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Giulia Andreani Interroger les liens entre images fixes ou en mouvement et l’histoire

Giulia Andreani Requiem pour un jeune poète

A l’occasion d’une discussion que nous avons eue lors de la préparation de l’exposition, Giulia Andreani, de retour de Meisenthal où grand nombre des travaux présentés ici ont été conçus, a convoqué une référence assez inattendue pour étayer son propos : Le Requiem pour un jeune poète, du compositeur allemand Bernd Aloïs Zimmermann. Créée en 1969, l’œuvre en question est une espèce de patchwork polyphonique superposant des sources hétérogènes où des extraits du Canto LXXIX, d’Ezra Pound sont mélangés à des citations, entre autres, de Joyce, Camus, Benn, Brecht mais aussi de Wittgenstein auxquelles s’ajoutent des bribes d’enregistrements de Mao, Dubcek, Hitler, Goebbels, Jean XXIII et Churchill, le tout enveloppé par un tissu orchestral tramé de sons électroniques et jazz. Le Requiem, rarement donné en concert – il le sera en juin à la Philharmonie de Paris -, évoque effectivement l’esthétique échafaudée depuis plusieurs années par Andreani. Et ce à deux niveaux : à titre individuel, la plupart de ses œuvres se caractérisant par un sens du montage, selon les cas plus ou moins discret, mais aussi dans une perspective intertextuelle, peintures et dessins de cette artiste se répondant et formant un tout, quand bien même dissociable, qu’elle ne cesse d’alimenter. Ce qui rapproche enfin son propos de celui du compositeur allemand est cette manière, presque désinvolte, de conjuguer des sources "légères" et "graves", des références "superficielles" et "profondes". Andreani n’est pas sans le savoir : une fois désolidarisée de son contexte et/ou de sa légende, l’image est un signe suspendu et orphelin sur lequel on ne saurait porter de jugement fiable et encore moins définitif. [...] Les œuvres d’Andreani sont innervées de telles rencontres improbables et autres téléscopages qui désamorcent les références initiales afin de les soumettre à des relectures qui nous incitent à interroger les liens entre images fixes ou en mouvement et l’histoire. Pièces à conviction, documents, fiction et réalité : ces notions sont mises à rude épreuve dans son œuvre. D’où l’intérêt qu’elle affiche pour des genres qui n’ont cessé de se situer au croisement de celles-ci, à l’image du nouveau réalisme italien dont nombre de captures d’écran figurent dans sa base iconographique. [...] Erik Verhagen Extrait de Giulia Andreani. Requiem pour un jeune poète, texte publié à l’occasion de l’exposition personnelle, Tout geste est renversement, Galerie Maïa Muller, mars 2015

http://giuliaandreani.blogspot.fr/

Née en 1985 à Venise (Italie), elle vit et travaille à Paris. Elle est diplômée en peinture à l’Académie des beaux-arts de Venise en 2008 et en Histoire de l’art contemporain à l’Université Paris IVSorbonne en 2011. Elle est lauréate du concours Paliss’Art 2011, nominée au Prix Sciences-Po pour l’Art contemporain en 2012 et a reçu en 2015 le 3e Prix de peinture Antoine Marin. Parmi ses expositions personnelles : En 2016 : Nous autres, La conserverie, Metz ; en 2015 : Tout geste est renversement, galerie Maïa Muller, Paris ; en 2014 : Vestem Muto, Lab Labanque Bethune, Richebourg ; en 2013 : Giulia Andreani, L'Escale, Levallois ; en 2012 : Journal d'une iconophage, Premier Regard, Paris, I shot him down, Musée de la Résistance nationale, L'Inlassable Galerie, Paris, Peintures et dessins, Hôtel du département de l'Eure, Évreux. Expositions collectives récentes : en 2016 : Sobre as Águas, Luciana Caravello Arte Contemporanea, Rio de Janeiro (Brésil), De leur temps V, Exposition ADIAF, IAC, Villeurbanne ; en 2015 : Ça ira mieux demain, galerie ALB, Paris, La ligne rouge, galerie Maïa Muller, Paris, ''Peindre, dit-elle'', musée de Rochechouart, Sans Tambour ni trompette, Artothèque, Caen, Documents 1929-2015, URDLA, Villeurbanne, Furiosités, galerie Frédéric Lacroix, Paris, Ma voix, Le Silo U1, Château-Thierry, Miroir ô mon miroir, Pavillon Carré de Baudoin, Paris, Odradek, Les instants chavirés, Montreuil, Le musée passager, Région Ile-de-France ; en 2014 : Bastion !, Artopie, Meisenthal, Sans tambour ni trompette, La Graineterie, Houilles, Optima mihi in chartis, galerie Römerapotheke, Zürich (Suisse), Ligne de Front, exposition pour la commémoration de la Grande Guerre, NordPas-de-Calais, Des Lucioles, galerie Maïa Muller, Paris, Kabinet d'estampes, Le Kabinet, Bruxelles (Belgique), Silent Faces, galerie 22,48 m², Paris ; en 2013 : Teken Contemporary drawing, Entrepôt fictief, Gent (Belgique), Friends&Family, galerie Eva Hober, Paris, La Belle Peinture 2, Phoenix Les Halles, Ile Maurice.

En résidence en 2015

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