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Franck Goldnadel, directeur des aéroports de la Côte d'Azur n

FRANCK GOLDNADEL

« L'AÉROPORT EST PRÊT POUR LA REPRISE DÈS QUE LES FRONTIÈRES ROUVRIRONT »

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n INTERVIEW. ARRIVÉ DANS LE COCKPIT DU 2E AÉROPORT DE FRANCE AU CŒUR DE LA CRISE SANITAIRE, LE NOUVEAU DIRECTEUR A VITE PRIS SES MARQUES. IL FIXE LA FEUILLE DE VOL DU REDÉCOLLAGE, ATTENDU PAR TOUTE L'ÉCONOMIE AZURÉENNE.

Autant dire qu'il n'a pas pris la direction du groupe Aéroports de la Côte d’Azur - qui gère les aéroports Nice Côte d’Azur, Cannes Mandelieu et Golfe de Saint-Tropez - au moment le plus facile... Ancien directeur des aéroports de Paris CDG et d'Orly, Franck Goldnadel a pris les commandes le 1er octobre dernier. En pleine tempête Covid. Depuis, il a eu l'occasion de s'imprégner pleinement du contexte azuréen, d'ajuster les perspectives de reprise, l'œil fixé sur le baromètre de la pandémie et surtout, de tenir la plateforme prête au redécollage dès que la situation sanitaire et les décisions politiques permettraient une reprise progressive. Comment l'aéroport anticipe-t-il la reprise d'activité ? « Un état des lieux d'abord. Nous avons connu un point bas dans les trois derniers trimestres 2020. Le choc a été particulièrement lourd lors du premier confinement avec un trafic qui s'est carrément arrêté. Sur l'année, la perte d'activité a été énorme : 68 %. Nous sommes passés de 14,5 millions de passagers en 2019 à 4,6 millions en 2020. Aujourd'hui, nous n'avons pas encore connu de reprise en raison d'un nouveau confinement. Mais ce qui nous rend optimistes, c'est que le trafic reprend dès que les conditions sanitaires s'améliorent et que les restrictions se desserrent.

«Nous devons permettre aux touristes d'affaires comme aux autres touristes de venir, aux entreprises de se rendre sur leurs marchés à l'étranger, aux parfumeurs d'exporter leurs produits, aux Azuréens de voyager… »

© DR «Nous avons travaillé pour accompagner la reprise du trafic aérien cet été. En fonction des restrictions sanitaires, nous avons pu mettre au programme plus de 90 destinations vers 37 pays, avec plus de 1 000 vols par semaine »

L'été 2020 nous en a donné un exemple avec une reprise d'activité axée sur le trafic domestique (30 à 40 % en dessous de 2019). Même chose à Noël. »

Quelles priorités pour adapter la plateforme au contexte ? « Face à la crise, nous avons donc cherché à maintenir les équipements et garder nos compétences, afin d'être 100 % prêts à repartir immédiatement. Pour nos salariés, nous avons signé en décembre un accord APLD (Activité Partielle de Longue Durée). Nous avons travaillé avec nos prestataires de services (société de sécurité notamment), avec les commerces pour qu'ils puissent passer le cap et rester présents à nos côtés. »

Quel rôle dans la stratégie de relance du département ? « Le rôle de l'aéroport, c'est d'être au service du territoire. Nous devons permettre aux touristes d'affaires comme aux autres touristes de venir, aux entreprises de se rendre sur leurs marchés à l'étranger, aux parfumeurs d'exporter leurs produits, aux Azuréens de voyager… Nous sommes au service de tous les acteurs économiques du territoire et jamais l'aéroport ne sera un frein. C'est la porte d'entrée de la Côte d'Azur et cette porte ne peut être fermée. Nous avons travaillé ainsi pour accompagner la reprise du trafic aérien cet été. En fonction des restrictions sanitaires, nous avons pu mettre au programme plus de 90 destinations vers 37 pays, avec plus de 1 000 vols par semaine au cœur de la saison et nous rapprocher des 1 400 de 2019. Nous pouvons même espérer, sous réserve des ouvertures de frontières, une reprise des long-courriers intercontinentaux sur New-York et Dubaï. Je tiens à souligner d'ailleurs l'exceptionnelle agilité dont a fait preuve le transport aérien, qui a su s'adapter immédiatement à des réouvertures de ligne ou à des pointes de trafic dès qu'un marché se rouvrait. »

Quels seront les futurs axes de développement ? « L'aéroport a continué de se développer. Actuellement, trois bâtiments sont en construction : l'un pour loger les gendarmes de la Direction Générale de l'Aviation Civile ; le second pour un hôtel Sheraton 5 étoiles ; le troisième pour des bureaux. En dépit d'une forte baisse de notre chiffre d'affaires, nous n'avons pas arrêté les investissements. Mais nous avons dû les réduire (40 M€ en 2020 et en 2021 contre 70 M€ annuels auparavant). Nous avons donc décalé ce qui n'était pas essentiel. Trois types d'investissements ont été sanctuarisés : la sécurité, la mise aux normes et les projets visant à réduire l'impact environnemental. Pour le reste (travaux d'amélioration, installation de nouveaux services) nous avons ralenti. »

Quid du projet sur le Terminal 2 ? « L'extension est devenue moins urgente, mais reste nécessaire pour accueillir les voyageurs dans le meilleur confort. Notre permis de construire a été attaqué en référé, nous attendons le jugement sur le fond. Parallèlement, nous continuons à améliorer le projet pour apporter à l'horizon 2024-2025 la meilleure expérience client possible. Celle qui soit à la hauteur de la Côte d'Azur et participe à son attractivité. » n RENCONTRES ÉCONOMIQUES ET TERRITORIALES : L'AÉROPORT MOTEUR DE L'ACTIVITÉ AZURÉENNE

A quand le redémarrage ? Cette question était au cœur des dernières Rencontres Economiques et Territoriales de l'UPE06. Sur le thème "Aéroport Nice Côte d'Azur : les pistes de la reprise d'activité", elles se sont tenues en visio-conférence début avril, en plein dans le 3e reconfinement. Le trafic était alors retombé à son bas étiage (30 à 40 mouvements par jour, soit 20% des mouvements habituels), mais le message des responsables de la société aéroportuaire restait le même : l'aéroport se tient prêt pour la reprise.

Sur ce redémarrage, Franck Goldnadel, président du Directoire de la société aéroportuaire, se montrait optimiste. « Nous n'avons jamais été aussi proches d'une reprise d'activité dès lors que la vaccination aura suffisamment avancé et que des décisions politiques auront été prises entre les pays. Cet été, nous prévoyons un trafic entre 50 et 60 % de celui de l'été 2019. Sur l'année 2022, nous espérons remonter le niveau à 80 %. Je pense même que Nice sera l'un des premiers aéroports à retrouver le plus rapidement le trafic de 2019 à un horizon estimé autour de 2023-2024. » Une solide confiance qui, pour lui, s'appuie sur l'attractivité et le dynamisme économique du territoire. Mais une attractivité et un dynamisme intimement liés à l'activité de l'aéroport. n