Indonesie 2014

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INDONÉSIE Mai 2014

Indonesia Jones et le Royaume du Varan de Cristal Rinca Island, Labuan Bajo, Florès 1


Indonésie Carnet de voyage Le texte contient un certain nombre d’éléments sur les prix et les durées, histoire d’être un minimum utile aux voyageurs qui voudraient s’en inspirer pour construire leur itinéraire. 10 mai Levé à 06h40, putain, ça pique. Je réveille Pierre-Yves qui ronque sur mon canapé, arrivé la veille de Guadeloupe. Lui a déjà franchi un océan et, oh boy, on va pas s’arrêter là. Ça va pas fort, je me suis endormi super tard et j’ai fait des rêves de méga loose, j’espère que c’est pas prémonitoire, sinon on va méchamment dérouiller. Je suis à moitié malade, j’ai sué toute la nuit comme un porc. Bref, l’ambiance est « bonne » en ce froid matin de mai. Nous voilà dans le RER C, puis le B, avec un peu de marge parce qu’on les connaît ces crevards du STIF et de la RATP : ils sont bien capables de nous faire rater l’avion. Déjà qu’on est que deux alors qu’on devait partir à trois… Maxime, le troisième lardon, nous a fait faux bond. Le STIF, la SNCF et la RATP n’y sont étrangement pour rien, non, c’est juste que le « pauvre » a enfin trouvé un boulot, alors il nous a lâchement abandonnés, le pleutre. Nous voilà à l’aéroport. Les comptoirs de la Saudi Airlines sont pile à l’arrivée depuis l’accès RER, c’est étrange, on n’est même pas obligé de marcher pendant des kilomètres. C’est bien la première fois que ça m’arrive. On enregistre nos bagages, puis c’est parti pour les scans. Pierre-Yves passe rapidement, tandis que moi je me retrouve coincé derrière toute une famille d’Indiens ; ce qui prend évidemment des plombes. Doux souvenirs de mon séjour en Inde… En salle d’embarquement, Pierre-Yves retire des dollars, se disant que ça pourrait nous aider à payer nos visas une fois en Indonésie. L’automate pratique un taux de change absolument indécent : le cours de l’euro est à un dollar quarante, et on nous le propose à un dollar vingt. Y en a qui ne perdent pas le Nord. 2


On finit par embarquer dans l’A330 de la Saudi Airlines, un avion gris, triste et morne, mais néanmoins tagué d’un « God Bless You » du plus bel effet (ou pas…). Les hôtesses sont moches et un peu tristes, mais bon, c’est la vie. Je suis assis à côté d’un siège un peu curieux, équipé d’une étrange ceinture « airbag ». Mais bon, l’essentiel c’est qu’on ait de la place grâce au siège vide de Maxime ! De toute façon, de la place, il y en a : l’avion est un peu vide. Nous sommes installés à l’arrière, juste devant la « salle de prière ». Eh oui, c’est la Saudi Airlines, et en plus c’est le vol pour Jeddah, l’aéroport le plus proche au monde de la Mecque, alors, forcément… D’ailleurs, les autres passagers sont surtout des Musulmans en pèlerinage. Les autres sont, comme nous, en partance pour des vacances en Asie. Comme on n’a absolument rien préparé, on potasse un peu les guides. On essaie de trouver une piaule pour notre première nuit, à Jakarta, et on regarde un peu les itinéraires pour la suite. Ça s’annonce bien, mais je vois venir d’ici les galères dans les transports. L’Inde et le Sénégal, ça m’a un peu vacciné, mais j’ai pas forcément super envie de revivre ça. Juste avant de partir, j’ai lu le récit de voyage d’un type à Java : ça a l’air fun mais quand même assez épouvantable côté transport. Je suis assis à côté d’un pèlerin. On discute un peu. Il s’avère qu’il est d’origine algérienne, qu’il a grandi à El Biar, vers là où habitent en ce moment mes parents à Alger ; c’est amusant. Il essaie de m’expliquer combien Allah est grand. Pas de bol : je lui explique que suis athée militant, et qu’il n’est donc pas tombé sur la bonne personne. La discussion reste néanmoins cordiale. Le vol se passe tranquillement, et le repas se révèle tout bonnement excellent, ce qui est assez rare pour être souligné. Avec Pierre-Yves, on commence à converger sur un semblant d’itinéraire : fuir Jakarta le plus vite possible (nous nous trompons peut-être, mais il semblerait, à une assez écrasante majorité, que ce soit globalement très nul) pour rallier Yogyakarta (diminutif à prononcer « Jogja »), où nous visiterons des temples très réputés. Nous irons ensuite vers le volcan Bromo. Pour le reste, nous restons indécis. Il me semble bon de préciser que nous atterrissons à Jakarta plutôt qu’à Bali principalement pour des raisons financières : c’était globalement 300€ moins cher (!!!), ce qui a pesé lourd dans la balance. Ensuite, l’île de Java est tout de même assez réputée, donc on s’est dit que ça valait le coup. Les plages et les plongées attendront bien une petite semaine, le temps de voir un peu Java. Nous partons en effet pour trois semaines, nous avons donc un peu le temps. 3


Le pilote fait une annonce : nous approchons de notre destination et les pèlerins sont invités à commencer le « processus ». Tous les hommes se lèvent, vont prier à l’arrière pour la énième fois, et revêtent leurs habits blancs. Ça fait très « serviette de bain » comme accoutrement, si vous voulez mon avis, mais bon. Les femmes, elles, ne sont apparemment pas invitées à aller en salle de prière, et sont habillées en noir. Mais bon, tout cela ne me regarde pas. Nous finissons par arriver à Jeddah. L’aéroport consiste en quelques pistes gigantesques perdues dans le désert, connectées à des terminaux colossaux. L’air est chaud et sec. L’aéroport King Abdulaziz est en travaux et n’est guère accueillant. Nous passons par des portes plus ou moins dérobées, arrivons dans une grande salle de prière pleine de tapis, puis nous traversons un gigantesque et étrange duty free, où l’on trouve de tout (y compris du lait en poudre conditionné en sacs de 50 kg !). Notre escale dure trois heures, j’ai donc tout le temps de faire le tour du magasin. Je constate qu’on y trouve des « kits de prière », vendus avec un assortiment de dattes. Tout ça est pour le moins cocasse. Les haut-parleurs se mettent soudain à hurler. Quelques secondes de flottement passent avant que l’on comprenne qu’il ne s’agit « que » de l’appel à la prière. L’heure de notre vol pour Jakarta arrive. Nous sommes transférés dans des bus, qui filent dans la nuit pour rejoindre l’avion. Nous embarquons depuis le tarmac. On passe à quelques mètres des gigantesques réacteurs du Boeing 777 ; c’est toujours aussi impressionnant. Je ne suis pas côté couloir comme je l’avais demandé, ce qui m’embête beaucoup : pas question de rester bloqué pendant les douze heures de vol. J’envisage très sérieusement de prétexter une méchante douleur à la jambe pour rester côté couloir. Mon infâme stratagème n’aura pas besoin d’être mis à exécution : une fois de plus, l’avion n’est pas plein, et j’ai toute la place qu’il me faut. Le vol se passe une fois de plus très bien, et le repas est de nouveau excellent (un poulet-piment-cacahuètes qui restera dans les mémoires). Je parviens à dormir quatre ou cinq heures. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est toujours ça de pris. Le réveil est difficile, mais le petit-déjeuner à base d’omelette est correct. Sur le plan de vol, je vois qu’on franchit l’équateur. Nous voilà donc dans l’hémisphère Sud. Le symbole indiquant la direction et la distance de la Mecque nous rappelle à chaque instant que nous sommes sur un vol de la Saudi Airlines. Nous frôlons Phuket, ce qui me rappelle de nombreux souvenirs de mon voyage en Thaïlande. 4


Figure 1 – Let’s go !

11 mai Nous voilà enfin à Jakarta. Dans la file d’attente pour les visas, nous faisons connaissance avec un couple de jeunes Français qui sont aussi là pour trois semaines : nous serons sur le même vol de retour. C’est amusant. Nous payons nos visas : c’est 25 US$ ou 20 € par personne. Simple, pas de chichis. Nous récupérons nos bagages et sortons de l’aéroport. Nous faisons un peu de change, je prends 1 500 000 RP pour 100 €. L’air est chaud et humide, c’est assez violent. On trouve assez facilement le bus pour le centre-ville. C’est assez cool : il y a la clim et, même, le WiFi gratuit ! Bravo Jakarta, à bas Paris ! Le trajet coûte 30 000 RP par personne et nous prend une heure. Sur la route, je vois des affiches gigantesques vantant des « championnats internationaux de lecture du Coran ». La vache… quand même ^_^ ! Jakarta est gigantesque. L’atmosphère, ponctuée de dizaines de minarets, a l’air méchamment polluée. Des centres commerciaux colossaux, dont des Carrefour, sont visibles à des kilomètres, avec des immeubles-parking dédiés. Ça fait rêver… Et puis, il y a cette rivière, une espèce de rio merdo à ciel ouvert… Bref, ça ne donne pas super envie, mais on était prévenu : Jakarta n’est pas très glamour. 5


Nous arrivons au terminus, la gare de Gambir. Avant d’aller trouver une chambre d’hôtel, nous réservons nos billets de train pour Yogyakarta pour demain. Les Français rencontrés à l’aéroport font de même. On discute un peu, le bordel ambiant nous rappelle l’Inde, eux aussi y sont allés. Ça crée tout de suite des liens tellement l’Inde est marquante ^_^ !

Figure 2 – Réservation des billets pour Yogyakarta

Nos billets en poche, nous nous mettons en marche vers l’hôtel repéré dans le Lonely Planet (ou le Guide Michelin, je ne sais plus, on a les deux). On ne trouve pas. Il fait atrocement chaud et nous sommes explosés par la fatigue et le jet-lag. On passe devant plusieurs guest houses. Nous finissons par jeter notre dévolu sur le Kresna Hotel, listé dans nos guides. Ça n’est vraiment pas cher : 80 000 RP pour une nuit, pour deux personnes. Mais bon, ça ne vaut guère plus. La chambre est sombre et sale, et nous avons un ventilateur qui fait un bruit de compresseur (et, non, je n’exagère pas : c’est proprement hallucinant). La douche et les WC sont à part, sur le pallier, mais l’hôtel est quasiment vide de toute façon. On est fatigué, on n’a pas envie de chercher pendant des heures, alors on reste ici. Et puis, bon, moi, ça ne me dérange pas. J’ai souvent été dans des piaules comme ça.

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Figure 3 – Dans le Kresna Hotel. Oui, ça fait un peu film d’horreur façon Silent Hill…

Nous prenons une douche, au débit un peu poussif, avant d’aller errer dans les rues. Il y a de grandes artères saturées de grandes entreprises, reliées entre elles par de petites ruelles pittoresques. C’est plutôt sympa, je trouve. Certaines ruelles sont quand même un peu glauques, ça me fait penser à mes pérégrinations avec mon frère Brice à Hong-Kong et en Algérie… On zone un peu. Je me prends un coca dans une supérette, ça ne coûte vraiment rien (4000 RP). Pierre-Yves se prend un café à une terrasse. Outre qu’il fait abominablement chaud, et donc que je ne comprends pas qu’on puisse boire un café dans de telles circonstances, le breuvage, non filtré, s’avère par ailleurs immonde aux dires de PierreYves. Bien fait ! ^_^

Figure 4 – Dans les rues de Jakarta 7


J’ai faim. Je me pose dans un petit boui-boui. Pierre-Yves préfère passer son tour, devant la tronche des plats. Je commande, difficilement, les gens ne parlant pas un mot d’anglais, et moi pas un mot d’indonésien bien évidemment. Je me retrouve avec un poulet au riz et aux légumes, c’est assez bon et vraiment pas cher (10 000 RP). On verra bien si je tombe malade ou pas… Je demande de l’eau, on m’en sert de la chaude. Classique, en Asie. Mais je ne m’y ferai jamais. Ça me refait penser aux mémoires de mon grandpère qui, lui aussi, en Indochine, n’avait jamais vraiment pu s’y faire. Bref. On retourne à la chambre. On fait une sieste. Fallait-il qu’on soit vraiment épuisés pour parvenir à nous endormir avec ce ventilateur ahurissant, qui fait plus de bruit qu’il ne brasse d’air, change de rythme en permanence, balayant tout le spectre des fréquences audibles par l’homme, et parvenant à faire entrer en résonnance, méticuleusement, les uns à la suite des autres, tous les éléments de la chambre : bureau, tiroirs, lits, plancher… Je dois bien avouer ne jamais avoir vécu un truc pareil. Même avec des boules Quiès, cela restait insupportable. On a évidemment fini par l’éteindre malgré la chaleur étouffante qui régnait dans cette foutue chambre. Nous nous levons vers 19h, après avoir survécu au muezzin, dont l’appel à la prière aura duré au moins quarante minutes. Nous nous trouvons un petit resto pas loin de l’hôtel, fréquenté par quelques touristes occidentaux un peu paumés comme nous. Une vieille prostituée édentée attend les clients, pendant que sa maquerelle essaie de lui refaire une beauté. Bonjour l’ambiance. Nous prenons deux grandes bouteilles de bière Bintang (35 000 RP la bouteille). Fraîche, blonde et légère, j’aime assez. Côté bouffe, je me laisse tenter par un chao men (30 000 RP), un plat chinois à base de nouilles, que j’avais adoré en Polynésie. Eh bah, c’est moins bon ici ! On retourne faire un petit tour dans les rues. Nous avons encore faim, et plus vraiment sommeil ; nous nous posons donc dans un second resto. Pas un truc à touristes, mais un vrai boui-boui local comme ce midi. Nous dégustons un délicieux poulet (15 000 RP). La purée de piment est, comment dire ? Hardcore ^_^ ? Avant de retourner à l’ « hôtel », je me reprends un coca à la supérette, pour calmer un peu le piment. Je constate que le coca 30 cL est à 8000 RP, tandis que la version 50 cL est à 4000 RP. Allez comprendre, mais mon choix est vite fait !

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12 mai Nous avons passé ce que l’on peut appeler une vraie nuit de merde. Quasiment impossible de se rendormir après le(s) restaurant(s), à cause du jet-lag, mais aussi de la chaleur qui devait avoisiner les 1000°C (j’exagère à peine), du violent et interminable l’appel à la prière (ah, les pays musulmans !), des lits tout pourris, des moustiques qui volaient en escadrons… et, bien évidemment, à cause de ce foutu ventilateur. Je me lève super tôt, vers 5h, et décide de lire un peu. J’ai pris un pavé pour m’occuper pendant les trois semaines : Effondrement, de Jared Diamond. De l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, etc. Petite douche, et nous nous mettons en route pour la gare, en nous disant qu’on aurait mieux fait de prendre le train de nuit, nous serions déjà arrivés et nous n’aurions pas plus mal dormi ! À bon entendeur… Nous achetons de l’eau et du coca à la supérette, où nous croisons deux Suédoises totalement paumées dans ce monde qui ne leur ressemble pas du tout ^_^. Pierre-Yves s’achète ce qu’il croit être une barre chocolatée, mais qui se révèlera être plus une barre de gras de cacao… Nous voilà donc à la gare, la même qu’hier. Je change 300€ au taux de 1€ pour 15 400 RP, c’est un poil mieux qu’à l’aéroport (15 000 RP). PierreYves profite du WiFi gratuit de la gare (la France pourrait en prendre de la graine…). Moi, je n’ai pas pris mon smartphone, mais c’est pas plus mal, ça fait du bien de se couper un peu de Facebook et de toutes ces conneries. En attendant notre train, nous nous faisons un petit-déjeuner absolument indécent à base de donuts tout simplement divins, le tout pour à peine 25 000 RP !

Figure 5 – Le p’tit dej’ du bonheur ! 9


Nous voilà sur les quais, à regarder passer les locomotives diesel, avec en arrière-plan Jakarta et ses immeubles perdus dans le brouillard et/ou la pollution. Il fait une chaleur moite un peu difficile après une grosse nuit de merde. Ça y est, nous embarquons. Je note que certains wagons sont réservés aux femmes, comme en Inde. Notre wagon est climatisé, voire même un peu trop, c’est un coup à tomber malade, surtout que nous en avons pour 9h ! Nous quittons rapidement les bidonvilles et les mosquées de Jakarta pour filer à travers une campagne pleine de rizières plutôt jolies, à une vitesse qui m’étonne (je m’attendais à ce qu’on se traîne terriblement). Il y a le WiFi gratuit dans le train – une fois encore, j’en connais certains qui pourraient en prendre de la graine. Bon, par contre, les chiottes sont de type turc. J’ai l’habitude, mais bon, si je pouvais m’en passer ^_^ ! C’est l’heure de déjeuner, et j’avoue avoir une petite faim. Pierre-Yves n’ose pas trop se lancer. J’opte pour un truc qui a l’air pas trop mal. Je me retrouve avec des boulettes de viande totalement immondes (on dirait un mélange de plastique et de boulettes pour chien) baignant dans une soupe de nouilles à peine passable. Bon, c’est le jeu, hein, et puis ça ne coûte que 20 000 RP. Les deux Français d’hier sont juste derrière nous, on papote un peu. La discussion dérape une nouvelle fois de plus sur l’Inde. Je suppose que tous ceux qui y sont allés en sont revenus marqués à vie ^_^ Nous arrivons en fin de journée. Une nouvelle fois, nous ne trouvons pas la guest house que nous visions, mais ce n’est pas bien grave. Dans une petite ruelle pleine de chambres à touristes, nous jetons notre dévolu sur le Red Palm, qui est propre et sympathique. Nous avons une petite salle de bain et un ventilateur efficace et silencieux (pas difficile de trouver mieux qu’au Kresna…). La nuit est à 100 000 RP pour deux. C’est nickel. On pose nos sacs, et puis nous sortons zoner un peu dans les rues. Nous finissons par nous poser dans un petit boui-boui local. On ne sait pas exactement ce qu’on mange, mais c’est délicieux. Nous arrosons tout ça de thé glacé local au jasmin, c’est proprement divin. Pierre-Yves voulait se la jouer warrior avec un thé brûlant, mais quand il a vu l’option glacée, sa virilité a fondu comme neige au soleil ^_^. On s’en sort pour 55 000 RP chacun. Sur le chemin du retour, nous regardons un peu ce que proposent les petites agences de voyage qui ont pignon sur rue. Il y en a plein, les tours et les prix se valent. Nous bookons donc un tour pour demain pour 10


visiter les temples de Borobudur et de Prambanan (490 000 RP chacun avec le taxi et les entrées). Petite douche en rentrant. Ça manque notoirement de pression, je me « finis » donc au bucket. Les toilettes sont de type européen, mais sans PQ : en Indonésie, comme souvent en Asie d’ailleurs, le lavage de la rondelle se fait au jet d’eau. Perso, ça fait quelques années que je m’y suis fait, et pour tout vous dire je trouve même ça plutôt pas mal. On repart faire un tour dans les rues. Je m’achète un drap pour 40 000 RP, car je me connais : ventilateurs et climatiseurs vont se liguer contre moi pour me faire tomber malade, ce qui est globalement assez nul, surtout lorsque l’on compte faire de la plongée ! 13 mai Excellente nuit, même si ça n’a pas loupé : j’ai pris froid à cause du ventilo. C’est ridicule, il fait 30°C. J’ai dormi en deux « rounds » : 20h-1h, puis 4h-8h. Le muezzin m’a réveillé, et c’était interminable, mais je dois avouer que c’était assez stylé, presque joli, en tous cas c’était beaucoup moins violent et insupportable qu’à Jakarta. Il faut aussi mentionner les avions : nous ne sommes pas très loin de l’aéroport, et les murs ont tremblé toute la nuit. On petit-déjeune d’un coca-gaufrettes qui fait du bien. Petit tour matinal dans les rues. Il n’est pas rare de voir des gens roter et péter à pleine puissance. C’est une autre culture… ^_^ On s’enduit copieusement de crème solaire, puis notre chauffeur vient nous chercher. Nous partons donc en excursion, et nous ne sommes pas seuls : un gentil couple de Tahitiens nous accompagne. Nous échangeons sur la Polynésie, ce qui me rappelle de fabuleux souvenirs… Sur le trajet, je vois un grand nombre de pancartes « cat oven » en devanture des garages. Je me demande bien ce que peuvent être ces « fours à chats »… Je finirai par comprendre qu’un « cat oven » n’est rien d’autre qu’un « car wash ». Nous arrivons au temple de Prambanan. C’est très joli. Il fait affreusement chaud, mais je trouve que ça participe à l’atmosphère. On entend en continu une espèce de « diguiding-diguiding » métallique, comme dans certains temples en Inde. À l’entrée, le staff nous met un sarong autour de la taille, un tissu qui nous permet d’accéder respectueusement au site. Nous sommes ridicules, accoutrés de la sorte avec nos fringues occidentales enroulées dans le sarong, mais c’est la coutume !

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Figure 6 – Temple de Prambanan

Les temples sont très beaux, en pierres massives et sculptées, avec tout un tas de fresques assez impressionnantes. Certaines scènes me semblent très phalliques… ^_^

Figure 7 – Bas-relief au temple de Prambanan 12


Certains temples sont en travaux, mais cela ne gêne en rien la visite ni ne gâche la majesté de l’endroit. Bon, ce n’est pas aussi beau ni aussi impressionnant que Hampi en Inde, mais ça m’y fait un peu penser, et ça reste vraiment pas mal. De nombreux locaux, surtout des jeunes filles (collège-lycée on va dire), souhaitent être pris en photo avec nous. C’est assez amusant, voire même totalement délirant : certains groupes de filles n’osent pas nous demander, mais on voit bien qu’elles trépignent d’impatience. Il suffit qu’on leur fasse un petit signe pour que ce soit l’explosion, la bouffée délirante, du style « Ouuuaaaais je suis sur la photo avec des Occidentaaaaaauuuux ! ». C’est vraiment dingue. De jeunes hommes aussi nous demandent, quoiqu’un peu moins nombreux, mais on sent le même plaisir. Pour nous, qui ne sommes que des individus tout à fait lambdas, c’est vraiment une drôle d’expérience, on a l’impression d’être des rockstars. J’avais déjà vécu ça en Inde avec mon petit-frère, mais pas dans les mêmes proportions, et seulement avec des hommes. Parfois, des groupes entiers nous suivent, frétillants à l’idée d’être pris en photo avec nous. (C’est évidemment valable pour tous les Occidentaux, Pierre-Yves et moi n’avons rien de spécial). Je n’ose imaginer le comportement des locaux en présence de véritables stars comme Brad Pitt ou Angelina Jolie : émeute et dizaines de milliers de morts, très probablement ^_^ ! De temps à autre, on en voit se prendre en photo avec nous, en loucedé et en sneaky, absolument hystériques. Putain…

Figure 8 – Temple de Prambanan

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Le guide nous a donné 1h30 pour faire la visite. C’est un peu juste. Nous le retrouvons à l’entrée, et c’est reparti pour 1h de route vers Borobudur. C’est très beau, mais je voyais ça un peu plus grand.

Figure 9 – Temple de Borobudur

Des hordes de collégiennes hystériques nous forcent à fuir. Vraiment. Je réfléchis à une application iOS ou Android permettant de prendre une photo, scanner et récupérer tous les visages des Occidentaux, puis faisant un montage photo avec l’utilisateur. Vu le public, il y aurait des millions à se faire… Bref ! Nous montons la petite colline, où nous sommes peinards, et d’où nous avons une superbe vue sur le site.

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Figure 10 – Pierre-Yves, façon statue, dans le temple de Borobudur

Nous buvons un coca, puis nous reprenons la route. Le timing est parfait : nous évitons pile l’orage, très violent, qui éclate et rend la visibilité sur la route proche du zéro absolu. Sachant que la route est constamment traversée par des gens, notamment par de jeunes enfants, je me dis que la durée de vie de certaines personnes doit être bien courte o_O … Notre guide s’arrête sur le bord de la route pour nous faire goûter le salak, un fruit fort goûteux bien que ressemblant furieusement à une couille de lézard poilue renfermant des gousses d’ail. Le bord de route est constellé de bombes volcaniques gigantesques, issues des dernières éruptions pas si lointaines du volcan Merapi, connu pour être assez franchement meurtrier. Quand on le voit au loin, et qu’on voit les bombes qu’il projette, on se sent vraiment peu de choses… De retour à Yogyakarta, nous bookons la suite de notre voyage, via la même agence que la veille : trois jours pour faire les volcans Bromo et Kawa Ijen puis atteindre Bali. Il nous en coûte 740 000 RP chacun, transport, hôtel et bouffe compris. Nous faisons ensuite quelques courses, car nous allons passer 13h (X_X !!!) dans un minibus demain pour rejoindre le Bromo. 15


C’est l’heure du dîner. Nous sommes morts de faim et nous engloutissons des tonnes d’œufs frits, de beignets de poulet frits et de riz frit (oui, quasiment tout est frit en Indonésie ^_^), le tout arrosé de thé glacé au jasmin. C’est fabuleux, pour 45 000 RP chacun. 14 mai J’ai passé une pure nuit de merde. Je ne me suis endormi que vers 4h du matin, et en plus j’ai une méga chiasse et la rondelle en feu (pardon, mais c’est ainsi, et ça fait partie de l’expérience en Indonésie !). En plus, aujourd’hui, nous partons pour 11h de route, confinés dans un minibus, donc ça risque de ne vraiment pas être marrant. J’ « expulse » donc tout ce que je peux avant le départ, et je gobe deux comprimés d’Imodium pour mettre un maximum de ch(i)ances de mon côté. Pierre-Yves se fera également un bad-trip, mais à retardement, et manquera tourner de l’œil dans le minibus… Le départ se fait pile à l’heure, et même avec une minute d’avance, ils sont efficaces les mecs (c’est pas comme le Fiji Time, donc ^_^). Le minibus est équipé d’une climatisation, mais tout cela reste bien théorique : l’air est à peine frais, en revanche, ça condense très fort et c’est Pierre-Yves qui est à la place du « mort » : il récupère toute la flotte dans la gueule ! Vu qu’on a un paquet d’heures devant nous, on réfléchit à la suite des événements, en tentant de monter un rétro-planning comme on fait dans nos boîtes d’ingénierie (façon déformation professionnelle quoi ^_^), sur la base des trucs qu’on veut absolument faire, notamment plonger et voir les dragons de Komodo à Florès. La route est longue, mais les paysages sont vraiment beaux, et les villes regorgent de trucs amusants. Je suis notamment très fan des publicités tout à fait délirantes pour le piment. « Piment » se dit manifestement « pedas » en indonésien, ce qui me fait inévitablement penser à « pédés » alors que, justement, ici, ce ne sont pas franchement des piments de tarlouze… Bref. Les villes croulent également sous des pubs gigantesques pour smartphones, mettant principalement en avant les fonctionnalités selfies (qui font effectivement monstrueusement kiffer les adolescents locaux). La route se poursuit. Dans les embouteillages, l’asphyxie par gaz d’échappements nous guette. En plein cagnard, c’est un pur bonheur. On finit par s’arrêter sur une aire de repos. Je demande au chauffeur si on a le temps de manger. Il me répond que oui, on a une heure. Je me pose donc dans un petit boui-boui où, pour 9000 RP, je me fais du riz frit (nasi goreng) et un thé glacé (es teh). C’est un pur boui-boui local, j’ai du 16


mal à me faire comprendre avec mes quelques misérables mots d’indonésien ! Les légumes sont pour le moins douteux, mais je suis joueur, alors je finis mon assiette, avec un brin d’appréhension cependant. Soudain, je vois tout le monde réembarquer et le minibus qui s’apprête à se barrer, alors que ça fait même pas un quart d’heure que nous sommes arrivés. En fait, j’aurais dû m’en douter, le chauffeur et moi, on s’est mal compris. Quand je lui ai demandé si on avait le temps de manger et qu’il m’a répondu « Yes, one hour », ça voulait dire qu’on allait manger DANS une heure et non pas qu’on avait une heure pour manger… Bref. Classique ^_^. Je trouvais ça bizarre aussi qu’il laisse de « pauvres » Occidentaux comme nous manger dans des boui-bouis aussi douteux ! On reprend donc la route et, effectivement, une heure après, on se fait déposer dans un resto beaucoup plus ciblé : un peu chicos, propre, où l’on parle anglais, etc. Rien à voir avec le truc de tout à l’heure. Et, évidemment, beaucoup plus cher. Je trouve ça un peu dommage, mais bon, c’est comme ça. De toute façon, je n’ai plus faim. Je prends juste un jus. D’humeur aventureuse, je demande un jus de fruits du dragon. Il n’y en a pas. Damned ! Idem pour le jus d’avocat. Fuck off. Tant pis, je me rabats sur un jus de goyave. C’est à moitié chaud, et ça tient plus de l’émulsion que du jus. Pour 18 000 RP, c’est un peu l’échec. Je constate que nos compagnons de voyage (des Américains et des Russes pour la plupart) ont l’air éteint et sont peu aventureux, ils se contentent d’un coca et d’une assiette de frites. Bon. Je me fais un peu chier. Je demande au chauffeur quand est-ce qu’on repart. Une nouvelle fois, on ne se comprend pas : je demande simplement quand on part, et lui comprend que je veux qu’on parte. Du coup, branle-bas de combat, et en cinq minutes à peine, nous revoilà on the road again ! Je me dis que c’est là une belle illustration de la physique quantique : en voulant récupérer une information sur un événement (heure du départ), j’ai provoqué l’élément en lui-même (le départ) ^_^. La route est toujours aussi longue. Nous passons devant une bâtisse appelée « Muncul Hotel ». Je pense tout de suite à « mon cul »… Très fin, je sais. La nuit tombe, et la route n’en finit pas. Ça devient vraiment pénible. Il y a des travaux partout, des gros accidents (un camion atomisé sur le rebord de la route, assez effrayant), c’est un bordel innommable. Je me dis qu’un touriste au volant d’une bagnole de location serait vraiment méchamment perdu, et même probablement dans un état de panique totale. 17


C’est de plus en plus étouffant, mais nous finissons par nous arrêter à Probolinggo, où l’on récupère des tickets pour le Bromo et où l’on peut enfin se soulager, pour peu que l’on tolère les chiottes turques dégueulasses. On nous explique comment ça va se passer demain matin. L’annonce d’une température de 0°C en fait frémir certains… On nous annonce encore une heure de route, et on nous explique qu’à cette heure-là, les restos des hôtels seront fermés. Du coup, on s’arrête acheter des chips et autres conneries dans une épicerie. La route reprend, et monte enfin, paske merde quoi, on est censé voir un volcan et ça fait douze heures qu’on roule sur du plat ! Bref, ça y est, on monte à vive allure, tellement vite que j’en ai même les oreilles qui sifflent ! La route est ultra sinueuse et nos phares sont anémiques. Je me fais la réflexion qu’on y voit comme à travers une pelle. De temps en temps, je devine un ravin titanesque, et j’espère qu’on ne va pas avoir de problèmes de freins. Les descentes sont courtes mais sévères, et il en suffirait de peu pour faire les gros titres sur i-Télé : « Deux Français se tuent dans un minibus en Indonésie. » Je constate que certains suivent le trajet sur leur tablette via Google Maps sur Internet. Je m’enquis du tarif : apparemment il est super intéressant d’acheter une carte SIM 3G ici, avec des tonnes de giga-octets de data pour à peine une dizaine d’euros. Bon à savoir pour les accros du net. Nous arrivons enfin à l’ « hôtel ». Je mets des guillemets, parce que ce n’est pas glorieux. Il fait un froid polaire. Nous étions censés avoir de l’eau chaude, mais je crois qu’on se l’est faite glisser bien profond. Ce n’est pas bien grave, l’important est de dormir : après quinze heures de route, une quasi nuit blanche la veille et un réveil programmé dans quatre heures pile, il faut savoir prioriser. J’explore la chambre, en panique, mais je suis vite rassuré : il y a des couvertures. Il faut bien ça vu qu’il doit faire dans les 3°C dans la piaule ! Je prends une douche glacée vite fait et je prépare mes affaires pour le lendemain. Je constate avec amusement que mon sac est encore tout chaud à cœur (il est resté aux 30°C du niveau de la mer ^_^) et que, avec l’altitude, mon paquet de chips est au bord de l’explosion. Je me couche en espérant ne pas faire d’insomnie. Nota : Je lirai plus tard dans le Lonely Planet que la solution minibus depuis Yogyakarta vers le Bromo (ce qu’on vient de faire, donc) est très inconfortable (je confirme) mais, surtout, très aléatoire : apparemment, nombreux sont les pépins mécaniques et les retards de 24h avec nuits de galère sur le bord de la route, etc. Je suppose que nous avons eu du bol ! Le Lonely Planet recommande de prendre plutôt le train de Yogyakarta 18


jusqu’à Probolinggo, c’est équivalent en termes de budget tout en étant infiniment moins fatigant et moins aléatoire. Je veux bien les croire. 15 mai 3h40. C’est l’heure de se lever. Putain, ça pique, et pas qu’au sens figuré : il flotte dans l’air une odeur de soufre. Bon, j’ai dormi 4h, d’une traite, c’est toujours ça de pris. Le plumard et les couvertures étaient très bien. Ça m’étonne, mais je ne vais pas me plaindre ! On s’habille vite fait. Il fait super froid. Nous loosons un peu, en grignotant un Snickers acheté la veille. On sort devant l’hôtel, où un 4x4 est censé venir nous chercher. Car, oui, nous avons choisi l’option 4x4. C’est clairement un truc de flemmard, je l’avoue. Mais en même temps, la randonnée en montagne, j’ai déjà donné, et en pays chaud ça ne me tente vraiment que très moyennement. Et puis, nous sommes venus en Indonésie pour plonger, principalement, pas pour randonner. En plus, je suis encore un peu malade. Et puis, merde, on fait comme on veut. Je dis ça parce que je repense à ce récit de voyage, très intéressant et dont j’ai déjà parlé, sympathique et bien écrit au demeurant, où l’auteur traite gentiment de blaireaux les gens comme nous qui optons pour le 4x4. Oui, mais, primo, j’assume, et secundo, beaucoup de ceux qui ne prennent pas le 4x4 ne font que la marche vers le Bromo à travers la mer de sable et ne font donc pas la première ascension vers le premier point de vue. Donc ils n’en font pas forcément beaucoup plus au final, et en termes de point de vue ils zappent même une bonne partie du spectacle. Ou alors ils font effectivement cette première ascension, mais ne profitent pas du lever de soleil. C’est moins bondé, il est vrai. Et, enfin, l’auteur en question y va aussi franchement de sa propre flemmardise : quand son réveil sonne à 4h du matin, il renonce et préfère continuer sa nuit. Bref, les flemmards ne sont pas toujours ceux que l’on croit… Bref, nous attendons donc un 4x4, que nous avons booké dès Yogyakarta, ce qui nous a permis de l’avoir un peu moins cher que le tarif annoncé hier soir à Probolinggo (mais on parle là d’à peine 20 000 RP). Problème : il fait nuit noire, nous sommes harcelés par des vendeurs de gants et de manteaux, il y a des 4x4 partout et l’on ne comprend rien à ce qu’il se passe. Le guide et le chauffeur de la veille sont absents, à moins qu’ils ne soient là mais qu’on ne les reconnaisse pas ? J’avoue bien volontiers avoir du mal à reconnaître un Indonésien d’un autre en cette heure matinale et dans ces vapeurs de soufre. J’éconduis gentiment les vendeurs de vêtements chauds. Il a beau faire froid, ma polaire me convient bien, et je sais que dès que l’on va s’activer on va mourir de chaud. Et puis, le soleil se lève tôt. À mon sens, ce serait 19


une hérésie et une énorme connerie de se munir de vêtements réellement chauds. Nous marchons un peu sur la route. J’espère retrouver quelques-uns de nos compagnons de la veille, dont un Français de Taiwan, mais c’est peine perdue. On apprend que le tarif du billet d’entrée n’est pas de 75 000 RP comme annoncé à Yogyakarta, mais de 317 000 RP (ou 217 000 RP pour les étudiants, apparemment). Les agents prétextent un changement de date et donc de tarif, décidé par le Gouvernement. Dans l’absolu ce n’est pas hors de prix, mais nous avons gentiment l’impression d’être les dindons de la farce, à nous faire prendre de la sorte au saut du lit, dans le froid polaire et le soufre. En plus, l’heure tourne, les 4x4 s’en vont. Si on ne se décide pas, nous allons louper le véhicule, l’ascension et le lever du soleil sur le sommet. Je me dis que leur petit jeu est bien rôdé. Nous retrouvons notre guide, qui parvient à nous avoir des billets à 200 000 RP. Nous acceptons, un peu blasés. On se fiche un peu du coût, c’est surtout le fait de se faire entuber qui nous énerve un peu. Nous apprendrons plus tard qu’un Ukrainien, n’ayant pas assez d’argent sur lui, l’a joué au bluff : 75 000 RP ou bien retour à l’hôtel. Il a eu gain de cause, et même mieux : il est passé gratos. De toute façon, une fois les billets achetés, qui peuvent très bien être des faux soit dit en passant, personne ne contrôle rien (en tous pas ce matinlà). Mais d’après le Français de Taiwan, que nous retrouverons au sommet, tout ça n’avait rien d’une arnaque, le prix avait vraiment évolué, et il était au courant depuis Yogyakarta. Nous croisons un groupe de Polonais excédés par la situation. Bref. Mystère et boule de gomme. Mais bon, tout ça n’a finalement pas grande importance. Nous voilà donc dans le 4x4, à traverser la fameuse mer de sable. On n’y voit pas grand-chose. Le chauffeur ne semble pas connaître la route, et s’égare fréquemment dans les dunes, est obligé de demander son chemin ou de poursuivre une autre voiture. De sacrés bagnoles, soit dit en passant : des énormes Jeep Wrangler. Nous sommes assis devant, à côté du conducteur. Le place manque, Pierre-Yves se retrouve avec l’énorme levier de vitesse entre les jambes, à prier pour que le conducteur, qui change fréquemment et lourdement de vitesse, ne se trompe pas de « levier »… Nous arrivons enfin au View Point. La Jeep nous laisse en bord de route, il faut monter encore quelques dizaines de mètres, dans un flot ininterrompu de touristes et de vendeurs. C’est un peu blindé, mais pas tant que ça finalement, et le point de vue en vaut vraiment la « rondelle ». Je veux bien croire qu’en arrivant plus tard (pour ceux qui sont restés dormir, suivez mon regard…) il soit sympa d’avoir moins de monde, 20


mais enfin, louper le lever de soleil sur les volcans, c’est vraiment louper quelque chose !

Figure 11 – Lever de soleil depuis le View Point

Avec le Français de Taiwan, ingénieur lui aussi, passionné par la mécanique des fluides tout comme moi, nous devisons longuement sur la forme des nuages qui se faufilent et se déforment entre les volcans et les vallées. Il y aurait là matière à une belle étude d’ingénierie avec le logiciel FLUENT ou, mieux, avec le logiciel Mercure pour étudier les phénomènes atmosphériques. Pierre-Yves, pas franchement versé dans la fluidique (il est plutôt « chantier »), nous traite gentiment de gros geeks ^_^. Enfin bref, c’est vraiment beau. Je me fais une petite frayeur avec mon appareil photo, qui fait le mort pendant de longues minutes, mais finit par revenir inexplicablement à la vie. Nous redescendons et replongeons dans la brume. La Jeep nous arrête au milieu de la mer de sable. Le Bromo se rejoint à pied, ou, pour les méta-flemmards, en poney. Nous sommes des branleurs et on assume, mais quand même, nous ne nous abaissons pas au niveau des touristes Américains obèses qui louent et écrasent de pauvres vaillants petits poneys. Nous partons donc, à pied, à travers la mer de sable. La brume est épaisse, on ne voit parfois rien à plus de cinq mètres à la ronde. Le sol est gris et crayeux. C’est lunaire.

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Figure 12 – Des chevaux, dans la mer de sable du mont Bromo

Le chemin monte, un peu, rien de bien méchant, mais il commence à faire chaud et la polaire est franchement de trop. Nous croisons quelques touristes morts de fatigue qui dorment à même le sable. Je trouve qu’ils en rajoutent un peu…

Figure 13 – La montée vers le Bromo

L’ascension se termine par une volée de marche (240, j’ai compté ^_^). Au final, physiquement, ça n’est vraiment pas méchant (car pas bien long). La mer de sable doit être un peu plus longue sans le 4x4, mais ça reste du plat. Une fois en haut, on nous propose d’acheter tout un tas d’offrandes. Certains jettent même des poulets dans la gueule du volcan. Sympa… 22


En haut du Bromo, la vue sur les environs est assez impressionnante.

Figure 14 – Vue depuis le mont Bromo

Le cratère en lui-même n’est pas forcément transcendant, mais ça reste impressionnant : c’est grand, c’est profond, ça gronde un peu et ça fume pas mal. Il est possible de faire le tour. Malheureusement, nous n’avons pas le temps. Satanés horaires à la con. Pour le coup, c’est vrai que ne pas dépendre du 4x4 est une bonne chose. Un peu blasé, nous redescendons.

Figure 15 – L’escalier vers le sommet du mont Bromo

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Figure 16 – Moi, avec l’un des 4x4 dans la mer de sable du mont Bromo

Nous retraversons la mer de sable. De retour à l’hôtel, il fait beau et chaud. Nous pouvons profiter de la très belle vue, zappée ce matin par la nuit. C’est l’heure du petit-déjeuner. Ce n’est pas fabuleux, mais bon, ça passe. Nous avons droit à une sorte de lunch box servie en terrasse, au soleil. Le café, non filtré (classique en Indonésie), est immonde, mais bon, c’est ainsi, on ne va pas se plaindre.

Figure 17 – Le petit-déjeuner…

Un petit chat joue et se prélasse au soleil. C’est pépère. Nous échangeons nos impressions, globalement tout le monde est content. J’essaie de discuter un peu avec Rud, un Russe, mais son anglais est une vraie catastrophe. 24


Nous glandons une petite heure, et puis il est déjà temps de nous remettre en route pour le second volcan, le Kawa Ijen. Après une petite heure de descente à fond la caisse en minibus, j’ai les oreilles qui sifflent, et nous voilà de retour à Probolinggo, où nous faisons une halte devant une supérette, pour attendre notre prochain transport. Il fait super chaud. Elle est loin, la fraîcheur de l’altitude ! Le préposé aux tickets, un petit gros difforme et fort peu aimable, fume d’énormes cigarettes roulées dans du papier bien épais. Après une bonne heure, nous revoilà sur le départ. Sur la route, je m’amuse de voir que beaucoup de véhicules et de bâtiments sont roses ou violets. Nous croisons également quelques pancartes flanquées d’un « Puput » qui m’amuse beaucoup. Nous longeons la mer de Java. C’est assez beau, lorsque soudain, nous arrivons sur une centrale thermique à charbon d’une taille absolument démentielle. Je n’ai jamais rien vu de tel, j’imagine qu’elle alimente une grande partie de l’île de Java. J’ai beau travailler dans le nucléaire, ça me fait un certain effet de voir cette installation-là. Après la centrale, la nature reprend ses droits, et nous filons à travers les gigantesques et magnifiques rizières vert fluo. Soudain, sur le bord de la route, nous croisons un type tout nu qui secoue sa bite. Je ne sais pas trop quoi en penser, ça me fait plutôt marrer ^_^. Nous nous arrêtons pour déjeuner. Une fois de plus ils nous font descendre dans un truc à touristes. Mais nous sommes en bord de mer, et avec Pierre-Yves, Rud et le Français, nous filons à l’Anglaise pour nous installer dans un petit boui-boui infiniment plus charmant, devant la mer, presque les pieds dans l’eau. Pour 20 000 RP chacun, nous y dégustons de délicieuses petite brochettes de poulet grillé à l’arachide (sate ayam) avec du riz au piment, en sirotant un coca. C’est fabuleux. Sur la plage, un groupe de filles arrive. Elles portent toutes le burkini, un maillot-burqa qui leur couvre tout le corps, muni d’une petite sur-jupette pour être sûr que rien ne soit moulé. Au final, cela tient plus de la combinaison de plongée intégrale en néoprène, mais bon, que voulezvous ? La religion, tout ça… Et, au final, elles ne se baignent même pas, et repartent aussi subitement qu’elles étaient arrivées. Après les brochettes, je vais me tremper les pieds dans l’eau. Rud se jette à l’eau. Pour ma part, j’ai un peu la flemme. Mais j’ai un peu honte : c’est bien la première fois que, découvrant une nouvelle mer, un nouvel océan, je ne me baigne pas. Il faut croire que, du haut de mes 29 ans, je suis déjà vieux… Là, au soleil, les pieds dans l’eau, je me dis que c’est sans doute un avantgoût de ce qui nous attend à Bali. Hâte… 25


Nous reprenons notre route. Ça monte, nous voilà de nouveau en montagne. C’est très beau. Des fougères colossales nous toisent du haut de leur douzaine de mètres. C’est très impressionnant et cela confère un petit côté Jurassic Park à notre excursion ^_^. Nous arrivons à l’hôtel, presque à l’heure, en fin d’après-midi. C’est mignon tout plein, nous n’en croyons pas nos yeux. Rien à voir avec la veille. Nous sommes accueillis avec un bon café. Le parc est fleuri, les chambres sont mimis (avec eau chaude !), il y a une belle piscine avec vue sur la jungle et sur la montagne, et il y a même un jacuzzi brûlant en plein air, sous les fleurs de bougainvillées. J’aime autant vous dire qu’on a profité… Avec le Français, nous glandons joyeusement, tranquilles, dans le jacuzzi. Lui travaille sur des turbines à gaz et moi dans le nucléaire, c’est donc tout naturellement que nous discutons thermodynamique et rendement à haute température ^_^… Il me raconte également ses looses en Couchsurfing à Yogyakarta, où il logeait chez un homosexuel qui faisait agence de voyage déguisée et qui n’arrêtait pas de lui faire des massages et du rentre-dedans. Je suis mort de rire ^_^. J’ai notamment beaucoup aimé le passage où, commentant un dîner épicé, il a dit au couchsurfer : « That’s hot » et que le couchsurfer lui a répondu : « No, you are hot ! » … Grosse ambiance ^_^. Bref.

Figure 18 – La piscine…

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Figure 19 – … et le jacuzzi 

Nous commençons à avoir faim. L’hôtel propose un dîner-buffet, mais avec le Français nous préférons allons voir dans le village, il me semble y avoir vu un boui-boui. Une fois sur place, l’endroit semble fermé, et ressemble plus à une simple maison qu’à un endroit où se restaurer. Mais nous tentons notre chance et toquons à la porte. Nous avons comme d’habitude un peu de mal à nous faire comprendre, mais apparemment il s’agit bien d’une petite famille qui propose de faire à manger aux gens de passage. Un vieux monsieur, sans doute le chef de famille, nous installe dans l’entrée de la maison, avec une petite table, et nous demande ce que nous souhaitons manger. Notre vocabulaire étant des plus limités, nous bredouillons nasi goreng et es teh, et hop, c’est parti. C’est très folklo. On voit la petite famille s’activer et piocher dans le frigo pour nous préparer le dîner. Apparemment, ils ne sont pas tout à fait rôdés : ça gueule, ça fuse et ça réprimande dans tous les sens, mais tout de même dans une bonne ambiance. C’est vraiment marrant. Et c’est très bon ! Au moment de payer, c’est comme au moment de cuisiner : ils ne savent pas trop ^_^. Nous rentrons à l’hôtel. Nous achetons nos billets pour le Kawa Ijen (55 000 RP). Nous nous couchons de bonne heure, vers 20h30, car il va falloir se lever à 3h30 une fois encore ! Ça va encore piquer…

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Figure 20 – Le logo de l’hôtel. En forme de… oui.

16 mai Putain d’insomnie. On s’est couché tôt, j’espérais me faire une bonne nuit de sommeil après la pseudo-loose de la veille, eh bah non, j’ai dormi à peine 3h. Du coup, je suis explosé au moment du réveil, à 3h20 X_X. Mais au moins, on se lève tellement tôt qu’on échappe à l’appel à la prière ! Pour le petit-déj, nous avons droit à un « sandwich » pain de mie/margarine/pépites banane/chocolat, avec un œuf dur. C’est assez conceptuel on va dire, mais bon. Rien de frais, pas même un peu d’eau, juste du café ou du thé brûlant, c’est un peu la loose. Du coup, on s’achète une bouteille d’eau minérale chacun pour la rando, paske les randonnées en montagne sans eau, en Autriche, j’ai déjà donné, et c’était vraiment pas marrant ^_^. Je récupère mes lunettes de soleil que j’avais oubliées dans le minibus la veille. Je mets un pantalon et ma polaire, mais il fait beaucoup moins froid qu’hier. En chargeant nos sacs dans le véhicule, je me dis « Vivement Bali ! » histoire de dormir un peu, paske là… Bref. Nous commençons l’ascension à 5h du matin, le jour se devine à peine. La marche est un peu fatigante mais tout à fait raisonnable. On laisse vite tomber la polaire. La fraîcheur de la nuit laisse vite sa place aux rayons solaires qui chauffent bien. Les paysages sont très beaux, pour ne pas dire magnifiques. Il flotte dans l’air une « délicieuse » odeur d’œuf pourri, due au soufre du volcan. Lors de l’ascension, nous côtoyons les travailleurs qui vont chercher le soufre pour le redescendre dans la vallée. 28


Ils ont le sourire, mais ça ne doit vraiment pas être un travail facile. J’avoue ne pas comprendre pourquoi le travail n’a pas encore été mécanisé, cela me semble largement faisable, et si la durée de vie de ces gens-là est aussi faible qu’on le dit, cela me semble même être une urgence. Mais bon, j’imagine que ça détruirait des emplois dont certains ont probablement bien besoin.

Figure 21 – Un travailleur sur la montée vers le Kawa Ijen, avec ses blocs de soufre jaune

Après environ 1h30 de marche, nous voilà au sommet du Kawa Ijen. Rien d’insurmontable, mais certains gros blaireaux de touristes louent une chaise avec porteurs ! Le cratère est impressionnant, on voit la fumée s’élever et danser à la surface du grand lac d’un bleu étonnant, en formant des vortex assez stylés. Une fois de plus, mon âme de mécanicien des fluides est enchantée ^_^. En fonction du vent, les vapeurs de soufre nous remontent directement dans la gueule, ou bien s’en vont au gré des tourbillons.

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Figure 22 – Le lac du Kawa Ijen

Il est interdit de descendre dans le cratère, mais beaucoup ne se font pas prier. Avec Pierre-Yves, on passe notre tour. J’avoue en concevoir une certaine honte, mais bon, j’étais vraiment lessivé. Petit conseil pour la descente : si le chemin est perdu dans les vapeurs de soufre, attendez un peu que le vent tourne. Ça peut aller vite, les conditions atmosphériques évoluent beaucoup.

Figure 23 – Descente interdite !

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Sur le bord, en haut du cratère, des travailleurs proposent des sculptures de soufre à la vente. Certaines sont franchement kitsch, d’autres sont assez marrantes. Bon, en réalité, ce ne sont pas des sculptures, mais de simples moulages, le rendu est parfois impressionnant, mais le travail de fabrication ne doit pas être bien difficile. Le sol est formé de pierres et d’un joli sable ocre. La végétation est rabougrie, parfois même carrément noircie, sans doute décimée par les vapeurs soufrées. Seules persistent quelques fougères combatives.

Figure 24 – Le paysage est dévasté

Le Français consulte ses mails avec son smartphone, tranquille : la couverture de l’internet mobile est impressionnante, elle passe jusqu’en haut des volcans ! ^_^ Rud, notre compagnon de voyage Russe, remonte du cratère avec des vidéos de coulage de soufre assez sympathiques. Dans son anglais rudimentaire, il nous explique qu’il a voulu nager dans le lac mais que les gens l’en ont dissuadé… Nous redescendons, tranquillement. En bas, on se change et on se boit un grand coca en grignotant quelques chips, avant de repartir sur les routes, dans une forêt de fougères géantes dont je ne me lasse pas. Direction Bali ! Notre minibus nous lâche à Ketapang. J’oublie mes lunettes de soleil dans le véhicule… À Ketapang, je suis pris d’une urgence : il me faut des toilettes. Pour 2000 RP, je me retrouve dans des chiottes turques absolument 31


immondes, mais bon, je n’avais pas le choix… Je n’ai pas encore fini mon « affaire » que Pierre-Yves toque à la porte : le bus est là, je dois me grouiller ! Putain…

Figure 25 – Des toilettes bien sympathiques… On se croirait (presque) en Inde ! ^_^

Nous voilà donc dans un bus totalement bondé, dans lequel la température doit flirter avec les 60°C, où tout le monde fume. Une certaine idée de l’enfer… Nous attendons un certain temps, dans un nuage de fumée âcre. Je constate que quelqu’un a planté une clope dans l’accoudoir de mon siège. Drôle d’idée. Autour de nous, certains mangent leur déjeuner présenté dans une feuille de bananier, c’est très stylé. Rud, pourtant généralement peu impressionnable, nous dit qu’il n’en peut plus, et que nous sommes montés dans un « danger bus ». Mouais… Le bus finit par monter sur le ferry. Bali, nous voici ! Sur le pont, nous rencontrons une Française, d’un certain âge, en vacances. Elle a loué un guide francophone avec voiture, 1500€ la semaine. Nous arrivons enfin à Bali. Il fait un temps superbe. Le trajet en bus vers l’Est est un peu long, mais nous profitons des paysages, des plages fabuleuses avec des vagues titanesques, des innombrables temples, etc. En passant sur un pont au-dessus d’une petite rivière, j’aperçois un crocodile de belle taille. Putain... Rud me demande si nous arrivons bientôt en Papouasie. Putain, le pauvre, il est méchamment à côté de la plaque ! Il existe bien une 32


Papouasie indonésienne, accolée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais c’est loin, trèèès loin, au-delà de Lombok, de Sumbawa et de Florès… Je lui montre sur la carte de notre Lonely Planet. Il bugue quelques minutes, puis il passe à autre chose. Ah, l’âme russe ^_^ ! Nous arrivons à Denpasar. Je me dis que nous sommes en avance, mais en fait, nous ne sommes qu’à Mengwi, et pas à Denpasar. Et en plus, je ne le comprendrai qu’après coup, mais il y a une heure de décalage horaire entre Bali et Java, donc en fait nous étions à la bourre tout était donc « normal » ^_^). Il n’y a plus de bus. Nous sommes donc condamnés à prendre un taxi. Nous n’avons pas trop planifié, alors nous allons un peu au pif vers Kuta, où Rud a apparemment l’adresse d’un bon hôtel, le Puri Tana Lot. Allez, c’est parti ! 150 000 RP de taxi à trois et une heure plus tard, après un joli trajet par des rizières fabuleuses, nous voilà donc à Kuta. L’hôtel est bien, en effet : joli, propre, correct niveau prix (125 000 RP la nuit avec petit-déj chacun, après, tout est relatif), calme, avec une petite piscine et des palmiers, nous sommes bien. Nous sommes en bassesaison, il y a une ristourne de 30%. Pendant que le staff prépare nos chambres, nous avons droit à un délicieux « welcome juice » qui fait un bien fou ! Après avoir posé nos affaires, nous marchons jusqu’à la plage. Rud et moi nous nous prenons un petit bain de mer de nuit, pépères. En sortant de l’eau, nous nous faisons un petit resto. C’est beaucoup plus cher que tout ce que nous avons vu jusqu’ici, car Kuta est un peu le gros centre touristique de Bali, mais cela reste raisonnable dans l’absolu (50 000 RP le repas). De retour à l’hôtel, glandouille dans la piscine, réflexions sur la suite du voyage, puis dodo de bonne heure.

Figure 26 – Vue depuis notre chambre, au Puri Tana Lot 33


Nota : Kuta est en endroit ultra touristique. Tout y est donc « faux », plus cher qu’ailleurs et bondé. Je ne recommande pas vraiment (voire pas du tout). On n’y trouve que très difficilement des petits boui-bouis. Mais notre hôtel est peinard, relativement pas cher, c’est une espèce d’îlot de calme dans un monde de brutes, et puis, surtout, nous pouvons faire tout ce que vous voulons en excursion depuis Kuta : canyoning, visites des villages et des temples et, évidemment, plongée. Du coup, nous y resterons pas mal de temps, en nous servant du Puri Tana Lot comme d’un simple « camp de base » pour la nuit. Si vous voulez rester sur Kuta la journée, par contre, mauvaise idée. 17 mai J’ai passé une super bonne nuit. Je me suis levé à 3h, comme si j’avais encore un volcan à escalader, et puis j’ai été frappé par l’indicible bonheur d’avoir le droit de me recoucher ^_^. Rud est rentré tôt de la boîte de nuit où il avait décidé de passer la nuit. Vers 1h du mat, il était déjà rentré. Au petit matin, il m’expliquera avoir enchaîné les râteaux ^_^. Je me lève à 9h15, putain, ça fait du bien. Direction le resto pour prendre le petit-déj. Le jus d’orange m’a l’air on ne peut plus chimique mais, curieusement, je le trouve absolument délicieux. J’en reprends un (hors formule, donc 6000 RP de plus). En plus du jus, donc, le petit-déj inclus dans la formule comprend des œufs frits, une assiette de fruits, une boisson chaude et un toast (avec un petit pot de margarine dégueu). C’est globalement pas mal du tout. Aujourd’hui, ce sera glande sur Kuta. Histoire de calmer un peu le jeu après les volcans javanais. Je me prélasse dans la jolie petite piscine, j’en profite pour tester mon appareil photo étanche. C’est cool !

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Figure 27 – Dans la piscine du Puri Tana Lot !

Je bulle sur un transat en progressant dans Effondrement. Vers midi, on va se poser sur la plage, pour y boire une gigantesque Bintang glacée à l’ombre d’un parasol (25 000 RP). La plage est bondée, mais les vagues sont vraiment bien, voire même un peu trop balèzes. Je me fais méchamment secouer la gueule, mais je profite bien.

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Figure 28 – La plage de Kuta, avec ses bonnes grosses vagues

On croise plein de surfeurs, dont certains méchamment amochés… Nous sommes harcelés par les masseuses. Kuta, c’est un peu lourd quoi. Pierre-Yves opte tout de même pour un massage de la nuque par une vieille. On déjeune au Moomoo’s, un gros truc pour touristes australiens. J’opte pour une double ration d’onion rings avec un grand coca (57 000 RP). Tout ça n’est pas très authentique, m’enfin bon. On se pose ensuite au Coffee Corner où l’on découvre qu’ils servent des pintes de mango freeze (granités de mangue) (37 000 RP). C’est ultra bon et ultra frais, et en plus c’est servi avec une petite serviette humide glacée. J’aime autant vous dire que c’est cosmiquement bueno.

Figure 29 – Une *pinte* de mango freeze. Une certaine idée du bonheur… 36


De retour à l’hôtel, nous découvrons que Rud a sauvagement assassiné une gigantesque pastèque avec un énorme couteau de chasse. Il y en a partout sur la table du balcon. Tout dans la finesse ^^. Il a également acheté des saucisses indonésiennes discount. Je vous raconte pas l’horreur : environ 90% de gras mélangé à des débris de viande, le tout sous vide dans un grand sac plastique. Il me dit qu’il a besoin de protéines. Je lui explique que c’est surtout du gras, et que le peu de protéines n’est probablement pas du premier choix. Je goûte. C’est absolument infect. Je recrache tout dans la poubelle. Rud teste à son tour. Il trouve ça bon. Putain, les Russes, quoi ^^. Je lui fais également remarquer qu’il est tout rouge, comme une peau de gland. Il me dit que c’est normal : il était au soleil. J’essaie de lui expliquer le concept de crème solaire, il m’explique qu’il n’en met jamais. Pourquoi ? Vaste question, je n’ai pas obtenu de réponse claire… Un sacré personnage ce Rud ! L’aprem, je continue ma glandouille au bord de la piscine, à l’ombre des cocotiers, tranquille, avec juste les gazouillis des oiseaux. C’est quand même cool les vacances 

Figure 30 – Le genre de conneries que l’on peut acheter à Kuta

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Figure 31 – Des énormes bites décapsuleuses !

On passe dans une petite agence de voyage juste à côté de l’hôtel, appelée BNT : Bali Newman Tour, tenue par un certain Newman, un Indonésien d’une quarantaine d’années très sympa. On a comparé les prix, tout se vaut à peu près. Nous bookons une session de rafting pour demain (je ne me souviens plus du prix, quelque chose comme 300 000 RP chacun je crois, tout inclus : transport, déjeuner), avec Rud qui n’a plus de thunes mais on lui avance. C’est là qu’on comprend qu’on pourra faire à peu près tout depuis Kuta, ce qui est plutôt cool, car les transports, les sacs, la recherche de guesthouses, etc. c’est vite lourdingue quoi. Je discute un peu avec Rud, qui m’explique qu’il est venu en Indonésie pour voir Borobudur et Prambanan. Presque exclusivement. Il m’explique également n’y être resté… qu’une journée (sur le mois entier de son séjour). J’avoue ne pas comprendre la logique qui sous-tend les motivations de ce type, un très brave homme au demeurant, mais indéniablement bizarre ^_^. Sur la plage, je découvre un faux cocotier qui n’est en fait qu’une antenne-relai pour téléphone portable. Stylé ! Le soir, nous nous posons dans un resto grec, pour y manger des souvlakis. Le resto fait également magasin de motard (allez comprendre). Nous mangeons donc nos kebabs (j’en mange deux, car ils ne sont pas 38


bien gros, pour 60 000 RP), attablé entre des casques, des motos et des blousons en cuir, dans une chaleur étouffante. Putain, Kuta, quoi… À l’hôtel, je file mon RIB à Rud pour qu’il me rembourse, mais ça ne marche pas. Il me remboursera plus tard après s’être fait livré de la thune chez Western Union. Allez, dodo.

Figure 32 – Pierre-Yves, au motard/kebab

18 mai Levé 7h10. Aujourd’hui, rafting. Le taxi passe nous prendre à 8h, mais Rud est à la bourre car il ne retrouve pas ses chaussures. Et de mon côté, j’ai une chiasse d’enfer, j’espère que ça va le faire. Le trajet vers Klungkung est très sympa, Bali est vraiment une île magnifique. Le chauffeur passe du Michael Jackson, c’est sympa, mais en boucle c’est un peu fatigant. Avant de nous emmener au rafting, il nous dépose dans une fabrique de café. Petit piège à touristes classique je suppose, il doit toucher une commission sur les achats des gens qu’il dépose, mais bon, c’est bon enfant. Et puis, la fabrique est sympa et on a droit à une dégustation gratuite. Le café à la vanille est super bon. On nous montre aussi les mangoustes qui bouffent les graines de café et leur donne un goût particulier via leur digestion. Les graines sont ensuite récupérées dans le caca… Hmmm ^_^.

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Figure 33 – Une « mangouste à café »

Figure 34 – Pierre-Yves, sur le site de dégustation du café

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Nous arrivons enfin au point du départ du rafting. Petit thé, on s’équipe (gilet [dont les sangles ne tiennent pas…], casque, pagaie), et puis c’est parti !

Figure 35 – Ce cher Rud, qui prend la pose !

C’est ultra beau : plaines verdoyantes presque fluo, cascades, rizières, petites montagnes, lianes, paysans qui travaillent, etc. Par contre, ça ne secoue pas assez à mon goût. Il y a quelques passages plus énergiques que d’autres, mais ça manque un poil de frissons. Et pourtant, je suis loin d’être un pro du rafting, je n’en ai fait qu’une seule fois auparavant, sur le Gange, en Inde. Bref.

Figure 36 – Un travailleur qui prend la pose, lui aussi ! ^_^ 41


Ce circuit est censé être la plus longue et la plus agitée des descentes de Bali. En fait, ça fait une super belle ballade, au frais en plus car ça mouille quand même pas mal, mais ce n’est pas du rafting de fou quoi. Le guide est sympa, mais ne parle pas un mot d’anglais, et se contente donc de crier « BOUM BOUM !!! » quand ça va cogner.

Figure 37 – BOUM BOUM !!!

Il y a une chute de 4 m à un moment, mais ça ne donne pas grand-chose, à part que le type m’avait installé dans une position manifestement conçue pour me péter la colonne…

Figure 38 – Pierre-Yves, façon rafting 42


Figure 39 – Avec Rud !

À l’arrivée, serviette propre et buffet déjeuner ultra bon et à volonté. C’est vraiment sympa.

Figure 40 – Une drôle de sculpture, vue à la fin du rafting

Nous sommes de retour à l’hôtel pile à l’heure (15h00). Nous repassons chez BNT, où nous bookons deux plongées sur l’épave du cargo Liberty, à Tulamben, pour après-demain (820 000 RP chacun, tout inclus : transport, repas avec soft drinks, équipement de plongée). 43


On va se faire une pinte de mango freeze, au Coffee Corner où nous commençons à avoir nos « habitudes » ^_^. Ils offrent aussi le WiFi. Comme un peu partout à Kuta. Nous sommes dimanche soir, je me fais la réflexion que, d’habitude, « Demain, il y a école ». Mais pas cette fois-ci. Demain, il y a plongée sur le cargo Liberty !!! Putain, c’est bon, ça ^_^. En rentrant à l’hôtel, je change 300€ car je commence à être à court de rupia. Je trouve un taux à 15 450. Petite session de glande à la piscine, puis dîner au Koko, tout près de l’hôtel. Eh bah, c’est pas bon. Mon poulet au curry et au piment est quelconque et riquiqui. Dodo. 19 mai Super nuit. On se lève à 6h45, car la route est un peu longue jusqu’à Tulamben où s’effectueront les plongées du jour. À peine suis-je levé, que Rud m’inonde de billets (il me rembourse en micro coupures après être passé à Western Union) ^_^. Petit-déjeuner tranquille en attendant le minibus qui nous emmène plonger. Nous ne sommes que deux dans le véhicule, en plus du chauffeur et du divemaster qui nous guidera. Le trajet prend 2h30, mais ça ne me gêne pas : je ne me lasse pas des paysages balinais. Arrivés à Tulamben, nous signons l’habituelle décharge de responsabilité plongée PADI, puis nous découvrons que tout est prêt : nous n’avons plus qu’à enfiler notre équipement et à nous mettre à l’eau. Une chaîne ininterrompue de jeunes femmes portent les bouteilles de plongée depuis les véhicules jusqu’à la plage. Le cargo Liberty est une plongée mondialement connue : il s’agit d’un cargo de 130 mètres, torpillé en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, brisé en plusieurs morceaux gigantesques et accessible directement depuis la plage, dans une plage de profondeur comprise entre 5 et 40 m, bref, ultra easy, même en snorkeling et en apnée !

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Figure 41 – La mise à l’eau sur la plage de Tulamben, le Liberty est juste là !

Figure 42 – En apesanteur sur le cargo Liberty (les photos de plongée bouteille sont de Pierre-Yves, moi je n’ai fait que quelques photos en snorkeling) 45


La plongée est fabuleuse, en revanche, je trouve le divemaster du club Nusa Dua Dive Center un peu limite : il ne regarde pas nos carnets de plongée, ne nous demande pas quand on a plongé pour la dernière fois, quelles sont nos prérogatives, et ne nous fait aucun briefing. Il n’est pas normal qu’il ne nous présente pas l’épave ainsi que le profil de plongée. Il aurait dû nous dire ce qu’il y avait à voir, etc. Il ne nous a notamment pas parlé des canons, j’aurais demandé à les voir si j’avais su (j’aurais dû me renseigner, bien sûr, mais à la base, c’est son job). Il nous fout à l’eau et nous demande de le suivre, point. Bon. Et puis, dès le début de la plongée, le détendeur de Pierre-Yves tombe en rade. Il passe sur le détendeur de secours, et on continue la plongée comme si de rien n’était… C’est moyen, tout ça (et je m’inclue dans cette « moyenneté » bien sûr, car on aurait dû réagir). Mais bon : la plongée n’est pas profonde, la visibilité est très bonne, il n’y a aucun courant, la plage est juste à côté et il y a plein d’autres plongeurs, donc la sécurité ne me semble pas compromise. Pour en revenir à la plongée en elle-même : 45 minutes et 23 m max. Nous remontons par le gouvernail, grosse ambiance. Arrivé en surface, je suis pris d’une envie de chier fulgurante (désolé pour ce détail, mais bon, nous sommes en Indonésie et, une fois de plus, ça fait partie du trip ^_^).

Figure 43 – Une murène

Nous déjeunons d’un nasi goreng, accompagné d’un coca. C’est bon et copieux, puis c’est parti pour la deuxième plongée. Nous descendons à 20 m max, sur une durée de 51 minutes. Ce matin, nous n’avions fait que contourner les structures. Cette fois-ci, nous 46


entrons dans l’épave. Ça peut sembler limite, car nous ne sommes pas formés pour ça, et la plongée sur épave c’est quelque chose de très spécifique, mais là, c’est un cargo gigantesque, les entrées-sorties sont colossales, ça ne correspond pas vraiment à un environnement hostile et confiné. Enfin bon, les puristes en penseront ce qu’ils en penseront, mais nous voilà dans l’épave et, putain, quel pied ! Pénétrer une structure pareille, en termes de sensations, c’est vraiment quelque chose ! Nous croisons deux énormes mérous. Sur la fin, il y a un peu de courant, mais rien de bien méchant.

Figure 44 – Dans les entrailles du cargo Liberty

Le trajet retour prend de nouveau 2h30, sans surprises, mais une fois de plus je ne m’en lasse pas. Arrivé à l’hôtel, c’est piscine, glande et lecture (pour changer ^_^). Je booke deux autres plongées pour demain, pour 1 300 000 RP. C’est pas mal plus cher que le Liberty, car ce sont des plongées sur l’île de Lembongan, qui nécessitent un speed-boat pour s’y rendre, et donc pas mal de carburant, rien à voir avec la plongée depuis la plage de Tulamben quoi. Pierre-Yves est un peu malade, et puis, lui il vit en Guadeloupe où il peut plonger très souvent (ce qui n’est pas mon cas), du coup il passe son tour. Dans les rues de Kuta, je vois de nombreux vendeurs d’essence pour scooter, qui stockent le carburant dans des grandes bouteilles d’Absolut Vodka, je trouve ça assez amusant. 47


Figure 45 – De l’essence, dans des bouteilles d’Absolut Vodka !

Dîner chez le biker kebab, petit mango freeze pour le dessert, et dodo ! 20 mai Je me lève à 6h45, de nouveau pris d’une envie de chier fulgurante. Je prends mon petit-déjeuner tranquillement. Le minibus vient me chercher avec, à bord, un autre client : un Indien avec un chapeau de paille ridicule et qui passe son temps à faire des selfies. Je me dis que la journée va être longue… Sur la route, on observe des scènes improbables.

Figure 46 – À quatre sur une mob, normal ! ^_^ (Et encore, là, c’est ultra soft !)

Ce n’est pas le même club de plongée qu’hier, aujourd’hui je pars avec Blue Fin et le divemaster est un certain Wayan, qui m’a l’air très 48


sympathique. L’Indien est avec un instructeur, il passe son Open Water. Dans le carré du club, il y a une belle maquette du Liberty, avec des plans, les canons, etc. Je me dis que Blue Fin est un peu mieux organisé que Nusa Dua Dive Center. Je teste le matos au club, puis c’est le départ. Arrivé à la plage de Sanur, un chien essaie de me mordre, allons bon !

Figure 47 – Sanur

Nous montons dans le speed-boat, puis c’est parti pour une traversée à donf jusqu’à Lembongan, c’est très sympa.

Figure 48 – Traversée en speed-boat vers Lembongan

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Nous faisons un arrêt en haute mer, pour y déposer des offrandes. Ah, la religion… La première plongée se fait à Manta Point, à Nusa Penida. Heureusement qu’il y a effectivement une raie manta, et de belle taille d’ailleurs, et que la visibilité est bonne, sinon la plongée serait vraiment moyenne, car en dehors de ça, le site ne propose pas grand-chose. Nous sommes très peu à plonger à la bouteille, en revanche il y a des dizaines de snorkelers qui s’époumonent en surface pour approcher la raie. Être tranquille au fond avec sa bouteille est un vrai plaisir, mais bon, c’est un luxe un peu inutile. Et puis, la bataille en surface, comme je l’ai vécue aux Fidji, c’est amusant aussi ^_^. Pendant les 35 minutes à tout juste 6 mètres de profondeur, je constate que mes amis plongeurs bouteille apprécient tout autant (voire plus…) la vue sur les jolis petits derrières des demoiselles que sur la raie (à moins qu’on ne parle pas de la même raie…). Bon, j’avoue volontiers avoir moi-même jeté quelques petits coups d’œil à tous ces jolis petits derrières. Bref. Nous remontons.

Figure 49 – Hmmm… quelle bouteille choisir ? ^_^

Le bateau nous emmène jusqu’à Lembongan pour la deuxième plongée. La pause-déjeuner se fait sur le bateau, et se compose d’un sandwich assez sommaire. Je fais un peu de snorkeling depuis le bateau avec mon appareil photo étanche.

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Figure 50 – Snorkeling sur Lembongan

Figure 51 – Idem !

Nous voilà à l’eau pour la deuxième plongée, qui s’avère beaucoup plus sympa que la première. C’est une dérivante, 47 minutes à 12 m, où l’on se laisse tranquillement porter par le courant dans des couloirs de coraux super beaux et grouillant de vie. Je croise tranquillement les bras et les 51


jambes, et je me contente de ma respiration pour gérer la profondeur et ainsi éviter les rochers. Vraiment sympa ! Retour, avec des trucs toujours aussi folkloriques sur les routes ^_^.

Figure 52 – Je surkiffe la tête de la vieille sur son scoot’ !

Nous sommes de retour au club un peu après midi, pour tamponner les carnets. De retour à Kuta, je pars en mission carte postale pour Benoît, et je me rends compte, non sans une certaine stupéfaction, qu’il n’y a pas de carte postale dans le coin. Les marchands ambulants vendent de tout, de la grosse bite en bois au chapeau à fleurs en passant par des pistolets à eau et des blousons en cuirs, mais pas de carte postale. Et quand je demande, le concept semble leur échapper totalement. J’obtiens un début de réponse à l’Office du Tourisme, qui me dit d’aller voir à la poste, que je finis par trouver en fin d’après-midi après avoir pas mal tourné en rond comme un con (mais ça m’aura fait voir pas mal de choses marrantes dans Kuta). J’y trouve effectivement quelques cartes postales. J’opte pour un Javanais quasiment tout nu qui se tire la bite avec un drôle de truc, j’inscris l’adresse de Benoît, et c’est parti ! La carte mettra plusieurs semaines à arriver, bien après mon retour à Paris…

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Figure 53 – La carte postale pour Benoît !

Figure 54 – Le genre de boutique dont Kuta est remplie…

De retour à l’hôtel, je glande un peu à la piscine, puis j’emprunte le PC portable de Rud pour essayer de booker une croisière de Bali jusqu’à 53


Florès, mais je ne trouve rien, tout est complet ou hors de prix. Reste le bus ou l’avion… Pour le dîner, on se fait un wrap de poulet avec un mango freeze (pour changer) (100 000 RP). On booke deux plongées à Padangbai pour après-demain (820 000 RP). On nous explique que demain ce n’est pas possible, tout est bloqué à cause d’une fête hindoue qui mobilise toute l’île. Chez BNT, nous réussissons tout de même à booker un chauffeur (musulman, donc disponible demain) pour faire un tour de l’île d’une dizaine d’heures (750 000 RP pour deux). On essaie aussi de voir comment rallier Florès. La fille de l’agence nous explique qu’il n’y a plus d’avion. Putain, ça commence à craindre sévèrement du cul cette histoire, je sens qu’on est bon pour nous péter la colonne pendant trois jours de bus à travers Lombok et Sumbawa… ce qui m’horrifie un peu, ayant été traumatisé par ce genre de trajets au Sénégal et en Inde ^_^ De retour à l’hôtel, Rud nous raconte ses mésaventures avec une Lady Boy… Putain, les Russes, quoi ! 21 mai La nuit fut bonne. Pierre-Yves se calme enfin un peu avec la clim, qu’il a souvent tendance à mettre à donf. Rud aussi n’est pas super fan, d’ailleurs, je le retrouve souvent enroulé dans les couvertures au petit main ^_^. J’ai un peu mal aux oreilles, heureusement que je ne plonge pas aujourd’hui, ce serait compromis. Je me lève à 6h45. On range la piaule et on fait les sacs car Rud veut récupérer une chambre pour lui tout seul pour pouvoir ramener une fille (ce qui d’ailleurs n’arrivera pas, ou alors après notre départ de Bali, mais pas avant). Ce matin, il nous raconte sa dernière aventure : il a fait une coursepoursuite à donf en scooter dans les rues de Kuta. Décidément, c’est un sacré numéro… Nous changeons donc de chambre, qui nous coûtera maintenant 315 000 RP pour deux la nuit. Notre taxi arrive à 8h pile, comme convenu avec BNT. Notre tour commence par le temple Buatan (plus très sûr de l’orthographe). Très beau. En plus, comme je l’ai dit, aujourd’hui c’est une grande fête hindoue donc les temples sont très animés et tout le monde est sur ton trente-et-un, même les enfants, c’est mignon tout plein. Les routes sont pleines de gens, parfois des familles entières 54


entassées sur un simple scooter, tirées à quatre épingles pour les festivités, c’est assez fou à voir !

Figure 55 – Temple de Buatan

Nous faisons ensuite route vers Ubud. L’activité culturelle y est assez développée apparemment, notamment côté peinture, mais honnêtement, ce n’est pas que nous soyons de gros rustres, mais ça ne nous intéresse pas vraiment. Nous optons donc plutôt pour la monkey forest, la forêt des singes. C’est très sympa, les singes y sont cependant un peu en mode « sales bêtes » car pourris gâtés. Nous surprenons un jeu entre deux singes qui tourne à la baston, c’est assez mémorable. 55


Figure 56 – Des saloperies de singes en train de se bastonner !

Nous allons ensuite profiter d’un point de vue absolument fabuleux sur les rizières, à Tegalalang. C’est grand et petit à la fois, vert fluo, les rizières sont parfaites, presque trop même, on dirait qu’elles sont fausses, parfaitement taillées ^_^.

Figure 57 – Les fabuleuses rizières de Tegalalang

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La route continue, sur les hauteurs du mont Batur. Nous nous y arrêtons pour déjeuner, profitant d’un point de vue extrêmement « poutrant ». La bouffe y est très cher par rapport à l’habitude (245 000 RP par personne avec une grande Bintang,), mais bon, nous sommes en vacances, et puis ça vaut le coup (et par rapport à Paris ça reste plus que raisonnable…). C’est clairement un truc touristique pas très authentique, mais peu importe, la vue est vraiment classe. Après le déjeuner, nous nous arrêtons au temple des éléphants, ou plus précisément la grotte des éléphants, à Goa Gajah, vers Ubud. (Je précise qu’on n’y trouve pas de vrais éléphants.) Il fait une chaleur absolument terrifiante, nous suons comme des porcs en plein cagnard, mais l’endroit n’est pas trop mal. Pas fabuleux, mais gentillet. Je suis toujours autant amusé par la coutume qui est d’habiller les statues des divinités avec un sarong, et encore plus amusé de voir que même les arbres en sont habillés… Ensuite, direction la cascade de Tegenungang, vraiment très belle, perchée dans la végétation, mais malheureusement pas baignable (ou en tous cas pas dans des conditions qui me donneraient envie). Je défonce une grande bouteille d’eau (5000 RP) en moins de cinq secondes tellement j’en peux plus de cette chaleur.

Figure 58 – Cascade de Tegenungang 57


Nous sommes de retour à l’hôtel vers 16h15, contents de notre petit tour. Nous glandons tranquillement dans la piscine pour nous remettre de nos émotions. Nous sommes à peu près à la moitié de notre séjour. Nous faisons les comptes, et nous sommes piles dans les clous : nous avons dépensé la moitié de notre budget prévisionnel. C’est parfait ! Côté lecture, je viens de franchir la page 500 sur les 1000 que compte mon bouquin. Parfait de ce côté-là aussi. La classe ! Nous dînons d’un club sandwich pas légendaire, mais nous nous rattrapons une fois de plus avec un mango freeze qui n’en finit pas de nous combler de bonheur (100 000 RP le dîner). Bon, tout ça c’est très bien, mais la suite du trip, c’est Florès, et on ne sait toujours pas comment y aller. On passe 1h30 avec Nina de BMT, très sympathique, mais impossible de trouver un avion et, quand on finit par y arriver, impossible de payer ! On s’y est pris vraiment trop tard, ça sent l’échec à plein nez c’t’affaire… Et d’après Nina, impossible de rejoindre Florès en bus (je trouve ça douteux). Nous faisons connaissance avec un Ukrainien, qui a fui son pays en raison des récents événements, et qui se retrouve en télétravail à Bali, c’est pour le moins ubuesque. Il est développeur en informatique et Newman, très gentiment, lui a offert de s’installer dans ses locaux, où il partage un demi-ventilo avec Nina ^_^. 22 mai Levé 6h10. Pierre-Yves est malade, il a pris froid (en même temps, avec la clim…). Du coup, il renonce à la plongée aujourd’hui (pas de remboursement possible). J’irai donc seul, en espérant ne pas avoir de problèmes d’oreilles, car elles me font quand même un peu mal. Le petit-déj est servi à partir de 7h, et mon taxi est prévu à 7h15, il faut donc faire vite ! Me voilà donc de retour à Blue Fin, et Wayan est dispo. Il devait partir donner un cours d’Open Water, mais finalement il préfère venir avec moi ^_^. En revanche, il n’a pas l’air très frais, il m’explique qu’il s’est couché à 4h du matin à cause des festivités religieuses de la veille… En attendant les préparatifs, je glandouille dans le club, où un groupe de Français est en train de signer de la paperasse. Un des types explose littéralement une des tables du club, rien qu’en s’appuyant dessus. J’imagine que la table devait être très fatiguée o_O… Une heure de minibus pour rejoindre le port de Padangbai où, d’après le Lonely Planet et le guide Geo, des bus partent en ferry pour Lombok/Sumbawa/Florès (contrairement aux dires de Nina). Je fais un 58


petit tour et je constate que c’est effectivement possible. Le bus pour Sape coûte 500 000 RP, et de Sape on rejoint ensuite Labuan Bajo à Florès. Mais c’est vrai que ça semble aléatoire et il est sûr que c’est très long (2-3 jours voire plus…). Padangbai est également le point de départ des speed-boats pour les îles Gili, et ce sont effectivement de sacrés morceaux, j’en ai vu un équipé de 8 moteurs de 300 cv, ça doit pousser ! Bref. Nous chargeons l’équipement dans une petite pirogue avec flotteurs latéraux. La plongée se fait à quelques minutes à peine du bord. La visibilité n’est pas fabuleuse, mais correcte quand même. En 51 minutes à 22 mètres sur le site de Bias Tugel, on rencontre deux énormes thons, une murène colossale et deux seiches, dont une qui s’est laissée caresser quelques secondes, tranquille, c’était très bizarre mais très sympa. On a également vu trois belles raies, pépouzes sur le sable, qui semblaient croire qu’on ne les voyait pas ^_^. Pour la remontée, le parachute de Wayan était percé, mais bon, on était tellement près de notre pirogue que ça ne devait pas être bien dangereux. En surface, on remonte dans la pirogue, puis on fait une pause, obligatoire avant la seconde plongée, qui ne se fait pas très loin de la première, sur le site appelé The Channel. La visibilité y est comme sur la première. On tombe sur un énorme mérou très affairé à soulever une énorme plaque de métal, et qui y arrive, putain, c’est hallucinant. Wayan semble tout aussi sidéré que moi par la force et le comportement de l’animal. Au détour d’un gros rocher, nous tombons nez à nez avec une jolie tortue, puis une autre nous rejoint, arrivant par derrière Wayan, le faisant sursauter ^_^. Soudain, un bruit absolument colossal. Je me retourne vers la surface : le ferry nous passe juste au-dessus, à quelques mètres à peine. Putain… c’est pas le moment de faire une remontée panique ! La plongée prend fin, après 52 minutes à 18,5 mètres. Aucun problème aux oreilles finalement, je suis soulagé.

Figure 59 – Le ferry qui nous est passé dessus 59


Nous revenons à la plage, où mes pieds nus sont accueillis par un sable brûlant comme je n’en ai jamais connu. Outch… Wayan m’emmène dans un petit boui-boui, pour déjeuner d’un nasi goreng avec un coca, puis c’est le retour à l’hôtel en minibus. De retour à la chambre, je me rends compte que j’ai perdu ma casquette. Ça me fait chier, je la traînais depuis quatorze ans, j’y tenais beaucoup. Bref. Shit happen. J’ai aussi perdu mon adaptateur pour recharger mon appareil photo. Je vais donc en racheter un dans la rue. Je négocie le prix de 100 000 à 30 000 RP, mais il n’y a pas de quoi être fier, ça n’est qu’un misérable bout de plastique. Pierre-Yves a finalement réussi à obtenir des billets d’avion via Nina. On a payé le prix internet, sans frais d’agence, c’est sympa. Il nous en coûte 1 250 000 RP chacun. Si on s’y était pris plus tôt, on aurait évidemment pu mieux s’en tirer, mais bon, ça reste raisonnable vue la distance à parcourir (1000 km dans des îles munies de routes pourries, ferries, etc.) et puis on économise quelques jours de galères dans les transports en plein cagnard… Même si j’avoue que ça ne m’aurait pas forcément déplu de traverser Lombok et Sumbawa. Bref. Nous décollerons donc pour Labuan Bajo le 26 mai. On réfléchit à ce qu’on pourrait faire en attendant, car on a un peu fait le tour des plongées de Bali et des excursions que l’on voulait faire. Nous nous décidons à partir aux îles Gili via un speed-boat. Nous prenons donc nos billets chez BNT, 500 000 RP l’aller-retour (transfert hôtelPadangbai inclus) (ça correspond exactement aux tarifs que j’ai vus à Padangbai). La question se pose de la destination : Gili Air, Gili Meno ou Gili Trawangan ? Dans les guides, ils disent que Trawangan est fatigante car la fête y est omniprésente, et j’avoue que ça me rebute un peu. L’Ukrainien et Nina nous disent que Trawangan (Gili T. pour les intimes ^_^) n’est pas si fiévreuse que ça, surtout qu’on est en basse saison, et que sur les autres il n’y a pas grand-chose et que les hôtels seront pas mal plus chers (l’Ukrainien nous dit y avoir lâché pas mal de thunes inutilement en hôtel). Bien, qu’à cela ne tienne, nous irons donc sur Gili T. demain (et nous ne serons pas déçus). Fin de journée. Nous nous posons sur la plage, avec un coca, pour le coucher de soleil. C’est très animé. Les surfeurs ne lâchent jamais l’affaire, tant qu’il reste une once de lumière. Et il n’y a pas que des touristes : quelques familles balinaises profitent aussi de l’endroit, c’est assez sympa.

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Figure 60 – Une famille balinaise sur la plage de Kuta

Figure 61 – Coucher de soleil sur Kuta

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Figure 62 – Jeune surfeur indonésien (la photo n’est pas de nous)

Figure 63 – Un tout p’tit chiot tout chou qu’un maître-nageur avait « enterré » pour jouer…

Pour le dîner, nous tentons d’aller au McDo. Parce qu’on adore le McDo (et aussi la vraie gastronomie, hein, mais les deux sont conciliables contrairement aux dire de beaucoup) et parce que c’est toujours amusant d’en voir les différentes versions internationales. Mais c’est trop galère, trop loin, il faudrait y aller en taxi, ce serait inutilement coûteux et puis de toute façon tous les taxis sont pleins. Nous nous rabattons donc sur l’Indonational. J’y mange un burger assez moyen (80 000 RP avec un coca), les serveuses sont en galère total, mais le chanteur local est y extrêmement classe, notamment sa très belle reprise d’Allelujah. Retour à l’hôtel, douche puis dodo ! 62


23 mai Aujourd’hui, c’est presque la « grasse » mât’ : je me lève à 7h45 ! Petit-déjeuner tranquille, un peu de lecture au bord de la piscine, et puis c’est parti. Un minibus Marina Srikandi vient nous chercher, direction Padangbai pour prendre le speed-boat vers Gili T. Ils sont pile à l’heure, 10h. Par contre, nous sommes les premiers clients sur une longue liste, nous voilà donc partis pour 1h30 dans les rues de Kuta pour récupérer tout un tas d’autres voyageurs. Au final, le bateau aura beau être rapide, le pick-up est tellement lent que la durée totale de trajet ne sera pas si courte que ça. Arrivés à Padangbai, on récupère nos billets au comptoir Marina Srikandi, puis on embarque dans un bateau en effet très speedy. La traversée prend 1h30. La mer est calme, nous nous installons donc sur le pont supérieur, dont l’accès ne nous pose pas de problème, mais c’est un peu plus difficile pour les personnes âgées, dont une qui a bien failli se foutre à l’eau. Bref.

Figure 64 – Sur le pont d’un des speed-boats de Marina Srikandi, vers les îles Gili

Il fait un temps magnifique, la traversée est un plaisir. Il y a beaucoup de jeunes, surtout des étrangers, dont un paquet qui viennent faire la fête manifestement. Il y a également un grand nombre de touristes locaux. Apparemment, pas mal de gens viennent en week-end ici depuis Jakarta. Une fois à Gili T., on récupère nos sacs, puis le bateau repart déposer les autres clients sur Air et Meno.

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Figure 65 – Arrivée sur Gili Trawangan !

Il n’y a pas de véhicules à moteur ici, tout le monde est à pieds, en vélo ou en charrette tirée par des chevaux. C’est assez sympa, l’atmosphère est très calme du coup. Nous marchons une petite dizaine de minutes avant de trouver notre point de chute : Dream Divers, un club de plongée qui fait aussi hôtel, avec sa propre petite piscine. Il nous en coûte 1 000 000 RP pour deux pour deux nuits, petit-déjeuner inclus, avec une très belle chambre très propre, climatisation, coffre-fort, bouteilles d’eau minérale et salle de bain avec eau chaude. C’est très bien. Les toilettes et la douche sont privatives mais, comme c’est assez souvent le cas en Indonésie, elles sont en extérieur (mais protégées des regards bien sûr). C’est assez conceptuel et plutôt sympa. C’est l’heure de déjeuner, nous nous posons dans un petit resto de plein air bien sympa, où je me fais un burger au poulet et un coca pour 60 000 RP.

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Figure 66 – Il y a largement de quoi picoler pour pas cher sur Gili T. !

Au club, l’un des gérants parle français, mais le reste du staff est un peu perplexe devant la carte de plongée ANMP de Pierre-Yves. Au final, pas de problème, mais être PADI à l’étranger c’est quand même incomparablement plus simple que le système français. Nous bookons nos plongées auprès d’un divemaster (qui plonge avec 0 kg de lestage o_O). Je ne me souviens plus du prix, mais je crois que c’était quelque chose comme 375 000 RP la plongée. Pas cher, donc. En même temps, les trajets en bateau sont très limités, ce qui consomme très peu de carburant.

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Figure 67 – Chez Dream Divers

Figure 68 – Les clubs de plongée pullulent sur Gili T., et essaient de se démarquer !

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Nous partons en balade sur le petit chemin qui ceinture l’île. Les hôtels et les restaurants sont empilés les uns sur les autres, mais ça reste relativement mignon, et il n’y a pas de grands bâtiments sur plusieurs étages. Les clubs de plongée foisonnent également, il doit y en avoir un tous les vingt mètres, c’est hallucinant. On s’aventure un peu dans les rues intérieures, la folie touristique se calme très vite, même si l’on y trouve encore quelques guesthouses, moins onéreuses et parfois très sympathiques, avec jardin tropical et piscine. Le soleil se couche, on se prend un petit bain de mer pépère. Le sable est très fin sur la plage, mais il y a pas mal de coraux morts sous l’eau, on a vite fait de se défoncer les pieds. Petit apéro à base de grande Bintang (30 000 RP), puis dîner de steak de barracuda pour 50 000 RP. Ensuite, comme c’est Gili T. et qu’il y a des bars partout, on craque, et on se fait un petit mojito bien sympa (65 000 RP).

Figure 69 – Un bar « aquatique » sur Gili T. !

De retour à l’hôtel, avant d’aller me coucher, je profite un peu de la piscine, qui défonce méchamment les yeux tellement elle est chlorée à mort.

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24 mai J’ai eu super froid à cause de la clim (Pierre-Yves a encore eu la main lourde), au point que j’ai dû mettre ma polaire… Petite session à la piscine pour me réveiller, puis lecture peinard à l’ombre dans les sofas au bord de la piscine. C’est trop bon. On prend notre petit-déj sous la paillotte en bord de mer. La musique est planante et le petit-déj excellent, avec du vrai beurre et un fabuleux pancake à la banane. Le café, en revanche, comme presque partout en Indonésie, n’est pas filtré. Ça rappe un peu, façon marée noire… Je me prends un pancake en rab (24 200 RP). Attention, ici, presque tous les prix sont hors-taxe, vous devrez donc rajouter 10%. M’enfin, bon, on part généralement de tellement bas… Allez, hop, c’est parti pour la première plongée du jour. Et c’est cool, ici chez Dream Divers, on a droit à un vrai briefing pré-plongée. Sur le bateau, je discute avec notre divemaster, une femme d’une quarantaine d’années qui a une maison à Phuket et qui finance ses voyages avec la plongée. Ça fait réfléchir… Je repense à mon projet de divemaster pour l’année prochaine. Bref. C’est parti, on se met à l’eau sur le site de Coral Fan Garden. Pendant 58 minutes à 16 mètres, on dérive à toute vitesse avec le courant dans un long canal. C’est magnifique et super facile. Il y a une fille dans le groupe qui gère super mal sa flottabilité, notre divemaster doit passer son temps à la remettre au fond. Nous croisons une multitude de jolies tortues (j’en ai compté huit, et puis j’ai arrêté de compter ^_^). La visibilité est pas mal meilleure que ces derniers jours sur Bali. Remontés en surface, on se demande un peu où on est. Il faut dire qu’on a dérivé sur plus de la moitié de l’île, un vrai TGV cette plongée ! Retour au club, c’est l’heure de manger. On se pose au même resto qu’hier, j’ai l’intention de me faire une énorme brochette, mais c’est l’échec : ils n’en font que le soir ! Je me rabats donc sur un burrito avec un coca (60 000 RP). C’est très bon, mais il ne faut pas être pressé, ici ! Il est déjà temps de repartir pour la deuxième plongée du jour. Cette fois-ci, nous partons plonger sur l’épave du Bounty, sur Gili Meno. Lors de la traversée, un grand nombre de poissons volants fuient notre bateau en planant, c’est trop cool (même si ça n’est pas aussi dingue qu’à Huahine en Polynésie, où là, c’était de la pure folie !). La visibilité est moins bonne que ce matin, et l’arrivée sur l’épave est un peu tardive, après avoir pas mal palmé dans une zone sans grand intérêt. L’épave n’est pas fabuleuse, ça n’est qu’une barge, mais c’est quand même impressionnant, surtout qu’elle n’est pas collée au fond et donc 68


que l’on peut nager dessous. Nous refaisons surface après 57 minutes à 20 mètres. De retour à terre, nous partons nous balader dans l’intérieur de l’île. Il est très « amusant » d’y voir des petites piscines sublimes en plein milieu de bidonvilles… Les gens que nous croisons sont tous super gentils. Vraiment, Gili T., c’est sympa. Le soleil se couche, on se pose dans un bar pour picoler un peu. Sur la carte, ils annoncent trois cocktails pour le prix d’un, je me lance avec un Cuba Libre, puis je me fais un Arak Honey (l’arak est l’alcool local, à base de riz, pas mauvais) puis je termine par une Margarita (90 000 RP en tout). Pierre-Yves ne pousse pas jusqu’au troisième cocktail, mais on obtient un coca à la place. Pour le dîner, nous nous posons au même resto que ce midi. Ce coup-ci, les brochettes sont disponibles (60 000 RP). C’est délicieux, même si, une nouvelle fois, il ne faut vraiment pas être pressé… Les clients sont très hétérogènes, des Espagnoles en bikini y côtoient des touristes locales voilées, c’est assez amusant à voir comme contraste. À côté de nous, deux Suédoises à l’air un peu paumé se contentent de trois feuilles de salade verte et d’une bouteille d’eau minérale. Sont-elles vraiment en vacances ? ^_^ La musique est sympa, c’est un reggae bien onctueux, malheureusement couvert par les dizaines de groupes électrogènes qui fournissent l’électricité de l’île… Allez, hop, au dodo ! 25 mai Levé 7h20, une nouvelle fois muni de ma polaire. Le staff a retrouvé un t-shirt que j’avais égaré, en revanche j’ai bel et bien paumé les lunettes de soleil que Pierre-Yves m’avait prêtées. Je les ai oubliées au resto hier soir, et le staff du resto n’a rien retrouvé. Il fait une chaleur à crever. La mer est à 31°C, je vous laisse imaginer la température de l’air. Je me rends compte que nous n’avons pas confirmé notre trajet retour comme indiqué sur nos billets, j’espère qu’on n’a pas fait une connerie. On se pointe au comptoir de la Marina Srikandi, qui nous dit qu’il n’y a plus de places sur le bateau de 15h qu’on avait envisagé. Mais il reste des places sur celui de midi. Qu’à cela ne tienne. Nous voulions faire le tour de l’île en vélo ce matin, tant pis ! On vide la chambre pour le check-out de 11h, puis on glande un peu en attendant le bateau. Piscine, lecture, tranquille. Pierre-Yves regarde les infos sur son smartphone, il m’annonce qu’il y a eu un coup d’état en 69


Thaïlande. Ça me fait réagir car c’est là-bas que je dois partir six semaines l’année prochaine pour passer mon brevet de divemaster, mais je me dis que ce n’est pas le premier coup d’état, et que ce ne sera sûrement pas le dernier non plus, et que le tourisme en Thaïlande n’a jamais été trop impacté par ces histoires. C’est l’heure de déjeuner, on se pose donc dans notre petit resto favori. J’y commande un hot-dog/frites/jus d’orange frais pour 55 000 RP. Il est midi, nous embarquons sur le bateau, dans un bordel assez généralisé. Le trajet nous emmène d’abord sur Gili Air puis sur Gili Meno, et nous passerons même par Senggigi, sur Lombok. Le trajet ne sera au final plus aussi speed que prévu, même si le bateau est équipé de pas moins de neuf moteurs de 300 cv ! Le trajet retour prendra 2h30 en tout. La cabine est atrocement climatisée, et puis on ne voit rien, je monte donc sur le pont. Il y fait une chaleur à crever, d’autant plus qu’on se prend tout l’air chaud des climatiseurs dans la gueule, mais au moins on profite du paysage, magnifique. La réverbération sur le pont blanc et sur la mer me font amèrement regretter d’avoir perdu les lunettes : je me fais littéralement violer les yeux par la lumière. Des dauphins nous accompagnent sur la dernière partie du voyage, c’est super sympa, un peu comme aux Fidji l’année dernière. De retour à Padangbai, le ponton est pris d’assaut par une nuée de vendeurs de boissons et de Pringles. On récupère nos sacs tranquillement, puis nous montons dans le minibus qui nous ramènera à l’hôtel. Le chauffeur a la flemme de conduire dans les embouteillages de Kuta, il nous largue donc un peu au hasard, et nous marchons comme des cons pendant quarante minutes dans la mauvaise direction… Nous sommes finalement de retour à l’hôtel à 17h15. En « porte à porte », ça nous aura pris 5h15. Nous bookons une dernière nuit au Puri Tana Lot, avec taxi pour l’aéroport pour demain matin, le tout pour 415 000 RP pour deux (dont 100 000 RP de taxi). Nous allons ensuite nous poser sur un pouf sur la plage, pour y siroter un coca qui fait un bien fou. Nous dînons ensuite d’un double souvlaki (60 000 RP) avant de prendre un dernier mango freeze géant (47 000 RP). Sur le retour, nous croisons Newman de BNT qui veut absolument poser avec nous en photo, il nous demande de faire comme si nous étions ses bodyguards, c’est marrant ^_^. Petite piscine, douche et dodo de bonne heure (comme d’habitude).

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26 mai On se lève à 8h, après avoir dormi pratiquement 12h, c’est bon, ça ! Petit-déjeuner, lecture et piscine, puis le taxi vient nous chercher pour l’aéroport. Nous arrivons avec 3h d’avance, c’est bon, on avait de la marge ^_^ !

Figure 70 – Arrivée à l’aéroport de Bali / Denpasar

On s’enregistre au guichet d’AviaStar, nous payons les 40 000 RP de taxes d’aéroport, puis on glande en salle d’embarquement. Je me fais un coca et un muffin pour 35 000 RP pour tuer le temps. Nous embarquons sur un BAE 146 « Jumbolino », un tout petit quadriréacteur avec les ailes sur le dessus du fuselage, c’est très particulier comme avion.

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Figure 71 – Embarquement sur le « Jumbolino » depuis le tarmac de Denpasar

Figure 72 – Les réacteurs du BAE 146

Le vol dure 1h, nous passons au-dessus de Lombok et de Sumbawa, avec beaucoup de volcans, c’est vraiment classe. Une lunch box nous est servie, contenant une petite bouteille d’eau et un petit pain à la confiture de fraise. L’approche finale sur la baie de Labuan Bajo laisse entrevoir des paysages fabuleux, et nous ne serons effectivement pas déçus ! 72


Figure 73 – La descente vers Labuan Bajo

L’atterrissage se fait sur une toute petite piste perdue dans la brousse. Il fait très chaud et très sec. L’aéroport est minuscule, et semble parfois à l’abandon, avec des salles totalement décrépites et des trous dans le toit.

Figure 74 – Aéroport de Labuan Bajo

Les formalités de sortie sont rapides. Nous nous retrouvons sur un parking en terre totalement défoncé. Putain, c’est vraiment le bout du monde, Labuan Bajo ! Quelques taxis sont là, mais pour des clients qui les avait réservés à l’avance. Il n’y a pas de bemo (bus publics) pour la 73


ville, contrairement aux dires du Lonely Planet. On a l’air malin... On essaie de se greffer dans les taxis, mais il n’y a plus de places. Nous hélons deux jeunes en scooter, qui acceptent tout de suite de nous prendre, pour 20 000 RP chacun. Nous voilà donc avec nos gros sacs pour une petite virée en scooter très sympa, dans des paysages magnifiques et une circulation totalement délirante sur la route.

Figure 75 – Scooter power !

Nous atteignons sans soucis le centre de Labuan Bajo, qui consiste en une longue « avenue » qui longe le port. Nous nous faisons déposer un peu au hasard, pas très loin des clubs de plongée. Nous hésitons entre booker un « liveaboard », c’est-à-dire une croisière avec nuits sur le bateau, ou bien simplement des excursions à la journée, ou bien un mix des deux. Après avoir fait le tour de quelques clubs, nous jetons notre dévolu sur Divers Paradise Komodo, un club géré par Wolfgang, un vieil Allemand bardé de diplômes PADI, qui fume clope sur clope, mais qui nous propose quelque chose de solide. Nous bookons donc une session de trois plongées à la journée dans la baie, pour 1 050 000 RP, bateau et repas compris. Il faut également payer le droit d’entrée/plongée sur le parc, 95 000 RP, valable trois jours. Nous nous mettons ensuite en quête d’un endroit où dormir. Il y a quelques backpackers miteux pour des prix assez élevés, cela ne nous dit guère. Nous nous posons finalement au Cit Ma Bon, au nom très étrange 74


certes, mais qui a le mérite d’être à dix mètres à peine du club de plongée, et qui propose beaucoup mieux que les backpackers, pour à peine plus cher. Nous voilà donc avec une chambre rudimentaire en bambou, sur les hauteurs de la colline, avec ventilateur et salle de bain, pour 203 000 RP pour deux. Pendant que je paye et fais la paperasse, j’entends quelqu’un m’appeler derrière moi (et ce n’est pas Pierre-Yves). Allons bon. Je me retourne, incrédule, et je tombe sur… Romain. Un de nos anciens stagiaires chez AREVA à Saint-Quentin-en-Yvelines. Putain ce truc de ouf ^_^ ! Il est en train de faire un trip de six mois en Asie avec sa copine Julie, et voilà qu’on se croise, c’est excellent. On discute de nos trips respectifs, puis on promet de se retrouver plus tard autour d’une bière (ils trouvent le Cit Ma Bon un peu cher et préfèrent continuer de chercher [ils regretteront ce choix par la suite ^_^]). Bref. Nous partons faire un petit tour dans le centre. La vue sur la baie est absolument magnifique, et il n’y a pour l’instant aucun grand hôtel. Seuls des petits trucs comme le nôtre se partagent la colline. Un grand bidonville longe l’avenue principale, légèrement en contrebas, sur le port. C’est étrange, mais globalement l’endroit est mignon tout plein. Les touroperators semblent avoir compris que l’avenir du tourisme en Indonésie est ici, à Labuan Bajo, et les choses devraient se bétonner vite…

Figure 76 – La baie de Labuan Bajo

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Nous passons devant l’un des clubs de plongée de la franchise Wicked Diving, leur club est assez classe. C’est chez eux que j’irai passer mon internat de divemaster, dans leur club de Khao Lak, en Thaïlande, en février – mars 2015. Nous commençons à être à court de liquidités. Je retire donc deux millions de RP pour moi, puis deux autres millions pour Pierre-Yves, mais l’automate ne me livre pas la deuxième fournée de billets. Il me refourgue néanmoins un reçu. Putain. Je me dis que je viens de me faire fumer deux millions, ce qui me fait quand même un peu chier. Je découvrirai cependant plus tard, à mon retour en France, sur mon compte, le fameux retrait de deux millions immédiatement re-crédité des deux millions. Bref, pas de soucis. Après notre petit tour en ville, nous nous posons sur la terrasse du restaurant de notre hôtel, où nous sirotons un coca, tranquillement posés dans des poufs, en admirant le coucher de soleil absolument démentiel sur la baie. Le muezzin fait son appel à la prière. Romain et Julie se pointent, on se boit une petite bière pendant qu’ils nous racontent leurs aventures, notamment leurs désillusions en Inde. Je l’avais pourtant prévenu, il y a quelques mois de ça ! Pierre-Yves et moi dînons d’un plat de pâtes carbonara (80 000 RP). Ce n’est pas extraordinaire, je ne recommande pas. Un petit chiot trop mignon déboule sur la terrasse, je joue longuement avec la petite terreur, qui mord déjà bien fort. Un pur bonheur 

Figure 77 – Le p’tit chiot tout chou ! *Puppy Therapy*

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La discussion nous emmène jusqu’à 22h, un record pour nous qui nous couchons généralement de très bonne heure. 27 mai On s’est couché tellement « tard » que je suis totalement déréglé. J’ai mis vachement de temps à m’endormir, et la chaleur n’a pas aidé. Les ventilateurs sont inefficaces au possible… Et puis, le matin, c’est assez bruyant : entre le muezzin, les voitures, les scooters et les bateaux qui font « plop-plop » dans la baie… Bref. Je me lève à 6h15. Le petit-déjeuner n’est servi qu’à partir de 7h, et nous sommes attendus à 7h20 au club, heureusement qu’on est tout près ! Le petit-déj en question est très bon, et à volonté, à base d’œufs frits, de pancakes, de fruits et de légumes. Par contre, il n’y a pas de jus ni de sirop, juste du thé ou du café absolument bouillants. Nous voilà au club à l’heure dite. L’un des divemasters est français. Un autre, dont j’ignore la nationalité, ressemble à Thor (même gueule et même chevelure que l’acteur Chris Hemsworth), mais qui aurait oublié d’aller à la muscu’. C’est assez fun ^_^.

Figure 78 – Un bateau coulé dans le port

Nous sommes sur le bateau vers 7h30. Je me vautre de tout mon long sur le ponton ultra glissant dès le premier pas à bord. Super. Heureusement, rien de cassé ! Le bateau est sympa, tout en bois. Toute la partie avant est dédiée à l’équipement de plongée, tandis que nous sommes installés sur la partie arrière supérieure. Il y a un grand toit qui nous abrite du soleil, sauf sur une petite partie pour ceux qui voudraient bronzer, et de grands coussins pour s’allonger. Par contre, c’est ultra bas de plafond, pas moyen de se déplacer debout, et à la longue ça devient 77


un peu chiant, mais bon, c’est ainsi. Eau, thé et café à volonté. Toilettes à l’arrière. C’est plutôt pas mal, le seul truc vraiment pénible c’est le moteur qui fait vraiment pas mal de bruit, et les gaz d’échappement qui nous reviennent assez souvent dans la gueule.

Figure 79 – Sur le pont

Dès 8h, le soleil tape déjà super dur, mais la traversée de la baie de Labuan Bajo, avec sa mer bleue, ses petits villages de pêcheurs et ses collines verdoyantes, est une splendeur, surtout dans la lumière jaune du matin.

Figure 80 – Dans la baie de Labuan Bajo 78


L’un des plongeurs du groupe est photographe, son équipement est hallucinant et ressemble à un bathyscaphe pour aller sur le Titanic. Thor fait le briefing pour la première plongée du jour, sur le site de Sebayur Kecil. Mais il y a trop de courant, et nous devons finalement nous rabattre sur Tatawa Kecil. Il y a effectivement beaucoup de courant, en terme de vitesse bien sûr mais aussi en terme d’orientation : il n’est pas rare que le courant change totalement de sens en à peine un mètre de variation de profondeur, c’est impressionnant et super déroutant. Il y a de nombreuses grottes, énormes, qui abritent des poissons absolument gigantesques. Être accueilli, dans la demi-obscurité de la grotte, par une quinzaine d’énormes bestiaux, dont plusieurs Napoléons ultra pépères et gros comme des tables basses, c’est vraiment puissant. Les fonds sont magnifiques, on se faufile entre les rochers, on se fait bien défoncer la gueule par des petites méduses, putain, c’est géant. Nous plongeons avec un divemaster qui ne consomme absolument rien. Pierre-Yves a beaucoup trop tété sur sa bouteille lors de la descente, et arrive rapidement sur la réserve. Le divemaster lui passe alors son embout de secours, branché sur un tuyau de deux mètres, pour lui permettre de profiter encore un peu (disons cinq minutes), mais il doit finalement le remonter. Il me redescend ensuite à vingt mètres car il me reste pas mal d’air. La plongée continue, toujours aussi géniale. Je finis par arriver sur la réserve également ; du coup le divemaster me passe également son embout pendant quatre minutes trente. Nous finissons par remonter, après 57 minutes et une profondeur maximale de 23,5 mètres. C’était génialissime. Pierre-Yves, lui, remonté beaucoup plus tôt, a évidemment moins apprécié… Après l’intervalle de surface de rigueur, pendant lequel notre divemaster fume clope sur clope (des trucs épais, tout jaune, méchamment goudronnés, comment fait-il ? ^_^), nous nous rééquipons pour la deuxième plongée du jour, sur le site de Bonzaï Tree. C’est moins sympa que ce matin, même si la première partie de la plongée, à 25 mètres, était pas mal, notamment la grotte, l’énorme raie puis la remontée entre les parois. La seconde partie, moins profonde, offrait beaucoup moins de choses à voir. Nous remontons, après 52 minutes.

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Figure 81 – Sur Bonzaï Tree

Après l’effort, le réconfort ! Le déjeuner est servi. C’est simple, bon et copieux, à base de riz et de poulet frit. Le bateau nous emmène ensuite sur Rinca Island, l’une des îles sur lesquelles vivent les fameux varans ou dragons de Komodo. Un groupe descend pour faire la visite, mais nous restons à bord (nous avons prévu d’aller voir les dragons après demain). La troisième plongée se fait sur Wainiloo, sur une petite plage pas très loin de Rinca Island. Je trouve ça assez nul, j’ai même l’assez nette impression que cette plongée n’est qu’une arnaque en mode bouche-trou en attendant de récupérer le groupe déposé sur Rinca. Mais apparemment les autres plongeurs ont apprécié. C’est vrai qu’il y avait plein de petites choses à voir, des toutes petites bêtes assez exotiques, mais personnellement ça n’est pas mon kif. Le seul truc qui m’a bien plu, c’est lorsque je suis tombé sur ce qui me semblait être une brindille, en forme de gousse de vanille, mais qui avait l’air un peu bizarre. En la ramassant pour l’observer de plus près, je me suis rendu compte que c’était en fait une bestiole, très rigide et qui bouge à peine (en tous cas celui-là), un pipe fish comme on me l’expliquera plus tard. C’est très bizarre comme créature. Je la montre à Pierre-Yves sous l’eau, qui s’en saisit, le regarde sans comprendre, puis le lâche en me regardant d’un air du genre « Bah quoi ? T’es bourré ou quoi ? C’est juste une brindille ! » … Nous tombons également sur un frog fish, très impressionnant avec son camouflage quasiment parfait. J’ai également posé ma palme à quelques centimètres à peine d’un serpent corail, ça aurait pu très mal finir quand on sait qu’ils sont mortels et n’apprécient guère qu’on les emmerde. Bref, une plongée assez nulle et pourtant assez riche ! À la fin, nous sommes 80


obligés de faire un palier interminable tout près de la surface « à cause » de l’ordinateur de Pierre-Yves qui semble se comporter comme un véritable ayatollah de la sécurité. La plongée aura duré 70 minutes, avec une profondeur maximale de 21 mètres. Nous récupérons le groupe de Rinca. Ils semblent très déçus par les dragons qui ne sont, disent-ils, que des « grosses merdes étalées au soleil » (je les cite).C’est exactement l’idée que je m’en fais, donc je n’ai pas trop peur d’être déçu ^_^. Sur le trajet retour, nous dégustons du melon en parlant plongée avec les divemasters, c’est très sympa. Nous sommes de retour au port à 17h30. On se fait un coca glacé pour 5000 RP au supermarché, et on rebooke trois autres plongées pour demain, car malgré mes réserves sur la troisième plongée, c’était quand même globalement assez génial. Le soir, nous dînons d’un poulet frit avec un coca pour 60 000 RP dans un petit resto sur l’avenue principale. Nous retrouvons Romain et Julie sur la terrasse du resto de notre hôtel, ils nous expliquent que leur hôtel backpacker est tout pourri et qu’ils aimeraient bien venir au Cit Ma Bon, mais qu’il n’y a plus de chambre disponible… Nous jouons un peu avec le chiot en discutant boulot, des recherches de taf de Romain, puis nous allons nous coucher vers 21h, totalement claqués. 28 mai Levé 6h10. J’ai mal dormi à cause du muezzin et du bruit des bateaux dans la baie. Et c’est bientôt la fin des vacances, putain… 7h, c’est l’heure du petit-déj, mais j’en ai marre du café ou du thé bouillant, alors je descends m’acheter un bon coca bien glacé dans une des petites supérettes du coin (6000 RP). Oui, je sais, je suis accro au coca… Les choses se passent comme hier : rendez-vous au club à 7h20, puis départ vers les sites de plongée. La première plongée se fait à Sebayur Kecil, là où nous devions déjà plonger hier. Cette fois-ci, le courant n’est pas trop fort et la plongée peut se dérouler. Le site est joli, la nage est facile, la visibilité est très bonne. Nous allons assez profond (30 mètres), et la plongée est assez longue (56 minutes). C’est très sympa. La deuxième plongée est beaucoup plus sportive, puisqu’elle consiste à « traquer » les raies manta géantes à la force des palmes, dans une zone blindée de courant… Le site, sans surprise, s’appelle Manta Point. La profondeur est faible, pas plus de 15 mètres, mais on palme tellement qu’on consomme comme sur une plongée à 30 mètres. La visibilité est moyenne à cause du courant mais, étrangement, les vidéos prises avec la 81


GoPro d’un des plongeurs de notre palanquée sont d’une clarté absolue, comme si les particules étaient trop petites pour être capturées par la caméra, se retrouvant ainsi « filtrées » par un effet assez miraculeux.

Figure 82 – Manta Point

Le divemaster a un regard méchamment acéré, il voit venir les raies bien avant toute le monde (même les autres plongeurs indonésiens, je ne le compare pas juste à nous, pauvres amateurs) avec une acuité et une précision folles. Véritable stakhanoviste de la raie, il ne lâche jamais le morceau, et nous emmène dans un pédalage sous-marin assez démentiel, on en aura pour notre argent avec lui ^_^ ! À un moment, il me fait signe de me retourner, et je tombe nez-à-nez avec une énorme raie à, disons, moins de deux mètres. Nom de dieu…

Figure 83 – Moi, face à face avec une raie manta ! 82


Le courant est terrible, le type nous dit de nous accrocher au fond, mais sans gants, les coraux ont beau être globalement morts, c’est franchement pas évident ! En plus, pendant toute la plongée, je suis pris de brûlures d’estomac absolument démentielles… J’ai failli faire signe au divemaster que j’abandonnais la plongée, mais j’ai tenu bon et, putain, qu’est-ce que j’étais heureux d’être de retour en surface après ces 58 minutes passées sous l’eau ! C’était colossal, mais éprouvant. Je ne regrette pas, mais je ne suis pas persuadé qu’il soit très utile de faire de la plongée bouteille pour vraiment apprécier les raies géantes. Comme je l’ai déjà dit, aux Fidji, on avait fait ça juste avec palmes, masque et tuba, et c’était déjà très bien. Ici, à Manta Point, c’est pareil, on peut les voir depuis la surface. Et même depuis le bateau… C’est l’heure du déjeuner. Je suis explosé. J’hésite longuement à renoncer à la dernière plongée, mais elle a l’air tellement belle et facile que finalement je me laisse tenter, et je ne regretterai pas ! Nous voilà donc à la mise à l’eau sur le site de Batu Bolong. Il y a pas mal de courant, on voit des tourbillons en surface. Et c’est blindé de tortues, visibles avant même la mise à l’eau. Ça promet ! La visibilité est bonne et il y a des maelströms de poissons et des dizaines de tortues, c’est génial.

Figure 84 – Tortue, sur Batu Bolong

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Figure 85 – La même !

Nous remontons après 57 minutes à 23 mètres. Sur la fin, dans la zone où nous faisons notre palier de sécurité, nous assistons à une drôle de scène, avec notre divemaster qui semble très énervé par le positionnement et l’attitude d’un autre groupe de plongeurs. Nous apprendrons par la suite que ce groupe avait été pris par un courant ascensionnel extrêmement violent, qui les a ramenés depuis 20 mètres vers la surface en une poignée de seconde, éparpillant tout le groupe au passage. Nous n’avons connu aucun problème de notre côté, manifestement parce que nous étions bien encadrés et que notre divemaster connaissait très bien les zones de courant fort à éviter.

Figure 86 – Fin des plongées ! 84


La fin d’après-midi se passe tranquillement, même si la mésaventure de ce groupe fait réfléchir… Nous dégustons tranquillement des papayes en profitant de la lumière de fin de journée, et des quelques dauphins qui nagent non loin du bateau. C’était super, mais je suis vraiment fatigué, et le bruit du moteur et les gaz d’échappement commencent assez fortement à me taper sur les nerfs… Ça fait du bien de retrouver la terre ferme ! Au club, nous faisons tamponner nos carnets de plongée, et nous récupérons les vidéos de la GoPro. Je me fais un double paracétamol pour essayer de me remettre, avec un grand coca (11 000 RP). Je me pose sur la terrasse, et décide de glander tranquillement avec le petit chiot. 29 mai Levé 6h20. Pas bien dormi, notamment à cause du muezzin. Aujourd’hui, nous allons voir les dragons et faire du snorkeling. Je prépare mon sac, avec mes petites palmes de body, toutes neuves, que je n’ai pas encore eu l’occasion de tester. Petit-déjeuner agrémenté d’un coca de la supérette (6000 RP). Nous sommes à l’agence à 7h30, comme prévu. Nous serons trois pour l’excursion d’aujourd’hui : moi, Pierre-Yves et D., une jeune Indonésienne vivant à Genève, qui travaille dans les assurances maritimes, en vacances à Florès et qui parle fantastiquement bien le français. Quelle rencontre improbable ! ^_^ La sortie en bateau coûte 400 000 RP par personne, déjeuner et eau minérale compris. Pierre-Yves et D. louent des palmes, puis nous embarquons sur un petit bateau en bois, avec un moteur qui fait un raffut du tonnerre. C’est parti pour Rinca Island ! La baie est toujours aussi belle, même si c’est la troisième fois en trois jours que nous la traversons. Après une petite heure de mer, le moteur tombe en rade. Allons bon, on a l’air malin ! Bon, il n’y a pas de danger, au pire nous ne verrons pas les dragons. On ne s’inquiète donc pas. Je discute éducation, politique et religion avec D., qui s’avère tout à fait passionnante. Les deux jeunes Indonésiens, qui ne doivent pas avoir plus de quinze ans, finissent par relancer le moteur après une quarantaine de minutes, et nous repartons, pépèrement. Nous arrivons sur Rinca. Quelques petits singes nous accueillent sur le ponton. Nous empruntons le sentier vers le parc. Il fait une chaleur à crever. Le sentier en béton traverse une espèce de marigot plein de 85


singes. L’entrée du parc est marquée par deux grandes statues de dragons, on a un peu l’impression de pénétrer dans Jurassic Park ^_^. Nous payons nos entrées, plus la taxe pour les appareils photos (je ne me souviens plus du montant, mais rien d’affolant). Nous voilà donc en ballade avec comme guide un Indonésien avec son bâton, une espèce de Walker Komodo Ranger qui ne parle quasiment pas anglais. Heureusement que D. est là pour nous traduire ! Les autres guides, touristes et locaux la prennent d’ailleurs pour notre guide perso, c’est assez amusant, alors qu’elle ne connaît pas du tout l’endroit. Son côté jeune femme indonésienne libérée (expatriée, divorcée, sans enfants) ne plaît pas beaucoup à notre guide, qui ne se gêne pas pour le lui dire. Elle a l’habitude de ce genre de remarque, mais n’en reste pas moins profondément énervée par ce genre d’attitude. Concernant la balade, nous avons fait le trekking « medium ». Le tour dure environ deux heures. L’île est absolument magnifique, les points de vue sur la mer et les plaines de cocotiers sont époustouflants. La chaleur est cependant écrasante, et nous avons un vieil Anglais dans le groupe qui s’est habillé pour une excursion en jungle hostile : surhabillé, il semble au bord de l’évanouissement… Le tour dans l’île est le véritable intérêt de l’excursion, car les dragons, eux, ne sont pas si intéressants que ça. Je m’y attendais : ce sont des énormes lézards quasiment immobiles, qui glandent au soleil, dans des positions désarticulées dénuées de toute grandeur et de fierté. Ils ouvrent un œil de temps en temps, puis le referment aussitôt. On a vu quelques bébés, d’environ un mètre de long, ceux-là sont déjà beaucoup plus dynamiques et sont même assez chou, mais bon, ça ne casse pas non plus cinq pattes à un lézard, quoi. Peut-être qu’en restant plusieurs jours, et surtout en étant présent la nuit et aux heures des repas, il doit être possible de voir un peu d’action. Mais en l’état, ce sont juste des gros boudins paraplégiques en train de se dorer la pilule aux environs du restaurant et des baraquements des Rangers. L’appel de la nourriture, sans doute…

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Figure 87 – Une énorme sous-merde. Euh, non, pardon, un fier Dragon de Komodo !

Figure 88 – Deux énormes sous-merdes ^_^

Lors de la balade en elle-même, peu de chances de voir des dragons. Primo, parce que des bestiaux verts immobiles à ras de terre dans une végétation verte, ça passe assez inaperçu. Secundo, parce que les Rangers ne semblent pas faire d’insurmontables efforts pour nous les montrer. Et enfin, tertio, parce qu’assez logiquement les dragons évitent le sentier de la balade, qui est toujours le même, et dont ne s’éloignent pas d’un centimètre les Rangers. 87


Cela dit, je ne regrette absolument pas : c’est quand même sympa d’avoir vu ces mythiques bestioles et, une nouvelle fois, l’île est splendide.

Figure 89 – Sur les hauteurs de Rinca Island

Figure 90 – Avec Pierre-Yves, sur Rinca Island !

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Nous avons également vu quelques énormes buffles au cours de la balade, en train de brouter paisiblement ou de se prendre de bons gros bains de boue tout aussi paisiblement.

Figure 91 – Un énorme buffle sur Rinca Island

La balade terminée, nous prenons un petit rafraîchissement à l’ombre du restaurant (deux cocas pour ma part, 2 x 10 000 RP). Sur le retour, je prends la pause sur l’un des faux dragons, muni d’une « épée » en bois, pour relever un défi que m’avait lancé Maxime ^_^.

Figure 92 – Moi, en mode Indonesia Jones et le Royaume du Varan de Cristal 89


Après être remonté sur le bateau, c’est l’heure du déjeuner : un nasi goreng, une petite banane et une bouteille d’eau. C’est un peu frugal, mais c’est bon. Le trajet du retour se fait sous un soleil de plomb, mais la baie est toujours aussi belle, et D. est vraiment excellente, c’est un plaisir. Nous faisons un arrêt snorkeling sur une petite île équipée d’une petite plage de sable blanc. C’est sympa, sans plus. Il n’y a pas grand-chose à voir, et puis, après les plongées bouteille de folie de ces deux derniers jours, difficile de lutter ^_^. En revanche, nous sommes confrontés à quelque chose d’assez marrant : des putains de petits poissons « territoriaux » qui se jettent sur nous et nous mordent sous prétexte qu’on est dans leur zone. C’est à la fois très pénible et assez fun ^_^. On est infiniment plus gros qu’eux, mais ils viennent à la baston quand même ! Je découvre par ailleurs que mon appareil photo étanche n’était manifestement pas si étanche que ça, il semble avoir rendu l’âme. Fait chier. (Je réussirai à le rallumer quelques semaines plus tard, mais en mode extrêmement dégradé. Mais au moins la carte SD est intacte, et les photos avec.) Nous remontons sur le bateau. Il flotte dans la baie une forte odeur de poisson pourri. Un incendie ravage le flanc d’une des montagnes. Un impressionnant panache de fumée noire monte dans l’atmosphère. Nous croisons des dizaines de petits bateaux de pêcheurs, en bois, c’est vraiment sympa. Ça change de tous nos chalutiers métalliques industriels…

Figure 93 – Dans la baie de Labuan Bajo 90


De retour à terre, nous convenons de retrouver D. plus tard dans la soirée pour aller boire une bière et dîner sur la jetée. Petit détour par l’hôtel pour prendre une douche. Nous croisons Romain et Julie, qui décident de se joindre à nous, non sans nous avoir raconté leur loose : ils ont aussi été voir les dragons, mais en prenant l’option avec nuitée sur le bateau. Apparemment, il a fait atrocement chaud, la cabine était pleine de cafards géants et le groupe électrogène a tourné jusque tard dans la nuit, faisant un bruit épouvantable tout en asphyxiant tout le monde… Super ! Et ils n’ont pas vu les dragons plus que nous. Ils ont beaucoup aimé le trekking en revanche, comme nous. Et puis, ils ont pu aller jusqu’à l’île de Komodo en plus de celle de Rinca. Nous retrouvons D. comme convenu. Elle nous emmène au Paradise, un bar très sympa un peu sur les hauteurs, d’où nous pouvons apprécier un coucher de soleil fabuleux sur cette baie qui n’en finit pas de nous émerveiller. Nous descendons quelques bières, puis nous allons dîner d’un poisson grillé sur la jetée. C’est divin : dans un petit boui-boui, pour 35 000 RP, nous choisissons un énorme poisson, grillé sous nos yeux, accompagné de riz, de légumes et de salade. D. nous raconte sa vie à Genève, Romain et Julie nous narrent leurs mésaventures en Inde, bref, super soirée ! Nous retournons à l’hôtel, où je sirote un dernier coca en discutant boulot avec Romain, puis c’est l’heure d’aller se coucher. Il est 23h, c’est rare qu’on veille aussi tard ! 30 mai On se lève à 6h30. Ça y est. C’est (presque) la fin des vacances. Nous entamons notre Grande Retraite d’Indonésie, avant de retrouver notre France toute pourrie (enfin, Pierre-Yves, lui, vit en Guadeloupe, ce traître !). Et ça commence mal : il est trop tôt pour le petit-déjeuner. Nous profitons un peu de notre dernier lever de soleil en terrasse. Je vais me prendre un coca dans la rue. Nous rendons les clés et, avec nos gros sacs, nous nous mettons en route. Notre plan est simple : marcher le long de la route, essayer d’arrêter un scooter chacun, pour nous emmener à l’aéroport (contre rétribution bien entendu). Au bout de dix minutes de marche, toujours rien. Damned. Il faut dire qu’il est encore bien tôt. On finit par trouver un premier scooter, qui prend Pierre-Yves pour 20 000 RP. Je lui dis de partir, que je trouverai bien quelqu’un moi aussi. Je vois Pierre-Yves disparaître sur sa monture au coin de la rue, en espérant trouver effectivement une solution. Je n’ai pas le temps de m’inquiéter : à peine trente mètres plus loin, je tombe sur 91


un petit jeune. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais, avec des signes, je mime un avion, et il semble avoir compris. J’ai un léger doute, mais bon, allez, pour 20 000 RP, je tente. L’air du matin est frais, on se caille le cul sur le scooter. Mon chauffeur claque des dents. Allons bon. Il roule à donf et, dans un virage un peu serré, on dérape sévère et on manque de se boîter. Je lui demande d’y aller un peu mollo, mais de toute façon il a bien compris ^_^. La lumière jaune du matin est magnifique, les paysages sont fabuleux. Le trajet commence à me sembler long. Je me demande s’il a bien compris où je voulais aller. Je m’inquiète un peu. Puis, plus de doutes, on est sur une route que l’on n’a pas prise à l’aller. Je lui demande de s’arrêter, et j’essaie de lui ré-expliquer. Il semble sûr de lui. Bon. Admettons. Nous nous remettons en route. Puis on s’arrête de nouveau, de son propre chef ce coup-ci. On voit l’aéroport un peu plus loin, mais il me montre un barrage de flics, et désigne ma tête : il s’inquiète car il n’a pas de casque pour moi. Bon. Il arrête un autre scooter qui, lui, a un casque de rechange. Il me dit de monter avec l’autre scooter. Je tends les 20 000 RP au petit jeune, mais il refuse. J’insiste. Pas moyen, il donne les billets au second scooter. Je ne comprends pas. Il insiste et repart. Un type vraiment gentil. Je finis par arriver à l’aéroport, où je rejoins PierreYves, qui se fout copieusement de ma gueule. Il faut dire qu’avec mon casque façon Mars Attacks, je ne suis pas franchement à mon avantage… ^_^.

Figure 94 – Ne suis-je pas magnifique avec mon casque ? ^_^

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Un garde me demande 10 000 RP pour l’accès au parking. Mon chauffeur négocie à 3000 RP. Pierre-Yves s’en était sorti pour 2000 RP. Bon. Pour ce que ça coûte, hein, de toute façon… Nous voilà dans le hall de l’aéroport. J’avise une publicité qui propose des jets privés pour Bali pour 3000$. Eh beh… Apparemment, il y a une vraie clientèle pour ça. Il faut dire que les lignes régulières ont souvent des ratés à Labuan Bajo. Espérons que tout se passe bien ! En l’espace de 5 mètres, nous passons deux barrages à rayons X (dont un qui ne fonctionne pas). C’est assez étrange, ce mélange de décrépitude (l’aéroport est dans un état lamentable) et de technologie. Nous enregistrons nos sacs pour Jakarta, puis payons les taxes d’aéroport (10 000 RP). Je constate que mon sac, qui faisait 7,50 kg à l’aller, en fait maintenant 10,50 kg. Balance défectueuse, ou bien mes fringues sontelles alourdies de 3 kg de saleté et de sueur en trois semaines ^_^ ? La salle d’embarquement est bien aérée, il ne fait pas trop chaud, et le personnel est très bien organisé malgré l’état des installations.

Figure 95 – Gestion des bagages, à l’aéroport de Labuan Bajo

Nous sommes arrivés avec le délai avant décollage indiqué, mais nous avons été inutilement prudents, tous les passagers sont à la bourre. Et l’avion aussi, au final… La salle d’embarquement se remplit. Nous retrouvons quasiment tous nos compères plongeurs, c’est sympa. Nous décollons finalement avec 25 minutes de retard, à bord d’un magnifique ATR-72 de Wings Air, flambant neuf. Il n’y a pas de lunch box ce coup-ci, mais l’hôtesse est fabuleusement belle, on va dire que ça 93


compense largement ^_^. Le vol se passe bien, malgré une climatisation absolument démentielle… Le pilote annonce notre descente vers Jakarta, ce qui fait rire tout le monde, car c’est vers Bali que nous descendons ! Notre avion étant en retard, le transfert pour le vol vers Jakarta se fait directement sur le tarmac de Denpasar, dans une chaleur épouvantable et dans le bruit assourdissant des moteurs. Nous embarquons à l’arrache dans un Boeing 777-900 de Lion Air. C’est un avion gigantesque, que je ne pensais pas voir sur un aussi petit vol, car c’est quand même un longcourrier à la base. Mais bon. Le vol se fait sans histoire (mais aussi sans lunch box). J’ai trop faim, j’attaque un paquet de gaufrettes que nous traînons depuis Gili T. Nous arrivons à Jakarta. Et là, on se demande bien quoi faire. Notre vol pour Jeddah et Paris n’est que dans 24h (nous avions pris une marge en prévision d’éventuels retard sur les vols Labuan Bajo/Bali/Jakarta, mais finalement ça serait passé). Nous envisageons de retourner au Kresna, juste histoire de « boucler la boucle ». Mais on est vraiment trop claqué pour s’imposer cette horreur, et le trajet vers Jakarta centre ne nous branche guère. Nous choisissons donc la facilité : un coup de Lonely Planet, section hôtels près de l’aéroport, et nous jetons notre dévolu sur le FM7. C’est un peu cher, mais c’est facile, tout près et grand luxe. On se dit qu’on peut bien s’offrir ça… Je me dirige vers le point Informations. Une hôtesse compose le numéro de l’hôtel pour moi, puis me passe le téléphone. Je fais une réservation pour une chambre pour deux pour ce soir. Je dois épeler mon nom en alphabet militaire de l’OTAN. Je suis un peu rouillé malgré une récente « révision » avec Benoît, et Pierre-Yves m’aide un peu. Allez, c’est fait, une nuit avec transfert aéroport/hôtel/aéroport, pour 1 100 000 RP. C’est clairement notre « record » des vacances ! Au téléphone, on m’a dit d’attendre le taxi de l’hôtel devant le resto de burger. Un taximan qui n’a rien à voir avec l’hôtel FM7 essaie de nous en glisser une petite, mais j’évacue tranquillement la « menace » ^_^. La navette finit par arriver. En une petite demi-heure, nous voilà à l’hôtel. Je paye par carte bancaire, et nous prenons possession de notre chambre, une super piaule de 60 m2, avec écran géant, minibar, peignoirs tout doux et gigantesque salle de bain. Putain, on est bien. Quelle différence avec le Kresna ^_^, on se tape des barres rien que d’y penser ! On déjeune au resto de l’hôtel, là aussi c’est cher, et Pierre-Yves tombe sur un plat de bœuf thaïlandais à la menthe absolument infect. Pour ma part, mes petits calamars frits sont fabuleux. 94


Après le déjeuner, Pierre-Yves s’effondre façon sieste dans ses draps de soie, pendant que je mets mon plan à exécution : j’avais repéré que l’hôtel était équipé d’un complexe sauna/hammam/jacuzzi/piscine/salle de sport. Mon péché mignon. J’enfile mon peignoir et me rue vers le complexe. J’y passe trois heures, en apesanteur. C’est divin. J’alterne saunas et jacuzzis, longueurs dans la piscine, bains bouillonnants brûlants et bains bouillonnants glacés, etc. Et puis, touche finale, qui confine à la grâce : il y a un distributeur de serviettes mouillées brûlantes et glacées… oh my god, putain, quel pied ! Le hammam est bien chaud, le sauna aussi. Seul petit bémol : le sauna ne sent pas très bon. Et, apparemment, ici, on se sale : il y a un seau de gros sel, et tout le monde se frictionne vigoureusement avec. Une pratique que je ne connaissais pas. Perplexe, mais curieux et décidé à ne pas mourir idiot, je teste. Faute grave ^_^ : à cause de la plongée et des randos, je suis couvert de micro-coupures, et le gros sel me brûle atrocement des pieds à la tête. Holy Shit. Bon, on va dire que c’est vivifiant ! Je vais me faire une petite sieste dans la chambre, puis c’est l’heure du dîner. Allez, on se lâche. Je commande du bœuf au poivre. Pierre-Yves aussi. Et c’est décevant : mortifiés, nous sommes face à un émincé tiède et atrocement poivré… Je commande un coca. Il ne doit pas faire plus de 15 cL, et il est dégazé. Je le signale au serveur, qui, tout penaud, m’en sert un autre. Pour le dessert, petite glace à la vanille. Au final, le dîner n’était pas très bon (et plutôt cher : 180 000 RP), mais le service était impeccable, tout était apporté par au moins deux serveurs, même mon coca ^_^ ! Il est 20h. Abruti par mes séances de sauna et ces trois semaines de folles aventures, je me glisse dans mes draps de soie. 31 mai J’ai hyper bien dormi. Il faut dire qu’un super plumard, une grosse fatigue et zéro muezzin, c’est un vrai trio gagnant ! ^_^ Je me lève à 6h30 et je fonce au sauna. J’y passe 1h30, à savourer, sachant que la suite sera beaucoup moins fun : deux longs vols en classe économique entrecoupés de six heures d’escale à Jeddah… On prend le petit-déj à 8h30. C’est diaboliquement bon. Il est l’heure de quitter tout ce bonheur et de prendre la navette pour l’aéroport. Nous enregistrons nos bagages, pendant que des contrôles aléatoires sont faits dans les sacs des voyageurs, qui doivent parfois tout défaire. Nous recroisons les Français de l’aller. Ils nous expliquent qu’ils ont passé la nuit dans le même hôtel qu’à l’aller, et qu’on a bien fait de ne pas 95


retourner au centre-ville : ils ont passé cinq heures dans les embouteillages. Putain, on a bien fait de ne pas retourner au Kresna… En salle d’embarquement, j’essaie de convertir mes dernières roupies en euros, mais je n’en ai pas assez. Je décide donc de les claquer dans un coca à 30 000 RP et dans un décapsuleur en forme de bite à 40 000 RP. Nous prenons place dans l’avion, qui ne compte pas autant de pèlerins pour La Mecque qu’à l’aller. Pour passer le temps, je regarde quelques films : le remake de Robocop, qui se révèle assez nul, et The Ryan Initiative, qui est passable. Je termine par Enders Game, passable lui aussi. Nous voilà à Jeddah. Il fait 39°C, et nous avons six heures à tuer. C’est globalement à chier : la salle de transit est pourrie, les chiottes sont absolument immondes et pas nettoyées, les fauteuils sont exécrables, impossible de s’allonger ailleurs que parterre. Le muezzin hurle de façon peu mélodieuse à intervalles rapprochés. Des appels techniques incompréhensibles mais extrêmement sonores fusent en permanence. C’est agressif, c’est insupportable. Bon, la Saudi nous a donné un bon pour dîner, c’est déjà ça. On a droit à des beignets de poulet avec du riz, des haricots, une pomme et un Pepsi. C’est correct. Encore 3h30 à tuer. J’en peux plus. En plus, j’ai pris froid dans l’avion, j’ai la gorge en feu et pourtant il fait une chaleur à crever, putain quelle merde. Et puis, je ne sais pas ce qu’il m’arrive, mais une douleur lancinante me défonce le coude et commence à devenir insoutenable (je finirai aux urgences en France à ce sujet, pour un hygroma du coude surinfecté et une pharyngite de la mort, super le retour de vacances, antibiotiques et antidouleurs surboostés à la clé). Je subis cet aéroport vraiment à chier. Si j’étais le Roi Abdulaziz, eh bien, j’aurais vraiment honte que cette sombre merde porte mon nom… Si vous pensez que j’exagère, sachez que la référence en le domaine, à savoir Sleeping Airports qui évalue la qualité et le confort des aéroports du monde entier, me donne raison : l’aéroport de Jeddah est classé quatrième pire aéroport mondial en 2014. Bref. Des gamins pleurent et hurlent de partout. Eux aussi sont à bout. Une horde d’Indiens hystériques se jettent à intervalles réguliers sur le personnel de l’aéroport, craignant manifestant de ne pas avoir de place dans le vol pour Mumbai… alors qu’ils ont une putain de carte d’embarquement. Le personnel saoudien est excédé et pète les plombs. Il n’y a pas plus efficace que des Indiens surexcités et irrationnels pour vous rendre chèvre. Malade, à bout de nerfs, ulcéré par cet aéroport de merde, je suis pris d’une haine absolue pour le genre humain en général. Et notre vol est en retard…

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1er juin Nous finissons par embarquer dans un bordel indescriptible, peu après le tsunami indien provoqué par le vol pour Mumbai, canalisé par des Saoudiens hallucinés. Nous sommes bien placés, sur un premier rang derrière une cloison, avec beaucoup de places pour les jambes, mais un gosse juste à côté passe son temps à hurler. Putain… Je parviens à dormir 3h30, ce qui n’est pas mal pour mes « standards ». Je ne regarde aucun film, je suis trop malade, je n’en ai même pas la force. Nous atterrissons à Roissy à 5h50. La douanière est fort peu aimable. Nos sacs arrivent. Je suis explosé. J’abandonne Pierre-Yves à la gare. Je prends le RER B de 6h34. Je suis à Saint-Michel à 7h12, ce qui représente une performance pour le moins suspecte. Mes craintes se confirment : aucun train pour Saint-Quentin. Le contraire aurait été étonnant. Je prends donc la ligne 4, à l’agonie. Je gobe tous les médicaments que j’ai sur moi. Tous les escalators et autres tapis roulants sur mon chemin sont en panne. Putain, ce chemin de croix quoi… J’arrive à Montparnasse. Toujours aucun train pour Saint-Quentin. Putain de merde, what the fuck ?… Il y a un train pour Saint-Cyr dans une heure. Quelle chiotte. Arrivé à Saint-Cyr, je dois encore attendre quarante minutes un train pour Saint-Quentin. Je finis par comprendre ce qu’il se passe : il y a des travaux. Mais aucun être humain de la RATP pour renseigner les gens. On peut tous aller se faire foutre. Heureusement, c’est une belle matinée ensoleillée, mais je suis au bout du rouleau. J’arrive chez moi et je m’effondre. Bref, je suis rentré en France. Et demain, boulot. Fuck me. Budget Au total, ces vacances de trois semaines m’auront coûté 1880€, avec le détail des principales dépenses ci-dessous :  Vols internationaux : ~550€  Vols intérieurs : ~215€ o ~85€ pour Bali/Labuan Bajo o ~130€ pour Labuan Bajo/Bali/Jakarta)  Plongées : ~375€ pour 14 plongées o ~27€/plongée en moyenne 97


o ~43€ maximum, à Lembongan (clairement le moins bon rapport qualité/prix) o ~23€ pour les meilleures (en rapport qualité/prix et dans l’absolu), à Labuan Bajo Bref, l’Asie prouve, une nouvelle fois, qu’elle propose un rapport qualité/prix tout simplement démentiel. Et même en termes de qualité absolue, sans regarder le prix, c’est déjà exceptionnel.

C. Macqueron, corentin.macqueron@gmail.com, 2014

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