LES BELGES - Guide du visiteur

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centre for fine arts brussels

EXPO

LES belgES UNE HISTOIRE DE MODE INATTENDUE 5 JUin — 13 SEPT. ’15 GUIDE VISTEUR

FR

Palais des Beaux-Arts Bruxelles Paleis voor Schone Kunsten Brussel


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LES BELGES. UNE HISTOIRE DE MODE INATTENDUE

LES BELGES UNE HISTOIRE DE MODE INATTENDUE



INTRODUCTION

Une exposition sur la mode belge ? Qu’a-t-elle donc de si particulier ? Avant la mode, il y avait le vêtement. Notre relation à celui-ci est d’ailleurs presque aussi vieille que l’humanité. Quant à la mode, c’est une autre histoire. Pendant de longues années, elle est restée le domaine privé d’institutions spécialisées et de musées qui tentaient d’apporter une réponse scientifique à des questions stylistiques et esthétiques. Outre l’aspect fonctionnel, la mode illustre aussi l’évolution de la société, de sa culture et de sa situation politique. Depuis la fin du XXe siècle – et aujourd’hui plus que jamais –, la mode est devenue un objet d’art contemporain. Une exposition sur la mode belge ? Il était grand temps. La mode est à la mode, comme en témoignent les expositions d’envergure qui lui sont consacrées dans de nombreuses villes. Celle-ci souhaite apporter une vue d’ensemble sur l’étonnant parcours réalisé par les stylistes belges. Les Belges. Une histoire de mode inattendue s’inscrit à un moment charnière dans l’histoire de la mode belge. « Notre » mode est devenue adulte. Elle a aujourd’hui son propre arbre généalogique et ses nombreux changements symboliques. Des pionniers aux avant-gardistes en passant par les écoles, la percée internationale et les jeunes talents, cette exposition propose un regard unique sur un sujet fascinant. Vive la mode belge !

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Anonymous, Girdle ca. 1914

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HÉRITAGE. UN HOMMAGE SURRÉALISTE La Belgique est un pays qui ne cesse de se réinventer. Depuis la fondation du royaume en 1830, le travail artisanal du textile joue un rôle essentiel. Des tapisseries et dentelles fabriquées au XVIe siècle à l’industrialisation du XIXe en passant par sa modernisation au XXe, la Belgique s’est profilée de fil en aiguille comme un producteur de textile de première classe au savoir-faire incontestable. En outre, le pays brille par son surréalisme non-conformiste. Combinez ce côté fantaisiste et absurde au professionnalisme et à la maîtrise technique, et vous obtenez un mélange exceptionnel. La hiérarchie laisse ainsi la place à l’anarchie et aux sous-cultures, avec un respect marqué pour les traditions populaires, des moules de la mer du Nord aux costumes des Gilles de Binche. Pour la Belgique, l’exposition universelle de 1958 était synonyme d’avenir. Pas seulement pour le tour de force esthétique qu’elle symbolisait, mais aussi parce qu’elle incarnait une liberté acclamée par la nouvelle génération. Avec l’arrivée du prêt-à-porter, le besoin d’une culture de la mode et l’apparition de nouvelles façons de vivre, l’année 1958 fut celle de la naissance de la mode belge. La Belgique devint alors un carrefour culturel où l’art individuel pouvait s’ancrer durablement.

Canette d’Or, décernée à Ann Demeulemeester, 1982 Cette petite pièce de machine à coudre était devenue, depuis la première édition du concours de la Canette d’Or en 1982, et ce jusqu’en 1991, un trophée prestigieux convoité par les jeunes stylistes et décerné aux meilleurs d’entre eux. L’objectif du concours était de persuader les fabricants de vêtements du grand talent des créateurs belges. Les trois premières 05

éditions ont récompensé les stylistes Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene et Dirk Bikkembergs. Ce prix, soutenu par le gouvernement, symbolise donc en quelque sorte la naissance de la mode belge. En 1981, le Ministère des Affaires Économiques lance le Plan Textile afin d’assainir le secteur et de développer sa créativité. L’Institut du Textile et de la Confection de Belgique (ICTB) prend alors en charge le volet créatif et invente le slogan « La mode, c’est belge ».

Anonyme, Corset patriotique, ca. 1914 Une corsetière bruxelloise a réalisé ce corset en satin bordé de soie, aux couleurs du drapeau belge. Son objectif était clair : au lieu de le porter sous de nombreuses couches, elle l’exposait fièrement dans sa vitrine pendant la Première Guerre mondiale. Si celui-ci représente encore un idéal d’indépendance et de liberté, le corset deviendra plus tard un symbole de l’oppression des femmes.

Christophe Coppens, Deer Cape de Dream Your Dream, automne-hiver 2005-2006 Les réalisations du styliste Christophe Coppens combinent avec brio la mode et l’art. Deer Cape, créé en 2005 pour la collection automne-hiver Dream Your Dream, en est un bel exemple. Le titre est à prendre à la lettre : le modèle porte un cerf à carreaux sur l’épaule, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Un chapeau à petites cornes, réalisé dans le même tissu, complète l’ensemble et crée une symbiose entre modèle et animal.


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Portrait Honorine Deschryver - Maison Norine - Le Signal Portrait Honorine Deschryver and Paul Gustave Van Hecke by Frits Van Den Berghe - 1924 - copyright KASKA

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MAISON NORINE. EN AVANCE SUR LA MODE La maison de couture Norine, située dans le quartier Louise à Bruxelles, a été gérée de 1915 à 1952 par Honorine Deschryver et Paul Gustave Van Hecke, deux figures de proue de l’avant-garde belge, tant dans le domaine de l’art que de la mode. Ce couple excentrique partageait non seulement une relation intime, mais aussi une passion pour l’expressionisme et le surréalisme. Ils rassemblèrent au sein d’une collection privée des œuvres signées par les artistes les plus modernes et les plus internationaux, notamment Frits Van den Berghe, Raoul Dufy, Max Ernst, Man Ray – et surtout – René Magritte. Ces artistes étaient leurs amis, parfois même leurs collaborateurs. À une époque où la mode parisienne occupait le devant de la scène, le couple a été l’un des seuls à réaliser des créations originales, innovatrices et pertinentes d’un point de vue artistique. Le terme « mode belge » est, pour ainsi dire, né sur le métier à tisser de Norine.

Frits Van den Berghe, Double portrait de Paul-Gustave Van Hecke et Honorine Deschryver, 1924 Ce double portrait illustre à merveille le couple Van Hecke-Deschryver. L’élégante et gracieuse Norine se trouve à l’avantplan, le robuste Van Hecke à ses côtés. Comme une véritable New Woman des années vingt, Norine porte les cheveux courts, a les joues poudrées et les lèvres rouges. Sa robe, sans aucun doute l’une de ses propres créations, est décorée avec des motifs art-déco. Sa présence illumine l’arrière-plan sombre et colossal, où l’on aperçoit un éléphant et un chat. Van den Berghe éclaire ce dernier de la même manière que Norine. La forme noire qui se cache derrière Van Hecke ressemble à 07

la queue du diable. À l’extrême gauche, on entrevoit une femme séduisante, nue. Van den Berghe fait un clin d’œil à la vie décadente de ses mécènes, parfaits exemples de la femme libérée et du selfmade man.


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Antwerp Six 1986 © Karel Fonteyne 1986 Dries Van Noten, SS 2005 © Etienne Tordoir

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NOUVEAUX STYLES. ÉMERGENCE ET AVANT-GARDE Dans cette salle, vous découvrez les créations de stylistes belges qui ont fait fureur à l’échelle internationale. Nous commençons par la Gantoise Yvette Lauwaert et l’Anversoise Ann Saelens. Alors que Lauwaert était plébiscitée à la fin des années soixante à travers sa maison de haute couture GY Store, Saelens a connu un vif succès grâce à ses vêtements crochetés à franges et ses défilés mémorables. Le modèle le plus récent présenté ici a été créé par le styliste Cédric Charlier, qui a lancé son propre label en 2012. Entre Lauwaert et Charlier, on peut parler d’une évolution... ou plutôt, d’une révolution. Dans les années quatre-vingt, les regards sont surtout tournés vers l’Italie et la France. La mode belge, si elle est admirée pour son savoir-faire, n’est pas encore synonyme de création. Cependant, parmi les pionniers les plus renommés qui surent faire entendre leur propre voix dès cette époque, on retrouve notamment Nina Meert et Maggy Baum. En 1981, le Plan Textile est mis en place. Il vise l’assainissement du secteur, alors en déclin. Grâce à l’Institut du textile et de la confection de Belgique et au soutien inconditionnel de sa présidente Helena Ravijst, le slogan « La mode, c’est belge » voit le jour. Le concours de la Canette d’Or est lancé afin de mettre en relation l’industrie et les créateurs de talent, dont Ann Demeulemeester, Marina Yee, Dirk Bikkembergs, Dirk Van Saene, Walter Van Beirendonck et Dries Van Noten. Après avoir connu – sous la dénomination « Les Six d’Anvers » – un succès certain dans le milieu des années quatre-vingt lors 09

du British Designer Show à Londres, ils se rendent séparément à Paris. Martin Margiela y faisait déjà fureur avec ses défilés révolutionnaires. Les modèles avant-gardistes des stylistes belges créent une véritable onde de choc dans la capitale française. Ils ouvrent ainsi la voie à de nouveaux noms tels que Veronique Leroy, Annemie Verbeke, Jurgi Persoons, Veronique Branquinho, Raf Simons ou Haider Ackermann, qui à leur tour servirent de tremplin à la génération suivante, notamment Tim Van Steenbergen, Christian Wijnants et Peter Pilotto. En moins de trois décennies, la mode belge s’est ainsi construite une identité propre caractérisée par la diversité de ses nombreux créateurs.

Maggy Baum, robe réalisée pour le concours de l’Aiguille d’Or, 1977 Maggy Baum est née à Verviers, la ville du textile. Depuis sa plus tendre enfance, elle connaît donc par cœur le rythme des machines industrielles. Lorsque l’industrie s’est peu à peu éteinte dans les années soixante, elle a ouvert son propre atelier et créé sa ligne de vêtements. Un pari risqué, car sa technique était alors encore inconnue. Ses créations en laine combinent le meilleur de deux mondes : l’expertise et la créativité. Cette silhouette, qui date de 1977, a été réalisée une seconde fois pour l’exposition Les années 80. L’essor de la mode belge, présentée en 1997 aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles.

A.F. Vandevorst, automne-hiver 1998-1999 Derrière la marque A.F. Vandevorst — ou tout simplement A.F. pour les initiés — se cachent deux stylistes : An Vandevorst et Filip Arickx. Après s’être rencontrés lors de leurs études à l’académie de la mode d’Anvers, ils créent leur propre marque en 1997. Depuis, A.F. rappelle l’univers de Joseph Beuys, l’hôpital, la croix rouge, les


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Raf Simons SS 1998 © Ronald Stoops

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uniformes, le feutre et le cuir. On retrouve toutes ces influences dans le vêtement vert kaki porté par cette silhouette, serré par une ceinture de cuir, et doté d’une selle. C’est avec cette création à la fois insolite, brutale et douce qu’A.F. Vandevorst a ouvert son tout premier défilé à Paris.

Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin, « Well Basically Basuco is Coke Mixed with Kerosene… » pour Véronique Leroy, The Face, avril 1994 L’image la plus surprenante et colorée de cette salle est sans doute ce cliché des photographes d’Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin, réalisé pour la styliste Véronique Leroy. Deux blondes au bronzage parfait dégustent une glace à l’eau sur leurs vélos de course tandis qu’à l’arrière-plan, une fusée traverse le ciel. Suggestive, sexy et glamour, voilà les mots clés qui caractérisent la mode belge. De la fumée, des couleurs criardes en passant par des collants couleur chair : les Belges aiment se faire remarquer. Les créations de Véronique Leroy sont parfaitement taillées, riches en couleurs, et forment, avec les campagnes photographiques qui les encadrent, un univers typé et insolite.

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Diane von Furstenberg © Cici Olsson

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PORTRAITS. ENTRE NOUS Les créations des stylistes belges sont de véritables miroirs de leur personnalité. Pensez donc à la robe cache-cœur ultra-féminine de Diane von Furstenberg, aux designs audacieux de Walter Van Beirendonck, à la sensibilité presque tactile des robes signées Olivier Theyskens ou encore aux chapeaux excentriques d’Elvis Pompilio. Certains stylistes ont une relation physique, presque narcissique, pourraiton dire, avec leurs créations, dans le sens positif du terme. Leurs collections sont quasi autobiographiques. On retrouve leur personnalité et leur conception de la vie dans les couleurs, les imprimés, la coupe et la manière dont ils interprètent la mode. Tous ces éléments participent à la singularité caractéristique des collections belges. Ann Demeulemeester, qui a récemment mis sa propre marque entre les mains d’une nouvelle équipe créative, a ainsi exprimé pendant des années sa personnalité à travers ses collections. Une identité qui s’avère indissociable de son nom et de sa marque.

Walter Van Beirendonck, Silhouette de « Warning: Explicit Beauty », automne-hiver 2015 En janvier 2015, un mannequin défilait à Paris avec ce pull ressemblant à un collage cubiste aux couleurs pop art. Il s’agit du portrait de Dirk Van Saene réalisé par Walter Van Beirendonck. Ces deux hommes sont en couple depuis leur formation académique à la fin des années septante. Dès ses premières collections, Van Beirendonck, grand sentimental à l’air dur, s’est attaché à faire passer un message social dans ses créations. L’hiver prochain sera placé sous le signe de « Warning: Explicit Beauty » : la beauté comme arme de résistance à la violence caractéristique de notre époque. Quelques semaines avant le défilé, la ville de Paris avait été touchée 013

par l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. La réaction de Van Beirendonck fut immédiate. Sur l’un de ses tops, on pouvait lire le slogan « Stop Terrorizing our World ».

Diane von Furstenberg, Wrap Dress La styliste Diane von Furstenberg est née à Bruxelles. Elle a ensuite quitté l’Europe pour se rendre aux États-Unis, où elle s’est concentrée sur sa carrière dans la mode. Elle y a alterné des nuits sauvages au Studio 54 et des créations pour femme active, avant de concevoir, en 1974, cette robe-portefeuille aujourd’hui emblématique et reprise dans la collection permanente du Metropolitan Museum de New York. Elle a été portée par des célébrités, notamment Jacky Kennedy. Cette wrap dress nouée à la taille et ses imprimés graphiques ont séduit les femmes du monde entier.


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Manon K端ndig - collection 2012 (2)

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LABORATOIRES. RENCONTRE ENTRE ARTISTE ET INDUSTRIE On trouve peu de créateurs belges n’ayant pas fréquenté l’une de nos écoles de mode. Les plus renommées sont les départements mode de l’Académie royale des Beaux-Arts AP Antwerpen, l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels - La Cambre, l’Académie royale des Beaux-Arts de Gand, l’Académie municipale des Beaux-Arts de Saint-Nicolas et l’IFAPME Château Massart de Liège. Des années plus tard, les anciens élèves parlent encore de leur formation avec grand respect. Certains, notamment Walter Van Beirendonck ou Marina Yee, collaborent encore avec l’un de ces « laboratoires ». Des jeunes arrivent de tous les coins du monde, espérant être admis dans une école belge et pouvoir marcher dans les pas des stylistes belges. Il faut remarquer que la formation « belge » n’est pas consacrée exclusivement à la mode : chaque étudiant est en effet confronté à d’autres formes d’arts appliqués. Les professeurs enseignant dans les écoles belges estiment qu’il est essentiel de proposer ce mélange de disciplines afin de contribuer au développement personnel des jeunes stylistes. Ils accumulent de nombreuses connaissances sur le passé pour mieux appréhender et faire évoluer le présent. Voilà ce qui fait la spécificité du style avant-gardiste belge, tout comme l’approche individuelle des professeurs, qui poussent les étudiants à trouver leur propre signature et leur propre vocabulaire.

Billie Mertens, Silhouette de fin d’études La Cambre, 1992. Médaille d’or, Hyères, 1992 « Pourquoi faudrait-il toujours utiliser du tissu pour créer un modèle ? Un manteau sophistiqué ne pourrait-il pas être réalisé en 015

nattes de plage ? » La styliste Billie Mertens pose ici une question surprenante mais légitime. Sa réponse était de toute beauté et lui a valu une médaille d’or lors de la septième édition du prestigieux Festival International de Mode et de Photographie à Hyères, dans le sud de la France. Mertens a également réalisé une copie de la robe à l’occasion du vingtième anniversaire du festival.

Carine Lauwers, Robe cuivrée, 1991 Cette silhouette a été réalisée en 1991 pour le concours international de l’Aiguille d’Or, qui s’adresse à de jeunes stylistes fraîchement diplômés. Dans le cadre du thème imposé (« Fleurs »), la lauréate du Château-Massart Carine Lauwers a osé présenter cette robe cuivrée. Au premier coup d’œil, la technique rappelle les créations de Paco Rabanne des années soixante : de petites plaques cuivrées sont reliées l’une à l’autre avec du fil de cuivre. Là où Rabanne créait une robe mécanique et futuriste, Lauwers a cependant souhaité conserver les formes naturelles du corps. Les petites feuilles de cuivre ont ainsi une forme organique et tombent avec souplesse le long du corps.

Manon Kündig, Silhouette de fin d’études, Académie des Beaux-Arts d’Anvers, 2012 La Suissesse Manon Kündig a obtenu son diplôme en 2012 à l’Académie royale d’Anvers et a directement attiré l’attention, avec ses imprimés digitaux et ses couleurs vives. La jeune styliste utilise des images populaires et humoristiques issues de la culture pop, qu’elle sélectionne au fil de longues recherches nocturnes sur Google Images. Pourtant, cette silhouette-ci a quelque chose d’inattendu : aucune partie du corps n’est visible, le modèle reste dans l’anonymat complet. Une silhouette qui réclame de l’attention, sans pour autant dévoiler son identité. L’humour tourne ici presque au sarcasme, tandis que la prédilection de Kündig pour la culture pop s’inscrit dans une recherche plus profonde sur la nature humaine.


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Martin Margiela SS1991 © Ronald Stoops

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MARTIN MARGIELA Ce n’est pas un hasard si cette salle est consacrée à l’œuvre d’un styliste particulier, Martin Margiela. Celui qui a installé son atelier dans une ancienne école de Paris est considéré par beaucoup d’autres stylistes comme un exemple. Il cultive sciemment son anonymat en plaçant son équipe en blouse blanche sur le devant de la scène, tandis qu’il reste dans l’ombre. Margiela a fait de sa maison un laboratoire de nouvelles idées. Tel un véritable chercheur, il innove dans chacune de ses collections, expérimentant des coupes et proposant de nouvelles créations. Rappelez-vous les nombreuses variantes de la silhouette XXL, l’imprimé trompe-l’œil ou encore les techniques de recyclage qu’il intègre à la mode (upcycling). Margiela cherche à déconstruire les références préexistantes, pour les transformer en un langage formel bien à lui, comme en témoignent les quatre points blancs tenant les étiquettes, les vestes fabriquées à partir des mannequins traditionnels Stockman, ou encore les bottines emblématiques au talon rond présentant une fente entre les orteils, inspirées des chaussettes japonaises Tabi.

Maison Martin Margiela, Bottines Tabi On retrouve déjà les emblématiques bottines Tabi dans la toute première collection de Margiela. Ces bottines serrées, arrivant à la cheville, avec un talon rond et une fente entre les orteils, étaient inspirées des chaussettes japonaises Tabi. Avant de prendre d’assaut le catwalk, les modèles de la Maison Martin Margiela avaient plongé leurs Tabis dans de la peinture rouge, laissant ainsi des traces sur le podium. Une empreinte toujours largement présente dans le monde de la mode d’aujourd’hui : en plexi, en liège, avec ou sans talon, les Tabis forment une partie intégrante de l’œuvre de la Maison Martin 017

Margiela, telle une toile vierge propice à de nouvelles créations. Un classique moderne.


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Jean-Paul Lespagnard portrait

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VOCABULAIRE. LA SINGULARITÉ COMME MARQUE DE FABRIQUE D’une saison à l’autre, les créateurs belges proposent une expérience sensorielle intense. Dans chaque collection, ils créent un univers reconnaissable qui leur est propre. Chaque styliste développe, dès sa première collection, un code spécifique que les amateurs de mode reconnaissent à vue d’œil. Outre les vêtements et les accessoires, la communication est pensée dans les moindres détails, notamment pour l’aménagement des boutiques, les invitations et la scénographie des défilés. Dans cette salle, cinq alcôves vous feront voir l’univers de quelques stylistes. Chacun d’eux a développé son propre vocabulaire. Chez Raf Simons, on retrouve l’ode à culture underground, chez A.F. Vandevorst, la croix rouge et les références au monde hospitalier, chez Edouard Vermeulen, la couture royale et le luxe, chez Jean-Paul Lespagnard, le clin d’œil à la culture populaire et folklorique, et chez Dries Van Noten, le côté subtil et rêveur.

Raf Simons Les collections de Raf Simons sont une ode à la culture et la scène underground. Des tops sans manches et des jambes de pantalons larges, des imprimés graphiques et des matériaux futuristes : les créations de Simons sont jeunes, énergiques et osées, sans jamais verser dans l’évidence.

A.F. Vandevorst Personne ne s’est autant approprié la couleur que ce duo créatif. Des teintes vertes, grises ou beiges rappellent l’univers militaire et le monde hospitalier. Le rouge, sous forme de croix, est l’exception qui confirme la règle.

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Natan Edouard Vermeulen est le roi de la couture belge, sans extravagance ou décadence aucune. Lorsqu’il reprend, en 1983, la maison Natan, il a un objectif en tête : créer des pièces authentiques et luxueuses, à un prix abordable. Le résultat est un style somptueux, aux tissus splendides et richement colorés. Et bien sûr, la clientèle est tout aussi royale.

Jean-Paul Lespagnard Ce Liégeois pragmatique n’a peur ni de la culture, ni du folklore populaires. Ses collections éclectiques rassemblent un tas d’influences hyper modernes : des chapeaux de Gilles de Binche, des uniformes de basketteurs et des vestes de motards. Pour sa collection « Savoir Faire » (2012), il a choisi une approche surprenante en s’inspirant de l’artisanat et de l’authenticité de la boucherie Dierendonck.

Dries Van Noten L’or, les paillettes et le glamour. Un mélange captivant, lorsque l’on admire les créations de Dries Van Noten. Il parvient comme personne à explorer les frontières entre le kitsch et l’art. Combinez son style d’imprimés graphiques surprenants et de coupes uniques, et vous obtenez des collections magnifiques et hors du temps.


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McBeth by Tim van Steenbergen © Koen Broos

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UNE HISTOIRE D’AMOUR. LA MODE, C’EST DE L’ART Pour les créateurs belges, l’amour de l’art est vital. Comme nous l’avons déjà mentionné, les stylistes belges sont confrontés à d’autres disciplines artistiques tout au long de leur formation. Il est donc naturel qu’ils s’intéressent, au fil de leur carrière, à ces autres domaines, à la recherche d’un Gesamtkunstwerk éclectique. Concrètement, cette attitude s’exprime de différentes façons. Nos créateurs s’inspirent de notre patrimone culturel, créent des costumes pour des compagnies de danse et de théâtre en Belgique et à l’étranger et collaborent avec des artistes contemporains. Ann Demeulemeester a notamment habillé la statuette Notre-Dame du Secours et de la Victoire de l’église Saint-André d’Anvers, Raf Simons a travaillé avec l’artiste américaine Sterling Ruby, tandis que la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker a fait plusieurs fois appel à l’inspiration de Dries Van Noten pour réaliser les costumes de ses danseurs. Depuis toujours, on peut donc parler d’un dialogue fructueux, même si ce sont toujours les créations qui ont le dernier mot.

Ann Demeulemeester, Ensemble d’après celui réalisé pour la statue Notre-Dame du Secours et de la Victoire (XVIe siècle), Église SaintAndré, Anvers, 2001 Alors que la saison 2001 bat son plein, Rudi Mannaerts, curé de l’Église SaintAndré d’Anvers, appelle la styliste Ann Demeulemeester. Serait-elle partante pour réaliser un nouveau costume pour sa « bien-aimée », qu’il trouve un peu démodée ? La styliste accepte immédiatement. « Il ne s’agissait plus 021

d’une statue, mais d’une femme, que je rendais belle. Lorsque je suis descendue de l’échelle, je me suis dit : Voilà une bonne chose de faite. » Demeulemeester se rend aujourd’hui encore régulièrement à l’église pour nettoyer la robe et rafraîchir les plumes.

Marina Yee, Manche réalisée pour l’année Antoon Van Dyck, Anvers, 1999 Dans cette salle se trouve un grand aquarium de verre. Dans l’eau flotte un tissu blanc, relié à un pinceau. En y regardant de plus près, on reconnaît une manche. Seul l’œil averti comprend la référence historique : il s’agit d’une réplique d’une version datant du XVIe siècle. Marina Yee l’a réalisée à l’occasion du 400e anniversaire du peintre baroque flamand Antoon Van Dyck. Le support est le vêtement, de façon très abstraite. Peu importe la forme que prennent les idées de Yee, cette dernière est une véritable artiste, au même titre que le peintre.

Tim Van Steenbergen, Silhouette de Roméo et Juliette, Ballet royal de Flandres, 2014 Il est impossible de réduire l’œuvre de Tim Van Steenbergen à une discipline. Il est styliste, mais aussi concepteur de meubles, artiste, costumier et graphiste. Son œuvre est dominée par sa prédilection pour les matières inhabituelles. Dans les costumes qu’il a réalisés pour les danseuses du ballet Roméo et Juliette, il s’est inspiré de peintures et de dessins de la Renaissance. La longue traîne défie les danseurs. Van Steenbergen aime illustrer la façon dont la mode peut aussi avoir une fonction narrative, même s’il faut avouer que la robe féerique portée par Juliette attire toute l’attention.


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Carine Gilson for James Bond - Skyfall

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VERS L’INFINI. VERS LES ÉTOILES Les Belges ont parcouru un long chemin. Le succès international n’est pas donné à tous. Peu à peu, nos stylistes se débarrassent de leur étiquette d’outsiders et s’installent pour de bon sur la scène de la mode internationale. Pour rien au monde, les dernières Semaines de la mode n’auraient fait une croix sur les défilés belges. Depuis la récente découverte des stylistes belges par les grandes maisons de couture et les multinationales, plusieurs marques se sont développées et ont aujourd’hui une envergure internationale, comme celle de Dries Van Noten par exemple. De nombreux créateurs belges sont devenus directeurs artistiques des maisons les plus prestigieuses, notamment Raf Simons pour Dior et Kris Van Assche pour Dior Homme. Dans le monde de la mode, l’adjectif « belge » se révèle être un qualificatif couramment utilisé, et signifie bien plus qu’un balisage géographique. Son secret ? Une persévérance sans limite, une grande attention accordée à l’artisanat, et une conscience prononcée des tendances actuelles en perpétuelle évolution. Le tout, sans prétention.

Carine Gilson, Déshabillé porté dans le film de James Bond Skyfall, printemps-été 2011 Carine Gilson se distingue d’autres stylistes belges par ses créations symbolisant le glamour pur et la sensualité féminine. Il n’est donc guère étonnant que Gilson soit célèbre dans le monde entier. La cerise sur le gâteau était la scène du film de James Bond Skyfall en 2012, dans laquelle l’actrice Bérénice Marlohe portait l’une de ses créations. Ce déshabillé en soie, d’une magnifique couleur crème, est digne de la plus haute couture. La dentelle de Chantilly mécanique aux motifs fleuris suit minutieusement les lignes du corps féminin. 023

Olivier Theyskens pour Rochas, Ensemble de soirée, automne-hiver 2003-2004 Olivier Theyskens est l’un des rares Belges qui, sans diplôme – il a interrompu ses études à La Cambre après deux ans –, est tout de même parvenu à trouver sa voie dans le monde de la mode. Parmi ses clients, on trouve Jennifer Aniston, Madonna et Nicole Kidman. Ensuite, il s’est fait remarquer lors de ses premiers défilés pour la maison française Rochas. Celui de l’automne-hiver 2003 a été qualifié par Style.com de « nothing short of magnificent ». Cet ensemble de soirée aux multiples couches en taffetas imprimé est orné de dentelle de Chantilly mécanique caractéristique de l’approche de Theyskens. Les volumes sculpturaux et les matières de haute couture témoignent à la fois de sa modernité et de son respect du passé. Une combinaison que l’on retrouve également dans ses propres collections datant des années 2000.


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Jan-Jan Van Essche © Koen de Waal

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LA QUESTION DU SENS. LA FIN DU GASPILLAGE Aujourd’hui, des termes comme « écologie » ou « durabilité » sont monnaie courante, bien que leur application concrète laisse souvent à désirer. La mode a bénéficié pendant des décennies d’une économie prospère et d’une consommation de masse effrénée. Aujourd’hui, les créateurs sont obligés de repenser leur métier. À la fin des années quatre-vingt, Martin Margiela était le premier en Europe à valoriser le recyclage dans ses créations, faisant ainsi tomber la barrière entre la « haute » et la « basse » culture. Les stylistes belges abordent l’avenir de la mode avec précision et conscience, sans pour autant se présenter comme des sauveurs de l’humanité. S’ils refusent de mettre la créativité au second plan, ils saisissent cependant leur chance de combiner celle-ci avec la durabilité. Jan-Jan Van Essche, Katrien Van Hecke, Eric Beauduin et Bruno Pieters (honest by.) recourent à des techniques innovatrices, des matières durables, des objets uniques, et assurent au consommateur une transparence totale. Cette salle souligne les dilemmes d’aujourd’hui et les défis de demain.

Eric Beauduin Cette installation surréaliste montre une femme ensevelie dans un grand sac en cuir. À l’image de cette femme, notre société donne parfois l’impression de se noyer dans une surabondance de vêtements. C’est dans cette masse imposante qu’Eric Beauduin trouve matière à créer. Il collectionne dans son atelier-boutique à Bruxelles des vestes en cuir vintage dont il réutilise le cuir pour fabriquer des sacs. Admirez tout particulièrement les détails des vestes présents sur le sac. En cherchant la beauté d’un objet usé, en 025

lui donnant une nouvelle fonctionnalité, Beauduin parvient à renverser la logique du cycle de consommation : l’humour et le savoir-faire remettent en question les structures établies.

Bruno Pieters et Mats Rombaut pour honest by. printemps-été 2015 Bruno Pieters était conscient des changements écologiques à l’échelle internationale lorsqu’il a fait un comeback fort remarqué en janvier 2012. Après avoir passé plusieurs années comme directeur artistique chez Hugo Boss, il décide de lancer la nouvelle plate-forme en ligne honest by. Pieters a fait le choix d’une transparence totale : chaque vêtement acheté chez honest by comprend une longue liste informative. Vous savez donc que cette petite robe en matelassé a été fabriquée en Belgique, avec des matières recyclées, et que les tissus européens sont organiques et antiallergiques. Les chaussures, également fabriquées en matières dites « responsables », ont été réalisées par Pieters en collaboration avec Mats Rombaut, l’un des autres stylistes du collectif honest by. La mode écologique est désormais bien loin des clichés hippies.


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Filles à Papa FW2013 COLLECTION YES SIR © Gregory Derkenne

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NOUVELLE VAGUE. NOUVELLE GÉNÉRATION

Capara, Ensemble de I Am In The Moment, chaussures en collaboration avec Camper, automne-hiver 2015-2016

Les deux jumelles Olivera et Vera Capara sont nées en Bosnie-Herzégovine et ont grandi en Allemagne. En 2009, elles Nous clôturons ce parcours en nous fondent leur propre label à Anvers, rêvant intéressant à la nouvelle génération de d’expérimenter avec les proportions créateurs belges. Si ces derniers « likent » traditionnelles de nos vêtements. À leurs prédécesseurs, ils n’en sont pas pour distance, la combinaison inattendue autant des « followers ». À l’heure actuelle, d’un blouson bomber et d’un blazer sans alors que les analystes prévoient la fin de la manches donne l’impression de se fondre mode, ils n’ont plus qu’une chose à faire : en une nouvelle forme. Cet effet trompela faire revivre. Qu’ont-ils à perdre ? Ce qui l’œil est renforcé par le jeu graphique des est sûr, c’est qu’ils partent à la recherche couleurs, inspiré de photographies de la d’une nouvelle voix, la leur. Ils s’organisent Néerlandaise Viviane Sassen. sous forme de collectifs, ou partent à Vêtements, Ensemble, automne-hiver l’aventure en solo, généralement avec un 2015-2016 diplôme belge en poche. MAD Brussels - le Centre de la Mode et du Design - a sélectionné, à l’aide de professionnels de la On la reconnaît, dans ses vêtements, mode, douze jeunes stylistes belges et leur même si on ne l’a encore jamais rencontrée. On s’imagine où elle passe ses a donné carte blanche pour présenter ici leurs créations. Ils sont les figures de proue nuits, avec qui. Son créateur ne pose pas seulement un regard osé, mais raconte une d’une génération tournée vers le monde histoire avec ses personnages. Un perfecto et donnent à la mode belge un nouveau beaucoup trop grand, le sweater du petit visage. copain, des bottes m’as-tu-vu en clin d’œil Filles à Papa, Whitewashed Collection, aux années 70 : ce genre de description automne-hiver 2015-2016 superficielle ne suffit cependant pas pour décrire cette silhouette. Demna Gvasalia Filles à Papa : ce n’est pas une marque, est une ancienne élève de l’Académie mais une attitude. Les sœurs Carol et royale des Beaux-Arts d’Anvers. Elle a créé Sarah Piron parviennent à toucher la une attitude, un caractère, et surtout, des corde sensible des amateurs de mode vêtements. d’aujourd’hui. Les slogans judicieux, à la limite rebelles, reflètent l’attitude expérimentale des deux stylistes dont les créations mélangent paillettes, trous, déchirures, piercings et parfois même poils sous les bras. Les sœurs ne s’inspirent pas de leur ville natale, Liège, mais ont le regard tourné vers l’autre côté de l’océan. Le denim est l’élément central de cette silhouette, qui scande joyeusement des slogans provocateurs.

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épilogue

Une belle histoire d’amour La mode et l’art forment un couple intimement lié. Dans le Bruxelles bouillonnant des années vingt et trente, ce couple avait un nom : Honorine Deschryver et Paul-Gustave Van Hecke, fondateurs de la maison de couture Norine. Celle-ci était la première maison belge à se distinguer de Paris, et accordait une attention particulière à la dimension artistique de la mode. Dès son ouverture, le Palais des Beaux-Arts a contribué au développement de cette mode « à la belge » en accueillant des expositions proposées par l’association L’Art vivant, sous la houlette du couturier Van Hecke, ainsi qu’un défilé de la Maison Norine, en 1932. Mode & Art. C’est le nom de l’exposition influente présentée en 1995 au Palais des Beaux-Arts et qui présentait notamment des créations de Jean Paul Gaultier, John Galliano et Yohji Yamamoto aux côtés de celles d’Andy Warhol, Christo et Gilbert & George. Mode & Art a donné le ton. Depuis, la mode occupe une place toujours plus importante dans l’agenda des expositions, ainsi que dans les musées d’art. Vingt ans après Mode & Art, BOZAR et MAD Brussels mettent en valeur l’histoire récente de la mode belge qui, au cours des deux dernières décennies, a connu de profondes mutations. Les 75 stylistes présentés ici en disent long sur l’évolution du secteur depuis Martin Margiela et les Six d’Anvers. L’histoire des Belges est une success-story, une histoire au rayonnement international, une histoire d’insoumission. Cette exposition centrale forme le point d’un départ d’un Summer of Fashion qui s’étend dans Bruxelles jusqu’aux boutiques et ateliers de la rue Dansaert.

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Cet été, la mode et l’art seront au cœur de la programmation de BOZAR, avec 9 expositions. Pascale Marthine Tayou sera notre artiste en résidence. Boomerang fait référence aux conséquences des actions humaines auxquelles nous risquons d’être confrontés, un jour ou l’autre. Tayou ne s’épargne pas lui-même. Il n’est ni militant, ni sentencieux. Pour lui, l’art n’est pas une dénonciation. Ses créations extraverties tentent plutôt de créer un lien positif entre le monde intérieur et extérieur, entre l’individu et la communauté. À l’occasion de cette exposition, il a réalisé Saison d’amour, une série d’œuvres qui donnent une nouvelle vie à des morceaux de textile récupérés notamment auprès de sa femme et du styliste Jo De Visscher. Encore une belle histoire d’amour... Tout comme les artistes plasticiens, les créateurs de mode sont profondément conscients du monde dans lequel ils vivent. Un vêtement ne représente pas uniquement une personnalité, mais symbolise aussi un engagement social. Dans Les Belges, des stylistes comme Bruno Pieters et Jan-Jan Van Essche témoignent de cette attitude par le biais du slogan « Valorisation. La fin du gaspillage » : matières premières équitables, limitation de l’empreinte écologique et transparence des conditions de travail. Comme l’explique Bruno Pieters : « si la mode nous parle de beauté, alors l’histoire qui l’entoure doit être tout aussi belle ». Et la mode, en tant qu’industrie, peut faire la différence.


Tickets & info

COMBITICKETS

COMBI SUMMER (The Belgians + Pascale Marthine Tayou + Young Belgian Art Prize15): € 16 – 14 (BOZARfriends)

Catalogue

THE BELGIANS. A History of Belgian Fashion + Pascale Marthine Tayou (BOZARfriends): € 14 – 12 (BOZARfriends)

Catalogue €39.99 - 36 BOZAR-friends Guide littéraire Jean-Philippe Toussaint - Les Saisons. Un regard littéraire sur la mode. € 2 - € 1 (BOZAR-friends) Un bel éte quand même 05.06 — 29.09.2015 Bellissima. L’Histoire de cinq robes Juergen Teller — Vivienne Westwood V+ 2014-2015 Premiere: DIOR and I – Frédéric Tcheng (Fashion on film) 23.06.2015 – 20:30 (livestream from Paris) & 12.09.2015 – 20:00 Compilation of short films 10.09.2015 – 20:00 Pascale Marthine Tayou. Boomerang Young Belgian Art Prize Mekhitar Garabedian. Installations Chinese Utopias Revisited. The Elephants BOZAR STUDIOS Parcours découvertes (6+). Chaque mercredi juillet-août 14:30 FASHION NOW! 05.06 — 28.06.2015 An Unexpected Fashion Trail through the City of Brussels Des vitrines surprenantes réalisées par les créateurs mêmes. Leur vision en un parcours unique à Bruxelles. Info: www.summeroffashion.be Bar estival Pour les nocturnes du jeudi (25.06 — 16.07 et 20.08 — 17.09.2015), BOZAR vous propose dans son bar estival des apéros, des rencontres et des activités en marge des expositions. À l’achat d’un billet entre 18:00 et 19:00, nous vous y offrons un cocktail. Vous trouverez toutes les infos relatives à notre programmation sur notre page Facebook.

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Colophon

The Belgians. An Unexpected Fashion Story Head of Exhibitions: Sophie Lauwers Curator: Didier Vervaeren Assistant curator: Nele Bernheim Scenography & curatorial advice: Richard Venlet Head of Production: Evelyne Hinque Exhibition Coordinators BOZAR: Dieter Van Den Storm & Francis Carpentier Technical Coordinator: Isabelle Speybrouck Graphic Design: Paul Boudens Press: MCDM Marie-Christine De Meulder & Caroline Schuermans With dedicated support by Axelle Ancion, Leen Daems, Gunther De Wit, Frederic Eelbode, Laurence Ejzyn, Colin Fincoeur, Barbara Lefebure, Olivia van der Ghinst, the BOZAR Art Handlers and our hosts.

Coproduction: MAD Brussels Within the context of: Summer of Fashion – Madifesto MANAGEMENT BOZAR Chief Executive Officer – Artistic Director: Paul Dujardin Director of Artistic Policy: Adinda Van Geystelen Director of Operations: Albert Wastiaux Director of Finances: Jérémie Leroy Head of Music: Ulrich Hauschild Head of Exhibitions: Sophie Lauwers Head of Cinema: Juliette Duret Director of Technics, IT, Investments, Safety & Security: Stéphane Vanreppelen Director of Production & Planning: Jean-François D’hondt Director of Marketing, Communication & Sales: Filip Stuer Director of Human Resources: Marleen Spileers Director of General Administration: Didier Verboomen Ceci est une publication du département communication, marketing & sales de BOZAR Director of Marketing, Communication & Sales: Filip Stuer Editorial coordination: Frederic Eelbode Lay-out: Koenraad Impens Editors: Olivier Boruchowitch, Frederic Eelbode, Alexander Jocqué, Marianne Van Boxelaere, Xavier Verbeke & Luc Vermeulen Graphic Designers: Koenraad Impens, Olivier Rouxhet & Sophie Van den Berghe Audience Development: Eléonore Duchêne, Barbara Lefebure & Sylvie Verbeke Texts: Nele Bernheim, Aya Noël, Aline Peeters, Dieter Van Den Storm & Didier Vervaeren Translators: Judith Hoorens & Alison Mouthaan

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LES BELGES. UNE HISTOIRE DE MODE INATTENDUE

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est une marque dĂŠposĂŠe de la S.A. Palais des Beaux-Arts is een gedeponeerd merk van de nv Paleis voor Schone Kunsten is a registered trademark of the Centre for Fine Arts PLC

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Plan de Salle

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Attention aux marches!

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HÉRITAGE. UN HOMME SURRÉALISTE MAISON NORINE. EN AVANCE SUR LA MODE NOUVEAUX STYLES. ÉMERGENCE ET AVANT-GARDE PORTRAITS. ENTRE NOUS LABORATOIRES. RENCONTRE ENTRE ARTISTE ET INDUSTRIE MARTIN MARGIELA Vocabulaire. LA SINGULARITÉ COMME MARQUE DE FABRIQUE une histoire d’amour. LA MODE, C’EST DE L’ART VERS L’INFINI, VERS LES ÉTOILES LA QUESTION DU SENS. LA FIN DU GASPILLAGE NOUVELLE VAGUE. NOUVELLE GÉNÉRATION


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