Les patrons ont boudé les élections des chambres de commerce et de métiers

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Tous droits réservés - Les Echos 201021/12/2010P.6France

ENTREPRISES

Les résultats des élections dans les réseaux consulaires affichent une nette baisse du taux de participation, qui passe sous la barre des 20 %. Un risque, au-delà des explications techniques ou sociologiques, pour leur légitimité.

Les patrons ont boudé les élections des chambres de commerce et de métiers D ouche froide pour les responsables des réseaux consulaires. Alors qu’ils attendaient 500.000 votants et un taux de participation de 25 % « pour renforcer encore la légitimité du réseau des

CCI », le scrutin organisé du 25 novembre au 8 décembre dans les chambres de commerce et d’industrie n’aura guère mobilisé plus de 400.000 votants et 17 % des électeurs. « Nous n’avons pas encore

tous les résultats, mais nous sommes déçus », reconnaît-on à l’ACFCI, l’organisation faîtière du réseau. Cette baisse de la participation s’est aussi produite à l’occasion des élections dans les chambres de métiers et de l’artisanat, en octobre : le taux de participation s’est établi à 18,2 %, contre près de 24 % en 2005, qui était déjà en léger repli par rapport à l’édition précédente. Sur plus de 1 million d’artisans inscrits (en hausse de 16,5 % par rapport à 2005), ils ne sont que 193.000 à avoir voté, soit une baisse de 12 % par rapport au scrutin précédent. « C’est un taux de participation trop faible », reconnaît François Moutot, directeur général de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA), qui coiffe les chambres territoriales. « On assiste à une

professionnalisation du vote, qui devient réservé aux militants. Le processus électoral apparaît décalé par rapport au mode d’expression des gens », analyse-t-il. Et de souligner que les enquêtes d’opinion sur l’adhésion des artisans à leur chambre restent favorables. Absence d’enjeu

Au-delà des questions techniques évoquées notamment par les CCI (bulletins de vote livrés avec retard, durée du scrutin plus courte, vote par Internet déficient, réforme du réseau), l’absence d’enjeu semble expliquer une part de la désaffection. Dans les CCI, seules une trentaine de chambres sur quelque 150 proposaient plusieurs listes. Les vocations sont rares, mais les électeurs ont pu penser qu’ils seraient de toute

façon représentés. D’ailleurs, à Lyon, où s’affrontaient des listes du Medef et de la CGPME – qui l’a

emporté –, le taux de participation a atteint 19,7 %. A Paris, où une liste d’union avait été constituée, on ne relève que 6,4 % de votants. Dans les chambre de métiers, la participation moyenne a aussi été plus forte dans les départements où il y avait des listes dissidentes. En Allemagne, fait observer François Moutot, il n’y a pas de vote lorsqu’il n’y a qu’une liste. Mais cette baisse tendancielle de la participation pourrait finir par écorner la légitimité des institutions et nourrir le débat sur une refonte de la représentativité des organisations patronales (lire cidessous). « On ne peut pas mesurer la représentativité sur une élection qui n’a pas pour but de fonder la représentativité », se défend François Moutot. VÉRONIQUE LE BILLON ET DOMINIQUE MALÉCOT


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