Discours de Claude Bartolone PrĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale de la RĂ©publique Française HĂ©micycle de lâAssemblĂ©e nationale du Niger Niamey, mardi 21 mars 2017
Monsieur le PrĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale du Niger, Honorable Tinni Ousseini, Mesdames et Messieurs les dĂ©putĂ©s, Honorables collĂšgues, Je vous remercie de mâaccueillir parmi vous, dans cet hĂ©micycle. Je mesure lâhonneur qui mâest fait de mâexprimer dans le temple de la dĂ©mocratie nigĂ©rienne. Jâai en face de moi les visages amis de la reprĂ©sentation nationale dâun pays cher aux cĆurs de mes compatriotes. Jâai en face de moi la nation, le peuple dâun pays avec qui nous partageons tant dâespoirs, tant de projets, tant dâenthousiasme. Mes collĂšgues dĂ©putĂ©s partagent avec moi la solennitĂ© de ce moment rare. Sandrine Mazetier, Vice-PrĂ©sidente de lâAssemblĂ©e nationale et dĂ©putĂ©e de Paris, François Loncle, dĂ©putĂ© de lâEure, Bernard Lesterlin, dĂ©putĂ© de lâAllier, mâaccompagnent pour porter au peuple nigĂ©rien ce message de fraternitĂ©. Cette visite nâest pas une simple visite de courtoisie. Elle sâinscrit dans le droit fil dâune amitiĂ© profonde, ancienne et dense, celle qui lie, depuis lâindĂ©pendance, la France et le Niger, le Coq et le Soleil, lâEurope et lâAfrique. Les rencontres bilatĂ©rales entre nos deux pays sont trop nombreuses pour que je les Ă©voque ici. Je veux cependant saluer tout particuliĂšrement Brigi Rafini, votre
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Premier ministre, qui nous a honorĂ©s de sa visite en France il y a quelques semaines Ă peine. Ces rencontres frĂ©quentes, et au plus haut niveau, sont le signe Ă la fois de lâamitiĂ© qui nous unit, et de la coopĂ©ration que nous menons, de lâaction commune que nous construisons ensemble. Mais notre rencontre dâaujourdâhui est particuliĂšre. Je mesure lâhonneur que vous me faites en mâinvitant Ă mâadresser Ă travers vous, chers collĂšgues, Ă lâensemble du peuple nigĂ©rien. Les Parlements sont lâexpression de la souverainetĂ© populaire, le lieu oĂč vit la dĂ©mocratie, entre ces murs de lâAssemblĂ©e nationale surmontĂ©s, chez vous, du magnifique soleil de lâindĂ©pendance. Nous savons, en Afrique comme en Europe, que la souverainetĂ© du peuple ne tombe pas du ciel. Elle est le fruit dâun combat, une victoire acquise de haute lutte, quelquefois par les rĂ©volutions, dâautre fois par lâĂ©volution consciente de lâHistoire, en tout cas par la lutte contre toutes les dominations. Nous savons que ce combat-lĂ nâest jamais terminĂ©, quâil se prolonge chaque jour, et que la vigilance est de mise pour ne jamais retomber dans les tĂ©nĂšbres de lâoppression. Dans nos mandats parlementaires, nous incarnons, nous faisons vivre cet idĂ©al, tous les jours. Car sans la pluralitĂ© des opinions et la confrontation des idĂ©es politiques, la dĂ©mocratie nâexiste pas. Je vous parle un 21 mars, le jour du printemps, et je mesure, Ă la vision dâune nation assemblĂ©e, que de nombreux printemps des peuples ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour quâici, aujourdâhui, nous puissions dĂ©battre, parler et agir pour nos peuples, les seuls souverains. Le rĂŽle du PrĂ©sident dâune AssemblĂ©e nationale est sur ce point fondamental, et je veux saluer le travail et lâengagement de lâHonorable Tinni Ousseini, que vous avez choisi en mai 2016 pour ĂȘtre le premier dâentre vous. 2 / 11
Cher Tinni Ousseini, je connais comme vous lâĂ©motion qui accompagne une telle Ă©lection, le sentiment de responsabilitĂ©, la gravitĂ© de ce mandat. Nous mesurons chaque jour lâampleur de la tĂąche et en mĂȘme temps, lâinfinie beautĂ© de ce mandat au service de nos institutions et surtout de nos peuples respectifs. Nos deux assemblĂ©es se connaissent bien. RĂ©mi Schenberg, directeur gĂ©nĂ©ral des services lĂ©gislatifs, qui mâaccompagne aujourdâhui, peut en tĂ©moigner. Les activitĂ©s de coopĂ©ration sont entre nous soutenues. Plusieurs missions sont organisĂ©es entre nos fonctionnaires sur le travail en commission, la rĂ©daction des comptes rendus, la dĂ©ontologie, la gestion de lâinformatique, les formations en lĂ©gistique, et en ce moment sur lâanalyse des documents budgĂ©taires ou la programmation pluriannuelle des finances publiques. Vos fonctionnaires sont rĂ©guliĂšrement les bienvenus au sein du cycle international dâadministration publique que lâAssemblĂ©e nationale organise avec le SĂ©nat et lâEcole nationale dâadministration. Nous marchons main dans la main vers un pouvoir parlementaire toujours plus puissant et solide, toujours plus digne de lâexigence de nos mandants. Dans notre monde, dans les temps que nous vivons, agir au service des peuples ne peut se faire que par la coopĂ©ration accrue. La France et le Niger sont depuis toujours des partenaires privilĂ©giĂ©s. Le 7 fĂ©vrier dernier, dans le cadre de la visite officielle de Brigi Rafini en France, nos Premiers ministres respectifs ont officialisĂ© le prolongement de cette coopĂ©ration pour nous emmener vers lâavenir. Je me rĂ©jouis de la signature du cadre de coopĂ©ration 2017-2021, qui symbolise lâengagement dĂ©terminĂ© de nos deux pays pour un partenariat inscrit dans la durĂ©e. 3 / 11
Je lâai dit, câest plus quâun symbole : câest une nĂ©cessitĂ©. Car nous entrons, nous sommes dĂ©jĂ entrĂ©s, dans un nouveau monde. Les enjeux cruciaux qui se posent Ă nous et dans lesquels sâĂ©crira lâavenir des peuples nous confĂšrent un triple devoir. Devoir de luciditĂ© dâabord, pour ne pas se tromper de combat, et ne pas se laisser enfermer par les idĂ©es et les solutions dâhier au moment oĂč il sâagit dâĂ©crire lâavenir. Notre monde est un nouveau monde. Les dĂ©fis y pullulent, du changement climatique Ă la rĂ©volution numĂ©rique, du dĂ©fi dĂ©mocratique au choc dĂ©mographique. Devoir dĂ©mocratique ensuite, pour ne jamais revenir en arriĂšre sur les acquis que nous avons obtenus. Il nous faut mesurer, Ă chaque instant, ce que cela signifie. Le peuple nigĂ©rien a fait preuve dâun hĂ©roĂŻsme indubitable pour conquĂ©rir sa libertĂ©, pour demander toujours, avec opiniĂątretĂ©, avec passion, avec tĂ©nacitĂ©, plus de dĂ©mocratie, plus de libertĂ©, plus dâĂ©galitĂ©. FraternitĂ©, travail, progrĂšs, comme le dit votre belle devise. LâĂ©lan de lâindĂ©pendance Ă©tait celui dâun peuple qui se voulait libre, qui voulait fonder une nation fiĂšre, une nation de frĂšres, par-delĂ les diffĂ©rences ethniques et religieuses, une nation de travailleurs qui savent que rien ne sâacquiert sans prix, une nation de progrĂšs, pour construire un avenir meilleur. Devoir, enfin, de coopĂ©ration, de solidaritĂ© et dâentraide. Car les dĂ©fis du nouveau monde nous concernent tous, et quâaucun de nous ne peut espĂ©rer les relever seuls.
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Lâexemple le plus frappant est Ă lâĂ©vidence celui de la transition Ă©cologique que nous devons enclencher, et que nous devons rĂ©ussir. Face au changement climatique, et Ă lâheure oĂč les climato-sceptiques reviennent dans le monde Ă la tĂȘte des plus grandes dĂ©mocraties, nous nâavons pas le choix : il faut sâunir. Câest possible, car nous lâavons fait ! En 2015, lâAccord de Paris a pour la premiĂšre fois exprimĂ© la volontĂ© universelle de reprendre la main sur notre avenir, Ă travers lâadoption dâobjectifs de rĂ©duction des gaz Ă effet de serre. Quel exemple devant la postĂ©ritĂ© de la force de la volontĂ© humaine ! LâĂ©lan de lâaccord de Paris sâest prolongĂ© lors de la COP 22, Ă Marrakech, oĂč lâimplication des pays africains, dont le Niger, a marquĂ© une nouvelle Ă©tape cruciale dans ce chemin qui nous doit nous conduire vers un monde meilleur. Autour dâune question centrale, celle de la gestion de lâeau, il y a eu des avancĂ©es fortes, lâexpression dâune vraie volontĂ© politique. Le gouvernement du Niger en a dâailleurs fait lâune de ses prioritĂ©s, en sâengageant Ă rĂ©aliser 1,7 milliards dâinvestissements dans le secteur de lâapprovisionnement en eau et de lâaccĂšs Ă lâassainissement des populations. Dans le cadre de notre coopĂ©ration bilatĂ©rale, ce sujet crucial de la gestion de lâeau, qui est la ressource incontournable de lâavenir, et dâailleurs de tous les temps, est aussi trĂšs prĂ©sent. Je visiterai chez vous deux usines de production dâeau potable qui approvisionnent la capitale, les usines de Goudel et de Yantala, qui sont le fruit dâun partenariat rĂ©ussi entre la SociĂ©tĂ© dâexploitation des eaux du Niger, filiale du groupe français Veolia, et la SociĂ©tĂ© de patrimoine des eaux du Niger, sociĂ©tĂ© dâEtat. Oui, sans la coopĂ©ration, rien nâest possible. 5 / 11
Et depuis maintenant prĂšs de soixante ans, la France et le Niger Ćuvrent de concert pour bĂątir lâavenir et prĂ©parer le monde que nous laisserons Ă nos enfants. Nous le faisons dans le cadre de la Francophonie, dont le premier prĂ©sident du Niger, Hamani Diori, Ă©tait, avec LĂ©opold SĂ©dar Senghor, Habib Bourguiba et Norodom Sihanouk, lâun des pĂšres fondateurs. Nous nous recueillerons dans un instant dans lâhĂ©micycle oĂč ce rĂȘve sâest rĂ©alisĂ©, mettre ensemble les peuples du monde partageant cette langue sublime, artiste et politique que nos Ă©coliers apprennent dans les poĂ©sies et les romans dâAfrique. LâAfrique qui, dĂ©cidĂ©ment sait mettre les poĂštes Ă la tribune, puisque Boubou Hama, le grand poĂšte nigĂ©rien, fut prĂ©sident de votre AssemblĂ©e si longtemps, de 1958 Ă 1974. Boubou Hama, qui sut rĂ©colter toute sa vie les contes oraux des bords du fleuve Niger, cette littĂ©rature incomparable. Boubou Hama, justement, Ă©crivait justement : « Aujourdâhui demeure en demain ». Nous essayons de prĂ©parer demain Ă travers la coopĂ©ration diplomatique,
culturelle,
lâaide
au
développement,
et
la
coopération
dĂ©centralisĂ©e, qui compte aujourdâhui une trentaine de partenariats Ă travers lâensemble du territoire nigĂ©rien. Nous le faisons enfin, depuis 2013, dans le cadre de la coopĂ©ration de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense, face aux menaces qui pĂšsent sur la rĂ©gion saharo-sahĂ©lienne. Le Niger et la France sont depuis toujours deux nations partenaires. Ce sont aussi deux peuples unis par des liens humains multiples. Depuis 2013, nous sommes Ă©galement frĂšres dâarmes, au Mali et dans toute la bande sahĂ©losaharienne, contre le terrorisme sous toutes ses formes. JâĂ©tais ce matin avec le
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dĂ©tachement de lâarmĂ©e de lâair française dĂ©ployĂ© ici mĂȘme, Ă Niamey, dans le cadre de lâopĂ©ration « Barkhane ». Lutter contre le terrorisme, en particulier contre Boko Haram, câest protĂ©ger ensemble lâAfrique, le Niger, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, toute la rĂ©gion saharo-sahĂ©lienne dans laquelle vivent plus de 70 millions de personnes. Câest aussi protĂ©ger la France et lâEurope toute entiĂšre, menacĂ©es elles aussi par lâhydre du terrorisme. Nous en gardons le souvenir meurtri. Nous sommes dans le mĂȘme camp, le camp de celles et ceux qui veulent vivre, aimer et sourire. La France sait que le Niger paye un lourd tribut au terrorisme, des morts par centaines, des centaines de milliers de rĂ©fugiĂ©s dans la rĂ©gion de Diffa. Nous vaincrons ensemble, car nous dĂ©sirons, dâun mĂȘme cĆur, les mĂȘmes joies pour nos enfants, une sociĂ©tĂ© libre, humaine et solidaire. Quelle que soit la direction dans laquelle on regarde, il semblerait que les dĂ©fis du nouveau monde se cristallisent sur votre continent. Aujourdâhui plus que jamais, sans lâAfrique, rien nâest possible. Je vais vous dire ma conviction : lâavenir est en Afrique. Le choc dĂ©mographique qui arrive parle de lui-mĂȘme : dâici 2100, la population africaine globale aura certainement quadruplĂ©. Le Niger, avec un taux de croissance dĂ©mographique de 4% en moyenne, est emblĂ©matique de cette Ă©volution. Cette croissance est une chance, dâabord par les opportunitĂ©s Ă©conomiques quâelle ouvre. Avec 5 % de croissance estimĂ©e en 2016 et plus encore en 2017, le Niger apparaĂźt comme une terre dâavenir. A condition toutefois dâaccompagner intelligemment cette croissance.
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Lâaccompagner vers quoi ? Câest lĂ que votre rĂŽle est crucial, Mesdames et Messieurs les dĂ©putĂ©s, câest lĂ que chacun dâentre nous, dans nos mandats, nous pouvons influer sur lâavenir. Ce qui doit toujours nous guider, ce sont les principes fondamentaux de nos pays, qui expriment les aspirations profondes des peuples. Je reprends votre belle devise, fraternitĂ©, travail, progrĂšs : voilĂ vers quoi tend la sociĂ©tĂ© nigĂ©rienne. Un avenir plus fraternel, câest dâabord un avenir dans le droit, pour assurer la reconnaissance de chacun. Cette Ă©galitĂ© est inscrite dans votre loi fondamentale, notamment Ă travers la reconnaissance de toutes les langues nationales. Cette Ă©galitĂ© concerne tous les citoyens, indĂ©pendamment de toute considĂ©ration de sexe, dâorigine sociale, raciale, ethnique ou religieuse. Câest pourquoi la France sâĂ©tait rĂ©jouie de la prioritĂ© donnĂ©e Ă lâĂ©ducation des filles que le prĂ©sident Issoufou avait inscrite dans son programme, en fĂ©vrier 2016. Je veux redire ici Ă quel point ce sujet est crucial, dâautant plus lorsquâon regarde lâĂ©volution dĂ©mographique du Niger. LâĂ©ducation des filles est la condition dâune sociĂ©tĂ© nigĂ©rienne Ă©panouie demain. Nous espĂ©rons donc que la promesse prĂ©sidentielle pourra ĂȘtre mise en Ćuvre sans tarder. Câest pour cela aussi quâil faut lutter contre les inĂ©galitĂ©s, toutes les inĂ©galitĂ©s, en assurant la rĂ©partition des richesses selon le principe de justice sociale. Le travail, deuxiĂšme point de votre devise, est inscrit au cĆur de lâidentitĂ© nigĂ©rienne. Tout au Niger montre la force dâouvrage du peuple nigĂ©rien. Votre magnifique emblĂšme national porte dâailleurs, Ă cĂŽtĂ© des Ă©pĂ©es touaregs et de la 8 / 11
lance qui reprĂ©sentent lâhĂ©roĂŻsme au combat, les Ă©pis de mil de lâagriculture et la tĂȘte de zĂ©bu de lâĂ©levage. Et les NigĂ©riens ont appris dans lâhistoire, comme les Français et comme tous les peuples, que les travailleurs conquiĂšrent lâavenir de leur pays, quâil faut les protĂ©ger, les stimuler, leur donner confiance et ne jamais les abandonner. Le progrĂšs enfin, par tous, pour tous, et toujours au service de la justice sociale. Câest lâĂ©lan qui porte la civilisation vers lâavenir. Il nâa de sens quâĂ condition dâexister concrĂštement, dans la vie de chacune et de chacun de nos concitoyens. Le progrĂšs social nâexiste que par la redistribution, la mise en commun, sans oublier personne, sans laisser personne sur le bord de la route. Chers amis, chers collĂšgues, Il y a chez vous, je crois, un proverbe qui dit que « la gourde qui est pleine ne fait pas de bruit ». Il me semble que le Niger peut sâapparenter Ă cette gourde, pleine de ressources, de richesses, de potentialitĂ©s Ă exploiter, pleine de la vitalitĂ© de son peuple, des mille voix du Niger. Que la discrĂ©tion nigĂ©rienne sur la scĂšne internationale nâabuse donc personne. Lâavenir avance et il sera africain, il sera nigĂ©rien. Il sera celui de ces 20 millions de NigĂ©riens qui travaillent, qui cultivent, qui rĂ©coltent, qui Ă©lĂšvent, qui produisent, qui extraient les ressources du sol, qui commercent et qui crĂ©ent de la richesse. La Chine nâest pas seule Ă vouloir leur en donner lâoccasion. Vous trouverez toujours la France et lâEurope Ă vos cĂŽtĂ©s.
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Il sera celui de ces paysages splendides, ceux du TĂ©nĂ©rĂ©, le dĂ©sert des dĂ©serts, du fleuve Niger, le fleuve des fleuves. Il sera celui de ce parc magnifique, le parc national du W du Niger, situĂ© entre les mĂ©andres du fleuve Niger, dotĂ© dâune richesse biologique incroyable et classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO. Il sera celui dâun pays, le Niger, qui, Ă lâimage de lâArbre du TĂ©nĂ©rĂ© dont la silhouette de mĂ©tal demeure dĂ©sormais, pour lâĂ©ternitĂ©, fiĂšrement dressĂ©e en plein cĆur du dĂ©sert, trouve la sĂšve de la vie jusque dans les environnements les plus stĂ©riles. Un pays dont les conditions parfois difficiles nâĂ©puisent jamais la vitalitĂ©, un pays qui vaincra toujours par sa vigueur, par sa force dâĂąme, par son dĂ©sir de se dĂ©passer et de construire une vie meilleure. Boubou Hama, le poĂšte prĂ©sident, lâa si bien chantĂ© : « Mes enfants » Ă©crivait-il, « continuez de chercher le secret de lâhomme ; continuez lâAfrique. Des fleurs oubliĂ©es du passĂ©, faisons le parterre sublime de lâavenir dâun monde nouveau, tel est le but final de la raison initiatique ». La France sera aux cĂŽtĂ©s du Niger dans chaque Ă©tape de ce chemin qui nous emmĂšne vers le nouveau monde. A lâheure oĂč certains veulent bĂątir des murs, nous savons, nous, quel espace merveilleux de partage et dâĂ©change reprĂ©sentent ces mers qui nous sĂ©parent, mais aussi qui nous relient. Enfant de MĂ©diterranĂ©e, je me souviens de cette traversĂ©e, un jour de 1960, qui mâemmenait dâAfrique en Europe, de Tunisie en France. Je sais la force des histoires qui cheminent Ă travers les continents, Ă travers les cultures, Ă travers les mondes. Je vois dĂ©jĂ se dessiner les routes de lâavenir, les chemins mystĂ©rieux, en forme de voies ferrĂ©es, de lignes aĂ©riennes, de cĂąbles tĂ©lĂ©phoniques ou de rĂ©seaux 10 / 11
invisibles, en forme dâinterdĂ©pendances et de connections, de crĂ©ativitĂ© artistique, Ă©conomique et politique qui seront ceux de nos enfants. Les routes nouvelles sâinventent au grĂ© des aventures des hommes. Les dĂ©fis du nouveau monde sont immenses. Mais notre dĂ©termination, notre envie, notre amitiĂ© ne le sont pas moins. Notre imagination est prĂȘte Ă relever ce dĂ©fi formidable, celui dâune gĂ©nĂ©ration, le dĂ©fi du nouveau monde. Notre dĂ©sir de partage, de solidaritĂ©, est prĂȘt Ă crĂ©er lâunion, lâentraide, la coopĂ©ration, partout oĂč câest possible. Notre volontĂ© de choisir notre avenir, de construire nous-mĂȘmes ce nouveau monde, au lieu de le subir, vaincra toutes les rĂ©ticences frileuses qui sây opposent ici et lĂ . Nous le savons, en France comme au Niger : rien ne rĂ©siste Ă lâĂ©lan du progrĂšs. Câest ainsi quâensemble, je le souhaite, nous avancerons, et nous ferons avancer le monde vers un avenir radieux, Ă lâimage de ce soleil Ă©clatant qui orne votre drapeau, le soleil de la libertĂ©, le soleil du progrĂšs, le soleil de lâespoir. Je vous remercie.
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