Bibliographie Écrits d'artistes

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BIBLIOGRAPHIE DE L’ART CONTEMPORAIN

ÉCRITS D’ARTISTES > Écrits d’artistes Sélection

ALECHINSKY, Pierre, Travaux à deux ou trois, Paris, Galilée, 1994. Pour rendre hommage à Asger Jorn et à Cobra, ce livre s’offre comme un écho démultiplié d’œuvres réalisées depuis les années 1950 par Pierre Alechinsky en collaboration avec des peintres, des sculpteurs, des écrivains, des musiciens. Croisements des sens et des travaux à plusieurs mains pour « par ricochets faire rebondir une parcelle de l’esprit collectif du grand Jorn », d’Alechinsky et de Cobra.

ANTIN, David, Ce quʼêtre dʼavant garde veut dire, Dijon, Les Presses du réel, 2008. Poète, critique d’art, linguiste et performance artist, David Antin est né en 1932 à New York et vit depuis 1968 à San Diego en Californie. Depuis 1971, à l’invitation de musées ou d’universités, David Antin improvise des talk poems qui entrelacent le récit, la conférence, l’anecdote, le monologue, la méditation et le dialogue philosophique. On a dit de lui qu’il était « un mélange de Mark Twain et de Gertrude Stein », « un croisement de Lenny Bruce et de Ludwig Wittgenstein ». Par des digressions en cascade, au gré de réflexions sur le contexte immédiat, sur l’art, les institutions, la société, la mémoire, ou le langage, un discours se construit, se déploie, dérive et s’observe, tandis qu’Antin parcourt imperceptiblement son motif.

ASGER, Jorn, Discours aux pingouins et autres écrits, Paris, Ecole des Beaux arts, 2001. Cet ouvrage réunit des articles, des essais et des lettres d’Asger Jorn, publiés entre 1938 et 1973, pour la plupart inédits en français. Étant donné l’abondance de sa production littéraire, cette sélection d’écrits se veut être un éventail des plus complets des différents thèmes qu’il a pu traiter. Elle rend compte de l’évolution de sa pensée esthétique ainsi que de ses multiples centres d’intérêt (art populaire, sculpture romane, surréalisme, pour n’en citer que quelques-uns). Il s’y exprime également sur différents artistes ou écrivains, tels que Enrico Baj, Jean Dubuffet, Guy Debord, Farfa, Sam Francis, Fernand Léger, Le Corbusier. Ces textes, révélateurs de la complexité de la personnalité de l’artiste, malheureusement parfois méconnu en France, permettent de mesurer son rayonnement ainsi que celui de l’art nordique dans l’art du XXe siècle. Ils sont publiés à l’occasion de la rétrospective qui est consacrée à Asger Jorn au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Strasbourg, en octobre 2001.

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BEUYS, Joseph, Quʼest-ce que lʼart ? (Was ist Kunst ? Werkstattgespräch mit Beuys), Paris, LʼArche, 1982. Un dialogue avec Beuys sur Qu'est-ce que l'art ?, sa définition, ses fondements et sa fonction. Beuys y livre une conception éclatée et originale de l'art comme science de la liberté et de la responsabilité. Il nous apprend l'écoute de la chose elle-même dans sa matérialité et son essence. On saisit les "processus de substance" et les "constellations de force" à l'origine de la création et de l'apparition. On comprend l'objectif de Beuys de créer une "plastique sociale" qui englobe l'artiste et l'objet d'art dans un nouveau projet spirituel de société : "Mes objets doivent être compris comme des incitations à transposer l'idée du plastique. Ils veulent amener à réfléchir sur ce que peut être la plastique et comment la notion de plastique peut être étendue aux substances invisibles et utilisée par chacun : Formes de pensées. »

BRECHT, George, Chance-Imagery=L'imagerie du hasard, Paris, Les Presses du réel, 2002. La première édition critique par Bruno Elisabeth d’un texte fondateur d’un des acteurs principaux de la mouvance Fluxus. Il montre que tout provient toujours des coïncidences et que nous devons savoir jouer avec le hasard. À nous de saisir l’événement (event). Brecht élabore les fondements d’un art minimum extrême, où la nouveauté comme la tradition ne peuvent exister, dans un monde seulement présent, exact, précis, ouvert à toutes les connexions.

BROODTHAERS, Marcel, En lisant la Lorelei, Genève, Musée d'art moderne et contemporain, 1997. Au départ, un livre de Marcel Broodthaers : En lisant la Lorelei, et une salle homonyme – dont seuls deux murs sont photographiquement documentés – dans son exposition au Kunstmuseum de Bâle en 1974. Au terme actuel de l’enquête, un remarquable ensemble iconographique et une analyse minutieuse de ce corpus largement inédit. L’œuvre polymorphe de Broodthaers s’y trouve génétiquement ressaisie : méthodes de fragmentation, stratégies d’association, tactiques de dissémination, réarticulations mytho-critiques, poétique du détournement, déconstruction du spectacle, etc. – autant de gestes et d’intuitions au travers desquels il « déclare la guerre » dans l’art. L’historiographie de l’art contemporain manque parfois de la patience du détail. Elle sous-estime la portée des plongées de la micro-histoire. Le démon du général lui tient trop souvent lieu de vision. Il lui faudrait plus de travail de proximité avec la réalité des œuvres, de leurs contextes et paratextes. Et, au-delà de l’histoire des artistes et des « œuvres », il lui faudrait aussi une histoire des expositions et une histoire de l’exposition (de la forme-exposition, de mode de constitution, d’institution, d’existence et de signification de l’art exposé). C’est ce que cherchent à vérifier cet ouvrage et l’exposition qui l’accompagne.

BUREN, Daniel, Les Écrits (1965-1990), Tome I : 1965-1976, Bordeaux, Capc Musée dʼart contemporain de Bordeaux, 1991. Les écrits (1965-1990), Daniel Buren, textes réunis et présentés par Jean-Marc Poinsot, CAPC Musée d'Art Contemporain de Bordeaux, 1991, France, 3 tomes.

CAGE, John, Une année dès lundi : conférences et écrits, Paris, Textuel, 2006. Une année dès lundi permet de redécouvrir John Cage (1912-1992), artiste américain aux idées foisonnantes, à la fois compositeur, écrivain et peintre. Connu en France pour ses compositions qui ont révolutionné la notion d’œuvre musicale, il apparaît à travers ce recueil comme un écrivain et un penseur de premier plan. L’ouvrage qui se présente sous la forme d’un album est un ensemble composite qui réunit des réflexions sur la musique et sur l’art. Dans ce questionnement sur

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l’engagement et le rôle de l’artiste à travers des textes d’une inventivité impressionnante, John Cage joue sans cesse avec l’espace, le graphisme et la typographie. Moment charnière dans l’œuvre de John Cage, pour qui il n’existe pas de barrière entre création musicale et poétique, Une année dès lundi constitue une réflexion capitale de l’artiste sur le principe qui lui tenait tellement à cœur, celui de l’indétermination, appliqué ici aux mots et à l’écriture.

CHAPOULIE, Jean-Marc, Alchimicinéma : enquête sur une image invisible, Dijon, Les Presses du réel, 2008. Une réflexion du cinéaste / vidéaste / commissaire d'exposition sur l'image en mouvement et son spectateur. Une personne qui regarde le paysage ou les étoiles depuis sa fenêtre, qui jette un œil sur la couverture des livres dans la vitrine du libraire ou sur le corps des passants dans la rue s'adonne à un art d'agrément sans en faire profession, sans but utilitaire, destiné à son seul plaisir. La réflexion proposée par Jean-Marc Chapoulie sous le titre d'Alchimicinéma tente de situer l'axe d'observation de l'image en mouvement dans le territoire des mateurs anonymes, des inconnus qui considèrent, comme les hédonistes, que les passions et le plaisir sont naturels à l'homme, des sans-grades qui matent en filmant ou qui filment en matant, naturellement, par passion et par plaisir. De Jean-Luc Godard à Jean Nolle, des Frères Lumière à Jojo, entre electrotyping et Youtube, Alchimicinéma ouvre grand le territoire du filmeur.

CHARLET, Nicolas, Les écrits dʼ Yves Klein, Transédition, 2005. Yves Klein (Nice, 1928 - Paris, 1962) fut judoka, peintre, sculpteur, voyageur, poète, membre fondateur du nouveau réalisme. Connu pour ses monochromes au bleu profond - le bleu Klein (IKB) -, son exposition du Vide, ses modèles devenus pinceaux vivants (traces de corps nus sur la toile), ses empreintes de la nature, végétaux, vent, feu, eau ou terre. Ses voyages, la Cosmogonie des rose-croix de Max Heindel, le Journal d'Eugène Delacroix, L'Air et les songes de Gaston Bachelard, deux générations d'abstraits depuis Malevitch, la langue d'Antonin Artaud ou des lettristes ont conduit la réflexion de Klein. Trajectoire fulgurante, œuvre complexe et cohérente, impact majeur sur plusieurs générations d'artistes. Quand Yves Klein meurt à 34 ans il laisse un imposant corpus d'écrits, pour la plupart inédits : journaux, manifestes, utopies, poésies, essais, manuels, livres d'artiste, théories de l'art, discours, conférences, récits, scénarios, correspondance, etc. Aux Archives Klein, Nicolas Charlet a pu établir ces textes, les organiser, les identifier. La réflexion qu'il développe dans cet ouvrage à partir de ce matériau jusqu'alors non exploité constitue une analyse passionnante et minutieuse de l'artiste, sa vie et son œuvre. Ses écrits de jeunesse préfigurent l'esthétique du monochrome. Son association avec le critique Pierre Restany, la systématisation du discours dans le processus de création, enfin la dimension médiatique du personnage ont contribué à faire de Klein l'un des premiers artistes de la scène mondiale.

DE KOONING, Ecrits et propos, Paris, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, 1998. De Kooning écrivain est à n'en pas douter le premier peintre théoricien de l'époque post-moderne. Au fil de conférences organisées à l'initiative de Bernett Newman, ou au Studio 35 à New York en 1949 et 1950, il expose avec une rare clairvoyance son déni de tout style, son aversion pour toute norme. De manière existentielle, il oppose au "confort de la pure forme" (néo-plasticisme de Mondrian, constructivisme, suprématisme) la perte des repères, l'instabilité et le déséquilibre auquel est condamné dorénavant l'artiste mesure de toute chose.

DEZEUZE, Daniel, Textes, entretiens, poèmes, 1967 – 2008, Paris, Beaux arts de Paris éditions, 2008. Dezeuze s'exprime avec sapeur et perspicacité sur Cézanne, Malévitch, Munch, Goya, Parmentier, Clyfford Still, et d'autres. Mais on trouve également des réflexions sur des matières plus éloignées ;

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qu'on en juge : les Gnostiques, le Mexique, l'art du colophon dans la peinture chinoise... A ce choix déjà dense, on a ajouté ici l'ensemble des interviews et des poèmes donnés par l'artiste... Fondée sur une connaissance historique, linguistique, culturelle, politique, souffrant sans doute peu d'exemples parmi ses contemporains français, l'œuvre de Daniel Dezeuze est paradoxalement - ou en conséquence - marquée par la transparence, le jeu, l'improbable, l'économie, la discrétion, la retenue. Elle hésite entre la litote et l'ellipse. Elle fait de l'allusion sa force. Elle y gagne en intonation, en tranchant, en radicalité.

DOLLA, Noel, La parole dite par un œil, Paris, LʼHarmattan, 1995.

DURHAM, Jimmie, Écrits et manifestes, Paris, Beaux arts de Paris, 2009. Cet ouvrage, dont l'édition est établie par Nathalie Ergino, rassemble les principaux textes, écrits militants ou prises de position artistiques de Jimmie Durham. Traduits pour la première fois en français par Laurent du Pasquier, ils sont publiés à l'occasion de la rétrospective qui lui est consacrée au Musée d'art moderne de la Ville de Paris en 2009. Jimmie Durham écrit depuis toujours. La poésie laisse place au cours des années 1970 aux textes militants pour venir ensuite compléter son travail d'artiste à partir des années 1980.

FAROCKI, Harun, Reconnaître et poursuivre, Théâtre typographique, 2002. Recueil de textes du cinéaste allemand suscités par le travail de recherche autour des films documentaires.

FILLIOU, Robert, Histoire chuchotée de lʼart, Edition Clémence Hiver, 1994. Poèmes exposant avec beaucoup de clarté le travail d'un artiste incontournable maniant humour, dérision et profondeur de réflexion.

FILLIOU, Robert, Longs poèmes à finir chez soi, Bruxelles, Edition Leeber – Hossmann, 1984. Cette série des Longs poèmes à terminer chez soi de 1961, nous permet de retrouver l’esprit facétieux et le goût de l’artiste pour les idées multiples, les mots, la poésie ouvre une réflexion plus large sur le langage, la communication et l’échange.

GRAHAM, Dan, Ma position, écrits sur mes œuvres, Dijon, Les Presses du réel, 1992.

HELION, Jean, Mémoire de la chambre jaune, Paris, Ecole des Beaux arts, 1998. En 1983, Jean Hélion se rend compte que bientôt il aura perdu la vue. Il monte alors dans la chambre où il a remisé tout au long de sa vie ses tableaux inachevés et les commente l'un après l'autre. " Il est beaucoup plus supportable pour un peintre de regarder une œuvre inachevée qu'il rêve de parfaire, qu'une œuvre apparemment aboutie, bien exécutée. Ce dernier mot est cruellement juste. Il y a, dans toute œuvre ce sentiment qui me conduit durant cette méditation dans la chambre jaune, à rechercher des œuvres qui poussent encore, qui n'ont pas reçu le coup de grâce de la finition. "

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JUDD, Donald, Ecrits 1963-1990, Paris, Daniel Lelong, 1991. Textes extraits de diverses revues et publications, 1963-1990.

KAPROW, Allan, L'art et la vie confondus, Paris, Centre Georges Pompidou, 1996. Allan Kaprow est une des figures les plus influentes de l'art américain contemporain. Célèbre dès les années cinquante pour ses Happenings, il est également connu pour ses essais, parmi les plus profonds, les plus provocants, les plus marquants de sa génération. Depuis ses premiers écrits importants (L'héritage de Jackson Pollock, 1958) jusqu'à ses essais les plus récents (Le sens de la vie, 1990), Kaprow a centré sa recherche philosophique sur la relation paradoxale qu'entretiennent l'art et la vie, et partant, sur la question de la nature du sens. Significativement, cette réflexion s'est développée en une époque de bouleversements artistiques et technologiques constants. Depuis le modernisme des années cinquante jusqu'au postmodernisme fin de siècle, depuis les premiers temps de la télévision jusqu'à l'ère de l'informatique, Kaprow a écrit sur les frontières floues qui délimitent les genres, les médias, la culture, l'expérience. Notre définition de l'œuvre d'art et sa relation à la vie forment l'axe principal d'une réflexion qui témoigne non seulement du développement d'une démarche artistique personnelle, mais qui commente également l'évolution contemporaine de l'art. Dispersés dans la presse artistique sur une période de trente ans, et rassemblés ici pour la première fois par Jeff Kelley, les essais de Kaprow - artiste expérimentateur dont l'oeuvre se veut plus proche de la vie que de l'art - apparaissent comme les pierres de touche d'une carrière créatrice, dont ils constituent peut-être la part la plus accessible et la plus durable.

KELLEY, Mike, Minor histories: statements, conversations, proposals, Cambridge, Mass. London, The MIT Press, 2004. This collection of essays and illustrations documents the work of Kelley, the Los Angeles-based artist who once drew a swastika on Abe Lincoln’s forehead and called the resulting image With Malice toward None: With Charity for All; who founded the ironic noise band Destroy All Monsters before punk broke; and who posited, in Fresh Acconci (1996), "a specialized subcultural erotica for the artworld despite what could be construed as its deconstructive pretensions"—among many other actions and reactions. For this volume, UCSD art historian Welchman divides Kelley’s texts into five categories. The first 20 brief "Statements" provide Kelley’s frank commentary on a particular piece’s intentions or backstory. The much longer essay "The Meaning is Confused, Spatiality, Framed" concerns multiple pieces, and includes a discussion of Harry Harlow’s experiments with primates and emotion, while the last piece of the section comprises a set of answers to questions posed by the curators of Eye Infection, a 2001 group show at Holland’s Stedelijk Museum. Three other sections, "Image-Texts," "Architecture" and "Ufology" concern Kelley’s work with text panels, proposed textual interventions and UFO imagery. Many of these pieces have been published before in art magazines, but anyone who cares about post-1960s performance and video art will be very glad to have them in one place. Newcomers to the artist’s work may prefer to start with Foul Perfection, Kelley’s set of essays and commentaries on other artists, since writing about the work of others affords Kelley more opportunity for stretching out and unpacking the sort of startling historical cross-connections and commentaries that make his own work so compelling. But whether writing about his work or that of others, Kelley remains one of the most incisive artists around. 62 illustrations.

KIRILI, Alain, Mémoires de sculpteur, Paris, Edition des Beaux arts, 2007. Cet ouvrage réunit un ensemble d'entretiens entre Alain Kirili et des artistes, architectes, écrivains et conservateurs comme Nicole Barbier, Jérôme Bourdellon, Louise Bourgeois, Martine Dancer, Marilia Destot, Amahiguere Dolo, Bernadette Dufrêne, William Jeffett, Charlotta Kotik, Julia Kristeva, Serge Lemoine, Eugène Leroy, Sylvia Lopes, Ariane Lopez-Huici, Maria Mitchell, Christian de Portzamparc, Patrick Ramade, Raphaël Rubinstein, Philippe Sollers, Edmund White. Il comprend également des notes d'atelier où Alain Kirili s'exprime sur sa pratique, les relations qu'il entretient avec la musique, en

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particulier le jazz, et avec les artistes. Ces Mémoires de sculpteur sont abondamment illustrés de photographies inédites de l'artiste au travail et de portraits réalisés lors des entretiens.

LABELLE-ROJOUX, Arnaud, Lʼacte pour lʼart, Paris, Editeur Evidant, 1988. Épique, exaltée, provocante est l'histoire, ou plutôt " contre-histoire " de l'art-action, qui va des futurismes à l'art performance, et passe par Dada, le Bauhaus, les happenings, Fluxus ou l'art corporel. Longtemps rebelle à toute fixation, peuplée de trous noirs, cette histoire semble se poursuivre à présent dans de nouvelles pratiques plus conformistes et " spectacularisées " issues du théâtre, de la danse, de la musique, voire de la littérature. Rédigé il y a presque vingt ans dans le feu de l'action, L'Acte pour l'art visait à rendre compte, y compris par la langue, le style, la forme, des mouvements, événements, moments volatils constituant ce creuset essentiel de la modernité jusqu'alors singulièrement sous-estimé par les panoramas artistiques du XXe siècle. Le contexte est aujourd'hui différent. L'art-action est désormais homologué, sorti de la clandestinité. Moins souterrain, le mot performance fait florès. Parlons-nous donc toujours, encore, dé la même chose, même si demeure intacte, au-delà des fausses certitudes historiques, l'inépuisable réflexion sur le fugitif et l'éternel ?

LEVE, Edouard, Fictions, photographies et textes, Paris, P.O.L, 2006. Sur fond noir et sol noir, des personnages habillés de noir se livrent à des actions collectives dont le sens nous échappe. Saugrenues, poétiques ou inquiétantes comme dans un rêve, les scènes ne semblent pas étonner ceux qui les interprètent : ils gardent, quelle que soit la situation, un sérieux de cérémonie. Les modèles sont de tous âges. Les signes sociaux sont effacés par l'harmonie noire de leurs sobres vêtements. A la différence de ses travaux antérieurs, qui s'inspiraient de codes visuels établis (Rugby, Pornographie, Actualités), Edouard Levé a conçu ces tableaux vivants d'imagination en les dessinant, sans se référer à un univers sémiologique préexistant. Il déjoue les certitudes de la représentation. Le sens fuit à mesure que l'on s'en approche. Aucune solution n'est donnée à ses rébus esthétiques. Quant au texte, il ne faut pas compter sur lui pour nous révéler des secrets. Ni critique d'art explicative ni poésie traquant l'analogie du verbe et de l'image, il s'inspire des photographies pour mieux les brouiller.

LEWITT, Sol, Paragraphs on conceptual art, Artforum, 1966.

MORELLET, François, Mais comment taire mes commentaires, Paris, Ecole des Beaux arts, 1999. François Morellet a toujours été attaché à transmettre le fruit de ses découvertes et de ses recherches, à travers des textes, des tracts et des entretiens. Cette édition présente un choix d'écrits, de 1949 à 1999. On verra comment il fait semblant de faire croire à une économie de moyens, et pourquoi cet art de la litote, appliqué à des œuvres géométriques, rejoint les bérets basques de Raymond Devos, à une nuance près : si elles n'ont pas de sens, c'est parce qu'on peut les lire dans les deux sens comme les palindromes qu'il aime tant, ou que peut-être, comme les décimales du nombre pi, elles ont une infinité de sens. Chaque spectateur y trouvera ce qu'il aura apporté lui-même dans son pique-nique.

PANE, Gina, Lettre à un(e) inconnu(e), textes réunis par Blandine Chavanne et Anne Marchand, Paris, ENSBA, 2003. Les écrits de Gina Pane rassemblent ses textes publiés et dactylographiés, ainsi que ses notes de travail : projets, commentaires, poèmes, rêves et réflexions. Ils sont présentés autour de quatre grandes notions qu'elle énonce, en 1974, dans Lettre à un(e) inconnu(e) : " ART /SCIENCE / POLITIQUE / QUOTIDIEN. " Ces chapitres donnent un éclairage nouveau et intimiste sur les thèmes qui lui sont

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chers et sur la force de son engagement. On y trouve aussi bien les listes des objets " utilisés en permanence ", " utilisés ponctuellement " ou construits par l'artiste, que ses réflexions personnelles sur le corps, la douleur, le langage, la pédagogie ou sa définition de l'art. Accompagnés de dessins inédits, ces écrits constituent un complément indispensable pour mieux connaître Gina Pane.

PARMIGGIANI, Claudio, Stella sangue spirito, Arles, Actes Sud, 2004. Déjà publié en italien sous le titre Stella, sangue, spirito, ce recueil a été enrichi de textes inédits, de nature et de provenance diverses. Tirés des cahiers et des notes de travail de Claudio Parmiggiani, ces écrits ont été directement suscités par des questions posées à l'Artiste dans un dialogue et en une sorte de parcours à rebours finissant par dessiner un portrait, même involontaire.

PARMIGGIANI, Claudio, Apocalypsis Cum Figuris, éditions Umberto Allemandi, 2008.

PARRENO, Philippe, Speech bubbles, Dijon, Les Presses du réel, 2001. En regard de la traduction jusqu'alors inédite en français de Snow Dancing (qui servit de script à l'une des plus fameuses expositions de Philippe Parreno), Speech Bubbles est un florilège d'écrits hétérogènes, dont la réunion permet d'entrer un peu plus encore dans la pensée de l'un des artistes les plus complexes, les plus intrigants, mais aussi probablement le moins décrypté de la période actuelle.

PENONE, Guiseppe, Respirer l'ombre, Paris, Ensb-a, 2000. Respirer l’ombre est la part dévolue au langage du surprenant dialogue, pour le reste prioritairement fait de gestes, avec ce que nous appelons la nature, entamé par l’artiste voici plus de trente-cinq ans. Un dialogue dont on remarquera qu’il est toujours mezzo voce : la conscience qu’a Penone d’une fraternité avec les pierres ou les plantes (il sait, comme Klee, que l’homme est nature, morceau de nature dans l’aire de la nature »), sa familiarité décontractée avec l’Antiquité (l’Italie n’est-elle pas ce pays où l’histoire de l’art tient lieu d’histoire tout court ?) le fait converser d’égal à égal avec l’arbre et le ruiseau, tutoyer leurs divinités tutélaires (empruntées surtout au panthéon gréco-romain, mais s’y invite ici ou là un dieu exotique). Respirer l’ombre peut se lire comme un recueil de récits mythiques, de paraboles fondatrices, sans qu’on puisse y déceler la moindre trace de pathos ou de grandiloquence ; le mythe prend des allures du haïku cher à Roland Barthes, et les textes de Penone parlent des choses cachées et des commencements du monde avec la précision économe et discrète d’un journal de bord.

PISTOLETTO, Michelangelo, Le Ultime Parole Famose, Turin, 1967, traduction française dans Arte Povera, Art Editions Villeurbanne, 1989, pp. 231-234.

ROTHKO, Mark, Ecrits sur lʼart, 1934 – 1969, Paris, Flammarion, 2005. Lettres à ses amis peintres - Barnett Newman, Robert Motherwell, Adolph Gottlieb -, récits de voyage en Europe, notamment à Paestum où Rothko affirme qu'il a «toujours peint des temples grecs sans le savoir», description d'étés en famille dans les campus américains où il donne cours, cahiers de notes où Rothko parle de l'importance du surréalisme, de Picasso ou de Miró, confessions amères sur le règne des marchands et des critiques d'art, manifestes et réponses à des conservateurs et à des

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critiques, ces Écrits sur l'art rassemblent tous les textes de Mark Rothko depuis ses débuts, en 1934, jusqu'en 1969, un an avant son suicide. Confiés à des musées américains ou conservés par ses enfants, ces écrits étaient jusqu'alors inédits. Ils nous révèlent l'ambition de l'un des plus grands peintres du XXe siècle : «Les tableaux doivent être miraculeux : à l'instant où l'un est achevé, l'intimité entre la création et le créateur est finie. Ce dernier est un étranger. Le tableau doit être pour lui, comme pour quiconque en fait l'expérience plus tard, la résolution inattendue et sans précédent d'un besoin éternellement familier.

RUTAULT, Claude, La peinture photographe, Genève, Art&Public, 2001. Claude Rutault's writings on relationships between painting and photography.

SNOW, Michael, Des écrits 1958-2001, Paris, Ensb-a, Centre Georges Pompidou, 2002. Recueil subjectif de textes de l'artiste canadien, écrits en correspondance avec son travail, et commentés par lui. Jeux de langage et mise en page participent à l'appréhension et à la compréhension de son œuvre multiforme.

TOMA, Yann, Part de jouissance, Paris, Jannink, 2007. Si Lénine avait choisi une autre carrière, il aurait pu être P.D.G. et aurait distribué des parts de jouissance. Yann Toma, lui, est Président à vie de Ouest-Lumière et vient d’écrire Part de jouissance, texte publié aux éditions Jannink dans la collection « L’Art en écrit ». Il y explique la stratégie de son groupe et en particulier tout ce qui concerne l’émission des Parts de jouissance. Ainsi, le Président Toma développe, avec la clarté qui le caractérise, toutes les questions que l’on a pu se poser sur Ouest-Lumière. L’Art Présidentiel s’apparente à celui d’artistes iconoclastes : Duchamps, Picabia, Filliou, John Cage, Kaprow, Nam June Paik, Beuys, Ben ou Spoerri. Mélange inclassable de Dada, Surréalisme, Fluxus ou encore Situationnisme. Il tourne en dérision le jargon ampoulé du capitalisme et estime avec certitude que la rédemption artistique passera par le rayonnement de Ouest-Lumière. En réalité il est son propre mouvement. L’ouvrage de Yann Toma est accompagnée d’une Part de jouissance, pièce unique signée et numérotée, caviardée par intervention présidentielle – technique mixte.

UFAN, Lee, Un art de la rencontre, Arles, Actes Sud, 2002. Après un entretien avec le journaliste d'art Henry-François Debailleux sur sa peinture et sa sculpture (rôle de l'abstraction, utilisation de formes élémentaires et de l'espace, non-couleur, matériaux bruts…), la japonaise Lee Ufan éclaire par ses écrits ce qui anime son art.

ZAUGG, Rémy, Le musée des beaux-arts auquel je rêve ou le lieu de l'œuvre et de l'homme, Dijon, Les Presses du réel, 1995. Transcription de la conférence donnée le 1er décembre 1986 au Kunstmuseum de Bâle à l'occasion du 50e anniversaire du bâtiment actuel, organisée par le Verein der Freunde des Kunstmuseum Basel et la Kunsthalle de Bâle.

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ZAUGG, Rémy, La ruse de l'innocence : chronique d'une sculpture perceptive (1973-1980), Dijon, Les Presses du réel, 1997. « Les textes de ce volume sont la trace de ma relation avec une sculpture. L’écriture a été un instrument asservi à la perception compréhensive pour la mise en forme de la perception réflexive révélant l’œuvre. Elle m’a aidé à interroger et à apprendre, pas à dispenser un savoir. Ceci explique la nature studieuse des textes, leurs circonvolutions, leurs détours et retours, les hésitations d’une progression nécessairement empirique à l’entour et autour de la sculpture. »

ZAUGG, Rémy, Constitution d'un tableau : journal 1963-1968, Dijon, Art et art, 1989. « Ma foi en l’école des beaux-arts ne dura que quelques heures. Pourquoi fallait-il d’abord dessiner avec un crayon des verticales, et rien que des verticales ? Puis des horizontales et uniquement des horizontales ? J’étais totalement dérouté. (...) Les esquisses perceptives du tableau La Maison du pendu peint par Cézanne et regroupées aujourd’hui sous le titre Constitution d’un tableau ont été faites par un étudiant entre 1963 et 1968. »

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