en la costa Mediterránea, en Marsella… Marsella está considerada la primera ciudad Norte Africana que existió en Francia, (risas). Guido:

Cogimos un montón de cosas de esta cultura. La comida, algunas palabras, los trabajadores y en general, mucha energía. Y la música fue algo que vino de la mano de todo esto. Antes no había realmente una cultura de admiración hacia esa música. Ahora parece que ha llegado su reconocimiento. Hervé:

Cuando coges un taxi, en la calle, en el mercado, en Bellville, donde trabajábamos, la mayoría de los habitantes son árabes. París es realmente esa mezla, por eso el álbum se llama ‘Musique De France’, porque la música viene de las ciudades. Guido:

Podríamos haberlo llamada ‘Musique de Paris’, pero le vimos menos gancho (risas). Entonces, existe una escena en París para vuestro sonido…

Nombres como vosotros, Red Axes, Autarkic, Baris K o Habibi Funk estáis acercando la electrónica a las músicas tradicionales de Oriente Medio o el Norte de África de una

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Guido:

París es una escena. Hay muchísimos músicos africanos, muchísimos músicos árabes, es una mezcla muy interesante. Es el lugar en el que estar.


El álbum está lleno de colaboraciones pero me preguntaba, ¿qué ocurre cuando tenéis que actuar en directo? ¿Cómo lo hacéis? Hervé:

Buena pregunta... (risas). Cuando tocamos en directo somos tres, nosotros dos y nuestro teclista. Normalmente utilizamos varios arreglos, añadimos las voces y las vocales los regulamos a través del teclado. Tratamos de organizar el track de manera que la voz no sea el eje principal. Eso sí, cuando tenemos la oportunidad de reunirnos e invitar a nuestros solistas colaboradores, lo hacemos. Hace poco hicimos un show en La Cigale, en Paris. Invitamos a dos artistas Sofiane Saidie y Rachid Taha.

“La idea de Acid Arab nació en Túnez. De las experiencias, los lugares, los sabores, los olores, la música, y algunas actuaciones que vimos allí”

clase de equipo de producción tenéis? Guido:

No hay reglas. Tanto orgánicos como sintetizados. Hervé:

A veces hacemos de un loop sintetizado el esqueleto principal del tema, sobre el que construimos el resto, y otras veces, invitamos al artista, toca en directo y sobre ello, trabajamos. Lo que sí que tenemos como premisa es no utilizar samples como eje del tema. Preferimos que el músico toque. Comentábamos que es vuestra primera vez en Madrid,

‘Stil’, ‘Tamouzica’ y ‘Houria’ son varios de nuestros cortes preferidos del disco. ¿Tenéis alguna preferencia? ¿Cuáles son los que más disfrutáis tocando o pinchando? Hervé:

Sí, la verdad es que tengo algunas favoritas. Si es simplemente un directo, es distinto. Algunas veces disfruto más tocando unos temas y otras veces, otros diferentes. Depende mucho de los patrones del directo, de la improvisación, del público, de cómo estemos nosotros. Para escuchar, la verdad es que me encantan ‘Houria’ por la historia de la canción, y ‘Stil’ por el ritmo y la progresión. Guido:

Yo me pirro bastante por ‘La Hafla’ y ‘Medahat’. ¿Cómo fue el proceso de ordenar los cortes en el disco? Guido:

Uff, fue bastante complicado, la verdad. Una misión. Hervé:

No solamente debido al carácter de los cortes, sino también al vinilo, al vinilo como formato físico. A su calidad, a su duración. Guido:

Cambia notablemente del CD al vinilo. El vinilo es algo más corto. Podría haber funcionado quizás en otro orden, pero consideramos también que era interesante tener la oportunidad de escuchar el álbum de principio a fin, de entenderlo como un todo. Cada canción es diferente de la siguiente y cada mensaje contiene algo diferente. Estamos muy orgullosos del resultado final. Al producir este tipo de música, imagino que utilizaréis instrumentos orgánicos también como el Buzuq o el Quanum. ¿Los combináis con sonidos sintetizados? ¿Qué

pero ya habéis estado en España antes. ¿Cómo fue la experiencia? Hervé:

Hemos pisado vuestro país unas tres veces pero siempre en Barcelona. La verdad es que nos encanta. Estamos muy contentos de estar esta noche en Madrid, ya sabemos que el público español es muy entregado.

‘¿Estáis planeando tocar en algún festival en España este verano? ¿Cómo fue la experiencia en Sónar el pasado año? ¿Habíais ido antes al festival como público? Guido:

¡Sí, sí! No es exactamente un festival, pero vamos a ir en julio a la Apolo, en Barcelona. Será una versión ampliada y bastante pro del directo. Hervé:

¿Qué artistas españoles seguís de cerca? Hervé:

Nos gustan Marc Piñol, que además es amigo (lo traje a París a pinchar) y John Talabot. También Pional, que son artistas españoles bastante reconocidos. Nos parece muy interesante lo que hace un chico de Madrid, Javi Redondo, tenemos amigos en común y él es bastante popular en la escena marsellesa. Ha venido a La Damme Noire.

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Y va a ser bastante especial porque seremos cabeza de cartel e iremos a tocar un directo con bastantes elementos y con algunos de nuestros colaboradores. ‘¡Mucha suerte esta noche, gracias por este rato!

¡A vosotros!



































Netherlands



















Belgium













Switzerland










Japan







Turkey


WEDNESDAY, JUNE 20, 2018

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Fete de la musique ready to rock From Beirut’s Roman Baths to Batroun’s Colonel Beer venue, free concerts abound By Mariette Pfister The Daily Star

Photo © Flavien Prioreau.

B

EIRUT: For the 18th time, Lebanon will mark Fete de la musique on June 21 with concerts in Beirut, while additional shows will be staged in the capital and around the country in ensuing days. In Beirut, the main stages at Place de l’Etoile and the Roman Baths will be complemented by parallel concerts at a variety of locations – including AHM, KED (The Back Door), Zico House, Mad House, Onomatopoeia The Music Hub, ESA Business School, Afkart at Zaitunay Bay, Beirut Open Stage in Mar Mikhael, ABC Verdun and ABC Achrafieh. Each venue will host different musical styles – from pop, rock, blues and hip-hop as well as psychedelic shaabi, electronic Oriental or dark disco. Some of groups will perform at different locations at different times. Festival ads have featured Acid Arab, a French band of DJs that mixes electronic and classical Arabic music. Their deep, dramatic sound will resonate from the Place

Acid Arab is among the French acts featured at Fete de la musique 2018.

de l’Etoile on June 21 and Batroun’s Colonel Beer Beach on June 23. Radio Beirut will host several artists at the Roman Baths, including the Brazilian percussionists Bloco Rubra Rosa, rocker Alan Abi,

shaabi psychedelic duo PRAED and dark disco meister Ovid. In a nod to the festival principle of “diversity” – other principles include “universality,” “originality,” “accessibility” and “free entry” – several

acts will perform outside Beirut. Organizers insist such decentralization is meant to give urban and rural residents a chance to attend free musical events and discover new styles. It’s thought it will also allow the fetes to

embrace a wider variety of styles. Held worldwide every year on June 21, Fete de la musique was launched in Paris in 1982. While ground zero for its Beirut iteration is also June 21, additional locations in Beirut and around Lebanon have been hosting musical events since June 16, continuing through June 25. In the Bekaa Valley, Zahle and Baalbeck will celebrate the festival on June 22 and June 24 respectively. Beit Mery will stage its version of the festival on June 21, while Dbayeh will do so on June 21 and 23. Kahaleh will host gigs on June 23. In Chouf, Deir al-Qamar and the Chouf Cedar Reserve will host concerts on June 23. Zouk Mikael’s Roman Amphitheater will host shows on June 22, while Jbeil will host bands on June 24. Batroun celebrated Fete de la musique on June 16 and will do so again on June 23. Tripoli will stage events June 21-23 and 29. South Lebanon will host Lebanese and German musicians in Sidon (June 22 and 23) and Tyre (June 23). Organized by the Institut Francais du Liban, the Association Libanaise de Festival Culturel, the Culture Ministry and the Tourism Ministry, events are free of charge. The full program of Fete de la musique and additional information can be found on Facebook and Instagram (#FDLM2018Lb), Twitter (@fetemusique liban / @fetemusiquebey) and the venues’ websites.










Other countries


Levant

ACID ARAB Numéro 80 Novembre 2017

VERTIGES SONORES

JAN KACPRZAK EN T-SHIRT DOLCE & GABBANA, PULL CALVIN KLEIN, ET JEANS ZEGNA.

N°80 – 7,500 L.L.

BEAT OBSESSION


De gauche à droite: Guido: Chemise, ACNE STUDIOS. Hervé: Chemise, LEMAIRE. T-shirt, ACNE STUDIOS. Pantalon, LEMAIRE. Kenzy: T-shirt, GUCCI. Pantalon, ACNE STUDIOS. Montre, GUCCI. Bracelet, CARTIER.


ACID ARAB, LE BEAT CITRON LOUKOUM Par F.A.D Photographie, BARRÈRE&SIMON Stylisme, CLÉLIA CAZALS Réalisation, MÉLANIE DAGHER

Ils infusent la techno de musiques analogiques puisées dans le répertoire classique ou improvisé de la tradition arabe. En duo, les DJ Hervé Carvalho et Guido Minisky, ont trouvé ce son électro oriental qui enchante la nuit, de Paris à Beyrouth en passant par toutes les capitales de la fête. Ils nous expliquent

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Pull, ACNE STUDIOS. Pantalon, A.B.C.L. JAPAN.


Top col roulé, STRATEAS CARLUCCI. Chaussures, PRADA.

Tout commence avec le son insolite produit par la ligne de basse d’un synthétiseur devenu mythique : le Roland TB303. A la fois mate et nasillarde, sèche et grésillante comme une sirène antiaérienne des années 40, cette basse analogique soutient au début des 80’s le beat obsédant de l’Acid House, genre musical aujourd’hui « old school » mais véritable ancêtre de la techno. Parti des quartiers misérables de Chicago où il accompagnait les petits bonbons du bonheur chimique, l’Acid House traverse rapidement l’Atlantique et se développe en Angleterre puis en Europe en se teintant de pop et de dance. Jumelle tribale et folklorique de ce beat hypnotique, la musique arabe elle aussi est affaire de transe et de vertige sonore. Ses mélopées engourdissantes accompagnent la nostalgie nomade et le tempo chaloupé des caravanes. Ses percussions nerveuses électrisent les mouvements agiles des danseuses du ventre, enfièvrent les invités des noces et prolongent la fête jusqu’à l’épuisement des participants. Vue sous cet angle, la fusion de l’Acid et de

la musique arabe pourrait sembler évidente. Si toutefois l’on accepte l’évidence d’un couscous aux saucisses de Francfort, d’un siyadiyé au saumon ou d’une tarte aux loukoums. Mais tout dépend de la recette : celle d’Hervé et Guido est savoureuse et le peuple en redemande. Quels sont vos parcours respectifs ? Guido: “ J’ai commencé par collectionner des disques, mixer dans les fêtes, organiser des soirées et faire de la programmation de lieux: j’ai appris à transmettre, compiler et conceptualiser. ” Hervé: “ Je suis arrivé à Paris pour bosser dans le cinéma et j’ai fini par travailler un an plus tard dans un club, ce qui m’arrangeait pas mal puisque j’y passais pas mal de temps. J’ai sorti deux disques avec un premier projet (acid square dance) puis on a créé Acid Arab avec Guido, qui, au delà d’un groupe de musique, est devenu mon mode de vie. ” Comment vous-êtes-vous rencontrés ? On travaillait dans le même club, à Paris, 137

il y a une dizaine d’années. On a traîné ensemble. On a été à nouveau réunis par un bar dans le Xème arrondissement de Paris, puis aux platines d’une soirée mémorable dans un squat. On a proposé pendant deux ans un rendez-vous mensuel au club ‘Chez Moune’ à Pigalle, qu’on a remplacé la troisième année par un nouveau concept: “Acid Arab”. Comment vous est venue l’idée de créer de la musique électro arabe, n’étant pas vous-mêmes d’origine arabe ? “ L’idée est venue suite à l’invitation à mixer pour un festival en Tunisie. Ce séjour fut une rencontre musicale ainsi qu’un voyage initiatique. La rencontre d’une poignée de Tunisiens, dont un musicologue très généreux et deux amis attachants, allait entrebâiller la porte d’une culture qu’on connaissait très mal. Notre goût et notre soif d’en savoir plus se sont développés à toute vitesse. On a alors eu envie de marier cette musique et une partie de notre culture: l’Acid house, qui partageait avec elle des


Manteau, GUCCI. Pull, ACNE STUDIOS.


sons aigus, saturés, vifs, crûs, une urgence et une origine. Ce sont deux musiques qui d’un point de vue d’Occidental basique viennent des ghettos. Ce sont des ghettos bien réels pour l’Acid house de Chicago ou Detroit, et des ghettos culturels pour la musique orientale, qui depuis longtemps était une musique que l’on ne connaissait quasiment que comme une caricature, les violons, les derboukas, les chants… On a découvert la véritable richesse de cette musique tout simplement en y ayant enfin accès, grâce à Internet. Et en achetant des disques, en rencontrant d’autres passionnés. ” Comment avez-vous commencé et à quel moment est venu le succès ? “ On a commencé par inventer un concept de soirée autour de cette thématique Acid house + musiques orientales. Le succès de cette fête mensuelle a généré un grand intérêt. Un groupe d’échange de musiques sur Facebook a grandi de façon exponentielle. Et puis des « edits », des « reworks », et enfin des productions originales se mettaient à jaillir autour de nous. Nous en avons fait nous-mêmes, et avons invité Pierrot Casanova et Nicolas Borne dans notre bande pour nous enrichir de leur savoir-faire musical et de leur studio diabolique. A quatre, nous sommes devenus Acid Arab, du nom de notre soirée, et avons rapidement sorti notre propre musique, ainsi qu’une série de compilations appelées « Collections » sur Versatile. ”

Comment expliquez-vous le succès de votre expérience? “ Il y avait déjà un intérêt grandissant pour les musiques issues des pays arabes et perses quand on a commencé. L’Afrique noire était un territoire déjà largement visité en musique électronique, mais les rencontres orientales étaient plus rares. Et à part quelques artistes comme Muslimgauze ou Dj Cheb I Sabbah, peu avaient bâti leur discographie sur ça. Nous sommes arrivés au bon moment, au moment où cet intérêt s’apprêtait à dépasser le cercle des collectionneurs, leaders d’opinion et branchés de bon goût, pour s’étendre à tous les mélomanes aux oreilles ouvertes. Des labels comme Sublime Frequencies, Finders Keepers, Sahel Sounds, étaient déjà en train d’ouvrir la voie. Nous avons créé le lien avec le dancefloor. Et surtout, nous avions un nom qui a intrigué et attiré les curieux. Nous lui devons beaucoup. ” Pensez-vous que l’on puisse interpréter d’autres musiques « culturelles » de la même manière avec le même succès, ou est-ce la scène arabe qui vit une sorte d’épiphanie ? “ Toutes les musiques du monde (ou presque) avaient déjà subi ce traitement avant nous, et celles qui y avaient échappé y sont passées depuis. Le talent d’une multitude d’artistes venus du monde entier répond oui à votre question. La scène arabe, comme vous dites, 139

cristallise beaucoup d’attention en ce moment, car elle offre quelque chose de neuf, d’unique, d’original. Quelque chose d’immense qu’énormément de gens de cette planète ignoraient. Un trésor d’une amplitude telle qu’on n’aura jamais assez d’une vie pour en faire le tour. Des millions d’heures de musique, d’anecdotes magnifiques, et quelque chose de puissant: cette musique a accompagné l’histoire de chaque pays qui a contribué à la raconter. Les souffrances, les joies, les peurs, la dévotion, ou le rejet d’un modèle imposé sont présents dans des styles, des rythmes, des voix. Et nous avons également été touchés par la relation qu’entretiennent les Arabes avec la musique. C’est charnel. Et solide. Quand on aime un artiste, c’est à la vie à la mort. Les paroles des chansons accompagnent des vies. Elle trouvent les mots qui réconfortent, ou qui font jaillir des émotions: larmes, colère ou joie. La musique s’oppose aux armes, à la pensée unique, elle défend les cœurs purs, elle provoque les tenants du pouvoir. Dans les pays arabes, «on» a tué des chanteurs et des musiciens pour éteindre leur flamme. C’est dire leur importance. ” Qu’est-ce qui est « arabe » dans votre musique ? “ Notre inspiration s’imprègne de la musique arabe aussi bien que de la techno, de la house, et d’autres styles typiques de la musique électronique européenne


Membres du groupe Acid Arab: Guido Cesarsky, Hervé Carvalho, et Kenzi Bourras. Maquillage et coiffure, Céline Martin.

et américaine. Notre musique n’est pas arabe, elle invite la musique arabe à jouer avec elle. Pour y parvenir, nous avons commencé par jouer avec des samples. Et aujourd’hui, quelques années plus tard, nous invitons des musiciens que nous adorons, voire idolâtrons, à jouer avec nous sur notre album: Cem Yıldız d’Istanbul, Rizan Sa’id de Syrie, l’ancien clavier d’Omar Souleyman, les sœurs d’origine yéménite A-Wa, le gnawa parisien Jawad El Garrouge, et bien sûr Rachid Taha, que l’on connaît depuis des années. Kenzy Bourras l’accompagnait déjà au clavier bien avant de nous rencontrer. ” « Acid » et « Arab » sont-ils compatibles? De quelle manière ? “ C’est peut-être à vous de nous le dire! Nous essayons de répondre à cette question dans nos morceaux et nos dj-sets. ” Où jouez-vous en live et où se trouve votre public le plus enthousiaste ? “ On joue partout! Du moins, partout où on 140

nous invite. Nous avons déjà joué au Liban, à Dubai, à Aman, au Caire, en Tunisie, au Maroc, mais aussi au Japon, au Mexique, en Russie, au Canada ou en Finlande! Si on est bon, le public est toujours enthousiaste. ” Vos projets pour un proche avenir ? “ Notre projet actuel, c’est la création d’un label à notre nom, Acid Arab Records. Comme un retour aux sources tout en étant une évolution, nous souhaitons à nouveau donner la parole à d’autres, avec le soutien de notre label, Crammed, situé à Bruxelles, qui s’associe à nous sur cette aventure, nous apporte sa logistique et nous donne sa confiance. Le premier artiste que nous allons sortir est un jeune MC (ndlr : Maitre de cérémonie ou Mic Controller) et producteur égyptien appelé Rozzma, dont le mélange détonnant entre mahraganat et techno nous a conquis en un instant. Vous découvrirez prochainement un remix que nous avons fait pour Yasmine Hamdan, et si tout se passe bien, un nouvel album pour l’année prochaine. ”















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