Contact, automne 2018

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Automne 2018, volume 33, numéro 1

Alexandra Szacka : raconter le monde 4 signes du TDAH chez l’adulte Des chercheurs qui trouvent ! Les émotions au service de l’entreprise

Quel avenir pour les proches aidants ?


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ISTOCK, SANJERI

Changer le monde une recherche à la fois

28 Eurêka ! J’ai trouvé !

Dans les laboratoires du campus, femmes et hommes de science cherchent… et trouvent. Leurs inventions, dans une variété de domaines, changent nos vies.

13 Vers des milieux de travail plus humains

Qui sont les chercheurs ? De curieux savants plongés dans leur laboratoire, jonglant avec des concepts abstraits aux résultats hermétiques ? Ce numéro de Contact démontre à quel point les spécialistes et professeurs de l’Université se situent loin de ce cliché. Santé, éducation, environnement, société, leur apport à nos vies est si concret qu’il contribue à dessiner l’avenir à son meilleur. C’est le cas avec les découvertes des professeurs Boivin, Cicchetti, Gosselin, Stevanovic et Vallée, dont vous pouvez lire les détails dans le reportage portant sur les chercheurs-inventeurs. D’autres professeurs du campus se penchent sur des enjeux sociétaux incontournables au mieux-être des populations, notamment la reconnaissance des proches aidants, l’amélioration des milieux de travail et le trouble du déficit de l’attention chez les adultes. Cette édition du magazine permet aussi de découvrir des personnalités remarquables : la journaliste Alexandra Szaska, de nombreux diplômés au parcours unique et de généreux donateurs qui font le choix de donner au suivant. Bref, du contenu inspirant pour rêver et bâtir un futur prometteur. Brigitte Trudel, rédactrice en chef

5 Des projets phares sur le campus

Et si laisser les émotions entrer au bureau, tout en sachant mieux les gérer, était gage d’efficacité ?

Les Chantiers d’avenir et la construction de l’INQ : deux concrétisations d’un élan collectif

16 Reconnaître la proche aidance

38 Le cœur à l’ouvrage et à la fête

Si certaines mesures semblent se mettre en place, beaucoup reste à faire pour venir en aide aux proches aidants.

22 Quatre traits du TDAH chez l’adulte Comment reconnaître ce trouble et en prévenir les effets néfastes ?

24 La journaliste au long cours Depuis plus de trois décennies, Alexandra Szacka écume les points chauds de la planète pour prendre et partager le pouls du monde.

Trois diplômées contribuent, par leur travail, à de grandes festivités qui font rayonner la ville de Québec.

42 Faire honneur à l’être aimé Un donateur a choisi de rendre un hommage bien spécial à la femme de sa vie. 4 Sur le campus 34 UL pour toujours 43 D’un échelon à l’autre 44 Sur le podium 45 Dernière édition

Le magazine Contact est publié deux fois par année par la Direction des communications de l’Université Laval pour La Fondation de l’Université Laval – Développement et relations avec les diplômés et pour le Vice-rectorat aux affaires externes, internationales et à la santé (VRAEIS). DIRECTION Rénald Bergeron, vice-recteur, VRAEIS, Yves Bourget, président-directeur général, Fondation RÉDACTION Brigitte Trudel, rédactrice en chef, Serge Beaucher, Mélanie Darveau, Isabelle Doucet, Pascale Guéricolas, Nathalie Kinnard, Renée Larochelle et Mélanie Larouche, collaborateurs PRODUCTION Anne-Renée Boulanger, conception et réalisation graphique COUVERTURE (photo) Thinkstock, Studia72 PUBLICITÉ Fabrice Coulombe, pub.contact@dc.ulaval.ca IMPRESSION Solisco et Service de reprographie de l’Université Laval DÉPÔT LÉGAL 3e trimestre 1986, Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 0832-7556, ©Université Laval 2018. Les auteurs des articles publiés dans Contact conservent l’entière responsabilité de leurs opinions. Le générique masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte. Les articles peuvent être reproduits avec l’autorisation écrite de la rédaction.

FSC

INFORMATION Magazine Contact, 2305, rue de l’Université, pavillon Maurice-Pollack, bureau 3108, Québec (Québec)  G1V 0A6 418 656-2131, poste 4687, magazine.contact@dc.ulaval.ca, www.contact.ulaval.ca,  Contact_UL

POUR NOUS AVISER D'UN CHANGEMENT D’ADRESSE : 418 656-2424 OU FICHIER.CENTRAL@FUL.ULAVAL.CA


En un éclair

Nouvel édifice sur le campus

Un prix pour la prévention du suicide

Le Comité de prévention du suicide de l’Université Laval a reçu, en juin, le Prix méritas de l’organisation 2017-2018. Cette distinction annuelle est remise par l’Association québécoise de prévention du suicide. Elle reconnaît les organisations qui ont su se démarquer par leur engagement remarquable. Les actions du Centre d’aide aux étudiants en la matière consistent notamment en l’implantation d’un réseau de sentinelles, la création d’un cours, la mise en place d’activités lors de la Semaine de prévention du suicide et l’implantation d’un futur programme de pairs aidants étudiants capables de détecter la détresse périphérique.

Formation Web en management

L’Université présente un nouveau MOOC (Massive Open Online Course) sur le management responsable. Ce modèle de gestion vise la création de contextes de travail plus harmonieux. Offerte par la Faculté d’administration et d’une durée de sept semaines, la formation en ligne et ouverte à tous se donnera du 24 septembre au 19 novembre 2018. La période d’inscription prendra fin le 16 octobre. Pour information et inscription : info@mooc.ulaval.ca, 418 656-2131, poste 3234 ou sur le Web.

Contact Automne 2018

Hôte de la Coupe Vanier

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L’Université Laval accueillera les présentations des deux prochaines Coupe Vanier, soit en 2018 et en 2019. La finale 2018 du Championnat de football U SPORTS, prévue le samedi 24 novembre, sera la cinquième à être disputée au stade TELUS-Université Laval du PEPS dans le courant de la dernière décennie. Les matchs tenus en 2009, 2010, 2013 et 2015 avaient attiré jusqu’à 12 187 spectateurs assis et près de 6 000 spectateurs debout. Il est déjà possible d’acheter des billets pour la Coupe Vanier 2018 sur le Web ou au 418 656-FOOT.

JEAN RODIER

La construction d’un Centre de données massives (CDM) a cours et s’échelonnera jusqu’en janvier 2019. Le CDM aura pour objectif de mettre en place une offre de services liés à la collecte, au traitement et à la valorisation des données massives. En plus d’alimenter en électricité d’urgence le Centre de calcul de haute performance et différents pavillons, il vise à soutenir les activités de recherche ou les nouveaux programmes d’enseignement qui génèrent ou font appel à de grandes quantités de données. Les travaux, estimés à 21,5 M$, sont financés par le programme fédéral du Fonds d’investissement stratégique (FIS) pour les établissements postsecondaires.

Remise de diplômes et une 300 000e diplômée Huit cérémonies de la collation des grades, réparties sur deux fins de semaine, ont eu lieu entre les 9 et 17 juin. Cette année, ce sont 4436 finis­sants qui ont défilé à l’amphithéâtre-gymnase Desjardins – Université Laval du PEPS. Durant l’événement présidé par la rectrice Sophie D’Amours, l’Université a diplômé la 300 000e personne de son histoire. Il s’agit de la bachelière en administration Vanessa Tremblay. Au fil de ces journées, huit doctorats honorifiques ont été décernés à des personnalités remarquables, dont le parcours dans leur champ d’expertise respectif est exceptionnel : Paule Beaugrand-Champagne, présidente du Conseil de presse du Québec, Brigitte Coutu, PDG de RICARDO Media inc., Koen De Winter, designer, Robert Samuel Langer, professeur et ingénieur, Ricardo Larrivée, président du conseil d’administration et chef exécutif de RICARDO Media inc., Peter Libby, cardiologue, Pauline Marois, politicienne et ex-première ministre du Québec, ainsi que Claude Panaccio, professeur de philosophie. En 2017-2018, l’Université Laval aura décerné, 11 381 diplômes, tous cycles et attestations confondus.

Des mots honorés L’article « Des mots qui éclairent », paru dans Contact à l’automne 2017, a remporté la médaille d’argent au concours des Prix d’excellence du Conseil canadien pour l’avancement de l’éducation (CCAE) dans la catégorie « Meilleur article de fond en français ». Signé Louise Desautels, qui était alors rédactrice en chef du magazine, ce reportage expose l’utilité des explications, des analyses et des avis des professeurs d’université lorsqu’ils s’expriment dans les médias et l’apport nécessaire de leurs propos à la vie en société. Un autre Prix d’excellence du CCAE a trouvé le chemin du campus, cette fois du côté de La Fondation de l’Université Laval – Relation avec les diplômés. Ainsi, La Fondation a remporté le prix argent dans la catégorie « Meilleure initiative de relations avec les donateurs » pour l’œuvre d’art 2367, L’odyssée collective.


Sur le campus

Un défi mobilisateur Le plan stratégique 2022 se traduit déjà en réalisations porteuses sur le campus. Au moment de présenter son plan quinquennal, en avril dernier, la rectrice Sophie D’Amours avait insisté sur l’importance d’une communauté engagée et audacieuse, prête à entrer dans une ère de renouveau afin de répondre aux défis liés aux transformations d’une société en mouvement. Parmi les projets phares qui incarnent la refonte de la mission, de la vision et des valeurs de l’Université, deux ont déjà vu le jour. FORMER AUTREMENT

« C’est ce genre d’approches qui fait tomber les barrières et qui permettent l’acquisition de compétences de haut niveau, propres aux leaders de demain », indique-t-il. DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉTHIQUE DU NORD Établir un institut de renommée mondiale en recherche nordique comptait également parmi les priorités de la direction. C’est ainsi qu’en août était annoncée la construction du nouveau pavillon de l’Institut nordique du Québec (INQ) sur le campus. L’établissement servira de carrefour pour plusieurs centres d’excellence en recherche nordique. La rectrice, Sophie D’Amours, n’a pas manqué de rappeler que ce porte-étendard sera plus rassembleur que jamais. « Pas moins de 15 universités ont joint les rangs de l’INQ, alors qu’elles n’étaient que trois au départ. Depuis le jour un, la mission de l’INQ se fait aussi en partenariat avec les nations autochtones », a-t-elle fait valoir.

THINKSTOCK, JACOB AMMENTORP LUND

Les Chantiers d’avenir constituent l’une des initiatives les plus attendues du chemin que Sophie D’Amours souhaite emprunter avec sa communauté. Ceux-ci visent la réalisation de projets d’enseignement et de recherche élaborés à partir d’enjeux ancrés dans la réalité. Basée sur l’interdisciplinarité, cette approche inédite réunit facultés, centres de recherche, instituts, partenaires du milieu et toute autre unité dans le but de concevoir des propositions originales et concrètes focalisant sur la compréhension et la résolution de grands défis de société à partir d’une vision commune. À la suite d’échanges puis d’ateliers ayant attiré de nombreux professeurs et partenaires, 20 propositions de formations inspirées par cette approche ont été reçues par la direction au printemps dernier. Parmi elles, trois ont fait l’objet d’une sélection en vue d’une phase d’idéation et de conception. De ces trois, deux ont été retenues ex æquo. Pilotée par le professeur Sébastien Tremblay, l’une d’elles s’intitule Intelligence urbaine : innovation en partenariat. L’autre, qui combine deux axes d’activités, sera menée conjointe- L’Université Laval souhaite plus que jamais devenir la destination unique et incontournable ment par les professeurs Jonathan Gaudreault où il est possible de développer son plein potentiel. (Relève 4.0 : laboratoire vivant d’innovation numérique et entrepreneuriale) et Serge Lacasse (Culture Cette initiative, déterminante pour le développement artistique et enjeux du numérique). durable et éthique du Nord, est rendue possible grâce au Ces formations porteuses et d’avant-garde seront offertes soutien des gouvernements fédéral et provincial et à celui aux étudiants en 2019. Selon le vice-recteur adjoint aux de la ville de Québec, dont les contributions mises ensemble études et aux affaires étudiantes, Claude Savard, la transfor- totalisent 58 M$. L’Université et ses partenaires complétemation des pratiques institutionnelles en mode laboratoire ront les sommes nécessaires au projet de construction de et la formation interdisciplinaire sont en nette progression. 83,5 M$ dont le début est prévu en 2021. BRIGITTE TRUDEL

Après 53 ans d’histoire, le journal institutionnel Le Fil publiait, le 30 août, sa toute dernière édition papier. Véritable fleuron de l’Université Laval, Le Fil rapporte, chaque semaine, les nouvelles

Une nouvelle page pour Le Fil

qui touchent l’ensemble de la communauté universitaire. Mais l’histoire du Fil ne s’arrête pas là. En effet, son équipe continue d’informer ses lecteurs par Le Fil Web, et loge aussi à l’enseigne de la toute nouvelle vitrine d’information ULaval nouvelles. Cette plateforme dynamique rassemble en un seul lieu, et en

continu, les actualités universitaires produites par le journal Le Fil, les communiqués et les activités médiatiques de la salle de presse de l’Université ainsi que les articles, dossiers et blogues de Contact. Bref, une diversité de contenu pour tous à découvrir au ulaval.ca.


Les jeux sont faits

La prévalence du diabète de grossesse, de 2,5 % en 1989, atteint maintenant près de 8 % des futures mamans québécoises. En plus de rendre l’accouchement plus ardu, cette condition perturbe le métabolisme des enfants, augmentant leur risque ultérieur de diabète de type 2 et d’obésité. Mais l’allaitement maternel pourrait réduire ce risque, révèle l’équipe de Julie Robitaille,

THINKSTOCK, SB-BORG

Un antidote au diabète de grossesse ?

Vers un accord vins-consommateurs ? Les vins rouges québécois représentent moins de 3 % des ventes de vins au Québec. Il aurait toutefois un moyen simple, naturel et écologique d’en modifier certaines caractéristiques pour les rendre plus conformes aux attentes des consommateurs, vient de démontrer une équipe de l’Université Laval dans une étude publiée dans la revue Food Chemistry. Au Québec, les vins rouges, produits à partir de cépages hybrides, ont des propriétés organoleptiques particulières qui ne sont pas prisées par tous. Pour corriger ces particularités, les chercheurs ont eu l’idée d’ajouter différentes proportions de marc de raisins blancs (Vidal) produits au Québec dans des cuves de fermentation contenant le jus et le marc de raisins rouges (Frontenac), également cultivés au Québec. Cet ajout entraîne l’apparition de notes florales et fraise-caramel intéressantes sur le plan gustatif, qui auraient plus de chances de toucher un vaste public, croient les chercheurs. Sur le plan légal, cette opération est autorisée au Canada.

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Aussi bon et moins cher

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professeure à l’École de nutrition, dans la revue Early Human Development. Les chercheurs ont étudié 104 enfants, âgés de 4 à 12 ans, qui avaient été exposés au diabète de grossesse. Il en ressort que ceux nourris au sein ont un taux de glucose moyen sur une période de trois mois plus bas que ceux qui n’ont pas profité de l’allaitement maternel. Et plus un enfant a été allaité longtemps, plus son taux de glucose moyen sur trois mois est faible.

Les personnes qui connaissent bien les athlètes et les équipes font des prédictions plus justes que celles générées par le hasard quant à l’issue d’un événement sportif. Par contre, en raison des caractéristiques inhérentes aux paris sportifs, notamment la part de hasard dans le sport, leurs prédictions rapportent des gains similaires à ceux qu’elles obtiendraient en misant de façon aléatoire. Ce constat se dégage d’une revue de littérature publiée dans un récent numéro du Journal of Gambling Issues par des chercheurs du Centre québécois d’excellence pour la prévention et le traitement du jeu de l’Université Laval. Les paris sportifs représentent environ 15 % des recettes de l’industrie des jeux de hasard et d’argent, au 2e rang au chapitre de la prévalence du jeu problématique, derrière les appareils de jeux vidéo. Les études recensées par les chercheurs révèlent que la majorité de ces parieurs sont des hommes de 30 à 50 ans. Ils parient plusieurs fois chaque semaine des mises hebdomadaires de 100 $ à 200 $.

L’aspirine serait aussi efficace qu’un récent anticoagulant pour prévenir les embolies après une chirurgie orthopédique a démontré une équipe de 27 chercheurs canadiens, dont font partie Stéphane Pelet et Étienne Belzile, de la Faculté de médecine et du CHU de Québec – Université Laval, dans un récent numéro du New England Journal of Medicine. Les chercheurs ont recruté 3424 patients ayant subi un remplacement du genou ou de la hanche entre janvier 2013 et avril 2016. Pendant les cinq jours d’hospitalisation suivant chirurgie, tous les patients ont reçu du rivaroxaban. À sa sortie, la moitié a continué d’en prendre une dose quotidienne pendant que l’autre recevait de l’aspirine. Le traitement a duré 30 jours pour les patients ayant subi un remplacement de la hanche et 9 pour ceux ayant eu un remplacement du genou. Après 90 jours, les résultats indiquent que l’efficacité des deux produits est comparable. Au Canada, jusqu’à 50 000 personnes subissent annuellement un remplacement du genou ou de la hanche. Comme l’aspirine coûte environ 40 fois moins cher qu’un anticoagulant, la substitution entraînerait des économies substantielles.


Sur le campus

Grands prématurés, grands besoins

Les grands prématurés ont de grands besoins et, pour ces enfants, les infirmières sont plus importantes que les médecins ou les résidents, estime le professeur Bruno Piedboeuf.

les enfants, estime le pédiatre, en dépit des risques que cela comporte, entre autres pour la transmission des maladies nosocomiales. Les grands prématurés ont de grands besoins et, pour ces enfants, les infirmières sont plus importantes que les médecins ou les résidents. » Le professeur Piedboeuf a été chef du Département de pédiatrie du CHU de Québec — Université Laval pendant neuf ans. Il sait que l’organisation des ressources humaines dans une unité de soins qui accueille des prématurés n’est pas de tout repos. « Il faut viser une réduction des heures supplémentaires pour les infirmières et c’est ce qui s’est produit dans notre centre hospitalier au cours des dernières années. Par contre, les prématurés arrivent à un moment où on ne les attend pas, ce qui limite la capacité de prévoir avec précision les besoins en personnel. » JEAN HAMANN

La Faculté de médecine célè­ bre ses 170 ans d’existence en 2018. Première faculté de médecine de langue française en Amérique du Nord, elle s’est souvent retrouvée à l’avantgarde de l’enseignement et de la recherche, que ce soit par la création de la première chaire d’ophtalmologie et d’otologie au Canada en 1866, par le lancement de la première chaire de pédiatrie au pays, peu avant la fin du 19e siècle,

Pionnière et tournée vers l’avenir

ARCHIVES FMED

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Un article publié dans le Journal of Perinatology par une équipe de chercheurs québécois suggère que l’organisation du travail des infirmières est une variable à considérer pour améliorer le pronostic chez les grands prématurés. « Au cours des dernières années, l’attention portée aux aspects techniques des soins prodigués à ces enfants a permis une réduction importante des complications graves et de la mortalité. Pour réaliser de nouveaux gains, il faudra se pencher sur l’organisation de ces soins », résume Bruno Piedboeuf, professeur à la Faculté de médecine et pédiatre au CHU de Québec — Université Laval. En dépit des progrès de la médecine, environ 55 % des grands prématurés souffrent de complications majeures dans les jours qui suivent leur naissance, notamment des problèmes pulmonaires, oculaires, auditifs, digestifs et neurologiques. Quant à la mortalité, les choses ont beaucoup évolué, au point où l’on sauve maintenant près de 95 % des enfants qui naissent après 28 semaines de gestation. Le professeur Piedboeuf et ses collaborateurs ont étudié les cas de 257 grands prématurés admis dans une unité néonatale de soins intensifs moins de 36 heures après leur naissance. Les analyses des chercheurs indiquent que 51 % de ces enfants ont eu des complications graves et que 18 % sont décédés. Le ratio entre le nombre d’infirmières au travail et le nombre recommandé – compte tenu du nombre d’enfants dans l’unité de soins intensifs et de leur état de santé – est un élément important de l’équation. « Les jours où cette proportion est supérieure à 1, le risque de complications graves et de mortalité est 19 % plus faible que lorsqu’elle est de 1 ou moins », souligne le professeur Piedboeuf. Fait inattendu, la proportion d’heures supplémentaires dans le total des heures travaillées par les infirmières n’influence pas le risque de complications graves ou de mortalité. « Cela suggère que, dans certaines conditions, les heures supplémentaires effectuées pour se rapprocher du nombre recommandé d’infirmières sont avantageuses pour

ou par l’aménagement d’un laboratoire d’anatomie pathologique et de bactériologie en 1912. Aujourd’hui, la Faculté de médecine est plus que jamais socialement responsable, au service de la communauté universitaire, de la société et du monde, et ouverte à la collaboration. Depuis 2010, elle cohabite avec les facultés de Pharmacie et des Sciences infirmières dans un bâtiment qui porte le nom de Complexe intégré de formation en sciences de la santé.

Contact Automne 2018

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L’organisation des soins infirmiers est au cœur des défis entourant ces enfants.

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Séparer ou non les jumeaux à l’école ? Placer des jumeaux dans des classes différentes n’améliore ni ne nuit à leur réussite scolaire, conclut une équipe inter­nationale de chercheurs au terme d’une étude portant sur plus de 18 000 enfants. Publiée dans la revue Developmental Psycho­logy, cette recherche, à laquelle ont participé l’étudiante-chercheuse Gabrielle Garon-Carrier et les professeurs Michel Boivin et Ginette Dionne, de l’École de psychologie, amène des données probantes dans un débat qui divise depuis un bon moment les parents, les enseignants et les directions scolaires au Québec et ailleurs dans le monde. Les chercheurs ont évalué périodiquement trois indicateurs de réussite scolaire chez plus de 9000 paires de jumeaux du Québec et du Royaume-Uni âgés de 7 à 16 ans. Il s’agit du rendement scolaire de l’enfant par rapport au reste du groupe, déterminé par son professeur, des habiletés cognitives générales quantifiées à l’aide de différents tests, et de la motivation scolaire établie à partir des réponses fournies par les jeunes à des questions portant sur leur intérêt pour différentes matières. Les analyses montrent que le fait que les jumeaux soient séparés ou qu’ils soient dans la même classe n’a aucune influence sur ces trois indicateurs de réussite scolaire. Cette conclusion s’applique aussi bien aux jumeaux homozygotes, communément appelés vrais jumeaux, qu’aux jumeaux dizygotes. « Peu importe le choix qui est fait, la réussite scolaire des jumeaux n’est pas affectée, résume Gabrielle Garon-Carrier. Il n’y a donc pas de raison d’imposer des règles rigides à ce sujet. » La décision de séparer ou non des jumeaux doit tenir compte des aspects socioaffectifs et de la dynamique des enfants, poursuit-elle. « Les parents peuvent préférer que

JE VEUX EN SAVOIR PLUS.

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Sur le plan de la réussite scolaire, une option ne serait pas supérieure à l’autre.

Les chercheurs ont évalué périodiquement trois indicateurs de réussite scolaire chez plus de 9 000 paires de jumeaux du Québec et du Royaume-Uni âgés de 7 à 16 ans.

leurs enfants soient dans des classes différentes pour éviter les comportements fusionnels et la dépendance, pour que chaque enfant développe pleinement sa personnalité propre ou encore pour réduire la compétition entre jumeaux. À l’opposé, ils peuvent souhaiter que leurs enfants soient dans la même classe pour éviter les répercussions émotionnelles négatives de la séparation, qui pourraient réduire leur plaisir d’être à l’école. » Lorsque les enfants sont jeunes, ce sont les parents qui sont les mieux placés pour prendre cette décision parce qu’ils connaissent bien la dynamique de leurs jumeaux, estime Gabrielle Garon-Carrier. À mesure que les enfants vieillissent, il faut aussi considérer leurs préférences. JEAN HAMANN

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Direction générale de la formation continue


Sur le campus

Migrants face aux frontières Les études menées par les étudiants de la Chaire de recherche du Canada sur les dynamiques migratoires mondiales déboulonnent certains mythes.

GUILLAUME HAEMMERLI

Il suffit de prononcer le mot « réfugiés » pour y voir associé C’est une tendance qu’étudie Guillermo Candiz, doctorant des images de gens désœuvrés. En fait, le quotidien des en géographie, dont les recherches portent sur les trajec258 millions de personnes déplacées à travers le monde – toires migratoires des immigrants irréguliers en Amérique selon les statistiques de l’ONU – a bien peu à voir avec ces centrale et au Maroc. « Les États-Unis financent en partie stéréotypes. La plupart des gens partis pour fuir la guerre, le plan Frontière Sud mexicain, qui vise à refouler les gens des persécutions ou un climat de violence travaillent. Ils qui arrivent à la frontière entre le Mexique et le Guatemala vivent dans des maisons ou des appartements en ville. Enfin, ou le Belize, raconte-t-il. Les fonctionnaires, qui aidaient certains ont choisi volontairement de partir pour améliorer leur vie. Myriam Ouellet, étudiante à la maîtrise en géographie, a plongé dans la grouillante Chatila, en banlieue de Beyrouth. Pas de tentes dans ce camp de 1 km2 créé en 1968 pour accueillir les Palestiniens expulsés de leurs terres, mais des édifices en briques blanches, reliés par une forêt de fils électriques ! Beaucoup de Syriens nouvellement arrivés y habitent et s’insèrent dans une économie en grande partie informelle. « La grande diversité des situations des personnes déplacées m’a frappée, explique la jeune femme. Certaines ont le statut d’étudiant, d’autres sont parrainées par des employeurs. Elles attendent la fin de la guerre, sans trop rêver de partir comme réfugiés dans un pays du Nord, puisque cela ne concerne que 1 % des personnes déplacées. » Malaisie, Soudan, Liban… Ces Syriens ont souvent multiplié les pays de transit au cours de leur périple, car les frontières de nombreux Au Vietnam, bien que le nombre d’usines et leur main-d’œuvre explosent, près de 15 % États ne cessent de se fermer. C’est la même de la population vit sans accès à l’éducation et à la santé. chose pour les Sénégalais, les Maliens et les Togo­lais, qui traversent une partie du continent africain autrefois les migrants, deviennent des informateurs de avant d’être bloqués par la police et l’armée libyennes, qui la police mexicaine. » Le nombre de personnes expulsées les enferment dans des camps de travail. L’Union européenne du Mexique vers les pays d’Amérique centrale ne cesse d’augmenter, sans que la douane américaine ait même à intervenir. Toutefois, constate Danièle Bélanger, la proportion de personnes déplacées à travers le monde ne bouge pas depuis plusieurs décennies. « Elle s’établit à environ 3,4 % de la population mondiale. Il s’agit d’une réalité économique et sociale. Avant de constituer un problème politique, il faudrait davantage prendre en compte la contribution économique des migrants. » Au Vietnam, le gouvernement restreint encore les déplacements de ses citoyens pour mieux les contrôler. Pour sa maîtrise en géographie, Guillaume Haemmerli s’intéresse à ces milliers de villageois qui quittent leur campagne pour les villes. « Les autorités n’ont pas le choix, cependant, de finance ce genre de mesures pour se protéger des popu- relâcher un peu leur contrôle, car les entreprises ont besoin lations en déplacement. «Les pays du Nord ont tendance de cette main-d’œuvre. » Ce phénomène de citoyens à deux à déléguer aux autres la mise en place d’obstacles pour vitesses, les uns migrant dans leur propre pays, les autres entrer chez eux», remarque Danièle Bélanger, professeure disposant d’un statut complet, illustre bien la complexité des personnes en mouvement sur une planète dite mondialisée. au Département de géographie et titulaire de la Chaire. PASCALE GUÉRICOLAS

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La proportion de personnes déplacées, stable depuis des décennies, s’établit à environ 3,4 % de la population mondiale.

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Une incursion en prison Le 12 juin 1909, le journaliste Jules Fournier est condamné par le juge François Langelier pour avoir publié un article diffamatoire au sujet du juge… François Langelier ! Durant 17 jours, il sera enfermé à la prison de Québec, où il rédigera un texte sur ses conditions de détention. Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), qui abrite l’ancienne prison, s’est basé sur son récit pour créer une expérience audio immersive. Ce projet a été réalisé avec la collaboration de la firme Peak Media et du professeur Jonathan Livernois, du Département de littérature, théâtre et cinéma. Pour vivre l’expérience d’une durée de huit minutes, le visiteur doit s’asseoir dans l’une des cellules, enfiler un casque d’écoute et suivre les instructions à l’écran. Il peut alors entendre la voix d’un comédien qui incarne Jules Fournier et se plonger dans l’univers carcéral de l’époque grâce aux effets sonores diffusés en 360 degrés. Souvenirs de prison est un projet issu de l’Alliance culture+numérique, une association lancée par l’Université Laval qui réunit des organismes et des entreprises qui souhaitent développer des initiatives liant culture, numérique et science. Bien au fait des écrits de Jules Fournier, qui fut entre autres journaliste pour La Presse, Le Canada, La Patrie et Le Devoir, Jonathan Livernois a pris un malin plaisir à se replonger dans ce texte caustique paru en 1910. « Fournier est

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L’expérience Souvenirs de prison est offerte en continu au 2e étage du pavillon Charles-Baillairgé du MNBAQ.

un personnage très intéressant. On l’associe souvent à des journalistes pamphlétaires comme Olivar Asselin et Arthur Buies, qui n’hésitaient pas à critiquer le système. Dans son texte, il fait de l’humour typique de sa manière d’exprimer des idées. C’est très amusant de le lire ! » Grâce à Souvenirs de prison, le professeur voit un énorme potentiel de collaboration entre les chercheurs de l’Université Laval et le MNBAQ. Il caresse le rêve de créer un autre projet de médiation qui tournerait cette fois autour de la collection Maurice-Duplessis. MATTHIEU DESSUREAULT

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Sur le campus

Jumeler études et passion Pour mieux positionner son art dans la société, la danseuse professionnelle Geneviève Duong effectue un baccalauréat en sciences historiques et études patrimoniales.

ELIAS DJEMIL

Très riche, le milieu de la danse contemporaine à Québec compte parmi ses fiers représentants Geneviève Duong. Que ce soit comme chorégraphe ou comme interprète, elle a participé à la création de plusieurs œuvres. On l’a vue, entre autres, dans des spectacles présentés par La Rotonde et Code Universel. Elle a aussi participé à la cinquième mouture de la produc- Régulièrement, la chorégraphe Geneviève Duong exerce les fonctions de mentor tion Les chemins invisibles du Cirque du Soleil pour la relève. On la voit ici en répétition pour la pièce Métamorphoses, présentée en avril dernier au Complexe Méduse par Gestuel, la troupe de danse et, plus récemment, à une installation choré- de l’Université Laval. graphique du Fils d’Adrien danse au pavillon Pierre-Lassonde. Depuis l’automne 2017, elle est inscrite au baccalauréat de la danse. Dès l’âge de trois ans, elle suivait des ateliers en sciences historiques et études patrimoniales. Son but d’initiation à la danse. Adolescente, elle rêvait d’en vivre. est d’acquérir des connaissances pour mieux faire rayonner Se fiant à la raison plutôt qu’à son cœur, elle s’est plutôt son milieu de travail. « Il faut dire que la danse accuse un tournée vers des études en sciences infirmières à l’Université certain retard par rapport au patrimoine. J’aimerais faire des McGill. « Mon père, qui a immigré à l’époque des boat people, ponts entre ces deux univers et trouver des façons d’inciter a toujours eu un regard pragmatique. Pour lui, une carrière les artistes et les artisans en danse à réfléchir au legs qu’ils artistique n’était pas une option pour apporter du pain et veulent laisser aux prochaines générations », explique-t-elle. du beurre sur la table, ce qui explique mon parcours scientifique. À travers les études, toutefois, la danse a toujours fait partie de ma vie. En 2009, j’ai fait le choix de réorienter ma carrière et de me lancer tête première dans ce milieu », raconte-t-elle. Depuis sa sortie de l’École de danse de Québec en 2012, Geneviève Duong n’a pas chômé. Elle a participé à des résidences de recherche et de création et a organisé des activités de médiation. En plus de sa pratique artistique, elle s’implique comme enseignante auprès de la relève. Que ce soit dans les écoles ou avec la troupe de danse Gestuel de l’Université Laval, elle accompagne les danseurs dans leur processus créatif. « Pour moi, la danse est avant tout un art de partage. L’enseignement fait donc partie de l’art chorégraphique. Il s’inscrit dans ma démarche artistique au même Déjà, elle tisse des liens auxquels elle n’aurait pas pensé. titre que mes chapeaux de chorégraphe et d’interprète, « Un de mes premiers cours portait sur les hommes préhis- auxquels je peux maintenant ajouter celui de chercheuse toriques ; cela m’a permis de mieux comprendre les méca- en sciences historiques et patrimoniales.» Penser que Geneviève Duong ralentit le rythme de la nismes anatomiques du corps humain. C’est drôle à dire, mais il y a beaucoup de parallèles à faire entre ma pratique production parce qu’elle est aux études serait bien mal la et les théories empruntées dans les différentes sciences connaître. Par exemple, elle participe à la création d’un historiques. J’espère m’outiller afin d’être en mesure de spectacle multidisciplinaire de l’Orchestre symphonique de mieux positionner une vision de la danse dans la société. » Gatineau pour souligner les 30 ans du décès de Félix Leclerc. Née d’une mère québécoise et d’un père vietnamien, Ce concert sera présenté en avril 2019. MATTHIEU DESSUREAULT Geneviève Duong est tombée toute petite dans la marmite

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« Il y a beaucoup de parallèles à faire entre ma pratique et les théories empruntées dans les différentes sciences historiques. »

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Partager le savoir savoureux Quels sont les mécanismes qui interviennent dans le processus créatif des chefs ? Quelle est la valeur ajoutée des produits locaux dans un menu ? Qu’est-ce qui fait le succès d’un restaurant ? Voilà quelques-unes des questions qui alimenteront les travaux des chercheurs associés à l’Unité mixte de recherche (UMR) en sciences gastronomiques, baptisée GastronomiQc Lab. Issue d’une collaboration entre l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval et l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), cette nouvelle entité mènera des activités de recherche, de création, de formation et de transfert des connaissances dans le domaine. « Le concept de sciences gastronomiques est très englobant, souligne Sylvie Turgeon, directrice de l’INAF et codirectrice de GastronomiQc Lab. Il couvre notamment les propriétés des aliments, leur transformation, le comportement des consommateurs et la gestion des entreprises ». Dans un premier temps, les travaux de l’UMR se concentreront sur les restaurateurs indépendants. « Parce que ce secteur a été peu étudié et parce qu’il fait face à d’importants défis, souligne Véronique Perreault, codirectrice de

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Le GastronomiQc Lab au service de la gastronomie québécoise.

GastronomiQc Lab et chercheuse principale à l’ITHQ. Nous voulons aider les chefs à relever ces défis pour faire rayonner davantage la gastronomie québécoise ici et ailleurs dans le monde. » JEAN HAMANN

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Entrevue

Charles Baron

Intelligence émotionnelle au travail Les émotions devraient-elles être gardées en dehors du bureau ? Et si les laisser y entrer, tout en sachant mieux les gérer, était plutôt gage d’efficacité ?

COMPÉTITIVITÉ, RÉVOLUTION NUMÉRIQUE, ÉCONOMIE MONDIALISÉE, les transformations du monde du travail exercent une forte pression en entreprise, tant sur les dirigeants que sur les employés. Dans ce contexte, comment maintenir la motivation et le mieuxêtre des troupes ? Une réponse circule de plus en plus dans le monde du management : l’intelligence émotionnelle, pressentie comme une compétence clé pour relever ce défi. L’intérêt pour cette tendance grandit. Si bien qu’elle apparaît, selon le Forum économique mondial, parmi les 10 outils essentiels pour soutenir l’avenir des organisations.

L’écoute, la communication et l’ouverture sont à la base de l’intelligence émotionnelle.

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PROPOS RECUEILLIS PAR RENÉE LAROCHELLE

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Psychologue du travail et professeur titulaire au Département de management, Charles Baron s’intéresse à la question. Spécialisé en leadership et en innovation collective, il a fondé le programme LEADERS qui s’emploie à soutenir le développement d’un leadership plus authentique chez les gestionnaires. Il trace ici les grandes lignes du concept d’intelligence émotionnelle et de ses applications au travail.

L’intelligence émotionnelle, c’est la capacité d’écouter et de mettre en commun ce que notre tête et notre cœur nous disent et d’agir en tenant compte des deux à la fois. Dans la vie de tous les jours, nous posons des gestes en nous basant sur des informations dont certaines sont transmises par notre tête et d’autres par notre cœur. Souvent, nous avons tendance à opposer ces deux parties, rationnelle et émotionnelle. Pourtant, chacune prise séparément nous donne accès à une analyse partielle et biaisée d’une situation donnée. Faire appel à notre intelligence émotionnelle permet de concilier les deux et, donc, de prendre de meilleures décisions et de poser des gestes plus justes et à propos. QUELS RENSEIGNEMENTS UTILES PEUT-ON TIRER DE NOS ÉMOTIONS ? Les émotions nous renseignent généralement sur le degré de satisfaction de nos propres besoins et de ceux de notre entourage. C’est une forme d’analyse très rapide, ressentie dans le corps. Plusieurs recherches démontrent que nous disposons de suffisamment de neurones dans le cœur et les autres viscères pour considérer qu’ils incarnent un cerveau en soi. Nos émotions sont donc porteuses d’intuitions et de savoirs, et peuvent nous aider à y voir plus clair, à faire preuve de discernement dans une situation donnée. Par ailleurs, nos émotions influencent nos battements cardiaques et le champ électromagnétique qu’ils suscitent. Or, ce champ magnétique altère le battement cardiaque et l’expérience émotionnelle des personnes autour de nous. Ce phénomène s’appelle la résonance émotionnelle. Cette résonance est particulièrement critique et importante lorsqu’un groupe est soumis à des émotions fortes. Ces émotions ont alors tendance à s’accorder, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, être sensible à soi-même et aux autres permet d’avoir des contacts beaucoup plus harmonieux avec notre entourage. COMMENT CES NOTIONS S’APPLIQUENT-ELLES EN MILIEU DE TRAVAIL ? Selon le psychologue américain Daniel Goleman, ayant popularisé le concept de l’intelligence émotionnelle, les dirigeants ou gestionnaires qui en sont dotés vont non seulement déceler les moments où leurs employés sont aux prises avec des émotions dites destructrices, comme la peur ou la colère, mais ils vont aussi tout mettre en œuvre pour les aider à s’en extirper. Pour ce faire, ces mêmes gestionnaires gagneront à reconnaître ces émotions lorsqu’elles les tenaillent eux-mêmes. Ainsi, un gestionnaire préoccupé par la réalisation d’objectifs stratégiques sera beaucoup plus en phase avec ses collaborateurs et son environnement en reconnaissant et en remettant en perspective ses propres craintes

MARC ROBITAILLE

QU’EST-CE QUE L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE ?

Un dirigeant autoritaire qui s’appuie sur des stratégies de coercition ne favorise pas la collaboration au sein de l’entreprise, indique Charles Baron.

de ne pas réussir à atteindre ces objectifs. Loin de le poser en victime, la juste interprétation de son expérience émotionnelle lui permet d’endosser un rôle d’allié désireux de changer les choses, dans une ambiance de saine collaboration. DANS CE CONTEXTE, DIRIGER EST DONC BIEN DIFFÉRENT DE CONTRÔLER… « Diriger, ce n’est pas dominer, c’est savoir persuader les autres de travailler pour atteindre un but commun », affirme Daniel Goleman. Cet énoncé renvoie à la distinction qu’on peut faire entre autorité et leadership. Souvent, lorsqu’on est en position d’autorité, il est tentant d’utiliser des stratégies de contrôle et de coercition. Or, les membres d’une organisation donnent rarement le meilleur d’eux-mêmes à des dirigeants contrôlants ou autoritaires. Le plus souvent, ces membres vont travailler juste ce qu’il faut pour ne pas être pénalisés, se limitant à répondre aux attentes de façon à assurer leur sécurité et à maximiser leurs intérêts personnels à court terme. Adieu alors la mobilisation et le bien commun ! Par contre, dans une logique de sain leadership, le gestionnaire se mettra à l’écoute des aspirations et des besoins des gens autour de lui pour mieux les aligner sur une mission commune. Quand un leader semble pouvoir répondre à ces aspirations, ses collaborateurs vont être prêts à le suivre. D’ailleurs, dans sa plus noble expression, le leadership est compris comme le pouvoir d’influence qu’on prête à une personne qui nous aide à répondre à nos besoins de sens, de maîtrise et de solidarité. Y A-T-IL DES PRATIQUES CONCRÈTES QUI AIDENT À APPLIQUER CETTE APPROCHE DANS LES ORGANISATIONS ? Il y a un lien très important à faire entre l’intelligence émotionnelle et cette capacité désignée comme la présence attentive (mindfulness) aussi appelée méditation


pleine conscience. Inspiré par Mario Cayer, également professeur au Département de management, j’ai commencé à enseigner la méditation aux gestionnaires, il y a une quinzaine d’années. À l’époque, nous n’osions pas prononcer le mot « méditation » considéré comme trop ésotérique ! Aujourd’hui, la présence attentive est reconnue comme ayant de multiples vertus. Entre autres, elle permet de suspendre notre « pilote automatique » pour mieux lire le contexte dans lequel on intervient et les besoins qui en découlent. Quand on commence cette pratique, on réalise à quel point on contrôle peu notre mental et comment les idées se bousculent parfois dans notre esprit. Comment aussi nos pensées, nos émotions et nos intentions sont conditionnées par des automatismes. En étant plus présent à soi-même, on est plus à même de prévoir les particularités d’une situation et d’agir en conséquence. Cette capacité peut avoir des effets très bénéfiques en contexte de travail. Grâce à elle, un gestionnaire qui a l’impression qu’un employé ne donne pas son plein rendement pourra, plutôt que lui mettre de la pression, se placer en mode écoute et s’apercevoir que celui-ci, par exemple, fait face à un drame dans sa vie personnelle. En reconnaissant avec bienveillance le vécu et les besoins de son employé, ce gestionnaire sera beaucoup plus à même de faire alliance avec lui. Ainsi, il est fort probable que les choses s’amélioreront.

soi et du respect d’autrui. La beauté de l’affaire, c’est qu’en reconnaissant leurs limites et leurs besoins de soutien mutuel pour réaliser leur mission commune, les membres d’une organisation peuvent se dépasser en contribuant au bien commun. C’est là une des plus grandes satisfactions qu’on puisse espérer vivre au travail. C’est un peu le message qu’a voulu transmettre le président John F. Kennedy à ses compatriotes quand il a dit : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays. » COMMENT ENSEIGNE-T-ON L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE AUX CADRES ET AUX DIRIGEANTS ? À la Faculté des sciences de l’administration, un nouveau programme – intitulé LEADERS – prend place cet automne. S’adressant à des dirigeants et à des gestionnaires, il vise à favoriser le développement d’un leader­ ship plus authentique, sage et courageux. L’accent est mis sur les façons de soutenir les transformations des gens

CETTE APPROCHE ENCOURAGE DONC LA FORCE DU GROUPE ? Tout-à-fait. Et plus on aura conscience de ne pas détenir seul la vérité, plus on reconnaîtra qu’on a besoin les uns des autres, plus on aura des organisations viables, agréables et productives. La clé du succès n’est pas dans la recherche de performance comme but premier. En revanche, la performance découle de la maîtrise de

Plus les membres d’une équipe savent qu’ils ont besoin les uns des autres, plus ils peuvent se dépasser tout en contribuant au succès de l’organisation.

autour de soi. Basé sur l’expérience, LEADERS invite ses participants à des pratiques de présence attentive et de développement personnel. Ces pratiques leur permettent d’être plus conscients et de s’affranchir des limites de leurs modèles mentaux, de leurs attachements à certaines idées ou habitudes, etc. Les participants sont aussi initiés à l’utilisation d’une communication dite non violente. Cette méthode s’articule autour des besoins de chacun et permet d’arriver à une compréhension et à des solutions mutuellement satisfaisantes. Enfin, les participants sont invités à élaborer un projet de développement personnel autour du pouvoir, du leadership, de l’autorité ou des habiletés politiques. L’exercice d’une autorité saine est ainsi abordé. Comme je l’ai mentionné précédemment, on associe trop souvent, à tort, l’autorité à l’autoritarisme, à l’abus de pouvoir, au contrôle, alors que l’autorité saine ne peut être dissociée de la bienveillance.

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Actuellement, les réalités organisationnelles changent à un rythme effréné. Les organisations sont face à des défis technologiques, économiques et sociaux sans précédent. Le fait de prendre appui sur d’anciennes habitudes pour composer avec de nouveaux défis n’aide certainement pas à atteindre les buts fixés. Les organisations sont donc appelées à les dépasser pour s’adapter aux réalités d’aujourd’hui tout en se transformant sur une base continue. Or, l’intelligence émotionnelle et la présence attentive permettent de prendre conscience de nos habitudes de pensée et de les revoir. Une organisation gagnera donc à cultiver ces capacités pour que ses acteurs reconnaissent et dépassent les limites de leurs stratégies habituelles afin d’en développer de nouvelles, plus adaptées. En fait, notre aptitude à apprendre et à innover dépend de notre capacité à accueillir et à investiguer nos expériences avec bienveillance, qu’elles soient agréables ou non. Et un véritable leader aidera les membres de son équipe à reconnaître que, si agir d’une certaine façon a pu être efficace dans le passé, désormais, la solution réside ailleurs. Nous entrons donc dans une ère où les acteurs organisationnels gagnent à se voir, les uns les autres, comme des partenaires d’apprentissage et d’innovation.

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POURQUOI DIT-ON DE L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE QU’ELLE EST PLUS QUE JAMAIS CRUCIALE DANS LES ORGANISATIONS ?

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MARIANNE CHEVALIER

Être aidant, c’est naturel ? Si certaines mesures semblent se mettre en place, beaucoup reste à faire pour venir en aide aux proches aidants. PAR MÉLANIE LAROUCHE


La reconnaissance des proches aidants et le soutien qui devrait leur être offert sont d’autant plus légitimes que leur rôle se traduit par des économies substantielles pour le système de santé québécois.

certains proches aidants pourraient devenir admissibles. Mais, au-delà des politiques, ce rôle, par ailleurs davantage féminin que masculin, est-il le reflet d’un choix fait en toute liberté par celles et ceux qui l’endossent, malgré toute leur bonne volonté ? LA PROCHE AIDANCE, UNE QUESTION DE CHOIX ? « On ne peut pas se dissocier facilement de la proche aidance lorsqu’un membre de notre famille se retrouve en situation de maladie ou d’invalidité, note d’entrée de jeu Sophie Éthier, professeure agrégée à l’École de travail social et de criminologie. Pour la plupart d’entre nous, veiller aux soins de nos proches, c’est dans nos gènes ! Les gens le font sans se poser de question, spontanément en quelque sorte. » Or, précise-t-elle, si protéger et prendre soin de sa famille est une prédisposition somme toute innée, ce n’est pas le cas pour tout ce qui en découle. Là s’arrête la limite d’une capacité qui serait « naturelle ».

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ILS APPORTENT UN SOUTIEN ESSENTIEL à leur enfant handicapé, à leur conjoint atteint de cancer, à leur parent âgé en perte d’autonomie. Les cas de figure sont multiples, et se multiplient. Les données de l’Enquête sociale générale 2012, citées par l’Institut de la statistique du Québec (2015), montraient qu’une personne sur quatre, âgée de 15 ans et plus, est une proche aidante ou un proche aidant. Actuellement, près de 80 % de toute « l’aide aux bénéficiaires » prodiguée au Québec l’est par des proches aidants, sur une base volontaire. L’État évalue à plus de cinq milliards de dollars la valeur de leurs services. Depuis longtemps, les proches aidants réclament des gouvernements une reconnaissance qui refléterait cette valeur. De récentes initiatives semblent pointer vers cette direction. Par exemple, l’annonce, en décembre 2017, d’un assouplissement, par le gouvernement fédéral, des règles de prestations d’assurance-emploi auxquelles

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Professeur titulaire et directeur de l’École de psychologie, Jean Vézina abonde dans le même sens. « Si aider est un élan naturel, l’ampleur de la tâche à assumer lorsque la situation se prolonge, parfois même au détriment de sa propre santé, ne l’est pas ». Cette figure des soins apportés aux proches comme allant de soi découle d’une vision historique, explique-t-il. La proche aidance ayant toujours existé, elle est perçue comme étant normale. D’ailleurs, la dénomination « aidant naturel » était utilisée dans les premières recherches sur la question, menées dans les années 1990. Désormais, pour éviter l’ambiguïté, on parle de « proche aidant ». Ce terme demeure toutefois vaste et imprécis, car cibler à partir de quand une personne est considérée comme proche aidante relève d’un exercice ardu, note Jean Vézina. Le professeur donne pour exemple le cas d’un jeune qui

AIDER AU-DELÀ DU POSSIBLE Travailleuse sociale spécialisée en gérontologie et assistante auxiliaire d’enseignement à l’École de travail social et de criminologie, Carolanne Lauzer observe dans son travail au quotidien que la proche aidance se conjugue parfois difficilement avec les nouveaux modèles familiaux. « Chez certains, on voit une belle mobilisation de tous les membres, précise-t-elle. Mais

va tondre la pelouse chez son oncle aux prises avec une maladie dégénérative. « Doit-on le considérer comme un proche aidant ? Il n’est certainement pas aussi impliqué dans les soins que l’est la conjointe du malade quotidiennement, mais il aide, à sa mesure. Les membres de la famille qui se relaient pour s’occuper d’un malade ne se partagent pas tous la tâche à parts égales… alors qui est proche aidant et qui ne l’est pas ? » Par conséquent, encore aujourd’hui, la grande majorité des proches aidants ne s’identifient pas comme tels, soutient le professeur. « Ils estiment simplement qu’ils font ce qu’ils doivent pour la famille. C’est une tâche complexe de les reconnaître avec précision, de les dénombrer et, donc, de leur venir en aide. »

Si protéger et prendre soin de ses proches est une disposition naturelle, cette capacité comporte aussi ses limites, précise Sophie Éthier.

la réalité d’aujourd’hui, c’est que les familles sont souvent peu nombreuses, recomposées ou dispersées. Il est fréquent que les enfants et les proches d’une personne qui a besoin de soins vivent à l’extérieur de la région où celle-ci habite. La prise en charge est alors moins évidente, indique la travailleuse sociale, et c’est là que l’offre de services prend tout son sens. » Quant au statut de proche aidant, Carolanne Lauzer constate qu’il se révèle trop souvent avec l’alourdissement

En 2012, dans le cadre de sa politique en matière de vieillissement, Vieillir et vivre ensemble, le gouvernement du Québec a défini le proche aidant comme suit : « Le proche aidant est une personne qui, au cours des 12 mois précédant l’enquête, a fourni de l’aide ou des soins à un ou plusieurs bénéficiaires en raison d’un problème de santé de longue durée (qui est censé́ durer ou qui a duré 6 mois ou

Définition du proche aidant ISTOCK, LJUPCO

MARC ROBITAILLE

La grande majorité des proches aidants ne s’identifient pas comme tels. Ils estiment qu’ils font ce qu’ils doivent pour la famille.

plus), d’une incapacité́ physique ou mentale ou de problèmes liés au vieillissement. L’aide doit avoir été́ fournie pour au moins un des types d’aide suivants : le transport, les travaux domestiques, l’entretien de la maison, les soins personnels, les traitements médicaux, l’organisation des soins, les opérations bancaires et d’autres activités diverses. L’aide rémunérée auprès de clients ou bénéficiaires, ou l’aide fournie par l’intermédiaire d’un organisme, est exclue de cette définition. »


de la maladie. « Plusieurs personnes ne savent pas qu’elles sont proches aidantes jusqu’à ce que la situation soit très avancée. C’est alors qu’elles réalisent l’importance de leurs responsabilités et du rôle qu’elles jouent dans la vie du malade, qui n’y arriverait pas sans elles. » Avant cette phase critique, beaucoup de proches aidants sont portés par la valorisation qu’ils retirent de leur engagement auprès du malade, même s’ils s’y sentent obligés par le lien qui les unit, mentionne Mme Lauzer. Cependant, à mesure que la situation prend de l’ampleur, la tâche devient plus lourde à porter. La perte d’autonomie qui s’accentue et le comportement du malade qui change entraînent immanquablement de l’épuisement physique et mental chez le proche aidant. La charge émotive devenant beaucoup plus grande, un déséquilibre psychologique survient. « Malheureusement, au moment de demander de l’aide, les proches aidants ne sont pas intégrés au réseau où ils pourraient en recevoir rapidement alors qu’ils sont déjà au bout du rouleau. » MANQUE DE SOUTIEN ET CONSÉQUENCES

Mme Éthier ajoute que la perte d’autonomie, de dignité et d’intégrité de leur proche touche profondément les aidants et les affecte psychologiquement. « À travers tout cela, ils veulent préserver la relation, dont les bases ont complètement changé. Il en résulte une réalité de plus en plus difficile à vivre, à la fois pour le malade et son proche aidant. » QUAND AIDER A UN PRIX Malgré cette double problématique, Sophie Éthier estime que le réseau de la santé est conçu uniquement en fonction du bénéficiaire et exclut le proche aidant. « Le système de santé québécois "instrumentalise" le proche aidant en quelque sorte, dit-elle. Ce dernier comble des besoins importants et allège le réseau et les services communautaires de manière considérable. Pourtant, l’aide de l’État ne lui est offerte que lorsqu’il a épuisé toutes ses ressources en termes d’énergie ou d’argent. Bref, le système actuel appauvrit le proche aidant ! » Jean Vézina met lui aussi en lumière l’impact socio­ économique de la proche aidance. « Cette situation entraîne des demandes de congé de tout ordre, maladie, vacances, arrêt de travail, pour assurer les soins au malade. Les pertes de revenus qui en résultent génèrent souvent des problèmes financiers chez les proches aidants. Une situation de maladie temporaire nécessitant quelques semaines de congé, c’est une chose, mais un cancer, une maladie dégénérative ou incurable qui se prolonge sur plusieurs mois, voire plusieurs années, c’est très pénalisant ! »

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Les spécialistes sont unanimes, les proches aidants sont hautement à risque de présenter de sérieux problèmes de santé comme l’anxiété, la détresse psychologique, l’isolement, la fatigue, etc. « Ils s’investissent tellement dans leur rôle qu’ils ne se soucient plus d’eux-mêmes, expli­ que Jean Vézina. J’ai étudié le niveau de détresse chez les proches aidants au fil de l’évolution de la maladie d’Alzheimer. C’est à l’arrivée des problèmes comportementaux que la situation devient vraiment dérangeante pour le proche aidant. L’aspect fonctionnel du malade, sa perte d’autonomie progressive, c’est déjà très demandant, mais la fatigue mentale et physique s’ajoute lorsque les problèmes comportementaux entrent en ligne de compte. Et là, c’est la goutte qui fait déborder le vase ! C’est souvent l’élément déclencheur des demandes d’aide extérieure ou de placement du malade en établissement. » « On sait depuis 25 ans que le vieillissement de la population s’accélère rapidement, mais on ne s’y est pas bien préparé », ajoute Sophie Éthier. Celle-ci mentionne qu’au tournant des années 2000, il existait un service de répit-gardiennage offert par les CLSC. « Mais l’État s’est désengagé de cette responsabilité. Depuis, des entreprises d’économie sociale ont essayé de combler le vide par des services d’entretien ménager et d’aide à domicile pour les aînés. Mais puisque ces services ne sont pas offerts par des gens avec une formation spécialisée, on ne peut pas Il n’est pas rare qu’au moment où ils demandent de l’aide, après plusieurs mois parler de répit. » Cela dit, la professeure souligne que d’évolution de la maladie, les proches aidants sont déjà épuisés. de nombreuses études ont démontré que malgré l’aide qu’ils reçoivent pour l’entretien ménager, Sans compter qu’au bout du compte, l’État aussi s’appaul’hygiène du malade ou un répit, les proches aidants ne vrit, renchérit le directeur de l’École de psychologie. Car voient pas pour autant diminuer leur sentiment de res- ce que le gouvernement économise grâce à l’apport des ponsabilité. « Ils sont constamment inquiets, soucieux proches aidants, il le perd en raison de leur baisse de de leur proche qui est dans une situation de vulnérabi- productivité et de la réduction de leur pouvoir d’achat, lité, surtout lorsqu’ils en confient les soins ou la garde à détaille le professeur. Ainsi, les cinq milliards éconoquelqu’un d’autre. Ils s’épuisent inévitablement, malgré misés en soins de santé ne se transposent assurément pas en un gain net. l’aide dont ils bénéficient. »

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DES PISTES DE SOLUTION Jean Vézina mentionne qu’il existe bien quelques mesures fiscales qui s’adressent aux proches aidants, mais leurs conditions d’admissibilité sont très limitées. « Et il n’y a pas assez de services disponibles », fait-il remar­quer. Or, le professeur en est convaincu, le développement de services adéquats et adaptés à leurs besoins passe inévitablement par une meilleure compréhension du rôle des proches aidants. « Mais, pour cela, il faut débuter à la base du problème. Les proches aidants doivent d’abord pouvoir se reconnaître comme tels afin de contribuer à la mise en place d’un système adéquat. C’est primordial. » Cet exercice, admet-il, s’échelonnera sur une longue période. « On en a encore pour quelques années à bien cerner leur réalité afin de mieux répondre à leurs besoins. » Pour l’heure, le chercheur continue de mener un projet auprès des proches aidants de malades atteints d’Alzheimer. Appelé PIANO (Portail intégré d’applications numériques pour ordinateur), ce projet leur offre un accès au soutien d’experts et d’autres proches aidants, à partir de leur domicile.

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Les proches aidants devraient être identifiés par le médecin sitôt que le malade qu’ils accompagnent reçoit son diagnostic.

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Quant à Sophie Éthier, elle a déposé, à l’automne 2017, un mémoire dans le cadre de la consultation sur le plan d’action gouvernemental 2018-2023 de la politique Vieillir et vivre ensemble, chez soi, dans sa communauté, au Québec. Elle y propose une stratégie nationale concrète incluant la mise sur pied d’un comité interministériel sur le sujet, lequel touche plusieurs aspects.

« Le Regroupement des aidants naturels du Québec a fait la même chose, souligne-t-elle. Les leviers que nous proposons pourraient dès maintenant servir de base aux travaux gouvernementaux. Des pistes, il y en a. » Parmi elles, l’importance de sensibiliser la population à la proche aidance et à tout ce qu’elle implique. « Car malgré sa prévalence, fait valoir Sophie Éthier, cette réalité, en constante augmentation, demeure malheureusement méconnue. Également, il nous faut établir une structure de prise en charge préventive, pour agir en amont du problème. » Par exemple, selon Mme Éthier, pour qu’on puisse bien les répertorier et les accompagner adéquatement dans leur rôle évolutif, les proches aidants devraient être identifiés par le médecin sitôt que le malade qu’ils accompagnent reçoit son diagnostic. « Les services qui existent actuellement sont sousutilisés parce qu’il n’y a pas d’arrimage au moment adéquat entre le système et les proches aidants », note-t-elle. Puis un suivi régulier des besoins psychosociaux du proche aidant, en parallèle avec les traitements reçus par le bénéficiaire, devrait être maintenu. « Au début, le proche aidant a tendance à affirmer que tout est correct, qu’il tient bon. La régularité du suivi permettra de noter l’évolution de sa situation personnelle face à son rôle. » Autrement dit, soutenir davantage les proches aidants passe par une méthode mieux organisée et structurée. « C’est tout le système qui est à revoir, même sur le plan de l’éducation. » Dans cette optique, Mme Éthier proposera, cet automne, un nouveau cours de premier cycle, Proche aidance, enjeux théoriques et pratiques, qui figurera au programme de la Faculté des sciences sociales. « Les nouvelles générations sont plus instruites, plus exigeantes. Elles vont faire bouger les choses, croit-elle. Installées au pouvoir, elles vont voir la situation sous un angle différent. La conjoncture sera alors meilleure que jamais, et j’ai bon espoir que le dossier finisse par avancer. »


Témoignages

La proche aidance selon trois diplômés La Fondation de l'Université Laval – Développement et relations avec les diplômés

France : la journée des aidants célébrée Canadienne originaire du Gabon, Ursule Abeme Mengue (Droit 2009) habite la France depuis 2017, où elle est nouvellement inspectrice des Finances publiques. Elle compte aussi parmi les 8,3 millions de personnes aidantes (environ une sur huit) du pays. « Je réside dans la même maison que la personne dont je m’occupe, ma mère. Je l’aide dans tous les gestes du quotidien : repas, médicaments, hygiène personnelle, ménage, lavage… Je l’accompagne dans diverses activités sociales et je prends en charge toutes les démarches administratives et les opérations bancaires. » Pour conjuguer son activité professionnelle et son rôle d’aidante, il arrive de temps en temps à Mme Abeme Mengue de faire une demande d’autorisation d’absence du travail, notamment lorsque sa mère doit se présenter à un rendez-vous médical. Elle estime que les choses se passent bien pour sa gestion du temps, et ce, même si elle ne reçoit aucune aide de l’État. Selon la diplômée, les aidants occupent une place très importante dans la société française. « Ils sont très respectés et valorisés par différentes actions », estime-t-elle. Par exemple, le 6 octobre, déclaré Journée nationale des aidants, est célébré dans toute la France. De plus, il existe des mesures mises en place par le gouvernement pour accompagner les aidants. Parmi elles, des programmes de prévention de la santé, des allocations sous forme de prestations et le soutien par la formation.

Mexique : du soutien, mais pas financier Habitant la zone métropolitaine de Monterrey, dans le nord du Mexique, Carlos Aparicio (Aménagement du territoire et développement régional 2001 ; Architecture 2004) est professeur à la Faculté d’architecture de l’Université autonome du Nuevo León et membre du Système national de chercheurs du Mexique. « Au Mexique, ce sont les enfants, les frères et sœurs ou d’autres proches de la famille qui décident de prendre en charge un membre âgé, en fin de vie ou handicapé, et ces gestes s’accomplissent de façon bénévole », explique le diplômé. Il ajoute que, depuis le début du 21e siècle, le pays a intégré la réalité des aidants au domaine de la santé publique en concevant des politiques les concernant. Le Secrétariat de la santé et des organismes, comme l’Institut mexicain de la sécurité sociale, participent à ce mouvement. Les proches aidants ont donc accès à des formations sous forme d’ateliers, à des cours professionnels ainsi qu’à des groupes d’entraide. « Les ateliers permettent la transmission de techniques, précise M. Aparicio. Les cours, à distance ou en présentiel, sont liés à la gérontologie, au travail social et à la nutrition. Dans les groupes, les aidants et les aidés partagent leurs expériences et formulent leurs attentes. De plus, l’activité physique y joue un rôle fondamental. » Ces programmes sont offerts à pour la population en général, indique le professeur. Mais, malgré les efforts de l’État, un obstacle demeure, selon lui, du fait que ce type de solidarité n’est pas rémunéré : « Comme les aidants doivent vaquer à d’autres activités dans leur quotidien, les personnes aidées ont parfois l’impression d’être oubliées. Sans compter que la question budgétaire est toujours une menace pour les programmes publics. »

Burkina Faso : familles et tissu social au premier plan Médecin béninois résidant au Burkina Faso, Joseph Catrayé (Médecine 1990) est directeur du Bureau d’appui en santé publique’96 (BASP’96). Il compte plus de 30 ans d’expérience dans la coordination de projets en santé publique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Dans son pays, les personnes âgées, en situation de handicap ou en perte d’autonomie, sont gardées dans les familles. « Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, il n’existe pas de maison de retraite, par exemple. Les enfants ont l’obligation de s’occuper de leurs parents âgés et le font avec plaisir. En ville comme au village, le parent âgé rejoint le domicile d’un de ses enfants », explique le diplômé. Lui-même vit avec des parents âgés et y trouve des avantages. « Il est agréable de voir que les petits-enfants côtoient leurs grands-parents au quotidien, apprennent d’eux des contes, l’histoire familiale. La présence des grands-parents permet de perpétuer les traditions », estime Joseph Catrayé. Le tissu social, encore très compact, favorise cette façon de faire, poursuit-il. Par exemple, il arrive que des proches ou des collègues organisent une collecte pour soutenir une personne malade. Cela dit, le médecin constate qu’avec la modernisation de la société africaine, les soins aux personnes âgées ou handicapées au sein des familles deviennent difficiles. « Il arrive aux enfants, aux prises avec leurs propres occupations, de devoir mobiliser une personne extérieure (nounou, cousine du village…) pour s’occuper de la personne âgée. Plus rarement, cela peut se faire en ayant recours à des associations. » Quant à des politiques nationales qui concerneraient l’aide à domicile pour les personnes malades ou handicapées, il n’en existe pas, à sa connaissance.


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Quatre traits du TDAH chez l’adulte 22

Comment reconnaître ce trouble et en prévenir les effets néfastes ? PAR MÉLANIE DARVEAU

LE TROUBLE DU DÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITÉ (TDAH) CHEZ L’ENFANT est bien connu, ses manifestations et ses conséquences largement documentées. On parle toutefois peu de sa présence chez l’adulte. Pourtant, il est maintenant montré que le TDAH persiste à l’âge adulte, même s’il se manifeste autrement que durant l’enfance. Comme les critères diagnostiques du TDAH sont relativement récents, plusieurs personnes atteintes ont passé leur enfance et leur adolescence sans recevoir de diagnostic. Adultes, elles éprouvent des problèmes d’attention et d’organisation difficiles à conjuguer avec la vie quotidienne. Louis Laplante, neuropsychologue et coordonnateur des services cliniques du Service de consultation de l’École de psychologie, présente quatre traits du TDAH chez l’adulte.


Un Le manque d’organisation

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Difficultés à planifier les activités quotidiennes, maison et espace de travail en désordre, défaut d’assiduité, retards nombreux : le manque d’organisation est l’un des traits prédominants du TDAH chez l’adulte et souvent le premier élément reproché par l’entourage de la personne atteinte. Considéré moins dérangeant chez l’enfant, ce trait devient plus préoccupant à l’âge adulte. Les exigences et les contraintes augmentent en vieillissant, et ce, sur différents plans : travail, maison, famille, loisirs. Par ailleurs, l’encadrement familial dont bénéficiait souvent l’enfant atteint se fait moins présent à mesure qu’il gagne en âge, le laissant démuni face à la gestion de ses nouvelles responsabilités. C’est à ce moment que le bât blesse, particulièrement au boulot. Comme la désorganisation des gens atteints du TDAH peut affecter le travail de leurs collègues, elle devient plus apparente, plus problématique. Elle peut causer de nombreuses frictions et même, parfois, mener au congédiement.

Trois L’impulsivité Un troisième trait important du TDAH chez l’adulte est l’impulsivité. Même si certains individus atteints de ce trouble disent ressentir une agitation intérieure constante, les conventions sociales endiguent leurs comportements d’impulsivité motrice lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. On observe davantage chez eux des comportements de micro­agitation comme gigoter sur sa chaise, se tordre les mains, jouer avec une mèche de cheveux ou s’impatienter

dans une file. Cela dit, l’impulsivité sera plus présente sur le plan verbal. Les adultes atteints d’un TDAH se font souvent reprocher de couper la parole, de compléter les phrases des autres, d’intervenir à des moments inopportuns d’une conversation ou lors d’une réunion. Ils ont aussi tendance à dire des choses qui dépassent leur pensée, leur filtre inhibi­ teur faisant défaut.

Quatre Le sentiment d’échec et les malaises intérieurs Les traits précédemment mentionnés et les comportements qui y sont associés peuvent entraîner de graves conséquences dans différentes sphères de la vie des gens ayant un TDAH : difficultés relationnelles dans la vie privée ou professionnelle, embûches au boulot, difficultés financières dues à une mauvaise gestion de leurs avoirs et de leurs factures… Ces revers répétés instillent un fort sentiment d’échec chez ces personnes et diminuent grandement leur estime d’elles-mêmes. Ne connaissant pas les manifestations du trouble dont elles sont atteintes, elles ne savent pas comment pallier leurs difficultés cognitives et leurs comportements préjudiciables. De plus, diverses études ont démontré que le TDAH chez l’adulte augmente la vulnérabilité à certains autres problèmes de santé mentale, particulièrement l’anxiété et la dépression. Ces études n’ont pas établi s’il s’agit de troubles associés au TDAH ou s’ils en sont une conséquence. On suppose toutefois que la faible estime de soi et le fort sentiment d’échec ressentis peuvent expliquer l’apparition de ces troubles de santé mentale. Il importe donc que les adultes croyant être atteints d’un TDAH consultent un spécialiste afin de recevoir un diagnostic adéquat. Par la suite, ils doivent s’assurer d’obtenir une aide personnalisée nécessaire pour améliorer leur situation et trouver des solutions adaptées à leur quotidien et à leurs difficultés.

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Un autre trait bien connu du TDAH chez l’adulte est la distractibilité, soit la susceptibilité d’une personne à l’inter­ férence exercée par les stimuli externes et internes. La majorité des gens trient les stimuli environnants pour déterminer s’ils sont utiles ou non à leurs tâches du moment. Chez les personnes avec un TDAH, ce filtre attentionnel est défaillant. Chaque bruit, chaque mouvement est perçu et traité également par leur cerveau, ce qui les empêche de se concentrer sur une tâche en particulier. Les stimuli peuvent également être internes. Certaines personnes atteintes d’un TDAH les définissent comme un chaos d’idées ininterrompu. Le langage intérieur, présent chez tous les individus, est habituellement modulable : j’interromps mon travail pour penser au souper, puis je me remets à la tâche. Avec le TDAH, l’idée du souper amène une quantité d’autres pensées, ne laissant plus de place au traitement de l’information nécessaire pour accomplir la tâche première.

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Deux La distractibilité

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Profil de diplômée

Alexandra Szacka

Depuis plus de trois décennies, la journaliste au long cours écume les points chauds de la planète pour prendre et partager le pouls du monde. PAR PASCALE GUÉRICOLAS

DÉBUT DES ANNÉES 80. Une femme fuit. Elle traverse une rivière au cœur de la jungle, sur les hauts plateaux boliviens, en écrasant les centaines de dollars qu’elle cache dans ses chaussures. Son but ? Se protéger de ce qu’elle croit être une bande rivale des trafiquants de coca avec lesquels elle discutait peu de temps auparavant. Quelques années plus tard, la voici sur la Place Tienanmen, en Chine, assiégée par les étudiants. Deux décennies après, elle est au milieu des manifestants du Printemps arabe. Cette femme, des milliers de téléspectateurs ont appris à reconnaître son nom si particulier au Téléjournal : « Ici Alexandra Szacka, RadioCanada, à Pékin, Tunis, Moscou, Varsovie… »

JULIE BEAUCHEMIN

ALEXANDRA LA BRAVE Des anecdotes et des souvenirs du genre, Alexandra Szacka (Anthropologie 1977 et 1981) en a plein sa besace. Ils témoignent de ses nerfs d’acier, de son tempérament audacieux et débrouillard. Comme à l’aéroport de Tunis, en décembre 2010, alors qu’elle est correspondante pour Radio-Canada. En tant qu’envoyée spéciale, elle attend depuis des heures avec son équipe, dans le bureau de la douane, le droit d’accéder au territoire alors en pleine « révolution du jasmin ». Rien à faire, il manque un papier d’un ministère qui n’existe plus. Qu’à cela ne tienne. La reporter profite de l’absence momentanée du douanier. Elle saisit sur le bureau de l’homme une autorisation accordée à une autre télévision et la télécopie discrètement à ses collègues de Paris, leur demandant de la lui retourner, trafiquée avec son nom et ceux de son équipe. « C’est vrai que cela prenait du culot, reconnaît la principale intéressée avec un sourire en coin. Je crois

> En tant que correspondante à l’étranger, Alexandra Szacka a témoigné de nombreux moments historiques en alliant passion, rigueur et débrouillardise, et ce, toujours avec humanisme.

que la débrouillardise constitue une seconde nature chez moi. » Cette capacité d’adaptation hors du commun, la journaliste, née en Pologne, l’attribue en partie à une jeunesse placée sous le signe du déracinement. En 1968, Alexandra a 15 ans. Sa mère et son père adoptif, Julian Gruda, entré dans sa vie lorsqu’elle avait 3 ans, se décident à quitter le pays, de plus en plus antisémite. Ils partent avec elle et ses deux demi-sœurs, Agnès et Joanna Gruda, et aboutissent d’abord en France. Ils y demeurent un an, avant de se tourner vers le Québec. En 1969, après une traversée par bateau, ils accostent dans le Vieux-Port de Montréal, à cinq, avec en plus une grand-mère et… une voiture pour aller s’installer à Trois-Rivières. « Lorsque je suis arrivée, je ne comprenais rien. La langue m’échappait. Même chose durant mon passage à Savigny-sur-Orge, en banlieue de Paris. Ou l’été, quand j’allais voir mon père biologique en Allemagne. Avec toutes ces expériences, je me suis fait la couenne comme on dit ici. »

La journaliste attribue sa capacité d’adaptation à une jeunesse placée sous le signe du déracinement. DES VALISES DANS LES GÈNES Le voyage, c’est un peu la marque de commerce de la famille d’Alexandra Szacka, toujours en mouvement. Des récits de vie qui donneraient des complexes à n’importe quel auteur d’une série à rebondissements. À partir de la Seconde guerre mondiale, sa mère est passée par la Pologne, la Lituanie et l’Ouzbékistan, pour finalement revenir en Pologne. Son père adoptif a connu un parcours aussi éclectique entre la Pologne, la France et la Russie, parcours qui a d’ailleurs donné l’idée d’un roman à sa sœur Joanna. « Avoir des racines ne fait pas vraiment partie de notre ADN ! », constate Alexandra Szacka à propos de ce passé familial, rythmé par les événements sociopolitiques

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Vivre l’histoire pour la raconter

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du XXe siècle. En fait, l’histoire en marche ne se trouve jamais très loin de son parcours personnel. Comme lors de sa crise d’adolescence vécue à… 23 ans en fréquentant les militants marxistes-léninistes, alors très présents au Département d’anthropologie où elle étudie, à la fin des années 70 et au début des années 80 ! « Avec le recul, je comprends que je voulais absolument rejeter l’autorité morale de mes parents en défendant le communisme, eux qui avaient subi les ratés de ce système. Mais avant cet âge, c’était difficile d’être en rupture avec ma famille. Je n’avais pas d’amis intimes au Québec, car je ne maîtrisais pas encore la langue », évoque-t-elle. Pourtant, elle se rappelle que, dès l’âge de quatre ans, elle partait seule dans la forêt rencontrer les Tziganes, que sa mère lui décrivait comme des enleveurs d’enfants ! DE LA BIOCHIMIE AU JOURNALISME D’abord inscrite en biochimie à l’Université Laval, c’est ce goût de l’aventure et de la rencontre de l’autre qui entraîne Alexandra Après la chute du mur de Berlin, Alexandra Szacka, ici devant le Palais du Reichstag, Szacka vers l’anthropologie. Elle cherche qui abrite le parlement allemand, s’est beaucoup intéressée à l’ancien empire soviétique. un programme qui comblerait ses désirs de voyage et de découverte d’autres cultures. Louis-Jacques moment historique par la projection d’un documentaire Dorais, professeur en anthropologie à la retraite, se sou- sur cette lutte. Puis, entre Lech Walesa, la figure la plus vient de cette jeune étudiante sérieuse, très engagée connue du mouvement. La fébrilité est palpable. Il est dans ses études. Il a évalué son mémoire de maîtrise une heure du matin. Dans la salle surchauffée, le cupidon sur les immigrants juifs au Québec, impliqués dans le du journalisme vient de tirer sa flèche. « À mon retour, j’ai proposé au quotidien Le Soleil un mouvement ouvrier d’avant-guerre. « C’est l’une des premières au Département à avoir travaillé sur les relations article, publié peu après, pour raconter ce que j’avais interethniques, témoigne l’anthropologue. Jusque-là, les vu, et j’ai réalisé que j’adorais ça ! », se souvient-elle. Le chercheurs dans le domaine s’intéressaient surtout aux parcours de celle qui collaborait déjà à CKRL, alors une Inuits ou aux Amérindiens. » radio étudiante, se précise. Au sortir de ses études, en 1983, elle est engagée à Radio-Québec (aujourd’hui TéléQuébec) où elle coanime Arrimage, une émission qui traite d’immigration. Un an plus tard, elle joint l’émission d’affaires publiques Nord-Sud où elle couvre le Printemps de Pékin, mais aussi des sujets sociaux dans une Amérique du Sud inféodée aux intérêts américains. En 1990, elle entre à Radio-Canada. On la verra à Enjeux et à Zone libre, avant de la retrouver au Téléjournal, notamment comme correspondante à Moscou, de 2007 à 2010, et à Paris, de 2010 à 2014.

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Dans l’exercice de son métier, Alexandra Szacka a toujours souhaité traquer l’injustice et donner la parole au plus grand nombre.

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D’après son profil, la jeune femme aurait pu viser l’obtention d’un doctorat et une carrière de chercheuse. Mais le destin est entré en scène. En 1980, sur le point de terminer sa maîtrise, elle retourne pour la première fois dans son pays d’origine, notamment à Gdansk, une ville industrielle du nord de la Pologne où l’Empire communiste commence à trembler sur ses bases. Après une grève de plusieurs mois, les ouvriers du chantier naval de l’endroit ont réussi à former un syndicat libre et indépendant, Solidarnosc (Solidarité), du jamais vu dans un pays rattaché au bloc soviétique. Le Festival du cinéma de Gdansk, auquel assiste Alexandra Szacka, témoigne de ce

À LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ Qu’elle arpente les collines désertiques d’Afghanistan, les rues de Varsovie, les mines de Bolivie ou les routes de Tchétchénie, la motivation d’Alexandra Szacka reste la même : traquer l’injustice et donner la parole au plus grand nombre d’interlocuteurs ayant des opinions différentes pour raconter comment les gens vivent à l’autre bout de la planète. Sans fla-fla, celle qui parle cinq langues, dont le russe et l’espagnol, se considère comme « une simple courroie de transmission ». Sa ligne directrice ? La rigueur. Une qualité que lui reconnaissent ses collègues et la plupart des gens qui la rencontrent. « J’ai toujours beaucoup de difficulté à affirmer des faits dont je ne suis pas certaine à 100 %, assure-t-elle. C’est peut-être ma formation universitaire qui m’influence. »


Très orientée, au début de sa carrière, vers l’Amérique du Sud et l’Asie, Alexandra Szacka s’intéresse beaucoup, depuis la chute du mur de Berlin, à l’ancien Empire soviétique. Durant son assignation à Moscou, elle a couvert des conflits comme la seconde guerre de Tchétchénie ou la guerre civile en Géorgie. Toujours avec humanisme.

RADIO-CANADA

La carrière de la diplômée a été récompensée par de nombreux prix dont la Médaille gloire de l’Escolle. Par exemple, la reporter n’a pas hésité à mettre en face de ses contradictions le président tchétchène Ramzan Kadyrov dont elle faisait le portrait pour Radio-Canada. La rumeur publique attribuait à ce dirigeant l’assassinat de plusieurs défenseurs des droits de la personne. « Peu de temps avant, j’avais rencontré une famille dont le fils avait été enlevé par des proches du président et qui ignorait où il se trouvait, raconte-t-elle. J’ai donc cité son nom à Kadyrov. En fanfaronnant, il nous affirmait que les enlèvements n’existaient pas en Tchétchénie. Reste que le lendemain, le jeune homme a recouvré sa liberté. » Ensuite, de Paris et jusqu’à ce jour, la journaliste a assisté à la déliquescence de plusieurs des démocraties à peine écloses dans l’ancienne Europe de l’Est. On pense à ses reportages récents sur les tentatives du gouvernement polonais de renverser le droit à l’avortement, sans oublier ceux sur le durcissement de plusieurs États envers les immigrants.

D’autres diplômés parcourent le monde pour rendre compte de l’actualité. Qu’ils soient photographes, journalistes ou présentateurs, leur travail permet de rester bien informés. Bien connu du petit écran, Jean-François Lépine (Science politique 1971) a été correspondant à Pékin, à Paris et à Jérusalem. C’est aussi aux émissions Enjeux, Le Point, Zone libre et Une heure sur terre qu’il a donné des nouvelles du monde. Après s’être retiré du journalisme, il a continué d’agir à l’international, notamment comme représentant du Québec en Chine. Actuelle correspondante de Ici Radio-Canada Première à Washington, Manon Globensky (Journalisme 1984) relate les soubresauts de la politique américaine. Auparavant, elle a effectué plusieurs couvertures à l’étranger, dont au Proche-Orient et en Europe. Autrefois correspondant au Pakistan et en Afghanistan pour l’Agence France Presse (AFP),

DES RACINES MOBILES La carrière d’Alexandra Szacka a été couronnée de nombreux prix dont la Médaille gloire de l’Escolle, en 2010, qui honore les grands diplômés de l’Université Laval, et deux fois, en 1989 et 2002, le prix Judith-Jasmin de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, qui récompense les meilleures œuvres journalistiques. Sa vie professionnelle très engagée ne l’a toutefois pas empêchée de donner naissance à une fille. « Je me souviens des cassettes audio que j’enregistrais d’avance pour que ma fille ait droit à son histoire chaque soir, même lorsque je partais à l’étranger », relate-t-elle. Elle a aussi eu un garçon, quelques années plus tard. « Il avait 18 ans au moment où j’allais entreprendre ma correspondance à Moscou. Il m’avait alors écrit une lettre magnifique où il m’incitait à vivre mes rêves, comme je le lui avais appris. » Ce poste, il avait fallu plusieurs années à la reporter pour convaincre ses patrons de Radio-Canada qu’elle pouvait l’assumer. Même si elle parlait le russe et connaissait très bien cette culture. « Je ne faisais pas partie du boys club », constate cette féministe convaincue. Au moment où ces lignes ont été écrites, la journaliste se préparait à prendre une pause professionnelle. Un arrêt pour lui permettre de rédiger un livre inspiré de rencontres faites en Israël. Le sujet lui tient à cœur depuis plusieurs années. De fait, la vie semble la rapprocher graduellement de ses origines juives et polonaises. Ainsi, depuis un certain temps, elle côtoie à nouveau un groupe d’amis d’enfance, exilés eux aussi, aux quatre coins du monde. Ensemble, ils s’adonnent à la randonnée pédestre. Ils en profitent pour partager des poèmes et des chansons, appris en Pologne. Au fil de leurs expéditions, leurs liens s’approfondissent. Et ces racines qu’Alexandra Szacka croyait absentes de son histoire se dévoilent peu à peu sous ses pas. Comme quoi les attaches au passé n’excluent pas la mouvance.

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D’autres regards sur la planète

Guillaume Lavallée (Philosophie 2000 et 2004 ; Journalisme 2004) enseigne aujourd’hui à l’École des médias de l’UQAM. Photojournaliste, Renaud Philippe (Communication publique 2006) a été témoin d’un bon nombre de bouleversements du 21e siècle. Du tremblement de terre d’Haïti aux camps de réfugiés du Kenya, ses clichés documentent des événements d’envergure par le filtre des atmosphères et des émotions. Écrivain et journaliste indépendant, Frédérick Lavoie (Communication publique

2006 et 2008) a publié trois ouvrages qui éclairent les coulisses de l’histoire contemporaine. Avec Allers simples, Ukraine à fragmentation et Avant l’après, entre les pays de l’ancien bloc de l’Est et Cuba, il conjugue journalisme et littérature. C’est à travers la vidéo que Daphné Lemelin (Communication publique 2014) raconte l’Amérique latine d’aujourd’hui. En 2018, elle a pris du galon en devenant rédactrice en chef adjointe pour l’AFP à Montevideo, en Uruguay. ISABELLE DOUCET



Dans les laboratoires du campus, femmes et hommes de science cherchent… et trouvent ! Leurs inventions, dans une variété de domaines, changent nos vies et améliorent la société.

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PAR NATHALIE KINNARD

EURÊKA ! C’est probablement ce qu’a crié Tatjana Stevanovic, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt, lorsqu’elle a réussi à produire, pour la première fois, de la fibre de carbone à partir de résidus forestiers. Mme Stevanovic fait partie de ces chercheurs qui, en plus d’inventer un produit, ont osé prendre la route des affaires pour pousser leur décou­verte hors du labo. Tout comme l’ont fait les professeurs Clément Gosselin, du Département de génie mécanique, Guy Boivin, du Département de microbiologie-immunologie et infec­tiologie, Francesca Cicchetti, du Département de psychiatrie et de neurosciences, et Réal Vallée, du Département de physique, de génie physique et d’optique. Ensemble, ces scientifiques cumulent 91 brevets, LA garantie officielle qu’une découverte est une invention avec un potentiel de commercialisation. Certains d’entre eux ont même tenté leur chance du côté de l’entrepreneuriat. Cinq chercheurs, cinq parcours avec une trame commune : la recher­che, l’avancement des connaissances et la formation de la relève. Et tant mieux si leurs découvertes se taillent une place sur les marchés !

Avec les résidus de l’industrie forestière, il y a beaucoup plus à faire que de la pâte à papier, assure l’ingénieure du bois Tatjana Stevanovic.

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Ces chercheurs qui inventent

DE LA LIGNINE DANS NOS AUTOS ? La lignine, cette molécule extraordinaire qui permet aux arbres de se dresser vers le haut, fascine Tatjana Stevanovic depuis son doctorat. « La lignine est un matériau naturel très riche en carbone, qu’on trouve en abondance sur la terre et, pourtant, on ne lui avait décou­vert presque aucune application à haute valeur ajoutée », explique la chercheuse. Les papetières s’en débarrassent même comme d’un déchet lors du processus de fabrication du papier. Au mieux, la lignine est brûlée pour générer de l’énergie. Après plusieurs années de recherche, Tatjana Stevanovic et son équipe ont mis au point un procédé qui utilise l’éthanol et l’eau comme solvants pour extraire la lignine pure des copeaux de bois. « J’ai tout de suite entrevu les possibilités de valorisation de ce produit naturel, notamment comme source renouvelable de carbone, révèle l’ingénieure. Nous avons réussi à faire fondre la lignine, à la filer, à la stabiliser thermiquement et à la mettre en bobine : une première ! » Ce matériau deviendra intéressant pour l’industrie automobile afin de remplacer la fibre de carbone produite à partir de ressources pétrolières, qui sert à renforcer châssis et carrosserie. La compagnie LEVACO, une société d’investissement, s’est rapidement intéressée au procédé de Tatjana Stevanovic. Elle a incité la chercheuse à breveter ses travaux. Avec l’aide de SOVAR, la société de valorisation de la recherche associée au campus, Mme Stevanovic dépose, en 2016, une demande au Canada, aux États-Unis et dans quelques pays européens. Pourquoi le brevet ? « C’est d’abord un geste sentimental pour voir un jour le fruit de mes recherches prendre vie et, éventuellement, les commercialiser », répond-elle. Jusqu’à maintenant, la production de cette lignine sous forme de fibres de carbone reste complexe et réalisable seulement en laboratoire. L’équipe de Mme Stevanovic travaille toute­fois à une solution qui permettrait une production en industrie. Son rêve ? Rendre la fibre de carbone issue de la lignine encore plus résistante pour qu’elle soit utilisée dans le domaine aérospatial.

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L’invention de Clément Gosselin et de son équipe du Laboratoire de robotique, elle, a déjà une portée aéro­ spatiale. En fait, la main robotisée qu’ils ont conçue a failli se retrouver sur le bras spatial canadien ! « Nous avons développé une main intelligente qui s’adapte, telle une main humaine, à la forme des objets, afin d’effectuer des tâches dangereuses pour les individus. Elle bouge grâce à un système mécaniquement intelligent, contrôlé par ordinateur, qui permet d’effectuer des mouvements de saisie autonome », explique l’ingénieur. Tout de suite, la compagnie MDA, qui a notamment fabriqué le bras spatial canadien, a compris le potentiel de cette invention et a incité le chercheur à breveter ses différents concepts de robotique. MDA a pris une licence pour les applications spatiales alors que trois étudiants du laboratoire ont décidé de fonder la compagnie Robotiq pour exploiter les applications terrestres. Comme il estime n’avoir pas tellement l’esprit entrepreneurial, le professeur Gosselin était enchanté que les étudiants qu’il supervise prennent cet aspect en main. Quelques années plus tard, le chercheur a travaillé avec la compagnie GM pour concevoir des robots collaboratifs qui peuvent assister les travailleurs sur les chaînes de montage. Encore une fois, c’est le partenaire industriel qui le pousse à breveter ses travaux. Clément Gosselin avoue que le processus de brevets est parfois long et coûteux. Toutefois, si l’innovation est commercialisée, le chercheur reçoit une partie des profits, de l’argent qui peut être réinvesti, en recherche par exemple. « Ce n’est pas tant le profit qui importe, soutient le professeur Gosselin, que le gain en visibilité et en crédibilité. »

THINKSTOCK, ROST-9D

UNE MAIN ROBOTISÉE INTELLIGENTE

Les nouveaux traitements contre le virus de l’influenza conçus par le professeur Boivin pourraient aussi être administrés de façon préventive chez les personnes à risque.

Son laboratoire est aujourd’hui considéré comme un pionnier dans le domaine des mains robotisées. Loin de s’asseoir sur ses brevets, Clément Gosselin travaille déjà sur le prochain concept robotique, sans viser nécessairement le brevet : « Pour moi, le brevet est un plus, pas une fin. »

À l’image de la main humaine, les doigts de cette main à tendons possèdent trois phalanges reliées entre elles par des articulations cylindriques, ce qui lui permet de saisir une grande variété d’objets.


VERS UN ANTIGRIPPE EFFICACE ? Pour Guy Boivin, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les virus en émergence et la résistance aux antiviraux et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, le dépôt du brevet est plutôt le début du travail. Le professeur vient d’ailleurs de déposer une demande pour protéger sa dernière découverte : les propriétés antivirales de deux médicaments existants. « Nous avons trouvé que l’étiléfrine et le diltiazem, utilisés respectivement comme stimulant cardiaque chez les personnes souffrant d’hypotension et comme traitement de l’hypertension et de l’angine de poitrine, avaient une activité antivirale contre la grippe », explique-t-il. Ce n’est pas la première fois que Guy Boivin trouve une utilité cachée à des médicaments commercialisés pour une tout autre raison. Avec son équipe, il a conçu une approche qui permet de vérifier l’effet de différents médicaments sur les gènes des cellules respiratoires humaines. C’est lors d’une année d’étude de recherche au sein de l’Université Claude Bernard Lyon 1 que Guy Boivin

a démystifié l’aventure des brevets. « Mes collègues lyonnais m’ont encouragé à breveter notre plateforme de repositionnement appelée Flunext, qui trouve une nouvelle utilité à des médicaments sur le marché. J’ai d’ailleurs survécu à ce processus parfois lourd grâce à leur expertise », se rappelle-t-il. Avec ces mêmes collaborateurs, le microbiologisteinfectiologue a fondé, en 2017, la compagnie Signia Therapeutics, basée en France, qui se spécialise dans le repositionnement de médicaments pour traiter les infections respiratoires virales. « Nous avons pris des licences sur nos brevets auprès de nos universités, ce qui nous a permis de générer rapidement près d’un million de dollars en capital », signale le chercheur. Il voit la création d’une compagnie comme un levier auprès des industries pour, notamment, financer les essais cliniques. Dans les prochains mois, il prévoit d’ailleurs créer une filiale québécoise de Signia Therapeutics pour accéder aux programmes de subvention nord-américains et commercialiser ses antiviraux de ce côté de l’Atlantique.

MIEUX TRAITER LE PARKINSON

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LABORATOIRE DE ROBOTIQUE

LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE

Francesca Cicchetti, comme Clément Gosselin, dit ne pas posséder la fibre entrepreneuriale. Elle préfère s’allier à un partenaire industriel plutôt que de créer sa propre entreprise. Des compagnies pharmaceutiques s’intéressent d’ailleurs au dernier brevet qu’elle vient de déposer avec ses collègues pour ce qui pourrait devenir le premier biomarqueur de la maladie de Parkinson. Au Québec, plus de 25 000 personnes souffrent de cette maladie neurodégénérative, la plus répandue après l’alzheimer. Actuellement, on détecte le parkinson à l’aide de tests cliniques qui vérifient la présence et la sévérité de symptômes comme des tremblements, de la rigidité et des problèmes cognitifs. Toutefois, seules des analyses post-mortem de tissus cérébraux peuvent confirmer le diagnostic. Dans l’espoir de dépister la maladie plus rapide- Le nouveau biomarqueur découvert par Francesca Cicchetti et son équipe pourrait aussi servir ment et plus efficacement, Mme Cicchetti et à déterminer si un médicament se révèle efficace pour un patient atteint de parkinson. les membres de son équipe ont comparé le sang de personnes atteintes avec celui de sujets sains. nouvelle application. C’est une compagnie pharmaceuAprès maintes analyses, ils ont trouvé que le sang tique qui a approché la chercheuse pour lui demander de des malades contient plus de microvésicules extra­ breveter sa découverte. Le processus ne fut pas facile. Les cellulaires. Plus encore, il existe une correspondance États-Unis lui ont donné des maux de tête, car un autre entre le nombre de microvésicules présentes, en parti- chercheur aurait déposé le même genre de demande peu culier celles provenant des globules rouges, et les stades de temps avant elle. Bien que Francesca Cicchetti ait pu obtenir le brevet de la maladie. Tout de suite, la neurobiologiste a voulu protéger la dans plusieurs pays, la protection de sa découverte propriété intellectuelle de cette découverte. Ce n’était aux États-Unis, un des marchés les plus importants pas sa première demande de brevet. En 2011, elle en en pharmacie, demeure toujours impossible. Loin de avait déposé une pour la cystamine, un médicament qui, se laisser abattre, la professeure fait actuellement des chez l’animal, arrive à renverser certains aspects patho- demandes de subventions pour faire ses propres essais logiques associés au parkinson, tels que les troubles cliniques et espère trouver un nouveau partenaire indusde motricité. La cystamine étant déjà utilisée dans le triel. La patience est souvent de mise sur la route de traitement d’autres maladies, l’innovation tient dans sa l’innovation !

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LOUISE LEBLANC

Les applications possibles des lasers à fibre sont nombreuses et prometteuses. L’image montre en gros plan la fibre optique qui sert de milieu de gain au signal laser.

À LA VITESSE LASER Directeur du Centre d’optique, photonique et laser (COPL), Réal Vallée cumule les brevets et les démarrages d’entreprises dérivées. « Pas pour faire de l’argent, dit-il. Pour moi, breveter, c’est valoriser et transférer mes recherches vers une entreprise qui pourra les transformer en produit commercialisable. » Certaines innovations, nuance le professeur, ne se révèlent intéressantes commercialement que plusieurs années après l’obtention d’un brevet. Cette réalité ne le décourage pas. Parmi les percées scientifiques auxquelles le chercheur et son équipe ont contribué, mentionnons un système d’usinage utilisant un nouveau type de laser à fibre qui peut découper, souder ou percer très précisément des matériaux polymères. Ou encore, des capteurs optiques microscopiques qui peuvent commander les neurones en les activant et en les désactivant afin d’étudier le tissu cérébral, suivre la progression de maladies neurodégénératives ainsi que les effets de traitements. « Également, avec mon équipe, j’ai une demande de brevet en cours pour un système compact de laser à fibre femtosecondes, conçu notamment pour des applications

« Un brevet, c’est avant tout un outil de valori­ sation et de transfert de connaissances qui permet d’intéresser le milieu industriel aux technologies conçues à l’Université », rappelle Jean-François Simard, directeur du Bureau de liaison université-milieu et adjoint à la vicerectrice à la recherche, à la création et à l’innovation. Chaque année, le campus reçoit plus d’une vingtaine de divulgations d’invention,

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Un brevet, mais encore ?

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biomédicales », signale Réal Vallée. Une femtoseconde, c’est un millionième de milliardième de seconde. Le chercheur explique qu’à cette vitesse, la lumière du laser agit de façon si précise, lorsqu’elle entre en contact avec un matériau ou un tissu humain, qu’elle ne cause pas de déformation de la matière attribuable à la chaleur. Des caractéristiques pratiques en médecine. « On peut aussi utiliser notre laser comme scalpel sans risque de dommages collatéraux pour nos tissus », précise le professeur. Si le chercheur a beaucoup d’idées d’entreprises sur la table pour les travaux réalisés au COPL, il a aussi compris que sa force, c’est la recherche. « Mon rôle, c’est d’appuyer de jeunes entrepreneurs. Je viens ainsi renforcer la gamme d’entreprises en photonique et je m’assure que nos travaux soient valorisés », soutient-il. C’est ainsi qu’il agit en tant qu’actionnaire minoritaire dans l’entreprise FEMTUM, démarrée par deux étudiants du COPL pour commercialiser le nouveau type de laser à fibre ultrarapide. Le chercheur peut ainsi se concentrer sur la prochaine innovation en photonique, tout en gardant un œil paternel sur celles sorties de son laboratoire.

première étape vers le brevet. Certaines se convertiront en brevets, d’autres non, faute de potentiel commercial ou de données probantes suffisantes. Parmi les brevets obtenus, quelques-uns seront abandonnés après deux ou trois ans s’ils ne trouvent pas preneur. Avec 1600 chercheurs sur le campus, on peut sourciller devant la petite quantité de divulgations d’invention annuellement. « Contrairement aux Américains, les chercheurs québécois n’ont pas encore cet instinct de breveter, explique la chercheuse Francesca Cicchetti.

On pense plutôt à publier ou à présenter nos résultats dans des colloques. » À ce sujet, le microbiologiste-infectiologue Guy Boivin suggère d’attendre parfois un peu avant de publier, ou encore de garder certains résultats pour les brevets et d’autres pour les articles. Jean-François Simard ajoute cependant que, pour plusieurs chercheurs, le brevet ne sera jamais une option. Par exemple, un logiciel ou un algorithme se brevètent très difficilement. En date du 31 mars 2018, l’Université Laval détient tout de même 571 brevets actifs.


Nous développoNs la robotique collaborative cléMeNt GosseliN

professeur titulaire à la Faculté des sciences et de génie et titulaire de la chaire de recherche du canada en robotique et mécatronique

Avec plus de 35 brevets à son actif, Clément Gosselin cherche à améliorer tant le sort des travailleurs que celui des personnes ayant des besoins particuliers. Il conçoit des robots collaboratifs pour les industries de montage et il crée des prothèses robotisées pour les personnes vivant avec un handicap. M. Gosselin et son équipe souhaitent développer une approche coopérative où l’humain pourra travailler en harmonie avec le robot.

L’Université Laval au cœur de nos vies

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En un éclair

Modernité à la FSAA

Afin de mieux préparer les futurs diplômés aux nouvelles réalités de ses domaines à l’étude, la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) a revu le contenu de ses cours. Ces derniers traiteront notamment des changements climatiques, des tendances en alimentation, de l’agriculture de précision et d’intelligence artificielle, ainsi que d’agriculture urbaine et d’alimentation internationale. Également, la rénovation du pavillon Paul-Comtois s’amorcera en 2020. Une campagne philanthropique sera lancée cet automne par la FSAA pour financer une partie des travaux. La Faculté de médecine dentaire (FMD) décernera chaque année un nouvel honneur, le Prix engagement philanthropique, à l’un de ses finissants pour souligner son implication au développement philanthropique de la Faculté. Cela peut être par sa participation à l’organisation de la soirée annuelle de reconnaissance aux donateurs, à des activités de sollicitation ou par des actions bénévoles. Le doctorant Mathieu Nepton a été, en 2018, le premier lauréat de ce prix. Il s’est démarqué par la constance de son engagement, son influence positive sur ses collègues et sa capacité de maintenir un haut degré de réussite universitaire.

La Grande campagne : album souvenir

L’album souvenir de la Grande campagne 2010-2017 est désormais disponible. Il consacre une place importante aux nombreux projets mis en œuvre grâce au soutien philanthropique offert par les étudiants, les diplômés et les amis de l’Université. Parmi ces projets, on compte l’aide aux étudiants en situation précaire, l’étude des mystères du cerveau, le développement durable du Nord du Québec, l’entrepreneuriat et la formation de citoyens du monde compétents et engagés. Le document Nous avons laissé une empreinte durable peut être consulté sur le site Web de la Fondation : bit.ly/2GOXAxP

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Bâtons et roues pour la cause

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La 69e Classique de golf des diplômés de l’Université Laval s’est associée à la première Randonnée à vélo des diplômés de l’Université Laval. Les deux activités philanthropiques ont eu lieu le 3 juillet dernier, au Club de golf Royal Québec et sur la Côte-de-Beaupré. Pour lancer ce duo original, La Fondation de l’Université Laval a fait appel au premier Québécois à avoir complété le Tour de France, le diplômé en génie mécanique David Veilleux. Quant à la Classique de golf, plus de 350 personnes y ont pris part, illustrant de façon tangible la notoriété de ce rendez-vous.

ISTOCK, BOUILLANTE

Futur dentiste honoré

Nouvelle ressource en agriculture Mise sur pied par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, la Chaire de leadership en enseignement (CLE) des bâtiments agricoles durables a débuté ses activités en septembre. Son objectif ? Doter la Faculté d’une ressource professorale dans les domaines de l’ingénierie, des infrastructures, des équipements et des constructions agricoles et agroalimentaires, une expertise qui faisait défaut au Québec. Son titulaire a pour mandat d’accroître les compétences des étudiants en génie agroenvironnemental et en agronomie et de développer un programme de recherche original sur cette thématique. La Chaire a vu le jour grâce à l’appui financier d’une vingtaine de partenaires du milieu agricole, incluant des fédérations de producteurs, des équipementiers, des firmes d’ingénierie et des institutions liées au développement et au transfert de la recherche.

La philanthropie fait des petits Créée en 2016 par des étudiants de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (FFGG), la Semaine de la philanthropie étudiante continue de prendre de l’ampleur. Tenue chaque printemps, elle a pour but de sensibiliser la communauté universitaire à l’importance concrète du don dans le quotidien des étudiants. En plus de la FFGG, l’édition 2018 a été soulignée par plusieurs facul­ tés, dont celles des Sciences de l’administration, de Pharmacie, de Médecine dentaire, des Lettres et des sciences humaines, des Sciences de l’éducation, des Sciences sociales et de Droit. Ce dynamisme témoigne d’une sensibilisation grandissante des jeunes aux activités philanthropiques. Il peut s’agir de dons en argent, mais aussi de dons de temps. Cette dernière formule, d’ailleurs, représente souvent une porte d’entrée vers des gestes généreux. « Le bénévolat, c’est valorisant et tout aussi important », constate la présidente de l’Association des jeunes philanthropes de l’Université Laval, Maude Normand.


UL pour toujours

Une invitation spéciale à tous les diplômés !

SONIA RACINE

La Semaine UL pour toujours propose une manière originale de mettre de l’avant sa fierté et son appartenance. L’Université Laval accueille un vent de nouveauté à l’automne 2018 alors que sera célébrée pour la première fois la Semaine UL pour tou- La Semaine UL pour toujours comportait plusieurs nouveautés, mais aussi des plaisirs récurrents jours. Ainsi, du 13 au 21 octobre, comme celui de se retrouver entre anciens collègues de classe. tous les diplômés du campus sont invités à revenir sur les lieux de cette période charnière de un souper seront offerts aux participants. Ceux et celles qui leur vie où ils ont préparé leur avenir. célèbrent leur 50e anniversaire de promotion auront droit L’événement se veut pour eux l’occasion parfaite de à un dîner exclusif. De plus, pour la première fois, tous les retrouver d’anciens collègues, de raviver des souvenirs invités pourront se rassembler le temps d’une soirée mémoplus ou moins lointains et de découvrir comment leur alma rable au PEPS, dans une ambiance décontractée et festive. mater demeure à l’avant-garde de l’enseignement et de Enfin, comme autre rendez-vous de clôture, l’avant-match la recherche, tout cela grâce à une foule d’activités aussi et le match opposant le Club de football du Rouge et Or au emballantes qu’instructives. Vert et Or de l’Université de Sherbrooke seront à ne pas Qu’il s’agisse d’assister à une pratique de musique, de manquer. participer à un rallye ou à une dégustation de spiritueux, de Cette nouvelle formule proposée par La Fondation de s’immerger dans la nature de la forêt Montmorency – la plus l’Université Laval – Développement et relations avec les grande forêt universitaire au monde – ou de parfaire ses diplômés mobilisera de nombreux diplômés, maintenant connaissances sur des sujets d’actualité lors de conférences au nombre de 304 000, et favorisera un engagement plus données par des professeurs-experts, les propositions visent soutenu des facultés. La Fondation souhaite faire de cette un éventail d’intérêts et sauront plaire à tous. activité une tradition annuelle afin que les personnes de La Semaine UL pour toujours se terminera en beauté tous âges qui ont fréquenté le campus se le réapproprient avec la journée Retrouvailles. Plus de 1500 personnes y et s’y sentent chez elles. sont attendues afin de souligner leur anniversaire de proPour en savoir plus et pour s’inscrire, rendez-vous à motion, de 5 à 65 ans. Des activités variées, des cocktails et www.ulaval.ca/fondation CATHERINE GAGNÉ

RETROUVAILLES SAMEDI 20 OCTOBRE 2018

Inscrivez-vous ulaval.ca/fondation


Une soirée pour honorer des diplômés au parcours unique La deuxième cérémonie Les Remarquables a rendu hommage à 13 personnalités inspirantes qui ont fréquenté le campus.

De gauche à droite, assis : Éric Dupont, Anne Carrier, Dean Bergeron, Jean Deslauriers et Victoria Thân. Sur la seconde rangée : le président-directeur général de La Fondation de l’Université Laval, Yves Bourget, Lara Emond, François-Thomas Michaud, Hubert Cormier, France Légaré, Étienne Langlois, Anne-Marie Blais, Jean-François Lapointe, Robert Pidgeon et la rectrice, Sophie D’Amours.

Le 9 mai, au Palais Montcalm de Québec, La Fondation de l’Université Laval – Développement et relations avec les diplômés tenait sa soirée annuelle qui vise à récompenser le parcours et les réalisations dignes de mention de diplômés de tous les âges. À cette occasion, 13 prix ont été décernés dans 5 catégories : Prix Grands diplômés, Prix Jeunes diplômés, Coup de cœur philanthropique, Jeune philanthrope et Bénévole de l’année.

Six Grands diplômés à découvrir  Déterminé à se réorienter après un accident qui l’a privé de l’usage de ses jambes à l’âge de 17 ans, Dean Bergeron (Actuariat 1992) s’est distingué comme athlète en fauteuil roulant, établissant des records et remportant 11 médailles à l’occasion de 4 Jeux paralympiques, entre 1996 et 2008. Comme actuaire, il s’est investi chez Desjardins, puis à La Capitale assureur de l’administration publique où il mène,

à titre de vice-président, des transformations organisationnelles majeures ainsi que des projets novateurs. L’une de ses réalisations, le programme VIVA, est considérée comme une référence en matière de promotion de la santé en entreprise.  Architecte reconnue pour sa vision intégrée du design, Anne Carrier (Architecture 1982) travaille depuis plus de 25 ans à améliorer les milieux de vie et à développer une culture architecturale identitaire pour le Québec. Parmi ses nombreux projets ayant récolté les honneurs, on compte la réalisation, en consortium, du nouveau siège social de la Caisse Desjardins de Lévis, projet qui a reçu la Médaille du Gouverneur général en achitecture en 2016. En tant que conférencière, mentore et partenaire des bourses d’excellence à l’Université Laval, cette femme entrepreneure, présidente de Anne Carrier Architecture, contribue à la formation des architectes de la relève et constitue un modèle inspirant pour eux.


Chirurgien thoracique retraité, le Dr Jean Deslauriers (Médecine 1968) a toujours visé l’excellence. Au cours de sa carrière, en plus de développer des traitements avancés du cancer du poumon et de l’emphysème pulmonaire à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, il a eu à cœur de transmettre son savoir aux jeunes médecins. La qualité de son travail a été soulignée par plusieurs récompenses, dont le prix Carrière en enseignement de l’Université Laval, en 2010. Son dévouement et sa contribution à la pratique lui ont aussi valu le titre de Légende en chirurgie thoracique, décerné par l’American Association for Thoracic Surgery.   Soliste de renommée internationale, Jean-François Lapointe (Musique 1986 et 1988) remporte, dès les débuts de sa carrière, trois prix au Concours international de chant de Paris. Depuis, notamment grâce à son interprétation remarquable de Pelléas dans l’opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, il compte parmi les grands barytons du monde. De la Scala de Milan au Palais Garnier de Paris, sa voix conquiert le public. Artiste lyrique accompli, il enseigne également à titre de professeur invité à la Faculté de musique de l’Université Laval et il contribue à faire reconnaître le talent des musiciens québécois à l’étranger.  Grâce à sa double formation universitaire en architecture et en médecine familiale, France Légaré (Architecture 1984 ; Médecine 1988 ; Santé communautaire 1995) a développé une expertise approfondie en santé des populations. Aujourd’hui titulaire de la Chaire de recherche du Canada en décision partagée et application des connaissances, cette professeure et clinicienne de l’Université Laval fait partie des scientifiques les plus cités au monde. Les résultats de ses recherches donnent des outils aux médecins et aux équipes en santé et services sociaux afin qu’ils aident les patients et leurs proches à prendre des décisions éclairées dans différentes situations.  Figure marquante du monde juridique, le juge Robert Pidgeon (Droit 1969) incarne une vision altruiste et pragmatique de la justice. Après avoir été maire de la ville de Gaspé pendant 11 ans, il devient juge à la Cour supérieure, puis à la Cour d’appel. En 2001, il accède au poste de juge en chef associé de la Cour supérieure du Québec. À ce titre, il continue d’instaurer des procédures inédites visant à réduire les coûts du système de justice, participant de ce fait à la refonte du milieu.

Quatre Jeunes diplômés Doctorant en nutrition à l’Université Laval, Hubert Cormier (Nutrition 2010) a déjà publié sept ouvrages sur la nutrition et tous connaissent un succès international. Ses articles sur le Web, consultés par des millions d’internautes, et sa participation à de nombreux congrès nationaux et internationaux font également de lui un excellent ambassadeur de son domaine et de son alma mater. En 2015, l’Ordre professionnel des diététistes du Québec lui remettait le Mérite annuel en nutrition – volet jeune professionnel pour souligner son apport important à la profession.  Lara Emond (Administration des affaires 2011) a cofondé le Groupe Sub Rosa, une entreprise de développement de marché, de communication et de marketing, et agit comme directrice générale de Nota Bene, un OBNL créant des ponts entre la relève entrepreneuriale et les leaders de différentes

industries. Dans chacun de ses projets, cette entrepreneure ambitieuse assume sa responsabilité sociale et environnementale et poursuit son désir de faire rayonner le savoirfaire québécois à l’international. Philanthrope convaincue, elle s’implique aujourd’hui bénévolement comme administratrice au Musée national des beaux-arts du Québec, à Centraide et dans plusieurs autres organismes.  L’épidémiologiste Étienne Langlois (Sciences de la santé 2001 ; Relations internationales 2006) travaille à l’Organisation mondiale de la santé, à Genève. Il y mène de vastes projets visant notamment à renforcer les bases scientifiques des politiques de santé et à favoriser l’accès aux services de santé dans les pays à ressources limitées. Il met ainsi à profit son expérience en santé publique et en recherche, acquise en partie alors qu’il travaillait au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Collaborant à plusieurs conseils scientifiques et colloques, ce spécialiste estimé se distingue par son engagement passionné dans la promotion de la santé mondiale.  François-Thomas Michaud (Génie chimique 2004, 2006 et 2009) est cofondateur et président de Feldan Therapeutics, une organisation basée à Québec qui fait aujourd’hui partie des leaders en biotechnologies au Canada. La mission actuelle de l’entreprise consiste à développer des traitements grâce à sa technologie brevetée et reconnue par l’industrie pharmaceutique. Il s’agit d’une plateforme permettant l’introduction de protéines thérapeutiques à l’intérieur de cellules, renforçant ainsi leur capacité à lutter contre des tumeurs ou à contrecarrer certaines maladies génétiques. Généreux et fier de son alma mater, FrançoisThomas Michaud revient à l’Université à l’occasion pour témoigner de sa riche expérience d’entrepreneur.

Coup de cœur philanthropique, Jeune philanthrope et Bénévole de l’année  Scientifique, inventeur, entrepreneur et financier accompli, Éric Dupont (Biochimie 1988 ; Administration 1991 ; Physiologie-endocrinologie 1992) est également un philanthrope très engagé. Il est l’instigateur d’initiatives audacieuses, dont le programme de dons planifiés Les CentAssociés, lequel vise à réunir cent donateurs qui verseront au moins un million de dollars dans un fonds au profit de futures générations d’étudiants. Son dévouement lui a valu le titre de Coup de cœur philanthropique.  Récipiendaire du prix Jeune philanthrope, l’étudiante au baccalauréat en kinésiologie Victoria Thân a joint l’Escouade étudiante de La Fondation de l’Université Laval et le club d’entrepreneuriat social Enactus dès le début de ses études universitaires. Vice-présidente à la direction des Jeunes philanthropes de l’Université Laval, elle a cumulé plus de 700 heures de bénévolat en moins de 2 ans.  Architecte associée à la firme Groupe A / Annexe U, la bénévole de l’année 2018, Anne-Marie Blais (Architecture 2004 et 2006) consacre beaucoup de son temps à divers projets hors de son champ d’expertise. Passionnée et créative, elle souhaite participer au rayonnement de son alma mater. Depuis 2016, elle préside notamment le comité organisateur de la Classique de golf des diplômés de l’Université Laval.

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FRANCIS BOUCHARD

UL pour toujours

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Contribuer aux festivités de Québec Portrait de trois diplômées qui joignent l’utile à l’agréable en contribuant à donner un air de fête à leur ville. PAR CATHERINE GAGNÉ

Festival d’été de Québec

Carrefour international de théâtre

C’est à l’occasion d’un stage de fin d’études que Stéphanie Legros (Communication publique 2008) a joint le Festival d’été de Québec (FEQ) en 2008. La diplômée se dit honorée de travailler, encore aujourd’hui, comme attachée de presse de cet événement musical d’envergure, l’un des plus importants au Canada. Un total de 58 employés travaillent toute l’année au sein de l’organisation, dont une trentaine sont diplômés du campus. L’équipe grandit au fur et à mesure que s’approche le lancement d’une nouvelle édition, avec l’arrivée de nombreux travailleurs saisonniers et occasionnels. Par exemple, en 2017, le FEQ comptait 578 employés et environ 290 bénévoles. Pour Stéphanie Legros, il n’y a aucun doute que ce qu’elle a appris à l’Université Laval lui est très utile dans ses fonctions. « Mes études m’ont permis d’explorer et d’approfondir les différentes facettes du métier, que ce soit en journalisme, en publicité ou en relations publiques, et j’en éprouve beaucoup de reconnaissance, affirme la communicatrice. Je considère avoir reçu une formation adaptée avec des enseignants compétents et intéressants qui avaient à cœur la réussite des étudiants. J’ai choisi l’Université Laval spécifiquement pour la réputation de sa formation en relations publiques et je suis très fière d’en être  diplômée ! »

Anika Pascale Papillon (Mathématiques 2012) est responsable de la logistique et adjointe aux ressources humaines au Carrefour international de théâtre. Qu’est-ce qui a amené la jeune femme à effectuer un virage à 180° ? « Durant mon baccalauréat, j’ai organisé le Congrès canadien des étudiants en mathématiques. Cette expérience a confirmé mon goût de travailler dans l’événementiel », explique-t-elle, ajoutant que la rigueur et l’esprit d’analyse acquis à la faveur de ses études lui sont très utiles. « En plus, grâce à mes cours en informatique, j’ai pu créer une application Web pour la gestion des horaires de nos bénévoles. » À sa sixième année en tant qu’employée du Carrefour, auquel elle a aussi pris part à titre de bénévole durant trois éditions, Anika Pascale Papillon fait partie d’une équipe de dix employés permanents, dont quatre sont diplômés de l’Université Laval. Se greffent à eux, chaque année, une soixantaine de pigistes, de nombreux techniciens et plus de 200 bénévoles, dont un grand nombre sont aussi diplômés ou étudiants du campus. L’enthousiasme de la jeune femme pour son emploi est encore bien vivant. « Je suis très fière de travailler pour le Carrefour international de théâtre, qui fêtera ses 20 ans l’an prochain. Participer à la mise en œuvre d’un événement de calibre international, reconnu pour sa qualité artistique, qui continue de se renouveler en présentant des spectacles parmi les meilleures créations théâtrales à Québec, c’est très valorisant. »

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Nouvelle-France et Carnaval

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Marie-Ève Jacob (Communication publique 2005, Administration des affaires 2012) exerce ses compétences comme directrice communication marketing pour des organisations comme les Fêtes de la Nouvelle-France et le Carnaval de Québec. « L’Université Laval représente un jalon important de mon cheminement, souligne-t-elle. En la fréquentant, j’ai entre autres eu la chance d’aller étudier une année à l’étranger, une occasion d’enrichissement personnel marquante. Je partage aussi un sentiment d’appartenance fort avec ma cohorte, développé dans le cadre de mon MBA. » Dans son emploi du temps professionnel, la diplômée estime qu’elle tire profit de sa formation au quotidien. « Je suis choyée de travailler au sein d’événements qui font rayonner notre ville au Québec et sur le plan international », indique-t-elle. Une trentaine d’employés, dont une douzaine sont diplômés du campus, travaillent à temps plein aux Fêtes de la Nouvelle-France et au Carnaval ; sans compter qu’une centaine de bénévoles donnent de leur temps au premier événement et près de 1000 au second.


UL pour toujours

Faire rayonner la culture québécoise Traduite en une dizaine de langues, l’œuvre de Gaëtan Brulotte continue de parcourir le monde. Auteur prolifique et reconnu internationalement, Gaëtan Brulotte (Lettres 1969, École normale supérieure 1971, Français 1972) partage son temps entre le Québec, la France et les États-Unis. Il considère ces lieux d’appartenance comme autant de ports d’attache professionnels et personnels. Le diplômé au talent consacré porte un amour profond à sa langue maternelle, qu’il met habilement en lumière au-delà des frontières. Il a publié une quinzaine d’ouvrages, dont des recueils de nouvelles et une pièce de théâtre, plusieurs essais et quelque 300 articles parus dans de nombreux pays, notamment l’Australie, la Hongrie et l’Italie. Récemment, ses écrits ont même fait l’objet d’un ouvrage signé par une spécialiste roumaine de la littérature française et francophone, Margareta Gyurcsik. De plus, l’homme est récipiendaire d’une quinzaine de prix littéraires, dont le Prix France-Québec qui souligne l’excellence du roman contemporain québécois.

des colloques et y donne des conférences à l’occasion. Il a également déjà siégé au comité de thèse d’un étudiant du campus. Enfin, il a publié deux livres aux Presses de l’Université Laval, Œuvres de chair et L’Univers de Jean Paul Lemieux, très bien reçus l’un et l’autre par la critique nationale et internationale. Son alma mater entretient aussi leur relation : « Cela me fait chaud au cœur de savoir que mes écrits sont étudiés dans les cours de littérature. Et qu’une de mes anciennes étudiantes, Marie-Andrée Beaudet, à qui j’ai enseigné quand j’étais professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, est une professeure émérite de la Faculté des lettres et des sciences humaines. D’ailleurs, j’encourage toujours mes étudiants américains à s’inscrire à l’Université Laval pour suivre des cours de langue ou de civilisation, ou pour étudier

DES RACINES PROFONDES OSCAR CHAVEZ

Le périple de Gaëtan Brulotte a débuté dans les années 1980 alors que les ministères des Relations internationales et de l’Éducation lui ont confié le mandat de faire connaître aux États-Unis l’expertise québécoise en langue L’Université Laval et le Québec sont au cœur du parcours et de l’inspiration française et en littérature. Professeur de lit- du prolifique auteur Gaëtan Brulotte. térature, notamment durant de nombreuses années à la University of South Florida, à Tampa, il s’installe aux cycles supérieurs », confie le diplômé, qui a toujours à Lafayette en 2016 où la University of Louisiana lui confie la conservé sa résidence au Québec. « Mes activités littéraires direction de la prestigieuse Chaire professorale de sciences sont très enracinées dans mon Québec natal. J’y retourne humaines, poste qu’il occupe toujours. très souvent et j’ai écrit la plupart de mes livres dans mon Cet auteur et ambassadeur culturel a toujours conser- appartement de Trois-Rivières, au bord du Saint-Laurent. » CATHERINE GAGNÉ vé un lien étroit avec l’Université Laval. Il y prend part à

Un don, une bonne cause, une chance de gagner ! Voilà la formule accrocheuse utilisée par la communauté étudiante de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) pour promouvoir la première collecte de fonds par texto tenue sur le campus, en avril dernier. Cette activité visait à encourager le

THINKSTOCK, SCYTHER5

Donner par texto

don spontané et à appuyer le Fonds de soutien aux initiatives étudiantes de la FSAA. Par l’entremise des médias sociaux, les étudiants, les membres du personnel de la Faculté et les diplômés ont été invités à texter des motsclés auxquels étaient associés des dons de 5 $ ou de 10 $. Le millier de dollars ainsi amassé représente un résultat encourageant pour une première initiative.


VOS DONS

AU CŒUR

Donner à l’Université Laval, c’est nourrir la curiosité, c’est stimuler la recherche, c’est encourager la réussite de plus de 43 000 étudiants. Donner à l’Université Laval, c’est investir dans l’avenir de notre société.

Benoit Brühmüller

DE NOS VIES


UL pour toujours

La mémoire qui voyage

La rencontre entre Mme Roselle Caron et Éliane Marcoux-Demers a été émouvante, tant pour la donatrice que pour la récipiendaire de la bourse.

UN DON ET TOUT DEVIENT POSSIBLE Son emballant projet s’est réalisé grâce à Roselle Caron. La généreuse donatrice a fait un don in memoriam de 150 000 $ à La Fondation de l’Université Laval, en souvenir de son époux, Henri Joli-Cœur, un Grand diplômé décédé en janvier 2017. C’est à partir de ce Fonds qu’a été créée la Bourse HenriJoli-Cœur-et-Roselle-Caron pour un séjour d’études en actua­ riat hors Canada. Chaque année, cette bourse permet à deux étudiants inscrits au premier cycle et présentant un excellent dossier scolaire de recevoir une allocation de 2 500 $ pour financer leur séjour. Lors de la cérémonie de remise de sa bourse, Éliane Marcoux-Demers a eu la chance de rencontrer sa donatrice. « J’ai appris à connaître Mme Caron et, en discutant avec elle, j’ai découvert qui était son époux. J’avais entendu parler de M. Joli-Cœur, mais je n’avais pas réalisé l’ampleur de sa générosité et de son influence sur le développement de mon école et de ma future profession. »

Cofondateur du Groupe Optimum, Henri Joli-Cœur a contribué de façon importante au financement de l’École d’actuariat, notamment par la création de la Chaire d’actuariat, dans les années 1990. Médaillé Gloire de l’Escolle en 2015, il a aussi été le premier membre du Club des 100 de l’École d’actuariat. Ce groupe rassemble des diplômés aux carrières exceptionnelles qui s’engagent envers leur alma mater en effectuant un don de 100 000 $ ou plus afin d’appuyer le développement de l’Université. Le geste philanthropique de Mme Caron correspond à un symbole fort. Il permet de garder vivante la mémoire de l’homme qu’était Henri Joli-Cœur, reconnu pour ses qualités professionnelles et humaines extraordinaires. Quant à Éliane Marcoux-Demers, elle s’est enrichie de deux expériences qui marqueront son avenir. Son séjour au Portugal, bien sûr, mais aussi sa rencontre avec Roselle Caron : « Notre échange fut pour moi un moment très touchant. Il m’a donné le goût de donner au suivant lorsque je serai sur le marché du travail », affirme la jeune femme. CATHERINE GAGNÉ

Contact Automne 2018

Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? Éliane Marcoux-Demers en a fait l’expérience lors d’un séjour d’études au Portugal, à la session d’automne 2017. L’étudiante en actuariat a entamé la 3e année de son baccalauréat à la Nova School of Business and Economics de Lisbonne. « Cette session d’études m’a permis d’élargir mes horizons, de développer ma débrouillardise, de connaître une autre culture et de mettre à l’épreuve ma capacité d’adaptation. C’est une expérience qui me sera utile dans la vie, j’en suis persuadée », souligne la jeune femme. Intéressée par les sciences de la nature et l’architecture, Éliane est avant tout une passionnée de mathématiques. « Après une année en génie civil à l’Université Laval et une année et demie en urbanisme à l’Université de Montréal, j’ai réalisé que les mathématiques me manquaient. J’ai donc envisagé de faire des études en actuariat. Comme je connaissais l’excellente réputation de l’École d’actuariat de l’Université Laval, le choix de revenir à Québec s’est imposé », confie-t-elle. C’est parce qu’elle aime se dépasser qu’Éliane a souhaité enrichir son parcours universitaire en y intégrant une session à l’étranger. Pourquoi le Portugal ? « Parce que c’est un pays magnifique et que l’école choisie offrait la possibilité d’étudier en anglais. »

JEAN RODIER

Transmettre la passion de l’actuariat et encourager la relève, bien au-delà du temps.

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Donner et rendre hommage à la personne aimée Un donateur s’inspire du lien étroit qu’avait son épouse avec l’Université Laval pour créer un fonds à son image. Paul Letendre est, comme il le dit si bien, un enfant de la Révolution tranquille. Cette étape importante de l’histoire du Québec, où tout devenait possible, illustre parfaitement, selon lui, à quel point l’enseignement supérieur et sa valorisation peuvent démultiplier le développement des connaissances.

à la recherche, Yves M. Giroux. Reconnue pour son doigté, son savoir-faire et son calme imperturbable, la dame croyait profondément en la mission de l’Université Laval. C’est pour cette raison que Paul Letendre a choisi de faire un legs à l’établissement. Dans son propre testament, il a prévu la création des Bourses de leadership scientifique de 2e et 3e cycles Christiane-LeBel-et-Paul-Letendre, à la Faculté des sciences et de génie. Pourquoi cette faculté ? « Parce que mon épouse aurait aimé étudier les mathématiques », fait valoir M. Letendre. Son don planifié, précise-t-il, représente beaucoup plus qu’une somme d’argent. En plus d’être porteur pour la société, il prend son sens dans l’amour du donateur pour son épouse. « Christiane était la femme de ma vie, confie-t-il. Sans elle, je ne serais pas l’homme que je suis. Mon don à l’Université Laval est une façon de la faire revivre. » L’ÉDUCATION, PHARE DE LA SOCIÉTÉ

Contact Automne 2018

MARIE-KRISTINE GASSE

Originaire d’Asbestos, en Estrie, Paul Letendre est le cinquième d’une famille de six. Fils de médecin, il reconnaît que l’argent n’a jamais manqué dans sa famille, mais l’éducation et le partage y étaient bien davantage valorisés. Arrivé à Québec en 1962, il entreprend un parcours qu’il qualifie d’atypique : « Je suis un délinquant fonctionnel, affirme-t-il avec le sourire. J’ai fréquenté la Faculté de droit à l’Université Laval, mais mon implication sociale était si importante qu’elle s’est transformée en emploi à temps plein. » Rapidement, Paul Letendre gravit les échelons de la fonction publique pour devenir, en 1994, adjoint exécutif du sous-ministre au ministère de l’Environnement. En 2013, après un changement de cap, il rejoint la Régie de l’énergie jusqu’à sa retraite, prise en 2015, à l’âge de 70 ans. « Sans conseiller aux gens de suivre mon exemple, je me considère chanceux d’avoir travaillé dans des domaines qui m’ont fait avancer et permis de réaliser une carrière stimulante. » Le donateur demeure persuadé que l’enseignement supérieur est le phare d’une société. Le don planifié de Paul Letendre lui permet non seulement de rendre un hommage « Au fil des siècles, ce sont les institutions qui posthume à son épouse, Christiane LeBel, mais aussi de faire valoir l’importance de la composent qui nous ont fait avancer. Les unil’éducation dans la société. versités sont au cœur de ce développement. Il faut poursuivre dans la voie de l’excellence, et Pour cet homme volubile et dynamique, l’accès à la liberté et je crois que l’Université Laval peut y contribuer bien plus à l’éducation doit être valorisé sans retenue. Cette croyance que je n’y arriverais à moi seul », avance-t-il. profonde, il la partageait avec sa femme Christiane LeBel. M. Letendre est convaincu que son épouse, par son travail Mme LeBel a été membre du personnel de l’Université au rectorat, a contribué à sa façon à faire du campus le lieu Laval et a exercé ses talents sur le campus durant 25 ans d’excellence qu’il est aujourd’hui. Par son propre geste, il avant d’être fauchée par le cancer, à la mi-quarantaine, en souhaite nourrir les idées novatrices qui façonneront l’Uni1999. Elle a notamment été l’adjointe des recteurs Michel versité dans l’avenir. Gervais et Jean-Guy Paquet, ainsi que celle du vice-recteur CATHERINE GAGNÉ

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UL pour toujours

D’un échelon à l’autre Karyne Alstream (Admin. 2003 ; Gestion des organisations 2015 ; Management 2017), directrice du développement des affaires et du réseau ASC au Collège des administrateurs de sociétés Michel Beaudoin (Comm. publique 1990), présidentdirecteur général, Régie du bâtiment du Québec Jean Bédard (Droit 1974 ; Admin. 1978), président, Tribunal canadien du commerce extérieur Julie Bédard (Droit 1993 ; Admin. 2005), présidente et chef de la direction, Chambre de commerce et d’industrie de Québec René Boisvert (Génie électrique 1980), président de la société Les Métaux canadiens Josée Bouchard (Arts et traditions populaires 1980 et 1983), présidente du Conseil de l’Ordre de l’excellence en éducation Nicholas Brousseau (Histoire 1996 et 1997), ambassadeur du Canada au Kirghizistan André Cauchon Junior (Admin. des affaires 1986), directeur général d’Expert’Ease Québec Guylaine Caux (Admin. des affaires 1989 ; Sciences comptables

1992), présidente du conseil d’administration de Femmessor Sylvain Charbonneau (Actuariat 1998), président et chef de la direction du Groupe Croix Bleue Canassurance Stéphane Desmeules (Comm. publique 1989), directeur général de la FADOQ des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches René Dufresne (Actuariat 1991 ; Économique 2001), président-directeur général de la Société du Plan Nord Chantal Duguay (Service social 1989 ; Gestion et dév. des organisations 2000 ; Sciences 2002), présidente-directrice générale du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Gaspésie Roger Duguay (Actuariat 1993 ; Économique 1993), président du conseil d’administration de l’Office Québec-Monde pour la jeunesse Jean-Benoît Dumais (Droit 1996), directeur général de la coopérative des Librairies indépendantes du Québec Marie-Christine Ferland (Physique 2004 ; Admin. 2006), directrice générale d’Optonique, le Pôle d’excellence en optiquephotonique du Québec Isabelle Fluet (Comm. graphique 2003), directrice générale chez iXmédia

Marc Fortin (Psychologie 1979 et 1982; Admin. 1988 et 1990), président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord Pierrette Fortin (Philosophie 1994 et 2002), doyenne des études de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston Francis Fournier (Sciences du bois 1995), président-directeur général de COREM Renée Fugère (Sciences de la santé 1975 ; Médecine 1976), présidente-directrice générale de l’Institut Philippe-Pinel Jean-Paul Gagné (Économique 1968), conseil d’administration du Cégep Édouard-Montpetit Valérie Gaudreau (Comm. publique 2002), rédactrice en chef du journal Le Soleil Pierre Gfeller (Santé au travail 1985), président-directeur général du CIUSSS du Nord-del’île-de-Montréal et du Centre universitaire de santé McGill Bernard Gilbert (Français 1980), directeur général du Diamant

Chantal Guay (Génie géologique 1987), directrice générale du Conseil canadien des normes Luc Huppé (Droit 1981 ; Droit notarial 1981), juge de la Cour du Québec Robert Keating (Économique 1978), sous-ministre du ministère des Relations internationales et de la Francophonie Julie Labbé (Relations industrielles 1992), présidente-directrice générale du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay– Lac-Saint-Jean Stéphane Labrie (Droit 1990), président de la Commission de protection du territoire agricole du Québec Édith Lapointe (Droit 1992), négociatrice en chef du gouvernement du Québec François Lebel (Droit 1994), juge de la Cour du Québec Jean-Sébastien Leblanc (Économie et gestion agro-alimentaire 2003), directeur général de la Coop Unifrontières

Pour le faire savoir

La liste complète des honneurs et nominations figure dans la page Nominations du site de La Fondation de l'Université Laval – Développement et relations avec les diplômés, section « Diplômés ». Une partie de ces mentions est reproduite dans Contact. Alimentez la liste de la Fondation par courriel (ful@ful.ulaval.ca) ou par télécopieur (418 656-2054) : c'est un service gratuit pour tout diplômé de l'Université Laval.

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Service des résidences


Isabelle Malo (Relations industrielles 1987 ; Gestion et développement des organisations 1998 et 2001), présidentedirectrice générale du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent Éric Manseau (Science politique 1992), directeur général du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec Paul Marceau (Éducation 1981), président-directeur général de la Régie de l’assurance maladie du Québec Guylaine Marcoux (Droit 1989), présidente-directrice générale de la Société d’habitation du Québec Éric Paradis (Admin. des affaires 1991), président du conseil d’administration du Conseil canadien du bois Isabelle Poitras (Droit 1995), directrice générale du Barreau du Québec Dany Rondeau (Philosophie 1991, 1992 et 2001), présidente de la Société de philosophie du Québec Jean-Louis Roy (Histoire 1966), président-directeur général de Bibliothèque et Archives nationales du Québec Claire Samson (Génie physique 1983 ; Espagnol 1983), doyenne de la recherche de l’École de technologie supérieure Lyne Sauvageau (Science politique 1990 et 1992), présidente de l’Association francophone pour le savoir Philippe Tanguy (Génie chimique 1982), directeur général de Polytechnique Montréal

Jacques Topping (Admin. 1977 et 1984), président du conseil d’administration de l’Institut national d’optique Martine Tremblay (Histoire 1971), présidente du conseil d’administration de TV5 Québec Canada Bruno Turcotte (Admin. des affaires 1987), président du Conseil d’administration de Boma Québec Pascal Van Nieuwenhuyse (Économie 1972 ; Analyse des politiques 1982), président du conseil d’administration de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement

Sur le podium

Louis Adam (Actuariat 1981), Palme d’or, Institut canadien des actuaires Joséphine Bacon (Doctorat honorifique Sciences sociales 2016), officière de l’Ordre de Montréal Alicia Bedrossian-Baillargeon (Comm. publique 2016), lauréate volet général, prix Marcel-Tassé 2018 Gino Brousseau (Gérontologie 1990), Temple de la renommée, Association canadienne du sport collégial

À LOUER AU PIED DU MONT-SAINTE-ANNE - À 30 minutes du Vieux-Québec - 14 belles grandes maisons pour des groupes de 12 à 80 personnes - Réunions de famille, réunions de travail, etc.

Lawrence Cannon (Administration 1979), commandeur de l’Ordre de la Pléiade Violeta Cervera Novo (Philosophie 2017), Prix d’excellence de l’ADESAQ 2018 Georges Delisle (Médecine 1965), prix Alain-Cloutier, Association canadienne de cardiologie pédiatrique Michel Dugas (Psychologie 1988 et 1997), prix Adrien-Pinard, Société québécoise de recherche en psychologie Martin Fortier (Biologie 1991, 1994 et 1999), médaille MartinBergmann, Société géographique royale du Canada Cyril Garneau (Génie physique 2007 ; Génie civil 2009), prix Distinction Fernand-Seguin 2018, Réseau Environnement Daniel Grenier (Microbiologie 1981, 1982 et 1986), prix Micheline-Blain, Réseau de recherche en santé buccodentaire et osseuse Louis Jolicœur (Anthropologie 1980 ; Terminologie et traduction 1984 ; Lettres 1994), membre de l’Académie des lettres du Québec Florence Junca Adenot (Admin. 1971), prix Ramon-JohnHnatyshyn du Gouverneur général Louis Lebel (Droit 1961 et 2001), compagnon de l’Ordre du Canada Danielle Leblanc (Biochimie 1978 ; Médecine 1981 et 1982), Prix médecin de famille de l’année 2018 Andrée-Lise Méthot (Génie géologique 1994), officière de

l’Ordre national du Québec et prix Hommage de l’Ordre des ingénieurs du Québec Laurent Matte (Éducation 1982), prix Stu-Conger, Fondation canadienne en développement de carrière Mylène Moisan (Baccalauréat multidisciplinaire 1998), prix Jules-Fournier, Conseil supérieur de la langue française Jean-Guy Paquet (Génie physique 1959 ; Génie électrique 1963), Ordre national de la Légion d’honneur Mélanie Paul (Service social 2000), prix Jeune entrepreneur, Conseil du patronat du Québec Florence Piron (Anthropologie 1990 et 1999), prix Hommage, Table de concertation du Mois de l’histoire des Noirs de Québec Marie-Claire Racine (Admin. des affaires 2010), prix Claude-Masson, catégorie Jeune bénévole, gouvernement du Québec Roxanne Ruiz (Anthropologie 2016), Médaille du lieutenantgouverneur pour la jeunesse 2018 Marc-André Sirard (Médecine expérimentale 1986), prix Pioneer, International Embryo Technology Society Hubert-Antoine Wallot (Administration 1981 et 1985), prix Camille-Laurins, Association des médecins psychiatres du Québec Heidi Wells (Français, langue seconde 1984 ; Ens. français, langue seconde 1986), Queen’s Counsel de Terre-Neuve-et-Labrador

NUIT RS. PAR PAR PE S U 7 NUIT 2, 3, 5 O


Dernière édition

Vivre simplement Elisabeth Simard (Géographie 2007) Guy Saint-Jean Éditeur, 288 pages Adepte de minimalisme pratique et de parentalité lente, l’auteure fait part du cheminement qu’elle a entrepris à la naissance de son premier enfant afin, d’abord, de désencombrer sa maison. Tranquillement, ce processus l’a amenée à s’interroger sur ce qu’elle souhaitait prioriser dans sa vie : respecter son rythme et celui de ses garçons, consommer moins et de manière plus responsable, bref, adopter un mode de vie plus simple et sortir du chaos moderne. Dans cet ouvrage, elle présente également ses réflexions, ses inspirations et des trucs ingénieux qui portent sur différents sujets : l’autonomie des enfants, les produits ménagers écologiques, l’achat local, le respect de l’environnement, le plaisir qu’on peut retirer du « fait à la main » et des petits rituels quotidiens. Un guide pratique et une démarche accessible pour ceux et celles qui veulent tenter l’aventure… à leur rythme !

Encabanée Gabrielle Filteau-Chiba (Traduction 2012) XYZ, 89 pages Habitant Montréal, Anouk décide de tout larguer pour acquérir une cabane au creux des bois, dans le Kamouraska. Dans son journal, elle note ses pensées, ses craintes et ses espoirs alors que la froideur de l’hiver envahit son refuge.

La Scouine Gabriel Marcoux-Chabot (Études littéraires 2010 ; Français 2014) La Peuplade, 120 pages Cette version revisitée du classique de la littérature québécoise dépeint les aléas d’une famille de cultivateurs, les Deschamps. S’attardant plus particulièrement au destin de deux de leurs enfants, Paulima, dite La Scouine, et Charlot, l’auteur insuffle une dose d’humanisme dans le quotidien dur et cruel des protagonistes.

Tu ne tueras point

Aurélie Campana, professeure au Département de science politique MultiMondes, 142 pages Le terrorisme est un marqueur de notre époque et prend plusieurs visages. Souvent amalgamé au radicalisme et à l’islam, il est difficile d’en saisir les contours et de comprendre ses origines. Sous l’éclairage de la science politique et tout en nuances, l’auteure explique les conditions d’apparition du terrorisme, ce qui le caractérise et ses multiples expressions, qu’il soit politique, religieux ou idéologique, pratiqué par des groupes extrémistes ou par des loups solitaires.

L’action culturelle et le développement territorial Yvon Leclerc (Administration 1972) Presses de l’Université Laval, 142 pages L’auteur présente sept municipalités du Québec et de la France qui ont misé sur la culture pour stimuler leur développement économique. Se penchant particulièrement sur la revitalisation du quartier Saint-Roch, à Québec, il démontre comment la culture, en intégrant le respect de l’histoire, le patrimoine et les besoins des habitants, peut insuffler un fort sentiment d’appartenance à un territoire et attirer artistes, entrepreneurs et résidants.

J’aurai bientôt ton âge Michel Pleau (Bacc. général 1989 ; Français 1992) Éditions David, 56 pages Ce recueil de poésie intimiste, que l’auteur dédie à la mémoire de son père, présente des textes empreints de nostalgie et d’espoir où la mémoire et le souvenir d’être chers, parfois disparus, sont des thèmes récurrents.

Flânerinages Réjean Plamondon (Physique 1972 ; Génie électrique 1975 et 1979) Écrits des Forges, 127 pages Jouant habilement avec les mots et leur sonorité, Réjean Plamondon – qui se définit comme un scientifique poète – offre un recueil de poésie original et ludique dans lequel il réfléchit à l’infiniment grand à partir de l’infiniment petit.

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L’impasse terroriste : violence et extrémisme au XXIe siècle

Anne Peyrouse (Français 1989, 1990 et 1992), chargée d’enseignement au Département de littérature, théâtre et cinéma Hamac, 163 pages Tourmentée par un passé violent, Clara lutte contre ce qu’elle croit être son destin : être une meurtrière. Abandonnant conjoint et enfants afin de leur épargner la vie, elle replonge dans ses souvenirs où se côtoient anciens amants, mère tortionnaire et frère adoré.

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Dernière édition

Bibliothèque de l’Université Laval Richard Dufour (Philosophie 1994 et 1996), bibliothécaire-conseil à la Bibliothèque Presses de l’Université Laval, 288 pages Cet ouvrage retrace l’évolution de la Bibliothèque de l’Université Laval, de 1852 à nos jours. Fruit d’un travail de recherche colossal réalisé par l’auteur, il dépeint, entre autres, de nombreux moments charnières de cette unité : début modeste au Séminaire de Québec, déménagement sur le campus de Sainte-Foy, recrutement de personnel qualifié, adaptation constante aux nouvelles technologies, réaménagement des locaux. Ce livre est un véritable hommage à ceux et à celles qui ont permis à la Bibliothèque d’assurer un leadership dans les milieux documentaires et d’offrir le meilleur service aux étudiants, au corps enseignant et aux employés de l’Université.

Le voyage au bout du vent Jean des Gagniers (Philosophie 1953), professeur retraité du Département des sciences historiques Presses de l’Université Laval, 257 pages Aux XVIe et XVIIe siècles, le destin de la Nouvelle-France dépend entièrement de la navigation et des activités maritimes. En racontant l’histoire des navigateurs de tout acabit qui ont permis le développement de la colonie, ce livre leur rend hommage.

Hegel. De la Logophonie comme chant du signe Jean-Luc Gouin (Philosophie 1995) Presses de l’Université Laval, 312 pages À la croisée de la littérature et de la philosophie, cet ouvrage se veut une plongée au cœur de l’imposante œuvre du penseur allemand Hegel, et particulièrement du concept de Raison prisé par le célèbre philosophe.

La perte et l’héritage. Essai sur l’éducation par les grandes œuvres Raphaël Arteau McNeil (Philosophie 2001), chargé de cours à la Faculté de philosophie Boréal, 173 pages D’Aristote à Descartes en passant par Kundera et Austen, les grandes œuvres de la culture occidentale ne sont plus systématiquement étudiées à l’école. L’éducation traditionnelle fait place à la spécialisation : on apprend pour éventuellement occuper un emploi. L’auteur réfléchit à cette perte qu’il déplore et propose une méthode pour redécouvrir cet héritage oublié et nécessaire, selon lui, pour combler la perte de sens qui habite l’humain.

Le métier d’intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siècle Marie-Ève Ouellet (Histoire 2005 et 2008) Septentrion, 387 pages Quel était le rôle de l’intendant ? Quelles étaient les tâches qui l’occupaient ? Cet administrateur exerçait-il son pouvoir de la même manière en Nouvelle-France que dans la mère patrie ? En se basant sur une analyse de la production documentaire d’intendances de deux régions de la France et de celle de la colonie, l’auteure peint un portrait inédit de ce personnage clé de l’administration monarchique.

La fonction publique malmenée Jean P. Vézina (Administration des affaires 1962 ; Économique 1966) Septentrion, 196 mots Jean P. Vézina a travaillé pendant près de 40 ans dans les hautes sphères de la fonction publique québécoise. Ses mémoires décrivent ce parcours, en plus d’être un vibrant plaidoyer pour la réhabilitation de cet outil nécessaire au développement de la province, mais sclérosé par les scandales, la lenteur de la bureaucratie et l’abandon des partis politiques.

L’étrange odeur du safran

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Échos d’ailleurs

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Lucille Fauteux (Psychopédagogie 1985 et 1986) Société des Écrivains, 156 pages Grande voyageuse, l’auteure de ce recueil de poésie y relate observations et souvenirs accumulés au fil des ans. Chaque texte est dédié à un pays visité : Burkina Faso, Vietnam, Islande, Cuba, Grèce, Népal… Le vaste monde y est décrit avec passion.

Miléna Babin (Langue française et rédaction professionnelle 2015) XYZ, 200 pages Ce roman se situe dans le Bas-St-Laurent, à la fin des années 80. L’auteure y raconte la fuite de Nil, femme un peu rustre. Avec une renarde comme compagne de route, elle croise au long de son parcours une galerie de personnages énigmatiques. Parmi eux, Jacob, séropositif, restaurateur et… trafiquant de safran.

PAR MÉLANIE DARVEAU


« Nous sommes estomaqués! Votre personnel n’est pas normal! Votre niveau de service dépasse tout ce que nous avons connu au cours de notre carrière en planification d’événements. Un réel prolongement de notre équipe! » — Julie Peden COO & Chief Event Strategist, Ruby Sky Event Planning Inc. VERSION ORIGINALE

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Nous sommes heureux de faire bénéficier les clients diplômés de l’Université Laval d’une ristourne de 375 000 $1. Cette ristourne leur permet d’économiser davantage lors de l’achat ou du renouvellement d’une police d’assurance et s’ajoute au tarif préférentiel déjà consenti aux diplômés. C’est notre façon de remercier nos fidèles clients diplômés de l’Université Laval et, par le fait même, membres de la Fondation. Une tarification des plus avantageuses est offerte aux membres de la Fondation qui détiennent la Carte Partenaire. De plus, ceuxci profitent davantage de la ristourne. Procurez-vous la Carte Partenaire de la Fondation et obtenez 10% de rabais additionnel2 sur la tarification déjà consentie aux diplômés de l’Université Laval! PROPRIÉTÉ | COPROPRIÉTÉ | AUTO

Obtenez une soumission et économisez ! Appelez au 1-888-589-5656 ou visitez tdassurance.com/fondation-ul Le programme TD Assurance Meloche Monnex est offert par SÉCURITÉ NATIONALE COMPAGNIE D’ASSURANCE. Il est distribué par Meloche Monnex assurance et services financiers inc. au Québec. Notre adresse est le 50, place Crémazie, Montréal (Québec) H2P 1B6. ¹ Le montant de la ristourne est approximatif et dépend du nombre de participants au programme. La ristourne s’applique sur la prime des nouvelles polices d’assurances habitation (incluant les polices locataires et condos) et auto (excluant les polices pour moto) émises au Québec du 13 avril 2017 au 12 avril 2018 et pour les renouvellements des polices d’assurances habitation (incluant les polices locataires et condos) et auto (excluant les polices pour moto) émis au Québec du 13 juin 2017 au 12 juin 2018 seulement aux diplômés de l’Université Laval. Pour plus de détails, rendezvous au tdassurance.com/ful. Certaines conditions et restrictions s’appliquent. Offre valable au Québec seulement. ² Offre valide uniquement pour l’assurance habitation (incluant les polices locataires et condos) et l’assurance auto (excluant les polices pour moto). En date du 30 avril 2017, les clients membres du groupe et détenteurs d’une carte de membre ont économisé en moyenne 10% de plus sur leurs primes d’assurance d’une police éligible que ceux qui n’étaient pas détenteurs d’une carte de membre. MD Le logo TD et les autres marques de commerce TD sont la propriété de La Banque Toronto-Dominion.

CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40064744 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FICHIER DES DIPLÔMÉS BUREAU 3428 PAVILLON ALPHONSE-DESJARDINS CITÉ UNIVERSITAIRE QUÉBEC QC G1V 0A6


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