Une histoire des Chrétiens en Tarentaise VII

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Cycle d’Ini a on à l’Histoire Régionale

Les 16ème et 17ème siècles

20ème année

Une histoire des chrétiens en Tarentaise / VII (de 420 à nos jours)


Le temps des Révolutions

La carte du monde s’agrandit et se complexifie : il y a d’autres peuples que ceux du « vieux » monde.

Les savoirs peuvent se transme re à une vitesse et en un nombre d’exemplaires jusque là inconnus.


La religion protestante fut fondée par Jean Calvin et Martin Luther en désaccord sur certains points par rapport à lʹÉglise catholique. Ils voulurent réformer lʹÉglise, le dogme et la pratique ; cʹest pourquoi on parle des réformateurs et de la réformation. Un des sujets de discorde est ce que lʹon nomme la querelle des indulgences. Les indulgences étaient un système par lequel les fidèles pouvaient donner de lʹargent à lʹÉglise pour être sauvés de lʹenfer. La logique était alors le salut par les œuvres ; cʹest-à-dire que si lʹon fait une bonne action qui compense nos mauvaises actions, on ira quand même au paradis ; et aider lʹÉglise catholique était vu comme une très bonne action. Les réformateurs, se basant sur la Bible, professent le salut par la grâce, cʹest-à-dire que le salut serait acquis à chaque humain qui a la foi, grâce au sacrifice du Christ. Ils accusent le pape (et les catholiques, papistes) de sʹenrichir avec la crédulité des fidèles, et en contradiction avec le texte fondateur. Ils proposent alors une réforme de lʹÉglise, pour la ne oyer des dogmes trop éloignés du texte. La querelle théologique se double assez vite dʹun enjeu politique : les différents princes européens perçoivent la doctrine réformatrice comme un enjeu de pouvoir vis-à-vis du pape. En devenant protestants, certains États deviennent indépendants des consignes de lʹÉglise catholique, ce qui libère certaines de leurs ambitions. À lʹopposé, certains souverains (principalement ceux dits de droit divin) voient la religion nouvelle comme une menace contre leur propre pouvoir, et sʹy opposent farouchement. Ce fut un moteur des guerres de Religion.


Le Concile de Trente Ce concile fut convoqué par le pape Paul III suite aux demandes insistantes de Charles Quint pour répondre au développement de la Réforme protestante. Il sʹest

tenu

en

trois

fois

(1545-1549,

1551-1552,

1562-1563).

Il devait perme re à lʹÉglise dʹopérer sa propre réforme et de réunir à nouveau les chrétiens. Sʹil eut effectivement le mérite dʹabolir un certain nombre des abus de lʹÉglise catholique et de réviser ses institutions, il aboutit plutôt à la séparation définitive des deux religions. Une réaction tardive à lʹapparition du protestantisme Déjà au XVe siècle sʹétait fait sentir la nécessité dʹune réforme profonde de lʹÉglise et de ses institutions, mais Pie II avait écarté lʹidée dʹun concile général en 1460, ce que confirma Jules II en 1512 au concile du Latran (les vrais problèmes soulevés par la réforme protestante nʹy avaient pas été abordés). La volonté de lʹÉglise était en fait de ne pas précipiter les débats, dʹéviter un concile de crise et de mener au contraire des réformes réfléchies et profondes.


En 1530, Charles Quint qui voyait son empire commencer à imploser sous lʹeffet des querelles religieuses annonça à la diète dʹAugsbourg la tenu prochaine dʹun concile. Craignant de se laisser dépasser, le pape Clément VII le convoqua peu après, mais sans préciser ni le lieu ni la date. Clément VII mourut en 1534 et ce fut son successeur Paul III qui le fixa au 27 mai 1537 à Mantoue. Cependant le duc de Mantoue ayant imposé des conditions trop contraignantes, on le reporta tout dʹabord à Vicence, puis finalement à Trente, petite ville épiscopale du Tyrol italien. Sessions 1 à 8 (13/12/1545 - 17/09/1547) Le pape sʹassura que le fonctionnement du concile lui perme rait de contrôler et dʹorienter les délibérations comme il lʹentendait. Lʹassemblée des évêques (en majorité italiens) nʹavait quʹà approuver des décisions déba ues et proposées par des commissions nommées par les légats du pape. Autant dire que le pontife contrôlait tout.


Les premières sessions furent un échec en raison du décalage entre ce à quoi aspiraient les peuples et leurs souverains, et les sujets abordés par le concile. Les uns voulaient lʹarrêt des abus de lʹÉglise et des réformes complètes de ses institutions alors quʹon fit porter les discussions sur le choix des textes canoniques, sur la justification par la foi et sur les sept sacrements (mariage, baptême,...). En fait, lʹÉglise précisait sa position face à la doctrine protestante dʹune façon très tranchée, mais nʹeffectuait pas son autocritique. En 1547, les protestations répétées des prélats allemands envers lʹautorité papale devinrent si violentes quʹelles amenèrent les légats à faire courir le bruit que la peste était aux portes de la ville, et quʹil fallait déplacer le concile à Bologne (qui bien-sûr se trouve plus au centre de lʹItalie !). Charles Quint interdit à ses évêques de suivre le déménagement et faute de participants suffisamment nombreux, le pape dut prononcer la suspension du concile le 17 septembre 1549. Il mourut peu après.

Sessions 9 à 16 (1/5/1551 - 28/04/1552) Son successeur, Jules III fut prié par Charles Quint de rouvrir rapidement le concile, ce quʹil fit le 1er mai 1551. Les discussions portèrent sur lʹEucharistie, la pénitence, lʹextrême onction, et sur des questions juridiques, tout en jetant lʹanathème contre les thèses de Zwingli et Luther. A la demande de lʹEmpereur, quelques protestants furent invités et certains participèrent aux débats. La représentation de la Saxe arriva un peu plus tard avec à sa tête lʹélecteur Maurice de Saxe, mais contre toute a ente, elle a aqua subitement les armées de lʹEmpereur qui dut prendre la fuite. Le concile fut dispersé et Charles Quint dut signer la paix de Passau, défavorable aux catholiques.


Sessions 17 à 25 (18/1/1562 - 4/12/1563) Le successeur de Jules III, le pape Paul IV se montra fort intransigeant et le concile dut a endre lʹarrivée de Pie IV pour reprendre. Le refus des protestants et des Français de participer à un concile quʹils trouvaient trop lié à Rome retardèrent à nouveau le début des séances. Elles reprirent le 18 janvier 1562 et portèrent sur les livres défendus, la communion et le sacrifice de la messe. LʹEmpereur demanda lʹabolition du célibat des prêtres et la possibilité aux laïcs de tenir le calice, mais ces questions furent renvoyées à lʹarbitrage du pape qui bien-sûr y était opposé. Les séances suivantes traînèrent en longueur, nouvelle tactique de lʹÉglise pour faire taire lʹopposition. Lʹennui et le découragement des participants permirent lʹadoption facile de décrets relatifs au célibat des prêtres, sur le purgatoire, sur lʹadoration des saints et le culte des reliques, sur le jeûne, etc... La fin du concile fut proclamée le 4 décembre 1562, et les décisions furent confirmées par le pape en janvier 1564.

Les résultats du concile ne furent pas ceux souhaités par lʹEmpereur et les peuples de lʹEurope. Le retour des protestants au sein de lʹÉglise était manqué, et au contraire lʹopposition entre les deux religions sʹétait précisé. Cependant, le concile eut le mérite de fixer la doctrine du catholicisme et dʹabolir un bon nombre dʹabus. Ses décrets furent acceptés presque sans réserve dans tous les pays dʹEurope.


Le rite tridentin

Dans la liturgie catholique, la forme tridentine du rite romain, est ce e « mise en œuvre de lʹunique rite romain » qui, codifiée à la suite du concile de Trente, a été employée de manière canonique par la plus grande partie de lʹÉglise latine jusquʹà la réforme liturgique commencée déjà par Pie X et achevée par Paul VI à la fin des années 1960. Lʹadjectif « tridentin » est appliqué à ce e forme du rite romain parce que le concile de Trente dans sa dernière session du 4 décembre 1563 a confié au pape Pie IV la révision du missel et du bréviaire. Le pape suivant, Pie V, a promulgué les éditions révisées du bréviaire le 9 juillet 1568 et du missel le 14 juillet 1570.


La messe pontiďŹ cale tridentine


1497 - 1516, Claude de Châteauvieux

28 avril 1516 - 1559, Jean-Philippe de Groslée (1504-1559)

1560 - 1573, Jérôme de Valpergue (Valpergua). Issu dʹune famille noble piémontaise, le duc Charles III le nomme abbé dʹAbondance.

1573 - 1598, Joseph de Parpaille (†1598) (Parpaglia). Issu dʹune famille noble piémontaise de Moncalieri, il est mort de la peste en 1598.

1598 - 1607, Jean-François Berliet. Il fut conseiller, puis premier président de la Chambre des comptes de Savoie avant de devenir archevêque, à la suite de la mort de son épouse. Seigneur de Chiloup et de La Roche, il a été fait baron du Bourget en 1589 par achat du titre. Il est lʹambassadeur du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie auprès de Henri IV après la signature du traité de Paris, en 1600.

1608 - 1627, Anastase Germonio.

1632 - 1658, Benoît-Théophile de Chevron Ville@e.

1659 - 1703, François-Amédée Milliet de Challes et d’Arvillars.


Jean-Philippe de Grolée « mieux qu’une caricature ? » La famille de Grolée ou Groslée est un ancien lignage noble originaire du Bugey, dont la filiation remonte au XIIe siècle. Le premier Groslée dont il est fait mention est Jacques de Groslée, sénéchal de Lyon, qui vivait en 1180. Cʹest sous son impulsion que fut construit le couvent de saint Bonaventure à Lyon (Couvent des Cordeliers) et cʹest en son souvenir quʹune des rues de ce e ville porte le nom de Grolée. Le château de Groslée d’où est originaire la famille se situe dans le département de lʹAin. Il aurait été construit au XIIe siècle puis restauré au XVe et XVIe siècles. Au XVIIIe siècle il fut démantelé et il nʹen reste que le donjon. Philippe ou Jean-Philippe de Grolée (Groslée) 1504 : naissance 1516 (12 ans) : archevêque-comte de Tarentaise 1520 (16 ans) : le 02 février il reçoit les quatre ordres mineurs, devient sous-diacre, diacre et est ordonné prêtre. 1528 (24 ans) : reçoit la consécration épiscopale 1533 : le pape lui envoie le pallium 1536 - 1559 : 1ère occupation française 1545 - 1563 : Concile de Trente Vers 1536 et jusqu’à sa mort (1559) : installation à la Cour de France Vers 1540 : naissance de Guy, légitimé par Henri II, deviendra seigneur de Doncin. sœur : Michelle

Il aura une


Le Missel de Tarentaise


1530 - Gabriel Pommat, imprimeur à Genève 1er cahier avec le calendrier liturgique 98 folios (196 pages) avec les principales messes de l’année liturgique 168 folios (336 pages) avec les messes des saints.




La mise au Tombeau

« Et tandis qu’on le dépose dans le tombeau, Tandis que les soldats gardent votre trésor, Votre cœur maternel gémit dans l’angoisse, Parce qu’on vous oblige à vous en séparer. » Strophe de la Séquence pour la messe de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, un poème liturgique extrait du Missel de Tarentaise de 1530.


Ensemble de 6 personnages (taille réelle) : le Christ sur le linceul, Nicodème et Joseph d’Arimathie, Marie mère de Jésus, Marie de Magdala et une autre Sainte Femme. Pin cembro ou arole Polychromie restituée (1960) 16ème siècle A l’origine dans la crypte ? Influence des écoles bourguignonne ou champenoise ?


École bourguignonne - Mise au Tombeau de Semur-en-Auxois (vers 1490)

Pierre Antoine Le Moiturier (1425-1497) : Tombeau de Philippe Pot (1428-1493), grand sénéchal de Bourgogne. Provenant de la chapelle Saint-Jean-Baptiste de lʹabbaye de Cîteaux (Côte-dʹOr).


Les chapitres de la cathĂŠdrale


Chanoine : Membre du clergé a;aché au service dʹune église, le plus souvent cathédrale. Il existe des chanoines faisant partie du clergé diocésain (séculiers) et des religieux (réguliers) qui suivent généralement la Règle de Saint Augustin. •

On peut supposer que, dès le 5ème siècle, quelques prêtres ont entouré l’évêque, formant « le presbyterium », en tenant le rôle de conseiller et en assurant le service de la prière dans la cathédrale. Ce sont sans doute eux qui ont donné à la cité le nom de « monasterium » à cause des maisons canoniales dans lesquelles ils vivaient autour du cloître.

Vers 1145, saint Pierre II de Tarentaise réforme son chapitre en lui enjoignant de désormais suivre la règle de Saint Augustin (chanoines réguliers). Les nouveaux chanoines venaient alors du prieuré de Pralognan-la-Vanoise.

En 1251, la réforme n’ayant pas donné les fruits a endus, l’on revient à un chapitre de 20 prêtres séculiers.

En 1257, nouveau changement : Moûtiers va posséder deux chapitres. Un chapitre de chanoines réguliers en la cathédrale et un chapitre de séculiers en l’église paroissiale Sainte-Marie.

Enfin, en 1605, c’est Monseigneur Berliet qui va obtenir une bulle du pape Paul V qui réunifie les deux chapitres dans la cathédrale avec un total de 20 chanoines séculiers ; nombre qui sera diminué à une dizaine de chanoines après la Révolution. C’est également Mgr Berliet qui obtiendra le privilège pour ses chanoines de porter le costume des chanoines de la basilique romaine du Latran : sur le rochet brodé, le costume consiste en un manteau de laine violet sombre, avec hermine de la Toussaint au Samedi Saint, et camail de soie, d’un violet épiscopal, de Pâques à la Toussaint.




Côté nord de la cathédrale : porte (15ème siècle) perme;ant le passage du cloître à l’intérieur de la cathédrale


Anastase Germonio « l’occasion manquée »


Né le 27 février 1551 à Sale (près de Ceva dans le marquisat indépendant de Montferrat)

Études de philosophie et de droit à Turin, où il se lie dʹamitié avec Antoine Favre. Il choisit cependant dʹentrer dans les ordres et devient curé de Sale.

Emmanuel-Philibert de Savoie le fait appeler pour devenir professeur de droit à lʹuniversité de Turin.

Proche de lʹarchevêque de Turin, Girolamo della Rovere (1530-1612), il l’accompagne à Rome, en 1586, lorsque celui-ci est élevé au rang de cardinal, où il reste jusquʹen 1608. Ses talents de juristes en droit canonique sont utilisés, sous les papes Innocent IX puis Clément VIII, pour poursuivre les Décrétales.

Le duc de Savoie le fait de nouveau appeler pour intégrer son administration, en échange de quoi il obtient, en 1601, la seigneurie et le marquisat de Ceva, il refuse cependant les évêchés dʹAstie et de Saluces. En 1608, il est nommé archevêque-comte de Tarentaise.

En 1608, il parcourt tout lʹarchidiocèse et fait convoquer un synode en 1609. Suivront les « Acta ».

Lʹannée suivante, il entreprend des travaux importants sur la palais épiscopal, fait construire une digue pour le protéger des débordements de lʹIsère et améliore lʹécoulement des eaux dans la ville.

Il se lie dʹamitié avec François de Sales.

Il est chargé par le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, dʹêtre son ambassadeur auprès du roi Philippe II dʹEspagne entre 1614 et 1616. Il repart à nouveau en 1619 et cʹest au cours de ce e mission quʹil meurt le 4 août 1627, à LʹEscorial, à Madrid.

Archevêque de Tarentaise pendant 19 ans, il fut absent pendant 10 ans.



Saint François de Sales « évêque auxiliaire de Tarentaise ? » 21 août 1567 : naissance à Thorens 1578 – 1591 : études de droit civil et canonique 1593 : ordination sacerdotale 8 décembre 1602 : consécration épiscopale 6 juin1610 : fondation de la Visitation Ste Marie 28 décembre 1622 : décès à Lyon 1665 : canonisation 1877 : proclamé Docteur de l’Eglise Les deux cousins : François de Sales et Benoît-Théophile de Chevron-Ville;e



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