Atelier 5 nov 2014

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Atelier 5 : l’entreprise, partenaire du raccrochage scolaire Problématique : Face au processus complexe du décrochage scolaire, l’Éducation nationale a organisé à travers la création des réseaux FOQUALE en mars 2013 une stratégie de prévention et de remédiation dans la prise en charge du processus : personnalisation de parcours, retours en formation initiale, repréparations d’examens etc. Pour autant cette réponse interne ne suffit pas et les partenariats avec le monde de l’entreprise s’avèrent incontournables de l’avis général des chercheurs et des acteurs de terrain. Le titre de l’atelier est d’emblée paradoxal et questionné par les participants : l’entreprise peutelle participer à un raccrochage scolaire ou s’agit-il d’accompagnements et de raccrochages alternatifs ? Les trois témoignages apportés lors de l’atelier apportent des réponses et des illustrations diverses et complémentaires à cette question. Nous présentons les trois témoignages des entreprises non pas dans l’ordre chronologique des exposés mais dans la logique des processus de décrochage qui peuvent toucher un jeune dans son parcours scolaire ou sa recherche d’emploi. Témoignage n°1 : Témoignage de Nikita Droin Directeur Général CEO, Association United Way Toqueville France, pour la Fondation Airbus M. Droin positionne l’action de son association sur la promotion de l’engagement citoyen pour le bien commun. Le décrochage est perçu comme un enjeu prioritaire sur le territoire et il s’agit de sensibiliser les entreprises sur ce thème qui les concerne au premier chef : les élèves d’aujourd’hui, dont ceux en voie de décrochage, sont les citoyens et les professionnels de demain. M. Droin insiste sur la conscience du coût financier et psychologique du décrochage pour la société. La fondation Airbus a été attentive à la situation paradoxale de Toulouse qui combine des populations civiles et scolaires assez hétérogènes, le plus souvent assez favorisées mais dans certains secteurs en grande précarité comme dans le quartier du Mirail. Le choix est fait d’aller vers les populations scolaires qui en ont le plus besoin et d’avoir une politique de « compensation ». La mission que s’est donnée la Fondation Airbus, au titre de la contribution de la société civile à l’Ecole, est de donner envie à l’élève de rester en classe, d’apprendre et même de le faire « rêver ». Le programme « Flying challenge » travaille dans un 1er temps autour des centres d’intérêt des élèves, cherche à les valoriser dans leurs réussites et bien sûr à leur transmettre le goût de l’effort dans le travail. Ces valeurs essentielles sont transmises à travers le témoignage de 60 professionnels d’Airbus - soit 6500h d’engagement -le tutorat de 47 étudiants universitaires et leur participation à des ateliers complètement co-construits avec les équipes enseignantes. Cet engagement auprès des élèves de collèges mais aussi des parents est ancré dans un partenariat avec les associations présentes sur les territoires. Pour preuve de l’efficacité de ce programme, il est à noter que tous les élèves de troisième ayant bénéficié de ce programme sont passés en seconde et qu’une demande nouvelle d’accompagnement est venue des lycéens qui souhaitent une continuité de ce programme au lycée.

Témoignage n°2 : M Manuel Velasquez, responsable des Missions Locales Haute-Garonne La mission locale intervient comme partenaire de FOQUALE dans sa participation à l’accueil commun des jeunes décrocheurs sur la Plateforme de Suivi et d’Appui aux décrocheurs (PSAD). Dans le cadre de cet entretien mené en présence d’un conseiller d’orientation psychologue, d’un coordonnateur MLDS et d’un Conseiller Mission locale, un diagnostic commun est posé qui va déclencher une prise en charge personnalisée du jeune décrocheur en fonction de son profil. En Haute-Garonne, la mission locale accompagne 6% des jeunes passés en accueil commun et parmi eux, 32% sont des mineurs, en grande majorité des garçons, et 77% ont un niveau de qualification inférieur à un niveauV. Beaucoup de ces jeunes ont râté ou plus exactement « subi leur orientation ». La mission locale s’attache à avoir une « vision globale » du processus de décrochage et cherche ainsi à accompagner le jeune dans la prise en compte large de ses facteurs de décrochage. Elle n’hésite pas à travailler avec les associations sur le terrain comme les comités d’habitants qui apportent une connaissance des conditions de vie sociale et culturelle des jeunes. Elle ne propose pas seulement au jeune tel ou tel dispositif d’insertion mais accompagne le jeune vers une nouvelle construction de son

Quels raccrochages au sein de l’Éducation nationale ? Pratiques et partenariats – 13 novembre 2014


parcours. Les facteurs d’accompagnement et de temporalité sont essentiels dans la reconstruction du jeune. Témoignage n°3 : Mme Gwenola Pasquiou Directrice de l’Emploi Groupe EDF Mme Pasquiou présente la politique du Groupe qui, en matière d’insertion professionnelle de jeunes sans qualification, fait clairement le choix de l’alternance. Cette offre est ouverte à des jeunes de plus de 18 ans, sans niveau de qualification et intéressés par l’offre de métiers techniques de l’entreprise. C’est 150 jeunes annuellement qui peuvent bénéficier de cette embauche et de cette formation à un niveau CAP. Les jeunes concernés sont identifiés à partir des réseaux Missions Locales, à différents stades de leur prise en charge. Pendant toute la durée de la formation, le jeune et EDF resteront en partenariat avec les Missions locales. L’entreprise en effet ne peut agir sur les conditions de vie du jeune, alors que les missions locales prennent en compte cet environnement dans la prise en charge du décrochage. L’accompagnement du jeune, à la fois par les Missions locales et le tuteur EDF est primordial. Le choix des tuteurs est stratégique : le tuteur est un volontaire, reconnu dans l’entreprise pour sa compétence et suffisamment ouvert pour pouvoir accompagner et sécuriser des profils de jeunes très différents. Il y a une charte du tuteur qui implique un accueil de qualité, un suivi régulier des activités du jeune jusqu’à l’obtention du niveau de qualification c’est-à-dire du contrat d’apprentissage. Simon Bressolles, président de l’AFDET évoque le parrainage et l’accompagnement effectif et réussi de PME/PMI, chaque année, dans les processus de raccrochage de jeunes. Dans les différents témoignages recueillis, les témoins n’ont cessé d’attirer notre attention sur l’importance de l’âge du jeune dans les processus de décrochage puis de raccrochage : on ne « raccroche » pas un jeune dans sa scolarité comme on « raccroche » un jeune adulte à un parcours d’insertion professionnelle. A chaque expérience correspond un accompagnement humain et professionnel engagé mais qui varie en fonction de l’âge du jeune et de ses facteurs personnels de décrochage. La variété des accompagnements présentés par l’entreprise ouvre une voie optimiste dans les possibilités de partenariats avec l’Ecole, qu’il s’agisse de remotivation scolaire, de transition entre Ecole et Entreprise ou d’insertion professionnelle.

Quels raccrochages au sein de l’Éducation nationale ? Pratiques et partenariats – 13 novembre 2014


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