Buz Buz #45 by BuzBuz

GRATUIT I ÉDITION

I 03 I 22

Une vague de saveurs...

... et plein d'idées recettes.

Le pêcheur Créole

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Réunimer

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ÉDITO

LA QUÊTE De tout temps, l’homme était en quête. D’abord en quête de moyens de survivre, il a ensuite cherché les moyens de comprendre : il était en quête de réponses face au mystère de la vie et face à l’inconnue de la mort. Puis, encore après, en quête d’afﬁrmation de soi, de pouvoir, de terres à conquérir, d’aventures, d’argent mais aussi en quête d’amour. Marcel Proust était lui “À la recherche du temps perdu” ; il a passé seize ans de sa vie à décortiquer la mémoire et le temps, la quête d’une vie. Deux ans après l’arrêt du monde, tout le monde semble être en quête de quelque chose : peut-être d’un signe, un peu d’espoir, mais surtout de sens. Trouver le sens derrière la violence, derrière l’individualisme, derrière le capitalisme, le dérèglement. Trouver du sens à ce que l’on fait et sa place dans cette société. La quête d’une vie, encore. Mais tout le monde n’est pas Marcel, alors pour trouver l’essence il faut prendre le temps : le temps d’écouter les anciens, de croire en la jeunesse, prendre le temps de se souvenir d’hier, prendre celui de rêver demain, et prendre le temps de faire et de ne rien faire. “Et si la liberté consistait à posséder le temps ?”

Laurie Ferrère Rédactrice en Chef

sommaire

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8 Société

Depuis juillet 2020, les murs des rues de l’île de La Réunion se parent d’un nouvel art quelque peu subversif : le collage féministe. Si la pratique n’a rien de culturel en soi, elle interpelle et interroge sur une réalité cruelle.

12 Portrait

Franswa Tibère est connu comme l’un des plus grands tisaneurs de l’île de La Réunion. Mais derrière son savoir des plantes médicinales de l’île, c’est une mémoire et une tradition que le sage transmet à chacun.

14 Le nez dehors

Si l’île intense possède de nombreux sommets et reliefs aux paysages exceptionnels, son sous-terrain cache lui aussi de véritables merveilles. Immersion.

28 V.I.P.

2022 marque le retour de Maya Kamaty avec un nouvel EP baptisé “SOVAZ”. L’artiste indépendante se veut encore plus femme ; donc plus forte, plus puissante et toujours aussi indomptable. Elle raconte ses textes.

30 The place To Be 28

À quelques pas du lagon de Saint-Pierre, on retrouve Sarah, restauratrice de père en fille. “Ô Convivial”, c’est un lieu authentique dans le Sud de l’île, dans lequel on aime prendre son temps. Ici, on mange, on découvre, on discute et on revient.

COUVERTURE Photo : Guillaume Haurice Modèle : Zéola Souris BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°45 Mars / Avril / Mai 2022

DIRECTION DE LA PUBLICATION Louapre-Pottier Georges-Guillaume

DIRECTION ARTISTIQUE Serge Zacore

RÉDACTION Laurie Ferrère Joséphine Terreissa Jules Bercanto

PHOTOGRAPHIE Guillaume Haurice Sandrine Luminet Bastien Doudaine

PUBLICITÉ Régie Publicitaire : Com’Up regie@comup.re

IMPRESSION Nouvelle Imprimerie Dionysienne Rue Maurice Manglou La Mare Zae II 97438 Sainte-Marie Ile de La Réunion

BUZ BUZ SARL au capital de 4350 € 80 rue Pasteur - 97400 Saint-Denis - T. 02 62 28 09 09 contact@buzbuz.re www.buzbuz.re RCS 528 642 010 Saint-Denis de La Réunion Code APE 5814Z Dépôt Légal : Mars 2022 Toute reproduction même partielle est interdite

INSOLITE

S’ENVOYER EN L’AIR, POUR DE VRAI

Pendant la pandémie, on a connu les compagnies aériennes qui offraient des vols pour “nulle part” afin de satisfaire les passagers en manque d’avion. Il y a désormais les vols pour s’envoyer en l’air – littéralement. C’est une initiative de la compagnie Love Cloud, à Las Vegas, qui a mis en place des affrètements spécialement conçus pour l’acte. Cette expérience, “Mile High Club” permet de faire l’amour en apesanteur, selon le New York Times. Comptez 995 dollars pour 45 minutes de plaisir, le tout avec playlist sensuelle et draps de satin.

Colette et l’angoisse de la page blanche Colette, célèbre journaliste et actrice, n’a jamais connu l’angoisse de la page blanche. Et pour cause, celle-ci n’écrivait que sur du papier bleu. Un trait commun qu’elle partageait avec Alexandre Dumas père, lequel s’organisait par code couleur : du papier bleu pour la rédaction des romans, le jaune pour les œuvres poétiques, le rose consacré aux écrits journalistiques. Vladimir Nabokov (1899-1977) lui avait aussi une technique minutieuse : les fiches bristol, d’un format rectangulaire et à lignes, sur lequel il s’astreignait à ne jamais écrire plus de 150 mots. Un système qui lui permettait de déplacer les passages d’un texte, sans avoir à les recopier. La technique du CTRL C – CTRL V, était née.

Booba, Nekfeu et les cours de Français Connaissez-vous ce qu’est une paronomase ? Non ? Si vous écoutez du rap, vous le savez forcément puisque les punchliners en sont friands. En français, la paronomase est une figure de style qui consiste à faire des paronymies. C’est-à-dire d’accoler deux mots qui se ressemblent, mais qui n’ont pas le même sens. “Qui vole un œuf, vole un bœuf”. La paronomase fonctionne très bien. En faisant des allitérations ou des assonances, elle donne à la phrase de la puissance, qui devient une sorte de vérité, de principe moral qu’on mémorise facilement. C’est pour cela qu’on la retrouve souvent dans le rap. “On doit être bêtes, ouais, p’t-être, mais ma plume peut clouer le l’bec à Houellebecq” Nekfeu dans “Tempête”, ou encore “Tu peux pas rivaliser, on va te dévaliser, te déraciner, te décalciner”, par Booba dans “Le Duc de Boulogne”.

Il était une fois l’homme chat © PHOTO D.R.

Dans la nuit, tous les chats sont gris, et dans le Doubs, tous les habitants aussi. Les gentilés (à savoir la dénomination des habitants d’un lieu) de la ville de Métabief sont ainsi appelés les “Chats-Gris”, et ceux de la commune de Saint-Antoine, les Chats-Borgnes. Pour l’origine de ces appellations, les historiens débattent encore.

AVÉ CÉSAR, SANS S

Ce premier semestre était le rendez-vous des grand-messes culturelles tricolores : les Victoires de la Musique et les César. Et même si la cérémonie qui récompense le cinéma français se dit au pluriel, elle ne s’écrit pas avec un “S”. Pourquoi ? Parce que c’est un nom propre, celui du sculpteur César Baldaccini, dit César, qui a façonné les récompenses remises aux lauréats et donné son nom à l’événement. C’est Georges Cravenne, l’homme à l’origine de la cérémonie, et ami de l’artiste l’artiste qui qui aa commandé commandé ses ses “compressions”. “compressions”. En En effet, effet,César Césars’est s’estrendu célèbre en assemblant et compressant des morceaux de tôles. disons-le, César ça donne légèrement comme Oscar. légèrement comme rendu célèbre en assemblant et compressant des morceaux deEt tôles. Et disons-le, César ça sonne Oscar.

CHIFFRES

“J’ai

43 ans

7.000 bactéries

“Nous partageons beaucoup plus qu’une connexion émotionnelle avec nos portables. Ils portent aussi notre microbiote”. Des chercheurs des States ont analysé les bactéries qui se trouvaient sur les écrans des smartphones, et surprise : ils ont trouvé plus de 7.000 types différents. Parmi ceux-ci, une grande partie de ces bactéries est omniprésente à l’intérieur des corps genre “staphylocoques”. Autre donnée : un utilisateur touche en moyenne 150 fois son téléphone par jour.

et toi ?”

écran © PHOTO D.R.

Les lecteurs de Buzbuz ont normalement connu ce moment à la cantine scolaire : sonder le fond de son verre et y découvrir un numéro. Le plus grand nombre était de corvée de débarrassage ou le préposé au pichet d’eau. Mais pourquoi y avait-il des numéros au fond de ces verres ? Il faut savoir qu’ils étaient en verre Duralex, un verre trempé réputé incassable. Et le nombre inscrit correspondait à la machine qui l’avait fabriqué, de sorte que s’il y avait un défaut de fabrication ou une malfaçon, il était facile de retrouver la machine défectueuse. Et jamais ce chiffre n’a dépassé 50 parce qu’il n’y avait tout simplement que 50 machines.

1 BÉBÉ 1 Playmobil Saviez-vous qu’à l’origine, le Playmobil s’appelait Klicky ? Ce petit bonhomme en plastique est l’œuvre d’un industriel allemand au doux nom de Brandstätter qui imagine en 1972 une figurine de 7,5 centimètres de haut, légère et pratique, un mix entre la poupée et le soldat de plomb – un jouet non genré en somme ?! Avec un peu d’hasard, de krach pétrolier et de feeling, les Playmobil deviennent un véritable succès. Il existe désormais 6.000 personnages différents contre trois à l’origine (l’Indien, l’ouvrier et le chevalier). 3,2 de figurines sortent chaque seconde de l’usine de Brandstätter, soit la même moyenne que les naissances sur Terre, dont on pourrait faire le tour 3,7 fois, si tous les Playmobil se tenaient la main. La marque qui détient toujours le brevet et produit 100% de ses jouets en Europe revendique 3 milliards de figurines vendues en 50 ans.

LES CHIFFRES QUI ÉNERVENT Sur les 3.866 invités des émissions politiques programmées en 2021, 71,8% d’entre eux étaient des hommes. Seules 191 femmes ont honoré les plateaux de leurs présences (28,11% du temps). Dans le top dix des personnalités les plus vues/entendues, seules deux femmes: Marlène Schiappa et Valérie Pécresse. Un chiffre qui en démontre un autre, comme le rélève l’étude de testostéromètre de Regards : les partis à droite de l’échiquier politique glanent la majorité des invitations (37,30%).

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PORTRAIT

LE GARDE-FOU D’UNE MÉMOIRE COLLECTIVE

FRANSWA TIBÈRE

À plus de 1.000 mètres d’altitude, sur les hauteurs de Saint-Paul, Franswa Tibère ouvre les portes de son propre paradis terrestre. Une case en bois sous tôle, un jardin sauvage et luxuriant, un alambic et quelques chats. Il se confie aussi sur ses craintes de la perte d’un savoir ancestral : le pouvoir des zerbaz péi. TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA

Liste (non exhaustive) des plantes à avoir dans son jardin : n Ayapana n Anis n Romarin n Verveine n Cannelle n Citronnelle n Guérit-Vite

autrement appelé Colle-colle, qui n’est pas une mauvaise herbe.

out le monde connaît Franswa Tibère – ou tout du moins. Sa peau tannée par le soleil et ses mains calleuses témoignent d’une vie d’efforts, de travail manuel, d’une vie au-dehors. Pourtant, le sexagénaire est un homme tonique, ses muscles noueux laissent soupçonner une hygiène d’ascète. Chaque semaine, il arpente les forêts de La Réunion à la recherche de plantes, de feuilles, d’écorces. Le reste du temps, on peut le retrouver chez lui, une sorte de paradis terrestre, entre une case en bois sous tôle, un jardin sauvage et luxuriant, un alambic et quelques chats. Une forme de résistance Il descend dans les bas aussi de temps à autre, pour vendre ses tisanes et distiller ses conseils. En ces temps de crise sanitaire, son savoir ancestral se veut réconfortant, salvateur même pour quelqu’un.e.s. “Dans chaque pays, dans chaque région du monde, chaque peuple possède des connaissances millénaires sur les bienfaits des plantes” explique le tisaneur péi. L’utilisation du végétal et du minéral pour soigner les maux humains n’est pas intrinsèque à

PHOTOS > GUILLAUME HAURICE

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Il n’y a pas de mauvaise herbe. C’est l’homme qui est mauvais. Nous sommes une espèce envahissante

l’île, bien au contraire. “Mais partout où l’Occident est passé, cet acquis s’est perdu, au profit d’une médecine officielle et chimique” regrette-t-il. Pour Franswa Tibère, le pouvoir des zerbaz péi fait partie de la culture créole, au même titre que le maloya. S’intéresser à ces plantes médicinales, c’est donc une forme de respect vis-à-vis de l’Histoire, une façon de faire perdurer l’héritage des “anciens”, “et aussi une façon de résister” assure-t-il. Résister et militer pour que la connaissance des plantes fasse partie des programmes de l’Éducation nationale, pour que les enfants (et les adultes), sachent reconnaître la flore qui les entoure. Des trésors végétaux D’autres, comme lui, travaillent en ce sens. L’Aplamedom a ainsi réussi, il y a quelque temps maintenant, à faire entrer une vingtaine de plantes médicinales de La Réunion – et de la zone océan Indien, dans la pharmacopée française. Franswa Tibère lui, voit plus loin, plus grand. “Pourquoi ne pas reconvertir certaines parcelles de cannes à sucre et cultiver ces plantes

au fort potentiel, comme le Jamblon, le Fleur Jaune ou l’Ayapana ?” interroge le sexagénaire. “D’autant qu’il existe une tendance grandissante à se soigner naturellement, les gens recherchent des solutions alternatives” poursuit-il. Et il n’y a qu’à voir le livre d’Or de Franswa Tibère pour s’en rendre compte. Des dizaines et des dizaines de pages de remerciements pour celui qui aura réussi à soigner, à calmer, à apaiser divers maux : eczéma, arthrose, douleurs, tension, cystite, asthme et même le Covid. “Le Covid fait apparaître différents symptômes : fièvre, courbatures, éruption cutanée, migraines, etc. Et il existe des tisanes, des remèdes pour chacun de ces symptômes. Le tout c’est de faire le rapport, de créer une synergie” assure Franswa Tibère. La circulation du savoir Lorsqu’on écoute ce personnage, aussi mystérieux que charismatique, on plonge dans une histoire de l’île de La Réunion que certain.e.s ont oubliée. Celle de “l’époque des guérisseurs, des remèdes lontan” supplantée aujourd’hui par celle de l’accès gratuit aux soins, arrivé avec la Départementalisation, et des potions de synthèse. Heureusement, pour le territoire et sa mémoire collective, Franswa Tibère transmet sa précieuse érudition à d’autres, notamment “une personne qui suit en parallèle un D.U de phytothérapie”. Cette transmission est indispensable et même nécessaire. “Cela peut-être l’occasion de faire autrement ; de se soigner, de s’alimenter autrement, d’avoir un rôle différent, en quête de plus d’autonomie” espère Franswa Tibère. Pour lui, l’apprentissage et la circulation du savoir sont les clés de cet autre possible, et l’assurance d’une tradition qui saura vivre en parallèle de la société moderne.

Le saviez-vous ? En 2021, l’Aplamedon a lancé la marque “Zerbaz Péi”. Face au développement rapide de la filière des plantes médicinales à La Réunion, l’association a souhaité rassurer le consommateur sur la provenance des plantes et leur qualité. L’estampillage “Zerbaz Péi” garantit l’origine Réunion, le caractère authentique des plantes, la valorisation de la biodiversité unique de l’île, la sécurité de l’usage des plantes et le bien-être apporté par celles-ci.

LE NEZ DEHORS

THIERRY CARO

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Sébastien Cluzet

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VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE TEXTE > LAURIE FERRÈRE

Sur l’île intense, l’habitude veut que l’on crapahute vers les sommets, que l’on en prenne plein la vue entre les reliefs et les paysages exceptionnels, alors que le sous-terrain, l’ombre des entrailles de la terre volcanique cache de véritables merveilles. Immersion.

P H O T O S > B A Z A LT I K R É U N I O N

oint de rendez-vous : le parking du village artisanal de l’Éperon. Ici, sur cet ancien site usinier de la canne à sucre, des vestiges attestent encore du passé de La Réunion ; celui d’une époque coloniale, du travail dans les champs et de la quête de liberté. Personne n’imagine qu’à quelques centaines de mètres de là, dans une sorte de grotte, l’histoire aura laissé une trace en témoignage : “Francis 1879”. Spéléologie locale Mais avant d’y parvenir, il faut s’équiper : casque, baudrier, genouillères, et écouter attentivement les consignes de sécurité. Dans l’ouest de l’île, se cache l’un des plus impressionnants tunnels de lave – celui du Bassin Bleu. “Si on suppose que le département possède une centaine de souterrains, seule une cinquantaine uniquement est connue aujourd’hui, et cela reste un fait exceptionnel” explique en préambule Sébastien Cluzet, spéléologue et fondateur de Bazaltik Réunion. Pour cause, 90% des grottes du monde se forment dans le calcaire, les 10% restantes sont issues d’autres roches, dont le basalte. Il en existe en Islande, à Hawaï ou d’autres îles encore comme les Açores ou l’île de Pâques. Celui du Bassin Bleu, le plus vieux de La Réunion – 350.000 ans environ, puisqu’il date de l’activité volcanique du Piton des Neiges, est l’un des plus particuliers de par sa configuration et par ce qu’il donne à découvrir. Pour y accéder, il faut une marche rapide dans une flore luxuriante, un peu d’escalade et ramper avant d’atteindre la première cavité. Lieu exceptionnel C’est un spectacle qui se mérite. Il n’y a aucune réelle difficulté physique sinon celle d’avancer, toujours plus loin dans les entrailles de la Terre et de lire sur les parois l’histoire profonde d’une île aux mille facettes. Dans la première partie, les hirondelles des Mascareignes indiquent que jusque-là, il y a encore de la vie. On entend leur cris, leurs battements d’ailes, on halène l’odeur aigre de leurs fientes, “qui servaient d’engrais aux anciens” raconte Sébastien Cluzet. Quelle vie était-ce d’accéder à ce lieu retiré, isolé, perché, caché sans l’équipement dont dispose l’époque contemporaine ? L’Histoire, Francis et les autres, leurs empreintes à la chaux se rappellent aux visiteurs et leur livrent un écho. Le tunnel fait 600 mètres de long et pourtant la progression est lente. “Ce n’est qu’en 1952 que l’on découvre la seconde partie de la galerie” reprend le guide, “après que deux hommes ont suivi un courant d’air”.

Un festival de cristaux Le petit groupe se met lui aussi à pister l’air frais, en descendant dans un trou avant de ramper, encore ; et plus il avance, plus le silence se fait assourdissant. Seuls les souffles courts, le frottement des genouillères et les (légitimes) inquiétudes de certain.e.s, enfermé.e.s avec plus de vingt mètres de roche au-dessus de la tête se font ouïr. Dans ce tunnel du Bassin Bleu, on passe d’une salle à l’autre, d’une couleur à une autre : jaune, rouge, noir, ocre et blanc. C’est un festival de cristaux et d’oxydation. C’est éclectique et très différent de ce que l’on peut observer dans les tunnels du sud-est de l’île. Autre spécificité : la grotte est sèche, c’est-à-dire sans écoulement d’eau et le silence est total. Comme le noir, absolu. Il y a là, une sorte de chapelle haute de 10 mètres, résultat d’un effondrement dû au refroidissement. “C’est encore une particularité de ce tunnel de l’Ouest ; il possède d’immenses volumes qui font de lui un lieu privilégié” poursuit le spéléologue. La cavité prend la forme d’une salle de résonance où Sébastien Cluzet organise également de découverte musicale souterraine. Redécouvrir le monde Un peu plus loin encore, c’est une plateforme contenue derrière une sorte de bute de basalte que le guide dévoile au groupe. Assis, au milieu de l’obscurité et la quiétude la plus totale, chacun tente de sonder, à l’intérieur de lui-même, ce que lui apporte cette expédition. Une pause bienvenue. La voix du spéléologue résonne et apprend: “qu’il n’y a même pas une petite bête cavernicole”. Rien que la présence de quelques humains venus chercher une suspension du temps, un espace hors du monde. Afin de profiter pleinement de ces murs, Bazaltik Réunion offre une large palette de visites de ce tunnel : méditation, découverte des instruments du monde, bivouacs ou encore dégustations de vins. “Un détail vous aura peut-être échappé mais les odeurs sont neutres ici, ça ne sent rien” sourit Sébastien Cluzet. Un cadre idéal pour redécouvrir les saveurs et les sensations. La sortie, puisqu’il s’agit d’un aller/retour, se fait sans encombre, mais peut s’avérer brutale pour certain.e.s. Quand on revient à la vie, la lumière, les bruits et les effluves sont déroutants, c’est trop et on aurait aimé rester là-bas encore un peu. Une dernière descente en rappel, et le guide nous laisse rempli.e.s de souvenirs, d’histoires, de découverte. On n’imagine pas le monde sous nos pieds.

CITATION “Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?” Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson, Gallimard, 2011.

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ACTUALITÉS

MÉDECINS D DES AIRS

ans les hauteurs de l’île, un calme apaisant uniquement perturbé par le ballet matinal des hélicoptères venus ravitailler le cirque et les gites de randonnée. Près de 750 Réunionnais vivent dans ce chaudron naturel bordé de remparts de plus de 1.000 mètres dominé par le Piton des Neiges. Aucune route ne traverse Mafate, les seuls accès étant la voie des airs depuis le littoral ou la marche depuis les cirques voisins de Cilaos ou Salazie, ou encore par Saint-Paul.

À La Réunion, près de 750 personnes vivent dans un lieu géographiquement isolé du reste de l’île. Accessible uniquement à pieds ou par hélicoptère, Mafate est un désert médical pour lequel une organisation particulière du système de soins s’est progressivement mis en place. Une fois par mois, dans chacun des sept dispensaires que compte le cirque, un médecin et deux infirmiers viennent au contact de la population pour assurer la nécessaire présence médicale.

TEXTE > BASTIEN DOUDAINE

PHOTOS > BASTIEN DOUDAINE

“La débrouille” Marie-Michelle, 67 ans attend l’hélicoptère sur le terrain de foot de La Nouvelle. Cela fait trois ans qu’elle n’a pas vu son cardiologue. Pour permettre l’accès aux structures de soins des bas, le CHU a mis en place des rotations aérienne, deux fois par semaine. “La famille m’attend en bas pour faire l’aller/retour jusqu’au cabinet du Port” raconte la gramoune. Pour les autres plus valides, “c’est la débrouille qui prime le plus souvent à Mafate”, confient les infirmiers. Jérôme Maillot est l’un un des deux infirmiers avec Nathalie Grondin, qui assure la continuité des soins dans cette enclave de France bien loin des standards métropolitains. Deux fois par semaine, soit une fois par mois dans chacun des îlets, avec ses deux collègues, ils assurent les consultations de Médecine Générale. “Le diabète et les maladies cardiovasculaires sont présents malgré l’activité physique plus importante ici” mais aussi de problématiques plus spécifiques comme “les ménisques usés par les forts dénivelés, le dos cassé à force de se baisser pour cultiver les haricots ou les bronchites chroniques dues à la cuisine au feu de bois” décrit le soignant.

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LES DÉSERTS MÉDICAUX

À LIRE

À VOIR

À ÉCOUTER

Les déserts médicaux sont un phénomène de plus en plus préoccupant sur le territoire. En 2021, une étude montre que dix millions de Français vivent dans une région où l’accès aux soins est de qualité inférieure à la moyenne nationale. Les habitants ruraux consomment 20% de moins de soins hospitaliers par rapport aux Français des villes, selon l’étude.

“Y-a-t-il un docteur près de chez vous ?” Minou Azoulai, Éditions Hugo Doc.

Cash Investigation “Liberté, Santé, Inégalités” Une enquête de Gabriel Garcia et Julien Beccu, France 2

Podcast “La Piqûre de Rappel” Épisode “Désert Médical”

Une présence primordiale Marie-Laure Cartier elle est médecin généraliste. Cela fait plus de quatorze ans qu’elle participe à ces missions. Elle insiste sur la prévention auprès de la population et compte sur les infirmiers, présents le reste de la semaine pour assurer le suivi de certaines personnes. Le dispensaire lui, sert également de pharmacie. “Vivre dans le cirque est un choix de vie pas toujours facile” pour les deux infirmiers. La Nouvelle, le plus grand îlet de Mafate, est aussi le plus haut en altitude. Régulièrement embrumé, les bimoteurs ne peuvent pas s’y aventurer. “Là où c’est compliqué c’est pour les urgences vitales, mais heureusement ces situations sont rares” rassure Nathalie Grondin. Le PGHM intervient fréquemment pour secourir les randonneurs blessés, créant d’ailleurs une tension avec les Mafatais qui disent devoir insister parfois pour l’hélicoptère en situation d’urgence. Le rôle des infirmer dans le cirque est primordial, notamment pour les habitants les plus âgés, comme Antoinette, qui a passé sa vie à Mafate et “ne veut pas entendre parler de maison de retraite”. Présents 5 jours sur 7, dans deux îlets, les infirmiers se déplacent régulièrement à leur domicile. Un système de téléconsultations avait été testé en 2016 avec pour objectif de diminuer les interventions des hélicoptères, mais insuffisamment efficace, cela a été abandonné.

Nathalie Grondin infirmière

Jérôme Maillot infirmier

Marie-Laure Cartier médecin généraliste

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IN/OUT

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20 ÉVÈNEMENTS QUI ONT 20 ANS Tout le monde ou tout du moins celleux qui étaient né.e.s, sait exactement où il se trouvait le 11 septembre 2001. Mais se souvient-il de ce qu’il s’est passé quelques mois, après ? C’était il y a 20 ans. TEXTE > JULES BERCANTO

Le 22 janvier 2002, le cyclone tropical intense Dina frappe l’île de La Réunion. Assurément le plus marquant des trois dernières décennies sur le département. Il faut, en effet, remonter à Firinga, en janvier 1989, pour retrouver un épisode cyclonique au moins aussi virulent sur l’île. Le 23 février 2002, les FARC enlèvent Ingrid Betancourt, qui se présentait aux élections présidentielles en Colombie. Le 9 mai 2002, le Congrès américain vote la guerre en Irak. Il y a 20 ans, les films au cinéma étaient “Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre”, “Star Wars II”, “Harry Potter et la Chambre des Secrets”, et récompensé aux César : “Le Merveilleux Destin d’Amélie Poulain”.

PHOTOS > D.R.

Côté musical, ce sont les premiers succès de Calogero, Carla Bruni, Kyo, Magic System, et sur la scène internationale Shakira, Avril Lavigne, Sean Paul ou encore Maroon Five. C’est aussi en 2002 que sont édités pour la première fois les premiers volumes (1,2, 3 et 4) du manga Naruto en France, pendant que Pascal Quignard remportait le Goncourt pour “Les Ombres Errantes” et qu’Éric Emmanuel Schmitt enchaînait les best-sellers avec “Oscar et la Dame Rose” et “Lorsque j’étais une œuvre d’art”. Il y a vingt ans, le chômage affichait exactement les mêmes chiffres qu’aujourd’hui : 7,9%.

À La télévision, Jenifer remporte la première Star Academy. Jour de liesse pour la jeunesse en France. En même temps, c’est la fin d’une autre époque : arrêt des Minikeums,, diffusion du dernier épisode X-Files aux Frontières du Réel et première diffusion des épisodes pilotes de Scrubs et “Bob l’Éponge”.

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Pierre Bellanger lance le site Skyblog qui deviendra le journal intime numérique d’une génération. En avril 2002, la France se prend une claque lorsque s’affichent les résultats du second tour des Présidentielles en France : Jacques Chirac fait face à JeanMarie Le Pen. Tout le monde attendait Lionel Jospin, c’est raté. “Je m’oppose avec détermination à ceux qui brandissent le menace de la rue, qui agitent le spectre de la force brute, de l’irrationnel et du mépris” avait tonné le président sortant, juste après. Les douze pays membres de l’Union Européenne basculent dans la monnaie unique : l’Euro.

Il y a vingt ans, apparaissaient les compagnies aériennes low-cost, inconnues jusqu’ici, telles que Ryanair, Vueling et Easy Jet. 2002 marque l’apparition sur les écrans de télévision français des premières émissions de télé-réalité : Loft Story, Koh Lanta, l’île de la Tentation, Opération Séduction, Pop Star ou encore la Star Academy. L’édition du Grand Raid est endeuillée : deux traileurs décèdent en moins de vingtquatre heures sur les sentiers. En dix ans d’existence, c’était la première fois que la compétition connaissait de tels drames. Mais c’est également sur cette édition que Marcel Puy et Thierry Técher remportent leur première victoire.

Le second par parc Disney Land Paris ouvre à Marne-la-Vallée. Microsoft lance sa console devenue culte depuis, en France : la XBox.

Le multi-milliardai multi-milliardaire Elon Musk fonde la société SpaceX, un temps concurrente puis vite partenaire de la NASA pour les missions spatiales. Les vidéos vidéos-clubs dans lesquels on louait des films, existaient. En parallèle, les développeurs mettent au point la première version d’eMule, plateforme permettant de télécharger des films illégalement. C’était aussi lle début des appareils photos numériques et des premiers iPod iPod.

Les Pays-Bas sont le premier pays au monde à légaliser l’euthanasie. En sport, la France se fait éliminer en Coupe du Monde de football, au premier tour, par le Sénégal et l’Américain Lance Armstrong remporte son quatrième tour de France. À Roland Garros, l’Espagnol Albert Costa s’impose en finale du tournoi, quand un autre Espagnol du nom de Rafael Nadal, seulement âgé de 15 ans, gagne son premier match sur le circuit principal.

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D A N S L’ A I R D U T E M P S

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CBD

“La déferlante du CBD aujourd’hui, c’est la “revanche” d’un produit miracle, trop longtemps banni”. TEXTE > JULES BERCANTO

LE MIRACLE MARKETING

epuis deux ans, maintenant, il n’est plus rare de voir en vente libre de l’huile, des tisanes, des cosmétiques, et même des compléments alimentaires à base de CBD – cannabidiol. Diabolisé, il y encore quelque temps, le CBD est devenu un véritable produit marketing. Il y a quelques mois, un charcutier de Saint-Leu défrayait la chronique avec sa dernière spécialité, des saucisses au CBD. Le CBD, abréviation de cannabidiol est devenu le produit star en 2021 – on en retrouve dans des friandises, en huile, en liquide pour e-cigarette, en tisanes, en cosmétiques, etc. Cette molécule, extraite du chanvre, est disponible en vente libre en France depuis 2019. CBD n’est pas THC Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’une drogue, parce que le CBD ne modifie pas l’état de conscience, il n’a pas d’effet euphorisant. “Dans la plante cannabis, il y a plus de 500 actifs. Les deux plus importants et plus connus sont le THC et le CBD” explique le Dr Pascal Douek, auteur du livre “Le cannabis médical, une nouvelle chance”, aux éditions Solar. C’est le THC qui est responsable des effets psychotropes et qui touche le système nerveux. Les produits commercialisés à base de CBD, eux, sont des produits dénués de THC. En France, seuls les produits à base de cannabidiol contenant moins de 0,2% de THC sont autorisés à la vente. À La Réunion, il existe plusieurs commerces spécialisés dans la vente: IZICBD, Flora CBD ou encore CBD Réunion, qui trouvent des consommateurs de plus en

plus nombreux. Certains sont souvent des consommateurs de cannabis récréatifs (Zamal) qui ont décidé de ne garder que le côté “bien-être” de la plante. Des vertus et des dérives Chacun trouve en cette alternative une vertu propre : trouble digestif, anxiété, stress, etc. Selon une étude du Journal Cannabis Research (Royaume-Uni), 42,6% des personnes qui consomment du CBD le font afin d’apaiser leur anxiété, et 42,5% le font pour des troubles du sommeil et 37% pour atténuer le stress et acquérir un état de bien-être général. Mais les nuances existent et il ne faut pas surinterprété ses vertus. “L’objectif du CBD, c’est un effet bien-être et non thérapeutique. On n’est pas dans le soin ou la prise en charge médicale, on est dans l’apaisement uniquement” plaide le Dr Pascal Douek. Alors que le marché du CBD explose (la France compte aujourd’hui près de 500 shops spécialisés), les professionnels de santé alertent sur le manque de réglementation malgré les nombreuses missions interparlementaires sur le sujet du chanvre ; un cadre juridique défaillant, directement imputable à la frilosité des pouvoirs publics. Une zone grise qui peut s’avérer dangereuse. Le marché doit être encadré et les produits afficher clairement ce qu’ils contiennent. “Les commerçants doivent se former et établir un nombre de doses à ne pas dépasser” plaide encore le médecin. En termes de recherche scientifique, l’OMS a démontré un réel intérêt du CBD et le fait qu’il soit peu toxique, non-addictif et sans effet euphorisant.

LE CHIFFRE L’industrie du CBD pourrait atteindre les

23 milliards de dollars d’ici 2023.

3 façons de consommer du CBD Huile : simple et efficace, quelques gouttes sous la langue suffisent pour atténuer les effets du stress et de l’anxiété. E-liquide : l’inhalation du CBD exacerbe les effets. Il agit plus rapidement sur le corps et ses effets durent plus longtemps. Fleur : en cuisine, une façon originale et ludique de profiter de ses vertus. Seule précaution: chauffer la ﬂeur, à 180° entre 10 à 15 minutes pour activer la molécule avant de mélanger à la préparation culinaire.

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DANS MON CABAS

SAC MARIE MARTENS, BOOBS

BOUGIE APOTHICAIRE

Les ﬂingueuses Saint-Pierre

Casa Saba Saint-Pierre

LAMPE À POSER, PORTONOVO IGUZZINI

BAGUE UNIQUE OBSIDIENNE, LES JOLIS BONHEURS

Stand 64 Saint-Denis

Halte Terre Native Sainte-Clotilde

CHEMISE OVERSIZE

CARNET DE NOTES

Ikks Saint-Denis

Mont-Blanc Saint-Denis

VANS SK8-HI

VEUVE CLICQUOT X K-WAY

ADN Saint-Pierre

En ligne

GOURDE, AVNIER

KINKO BOARD

Laced RUN Saint-Denis

Primitive Saint-Gilles

COSMÉTIQUES MÉRAKI

TABLE BASSE REVOL

Salt & Lemon Saint-Pierre

Roche Bobois Saint-Denis

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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SORTIR

LA FUREUR, TOUS LES SOIRS

«DES AIRS DE VILLAGE»

Si t’as passé un sale jour ou que t’as simplement envie de te défouler sans devoir forcément faire du sport voici L’ADRESSE : Fury Bear à Saint-Denis. Ouvert il y a deux ans, ce lieu est le premier (et l’unique) qui propose du lancer de hache à La Réunion. Et qu’est-ce que c’est jouissif ! Le principe est simple : viser une cible avec une hache. Entre amis, entre collègues, en couple ou seul.e, c’est une activité qui fera de toi quelqu’un de meilleur, résolument plus détendu, plein de dopamine.

Le quartier des Batignolles, aux airs de village, en plein cœur du 17e arrondissement de Paris est connu pour ses boutiques insolites et ses brasseries pittoresques. C’est ce dernier point qu’ont voulu récréer Rémi Lasfargues, le propriétaire et Jean-Michel Polisson, le chef cuisinier de La Table des Batignolles au Port. Dans ce nouveau lieu de la gastronomie locale, les becs fins retrouveront le meilleur du bistrot tricolore avec quelques accents créoles. Des produits frais, une cuisine délicate et un service raffiné, pour celles et ceux qui aiment la cuisine, la vraie, généreuse et savoureuse.

Fury Bear - 64 rue Alexis de Villeneuve - 97400 Saint-Denis Du mardi au vendredi de 15h à 21h. Le samedi de 11h à 21h Téléphone : 0692 47 78 90

La Table des Batignolles - 31 boulevard de Brest - 97420 Le Port Du lundi au mercredi de 12h à 14h. Du jeudi au samedi de 12h à 14h et de 19h30 à 21h15 Téléphone : 0262 55 96 28.

«EN VOITURE SIMONE !»

LA BONNE ALTERNATIVE

L’île de La Réunion offre des cadres exceptionnels pour celleux qui aiment la wild life. Et il existe autant d’expérience atypiques que d’endroits insolites. Sea, Cox & Sun propose à cet escient des sorties originales en combi-van Volkswagen. Celle qu’on préfère ? Le Van à Nanas : à 7 dans la bagnole, cheveux aux vents, sourire aux lèvres, on rigole, on s’émerveille et on partage un apéro préparé par Zot Pik Nik pendant que la photographe professionnelle Sandrine Luminet capture les souvenirs et que Bambou et Tinho s’occupent de la balade. À faire.

C’est une sorte de caverne d’Alibaba, mais façon responsable, écologique, respectueuse. Halte Terre Native à Sainte-Clotilde c’est un concept store où l’on retrouve à la fois des sapes en coton bio, des produits frais et locaux, de l’épicerie fine, mais également des produits cosmétiques ou des articles pour la maison. Il y a de tout, et pour tout le monde, petits et grands. Le petit plus ? Les nouveautés qui rentrent chaque semaine et donnent à découvrir des initiatives qui font dire qu’un autre demain est possible. Encore plus ? Le petit snack accolé qui permet de manger bon et bien, en faisant quelques emplettes.

Le Van à Nanas par Sea, Cox & Sun Réservation obligatoire Téléphone : 0693 32 89 23 contact@seacoxandsun.re

Halte Terre Native - 72 boulevard de la Trinité - 97490 Sainte-Clotilde Du mardi au vendredi de 9h à 13h30 et de 14h30 à 18h. Le samedi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h Téléphone : 0693 99 45 60

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“EN TERRE INCONNUE”

BIENVENUE EN AMÉRIQUE !

À Saint-Joseph se cache l’un des plus beaux endroits où dormir à l’île de La Réunion. À la fois insolite et authentique, Terre Rouge propose trois bungalows – la Longère, la Cabane, le Perchoir, perdus dans une flore luxuriante, construits dans des matériaux nobles et locaux, qui donnent au lieu une quiétude absolue. Ici, le temps se suspend et la nature reprend ses droits. Balançoire, baignoire à l’extérieure, jardin aménagé, le cadre exceptionnel permet de se ressourcer, à deux, assurément.

Une décoration digne des meilleurs diners, un billard, des hot dog, de la poutine, un coffee shop : Cantine America, à Saint-Gilles-les Bains c’est tout cela à la fois. Pour déguster de délicieux burgers - parce que c’est leur spécialité, il n’y a pas mieux comme endroit. Le principe ici est simple. On choisit d’abord la viande (smashed, pulled of beef, pork or chicken and veggie), ensuite le burger et après t’attends le service aimable et attentif. Les frites sont maison tout comme les sauces. Et on y passe de supers moments, entre amis, seul.e ou en famille.

Terre Rouge - 28 Chemin Terre Rouge - 97480 Saint-Joseph Téléphone : 0692 22 46 20 Mail : fabricedally@yahoo.fr

Cantine America - 162 route nationale - 97460 Saint-Gilles-les-Bains Du mercredi au dimanche, de 9h à 00h30 Téléphone : 0693 62 63 61

UN COMPTOIR DE DÉLICES

“LA ROSÉE, LA ROSÉE TOMBÉE WAYO”

“Mon Petit Comptoir”, c’est une épicerie fine, une cave, un rayon frais, des plaisirs salés, sucrés, de région et d’exception. C’est aussi deux adresses : l’une à La Possession et l’autre à Saint-Pierre. À l’origine, on retrouve Stéphane Auguste, en véritable épicurien, passionné de bons produits, qui a souhaité offrir aux Réunionnais un lieu unique mais convivial où ils pourraient retrouver des produits rares et bons. Ici on goûte, on discute, on partage, et on repart avec plaisir du goût.

Oubliez les roses, les lys, les chrysanthèmes et autres tulipes. Ce n’est plus tendance. Ou du moins ce n’est pas écologique. De cultiver de manière intensive des plantes et fleurs et de les faire voyager par avion, aux quatre coins du monde. Préférez-leur les fleurs séchées. Durable et responsables, ces bouquets sont vibrants, texturés, aux couleurs éclatantes et diffusent un charme sauvage et suranné. À adopter d’urgence en décoration ou à offrir. Pour cela, l’e-shop de La Rozée aura de quoi satisfaire les envies et les besoins. Le petit plus ? on y trouve également des objets pour la maison.

Mon Petit Comptoir - 3 ter chemin Bœuf Mort - 97419 La Possession Téléphone 06 92 42 27 27 66 rue du Four à Chaux 97410 Saint-Pierre Téléphone : 02 62 61 42 60 Le mardi de 10h à 12 et de 14h15 à 18h45. Du mercredi au samedi de 9h à 12h et de 14h15 à 18h45.

La Rozée Site internet : larozee.re Contact : HYPERLINK “mailto:contact@larozee.re” contact@larozee.re

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MODE

CRÉER SA PLACE, TROUVER SES MARQUES

Beaucoup de créateurs et de créatrices d’entreprise sont parti.e.s d’un même constat : puisque ça n’existe pas, créons-le. Oser puis le faire, n’est pas donné à tout le monde, et il y a derrière chaque réussite de la persévérance, mais également une certaine abnégation. Chloé Dijoux fait partie de celleux-là. Elle a créé en 2020 la marque de vêtements Fitmermaid qui se vend jusqu’au Canada. TEXTE > JOSEPHINE TERREISSA

PHOTOS > FITMERMAID

POURQUOI ON AIME LA MARQUE ?

a société actuelle est emplie Parce que les usines de paradoxes, et le monde du de production de Fitmermaid, font travail n’y fait pas exception. don de leurs chutes À l’heure où on se heurte à des tissu à une de multiples injonctions il est association caritative difficile de concilier la sagesse locale “Bali Street et le business, l’écologie et l’économie, la Mum” qui en fait des philosophie et le management. Mais certain.e.s tapis, des poupées, tentent malgré tout de le faire, à l’image des vêtements afin de Chloé Dijoux, créatrice de la marque de les revendre. Les Fitmermaid : des vêtements sportwear et fonds récupérés par swimwear, confectionnés à partir de textiles l’association viennent recyclés. Un vrai défi quand on sait que le en aide aux femmes et secteur de la mode est particulièrement aux enfants de Bali qui sont dans le besoin. néfaste pour l’environnement, notamment à cause de l’utilisation de fibres synthétiques telles que le polyester, l’élasthanne, le lycra, etc. Ici, la fibre provient des déchets plastique des filets de pêche récupérés dans les océans, ainsi que des chutes de nylon des décharges. Tout cela est ensuite broyé, fondu avant d’être tissé. S’affirmer par des valeurs Si Fitmermaid répond à des codes esthétiques spécifiques au monde du fitness et de la musculation – opacité, effet seconde peau, ceinture gainante et matière anti-transpiration, la marque a le mérite de s’adresser à toutes les morphologies. Un risque financier et marketing que Chloé Dijoux n’a pas hésité à prendre, et ce dès les premières commandes. Malgré les quotas imposés par les usines de production, Fitmermaid trouve son public. Après deux ans et deux collections la marque – qui revendique le slow-fashion, a trouvé grâce à ses valeurs un écho international. Demain, l’ambition est de renforcer le marché métropolitain et canadien.

C’EST QUOI ÇA ? Slow-fashion : en opposition à la fast-fashion, c’est une fabrication du vêtement qui promeut le respect de l’environnement et de l’être humain. Une alternative visant à limiter les achats vestimentaires, et prônant le consommer mieux mais moins.

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V . I . P.

“PRÉPAREZ-VOUS MAYA KAMATY

POUR LA BAGARRE”

PHOTOS > COLONIE

*Du nom du compte Instagram, créé par Rose Lamy qui met à jour un discours sexiste et antiféministe à l’œuvre au quotidien dans les médias.

ovembre 2021 : Maya Kamaty dévoile “Alibi”. Un morceau percutant dans lequel on retrouve les sonorités créoles qu’on lui connait mais avec un contour plus incisif, c’est agité tout en restant très mélodieux. Le style électro/maloya devient plus rythmé, à la limite de la “pop”. À l’écoute, on devine que quelque chose se trame du côté de Saint-Joseph, un truc nouveau, encore jamais vu. Remise en question Quelques mois plus tard, “la Meute” se dévoile. L’auteure-compositrice et interprète, rejointe par Soledaj, chante la femme, dans une sorte d’objet musical non identifié. Les chœurs, le pad percussion, le piano et le violon créent un néo-univers qui mêle ceux de Jeanne Aded et Aurora. Pourtant c’est bien de Maya Kamaty qu’il s’agit, elle “qui a trouvé sa place, n’a plus à se justifier et ose enfin dire les choses telles qu’elles sont”. Pendant, “l’arrêt du monde”, comme elle nomme la période du confinement, l’auteure qui a sorti son premier album en 2014, a connu une profonde remise en question, personnelle et professionnelle. “Mettre les choses en relief a toujours été un fil conducteur de mes

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productions” confie Maya Kamaty, “à la différence que cette fois-ci, le doute était prégnant, jusqu’à se demander s’il ne fallait pas arrêter”. Mais il y avait trop de choses à dire, enfouies, tues pour ne pas l’écrire et le mettre en musique. Un fanm’ “sovaz” Maya Kamaty revient donc en musique en 2022, avec un nouvel EP, de cinq morceaux qui ouvre la voie à une nouvelle exploration artistique. “SOVAZ” c’est le titre évocateur de cet extented play, plus énervé, plus créatif, avec de nouveaux gimmicks ainsi qu’une nouvelle équipe. Pour ce projet, elle s’entoure de Sskyron (à la production), autre artiste prolifique et talentueux, 100% local. Avec lui, l’auteure apprend à se redécouvrir, à lâcher prise aussi et à explorer des territoires que jusqu’ici elle s’interdisait. Il change sa façon de composer, de poser sa voix, de jouer avec la mélodie et le rythme. À l’image du titre “La Meute”, la Maya Kamaty qui devient “Sovaz”, dans le sens où elle s’affirme désormais, où elle s’affranchie des codes et de la bienséance, chante d’un ton juste sa réalité : de femme, artiste indépendante, métisse, qui se bat pour trouver sa place dans cette société. Se réinventer et s’affirmer Les autres titres à venir de cet EP sont tout aussi empreints du poids des paroles choisies ainsi que des thèmes abordés comme l’écologie. Et si Maya Kamaty a toujours fait preuve d’engagement, dans ses textes et ses prises de position, les valeurs qu’elle porte désormais permettent à son public et aux néophytes de trouver en l’artiste une alliée, un écho de leurs doutes et de leurs quête de sens. Nourrie par l’envie d’en découdre avec l’époque en répondant à sa violence par une insolence turbulente et tapageuse, Maya Kamaty trouve un exutoire idéal dans ce rapprochement passionnant avec les grooves saccadés de la nouvelle street-créolité. Elle, comme le tout-à-chacun, a dû se réinventer, s’adapter dans un monde tout aussi changeant. Sa musique, nouvelle, se veut le reflet d’une époque, d’une génération, elle immortalise des combats afin qu’ils ne soient jamais vains. Et Maya Kamaty n’est plus une artiste de “musique du monde”, mais bien une artiste de notre monde. “Elles arrivent de partout (...) Entends-tu ?”

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THE PLACE TO BE

LA DÉFINITION MÊME DE “CONVIVIAL” À quelques pas du lagon de Saint-Pierre, on retrouve Sarah, restauratrice de père en fille. “Ô Convivial”, c’est un lieu authentique dans le Sud de l’île, dans lequel on aime prendre son temps. Ici, on mange, on découvre, on discute et on revient. TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA

PHOTOS > JOSÉPHINE TERREISSA

“U

n goût de reviens-y”. Ce serait l’expression parfaite pour désigner le restaurant de Sarah et de son mari, Jos. Situé sur le front de mer de Saint-Pierre, à quelques pas seulement du lagon, il prend place dans les murs d’un ancien club de nuit. Les volumes sont beaux, atypiques, avec une large partie ouverte sur le ciel qui offre un sentiment d’évasion, à peine attablé. La passion et l’envie À l’intérieur, l’ambiance naturelle – du bois, de la pierre, des tons nudes et une nature luxuriante, ne trompe pas. Ô Convivial By Sarah porte bien son nom, c’est sans prétention. Ici, la cuisine mélange l’héritage du bistrot tricolore à une sorte de diaspora culinaire : le Churarsco côtoie ainsi les tartares et autres Poke Bowl et Tataki. À l’arrière, il n’y a pas de chefs, uniquement des hommes, autodidactes et passionnés, qui testent des envies et déclinent les saveurs. Cet élan de bien faire se retrouve partout ; dans l’accueil et l’attention des équipes (sept personnes en tout pour une cinquantaine de couverts), dans le détail des dressages, dans la générosité des plats, etc. La mention spéciale revient peut-être à leur spécialité : les Pierrades, qu’ils sont quasiment les seuls à proposer à La Réunion. Le principe ? De la viande ou de la chair de poisson cuites à la

pierre chaude. La simplicité a du bon quand elle s’accompagne de produits de qualité et de goût. L’équilibre des goûts Tout est fait maison, issu “autant que faire se peut, quand l’approvisionnement le permet, de la production locale” explique Sarah. Les cocktails sont des créations originales et la carte des vins se veut l’écho de celle des mets : simple, avec du caractère et de très belles surprises. Et si cette formule vous rappelle un restaurant en bord de plage de Saint-Leu, c’est normal, parce que ce sont les mêmes ingrédients du succès et les mêmes personnes que l’ancien “Sarah Beach”. C’est d’ailleurs pour cela, qu’ils ont décidé de garder le prénom dans le nom du restaurant, pour que les coutumiers de la table se retrouvent. “On fait en sorte que les gens se sentent reconnus” confie la gérante. Débarqués par hasard dans ce restaurant du Sud de l’île, on y revient, forcément, avec habitude et la sérénité de passer un moment “convivial”, dans son sens le plus strict, c’està-dire relatif à la nourriture prise en commun avec plaisir. “Ô Convivial by Sarah”, c’est une cuisine traditionnelle sans arrogance qui manie parfaitement l’art de l’équilibre des goûts, en jouant sur les déclinaisons des saveurs venues du monde entier. On s’y sent à la fois chez soi, en voyageant.

De gauche à droite : Astrid, Josselin, Micka, Sarah, Kévin, Anicet et Charles.

ANECDOTE Sarah est la fille de restaurateurs. Débarquée à La Réunion, il y a plus de treize ans, elle ouvre un premier restaurant à Saint-Leu, le “Sarah Beach”, avant de repartir en Métropole et de revenir, d’en ouvrir un second : “Ô Convivial by Sarah”, à Saint-Pierre. Elle est accompagnée en cuisine par son mari, Josselin.

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Buz Buz #45

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