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Une fois dans la salle, je sais que les gens s’amuseront, ils sortiront avec la banane. Mais le plus dur sera de les faire entrer. Même mes meilleurs potes qui l’ont vu, m’ont dit : « on a adoré, mais pour être franc, on pensait se faire chier ».

Blended – Quelle est la genèse du projet ? Michel Hazanavicius – C’est la conjugaison de plusieurs facteurs. Mais, avant tout, c’est une envie que j’avais en moi depuis très très longtemps. Et puis, il y a aussi le fait de travailler avec des acteurs qui inspirent. Ils sont comme des outils qui alimentent le film et le projet. Après le succès d’OSS, je n’avais pas envie de refaire une comédie. J’avais besoin de quelque chose de plus stimulant. En fait, j’ai toujours voulu faire un mélo, un film dépourvu d’ironie, où l’on n’est pas distrait de la narration par les personnages. Ca, c’est pour l’idée du film, mais après pour monter le projet, c’est une autre histoire. Et là, il y a Thomas Langmann. Il a eu un rôle prépondérant. Il est allé jusqu’à mettre de l’argent de sa poche sans se demander si on rentrait dans les cases des chaines de télé ou non. C’est un acte rare dans le cinéma d’aujourd’hui, sans calcul. Il a pris des risques comme les producteurs en prenaient dans le passé. Avec ce genre de film, on est condamné à l’excellence. Il fallait donc de l’argent (dix millions de budget. Ndlr). Aujourd’hui, j’ai rempli tous mes objectifs avec ce film, reste à voir s’il aura du succès. A Cannes, ça marche, mais ici il n’y a que des amoureux du cinéma, or mon film touche à l’originel du ciné. C’est normal que les gens aiment. Mais pour le public, je ne sais pas.

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-Qu’est-ce qui change dans l’écriture et dans la réalisation avec un film muet et noir et blanc ? M.H. – Pas grand chose en fait. Je n’ai pas eu à changer d’habitudes parce que j’ai toujours l’impression de ne rien savoir en matière de réalisation. En fait, j’ai maté plein de films muets pour en comprendre le fonctionnement. Et j’étais ravi. Quand on a des restrictions, on découvre aussi de nouvelles libertés. J’ai fait un gros travail d’immersion dans cette époque et dans ce style cinématographique. Sur le tournage, tout s’est fait naturellement. En fait, l’écriture implique la direction. Tout mon travail sur le tournage était de simplifier la tâche des acteurs. Par exemple, j’ai tourné en 22 images/seconde. Comme ça, il y avait un patiné, un grain, une sorte de ralenti qui rappelle les années 20 et que les acteurs n’avaient pas à jouer. J’ai aussi mis de la musique sur le plateau pour porter les acteurs et structurer les scènes. Je n’ai aucune raison de mettre à mal mes acteurs, ils sont mon outil principal. Dans une salle, on ne regarde que les acteurs. -Dans ce genre de projet, le casting est primordial ? M.H. – Bien sûr, mais ils étaient libres de refuser. J’aurais fait le film quand-même. Cela aurait été un autre film, c’est tout. Mais, c’est vrai que Jean (Dujardin) et Bérénice (Béjo) sont des projections de l’image que j’ai d’eux. J’ai écrit le film en pensant à eux. Mais c’est quand-même casse gueule pour

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