les érablières du passé du présent et de l'avenir

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Présenter les choses Ötrement

25 ans d’édition ça se fête !

Érablières… Les

du passÉ, du présent et de l’avenir… de 300, de 3 000 ou de 30 000 entailles !

Venez découvrir tous les secrets reliés à l’eau d’érable ; sa récolte bien avant l’arrivée des blancs en Amérique, sa transformation avec des chaudrons de fonte dans un premier temps, et aujourd’hui avec des évaporateurs et tous les nouveaux équipements Hi-Tech…

Noël Vinet, ingénieur de formation
Les Érablières… du passé , du présent et de l’avenir… de 300, de 3 000 ou de 30 000 entailles !

© Auteur : Noël Vinet, ingénieur de formation courriel : noelvinet@gmail.com

Formateur accrédité de Québec à cheval, à l’attelage et en débusquage et Entraîneur certifié de la Fédération Équestre Canadienne

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction réservés pour tous les pays.

ISBN / ISNN 978-2-923473-17-8

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, février 2012

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, février 2012

SARTEC #27509 Dépôt légal: janvier 2012 / 3e édition : février 2024

ÉDITEUR, Noël Vinet courriel; noelvinet@gmail.com

PAGE COUVERTURE, Conception infographique de M. Martin Faubert, infographiste sénior Toile de l'artiste-peintre Denis Beaudet

MISE EN PAGE et INFOGRAPHIE, Virginie D’Halluin, ing. f. 1re et 2e version

REVISION des TEXTES, Paulette Pomerleau 1re et 2e version

REVISION TECHNIQUE, Francine Caron/du Centre de formation en acériculture de Pohénégamook, Directeur M. Guy Raymond ainsi que M. Roger Dutil de L’APBB

Nous tenons à remercier toutes les personnes citées dans l’ouvrage et les organismes suivants, pour leur permission d’utiliser certaines illustrations ou photos;

- Le Musée François-Pilote de La Pocatière, M. Luc St-Amand, directeur général

- La famille Joseph Doyon et Bernadette Bolduc

- Le Musée McCord de Montréal, Mme Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction

- La maison d’Édition Anne Sigier pour les œuvres de Mme. Thérèse Sauvageau

Nous tenons aussi à remercier les organismes suivants pour leur précieuse collaboration à promouvoir l’acériculture et la foresterie :

- L’Association des acériculteurs du Nouveau-Brunswick (A.A.N.B.)

- L’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (A.P.B.B.)

- L’École de foresterie et de technologie du bois de Duchesnay

- La Fédération des producteurs acéricoles du Québec

- Toutes les maisons d’enseignements spécialisées en acériculture au Québec (Annexe3)

- et en particulier le Centre de formation en acériculture du Fleuve-et-des-lacs

Pour commander ce livre, communiquez par courriel à : noelvinet@gmail.com

Note de l’Auteur et remerciements…

Dans ma jeunesse, j’ai eu la chance d’aller aux sucres dans les érablières de ma famille Bellegarde en Beauce, année après année.

Des souvenirs inoubliables, les chevaux attelés à une sleigh de fortune nous amenaient dans la neige épaisse à la vieille cabane à sucre au fond des bois.

La saison des sucres commence, les érables coulent !

La cabane était inondée de « boucane » qui sortait de partout, et les odeurs de jambon fumé à l’ancienne et de sirop en préparation vous ouvraient l’appétit !

Les œufs cuit dans le sirop et les oreilles de christ étaient à l’honneur…

Au temps des sucres, à l’époque !

Le seul instrument utilisé pour finir le sirop d’érable à la sortie de la bouilleuse était la « louche » à cette époque et croyez-moi le sirop était toujours à point : goûteux et ambré…

La « louche »…. 65,9 degré Brix !

Les chevaux à la parole !

Procéder à la collecte de l’eau d’érable à la chaudière avec les chevaux qui obéissaient à la parole relevait de la magie !

C’était la fête et nous repartions les bras chargés de produits d’érable et de souvenirs plein la tête…

Nos oncles et nos tantes, qui ne faisaient pas dans la richesse, et dont le mari travaillait souvent au loin tout l’été, dans les chantiers, à bûcher pour faire « rentrer du cash à la ferme » et la femme qui tant qu’à elle devait alors s’occuper de tous les animaux de la ferme en plus des tâches ménagères et d’élever les enfants, fallait le faire…

Le « fait à la main » à cette époque n’avait pas la même signification qu’aujourd’hui, le « fait à la main de l’époque » signifiait : la lessive à la main, le bois à fendre à la main, la traite des vaches à la main et j’en passe !

L’un de mes oncles, Albert Bellegarde, fut l’un des premiers au Québec, à se faire construire un « monstre d’évaporateur » lequel avalait les pitounes de bois, les unes après les autres pour produire du sirop d’érable, vous imaginez la scène !

Il fut aussi l’un des premiers en Beauce, à ouvrir sa cabane à sucre à une clientèle sur invitation. Son épouse, devait donc préparer tous les repas à la maison et transporter le tout à la cabane à sucre pour être en mesure de servir cette clientèle, fallait le faire !

Les temps ont bien changés dans les érablières d’antan: la tubulure a fait son apparition, les micro-chalumeaux sont maintenant la norme, les façons d’entailler

Évaporateur de mon oncle Albert Bellegarde en Beauce !

ne sont plus les mêmes, les évaporateurs; au mazout, aux granules et à l’électricité ont fait leur apparition, les osmoseurs réduisent maintenant le temps de transformation, les pompes et les bassins réfrigérés font maintenant partis du décor et les érablières de 100 000 entailles sont maintenant monnaie courante dans toutes les régions du Québec, du Nouveau-Brunswick et du Nord des ÉtatsUnis….

…..mais où sont donc passé nos bons chevaux d’antan ?

Malgré tous ces changements technologiques, il faut se rappeler que la nature même de toute cette industrie du sirop d’érable est basé sur la production d’un sirop goûteux et de qualité…

La Californie nous a remis à l’ordre il y a quelques années, pour nous imposer de hauts standards dans le processus de production de sirop d’érable en obligeant le Canada à faire disparaître toutes les « soudures au plomb » dans les chaudières, dans les évaporateurs et dans les équipements d’acériculture et en forçant le Canada à revoir sa nomenclature du sirop pour remettre de l’avant des « sirops

Érablière artisanale à Ste. Clotilde-de-Beauce

goûteux et ambrés » plutôt que des sirops « clairs et sans goût » et ce à la satisfaction de nos « grands chefs » qui attendaient ce moment avec impatience pour faire des plats d’excellence dans leur cuisine pour leur clientèle…

Ce livre vous fait découvrir tout l’historique de la collecte de l’eau d’érable et ce bien avant l’arrivée des blancs en Amérique.

Il vous renseignera sur tous les équipements à la fine pointe de l’industrie acéricole.

Les dernières Innovations et nouveautés en acériculture vous sont présentées dans cet ouvrage.

Ce livre s’adresse au grand public, mais aussi à tous ceux qui viennent d’acquérir un boisé, et qui rêvent de se construire une cabane à sucre artisanale et de faire leur propre sirop et ce peu importe qu’ils aient 300 ou 3 000 entailles.

En rédigeant cet ouvrage, j’ai aussi profité de l’occasion pour vous faire partager mes expériences personnelles de la production de sirop de bouleau à West Shefford (Bromont), une érablière artisanale avec la collecte d’eau à la chaudière…

Noël Vinet, ingénieur de formation

Êtes-vous du voyage ?

Érablière artisanale de West Shefford (Bromont)

Sommaire…

Chapitre 1. Un retour en arrière, les débuts du « temps des sucres »…

Chapitre 2. Les cabanes à sucre d’Antan, nos souvenirs d’enfance…

Chapitre 3. L’érable et ses richesses…

Chapitre 4. Une érablière en santé, un legs pour les générations futures…

Chapitre 5. L’érable et son trésor, l’or ambré !

Chapitre 6. Entailler les érables, d’hier à aujourd’hui…

Chapitre 7. La collecte de l’eau : à la chaudière ou à la tubulure, par gravité ou par pompage…

Chapitre 8. Les évaporateurs : leur évolution dans le temps et l’osmose inversée…

Chapitre 9. Tous les types d’évaporateurs : traditionnels et Hi-Tech…

Chapitre 10. Comment installer son évaporateur…

Chapitre 11. Produire son sirop, les secrets bien gardés des acériculteurs…

Chapitre 12. Les vertus des produits de l’érable et les produits dérivés…

Chapitre 13. Quelques faits saillants d’une autre époque…

Chapitre 14. Les Érablières Artisanales et les saveurs de l’érable : sirop clair ou ambré

Chapitre 15. Le développement durable en acériculture…

Chapitre 16. Les Érablières du Nouveau-Brunswick…

Chapitre 17. Un survol des Associations d’acériculteurs en Amérique du Nord

Chapitre 18. Toutes les Nouveautés en acériculture…

Chapitre 19. Concrétiser votre projet d’érablière Artisanale…étape par étape…

Chapitre 20. Le Bouleau, tout un monde à découvrir : son eau, son sirop et son vinaigre…

Chapitre 1

Un retour en arrière, les débuts du temps des sucres

illustration de Clarence Gagnon, tiré du roman «Maria Chapdelaine» de Louis Hémon

Chapitre 1

Un retour en arrière, les débuts du temps des sucres

Personne ne peut nous dire avec exactitude à quand remonte les débuts des sucres! La tradition orale des Amérindiens ne peut nous renseigner à cet effet…… mais par les écrits que nous ont laissés les premiers arrivants en NouvelleFrance, nous savons que depuis longtemps les Amérindiens avaient découvert les vertus de l’eau d’érable.

À l’aide d’un tomahawk, ils entaillaient les érables et recueillaient l’eau dans des contenants d’écorce de bouleau.

Par la suite, ils faisaient bouillir l’eau d’érable dans des auges en bois ou dans des vases d’argile en y déposant des pierres rougies par le feu pour concentrer le réduit. Les femmes utilisaient ce sirop dans la préparation de leurs viandes afin de lui donner un goût particulier.

Ils connaissaient aussi déjà certaines vertus de l’eau d’érable transformée, à des fins médicinales.

Dessin de C.W. Jefferys The picture Gallery of Canadian history
1.0

Bien des légendes à cet effet !

Plusieurs légendes ont été véhiculées au fil du temps concernant la découverte de l’eau d’érable, l’une des plus réalistes serait celle-ci; «Un Iroquois, frappa de sa hache un érable et en vit sortir un liquide qu’il goûta et s’aperçut qu’il avait un bon goût. Les femmes décidèrent donc d’utiliser cette eau pour faire mijoter les viandes et s’aperçurent que cette eau donnait bon goût aux viandes.»

D’autres légendes font référence à un jeune Iroquois qui vit un écureuil croquer une petite branche d’un érable et de lécher la sève qui en sortit. Il eut alors l’idée de faire pareil et trouva le goût des plus intéressants…

Nous ne saurons sans doute jamais l’origine exacte de la découverte de l’eau d’érable mais un fait est certain, les Amérindiens en connaissaient les vertus bien avant l’arrivée des Blancs et ce chez plusieurs peuples Amérindiens dont; les Micmacs, les Montagnais, les Abénaquis, les Hurons, les Algonquins, les Iroquois, les Mohawks, les Wendats, les Ojibways des Grands Lacs et les Malécites du Témiscouata.

Dessin de C.W. Jefferys

The picture Gallery of Canadian history

Saviez-vous que : Dans un rapport écrit datant de 1870, l’on indique que «les Indiens Winnebagoes et Chippewas des Grands lacs sont les plus gros producteurs de sucre et qu’ils vendent souvent 15,000 livres par année à la compagnie de fourrures du Nord-Ouest».

1.1

Les premiers sucriers; les Amérindiens!

La tradition orale des Amérindiens ne peut nous renseigner à cet effet, mais les écrits que nous ont laissés les premiers arrivants confirment que les Amérindiens utilisaient l’eau d’érable à diverses fins.

L’eau ainsi concentrée était par la suite déposée dans une auge en bois dans laquelle ils déposaient des pierres rougies par le feu. Par ce processus, l’eau s’évaporait ainsi peu à peu pour obtenir un concentré en sucre.

Les autochtones pratiquaient une entaille en forme de «V» sur l’arbre avec un tomahawk et y inséraient un bout d’écorce ou de bois pour diriger l’écoulement de l’eau vers le sol où était placé un récipient en écorce de bouleau. Durant la nuit, l’eau moins sucrée avait tendance à remonter à la surface et à geler dans le récipient. Au petit matin, ils se débarrassaient de cette glace et répétaient l’opération sur quelques jours afin de concentrer l’eau d’érable en sucre.

Certaines peuplades dont les Iroquois, les Algonquins et les Hurons utilisaient des vases en terre cuite pour transformer l’eau d’érable.

Saviez-vous que : Dès 1691, en Gaspésie, les Micmacs faisaient des petits pains de sucre durs qui plaisaient aux Français!

1.2

Saviez-vous que : En 1731, la Seigneuresse de Kamouraska demande à l’Intendant Hocquart de faire cesser l’entaillage à la hache sous peine de 20 livres d’amende qui seront versés à l’église locale. Cette pratique risquant de blesser et de faire mourir les érables.

Une première nouveauté; les chaudrons en fonte…

Ils connaissaient aussi les «vertus» de l’eau d’érable…

Les Amérindiens se désaltéraient en buvant de l’eau d’érable sucrée mais utilisaient aussi le réduit et le sucre d’érable comme remèdes, pour se fortifier, se soigner et se guérir de diverses maladies.

Ils y prêtaient aussi des vertus pour fortifier la poitrine.

Il faut se rappeler que les Amérindiens connaissaient déjà les remèdes contre le scorbut et que l’utilisation des arbres et des plantes médicinales faisaient partie de leurs habitudes de vie.

Saviez-vous que : En 1700, les femmes Amérindiennes conservent de l’eau d’érable dans des vases en terre cuite, qui une fois exposée au soleil se convertit en vinaigre.

Les nouveaux arrivants possédaient des chaudrons en fonte qu’ils utilisaient à diverses fins soit pour la cuisson ou même pour la préparation du «savon du pays».

Ils commencèrent donc à utiliser ces chaudrons pour faire bouillir l’eau d’érable.

Ce type de chaudron était installé audessus d’un feu de bois et pouvait recevoir de plus grandes quantités d’eau d’érable à bouillir.

1.3

Les érablières font parti de notre vécu !

Toutes ces vieilles cabanes à sucre qui décorent encore le paysage, sont là pour nous rappeler comment nos ancêtres entaillaient les érables à la chaudière à l’époque et comment ces vieux évaporateurs au bois d’antan, sans aucune technologie, pouvaient produire du sirop d’érable « ambré et goûteux » que nous voudrions retrouvé aujourd’hui !

Les Premières Nations, que ce soit les Mi’kmacs des Maritimes ou les Algonquins ou les Hurons, ceux-ci procédaient déjà à la récolte de l’eau d’érable et ce bien avant l’arrivée des blancs en Amérique, ils en faisaient des sous-produits qui se conservaient et qui mélangés à leur nourriture de base lui donnait un goût exquis.

Ce livre vous fera découvrir tout l’historique de la récolte et de la transformation de l’eau d’érable au fil du temps.

Les équipements les plus récents et les plus Hi-Tech vous sont aussi présentés et un chapitre complet vous informe sur les innovations technologiques en cours et à venir.

Pour tous ceux qui désirent réaliser leur rêve d’avoir leur propre érablière, tous les secrets bien gardés vous sont dévoilés pour concrétiser ce rêve !

« L’objectif de tout sucrier est de produire du sirop goûteux et de qualité »

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