Trois anciens poèmes… de James Sacré

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Trois anciens poèmes mis ensemble pour lui redire je t’aime


Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre © Cadex Éditions, 2006 ISBN 2-913388-56-6


James Sacré

Trois anciens poèmes mis ensemble pour lui redire je t’aime Vignette de couverture dessin de Yvon Vey

Cadex Éditions



à Mary



La femme et le violoncelle


La femme et le violoncelle dans la parole ronde de la musique, comme dans une saison d’arbres

Il y a la légende douce d’un feu doux dans la douceur du jour — et le visage heureux de la femme est contre le bois du violoncelle et ses mains dans le dessin des cordes

La femme et le violoncelle font un geste grave de musique

La chambre fermée, le lieu simple de la cuisine, la mémoire, deviennent un lieu naïf de fleurs et de feuilles, un lieu grave de ferveur et de forêt

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La femme est longue comme la longueur douce du violoncelle, longue et dessinée dans sa forme longue

L’endroit de largeur dans les hanches est doux tranquille et doré blond, doré roux — la femme prend l’homme dans ses jambes et c’est ce même geste grave de musique

doré roux doré blond l’été roux l’été blond

Un homme comme un arbre dans ses jambes et l’arbre remue

La femme est longue et profonde dans sa longueur, la femme est simple, couchée, comme un volume de musique

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La forêt levée dans l’automne brûle les violoncelles

C’est un bel incendie de musique et de lumière et d’arbres doux, de feuillages

doré roux printemps roux vu le loup sexe roux

Le visage de la femme est simple et contient de la lumière

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doré roux doré blond l’été roux l’été blond

doré roux printemps roux vu le loup sexe roux

vu le loup les violons, la paille est blonde et douce et rêche

sexe roux sexe blond cheveux roux les yeux blonds

toute la mémoire de l’homme est comme un grand violoncelle avec ses couilles chaudes dedans

Alors cette rencontre précise et juste des jambes blondes de la femme

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Le visage est gonflé de musique et penche et revient et sourit douce la lèvre, et les pommes douces et rouges qu’il y a sur la crédence du dictionnaire ou dans l’herbe du jardin

( l’idée qu’on a du vent qui longe la lon longue et contournée de la femme quand m é m o i re de l’homme ; toutes ces analo du désir, ne sont pas inutiles et font pent dans le tumulte intérieur de la haute de musique et de paysage ; l’amour d’imagination ; les couilles pèsent :

La chambre douce s’ouvre et devient un beau théâtre, et grand, tout compliqué de simplicités parfaites

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verger roux vergers blonds vu le loup les violons

gueur des plaines dessine aussi l’éclisse elle est posée sur l’horizontal de la gies, confuses et naissantes dans la venue que certains gestes de la main déve l o p chair et du sentiment une ordonnance est peut-être dans cette faculté active elles pensent)

L’homme re n t re en marchand dans le violoncelle qui chante et voilà qu’il est debout, contre les pommes douces, le visage, debout solide avec sa verge heure u s e bien serrée dans la musique 15


Le violoncelle bouge

longtemps

On pourrait parler aussi de l’eau et des pivoines, ou du pavot : ce rouge tout nourri de noir

J’ai la fureur d’aimer le lieux doux et dur au centre de la femme ! au centre d’une femme !

Oh ! je vais casser tous les violons, tous les tambours ! je vais venir ! dans son pavot, dans ses pivoines qui se ferment ! les images sont tellement simplistes mais sûres

Et tout reste suspendu au centre de ce grand violoncelle baroque qui oscille

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Le sexe rose et roux veille dans les jambes longues

C’est cela la lumière du visage ; la hanche dessine autour le volume doux, le renflement du ventre

Le cœur du violoncelle est noir ! Oh ! mes broussailles, mes vipères ! et l’argile !

La jambe peut se lever plus haut que le visage curieux et c’est là, sous le rose et roux, le rouge et noir et l’odeur, et les pressions savantes, les fureurs !

Le cœur du violoncelle est noir et la longue patience du visage

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Puis le départ : c’est toute une concordance baroque de musique et de forêt ; alors il devient nécessaire pour exprimer cette progression dans le volume, un développement de l’espace et comme une vivante ouverture du violoncelle, et laborieuse, aisée, autant que le furent les bois et les feuillages qui construisirent la forêt, de démêler dans une phrase longue des mots qui ne finissent jamais dans la limite de leur écriture — tout cela rappelle un travail de cheve l u re que l’on peignerait, l’idée qu’on a du vent qui longe la longueur des plaines et la musique sur un ton haut, tenue longtemps dans une façon simple et précieuse autour de la forme fabuleuse du violoncelle

Puis la femme déroule l’infini de sa rêverie et l’infinie présence rose de son corps au bord de la chambre, et dort

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Le violoncelle est mort au bord de la forêt — au bord de la chambre ; la forme est douce dans sa mort ; la femme heureuse rêve et voit

Le visage est rose et gonflé comme une fleur après la pluie, comme une forêt gonflée après la pluie — on pourrait parler aussi de l’eau et des pivoines

Et le violoncelle est mort au bord de la chambre, mort et vivant doucement dans sa mort

La femme est belle dans ses rondeurs et doucement vivante au bord de la chambre

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C o n t re les pommes douces toute une enfance se re nverse et roule dans le demain d’aujourd’hui

Il n’y avait rien de toute cette histoire de la femme et du violoncelle dans la géographie simple du jardin ; juste le savoir de l’enfance prenait mesure des pommes et des pivoines et mesure du geste haut des branches

(il n’y a peut-être rien non plus de ces pommes douces ni de ce jard i n dans l’histoire imaginaire de la femme et du violoncelle ; cependant l’enfance vient de ce côté-ci de la mémoire et les pommes dans l’ i m a g ination)

Cela donne une consistance au poème et le pousse dans l’ a venir ; puis j’ai du plaisir à m’installe là dedans pour rêver…

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Autour de la forme fabuleuse du violoncelle (l’arbre du monde est l’ a r b re d’un pays d’enfance) le vouloir et la colère de l’expression s’acharnent

On peut savoir que les arbres sont aussi des violoncelles ou des contrebasses éclatées ; les plus pernicieuses putains dorment leurs jupes ouvertes dans les prairies

Cela dresse debout des images concrètes et compliquées ; il faut s’orienter dans les formes fabuleuses de la musique

Cependant il reste toujours cette impression qu’on reste perdu à l’intérieur d’un autre violoncelle plus à l’extérieur, et c’est qu’on est simplement perdu dans le jour et dans les arbres 21


verger roux vergers blonds sexe roux sexe blond

rien d’insolite ; simplement du merveilleux de carton ou de mémoire ; du théâtre et le plus extravagant : ce qui explique la légende et le baroque du réel

paille à loups jardins roux jardins blonds 22


Ce lieu naïf de fleurs et de feuilles est le jardin de la mémoire

La Dame à la Licorne y rêve les plus belles amours et les plus folles f u reurs, la parole ronde de la musique verse des pommes rouges dans les joues et l’enfance vient de ce côté-ci de la mémoire

Tout cela, ramassé dans le beau volume sonore et compliqué de la mémoire (ce lieu naïf de ferveur et de forêt), nourrit le beau violoncelle de la mémoire.

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La transparence du pronom elle



Elle est le visage qu’est l’herbe des prés le soir. Je veux marcher dans ses joues de terre tendre. Je veux savoir ce que c’est ce silence des prés en automne et pourquoi le vent est si près des terres le soir.

Elle joint dans l’herbe l’homme et le monde.

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Contre de la musique de bois brun, dans le paysage qui marche et les prairies attentives, il y a un mouvement de couleur. C’est presque rien bien sûr de dire cela mais c’est dans la mémoire comme une très vieille très continue musique ; le paysage est comme tout un orchestre debout.

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Il fallait marcher dans sa pensée jusqu’à ce lieu de silence et de prairies.

Il y a dans des herbes de saisons anciennes des choses couchées comme des violons et des violoncelles et comme des visages sans sourire.

Il faut rester longtemps près des arbres qui ne bougent pas. On ne sait pas. Il n’y a peut-être rien. Mais quand même c’est comme à une extrémité de soi et contre ces formes d’ancienne musique.

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Mais là où l’on peut poser sa main comme dans du soleil. (les buissons, les prunelliers près du printemps, des poignées, des peignées de foins). La futaie dans ses jambes.

Alors le langage piège ses adjectifs. (doux tièdes, où dort, et serrée, tendre , une syntaxe).

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Pluie douce.

Passage d’une pluie sur le sexe vert irrigué des jardins ; l’air est tout gonflé comme une poitrine d’oiseau.

Les jardins s’ o u v rent comme des pez i ze s ve rtes ; les pluies dorment dans la hauteur du jour. Et toi mon amour marches avec des jambes d’ a r b res sur le visage heure u x des maisons.

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(Est-ce une femme ? — peut-être la souplesse du pronom elle, une jambe, une fesse et le roux des tuiles). Mon amour qui n’est presque rien qu’un peu de trèfle rouge dans tes seins. Mon amour contre moi.

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Dans la lumière d’un chapeau de paille un homme à travers une femme. (La vo i t on rêver définir une lumière ?) Chose fine à l’extrémité d’une élégance de langage elle re g a rde elle dessine un jardin. Elle enlève à travers une paille des transparences.

(Le clair et le tremblé dans une qui regarde). Comme simples des couleurs dans quelques lignes de dessin.

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Te r res déliées dans les pluies : il semble que toute chose soit belle et douce à dire.

Il y a qu’un homme fournit du foin à des bêtes de peau souple dans des prés loins. Et les routes passent plus haut vers les plaines. Il y a que ce mouvement de travail est silencieux et qu’il participe d’une grande rêverie des prés, et les routes passent plus haut vers les plaines et parlent au voyageur pressé de ce mystère sous-jacent, cette déliaison va s t e du monde à partir d’un geste d’homme qui travaille.

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Tout cet automne serré contre nous, tout ce temps serré

mon amour, tout cela serré dans la mémoire, les enfances minces la remembrance loin des arbres. Mon amour nous sommes là tellement perdus dans la pluie droite, tellement loin des pays d’autrefois.

Je me souviens de bêtes dans leur fatigue, couchées très loin des fermes dans les herbes.

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La femme, la belle automne, mon sexe roux, mon écureuil craquant et doux, la belle automne intérieure !

La femme est belle et profonde et réelle comme de la forêt. J’ai le désir et la peur qu’ont les enfants au bord des bois — il faut naître dans l’herbe.

Des vaches vêlent parfois au bord de la nuit dans des pâtures éloignées des fermes et c’est un glissement mouillé du veau sur l’herbe.

Soir. Il semble qu’un animal va passer sa langue râpeuse sur cela, la terre souple douce comme un ventre.

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Il y a qu’elle est sans poids et primordiale comme la lumière ou comme l’ouverture à taille d’homme d’une maison.

Il y a passage d’un sourire (et d’une vie) — elle est dans une attitude de femme — à l’ é c r i t u re d’un poème, d’une parole qui n’était pas encore dite dans le dessin du sourire.

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Visage de ve r re et la lumière est prise dans l’épaisseur du grain. Il y a dans l’intérieur du corps heureux comme un jeu m o u vement de mobile. On sait qu’il faut regarder, devenir.

Il pleut sur la terre et c’est comme sur un visage. Le bruit tendre heureux de la pluie est comme la conversation d’un regard sans brisure ni rythme de parole. Je me souviens ailleurs de la naissance et du maintien d’un chant religieux haut serré comme une pluie de fin d’été.

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Ma femme est belle et violemment belle comme un violoncelle. Ma femme aux fesses de bois tendre, aux seins serrés dans sa forme de femme, ma femme comme un violoncelle.

Ton visage est comme une neige et comme un sourire de verre.

Il y a des mouvements d’oiseaux rouges dans les ombres. Le jour tremble et, c’est très loin ce sourire de ve r re. Silence et neige sans mains.

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Le visage de la femme est fin comme une feuille. Elle joint dans l’arbre l’homme et le monde.

J’ai su qu’elle s’ a vançait dans la transparence et vers l’automne (mais c’est peutê t re une fin d’été verte). Il y a eu la nécessité d’écrire une phrase qui fût de la lumière et de l’herbe.

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Le taureau, la rose, un poème



Avec sa fesse en feu souple en soie la femme Son visage en linges doux avec ses dentelles Son foin les odeurs sa fouine tiède elle Travaille à des treillis miraculeux des trames

Elle trame un piège au monde et mine ses atours (mime ses amours)

Lui crâne ses forêts tombent.

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Belle elle est la rose

À cueillir au rosier, la projet d’un poème : Qu’elle porte une épine au cœur de sa splendeur Le désir en fleurit davantage d’ardeur De jambes de soleil dans le jeu du poème.

La rhétorique est belle et belle elle déroule Le souci rose et rouge et ruisselant l’amour Les diamants les jardins Dans le printemps rêvé que les rosiers déroulent :

Un taureau rouge y boit dans l’ombre des rosiers.

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La rose arrive au jour éveille le langage La mémoire au printemps le jardin dans le jour (Parenthèse alors où tremble un cœur un orage Dans le cœur enfermé — ferment depuis quel âge ?) Elle prend place au centre et définit l’amour La rose,

La rose est la source Le centre du temps Le soleil la trousse Pour mourir dedans

Un taureau rouge attend dans l’ombre des rosiers ; Elle ouvre sa fontaine et naïve l’arrose.

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Alors le taureau vient, il enjambe le jour (L’avenir la légende irriguent le même âge Un poème pareil une patience autour, Où s’acharne ou rougit le taureau dans l’amour) Le temps meurt qu’on le lache et la rime et l’orage, Tout le centre du cœur, le centre du langage !

La rose irrigue un jour Irrigue un taureau rouge Elle est dans les jardins Elle a dans les jardins Patience pour l’amour Patience et nacre rouge La rose irrigue un jour Irrigue un taureau rouge

Elle ouvre sa fontaine et naïve repose Au centre d’un taureau terrible en elle et lourd Il va venir il va rougir son sexe rose. Un taureau rouge attend dans l’ombre de ses roses.

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( rouge et des mouvements d’orage) Il espère il nourrit un seul désir autour D’amours en feu fabuleuses dans l’âge De ses forêts d’enfant ; métaphore et langage Il écrit il irrigue et la rose et le jour. Il a les membres tout envahis par l’amour.

Le taureau dessine Un geste précis Et rouge assassine Le monde et midi

Il a les membres tout Des rosiers sous la jambe Les phrases qu’il attise érigent des printemps.

Il ouvre sa mémoire à l’avenir du jour. La rose le regarde et naïve l’arrose. Enfin bondir au cœur effaré de l’amour ! Mais le taureau mesure un désir et le dose.

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Lenteur et l’impatience, et soudain Charge raidie long rose taureau qui va précis dans le cœur du tendre — juste après que le voilà serré tenu dans, juste après ce geste pris par le tendre, serré Ah , la femme ! oublier tout, taureau défait midi l’assassinat du monde !

(Longtemps les chevaux pèsent dans les juments leur membre lourd dans l’épaisseur dans la douce pro f o ndeur des juments.)

La rose raie l’âme irrigue un poème.

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Et la rose regarde elle inflige l’amour Elle fleurit au cœur du taureau de l’orage Elle ose vivre encore elle allège le jour (Sait-elle qu’elle est, baroque et précieuse, autour, Au centre du poème, un prétexte au langage ?) Légère elle est légère elle ignore son âge.

La rose irise alors l’aurore et l’or du jour Triche au jeu du poème offre et piège une ruse Fout le rouge à l’amour Ramène le désir au lieu du rêve et l’use.

Ses rosiers sous la jambe — taureau, Tout le dessin pesant pesant et fin de l’appareil génital tranquille tremble (peut-être) — ou c’est le jour dans l’été ou la parole du poème.

Et la rose regarde et naïve l’arrose Elle fait un soleil à son beau sexe gourd Mais le taureau mesure un désir et le dose Il parfait son poème il en refait le tour.

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Le jardin l’a fleurie le jour lui rêve un âge Elle est enfin le monde ouvert, elle est l’amour : Ouverte elle est naissance et la mort du langage. Elle devine elle délivre en nous l’orage, Le taureau dans le cœur, elle s’active autour : il faudra bien faillir et mourir dans le jour.

Arrhize au cœur du jour au cœur d’hier elle ose Parvenir à prouver l’extrémité l’airure L’épine son errance au cœur du taureau dur.

Il va venir, il va flamber ! Mieux laisser le poème et les mots maladroits : Un taureau rouge attend dans l’ombre des rosiers.

Elle fait un soleil à son beau sexe gourd Elle ouvre sa fontaine et naïve repose. Il parfait son poème il en refait le tour Il va venir il va rougir son sexe rose. 50


Elle roule sa fleur et son nom dans les mémoires

Elle a la forme Souple du pronom elle

Elle est simple Elle a pris le temps d’être Une rose

Elle a plié tout le jour Dans son cœur La rose

Elle a ramassé sagement le jardin Elle regarde

Elle joue elle a peur Elle aime la couleur et le noir du taureau

Elle présume le rouge au centre de l’amour. 51


Alors le taureau vient il s’exaspère autour (Et le poème aussi harcèle le langage) Le jardin les prairies sont passage à l’amour Piège dans la mémoire et danger dans le jour Depuis toujours d’avant les verts du premier âge Quel taureau va bondir ! (Quel désir dans l’orage !)

T’as des bégonias Plein les jambes plein Le dessous des bras D’autres dans les seins.

Il rêve qu’il érige un rouge à porter dans, fureur Les membres envahis par un tremblement, les mots Vont-ils savoir ouvrir Et porter le poème ouvrir le cœur au temps ?

Un taureau rouge attend dans l’ombre de ses rouges.

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Il croule il crie, éros aux rives du langage. Savoir si le temps ferme ou ranime le jour ? (Il tremble et son désir peur et joie dans l’orage Lui rajeunit des reins des jambes de quel âge !) Il est au centre, au centre, il foudroie l’amour Il foudroie la rose au centre et le monde autour.

La rose :

Elle ouvre sa fontaine et belle elle est la rose.

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Ah, la femme on veut fleurir comme un verger dans toi fleurir avoir des branches avoir des fleurs dans toi avoir tes roses. On veut venir la femme on veut fleurir on veut comme un verger fleurir avoir tes roses. Il faut tes jardins tes fesses douces, il faut mourir. Poème et des vergers taureau comme un dommage on veut, on a sa verge haute on va venir. On va fleurir, allez, la râpe douce la femme tes jardins tes vagins doux l’homme plus doux davantage patient désir qui racine dans son cœur dans sa mémoire . Taureau qui meurt.

Après l’emportement des mots, taureau qu’on oublie, midi, l’assassinat du monde : ça serait midi longtemps, le monde.

(Les chevaux pèsent dans les juments leur membre lourd dans l’épaisseur dans la douce profondeur des juments.)

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La rose est la source Le centre du temps Le soleil la trousse Pour mourir dedans

T’as des bégonias Plein les jambes plein Le dessous des bras D’autres dans les seins

Le taureau dessine Un geste précis Et rouge assassine Le monde et midi.

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Ces poèmes sont déjà parus : La femme et le violoncelle, avec un dessin de Pierre Bugeant, Promesse, 1966. La transparence du pronom elle, avec des burins de Yvon Vey, Chambelland, 1970. Le taureau, la rose, un poème, avec des pastels de Denise Guilbert, Cadex Éditions, 1990.



Du même auteur (livres récents) Si peu de terre, tout Le Dé bleu, 2000 Écrire à côté Tarabuste, 2000 Cœur élégie rouge rééd. André Dimanche, 2001 Une petite fille silencieuse André Dimanche, 2001 Monsieur l’évêque avec ou sans mitre avec des dessins de Edwin Apps, Le Dé bleu, 2002 Mouvementé de mots et de couleurs avec des photographies de Lorand Gaspar Le Temps qu’il fait, 2003 Un reste de fruit qu’on a mangé avec une photographie de Jacques Clauzel À travers, 2003 Les Mots longtemps, qu’est-ce que le poème attend ? Tarabuste, 2004 La Mémoire de personne avec une eau-forte de Richard Texier C. D’hervé Éditeur, 2004 Sans doute qu’un titre est dans le poème Wigwam, 2004



Achevée d’imprimer en février deux mille six sur les presses du Temps qu’il fait à Cognac, l’édition originale de Trois anciens poèmes mis ensemble pour lui redire je t’aime de James Sacré comprend sept cents exemplaires sur vergé.



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