Marie et le petit taureau noir

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Un conte de Delphine Duchêne Dessins: Elena Solovova Musique composée et interprétée par Delphine Duchêne (cornemuse écossaise, violon, piano) Avec la participation de Thomas Negroni au vibraphone, Adélaïde Legras à la harpe, et Jean-Baptiste Bernuit à l’alto Les voix: Marie: Hélène Hayreaud, Grand-Mère: Ginette Vergriete Le marchand: Karine Vergriete Le taureau: Hugues Duchêne L’ ogre: Jean-Baptiste Bernuit Narratrice: Delphine Duchêne Mise en sons : Delphine Duchêne et Sébastien Ortega-Duchêne Mise en Page : Christelle Hervé Remerciements: Elena pour son écoute et les magnifiques dessins qu’ elle a réalisés Pour leur aide: Patrig Kernoa, Brigitte Coppin, Françoise Racine, Emmanuel Gouabault, René Cadoret, Le Cefedem de Normandie, Famille et amis, et toutes les personnes qui ont participé à ce projet.

Renseignements: duchene.delphine@gmail.com _ 06 78 11 95 48


Marie et le petit taureau noir


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l était une fois une petite fille nommée Marie, qui vivait avec sa grand-mère près de la forêt. Un soir, Marie lui demanda: « - Grand-mère, tu sais, c’est bien pour toi de rester assise ici à tricoter, mais ça n’est pas très amusant pour moi. Je n’ai pas d’amis à qui parler … et je m’ennuie ! - Mais Marie, je suis là ! - Mais grand-mère, certains jours tu tricotes, d’autres jours tu repasses… Moi, j’ai besoin de m’amuser avec un ami. - Alors Marie, voudrais-tu venir au marché avec moi demain ? - Oh oui Grand-mère, j’aimerais tellement y aller !! » ~4~



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e lendemain, Grand-mère et Marie se rendirent au marché. Il ne restait plus qu’un seul animal, dont personne ne voulait : c’était un bébé taureau noir, un petit taurillon noir. Marie mit ses bras autour de son cou et lui dit : « Je t’aime, tu es si mignon. »

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Le marchand voyant cela dit à Grand-mère : « Mmmm, il ne vaut pas grand-chose, c’est juste un petit taureau noir. Je ne sais pas d’où il vient. Apparemment, il n’appartient à personne. Alors, si vous le voulez, je ne vous le vends pas. Je vous le donne ! »

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En arrivant à la petite maison près de la forêt, Marie installa son nouvel ami bien confortablement dans la cabane des oies. ~8~


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lle vint ensuite s’asseoir près de Grand-

mère : « - Tu deviens grande maintenant Marie, tu dois prendre soin de ton nouvel ami. - Oh Grand-Mère, je l’aime tellement ce petit taurillon, je l’aime tant !! Je m’en occuperai, il ne te dérangera en rien ! Mais s’il te plaît Grand-Mère, pourrais-tu me promettre quelque chose? Grand-Mère, s’il te plaît, promets-moi que tu ne le vendras jamais ! - Eh bien Marie, puisque tu l’aimes tant que cela, je te le promets. »

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eux années passèrent, Marie était maintenant devenue une fort belle jeune fille. Où qu’elle aille le petit taureau noir allait avec elle. Il était désormais si grand que, quelquefois, quand Marie était fatiguée, il la portait sur son dos.


Mais la vie devenait difficile parce que Grand-Mère n’avait pas d’argent. « - Marie, demain c’est jour de marché et j’ai très peu de choses à vendre. Je suis très triste de te dire ça, mais ne pourrions-nous pas vendre le taureau au marché ?


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uelqu’un le prendra, et il le tuera et en fera de la viande. Il sera tué !! Pas question que je vende mon taureau ! - Écoute, Marie, demain il faut qu’on vende le taureau, nous n’avons aucun moyen de faire autrement !! »

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arie était bouleversée. Elle monta se coucher sans même dire bonne nuit à sa grandmère. La jeune fille attendit longtemps jusqu’à ce que sa grandmère s’endorme. Elle descendit silencieusement les marches, ne faisant pas plus de bruit qu’une souris et elle rejoignit le taureau. « Mon bel ami, Grand-Mère veut te vendre pour gagner de l’argent. Mais je ne te vendrai jamais, petit taureau, jamais, c’est hors de question. Toi et moi, on va s’enfuir, là où ils ne nous trouveront jamais. »

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Ils entrèrent dans la forêt et marchèrent, marchèrent, pendant des heures et des heures. Marie était épuisée. Alors, elle s’assit contre un arbre pour se reposer un peu.


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e taureau vint gentiment poser sa tête auprès de Marie, et il se mit à lui parler : « - Marie, tu m’as sauvé la vie. Tu as pris soin de moi et maintenant c’est à moi de prendre soin de toi ! Que pourrais-je faire pour t’aider? - Oh, petit taureau … j’ai besoin de manger quelque chose ! - Regarde dans mon oreille. Il y a un petit morceau de tissu... mets-le sur le sol ! »

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Marie n’en crut pas ses yeux ! La nourriture la plus succulente apparut sur le petit tissu. « Mange tout ce que tu veux. »

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uand Marie eut fini de manger, les deux amis reprirent leur route. Ils marchèrent, marchèrent, pendant des heures et des heures, jusqu’à ce qu’enfin ils sortent de la forêt. Ils arrivèrent devant une très grande falaise. « - Nous devons changer de direction ! - Non, Marie, il faut que nous passions par les rochers. Suis-moi ! N’aie pas peur et accroche toi bien ! » ~ 19 ~


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arie le suivit et ils arrivèrent à un passage très étroit dans les rochers. Quand ils en sortirent enfin de ce petit passage, il y avait devant eux, une large vallée. Le taureau s’arrêta.

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« Écoute bien, Marie, écoute bien et n’oublie pas ; fais exactement ce que je te dis de faire ! Si n’importe quoi se produit, n’aie pas peur, et fais ce que je te dis ! »

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ais à peine avaient-ils fait deux mètres que, juste devant eux surgit l’ogre le plus grand, le plus gros et le plus laid qu’on puisse imaginer.


« Où allez-vous ? Personne n’a le droit d’entrer dans mon domaine ! - N’aie pas peur, Marie, ne crains rien ! - Oh-ho ! Un magnifique taurillon ! Comme ça va me faire un splendide dîner !! Venez avec moi, tous les deux. » Il prit alors le jeune taureau par l’oreille avec Marie accrochée à son cou. Et ils remontèrent la vallée vers le château de l’ogre, construit parmi les rochers. L’ogre les mena dans une salle où il y avait un grand feu et un grand chaudron plein d’eau bouillante. « Toi, femme, si tu ne me fais pas à manger, tu vas mourir !! Je meurs de fatigue. Je vais dormir. Tue ce taurillon, mets-le dans le chaudron et prépare-moi un repas. »


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‘ ogre alla s’étendre sur son lit. C’était l’ogre le plus horrible qu’on puisse imaginer ! Pauvre Marie ! Elle était bouleversée et tremblait de tous ses membres. « - N’aie pas peur, petite fille. Prends le couteau sur la table et fais moi une petite coupure juste derrière l’oreille. Allez, vasy ! N’aie pas peur ! Je ne sentirai rien ! Maintenant, prends trois gouttes de mon sang. Dépose les sur le sol, près de son lit. La faim le réveillera de temps en temps et l’ogre te demandera si son repas est prêt. Mais ne t’inquiète pas ! Nous serons déjà loin. Les trois gouttes de sang lui répondront à ta place. »

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lors Marie obéit. « Marie, fouille dans la cuisine et vois si tu trouves un peu de sel. » Marie courut partout et soudain elle trouva un sac de sel. « Ne le lâche surtout pas, si tu tiens à la vie, ne le lâche pas ! » Marie fit ce que le taureau lui dit parce que tout ce qu’il lui disait avait l’air de marcher et que, donc, elle croyait en lui.

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« Maintenant, grimpe sur mon dos ! On s’en va ! ». Ils passèrent la porte et le taureau partit au triple galop, courant aussi vite qu’il le pouvait.


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ais dans le château, le méchant ogre s’était réveillé. « Est-ce que c’est prêt maintenant, femme ? Sinon je te dévore toute crue et toute vivante !! » Et la première goutte de sang prélevée sur l’oreille du taureau dit : « Non, pas encore ! »


L’ogre s’étira, se rallongea et se rendormit quelques minutes. Pendant ce temps, Marie et le taureau couraient le plus vite possible. Puis, l’ogre se réveilla à nouveau : « Ce n’est pas encore prêt ? Je meurs de faim ! Femme, as-tu fini de rôtir ce petit taureau pour moi ? » Et la deuxième goutte de sang répondit : « Pas encore, ce n’est pas encore prêt, mais ça ne va pas tarder. » L’ogre se rallongea, et Marie et son taureau continuèrent à courir de plus belle. ~ 29

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uis l’ogre se réveilla à nouveau. « Femme, ça doit être prêt maintenant ! » Et la troisième goutte de sang répondit : « Oui, c’est prêt ; tu peux venir ! » L’ogre se leva, et vit le chaudron : il était vide !! « Ils m’ont trompé, ils m’ont trahi !! » Comme il avait une excellente vue, il les aperçut au loin, courant à toute allure. « Oh, ils peuvent bien courir, je les attraperai avant que la nuit ne tombe ! »


Et l’ogre s’élança après eux à grandes enjambées. Marie et le taureau avançaient toujours, courant très vite et arrivèrent à un très grand lac : il n’y avait plus de terre, seulement un lac qui barrait leur route. « Accroche-toi à mon cou Marie, n’aie pas peur ! » ~ 31 ~


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e taureau nageait et nageait. Marie regarda en arrière et vit l’ogre aspirer l’eau. Plus il aspirait, plus les deux amis reculaient, malgré tous leurs efforts pour avancer. « Jette le sel, Marie, jette le sel !! » Marie vida le sac de sel dans l’eau. Alors une montagne de sel, une énorme montagne de sel, se forma, telle une barrière entre Marie et l’ogre ! Celui-ci aspirait l’eau puis recrachait le sel car il ne pouvait pas l’avaler. Marie et son taureau purent ainsi s’éloigner, alors que l’ogre était ralenti par le sel !


Enfin, ils atteignirent l’autre côté du lac et retrouvèrent la terre ferme. Ils virent une longue vallée, avec de chaque côté, des falaises gigantesques. Mais l’ogre eut bientôt fini d’aspirer l’eau et de recracher le sel. « Je vais les attraper avant la fin de la journée ! »



t l’ogre arrivait du plus vite qu’il pouvait. Les deux amis traversèrent un petit passage encaissé entre de hautes falaises. « - Accroche-toi, Marie, ce n’est plus très loin maintenant ! Regarde dans mon oreille, et prends ce que tu vois. » Marie en sortit un petit pois, un tout petit pois tout vert. « Lance-le très fort derrière toi ! » Elle le lança dans le passage qu’ils venaient de franchir et là, quand le petit pois tomba au sol, il y eut une énorme explosion. Toute la vallée parut s’enflammer et exploser. Les roches derrière eux tombaient, dégringolant du haut des falaises en direction de l’ogre. Alors le taureau s’arrêta. ~ 35 ~


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« t voilà, Marie, tu n’as plus besoin de t’inquiéter, nous y sommes arrivés ! Mais nous devons retourner sur nos pas. - Revenir en arrière ? Pas question ! - Allez, fais moi confiance» Ils virent bientôt l’ogre coincé sous d’énormes blocs de pierre. Seule son affreuse tête dépassait. « - L’ogre, c’est fini pour toi. Tu te souviens de ce que tu m’as fait ? - Libère-moi ! S’il te plaît, libère-moi ! - Non ! Je ne le ferai pas, pas tant que tu ne m’auras libéré – Tu me libères d’abord !! » Alors l’ogre prononça quelques mots et il y eut un extraordinaire changement… Il n’y avait plus de taureau mais… le plus beau jeune homme qu’on ait jamais vu !! Et il était là, devant Marie. Elle était bouleversée et ne savait que dire.

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« on, je t’ai libéré – maintenant libèremoi !! - Je vais te libérer de tout !! » Le jeune homme prit son épée et d’un coup vif et sec trancha la tête de l’horrible monstre !! Elle roula longuement parmi les rochers.

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« Que s’est-il passé ? » Alors le jeune homme prit Marie dans ses bras. « Écoute, Marie, ma petite Marie, je vais te raconter mon histoire : j’étais l’apprenti de cet ogre qui avait des pouvoirs magiques. Il m’a élevé et m’a tout appris. Mais ces sortilèges étaient maléfiques et je n’en voulais plus. J’ai alors essayé de m’enfuir. J’ai échoué et il m’a transformé en taurillon. Il m’a ensuite amené au marché pour que j’y sois abattu, pour que je ne puisse plus utiliser ses pouvoirs ou les transmettre à quelqu’un d’autre. Mais toi, Marie, tu m’as sauvé et arraché à ce destin épouvantable ! »

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« - Marie, le château de l’ogre est à moi. Il m’appartenait avant qu’il ne s’en empare. Je voudrais que tu deviennes ma femme... nous pourrions vivre au château ensemble ? - Mais, et ma pauvre Grand-Mère ? - Ne t’en fais pas pour elle, nous irons la chercher et elle viendra vivre avec nous. »

Et c’est ainsi que les choses se passèrent.

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