Envie de lire 36

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nvie de Lire n 36 º

Les coups de coeur des bibliothécaires Automne / Hiver ‘13 -’14


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ENVIE DE LIRE

Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la science-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bibliothèques municipales mettent à votre disposition. Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de coeur dans ces textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront...


Š Barry Skeates, 2011


ABERCROMBIE, Joe Cote R ABER

Servir froid Paris, Bragelonne, 2013. 666 p.

CIT JON MIN PAQ STA

Monza Murcato, capitaine générale de la compagnie des mille épées, et son frère rentrent victorieux d’une énième campagne pour le compte du Duc Orso. Au lieu du triomphe qu’ils seraient en droit de recevoir, le duc ordonne leur exécution et les fait poignarder et jeter par le balcon du palais au fond d’un précipice. Miraculeusement rescapée, Monza se remet lentement et n’a dès lors, qu’un seul but dans sa vie : tuer les sept hommes qui étaient présents pour venger son frère, sans aucune pitié car « pitié et lâcheté sont une même chose ». Elle prend alors la tête d’une petite troupe hétéroclite composée d’un barbare du nord, d’un empoisonneur narcissique et de son apprentie, d’un capitaine mercenaire et ivrogne, d’une mère de famille ex-inquisitrice et d’un ancien bagnard meurtrier et passionné par les nombres… Dans la même veine que La première loi, dont on retrouve certains personnages et de nombreuses allusions, ce roman consacre Joe Abercrombie comme un des nouveaux très grands talents de la fantasy. FG ADICHIE, Chimamanda Ngozi Autour de ton cou Cote R ADIC Paris, Gallimard, 2012 (Du monde entier). 285 p. BUS CIT STA Titre original anglais : The thing around your neck. R2 ADIC

BUS MIN PAQ SER

Pas toujours facile de choisir un recueil de nouvelles : jetez-vous sur celui-ci ! La jeune auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie nous livre ici, après la parution de deux romans, treize pépites qui composent un tableau du Nigéria contemporain encore mal remis de la guerre du Biafra qui, pourtant, date de la fin des années 70. La plupart des protagonistes de ces histoires sont des émigrants aux États-Unis, ou aspirent à l’être. On y discerne la place peu envieuse des femmes africaines, les tensions entre les diverses communautés, l’homosexualité dans la société africaine, les relations conjugales, la religion, etc. Pour moi, la nouvelle la plus emblématique reste Les marieuses, dans laquelle une jeune femme raconte comment on l’a mariée à un Nigérian « docteur aux État-Unis », le top du top ! Arrivée dans son appartement des plus spartiate, elle est priée de ne pas cuisiner d’aliments trop « africains » qui sentiraient dans le couloir et son mari l’initie aux joies du hamburger et de la pizza industrielle. Son désir de s’intégrer est grotesque et il inspire au lecteur autant de mépris que sa jeune femme de compassion… Beaucoup de suggestivité et de justesse dans ces textes, du grand art. DM


ALLAMAND, Carole Cote R ALLA

La plume de l’ours Paris, Stock, 2013 (La forêt). 391 p.

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La chercheuse Carole Courvoisier se rend aux Etats-Unis afin de poursuivre ses recherches sur le cas Duval. Elle suit la piste de Camille Duval, un écrivain suisse majeur, qui a disparu pendant une dizaine d’années. De New York jusqu’en Alaska, elle suit avec opiniâtreté les traces de l’écrivain mystificateur. Au gré de ses rencontres avec les derniers témoins de cette époque, elle sera confrontée à toutes les facettes de l’âme humaine : vérités premières contre mensonges tardifs, amitié, amour, décès d’un ami, une mère féroce à aimer et des ours à sauver de la faim. Totalement jouissif, les folies des uns se mêlent aux compromissions des autres et il est bien difficile de vouloir découvrir l’exactitude des faits. Carole arrivera à sortir du labyrinthe, à dénouer les fils des mémoires. Carole Allamand est une auteure genevoise et La plume de l’ours est son premier roman. MCM

AMADO, Jorge Cote R AMAD

Le vieux marin Paris, Stock, 2013 (Bibliothèque cosmopolite). 309 p.

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Ecrit en 1961 et depuis maintes fois traduit en français, ce roman de Jorge Amado est l’histoire d’un vieux capitaine, le bien nommé Vasco Morosco de Aragao, qui vient de s’installer dans le quartier de Periperi près de Bahia. Fort de sa vie aventureuse sur toutes les mers du globe, il n’en finit plus de nourrir ses nouveaux voisins d’histoires …vraies, … invraisemblables ? Notre héros maritime à la retraite abreuve de péripéties ses amis tout ouïe, mais un des habitants du quartier, un grognon, un saint-Thomas, doute de plus en plus de la vérité au fonds du puits. Un jour, le facond commandant est obligé de piloter un paquebot en cabotant. Quelle sera la morale de ce truculent roman ? Le suspense et les histoires abracadabrantes du vieux marin sont amenés et tenus de main de maître par Jorge Amado (1912-2001), le célèbre écrivain brésilien. Vérité ou mensonges, telle est la question. MCM


Guerre et spray

BANKSY Cote 751.73 BAN

Paris, Alternatives, 2011. 238 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER STA

Banksy ? Tout le monde connaît son travail mais personne ne sait qui il est, car il continue à dissimuler son identité. Il serait né en 1974 en Grande-Bretagne et c’est un cauchemar pour les autorités policières… Il aime provoquer, voire choquer, ses grafs subversifs dénoncent certaines situations politiques, ou certains faits de société. Très clairement anti-guerre, anti-autorité, révolutionnaire, anti-capitaliste, c’est ainsi qu’il se montre à travers ses dessins. Il sait utiliser les aspérités d’un sol ou la partie décrépie d’un mur pour les inclure dans ses scènes. Il a fait imprimer des billets de 10 £ à l’effigie de Lady Di, a peint des échelles ou des paysages sublimes sur le mur de Palestine. Son imagination et son humour sont sans bornes. Son site www.banksy.co.uk vous dévoilera un panorama de ses œuvres. DM

BARATON, Alain Cote 712 BAR

Dictionnaire amoureux des jardins Paris, Plon, 2012 (Dictionnaire amoureux). 584 p.

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Jardinier de Versailles et chroniqueur à France Inter, Alain Baraton nous livre ses coups de cœur, de Le Nôtre à Linné, en passant par Arcimboldo, les jardins persans, le rouge-gorge, et la mal-aimée ortie. Parmi le florilège qu’il propose, j’ai découvert un malicieux poème de Queneau sur les géraniums et les violettes. Le nom de famille « Clément » inciterait-t-il au jardinage ? L’homme de Dieu est l’ « inventeur » de la clémentine, et Gilles, (sans aucun lien de famille avec le précédent), le défenseur des plantes vagabondes qualifiées d’invasives par leurs détracteurs, et le créateur des jardins en mouvement. Un livre à feuilleter sur une chaise longue, seul(e) ou en compagnie de quelques nains de jardin. FA


BARRY, Sebastian Cote R BARR

Du côté de Canaan Paris, Losfeld, 2012 (Littérature étrangère). 274 p.

BUS CIT EVI JON PAQ STA Titre original anglais : On Canaan’s side. R2 BARR

BUS CIT EVI

Lily a 89 ans et elle va bientôt mourir. C’est elle qui nous raconte son histoire, sur le point de s’achever. Enfuie d’Irlande à l’âge de 19 ans avec Tadg, son fiancé, recherché par l’IRA, Lily débarque aux Etats-Unis avec deux adresses en poche. C’est à Chicago qu’ils vont finalement se poser, mais Tadg est rapidement repéré et tué. Lily s’enfuit, se débrouille pour trouver un travail d’employée de maison et rencontre Joe avec qui elle se marie. Alors qu’elle tombe tardivement enceinte, son mari disparait sans explication et c’est seule qu’elle élèvera son fils Ed. Appelé au Vietnam, il rentrera définitivement traumatisé par la guerre. La guerre, Lily connait : la deuxième guerre mondiale avait déjà emporté son frère… Autant dire que lorsqu’Ed lui confie la garde de son propre fils, Bill, Lily l’élève avec tout son amour, et ne se remettra jamais de sa mort en Irak. Un roman triste et émouvant, le destin d’une femme maltraitée par la vie, mais qui la raconte sans pathos, une femme généreuse et attachante, dont vous vous souviendrez longtemps. DM BIRKEFELD, Richard ; HACHMEISTER, Göran Deux dans Berlin Cote R BIRK Paris, LGF, 2013 (Le livre de poche ; 32979. Policier). 525 p. CIT EVI JON PAQ

En cet hiver 44, Berlin est bombardée quotidiennement par les Anglais. Certains de la Gestapo sentant la défaite arriver, changent de camp. Kalterer, un ancien des services de renseignements de la SS, se remet d’une blessure par balle et est affecté à la police criminelle de Berlin. Lui non plus ne croit plus à la Victoire mais il reste fidèle au parti tout en essayant de protéger ses arrières. Il aimerait reconquérir Lotti qui l’a quitté après avoir compris ce que le nazisme signifiait vraiment. Il minimise ses actes et veut lui démontrer que maintenant il n’est plus qu’un simple policier. Son enquête va le mettre face à Haas, évadé de Buchenwald, et qui veut venger sa femme et son fils morts dans le bombardement de leur immeuble. On leur aurait refusé l’accès à l’abri collectif. Comme une majorité d’Allemands, Haas avait été un admirateur du Führer jusqu’au jour où il apprend la mort de son frère tué dans cette guerre qu’il ne comprend pas. Il ne cache plus sa haine du Führer et il sera dénoncé. Ce livre est écrit par des historiens et il a obtenu les deux plus prestigieux prix du roman policier en Allemagne. RL


BLANC-GRAS, Julien Cote 919.6 BLA

Paradis (avant liquidation) Vauvert, Au diable Vauvert, 2013. 251 p.

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Après avoir lu La vie sexuelle des cannibales, de M. Troost (présenté dans Envie de lire n° 35), ce nouveau document traitant des îles Kiribati ne pouvait que m’intéresser. Ici, l’écrivain globe-trotteur Julien Blanc-Gras (auteur du titre à succès Touriste) nous raconte son enquête menée sur place pendant plusieurs mois en 2012. Si l’auteur s’est intéressé à ces îles perdues au milieu de nulle part, c’est en raison de leur fin programmée : avec la montée des eaux de l’océan, elles seront, à plus ou moins court terme, englouties et leurs habitants transférés sur les îles Fidji, en vertu d’un accord déjà réglé. A travers diverses rencontres, BlancGras évoque avec justesse et humour la vie plus que rudimentaire sur cette île, un paradis de carte postale vu de loin, mais sur laquelle la vie est difficile - et terriblement éloignée de nos standards de confort et de technologie. DM

BOBIN, Christian Cote R BOBI

L’homme-joie Paris, L’Iconoclaste, 2012. 180 p.

CIT EVI MIN PAQ SER STA

Mélange de poésie, de rêveries et de réflexions, L’homme-joie est un livre lumineux et paisible. Constitué d’une quinzaine de chapitres, ponctués de notes manuscrites, il contient également un carnet bleu, longue lettre écrite en 1980 à la « plus que vive », son amie décédée subitement d’une rupture d’anévrisme. Dans ces différentes nouvelles, il est question de son père atteint de la maladie d’Alzheimer, du pianiste Glenn Gould, du peintre Soulages, d’une gitane prénommée Maria, d’un tableau de Georges de La Tour. Christian Bobin nous dévoile également son rapport à l’écriture, à la lecture, à la nature, à l’art ou à la foi. Contemplatif, il décrit le monde qu’il voit depuis sa fenêtre, le quotidien, des instants de joie qu’il parvient à capter et à décrire avec magie. Avec son écriture fluide et aérienne, il transforme les choses simples et parfois anodines en gerbes de couleurs. PB


BUTI, Roland Cote R BUTI

Le milieu de l’horizon Carouge, Zoé, 2013. 187 p.

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Eté 1976, la sécheresse sévit. Gus a 13 ans et il aide ses parents sur la ferme familiale avec Rudy, le cousin un peu simplet qui vit avec la famille. Sa sœur Léa a 17 ans, elle a d’autres intérêts. Cet été particulier verra Gus confronté à des réalités qui vont bouleverser ses certitudes. Sa mère s’éloigne, laissant un mari désespéré qui ne peut plus assumer ses charges. Gus est contraint de prendre les rênes de l’exploitation dans des conditions particulièrement douloureuses. Ce roman tout en délicatesse rend magnifiquement la blessure de Gus face à l’abandon d’une mère inconséquente. Un très beau roman de Roland Buti, auteur lausannois qui mérite d’être découvert. DM

CALAIS, Christophe Cote 967.571 CAL

Rwanda, le pays hanté Paris, Chêne, 2006

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Il y a des guerres dont on parle peu, pas ou plus. Le devoir de mémoire est fondamental et c’est pourquoi ce livre est aussi important. Il s’ouvre sur un texte du chanteur Corneille, « Sur la tombe de mes gens ». Le ton est donné et le choc est immédiat. Christophe Calais alterne des photographies, prises entre 1994 et 2005, et des témoignages retraçant l’atrocité de cette guerre civile, entre les ethnies des Hutus et des Tutsis, de ce génocide et de l’exil de la population. Le livre se referme avec des images énigmatiques, floues, sombres où des personnes se confondent avec la nature et l’obscurité et semblent errer dans ce « pays hanté ». Sans porter de jugement ou prendre parti, Christophe Calais nous demande de ne pas oublier. PB


Rwanda : Roadside Friend Š klndonnelly, 2007


© David Keyzer, 2007


CAMENISCH, Arno Cote R CAME

Derrière la gare Lausanne, Ed. d’en Bas, 2012 (Littérature ; 5). 95 p.

EVI JON STA Titre original allemand : Hinter dem Bahnhof. R3 CAME

STA

Avec Sez Ner et Unstrinkata, ce roman du Grison Arno Camenisch fait partie d’une trilogie nommée Bündner Trilogie. A travers le regard d’un jeune garçon, le lecteur découvre la vie d’un village du Val Calanca et de ses habitants loufoques ou hors normes. Mais le plus remarquable dans ce roman atypique est la langue employée par l’auteur. La langue allemande est émaillée de romanche, de sursilvan, d’italien, de suisse-allemand. Et cela fonctionne admirablement. Même au-delà du travail de traduction, nous entendons et comprenons cette langue unique, comme venue du fond des âges et qui abolit les différences linguistiques de la Suisse. Nous lisons des comilfo, cigarettas et der Vater devient le Fatre. Le monde de l’enfant est contenu et soutenu dans ce vocabulaire étonnant et pionnier. De la belle ouvrage, assurément et un très grand bonheur de lecture. MCM

CATHRINE, Arnaud Cote R CATH

Je ne retrouve personne Paris, Verticales, 2013. 226 p.

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Aurélien Delamare, écrivain de 35 ans qui a déjà publié plusieurs romans, débarque à Villerville, en Normandie, pour régler la vente de la maison familiale. Ses parents, anciens pharmaciens, habitent dans le sud de la France et son frère, Cyrille, cinéaste, l’a contraint à s’occuper de cette vente, prétextant un tournage. Il reprend donc, à contre-cœur, le chemin de son village natal pour un week-end. Il est un peu perdu, vient de sortir un livre dont il n’est pas très fier et se remet peu à peu de sa séparation avec Junon. Mais, sur place, il se laisse submerger par une certaine nostalgie et plonge dans l’introspection. Certains fantômes du passé rôdent encore dans la maison familiale. Il y restera trois mois pour tenter de solder une fois pour toutes comptes avec sa jeunesse. Il retrouvera quelques amis d’enfance… Cette expérience donnera une nouvelle tournure à la vie de ce Parisien d’adoption. Arnaud Cathrine signe un magnifique roman, décrivant avec finesse les doutes, la mélancolie et les errements de son personnage principal. PB


CHYBA, Martina Cote R CHYB

Helvetic park : une (pré)histoire de couple Lausanne, Favre, 2010. 234 p.

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Pour protester contre l’ennui et le confort dans laquelle la Suisse se prélasse, un célèbre milliardaire décide de créer un parc préhistorique qu’il appellera Helvetic Park. Aucune attraction à l’intérieur, à part la mission de survivre une année à l’âge de pierres dans les montagnes jurassiennes. Un couple en crise décide de tout plaquer pour y vivre et se couper du monde réel. Leur souhait : se reconnecter à eux-mêmes, à la nature et consolider leur amour. Mais l’aventure se transformera en mésaventures là où on ne l’attend pas… JS

COE, Jonathan Cote R COE

Une touche d’amour Monaco, Rocher, 2002. 245 p.

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Robin Grant est un ours asocial qui vit seul dans un appartement pouilleux où il est censé rédiger sa thèse de littérature. Ses seules fréquentations, mise à part Aparna, une jeune immigré indienne, sont d’éternels étudiants ou de fugaces compagnons de beuverie. Il a été amoureux une fois, de Kate, à qui il n’a jamais avoué ses sentiments et vit éternellement du regret de ne s’être pas déclaré avant ce rustre de Ted avec qui elle s’est mariée. Écrivain frustré, il remplit des carnets d’histoires légèrement tordues basées sur sa propre expérience. Lorsqu’il est accusé de s’être exhibé devant un petit garçon dans un parc public, on pourrait croire que tout le monde n’attendait que ça pour se détourner de ce type étrange. Heureusement, il a le soutien de son avocate convaincue de son innocence. Mais ça, c’était avant qu’elle décide, pour plus de tranquillité, de le convaincre de plaider coupable… Jonathan Coe fait preuve d’une grande empathie envers ses personnages même les plus marginaux dans ce roman qui dépeint une société malade de ses excès. DM


COHEN-SCALI, Sarah Cote R COHE

Max Paris, Gallimard, 2012 (Scripto). 472 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER STA

Max est né un 20 avril, comme le Führer. Il est le prototype de la nouvelle race aryenne voulue par Himmler. Grâce aux « Lebensborn », aux « Fontaines de vie », les géniteurs sont soigneusement sélectionnés pour offrir des enfants grands et blonds, avec des yeux bleus. Séparés de leurs parents, les petits sont élevés à la dure, mais bien nourris, et dans des conditions d’hygiène impeccables. Au départ réservé aux Allemands pure souche, le programme est étendu aux pays occupés. Max est utilisé par les « Braune Schwester » pour appâter des petits Polonais, afin qu’ils se séparent de leur famille sans pleurer. Tout irait pour le mieux ou presque - Max, du haut de ses cinq ans, réalise bien que certains enfants, les « lapins », disparaissent - jusqu’au jour où un des nouveaux venus blond aux yeux bleus, Lukas, se révèle Juif. La confiance éperdue de Max envers le docteur Ebner et les idéaux nazis en prend un sacré coup. L’auteure de ce roman coup de poing nous rappelle que huit mille bébés seraient nés en Allemagne dans ces maternités aryennes, et que, rien que pour la Pologne, dix mille enfants ont été arrachés à leur famille. FA CONEY, Michael Péninsule Cote R CONE Paris, Gallimard, 2010 (Folio science-fiction ; 360). 470 p. PAQ

Dans ce monde du futur, sur une péninsule qui ressemble à la Californie, des prisonniers de droit commun peuvent, contre une remise de peine, donner leurs organes aux VIP qui n’ont rien d’autre à faire que de s’adonner à des sports de haut risque. Joe est un éleveur de splictes et gagne très bien sa vie. Avec la peau de ces reptiles, on peut créer des vêtements extraordinaires qui changent de couleur en fonction des émotions de ceux qui les portent. C’est ainsi qu’il rencontre l’ex-diva Tri-D Carioca, et sa dame de compagnie Joanne. Mais Joanne n’est pas libre, elle doit sacrifier ses mains pour que Carioca s’éclate à l’orchestrella. Dépité et furieux, Joe prend enfin conscience de l’aberration d’une telle société. Sa révolte est totale lorsqu’il comprend que la Banque d’Organes Publics est pourrie jusqu’à la moëlle. Finalement, je ne suis pas certaine que ce roman relève de la science-fiction! FA


DELACOURT, Grégoire L’écrivain de la famille Cote R DELA Paris, LGF, 2012 (Le livre de poche ; 32683). 235 p. CIT EVI JON MIN PAQ SER

Pour avoir commis un premier poème alors qu’il n‘était âgé que de sept ans, sa famille éberluée l’a consacré écrivain de la famille. Précédé par cette réputation quelque peu usurpée, il s’obligera cependant à écrire et à comprendre le geste d’écriture. A la manière d’un film de Claude Sautet, l’histoire d’Edouard se déroule devant nous, nous le suivons dans sa quête de mots, de phrases. Las, rien ne vient : pas la moindre petite phrase, pas la moindre idée. Les pages blanches restent blanches. Edouard grandit, trompe son monde, s’invente des succès, des lecteurs. Parce qu’un poème de gosse a séduit sa famille, toute sa vie sera mensonge. Drôle mais profond, drôle comme une blague, profond car émouvant et terriblement véridique. Les demandes de l’entourage souvent emprisonnent et peuvent gâcher une existence. MCM

DELANEY, Frank Cote R DELA

Les enfants de la nuit Paris, Cherche midi, 2010 (Ailleurs). 559 p.

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Michael Newman vit une relation avec Madeleine, une femme de 15 ans son aînée. Lorsque celle-ci est assassinée dans de mystérieuses circonstances, il comprend à quel point il l’aimait. L’enquête sur la mort de Madeleine piétine. Un seul et unique objet a été volé à son domicile. Une tour Eiffel en améthyste. Trois ans plus tard en vacances en Suisse, il découvre sur les photos d’un couple de riches Hongrois la fameuse tour Eiffel pièce unique au monde. Dès lors, bien décidé à découvrir la vérité sur la mort de son amie, il embarquera dans un voyage dangereux qui l’emmènera au cœur de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et des pires atrocités commises par les nazis. AM


DE LUCA, Erri Cote R DELU

Le jour avant le bonheur Paris, Gallimard, 2010 (Du monde entier). 137 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER STA Titre original italien : Il giorno prima della felicità. R5 DELU

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER

Nous sommes à Naples, juste après la guerre. Le narrateur, un jeune garçon orphelin, vit sous la protection du concierge don Gaetano, son mentor. Le jeune garçon est fasciné par le visage triste d’une fillette qui le regarde depuis une fenêtre, toujours la même. L’empreinte de ce regard somnole en lui et un jour va se réveiller puisqu’elle est l’image même de l’amour que l’adolescent va rechercher plus tard. Ce roman, magnifique récit d’initiation, nous parle d’amitié, de fragilité, celle de l’enfance, du passage à l’adolescence et d’histoire, la révolte napolitaine contre l’occupant allemand en 1943. Un roman d’une grande sensibilité dont sourd une telle présence que l’on s’imagine connaître les personnages depuis toujours. CD

DESAI, Kiran Cote R DESA

La perte en héritage Paris, Deux terres, 2007. 614 p.

CIT EVI MIN PAQ Titre original anglais : The inheritance of loss. R2 DESA

BUS JON MIN PAQ

A 16 ans, la jeune Sai est orpheline et se voit contrainte d’aller vivre dans la maison humide et décrépite de son grand-père, juge à la retraite, dans le nord de l’Inde. C’est un homme renfermé et taciturne donc c’est plutôt avec Nandu, le cuisinier, que Sai trouve de la conversation. Ensemble ils attendent les lettres que Biju, parti à New York pour y tenter sa chance, envoie à son père pour lui raconter ses péripéties. Il ne s’attarde pas sur ses nombreux déboires pour ne pas inquiéter son père qui y voit la preuve d’une éclatante réussite. Tombée amoureuse du jeune homme qui lui donne des cours privés, Sai va également au-devant de grandes désillusions : sur fond de conflit entre les musulmans et les hindous, le jeune homme tombe dans l’extrémisme et la rejette. Un grand roman passionnant qui montre, d’une part, les tensions très vives dans cette partie de l’Inde (on est bien loin de Goa…) et qui, d’autre part, aborde le thème des conditions difficiles de l’émigration, ses espoirs et ses désenchantements. DM


DESHPANDE, Shashi Cote R DESH

Question de temps Paris, Picquier, 2012 (Picquier poche). 441 p.

CIT JON

Le roman s’ouvre sur une rupture : Gopal, pour une raison indéterminée, quitte sa femme Sumi et ses trois filles. Celles-ci trouvent refuge auprès des parents de Sumi. Alors que l’épouse abandonnée semble indifférente à son sort, Aru, l’aînée des filles est en pleine révolte. Le récit, plein de vie, suit alternativement les points de vue de Sumi, de sa mère, de ses filles. Toutes cherchent à passer cette étape le mieux possible. Les plus jeunes tentent aussi de comprendre les mystères de cette grande maison où planent de lourds secrets familiaux. J’ai aimé Question de temps pour cette immersion dans une Inde à cheval entre tradition et modernité, entre sari et scooter… FB

DONOGHUE, Emma Cote R DONO

Cara et moi Mont-de-Marsan, Dans l’engrenage, 2008. 286 p.

CIT EVI JON SER STA

L’auteure évoque ici une passion entre Pen et Cara, deux jeunes filles qui avaient 15 ans lorsqu’elles sont tombées amoureuses. Leur amour a eu des hauts et des bas, comme dans les couples que l’on dit « normaux » jusqu’à cette nuit où débute le roman. Le taxi qui reconduit Cara à la maison a un accident. A 28 ans, elle succombe à ses blessures, plongeant sa compagne dans un immense chagrin qu’elle doit cacher. Même si Pen a une chambre depuis quelques années chez Cara et son père, personne, à part quelques amies lesbiennes, ne connaît la vraie nature de leur relation. Ce roman aborde l’homosexualité et le silence qui isole certains couples, en particulier au début des années 1990. « Vivons heureux, vivons cachés » est souvent la devise adoptée mais lorsque la mort surgit, se taire devient alors terrible. Dans ce roman, Pen évoque le passé et les jours qui suivent le drame. Jusqu’à quand pourra-t-elle cacher sa peine à sa mère, à son collègue, au père de son amie ? Même si le thème est douloureux, l’auteure le traite avec humour et talent. RL


Š starush


Š Ophelia Cherry, 2007


DUFOUR, Catherine L’accroissement mathématique du plaisir Cote R DUFO Paris, Gallimard, 2011 (Folio Sience-fiction ; 408). 524 p. PAQ

21 nouvelles fantasy et fantastiques parmi lesquelles on apprend notamment qui était réellement Michael Jackson, qu’un troll peut avoir des états d’âme, où se trouve maintenant Kurt Cobain, etc. Entre des récits fantastiques résolument modernes et des hommages aux maîtres du genre, ce recueil propose de nombreuses petites nouvelles divertissantes et agréables. FG

DUONG, Thu Huong Cote R DUON

Les paradis aveugles Paris, Wespieser, 2012. 318 p.

CIT EVI JON MIN PAQ SER

Ce roman pourrait aussi s’appeler sacrifices. Celui d’une femme qui se sacrifie pour son frère, et qui sacrifie aussi sa fille Háng. Pendant la réforme agraire, son frère dirigeait la cellule communiste du village et l’a contrainte à renoncer à son mari, considéré comme un odieux riche propriétaire. Elle part ensuite pour la ville et gagne sa vie comme marchande ambulante. Son frère veut l’obliger à travailler en usine, c’est la seule fois qu’elle lui dit non. Des années plus tard, sans même qu’il le lui demande, elle dépense son argent rudement gagné pour acheter de la nourriture pour la famille de son frère, alors que le toit de sa maison à elle fuit, et que sa propre fille est douée pour les études. Tant pis, c’est Háng qui travaillera en usine à Moscou. L’intervention de sa tante n’y changera rien. A travers l’histoire de ces femmes, l’auteure dénonce l’aveuglement des dirigeants des « paradis » communistes. Trois ans après la parution du livre au Viet-Nam, elle est arrêtée. FA


La rose dans le bus jaune

EBODE, Eugène Cote R EBOD

Paris, Gallimard, 2013 (Continents noirs). 309 p.

BUS CIT EVI JON PAQ SER

Le 1er décembre 1955, fatiguée par une journée de travail, Rosa Parks décide de ne pas céder sa place à un homme blanc, comme l’y obligent les lois ségrégationnistes. Elle est arrêtée et conduite en prison. Son arrestation suscite un mouvement de boycott des transports publics dans la ville de Montgomery en Alabama et propulse sur le devant de la scène un pasteur jeune et déterminé, Martin Luther King. Ce récit nous est raconté par Rosa Parks elle-même. Une magnifique histoire digne d’une femme exceptionnelle qui, un jour, a refusé de se plier aux injustices et qui a permis de faire avancer les choses. Une femme simple qui a fini par se lier d’amitié avec l’homme à qui elle n’avait pas voulu laisser son siège dans le bus. AM

EGOLF, Tristan Cote R EGOL

Le seigneur des porcheries Paris, Gallimard, 1998 (Du monde entier). 420 p.

CIT EVI

Après avoir été exclu, alors qu’il était encore jeune homme, de la bourgade de Baker, petite ville minière industrielle du Midwest américain, John Kaltenbrunner, à la fois marginal, original mais surtout rancunier, revient pour régler définitivement, dans un élan destructeur et calculé, ses comptes avec cette petite communauté. Mettant en scène, à travers le récit de son seul ami, un personnage aux prises avec une population qui semble liguée contre lui, Le seigneur des porcheries est une descente aux enfers par la face nord d’une ville sombrant dans le chaos, entraînant le lecteur dans un environnement sordide et sans pitié d’une région ravagée par la médiocrité, la bêtise et la haine. GD


ENQUIST, Per Olov Cote R ENQU

Le médecin personnel du roi Arles, Actes sud, 2000 (Lettres scandinaves). 366 p.

CIT JON PAQ STA

A la mort du roi Frédéric V du Danemark, noyé dans l’alcool, c’est Christian VII, son fils aîné, alors âgé de 17 ans, qui prend les rênes du royaume. On lui fait rapidement épouser la sœur du roi d’Angleterre, Caroline Mathilde. Christian est jeune, fragile, il manque d’assurance et se comporte comme un enfant, on le dit fou. Il sera aidé par son précepteur, puis par le médecin allemand Johann Friedrich Struensee qui, au fil du temps, va prendre de plus en plus de décisions sur le royaume, avec la bénédiction de Christian, qui lui lègue tout pouvoir. Struensee mènera une politique libérale, progressiste et humaniste, inspirée des Lumières, au grand dam de la reine-mère et de ses conseillers, qui n’auront de cesse de l’écarter du royaume. Christian implore son médecin de s’occuper également de la reine comme si elle était sa propre femme, ce que Struensee fera avec application, tombant dans les affres d’une passion dévorante et partagée pour Caroline Mathilde. Bref, tout ça fait bien moche dans le paysage, on imagine une fin inévitablement tragique. Rassurez-vous, on l’aura. Un magnifique roman historique à lire avant de voir le film A royal affair de Nikolaj Arcel. DM EUGENIDES, Jeffrey Cote R EUGE

Le roman du mariage Paris, Olivier, 2013. 551 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA Titre original anglais : The marriage plot. R2 EUGE

BUS CIT JON STA

Madeleine, Mitchell et Leonard forment le triangle amoureux au centre de ce roman. Madeleine tombe éperdument amoureuse du torturé Leonard pendant que le discret Mitchell ne rêve que de la brillante Madeleine. Rien que du classique ? Si les amours de ces étudiants farcis de littérature et de théories semblent constituer une trame bien facile, Eugenides a pour ambition de revisiter les romans du mariage en vogue au XIXème siècle. Si la question de faire le bon choix reste forte, la grande différence au XXème siècle est qu’il est toujours possible de changer de voie, de repartir sur de nouvelles bases, de refaire sa vie. Madeleine aura cette chance, contrairement aux héroïnes de Jane Austen… JM


FERGUS, Jim Cote R FERG

Chrysis : portrait de l’amour Paris, Cherche-midi, 2013. 281 p.

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Lors d’un séjour en Europe à but médical, Jim Fergus et sa femme tombent sur le tableau d’une jeune peintre, Chrysis Jungbluth, intitulé Orgie. Ce tableau sera le dernier cadeau que l’écrivain a offert à sa femme avant sa mort. Chrysis n’avait que 18 ans lorsqu’elle l’a peint et Fergus, désirant en savoir plus, a entamé des recherches à Paris où elle a étudié les beaux-arts. Ce récit s’attache plus particulièrement à la jeune adulte qui découvre la vie et notamment à son histoire d’amour avec un cowboy américain. Construit en chapitres alternés, l’un se consacrant à Bogey Lambert, ledit cowboy, l’autre à la jeune peintre, le récit court sur une période de quelques années où l’on voit naître et s’épanouir une passion. Mais je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre lecture, car ce livre, même s’il ne marquera pas l’histoire de la littérature mondiale, se lit avec bonheur et facilité. DM

FORD, Richard Cote R FORD

Une saison ardente Paris, Points, 2008 (Points ; 2021). 212 p.

CIT

L’année de ses 16 ans, Joe voit son père, fraîchement licencié de son poste de professeur de golf, partir combattre les incendies qui ravagent le Montana et sa mère tomber amoureuse d’un autre homme. En quelques jours, tout s’effondre, la famille est détruite et Joe a perdu tous ses repères. Ce récit intimiste se déroule presque à huis clos : Joe et sa mère, et l’amant de celle-ci. Il émane de ce roman une tristesse et une solitude insondables et subtiles, même si les émotions sont peu décrites car les événements qui les provoquent sont racontés de manière factuelle. Face aux actes de ses parents immatures, notamment de sa mère qui ne cache aucunement sa liaison, l’impuissance de Joe est totale et très bien rendue. J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a donné envie de découvrir l’œuvre de Richard Ford. DM


GALGUT, Damon Cote R GALG

Dans une chambre inconnue Paris, Olivier, 2013. 246 p.

CIT

En voyage en Grèce, Damon rencontre Rainer, un Allemand qui l’attire étrangement. Ils se retrouveront plus tard pour une longue marche au Lesotho pendant laquelle la force des non-dits les brouillera irrémédiablement. Lors d’un deuxième voyage, Damon va tomber amoureux de Jérôme, un jeune Suisse qu’il ira visiter chez ses parents dans un pavillon au bord d’un lac. Le désir est latent, palpable, mais rien n’est exprimé. Damon emmène ensuite son amie Anna, lors d’un troisième voyage, en Inde, cette fois, espérant lui changer les idées car elle va très mal. Cet environnement inconnu la rend encore plus instable, et Damon est contraint d’entrer en négociation permanente pour la faire sortir de son schéma destructeur. Ces trois histoires à l’issue malheureuse forment un ensemble à l’atmosphère étrange et subtil, conté avec beaucoup de délicatesse. DM

GARDE, François Cote R GARD

Pour trois couronnes Paris, Gallimard, 2013. 294 p.

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Curateur aux affaires privées, un bien beau métier. Enfin surtout pour Philippe Zafar, qui a créé ce travail, taillé pour lui. Au décès de ses clients, il trie, classe, expurge les papiers devenus inutiles, travail inédit et rémunérateur. Sa 106ème mission va l’entraîner dans un tour du monde, à la recherche d’un éventuel rejeton du richissime homme d’affaire Thomas Colbert, mort sans héritier connu. De Paris à Bourg-Tapage sous les tropiques, hantant les archives, étudiant l’histoire, la géographie, la généalogie, il va dérouler le fil d’une incroyable aventure, plonger dans les méandres des mémoires assoupies, dénouer les langues des témoins. Le magnat Colbert a bien donné naissance à un fils. Lorsqu’il était jeune matelot, il avait accepté de rendre hommage à une dame masquée pour le prix de trois couronnes. Trois couronnes qui bouleverseront des dizaines de vies, qui engendreront malheur et tragédies. François Garde est un homme brillant, érudit et facétieux. Son écriture est à son image : pétillante, précieuse, d’un classicisme désuet mais tellement élégant. Un bonheur de lecture. MCM


GIDE, André Cote R GIDE

Les caves du Vatican Paris, Gallimard, 1967. 266 p.

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Anthime, franc-maçon et athée convaincu, se convertit au catholicisme après avoir vu la Sainte-Vierge qui l’a guéri de ses rhumatismes. Son beau-frère, Julius, perd la foi en constatant que l’Eglise laisse son nouvel adepte s’appauvrir car privé du soutien de la Loge. Le père de Julius lui demande d’aller enquêter chez Lafcadio. Il pense qu’il est son fils naturel et souhaite le coucher sur son testament. Dans le même temps, Amédée part à Rome pour sauver le pape que certains disent retenu dans les caves du Vatican par des escrocs. Dans le train, il croise Lafcadio. Adepte de l’acte gratuit, pris d’une subite envie de commettre un crime immotivé, il pousse le pauvre Amédée hors du wagon... Gide fait rire, Gide surprend, Gide embrouille et le lecteur s’amuse à suivre tous ces personnages, caricatures d’une société, pris dans leurs contradictions. Francmaçonnerie, religion, famille, mariage, liberté, des thèmes que Gide traite magistralement dans cette sotie (farce satirique) très moderne (écrite pourtant en 1913). Se plonger dans un «classique» sans y être obligé, quel plaisir ! RL GRAF, Roman Cote R GRAF

Monsieur Blanc Paris, Métailié, 2013 (Bibliothèque allemande). 200 p.

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Disons-le d’emblée : ce premier roman d’un jeune auteur né en 1978 à Winterthur est une réussite. Monsieur Blanc est suisse et persuadé que la Suisse est le meilleur pays du monde, d’ailleurs il ne l’a quittée que deux fois : la première pour poursuivre ses études à Cambridge selon les vœux de son père, la deuxième pour un voyage en Pologne offert par son entreprise. Monsieur Blanc n’a connu que trois femmes dans sa vie : sa mère qui, à sa mort, le laissera dans un état d’hébétude et de dépression, Heike qu’il a connue à Cambridge et quittée parce qu’elle n’envisageait pas de s’installer en Suisse, et Vreni, une veuve éplorée épousée sur le tard par raison et qui ne constitue qu’une source quotidienne d’agacement. Ce récit d’une vie ratée est un catalogue de non-événements, Monsieur Blanc est un type moyen bourré de principes et de préjugés qui, au crépuscule de sa petite vie terne, se rendra compte qu’il a passé à côté de beaucoup de choses et notamment de l’amour de sa vie, Heike, dont l’annonce de la mort est un véritable choc. Comment aurait pu être sa vie s’il avait pris d’autres décisions et emprunté d’autres directions ? Roman Graf réussit le tour de force de passionner le lecteur en décrivant les petits riens de la vie. Très fort. DM




Le confident

GREMILLON, Hélène Cote R GREM

Paris, Gallimard, 2012 (Folio ; 5374). 315 p.

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1939. La jeune Annie se lie d’amitié avec Madame M., une femme du village, oisive et riche, qui va prendre l’adolescente sous son aile. Elle lui raconte sa souffrance de ne pas pouvoir avoir d’enfant et Annie lui propose sur un coup de tête de porter son bébé. Le contrat est accepté : Monsieur M. ne doit coucher qu’une fois avec Annie, elle tombe enceinte et, évidemment c’est là que ça se complique. Madame M. n’aura de cesse d’éloigner la génitrice de son enfant, afin de préserver son secret. Trente-cinq ans plus tard, Camille vient de perdre sa mère. Parmi les cartes de condoléances se trouve une grosse enveloppe contenant l’histoire d’Annie. Camille pense à une erreur de destinataire, puis à un auteur cherchant un éditeur, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle est liée d’une manière ou d’une autre à Annie. Voilà une histoire de secret de famille comme on les aime, sinistre à souhait, qui se lit très facilement. DM

CIT PAQ BUS

GUENASSIA, Jean-Michel Cote R GUEN

La vie rêvée d’Ernesto G. Paris, Albin Michel, 2012. 534 p.

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2 Vol.

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C’est la vie d’un enfant du 20ème siècle que ce roman fleuve raconte : Joseph Kaplan, médecin tchécoslovaque socialiste juif né en 1910 à Prague et au soir de sa vie à la fin du livre, en 2010. Ce récit se rapproche beaucoup du premier succès de Jean-Michel Guenassia, Le club des incorrigibles optimistes. Cette fiction inclut bien des événements de notre Histoire récente, en particulier la grande trahison stalinienne et ses conséquences sur l’idéal communiste. La Tchécoslovaquie d’alors, sous le joug soviétique, y est omniprésente. Le terrible système stalinien, fait de mensonges, trahisons, emprisonnements, déportations et son effet d’étouffement sur les populations des pays derrière le rideau de fer y est décrit avec grand talent. Kaplan lui-même va connaître ce désenchantement, tout comme son entourage. Et puis, il y a cette rencontre particulière avec Ernesto Guevara, le guérillero argentin. Le cours de la vie de Kaplan et des siens s’en trouvera changé à jamais. Outre Prague puis la campagne tchécoslovaque, ce roman entraîne son lecteur à Paris, Alger et au fin fond du Djebel algérien. RD


HAFFNER, Sebastian Cote 943 HAF

Histoire d’un Allemand : souvenirs, 1914-1933 Aries, Actes sud, 2010 (Babel ; 653). 434 p.

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Retrouvé après la mort de son auteur, qui a fui en Angleterre en 1938, ce livre est un document sur l’Allemagne de l’entre-deux guerres, vécu et raconté par un citoyen non juif et antinazi qui voit arriver la catastrophe. L’annonce de la première guerre mondiale, d’abord, qui vient écourter les vacances paradisiaques du jeune Sebastian. La défaite de l’Allemagne, qui ne l’avalera jamais. Le récit de l’hyper-inflation de 1923 : à peine son salaire touché, le père d’Haffner achetait des biens pour tout le mois pour éviter de garder des marks qui ne vaudraient plus rien le lendemain. Puis l’ère Stresemann et l’ère Brüning, qui imposa une austérité en réaction de laquelle les Allemands élirent Hitler au Parlement en 1930. Alors que le désastre s’annonce, l’homme du peuple est préoccupé en premier lieu de son quotidien. En 1933, Haffner, pour devenir juge, doit passer quelque temps dans un camp d’éducation idéologique conduit par des SA. L’endoctrinement est subtil et admirablement compris et décrit par l’auteur. Un document véritablement passionnant et instructif. DM HEIN, Christoph La fin de Horn Cote R HEIN Paris, Métaillé, 1999 (Suites ; 18. Suite allemande). 246 p. CIT EVI PAQ STA

Les années 80, en RDA. Dans une petite ville de bains, le corps de monsieur Horn est retrouvé pendu dans le petit bois à côté du musée où il travaillait. A la suite de ce tragique événement, cinq personnages vont prendre la parole tour à tour afin d’expliquer de leur point de vue la mystérieuse disparition de cet homme. Au fil des récits se dessine doucement la trame d’un drame personnel lié à une situation compliquée sous le régime communiste est-allemand. Une histoire en zigzag, jouant avec la mémoire des différents protagonistes, les confrontant ainsi à leur conception des événements, selon leur âge, leur statut et surtout leur réalité. GD


HERZOG, Félicité Cote R HERZ

Un héros Paris, Grasset, 2012. 301 p.

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En 1950, Maurice Herzog atteint le sommet de l’Annapurna et devient héros national. La France n’a d’yeux que pour celui qui rétablit l’honneur de l’Hexagone après la deuxième guerre mondiale. Dans ce roman, sa fille, Félicité, le décrit sous un jour moins brillant : redoutable prédateur de femmes, il divorce rapidement et n’entretiendra avec ses enfants que des rapports éloignés. Quant à savoir ce qui s’est réellement passé là-haut sur la montagne… l’auteur émet des doutes, comme d’autres avant elle. Mais ce texte ne se veut pas un pamphlet contre le grand Herzog, il se veut plutôt un témoignage sur la maladie psychique de Laurent, le frère de l’auteur, maladie qui trouverait son origine dans la personnalité du père. Ce roman fait aussi des incursions savoureuses dans un monde d’antan, celui des grands-parents maternels. Issus de la grande société, ils vivent en effet dans des châteaux, un pour l’hiver et l’autre pour l’été, dans lesquels les jeunes Herzog passent des séjours hors du monde. Au final, ce roman, qu’on pourrait penser revanchard, ne l’est pas et est très bien servi par une plume élégante. FB HUTH, Angela Cote R HUTH

Quand rentrent les marins Paris, Quai Voltaire, 2013. 377 p.

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Dans un petit port d’Ecosse, deux amies de toujours, filles et femmes de pêcheurs, trompent l’attente du retour des chalutiers entre parties de cartes, longues discussions et disputes autour d’une tasse de thé. Myrtle attend le retour de son bien-aimé Archie ; Annie, celui de Ken, son homme épousé par dépit. Elles se connaissent depuis si longtemps, elles se disent tout depuis leur enfance et Myrtle la sage, la moins jolie est toujours là pour écouter les confidences d’Annie, la femme-fleur, au cœur d’artichaut et mère bien fantasque. Archie ne reviendra jamais vivant d’une campagne de pêche et pour les deux femmes, tous les non-dits, les jalousies, les querelles jamais éteintes s’exacerberont alors jusqu’à la rupture. Myrtle, anéantie par le deuil, pense ne jamais pouvoir émerger et recommencer à vivre. Mais le sort n’en fait toujours qu’à sa tête et le bonheur souvent tapi derrière le chagrin peut toujours tout. Des personnages à la psyché émouvante, extrêmement bien dessinée par l’auteure. MCM


A moi seul bien des personnages

IRVING, John Cote R IRVI

Paris, Seuil, 2013. 470 p.

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CIT MIN

JENKINS, Elizabeth Cote R JENK

Le treizième roman du merveilleux et talentueux John Irving est l’histoire de Billy, un homme de soixante-dix ans, qui se souvient des gens, des évènements, de l’histoire tout court. Billy est bisexuel. Adolescent sans père, féru de littérature, il n’a eu de cesse de comprendre le monde et de se comprendre. Devenu l’ami de Miss Frost, une bibliothécaire avenante et charismatique, leurs échanges intellectuels sont troublés par l’amour inconsidéré qu’il lui porte, sans retour aucun. Billy devenu adulte obéira à ses instincts, cherchera toujours à satisfaire ses élans, ses désirs et naviguera entre amantes et amants, amies et amis, et transsexuels. Mais devenu suspect pour les différentes communautés, c’est le plus souvent habillé de solitude, qu’il continue à chercher le grand, le véritable amour. Cinquante ans d’une vie, au fil des bouleversements de la société américaine, entre puritanisme hypocrite et aveugle et libération des corps et des esprits. Cinquante ans d’une existence heureuse ou malheureuse, son cortège de bonheurs, de drames, de rires et de pleurs. Magistral récit sur l’identité sexuelle, la tolérance, l’amour. John Irving est l’un des plus grands, de ceux qui offrent, qui donnent, qui partagent. MCM

Harriet Paris, Losfeld, 2013. 287 p.

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Harriet est une « simplette » de 32 ans qui vit avec sa mère qui la chérit. Pour son malheur, elle est l’unique héritière d’une importante fortune qui va faire d’elle la cible de Lewis Oman. Il n’aura de cesse de la complimenter et de lui clamer son amour. La pauvre Harriet qui n’a, évidemment, aucun point de comparaison, tombe dans le piège tendu par Oman et, malgré les protestations de sa mère qui a bien vu venir l’escroc, accepte le mariage avec un enthousiasme certes tempéré par le fait que la fille et la mère n’ont désormais plus le droit de se voir ou de se parler. De fait, Oman emménage dans une maison avec sa maîtresse Alice, devenue fort commodément la future nounou de l’enfant que porte Harriet qui, elle, est reléguée dans une chambre à l’étage. Peu à peu elle y sera enfermée et isolée, puis complètement abandonnée à son sort. On la retrouvera morte deux ans plus tard, crasseuse et pleine de poux. Ce fait divers a fait grand bruit, dans les années 1870 en Angleterre, et Jenkins l’a romancé en décrivant avec talent la noirceur de l’âme humaine. Glaçant ! DM


JOHNSON, Craig Cote R JOHN

Dark horse Paris, Gallmeister, 2013 (Noire). 327 p.

BUS CIT EVI JON STA

Walt Longmire, le shérif du comté le moins peuplé de l’Etat le moins peuplé des Etats-Unis, est de retour pour une cinquième enquête. Et bien que le Wyoming soit peu habité, le bureau du shérif trouve toujours de nouveaux mystères à dénouer. Celui-ci semble pourtant déjà résolu de prime abord : Wade Barsad met le feu à la grange où sont réunis les chevaux de sa femme Mary, éleveuse et dresseuse, qui est retrouvée devant sa maison en flammes avec une arme à feu. Mais malgré les aveux - elle avoue avoir tiré 6 balles dans la tête de son mari - Walt Longmire ne croit pas en sa culpabilité et décide de partir enquêter incognito dans le comté voisin où, très vite, il découvre le passé trouble de Wade Barsad, qui a réussi à se faire beaucoup d’ennemis dans une ville presque fantôme. La suite est à découvrir par soi-même dans une histoire haletante jusqu’à la fin, nous permettant par la même occasion de découvrir les différentes compétitions de chevaux et, bien que les lieux soient fictifs, les magnifiques paysages et la nature de l’Ouest américain qui s’animent sous la plume de Craig Johnson. L’auteur arrive également à donner chair à ses personnages, les rendant si attachants qu’on attend avec impatience chaque nouvelle enquête pour les retrouver et suivre leurs aventures. SV JÜNGER, Ernst Cote R JUEN

Sur les falaises de marbre Paris, Gallimard, 2008 (L’imaginaire ; 47). 171 p.

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Après une guerre des plus féroce, deux frères ont trouvé refuge dans un ermitage dans l’Altiplana, terre imaginaire de pâturages occupée par des bergers et leurs troupeaux. Le narrateur travaille dans sa bibliothèque tandis qu’Othon herborise et complète un immense herbier. Dans une autre partie du territoire, les ennemis se sont rassemblés en horde sous le commandement du Grand Forestier, leur chef impitoyable à l’aspect terrifiant. Les escarmouches qui se multiplient entre les deux camps deviennent de plus en plus sanglantes et meurtrières et nul n’échappera à l’inéluctable. Ernst Jünger nous livre dans cet ouvrage écrit en 1939 ses craintes et sa vision prémonitoire des évènements horribles qui arrivèrent ensuite. Et dans le personnage du Grand Forestier, ne voyons-nous pas se dessiner l’ombre maléfique de Hitler ou de Staline ? Un très grand roman. MCM


KAUFFMANN, Jean-Paul Cote 914.43 KAU

Remonter la Marne Paris, Fayard, 2013. 261 p.

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A presque 70 ans, l’auteur a pris son sac à dos et décidé de remonter la Marne à pied, à contre-courant. Il part de sa confluence (Charenton-le-Pont) jusqu’à sa source près de Langres, soit 525 kilomètres. C’est un automne sec, propice à marcher 10 heures par jour. Pourtant, dans ce récit, pas de compétition, d’exploit, de dépassement de soi, juste des pensées qui défilent avec les paysages. Plus longue que la Seine, c’est la Marne qui aurait dû traverser Paris et gagner la mer. Mais cette rivière vient d’une région pauvre, oubliée, peu touristique où seul le Champagne fait pétiller ses eaux. Kauffmann évoque Bossuet à Meaux, La Fontaine à Château-Thierry, Breton à Saint-Dizier, Diderot à Langres. Il nous parle aussi d’Histoire, d’églises, d’usines qui ferment et d’autoroutes qui tirent des traits de béton dans la nature. L’auteur aime la lumière particulière de la Marne, sa « rambleur », un terme châlonnais pour désigner une lueur blanche passagère sur un ciel gris. Et, chaque soir son étape dans un troquet où il oublie la médiocrité du repas avec une flûte de ce vin effervescent qui doit tant à la Marne, celle qui a permis son commerce. RL KAWAKAMI, Hiromi Cote R KAWA

Les 10 amours de Nishino Arles, Picquier, 2013. 206 p.

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Mais qui est Yukihiko Nishino, cet homme plein de charme, nonchalant et touchant, insaisissable et énigmatique? Dix femmes prennent la parole pour raconter leur histoire d’amour avec cet homme étrange. En 10 chapitres, les unes après les autres, elles dressent, par bribes, le portrait de celui qu’elles ont tant aimé, laissant apparaître un homme dont le mystère reste entier. Que voulait-il réellement ? Parviendra-t-il à aimer une femme sincèrement et durablement ? Homme aux amours multiples, il ne quitte jamais les femmes, mais se laisse quitter, renforçant ainsi ces femmes au lieu de les détruire. Mais plus que de décrire Nishino, elles se révèlent, dévoilant leurs aspirations, leurs rêves et leurs renoncements. D’une écriture fluide, Hiromi Kawakami construit des histoires simples qui, par la magie de son écriture, deviennent fascinantes. PB


Š name, 2011


Š Justin Ornellas, 2009


KAY, Jackie Cote R KAY

Poussière rouge Paris, Métailié, 2013 (Bibliothèque écossaise). 257 p.

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Jackie Kay est une écrivaine écossaise connue par le public francophone pour son premier roman Le trompettiste était une femme. Dans Poussière rouge, il s’agit de sa vie et plus précisément de la recherche de ses parents biologiques. Adoptée par un couple qui lui a donné tout son amour, elle a pourtant ressenti, lorsqu’elle a été enceinte, le besoin d’approcher ses géniteurs. Elle se rend donc au Nigéria pour rencontrer son père, un homme surprenant… et dans les Highlands, en Ecosse pour faire connaissance de sa mère. Mais entre ses parents tels que fantasmés pendant des années et ceux qu’elle découvre réellement, un abîme existe… La joie, mais aussi la tristesse et les déconvenues sont abordées avec émotion mais aussi avec humour. J’ai apprécié le côté tonique et attachant de ce journal des retrouvailles écrit par une auteure talentueuse. FB

KIM, Yi-seol Cote R KIM

Bienvenue Arles, Picquier, 2013. 170 p.

CIT EVI JON MIN PAQ SER

Yunyeong est une jeune mère qui, pour élever sa fille, doit travailler dur d’autant plus que le père étudie et ne gagne rien. Elle a trouvé un emploi de serveuse au « Jardin des jujubiers », un restaurant chic en dehors de Séoul. Elle quitte la maison tôt le matin et revient harassée très tard le soir. Mais ce n’est que provisoire car un jour son mari gagnera bien sa vie. Malheureusement ce dernier est un bon à rien et rate tous ses examens. En plus, la tradition veut qu’on aide sa famille et lorsque sa mère, sa sœur ou son frère lui demandent de les aider, elle ne peut pas refuser. Pour gagner plus, elle accepte de se prostituer dans les pavillons attenants au restaurant qui s’avère être aussi une maison de passe clandestine. Comme le dit son premier client, un policier corrompu, « il n’y a que le premier pas qui coûte ». La jeune auteure sud-coréenne a su parfaitement décrire la dure condition des femmes de son pays qui, comme son héroïne, n’ont pas de formation et sont alors exploitées et victimes de violences. RL


KING, Stephen Cote R KING

22/11/63 Paris, Albin Michel, 2013. 936 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original anglais : 11.22.63. R2 KING

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BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

A force d’aller manger au petit resto situé à côté du lycée où il enseigne, Jake Epping est devenu ami avec Al, le propriétaire. Un jour il lui demande de le suivre à l’arrière de son troquet pour lui montrer « une fissure dans le temps ». Après quelques marches, on débouche en 1958. Al l’a souvent empruntée, parfois juste pour acheter la viande de bœuf pour ses burgers succulents (et bon marché), mais aussi pour y passer plus de temps. A chaque retour de ses voyages temporels, seules deux minutes se sont réellement écoulées en 2011. Al aurait aimé pouvoir empêcher la mort de Kennedy mais il sait qu’il est trop malade pour cela. Il convainc Jake de s’en charger après quelques essais pour vérifier si le passé peut se changer : c’est possible mais il résiste. Jake décide donc de vivre « là-bas » cinq ans jusqu’au fameux 22/11/63. C’est un Stephen King en grande forme qu’on retrouve ici et on a vraiment de la peine à lâcher ce roman qui tient en haleine et l’époque si bien reconstituée. RL

KRISTIN MARJA BALDURSDOTTIR Karitas Cote R KRIS Montfort-en-Chalosse, Gaïa, 2011. 526 p. CIT EVI JON PAQ STA

Islande, début du 20ème siècle. La maman de Karitas est veuve mais elle se bat pour que ses six enfants puissent aller à l’école. Toute la famille déménage au nord du pays pour travailler dur au salage du hareng. Karitas s’occupe de la maison et du petit dernier. Enfant charmante, elle sait trouver du poisson ou du lait à bon prix et même négocier une maison. Elle fait connaissance avec une femme qui l’encourage à dessiner, un don qu’elle a hérité de son père. Elle lui offre les cours à l’académie des beaux-arts à Copenhague. De retour au pays avec son diplôme, elle épouse le beau Sigmar qui l’emmène dans les fjords de l’est. Comme la plupart des hommes du village, il est marin-pêcheur et absent huit mois par année. Enceinte et seule dans sa maison isolée, dans des paysages glaciaux, sans eau ni électricité, elle ne peut compter que sur les quelques femmes du coin qui veillent sur elle. Karitas en devenant épouse, puis mère, a dû renoncer à son rêve de devenir une artiste de renom. Pour savoir si Kristina pourra changer de vie, lisez Chaos sur la toile, la suite de cette saga. RL


LACROIX, Alexandre Cote R LACR

Quand j’étais nietzschéen Paris, J’ai lu, 2010 (J’ai lu ; 9323. Roman). 243 p.

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Deuxième volet d’une trilogie autobiographique, Quand j’étais nitzchéen nous amène dans la jeunesse d’Alexandre Lacroix, actuel directeur du magazine Philosophie Magazine. Le lecteur le suit, adolescent, au gré d’anecdotes racontées avec un humour légèrement cynique mais aussi une certaine tendresse vis-à-vis de ses propres souvenirs. Nul besoin de grandes connaissances en philosophie pour suivre les aventures du jeune homme : il s’agit ici surtout d’illustrer le passage à l’âge adulte, souvent chaotique, d’un garçon qui se cherche au travers d’un modèle atypique. GD

LANGE, Richard Cote R LANG

Ce monde cruel Paris, Albin Michel, 2011 (Terres d’Amérique). 349 p.

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Dans les rues de Los Angeles, une matinée sombre et pluvieuse, Oscar, jeune clandestin guatémaltèque, meurt dans l’indifférence générale suite à de sévères blessures. Tout juste sorti de prison, l’ex-marine Jimmy Bonne entame sa réinsertion dans le Tick Tock, un bar branché d’Hollywood boulevard. Sa vie bascule lorsqu’il décide d’aider un ami à faire la lumière sur les circonstances tragiques de cette mort mystérieuse. Le chemin de la rédemption s’annonce périlleux pour notre héros au cœur tendre. Cette enquête va le mener dans les bas-fonds de la ville, à la rencontre des dealers, des prostituées et autres white trash de la cité des anges. Richard Lange signe ici un premier roman réussi loin des strass et paillettes de la colline d’Hollywood. Sur un fond de thriller sombre cette histoire nous apporte un regard différent sur l’Amérique et ses habitants. Entre alcool, drogue, gang de cow-boy mexicains et combat de chiens, ce livre aux relents punk ravira les amateurs d’Ellroy et Bukowski. CB


LEVIN, Ira Cote R LEVI

Un bonheur insoutenable Paris, J’ai lu, 2012 (J’ai lu ; 434. Science-fiction). 371 p.

CIT EVI MIN PAQ

Un classique de la dystopie sur les dérives de l’hygiénisme par l’auteur de Rosemary’s baby. Dans un monde parfait gouverné par l’ordinateur, les humains sont programmés pour ne pas souffrir, ne pas être malades, accomplir leur tâche et ne pas se poser de questions. Les prénoms sont obsolètes, chacun est désigné par des lettres et des chiffres et porte un bracelet électronique. Un conseiller est là pour leur prescrire, au cas où, un « traitement ». Ce bonheur insoutenable est remis en cause par notre héros, Li RM35 M4419, surnommé Copeau en souvenir d’un grand-père iconoclaste qu’il aimait beaucoup… FA

LEWINSKY, Charles Cote R LEWI

Retour indésirable Paris, Grasset, 2013. 507 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original allemand : Gerron. R3 LEWI

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Valeureux soldat pendant la Grande Guerre, acteur puis réalisateur reconnu, Kurt Gerron n’a jamais voulu croire qu’il serait poursuivi par les nazis. Réfugié en France puis aux Pays-Bas, il est interné avec sa femme à Westerbork puis à Theresienstadt, un camp de concentration aux allures de petite ville. Cette place doit donner le change aux organisations humanitaires. On y montre qu’ici les Juifs, logés, nourris, blanchis y sont bien traités. Mais c’est dans des conditions inhumaines que survivent les internés : promiscuité, famine, maladies et surtout, chaque mardi, un train repart avec sa cargaison de « retours indésirables ». Le commandant du camp confie à Gerron la réalisation d’un film documentaire, montrant les conditions idylliques des habitants de la ville. Il s’y refuse, mais pour sauver sa peau et celle de sa femme, il consent à tourner ce mensonge. Les figurants les plus présentables font semblant de manger un bon repas en famille, dans une jolie maison. Scènes au champ, sur la place publique. Tout y est. Gerron et sa femme sont néanmoins jetés dans le train pour Auschwitz. Ils y meurent la veille de la libération des camps. MCM


La vie en sourdine

LODGE, David Cote R LODG

Paris, Rivages, 2008. 413 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER Titre original anglais : Deaf sentence. R2 LODG

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Desmond, professeur de linguistique, a préféré prendre une retraite anticipée plutôt que de continuer à enseigner dans des conditions de plus en plus difficiles. En effet, depuis 20 ans, il perd progressivement l’ouïe. Comme il le constate amèrement, « la surdité est comique, alors que la cécité est tragique ». Personne ne se rend vraiment compte de l’angoisse dans laquelle il glisse, même pas Fred, sa femme, trop occupée par son magasin de décoration en pleine expansion. Lors d’un vernissage, il n’ose avouer une panne de prothèse auditive et, suite à des malentendus, il accepte de coacher une étudiante très fantasque écrivant une thèse sur le langage des lettres laissées avant un suicide. Le père de Desmond a aussi beaucoup d’importance dans sa vie car il commence à perdre la tête mais refuse de quitter sa maison. Lodge souffrant lui-même de problèmes d’ouïe, ce livre dépasse la fiction. Le tragique n’est jamais très loin quand l’auteur évoque le temps qui nous fragilise mais, rassurez-vous, il sait bien l’atténuer grâce à son humour « so british », fil rouge de toute son œuvre. RL LOMAX, Alan Cote 781.64 LOM

CIT JON MIN SER BUS CIT SER

Le pays où naquit le blues Saint-Sulpice, Fondeurs de briques, 2012. 662 p.

JON PAQ SER

Alan Lomax et son père John ont collecté dans les années 30 la musique du Sud profond des Etats-Unis et rencontré des bluesmen. Avec leur énorme machine, ils ont gravé des disques d’alu et d’acétate et fait connaître cette musique qui allait influencer les musiciens des années 60, comme Dylan ou les Stones. Alan a pour postulat que le blues tire ses racines du continent noir, que ce soit pour le chant ou la danse collectifs, que pour le « holler », la complainte, dont il voit l’origine chez les éleveurs d’Afrique de l’ouest. Un CD de dix morceaux choisis accompagne ce document: on peut y entendre Sid Hemphill, Fred McDowell, Big Billy Broonzy... Ce document exhaustif est aussi une formidable histoire des oubliés du delta du Mississipi, qu’ils soient métayers dans les champs de coton, détenus ou portefaix sur les bateaux. La région doit sa fertilité à la construction de la « levee ». Ces immenses digues de plus de 1000 km de long ont été creusées par les immigrants Irlandais, puis par les Noirs, au prix de souffrances inouïes. Memphis Slim explique ainsi le blues à Lomax : « Nous avons tous eu de durs moments dans la vie, et les choses que nous ne pourrions pas dire ou faire, alors nous les chantons ». FA

Avec 1 CD


LONDRES, Albert Cote 365 LON

Au bagne Paris, Arléa, 2012 (Arléa-poche ; 125). 215 p.

EVI JON

« Porter la plume dans la plaie », c’est ainsi qu’Albert Londres résumait son métier de journaliste. Avec cette même volonté de témoigner, il part en 1923 en Guyane pour enquêter sur le bagne. Il interroge des bagnards sur leurs conditions vie et de travail. Dans la forêt marécageuse, ils construisent une route. Fièvre, vers, poux, moustiques et les maladies finissent par les tuer : 24 km de route en 60 ans, c’est dire la difficulté de l’opération ! Là-bas, la peste sévit également. Les malades sont alors déportés sur un îlet où les médecins démunis les regardent mourir. Pour ceux qui survivent, il y a le « doublage » : quand un homme est condamné de cinq à sept ans de travaux forcés, il a l’obligation de rester autant de temps en Guyane après sa libération. Pour les condamnés à plus de sept ans, ils doivent finir leur vie sur place. Une colonisation forcée… Au bagne, « on les nourrit (mal), on les couche (mal), on les habille (mal) »… mais libres, ces ex-bagnards n’ont plus rien. RL

LONGO, Davide Cote R LONG

L’homme vertical Paris, Stock, 2013 (La cosmopolite). 410 p.

CIT EVI

Il y a sept ans, Leonardo est revenu vivre dans son village natal après un scandale qui a brisé sa carrière d’homme de lettres ainsi que sa vie privée. Le lecteur est plongé dans un monde apocalyptique fait de barbelés, d’hommes armés, de meutes de chiens hargneux, de pharmacies sans médicaments et de banques sans argent. On traque les « extérieurs », on s’isole, on a peur. Juste après que l’ex-femme de Leonardo lui ait confié leur fille et le fils qu’elle a eu avec son nouveau mari, ils décident de gagner la France pour s’y réfugier. En route, ils seront séquestrés par un gang de jeunes, drogués, violents et fanatiques d’un gourou. Leonardo refuse ce modèle de société et, pour sauver sa fille devenue objet sexuel, il va s’automutiler pour qu’on les laisse s’enfuir. Il emmène avec lui un jeune garçon, Salomon, à qui il transmettra ses valeurs. Entouré de livres, comme préservé d’un monde qui lentement se barbarisait, Leonardo était passif. Violenté, il s’est réveillé révolté. En fuite, il se redresse pour devenir un « homme vertical » prêt à construire, avec d’autres, une nouvelle société. RL


Source: commons.wikimedia.org


Š Race Bannon, 2006


MacGRATH, M. J. Cote R MACG

Le garçon dans la neige Paris, Presses de la cité, 2013 (Sang d’encre). 388 p.

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Amis des grands horizons et du polar, je vous propose un voyage en Alaska. Une jeune femme inuite, Edie, suit un ours et découvre le cadavre d’un bébé soigneusement emmailloté et caché dans une maison aux esprits. Nulle trace de pas autour dans la neige, et le petit est mort depuis plusieurs semaines. Le maire d’Anchorage qui veut se présenter comme gouverneur aimerait bien étouffer l’affaire. L’Iditarod, la course de chiens de traîneaux en commémoration du secours apporté aux habitants de Nome un hiver où le blizzard empêchait tout avion de décoller est beaucoup plus porteuse pour lui. La police aimerait accuser les « Vieux croyants », ces dissidents orthodoxes dont les ancêtres ont fui la Russie. Ils ne se mêlent pas aux autres et sont soupçonnés de pratiques sataniques. Ajoutez à cela des projets immobiliers et vous obtenez un cocktail explosif. L’originalité de ce polar tient à son héroïne, très attachée à sa culture ancestrale, et à la description tout en nuances de cet immense état américain et de ses habitants. FA MARCHAND, Yves Cote 779 MAR

Détroit, vestiges du rêve américain Göttingen, Steidl, 2010. 227 p.

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Ce livre de photographies montre l’évolution de la ville de Détroit, véritable symbole industriel américain, dont une grande partie des lieux publics, usines ou même habitations sont laissés à l’abandon, par faute de moyens. Historiquement, en 1920, Détroit était le centre mondial de l’industrie automobile et, à son apogée, une des villes les plus prospères du monde. Cette richesse engendrera un énorme afflux de travailleurs ainsi qu’une forte croissance démographique. En 1950, la ville comptait plus de 2 millions d’habitants, avec peu de quartiers denses, et s’étalait sur plus de 300 km2. Aujourd’hui Détroit a perdu de sa superbe, avec la crise pétrolière entre autres, et de grandes zones urbaines sont revenues à l’état de nature. Les photographies retranscrivent cette impression de ville à l’abandon, fantôme, comme si elle avait subi une catastrophe et qu’elle avait été vidée d’une grande partie de ses habitants. Outre l’aspect surprenant de ces paysages urbains, ce livre pose la question de l’urbanisation, des limites et du gigantisme de cette architecture et de la démesure du rêve américain. Dans un état d’esprit similaire, le photographe Robert Polidori a réalisé un magnifique travail, Pripjat et Tschernob, dans lequel il décrit la désolation de ces villes suite à la catastrophe de la centrale nucléaire. PB POLIDORI, Robert. Pripjat und Tschernobyl : Sperrzonen. Göttingen, Steidl, 2004. 109 p.

779 POL

STA


MARKARIS, Petros Liquidations à la grecque Cote R MARK Paris, Seuil, 2012 (Trilogie de la crise ; 1. Seuil policiers). 327 p. BUS CIT EVI JON PAQ STA

« Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? ». C’est d’après cette citation de Brecht que Markaris entame le premier volet de sa Trilogie de la crise. Nous retrouvons son héros, le commissaire Charitos, amoureux du dictionnaire et de sa femme Andriani au caractère bien trempé, pour ne pas dire volcanique. A travers cette enquête sur le meurtre de gens de la finance décapités à l’épée, Markaris nous offre un tableau désenchanté et chaleureux sur ce que vivent les Grecs aujourd’hui. Impossible d’en dire plus pour ne pas déflorer le livre, mais sachez que vous irez de surprise en surprise! FA

MAUGHAM, William Somerset Le grand écrivain Cote R MAUGH Paris, Table ronde, 2013 (La petite vermillon ; 384). 265 p. CIT

William Ashenden a beaucoup côtoyé Ted Driffield, le célèbre écrivain, et sa femme Rosie lorsqu’il était adolescent et jeune adulte. Aujourd’hui Ted est mort, et sa deuxième femme, Amy, fait appel à lui pour se remémorer ses souvenirs du grand homme, au travers d’un autre auteur, Alroy Kear, chargé d’en rédiger la biographie. L’occasion pour William d’évoquer ce couple libre et scandaleux : Rosie est une femme joviale et séduisante qui a la réputation de tromper son mari à tour de bras. Et lorsqu’ils quittent leur petite ville pour rejoindre Londres c’est en catimini et en laissant des ardoises partout. Evidemment, dans une biographie, il y a les choses qu’on dit et celles qu’on tait, et les plus importantes sont peut-être les secondes… Ce roman, qui vient d’être réédité, a le mérite de nous replonger dans l’écriture parfois cinglante mais toujours délectable de Maugham. Le relire est un vrai bonheur ! DM


MEIZOZ, Jérôme Cote R MEIZ

Séismes Carouge, Zoé, 2013. 93 p.

EVI SER STA

Ce livre s’ouvre avec une phrase coup de poing : « Quand mère s’est jetée sous le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage ». Le ton est donné. Les 24 courts chapitres qui forment ce roman, que l’auteur considère comme une œuvre de fiction, décrivent la vie d’un jeune homme suite à cet événement tragique. Par bribes, par bouffées, les souvenirs remontent, décrivant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Il est question du père, mais également des voisins, des gens du village, parfois curieux, étranges ou touchants, et du Valais dans les années 70. Il n’y a pas d’intrigue, mais une succession de souvenirs, de réminiscences. Avec une écriture minimale et un remarquable travail sur la langue, Jérôme Meizoz construit, livre après livre, une véritable œuvre formée de textes courts et ciselés qui forment un ensemble dense et homogène. PB

MERCUEL, Alain Cote 305.568 MER

Souffrance psychique des sans-abri Paris, Jacob, 2012 (Psychologie). 221 p.

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Ils existent. Ils sont là, parmi nous. Nous les voyons, les côtoyons, discutons parfois avec eux, leur donnons une pièce, un sandwich. Que pouvons-nous faire d’autre ? Leur misère, leur solitude, leur apparence nous émeuvent et nous apeurent. Mais plus encore, parmi eux, les fous, les dingues nous touchent encore plus profondément et nous bouleversent. Eux ce sont les sans-abris, les cloches, les vagabonds des villes, les SDF. Alain Mercuel, psychiatre à l’hôpital St-Anne à Paris, se penche vers eux et a fait un état des lieux de la souffrance psychique des sans-abri. Il faut repérer les facteurs de risque, établir une relation avec eux, leur proposer une aide et écouter leurs maux et leurs mots. Pour eux, le temps est distordu, ils sont isolés, en survie, ne demandent que rarement des soins et surtout ils n’ont pour la plupart plus aucune perception de leurs souffrances. Ils ont perdu le désir d’être en bonne santé. Nos deux mondes se côtoient. Mais eux sont ailleurs, loin de nos repères et de nos valeurs de bienportants. Que faire face à de telles douleurs ? Le docteur Alain Mercuel nous donne quelques pistes. Qu’il en soit remercié. MCM


MITCHELL, David Cote R MITC

Les mille automnes de Jacob de Zoet Paris, Olivier, 2012. 701 p.

BUS CIT EVI MIN JON PAQ STA Titre original anglais : The thousand autumns of Jacob de Zoet. R2 MITC

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Le récit s’ouvre en 1799 à Dejima, une île près de Nagasaki au Japon où la Compagnie néerlandaise des Indes orientales possède un comptoir. Jacob de Zoet est un jeune clerc cultivé et intègre, chargé de rechercher dans les registres d’éventuelles traces de corruption. Une rencontre va cependant le bouleverser : celle d’Orito Abigawa, une talentueuse sage-femme dont il va tomber amoureux. Mais celle-ci sera enlevée et séquestrée dans un monastère isolé par l’affreux abbé Enomoto qui abuse d’elle et d’autres jeunes prisonnières. Ceci n’est évidemment qu’une partie de la trame de ce gros roman dont le principal aspect à mon avis est l’incompréhension entre les deux cultures : imaginez les samouraïs et leurs traditions millénaires à l’opposé des Occidentaux, avides de pouvoir et d’argent, imbus de leur supériorité et méprisants envers leurs hôtes. Egalement roman d’aventures, d’amour ou initiatique, ce récit dépaysant ne vous ennuiera pas une minute ! DM MONTERO, Rosa Des larmes sous la pluie Cote R MONT Paris, Métailié, 2013 (Bibliothèque hispanique). 401 p. BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

2109, tous les terriens et extra-terrestres connus sont réunis sous la houlette pacifique des Etats-Unis de la Terre. Bruna est une réplicante. Comme ceux de son espèce, elle a été créée de toutes pièces pour répondre aux besoins des humains. Les « reps » sont des androïdes à l’image des hommes. Ils sont extrêmement résistants, mais leur durée de vie est limitée à dix ans, leurs souvenirs d’enfance composés par les « mémoristes ». Bruna la guerrière est chargée d’enquêter sur une vague de suicides et de meurtres sans précédent chez les « reps ». Le temps lui est compté, elle n’a plus que quelques années à vivre, et ces actes violents font le lit de ceux qui aimeraient supprimer les réplicants, jugés contre-nature. L’auteure s’inscrit dans le droit fil de P.K Dick. Elle le revendique puisque son titre est tiré du film de Blade Runner. Elle poursuit la réflexion de Dick sur ce qui fait l’humain. Serait-ce la mémoire ? C’est la première fois que Rosa Montero s’essaie au genre SF, et c’est une réussite ! FA


NIOGRET, Justine Cote R NIOG

Gueule de truie Rennes, Critic, 2013. 253 p.

JON PAQ

L’apocalypse a eu lieu. Une guerre nucléaire a détruit la civilisation. Pour l’église, cette destruction est l’œuvre du courroux de Dieu, et il importe donc de terminer le travail en supprimant les survivants. Gueule de truie est l’un des inquisiteurs chargé de ce travail, qu’il fait sans passion mais avec sérieux. Un jour il rencontre une jeune fille qui chemine seule, avec pour tout bagage une boîte remplie de cendres. Sans trop savoir pourquoi, elle va réveiller un semblant de conscience chez Gueule de truie qui va quitter l’inquisition pour accompagner cette jeune fille à la recherche du cratère originel. Durant cette quête, il va faire le point sur sa vie en se posant des questions qui ne lui étaient jamais venues auparavant. Justine Niogret nous livre ici un texte que l’on pourrait placer quelque part entre La route et un Mad Max trash, attention aux âmes sensibles… FG

NOTHOMB, Amélie Cote R NOTH

La nostalgie heureuse Paris, Albin Michel, 2013. 151 p.

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Avec régularité, Amélie Nothomb est de retour à chaque rentrée littéraire. Elle ne déroge pas à la règle cette année encore avec un très bon cru. Au printemps 2012, elle a accepté de retourner au Japon, 16 ans après l’avoir quitté, à la demande de journalistes qui désiraient réaliser un documentaire très touchant pour la télévision (France 5). Elle retournera dans l’école qu’elle avait fréquentée, aura la surprise de découvrir une photo de classe, retrouvera des êtres chers, sa maman de cœur, Nishio-san, et bien sûr le Tokyoïte Rinri dont elle avait décrit les amours dans Ni d’Eve ni d’Adam. D’autres rencontres, parfois proches de l’absurde et très drôles, se dérouleront lors de son périple. Cette nostalgie heureuse, terme fréquemment utilisé au Japon, qu’elle décrit parfaitement, ce sont les beaux souvenirs qu’il est important d’évoquer. Dans ce vingt-deuxième ouvrage, autobiographique, il y a du sombre et du mélancolique, mais aussi des moments hilarants et lumineux. En renouant avec son passé au Japon, période fondamentale pour elle, Amélie Nothomb semble accepter la déchirure qu’elle a ressentie. Une boucle est bouclée. PB


La femme du tigre

OBREHT, Téa Cote R OBRE

Paris, Calmann-Lévy, 2011. 331 p.

BUS CIT EVI JON PAQ STA Titre original anglais : The tiger’s wife. R2 OBRE

CIT

BUS

A la frontière d’un pays des Balkans non nommé où la guerre vient juste de se terminer, Natalia apprend la mort de son grand-père. La nouvelle ne peut la surprendre. Elle est aussi médecin et tous deux savaient la gravité du mal. Ce qui l’interpelle, c’est qu’il a prétendu venir la rejoindre pour vacciner les enfants orphelins. Elle réalise qu’elle en est restée à ses souvenirs d’enfant émerveillée lorsqu’ils allaient ensemble rendre visite aux tigres, mais qu’elle ignore tout de son enfance à lui. Elle sait seulement le nom du village où il a grandi et où il ne l’a jamais emmenée, et qu’il a conservé sur lui toute sa vie un exemplaire du Livre de la jungle. L’auteure nous entraîne dans une multitude de récits somptueux où l’on croise tour à tour un tigre échappé du zoo, un chasseur d’ours, un artiste contraint de devenir boucher et d’épouser une sourde muette, un homme qui ne meurt jamais et des Roms qui cherchent leurs morts. Entre les contes, Natalia raconte sans pathos la guerre comme elle l’a vécu adolescente. Toutes ces histoires révèlent la blessure cachée du grand-père et les déchirures de l’exYougoslavie. La jeune auteure née à Belgrade en 1985 livre ici un premier roman fort abouti. FA OSTER, Christian Cote R OSTE

En ville Paris, Olivier, 2013 (Littérature française). 173 p.

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Dans la grande ville, Paris, vivent Georges, William, Louise et Paul, et enfin Jean, le narrateur. Ce sont des amis distants qui, étrangement, passent chaque année leurs vacances ensemble. Pourtant, cet été s’annonce différent : Parmi eux, des couples se disloquent, d’autres se forment… sans compter avec les ennuis de santé de William… les liens ténus qui les relient vont-ils survivre aux événements ? Et si l’homme retournait-il toujours à sa solitude ? C’est ce que semble suggérer l’auteur qui réussit, avec la verve littéraire qui le caractérise, à pimenter ce roman mélancolique de cocasse… à savourer sans tarder ! FB


Š Vladimir P, 2005


Le fermier cuisine, ca. 1934, huile sur toile de Ivan Albright


O’FARRELL, Maggie Cote R OFAR

Cette main qui a pris la mienne Paris, Belfond, 2011 (Littérature étrangère). 418 p.

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Angleterre, années 50. La jeune Alexandra s’ennuie dans son Devon natal. La rencontre tout à fait fortuite avec Innes Kent, un Londonien en panne, va l’aider à prendre sa décision. La voici partie pour Londres où elle se débrouille pour trouver un job de vendeuse et une chambre. Innes, rédacteur en chef d’une revue d’art, la persuade de rejoindre son équipe et lui enseigne les ficelles du journalisme. Elle accepte et, devenue son amante, emménage chez lui. Mais la pauvre Lexie (comme on l’appelle désormais) va être victime d’un malheureux coup du sort… A 40 ans de là, on suit le couple d’Elina et Ted qui viennent d’accueillir leur premier enfant. Devenu père, Ted a de plus en plus d’absences. Il n’a plus de souvenirs d’avant ses 9 ans et sa nouvelle paternité le renvoie au vide que constitue sa propre enfance. Les deux histoires, que l’on suit en alternance, vont bien entendu finir par n’en former qu’une. J’ai beaucoup aimé la sensibilité qui émane de ces pages, les portraits des personnages sont très réussis : l’émancipée Lexie et le sensible Ted sont particulièrement attachants. Et l’intrigue, fort bien menée, va déboucher sur la découverte d’un terrible secret de famille. DM

BUS CIT

Carnettistes tribulants Paysannes : Carnet de rencontres avec des femmes engagées Cote 307.72 PAY Antony, Boîte à bulles, 2013 (Carnet de rencontres). 235 p. EVI STA

Les Carnettistes tribulants est un collectif de dessinateurs, peintres, illustrateurs, écrivains, motivés par le carnet de voyage. Pour réaliser ce livre, 14 d’entre eux sont allés à la rencontre de 19 agricultrices françaises, engagées, soucieuses de l’environnement et qui privilégient la coopération et la réciprocité à la concurrence et la méfiance. La lenteur du dessin favorise l’échange. Qu’elles soient éleveuses de vaches, bergères, viticultrices, maraîchères bio, toutes parlent de leur métier avec passion. A la fin de chaque portrait, quelques données théoriques expliquent la biodiversité, l’accueil à la ferme, l’agriculture bio-dynamique, etc... On apprend par exemple que depuis 2005 c’est la surface moyenne d’un département français de terres agricoles qui a disparu, soit 74000 ha, les grosses exploitations mangeant progressivement les petites. Ce carnet de rencontres en milieu rural nous questionne sur notre façon de consommer et sur la mondialisation. Les femmes rurales représentent plus du quart de la population et 500 millions de ces paysannes vivent au-dessous du seuil de pauvreté. RL


PERCY, Benjamin Cote R PERC

Le canyon Paris, Albin Michel, 2012 (Terres d’Amérique). 349 p.

BUS CIT EVI

Echo Canyon dans l’Oregon. Les bulldozers ne vont pas tarder à s’activer pour transformer ce coin de nature sauvage pour les besoins d’un grandiose projet immobilier bien bétonné. Le vieux Paul qui en a vu d’autres, persuade son fils Justin, avec qui les relations ne sont pas toujours des plus harmonieuses, à y passer un dernier week-end. S’ajoute au duo Graham, le fils de Justin, qui doit avoir une douzaine d’années, et Boo, le chien de Paul. Tente, feu de camp et chasse entre hommes, voilà un beau programme. Sauf que. Le danger est omniprésent et comme dans Into the wild de Jon Krakauer ou Sukkwan Island de David Vann, l’être humain apprend à ses dépens que la nature est bien plus forte que lui. Ajoutons à cela la folie des hommes, la guerre en Irak, un couple en perdition, et on obtient un roman puissant dans l’évocation de la nature, très bien maîtrisé au niveau de l’intrigue et, pour ces raisons, très difficile à lâcher. DM

PICHON, Bernard Cote 914.94 PIC

Une nuit ailleurs : 80 hébergements insolites en Suisse et environs Lausanne, Favre, 2012. 295 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

Avez-vous jamais rêvé de passer une nuit dans un arbre, de dormir dans un igloo ou de vous abandonner dans un avion rien qu’à vous ?! Ailleurs n’est pas forcément loin contrairement à ce qu’on pense. Bernard Pichon nous propose un guide pour un dépaysement total : quatre-vingt hébergements insolites dans toute la Suisse, en France voisine et en Autriche. Forteresse, roulotte, tipi, école, yourte, tube, château d’eau, musée, abri flottant, prison, monastères, ferme dans l’Emmental et j’en passe… Rien n’a échappé à sa curiosité. Les idées un peu folles ne manquent pas, et je dirais que même la simple consultation de ce guide très complet et agréable est en soi une petite excursion. Seul, en couple, en famille ou entre amis tout est proposé pour passer un week-end ou une semaine unique et totalement exceptionnelle. JS


PIPERNO, Alessandro Cote R PIPE

Persécution Paris, Liana Levi, 2011 (Littérature). 420 p.

CIT EVI MIN SER

Italie, 1986. Leo Pontecorvo est un homme comblé : marié avec Rachel, son amour de jeunesse, il est père de deux garçons adolescents. Pédiatre spécialisé en cancérologie, il est un professionnel reconnu et apprécié, un homme et un père aimé, et jouit d’un excellent niveau de vie. Lorsqu’il est subitement accusé par la petite copine de son fils cadet d’agression sexuelle, c’est tout son monde qui s’écroule. Incapable de se défendre, il fuit les accusations en se réfugiant dans le sous-sol de leur maison. Alors qu’au-dessus chacun s’efforce de vivre une vie normale, Leo dépérit lentement, sans le soutien de sa famille qui fut si aimante et harmonieuse et qui aujourd’hui semble l’avoir complètement oublié. Si l’on ne saisit pas complètement les motivations du protagoniste à se laisser accuser plutôt que de dissiper le malentendu, ni celles de la gamine dont Leo a repoussé les avances, ce roman tient néanmoins son lecteur en haleine en dressant un portrait impitoyable d’une époque où et d’une société où dominent les apparences. DM POSTEL, Alexandre Cote R POST

Un homme effacé Paris, Gallimard, 2013 (Blanche). 242 p.

CIT EVI PAQ SER STA

Damien North est professeur de philosophie à l’université. Il vit à quelques pas du campus, seul depuis que sa femme est décédée, douze ans auparavant. Une petite vie sans histoire, sans éclat et sans passion. Victime d’une panne informatique, il appelle le service de l’université. Quelques heures plus tard la police vient le cueillir chez lui : on a trouvé dans son ordinateur des milliers d’images à caractère pédo-pornographique. North a beau en tomber des nues, les fichiers tiennent lieu de preuves et celles-ci sont accablantes. Son avocat lui conseille de plaider coupable, seule chance de réduire sa peine. La récupération de l’événement fait froid dans le dos… Cette banale photo de sa nièce Muriel en maillot de bain dans le salon n’est-elle pas un élément de l’attirance de North pour les enfants ? Son frère lui-même l’appelle pour s’enquérir violemment de ce qu’il aurait pu faire à Muriel. Pauvre Damien ! Lorsqu’il aura compris le fin mot de l’histoire, le mal sera déjà fait et la tache difficile à nettoyer. Un excellent premier roman, émouvant et intelligent. DM


Yellow birds

POWERS, Kevin Cote R POWE

Paris, Stock, 2013 (La cosmopolite). 249 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original anglais : The yellow birds. R2 POWE

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Le soldat Bartle a 21 ans, il est mobilisé à Al Tafar en Irak. Il est inséparable du soldat Murphy, 18 ans. Bartle a fait la promesse à la mère de Murph de le ramener vivant aux Etats-Unis. Mais Murphy va mourir sous ses yeux, et c’est un Bartle rongé par la culpabilité qui rentrera chez lui. Entre les souvenirs obsédants de la guerre et un retour impossible à sa vie d’avant, Bartle nous fait part de sa vision d’une guerre absurde, des terreurs auxquelles sont confrontés quotidiennement les soldats, la mort omniprésente et surtout, la solitude du soldat rentré au pays, l’incapacité à partager son expérience avec qui que ce soit et à retrouver une vie normale. Kevin Powers, lui-même soldat en Irak pendant deux ans, nous raconte de l’intérieur les horreurs de la guerre dans ce qui pourrait bien être pour l’Irak ce qu’A l’est rien de nouveau fut pour la première guerre mondiale. DM

PUERTOLAS, Romain Cote R PUER

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea Paris, Dilettante, 2013. 252 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA

Ajatashatru Lavash Patel, fakir indien de son état, vient d’atterrir à Paris et se fait conduire chez Ikea par Gustave Palourde, des Taxis-Gitans. Arnaqué d’une centaine d’euros, le taxi n’aura de cesse de retrouver le fakir qui, lui, est en train de commander un lit à clous. Dans l’impossibilité de se payer une chambre d’hôtel pour la nuit, Patel se fait enfermer dans le magasin de meubles où il prendra bien vite ses aises. Malheureusement, l’armoire dans laquelle il s’est planqué en entendant arriver des ouvriers est embarquée dans un camion en partance pour l’Angleterre. Pincé à la frontière avec six clandestins somaliens avec qui il a fait le voyage et à qui il est rapidement assimilé, il est renvoyé à Barcelone où… qui croise-t-il ? Notre taxi gitan, bien décidé à ne pas le laisser s’échapper… C’est mal connaître notre fakir ! Il s’enferme dans une malle qui n’est autre que celle de la célèbre Sophie Morceaux, en partance pour Rome… Pour quelqu’un qui n’avait jamais voyagé, Patel se rattrape vite ! Et ceci n’est que le début. Vous lirez d’une traite ce roman déjanté, délirant et loufoque ! DM


REVERDY, Thomas B. Les évaporés Cote R REVE Paris, Flammarion, 2013 (Littérature française). 302 p. EVI PAQ STA

Lorsqu’il reçoit un téléphone de Yukiko, une ancienne amante, Richard B, détective privé, n’a aucune envie de quitter San Francisco et ses petites habitudes. Par amour pour elle, pensant la reconquérir, il accepte de l’accompagner au Japon à la recherche de son père, Kaze, un cadre sans histoire, qui a disparu après avoir laissé une lettre à sa femme. Il s’est évaporé et, au Japon, la police n’entreprend pas de recherche. L’enquête se déroule dans un Japon souterrain, dans des quartiers pauvres de travailleurs, puis dans les environs de Fukushima, avec, comme toile de fond, les yakuzas qui ont fait main basse sur des zones entières. Ce livre envoûtant se dévore comme un roman policier. Avec une écriture délicate et subtile, sans concessions, Thomas B. Reverdy plonge le lecteur dans un Japon moderne avec tous ses paradoxes. PB

ROBERTS, Jean-Marc Deux vies valent mieux qu’une Cote R ROBE Paris, Flammarion, 2013 (Littérature française). 104 p. CIT STA

Romancier, éditeur, scénariste et défricheur de nouveaux talents avec les éditions Stock, Jean-Marc Roberts est décédé le 25 mars 2013. Ce livre est un récit autobiographique qui découpe sa vie en deux parties : la maladie et ses souvenirs de vacances en Italie. La maladie, donc, avec son combat contre un cancer des poumons (« tumeur 1, saison 1 ») puis contre une deuxième tumeur (« tumeur 2, saison 2 »). Il relate ses séjours dans différents hôpitaux, les traitements (chimiothérapie, radiothérapie, etc), parvenant toujours à garder un humour salvateur. Pour se protéger, lorsque les explications médicales deviennent trop précises, il n’écoute plus et se laisse emporter par ses pensées. Ses souvenirs de jeunesse, ensuite, qui le replongent avec délice dans le récit de ses vacances en Calabre chez son oncle. Période insouciante, baignée de soleil, de rires adolescents, de la découverte de l’amour. La juxtaposition de ces deux périodes de sa vie permet à ce court récit d’être vivant et lumineux, drôle et poignant, oscillant entre la recherche de la compréhension de l’essence de la vie et la réalité du temps qui passe. PB


ROCHAT, Jean-Pierre Cote R ROCH

L’écrivain suisse allemand Genève, Autre part, 2012. 139 p.

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Dans cette histoire qui réunit un paysan et un écrivain suisse allemand, le lecteur est promené dans les méandres de la pensée du narrateur-paysan. Il y découvre une étonnante amitié, des interrogations philosophiques, le quotidien et l’histoire de deux vies qui se croisent, se révèlent et se rencontrent, une liberté aussi, un goût de vastitude. Un texte magique, véritable averse poétique qui oppose la vie nomade de l’écrivain à la vie sédentaire du paysan, deux regards à la fois proches et éloignés. En tous les cas un roman qui se déguste avec un plaisir gourmand, un univers original enraciné dans une langue et qui vous enrobe tout entier. CD

SALWAN DAHER, Paola Cote R SALW

Oublier Alep Paris, Tamyras, 2012. 101 p.

EVI STA

Dénonçant la condition des femmes soumises à un mari, à des traditions, ce roman féministe est une ode à la lutte. Il raconte l’histoire de deux femmes dans la ville syrienne d’Alep, au bord de la Révolution. L’une, Noha, bourgeoise, enfermée dans une vie soumise, semble résignée à sa condition de femme vivant dans l’apparence et sans joie. L’autre, Shirine, est une femme forte qui, par ses idéaux, ne peut se soumettre aux carcans imposés aux femmes. Elle vit dans la nostalgie de son amour - un révolutionnaire mort - et rejette son Liban natal qui a entraîné ce décès, tout en gardant force et espérance. Noha et Shririne sont voisines, se dévisagent et ne se comprennent, de prime abord, pas. Leurs destins vont pourtant se lier et changer à jamais leurs vies. Le tout sous le regard nostalgique d’un vieux Palestinien, pleurant son amour perdu et sa terre volée, et accompagné de chansons de la chanteuse libanaise Fairouz. RD


Š Christophe, 2007



Les temps ébréchés

SANDOZ, Thomas Cote R SAND

Paris, Grasset, 2013. 158 p.

BUS CIT EVI JON SER STA

Blanche est malade. Irrémédiablement. Une maladie soudaine, dégénérative. Dans huit semaines, elle n’entendra plus. Malgré les médicaments qu’elle doit prendre, qui lui boursouflent le visage et lui embrument l’esprit, elle continue de travailler chez un imprimeur, en dépit de quelques difficultés. Pour ces dernières semaines, elle décide d’expérimenter les sons sous toutes leurs formes : elle va en discothèque, à l’opéra, à des concerts, etc. Mais surtout, elle décide d’apprendre la musique et le solfège avec un vieux pianiste argentin. Elle collectionne aussi fébrilement les partitions qu’elle joue dans sa tête, parvenant à ne plus avoir peur du silence, à l’apprivoiser et ainsi à réorganiser sa vie. Dans ce court roman triste, Thomas Sandoz retranscrit parfaitement la métamorphose de cette femme seule, un peu distante, mais si attachante. PB

SEIGLE, Jean-Luc Cote R SEIG

En vieillissant les hommes pleurent Paris, Flammarion, 2012. 246 p.

BUS CIT EVI

BUS

9 juillet 1961. Dans un petit village près de Clermont-Ferrand, on fait la connaissance d’Albert, déjà bien usé par la vie. Ses loisirs, il les passe à s’occuper de sa ferme, celle qu’il n’a pas voulu abandonner quand il a commencé à travailler à l’usine Michelin pour gagner un peu plus d’argent. Suzanne, sa femme, rêve de modernité. A force de réclamer, elle finira par obtenir la télévision. Elle a convié tout le village pour suivre un reportage sur les soldats en Algérie. Elle attend l’interview de son grand fils, Henri, son préféré. Le monde s’invite à la maison et les images de la guerre révèlent une réalité que personne n’imaginait. Gilles, c’est le fils cadet, celui qui « n’est pas comme les autres » : il passe des heures à lire du Balzac. A la demande d’Albert, Monsieur Antoine, un instituteur retraité, aide le jeune garçon à progresser en orthographe et lui ouvre sa bibliothèque. Un superbe livre sur l’amour père-fils, sur la transmission mais aussi sur la frustration, la honte, et les guerres ; un roman qui fera pleurer les femmes… et les hommes, j’en suis sûre. RL


SHARMA, Bulbul Cote R SHAR

Mangue amère Arles, Picquier, 2010. 170 p.

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Bhanurai Jog est mort, voici quelque temps. Chaque année, une cérémonie lui est dédiée. Et, chaque année, un bon repas s’impose comme étant l’essence même de cet évènement. Cette fois-ci, il est préparé par sept femmes. Sept femmes ordinaires qui, le temps de la préparation des mets, vont se raconter neuf histoires tirées de leur quotidien. Neuf histoires mettant en relief la condition des femmes en Inde, les discriminations qu’elles subissent, les attitudes souvent injustes dont elles sont victimes. Neuf histoires décrivant également des instants touchants de la vie, des ambiances indiennes envoûtantes, des histoires de famille et d’amis, des anecdotes sentant bon les épices. Ces récits, drôles ou tristes, nous transportent dans l’intimité de ces femmes pour qui la vie, la sensualité ou la mort ont souvent une odeur de chutney, de curry ou de pickles. Un véritable aller-simple pour l’Inde, dépaysant et savoureux à souhait. LF

SHIPSTEAD, Maggie Cote R SHIP

Plan de table Paris, Belfond, 2012 (Littérature étrangère). 419 p.

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Lorsqu’il rejoint la petite île où doit se dérouler le mariage de sa fille aînée, Winn se retrouve dans un tourbillon de femmes affairées et les nerfs à vif : sa femme Biddy, ses deux filles, leurs amies et une tante très alcoolisée. Lui-même rongé parce qu’il n’a pas été accepté dans le club le plus smart de l’île, les sentiments de chacun sont exacerbés. Et Winn en vient à comprendre qu’il n’a fait que suivre toute sa vie les préceptes de l’upperclass auquel il appartient. Mais a-t-on le temps de s’apitoyer sur le cours des années, quand tant de choses doivent être accomplies ? Le traiteur, les robes, les multiples désagréments de dernière minute. Sans oublier le meilleur ou le pire : une demoiselle d’honneur qui veut le pousser à l’adultère. Ce n’est pas parce que les familles qui vont s’allier sont wasp que tout est lisse, clair, évident. La mariée est enceinte de huit mois, la tante avinée est un catalyseur de vérités, Winn aime sa femme, même s’il l’aime peu, la cadette a dû avorter et son couple a explosé, la vie quoi… Entre scènes hilarantes et petits drames, les situations, les évènements nous dévoilent un mode « humain » avec ses heurs et malheurs. Un très bon moment de lecture. MCM


SILBERSTEIN, JIL Cote 848.03 SIL

La Terre est l’oreille de l’ours Lausanne, Noir sur blanc, 2012. 473 p.

EVI PAQ STA

La terre est l’oreille de l’ours raconte comment un homme désire renouer ou renouveler son intimité avec la nature, grâce à la forêt qui pousse derrière sa maison. Il s’agit d’un journal qui nous parle avec poésie des chemins de traverse de la vie, de ses deuils, des rythmes saisonniers, des éclairages, des chants, des multiples voix qui peuplent une forêt. Une métaphore à la vie, à sa vie, à la douleur comme à la joie, à la perte et aux rencontres. En amont, Jil Silberstein se remémore son séjour auprès des Indiens du Canada, ses lectures, Kerouac, François Cheng, Li Po, Jim Harrison, Guennadi Aïgui et son enfance. En approfondissant son rapport à la nature, l’auteur se rapproche de lui-même et aussi d’autrui. Un ouvrage attachant car généreux. CD

SULZER, Alain Claude Cote R SULZ

Une mesure de trop Paris, Chambon, 2013. 266 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

Marek Olsberg est un pianiste mondialement connu. Le soir de son récital à la Philharmonie de Berlin, alors qu’il est en train d’interpréter la Sonate pour piano n°29 de Beethoven, il s’interrompt, ferme le piano, se lève et quitte la scène en disant simplement « c’est tout » avant de disparaître dans la nuit berlinoise. Il vient de signer la fin de sa carrière flamboyante. Dans son sillage, plusieurs vies seront bouleversées : Sophie qui est venue avec sa nièce Klara, Claudius, un ancien amant de Marek, Astrid, sa secrétaire qui lui a consacré sa vie, Esther qui, en rentrant plus tôt chez elle, découvrira ce qu’elle n’aurait pas dû savoir, etc. Dans ce roman choral magnifique, subtilement construit, Alain Claude Sulzer pénètre dans l’intimité de ses personnages, dans cette solitude qu’ils partagent, et décrit parfaitement les instants de trouble et d’hésitation qui modifieront leurs vies respectives. PB


TAWFIK, Ahmad Khalid Cote R TAWF

Utopia Paris, Ombres noires, 2013. 181 p.

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Le Caire, Egypte, 2023. Les riches se sont retranchés dans des colonies protégées par des enceintes garnies de barbelés, de mitrailleuses lourdes et d’anciens marines. Pour la jeunesse privilégiée qui passe son temps entre sexe et drogues, le grand frisson consiste à participer à « la chasse », c’est-à-dire partir dans les quartiers pauvres, tuer quelqu’un et ramener comme trophée un bout de son corps. Un jeune homme et son amie décident d’y participer, mais leur équipée va tourner court et ils vont se retrouver dans un monde qui n’est pas le leur et dont ils ne connaissent pas les codes, ce qui aura des conséquences dramatiques pour les populations pauvres comme pour les nantis d’Utopia. FG

THUY, Kim Cote R THUY

Ru Paris, Liana Levi, 2010. 143 p.

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Kim Thúy nous livre son récit de vie de petite fille née à Saïgon, contrainte avec sa famille de quitter son pays pendant la guerre pour une contrée lointaine et froide. Malgré l’exil, le Canada est pour elle un émerveillement. C’est le pays de l’opulence, elle rêve de « pouvoir bouger le gras des fesses » comme son enseignante, un pays généreux qui offre des grille-pain, sans réaliser que le matin, les Vietnamiens mangent de la soupe, un pays qui a pour elle l’odeur grisante de l’assouplissant à lessive. Au fil des pages, se dessine aussi l’histoire de sa famille, de sa mère qui les a habitués à l’austérité et au partage, de son père qui lui a appris à vivre l’instant présent sans revenir en arrière, et d’ellemême, de son détachement pour les choses matérielles, et de son amour pour ses enfants et ses pays. En quelques chapitres, Kim Thúy, en racontant sa vie, nous fait sourire à la nôtre. FA

BUS MIN


TESSON, Sylvain Cote 915.7 TES

Dans les forêts de Sibérie : février-juillet 2010 Paris, Gallimard, (Blanche). 266 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

Grand voyageur et écrivain, Sylvain Tesson a décidé, à l’aube de la quarantaine, de s’exiler durant six mois, dans une cabane en bois, en Sibérie, sur les rives du lac Baïkal. Pas de voisins à moins de cinq heures de marche, pas de route, quelques rares visites, mais la nature, la forêt, les oiseaux. Au milieu de cette solitude gelée, des livres, de la vodka et des cigares. Un espace exigu de trois mètres sur trois, avec une fenêtre et un poêle. Jour après jour, Sylvain Tesson tient son journal, décrit son quotidien (couper du bois pour se chauffer, creuser des trous dans la glace pour pêcher, etc.), mais surtout cette expérience si particulière de se retrouver loin des biens et des siens, perdu en pleine nature. Il parvient à restituer l’intensité de son voyage à coup d’aphorismes. PB CIT EVI MIN PAQ SER STA

TESSON, Sylvain Cote 915.7 TES

Sibérie ma chérie Paris, Gallimard, 2012

BUS CIT EVI JON PAQ STA

Ce livre, qui se présente sous la forme d’un carnet, prolonge le journal Dans les forêts de Sibérie. Constitué de photographies de Thomas Goisque, des dessins de Bertrand de Miollis et des peintures d’Olivier Desvaux, ce magnifique livre offre une autre dimension à son exil volontaire. En effet, lorsque Thomas Goisque et Bertrand de Miollis viennent lui rendre visite dans sa cabane, ils vont, tous trois, quitter cet espace clos pour marcher dans les forêts, dans cette nature sauvage et énigmatique. Ce qui permettra quelques rencontres surprenantes, avec des hommes à l’aspect un peu rugueux ou bourrus, mais touchants et émouvants d’humanité. L’association des dessins, des peintures, des photographies et des citations forme un ensemble homogène, agréable à lire ou à feuilleter. Sylvain Tesson parvient à nous transmettre son amour pour ce pays qu’il aime tant et qu’il décrit si bien. C’est une très belle déclaration. PB


TOWNSEND, Sue Cote R TOWN

La femme qui décida de passer une année au lit Paris, Charleston, 2013. 445 p.

BUS CIT EVI JON STA Titre original anglais : The woman who went to bed for a year. R2 TOWN

BUS

A bouts de nerfs et épuisée Eva décide de se mettre au lit le jour où ses jumeaux surdoués quittent la maison pour l’université. Dix-sept ans qu’Eva prend soin de ses enfants et de son mari tout aussi fatigants les uns que les autres. Son mari Brian, astronome vivant sur une autre planète, est vraiment très embêté, qui va lui préparer son dîner ? Eva, elle, est bien décidée à prendre du temps pour elle et tenter de trouver un sens à sa vie. Pour certains la décision d’Eva est un caprice, mais pour d’autres, elle est un exemple. De nombreuses personnes se bousculeront pour avoir un rendez-vous avec elle afin de recevoir des conseils de sa part. Un roman drôle et déjanté qu’on a de la peine à lâcher. AM

UDALL, Brady Cote R UDAL

Le polygame solitaire Paris, Albin Michel, 2011 (Terres d’Amérique). 737 p.

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

Quatre épouses qui se battent pour davantage d’attention et d’autorité de la part du chef de famille, vingt-huit enfants turbulents, des maisons qui se délabrent et une entreprise qui prend l’eau, Golden Richards vit une période difficile. Sans compter qu’il travaille actuellement sur un chantier inavouable la construction d’une maison de passe. Et qu’il réussit l’exploit de tomber amoureux de la femme de son (très irascible) patron. Avec les Richards, Brady Udall nous emmène vivre chez les mormons polygames et il nous initie à leur mode de vie, dont la hiérarchie entre les épouses ou le manque d’attention dont souffre chaque enfant. A travers les déboires de son héros dépassé, fatigué, ô combien humain, Udall nous entraîne dans une folle suite d’événements certains loufoques, d’autres graves, mais pour sûr, on ne s’ennuie jamais ! DM


© DNF-Style


Š Laurent Challencin


VERHULST, Dimitri Cote R VERH

L’entrée du Christ à Bruxelles Paris, Denoël, 2013 (Denoël et d’ailleurs). 146 p.

BUS CIT EVI JON STA

Lorsqu’un communiqué de presse annonce l’arrivée du Christ à Bruxelles le 21 juillet, jour de la fête nationale belge, l’appareil protocolaire se met en marche. Qui va accueillir le Christ sur le tarmac de l’aéroport ? Un wallon ou un flamand ? Quel discours va être prononcé ? Et, surtout, en quelle langue ? C’est là qu’on pense au Centre 127, qui abrite les requérants d’asile déboutés ; parmi eux se trouve forcément un Syrien, dont la langue se rapprocherait le plus de l’araméen que parle sans doute le Christ… Cette petite pointe de cynisme évoque parfaitement le propos du livre : l’arrivée du Christ à Bruxelles est prétexte pour l’auteur de dénoncer l’absurdité politique d’un pays qui possède six gouvernements pour 11 millions d’habitants, les querelles stériles entre les communautés linguistiques et, en fin de compte, le fonctionnement d’un monde divisé en nationalités. Car Verhulst est « ce fou inoffensif qui rêve d’un monde sans nationalités, sans drapeaux. Un monde sans passeport […]. Un monde sans argent, ça aussi. Et je mets tout cela bout à bout, je dois reconnaître, je le crains, que je rêve sensu latiore d’un monde sans êtres humains ». Idéaliste, donc. Mais bourré d’humour, comme toujours. DM XINRAN Cote 305.420.951 XIN

Messages de mères inconnues Arles, Picquier, 2011. 289 p.

BUS CIT JON MIN PAQ SER Titre original anglais : Message from an unknown Chinese mother. 305.420.951 XIN BUS CIT JON PAQ

La situation des petites filles en Chine est plus qu’inquiétante. Avec la politique de l’enfant unique, des femmes sont contraintes d’avorter ou d’abandonner leur bébé, si c’est une fille évidemment. L’enfant mâle est privilégié car c’est lui qui rend le culte des ancêtres. « On arrange les filles » pour qu’elles ne vivent pas. L’imagination pour les éliminer est sans limite: on les plonge dans la pâtée des animaux, on les laisse le long de la voie de chemin de fer. Parfois, on arrive à les faire adopter aux États-Unis. Le sort de ces fillettes et de leurs mères chinoises est tout simplement terrifiant. XinRan a enquêté sur ces femmes forcées à l’abandon ou à la clandestinité. Elle l’a fait pour les Chinoises, mais aussi pour les enfants adoptées et leurs familles. Elle a d’ailleurs fondé une association, « the Mother’s bridge of love ». Grâce à ce livre, elle initie un dialogue entre mères biologiques et mères adoptives. FA


ZAMIATINE, Evgueni Ivanovitch Nous autres Cote R ZAMI Paris, Gallimard, 2012 (L’imaginaire ; 39). 218 p. CIT EVI JON MIN PAQ

D-503 vit dans une société du futur qui a imposé l’Harmonie en faisant disparaître l’individu et la différence. Chaque être est identifié par un numéro et l’Harmonie est dirigée et maintenue par le Guide. Seulement voilà, D-503 tombe amoureux de I-330 et il va prendre conscience d’une autre réalité... Écrit en 1920, en pleine ébullition de la révolution russe, ce texte se penche sur l’Utopie du point de vue de l’humain, à la différence de Platon et Thomas More qui décrivent des modèles de société. Avant Staline et les camps, la vision futuriste de Zamiatine lui valut la censure et l’exil. Quelques décennies plus tard Le meilleur des mondes et 1984 reprirent ces thèmes avec succès. FG


BANDES DESSINÉES

La cote des BD étant variable d’un site à l’autre, nous ne l’avons pas mentionnée. Vous pouvez vous renseigner auprès de votre bibliothèque.


Mon ami Dahmer - Derf Backderf © Éditions Çà et Là, 2013


BACKDERF, Derf

Mon ami Dahmer Bussy-Saint-Georges, Çà et là, 2013

CIT EVI PAQ SER

Tous les ados solitaires aux parents divorcés ne finissent pas en assassins pervers, Jeff Dahmer l’est pourtant devenu après avoir terminé l’école secondaire. Derf Backderf a mis plus de vingt ans avant de publier ce roman graphique sur son condisciple. C’est une manière pour lui d’exorciser le choc que lui a causé la nouvelle, même s’il savait depuis toujours que Jeff était différent. Il nous décrit un adolescent replié sur lui-même qui se distrait en récoltant des cadavres d’animaux. Curieusement, Jeff devient la mascotte du groupe le jour où il simule à merveille une crise d’épilepsie en poussant des cris bizarres. Derf apprendra plus tard que la mère de Jeff avait ce genre de crise. Jeff fascine les autres, il est capable du pire, et parfois du meilleur. « Jeff avait un don incroyable pour raconter des craques, talent qu’il avait élevé à la perfection en entretenant le mensonge qu’était sa vie ». L’auteur insiste aussi sur l’absence de réaction des adultes devant le mal-être de Jeff qui arrivait complètement saoul à l’école. Il ne cherche pas d’excuse au « monstre pervers », il ne nous demande pas de la compassion pour lui, mais de la pitié. FA LEPAGE, Emmanuel

Un printemps à Tchernobyl Paris, Futuropolis, 2012

BUS CIT EVI JON PAQ SER STA

En avril 2008, soit plus de 20 ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Emmanuel Lepage, sur appel de Dessin’Acteurs*, se rend à Tchernobyl pour témoigner, par le texte et le dessin, de la vie des survivants et de leurs enfants sur des terres hautement contaminées. Il se dégage de ce reportage un sentiment d’oppression car on entre avec l’auteur dans des zones à risque où la désolation règne en maître. Et pourtant cette bande dessinée m’a captivée par la beauté de ses planches. Elle a d’ailleurs obtenu le Grand prix de l’affiche (Quai des Bulles 2012). Voilà une belle occasion, après Fukushima, de revenir sur ce désastre. FB * Association militante qui mène des actions de soutien grâce à la mobilisation d’auteurs


LOYER, Jean-Luc

Sang noir : la catastrophe de Courrière Paris, Futuropolis, 2013

BUS CIT EVI JON PAQ SER STA

Voici une bande dessinée en noir et blanc sur la catastrophe du 10 mars 1906 qui se déroula dans des mines du nord de la France et qui représenta rien de moins que la plus grande catastrophe minière européenne. Sur les 1697 mineurs descendus travailler ce matin-là, elle fit 1099 victimes. Cet ouvrage a été écrit en leur mémoire. Du rôle joué dans la catastrophe par la compagnie minière aux conditions de travail atroces vécues par les femmes, enfants et hommes exploités, en passant par la solidarité entre travailleurs, le tout dans une période d’industrialisation forcenée, tout est superbement raconté et dessiné. On pense à chaque page inévitablement à Germinal, écrit 21 ans avant la catastrophe. Un éditorial de Jaurès d’époque sur ce tragique événement, ainsi que le témoignage de survivants de l’accident complètent cette excellente bande dessinée. RD

MATSUMOTO, Taiyo

Le samouraï bambou Bruxelles, Kana, 2011 (Made in). 8 vol.

STA

Soîchiro Senô, samouraï sans maître s’installe dans les bas quartiers d’Edo, ancienne ville de Tokyo. Ce personnage à la longue silhouette mystérieuse est assez rapidement isolé par la population locale qui se méfie de cet original. Il passe ses journées en dilettante : flânant et discutant philosophie avec les enfants, jusqu’au jour où un groupe d’hommes l’agresse. On découvre alors qu’il est en réalité un virtuose dans l’art du sabre. Ayant définitivement abandonné la voie de la violence et pour éviter toute tentation de combat, Soîchirô a décidé d’échanger son sabre mortel contre un simple bâton de bambou. Tayo Matsumoto, auteur du magnifique Amer béton, signe là un splendide manga au suspense soutenu. SKH


Le Samouraï Bambou - Taiyo Matsumoto © © KANA (DARGAUD-LOMBARD s.a.), 2009


La tectonique des plaques - Margaux Motin Š Guy Delcourt Productions, 2013


Le décalage

MATHIEU, Marc-Antoine

Paris, Delcourt, 2013

CIT EVI STA

Avec ce sixième opus des aventures de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, Marc-Antoine Mathieu explore, une fois encore, les possibilités et les richesses narratives de la bande dessinée. Il entraîne son héros dans une aventure encore plus délirante, car celui-ci manque… sa propre aventure parce qu’il a « une fois de plus rêvé trop fort ». Pris dans ses rêves et exilé de sa propre série, ce sont les personnages secondaires qui partent à sa recherche. Le lecteur assiste alors avec malice au dérapage, l’aventure s’étant détraquée, les personnages errants dans un désert narratif, « le grand rien ». L’album est lui-même décalé de 6 pages. Marc-Antoine Mathieu renouvelle une fois encore cette série avec brio, en associant poésie, virtuosité graphique, humour au second degré et références à l’Oulipo. Jubilatoire. PB

MOTIN, Margaux

La tectonique des plaques Paris, Delcourt, 2013 (Tapas)

CIT EVI JON MIN PAQ SER STA

Dans la lignée de ses précédents albums, Margaux Motin continue d’explorer le quotidien de la jeune femme qu’elle est. Cette autofiction nous la montre dans une nouvelle phase de sa vie, maman d’une petite fille et fraîchement divorcée, certes, mais toujours une winneuse en Louboutin entre deux crises de questionnements aigus. Margaux Motin, c’est la voix des femmes d’aujourd’hui, c’est super girly, c’est très cash : elle dit tout, et avec plein de gros mots, en plus. Mais que cette couche superficielle de vulgarité ne cache pas l’essentiel ! Margaux nous fait toujours rire, ses dessins sont extra et en plus, il y a une dose de sensibilité supplémentaire. Il faut dire qu’après en avoir bavé, elle a retrouvé l’Amour ! Oui, c’est chou et c’est beau, et vive Margaux ! DM


O, Se-Hyung

Bicycle 3000 Bruxelles, Kana, 2010 (Made In)

BUS EVI JON PAQ STA SER

Les premières pages de ce manhwa décrivent un interrogatoire musclé dans un commissariat. Le suspect, Seo Yeong-Won, est un jeune, poissonnier accusé d’avoir tué une famille (le père, la mère et le fils de 20 ans) et d’avoir kidnappé et séquestré leur fille de 15 ans, Hui Ju. Il semble hagard, perdu et un peu simple d’esprit. Que s’est-il passé ? Quel est le lien réel qui unit le suspect et cette jeune fille ? Le traitement narratif est très efficace, car toute l’action se déroule sur cinq jours et relate, heure par heure, le déroulement des faits à la manière d’un roman policier. Le lecteur est plongé dans un récit tourmenté, entrecoupé de flashbacks, d’une rare froideur. Cette histoire vraie n’est pas racontée avec des images violentes, mais avec des silences, des ellipses et des dessins magnifiques. Les teintes grises, vertes et bleues s’accordent parfaitement avec l’ambiance glaciale et angoissante. PB

PONTAROLO, Frédéric

Le serpent d’Hippocrate Paris, Futuropolis, 2011

BUS CIT STA

Lors d’une visite médicale, le docteur Alain Mangeon rencontre Isabelle. Il en tombe éperdument amoureux, jusqu’au point de quitter sa famille. Isabelle est mariée à un militaire souvent en mission avec lequel elle a eu une fille. Quand son mari est à la maison, elle vit un véritable calvaire car celui-ci lui fait subir les pires sévices. Alain n’en peut plus. Il la supplie de quitter son mari, de partir avec lui. Isabelle n’ose rien faire, elle a trop peur de son mari, peur que celuici s’en prenne à leur fille. Alors Alain prend une décision. Une décision qui changera leur vie à jamais. Une bande dessinée où il est important de ne pas se fier aux apparences. AM


Š Futuropolis, 2011


Š Futuropolis, 2013


RASCAL

Au vent mauvais Paris, Futuropolis, 2013

SER STA

Abel Mérian sort de prison. Comme tout bon truand, il a caché un magot dans une usine désaffectée, qu’il compte bien récupérer. Mais lorsqu’il arrive sur place, il est obligé de constater que l’urbanisme a totalement changé et que l’usine est devenue un musée d’art moderne et contemporain. Désabusé, il visitera ce musée et restera, longtemps, assis, face à un tableau de Magritte qui représente une maison peinte de nuit qui ressemble à celle de ses parents. Il sortira de sa rêverie à cause des variations de Goldberg, sonnerie provenant d’un téléphone oublié sous le canapé sur lequel il est assis. Il répond et la propriétaire du téléphone lui explique qu’elle part pour l’aéroport et lui demande s’il peut lui envoyer son portable par la poste à son domicile en Italie. Attiré par la voix de cette femme et par les photos d’elle qu’il découvrira dans son téléphone, il décidera de partir à sa rencontre. Débute alors un road trip mélancolique. Avec de magnifiques dessins, aux teintes sombres et sépia, et une voix off, cette bande dessinée emporte le lecteur dans la quête de cet homme, dans la fragilité de l’instant. PB SIBYLLINE ; SICAUD, Natacha

Sous l’entonnoir Paris, Delcourt, 2011 (Mirages)

CIT JON MIN PAQ SER STA

Après une tentative de suicide, la jeune Aline, 17 ans, se retrouve enfermée dans un hôpital psychiatrique. Il s’agit d’un récit autobiographique de Sibylline, qui revient sur ces quelques semaines passées au sein d’une institution et d’un épisode marquant de sa jeunesse (elle n’a alors que 17 ans). Mis en scène par « saynètes thématiques », cette bande dessinée nous transporte à l’intérieur des murs d’un « asile de fous », montrant une facette des habitants de ces lieux avec beaucoup de tendresse. Mais c’est surtout le demi-tour qu’elle fait en direction de son passé qui est touchant, délivrant au lecteur, toujours avec pudeur, les pensées de la jeune fille tourmentée qu’elle était. Par des dessins d’un trait à la fois léger et nerveux, Natacha Sicaud appuie le texte avec beaucoup de sensibilité. GD


En silence

SPIRY, Audrey

Bruxelles, KSTR, 2012

CIT SER STA

A travers cette première œuvre graphique, Audrey Spiry nous offre un album riche en couleurs et en émotions. Six touristes : Juliette, la narratrice, et son ami ainsi qu’un couple avec deux jeunes enfants participent à une randonnée de canyoning, sous la houlette d’un jeune guide aussi sportif qu’inconscient. Dans cette gorge isolée, les protagonistes vont ressentir les frissons du courant, la peur des sauts vertigineux et des glissades sans retour. Larges paysages, espaces étroits, torrents profonds, sombres cavernes ou couleurs éclatantes de lumière sont autant d’éléments du paysage qui vont façonner les sentiments des participants et du lecteur. La confrontation à ces puissants éléments naturels va constituer une véritable expérience initiatique pour Juliette qui sera forcée de lâcher prise pour mieux renaître, libérée d’une relation devenue inutile. SKH

BORG, Eric. TALAMBA, Alex

Sidi Bouzid kids Bruxelles, KSTR, 2012

BUS CIT EVI MIN PAQ SER STA

Cette bande dessinée raconte les événements majeurs de la première phase de la révolution tunisienne, de l’immolation de Mohamed Bouazizi à la fuite de Ben Ali. Le personnage principal de cet ouvrage est le meilleur ami de Bouazizi, Foued, originaire tout comme lui du bassin minier tunisien, une région oubliée où le chômage est roi. On suit Foued au cours de ces quelques semaines historiques, qui verront la chute de la dictature tunisienne et joueront le rôle de déclencheur des révolutions dans le monde arabe. La misère sociale, le manque de liberté, la corruption de tout l’appareil d’Etat, le dictateur vivant dans un autre monde avec sa femme et son entourage, la terrible répression et surtout un peuple avide de liberté et prêt à tout pour faire chuter la tyrannie… autant d’éléments superbement mis en images dans cet ouvrage. RD


En silence - Audrey Spiry Š KSTR (Casterman), 2012


Une si jolie petite guerre : Saigon 1961-1963 - Marcelino TRUONG © Éditions Denoël, 2012


TIRABOSCO, Tom. PERRISSIN

Kongo : le ténébreux voyage de Józef Teodor Konrad Korzeniowski Paris, Futuropolis, 2013

BUS CIT EVI MIN PAQ SER STA

Tom Tirabosco et Christian Perrissin signent un magnifique roman graphique qui plonge au cœur des ténèbres, sur les traces de Joseph Conrad. Cette biographie légèrement romancée raconte une expérience traumatisante : Joseph Conrad s’engage, entre 1890 et 1891, comme capitaine d’un bateau fluvial qui doit remonter le Congo, chargé d’ivoire. Mais rien ne sera simple. Avec ses valeurs humanistes, il vivra très mal la violence, la cupidité des colons, ainsi que la chaleur et les maladies. Il sera confronté à l’hypocrisie et à la cruauté de la conquête coloniale, à ses exactions et au pillage des ressources du pays. Même si le récit est linéaire, sans rebondissement spectaculaire, le lecteur plonge au cœur de la naissance d’un des plus grands écrivains britanniques du 20ème siècle. Les dessins en noir et blanc, selon la technique du monotype, proposent une ambiance oppressante, charbonneuse, qui, peu à peu, se referme sur le personnage. Tom Tirabosco est au sommet de son art. PB TRUONG, Marcelino

Une si jolie petite guerre : Saigon 1961-1963 Paris, Denoël, 2012 (Denoël graphic)

CIT EVI JON MIN PAQ SER STA

Après plusieurs années à Washington, la famille Truong revient s’installer au Vietnam de 1961 à 1963. Dans ce récit autobiographique, le jeune Marcelino, alors âgé de 4 ans, découvre, avec ses frères et sœurs, Saïgon et un pays plein de vie malgré la menace de la guerre et la crainte des attentats à la bombe. Son père, Vietnamien, est directeur de l’agence Vietnam-Press et fréquente le président Ngô Dinh Diêm, chef du régime autoritaire, pour lequel il sert d’interprète. Récit de la guerre qui gronde, mais aussi de la vie familiale, des excès de colère de sa mère maniaco-dépressive et de détails savoureux de la vie quotidienne. Une si jolie petite guerre est une reconstitution historique fidèle et passionnante qui décrit avec justesse les prémisses de ce qui deviendra un des conflits majeurs du 20ème siècle. Le charme de ce roman graphique réside également dans la qualité des dessins à la gouache. PB


VINCI, Vanna

La Casati Bruxelles, Dargaud, 2013

BUS CIT EVI STA

La légende dit que celle qu’on prénommait la marquise de Casati a été représentée 124 fois dans l’art. Mais qui était-elle vraiment ? Voilà ce que nous explique Vanna Vinci dans cette remarquable bande dessinée au trait élégant. Luisa Amman, dite marquise de Casati, hérite à 15 ans de la grande fortune de ses parents. Cette jeune fille de bonne famille rêve de faire de son corps une œuvre d’art et petit à petit, cette grande timide, se construit un personnage. Elle teint ses cheveux en rouge et entoure ses yeux de khôl. Elle ne se refuse aucune excentricité et il n’est pas rare de la voir se promener dans les rues de Venise à moitié nue, un léopard tenu en laisse à ses côtés. Cette femme fascine sur son passage. De nombreux artistes décident de la représenter à la manière de Man Ray ou Boldini. Ce récit est l’histoire d’une femme extraordinaire, toujours imitée mais jamais égalée. AM

VIVES, Bastien

L’amour Paris, Delcourt, 2012 (Shampooing)

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Après un premier tome sur l’univers du jeu vidéo et un deuxième sur la famille, voilà le temps de s’amuser avec celui de l’amour. C’est le troisième volume de la collection thématique de Bastien Vivès. Dans cette bande dessinée, aborde le thème de L’amour sous tous types de formes, sensuel ou cruel, vache ou trash mais toujours aussi comique et inattendu, avec des dessins épurés et minimalistes mais qui forment une parfaite alchimie avec les dialogues. JS


La Casati : La muse égoïste - Vanna Vinci © DARGAUD BENELUX, 2013


Chère Louise - WAZEM, Pierre © Les éditions Atrabile, 2013


WAZEM, Pierre

Chère Louise Genève, Atrabile, 2013 (Flegme)

BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER

Depuis 2003, Pierre Wazem entretient une correspondance dessinée avec son amie Louise Bonnet qui travaillait avec lui aux studios Lolos et qui est partie s’installer aux Etats-Unis. Les réponses de Louise ne figurant pas dans ce recueil, c’est bien de lui-même qu’il est question, même si le but principal est de lui prouver qu’elle a fait une erreur en quittant ce studio. Mais Wazem digresse et fait des parenthèses. Il parle de lui, de ses vacances en famille dans un chalet perdu dans la montagne, de son père fou, de sa reprise des Scorpions du désert, de journées d’école buissonnière avec sa fille, du décès de son ami comédien François Berthet ou de son rapport à l’alcool. Il évoque aussi la vie dans les studios Lolos, des nouveaux collaborateurs, avec des anecdotes et des faits marquants. Touchant, drôle et direct, Pierre Wazem s’épanche, pour notre plus grand plaisir, dévoilant son quotidien avec un trait spontané et frais. PB

ZAPICO, Alfonso

James Joyce, l’homme de Dublin Paris, Futuropolis, 2013

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Voici un excellent moyen d’aborder la vie et l’œuvre de l’un des plus grands écrivains du 20ème siècle. Cette volumineuse BD conte la vie et l’œuvre de James Joyce, de sa naissance en Irlande, aîné de dix enfants, jusqu’à sa mort à Zürich où il fut enterré en janvier 1941. Entre les deux, Joyce a vécu une vie échevelée. Il a quitté l’Irlande jeune, avec Nora, son amour de toujours, eu deux enfants, a vécu à Trieste, Paris, Londres, Rome… Arrogant, porté sur la boisson, Joyce est convaincu de son génie. On voit ses rapports avec d’autres écrivains, comme l’Italien Svevo ou l’Irlandais Synge et le soutien que lui apportèrent Adrienne Monnier et Sylvia Bleach grâce auxquelles Ulysse a pu être publié en France. Mais l’ingrat finit par se brouiller avec elles… comme avec beaucoup. Car Joyce n’était pas quelqu’un de simple à vivre. Aussi perfectionniste avec les autres qu’envers lui-même, malgré ses airs insouciants, Joyce fut un homme constamment habité par la littérature et très angoissé par l’accueil fait à ses œuvres. DM


INFOS UTILES

La cote des BD étant variable d’un site à l’autre, nous ne l’avons pas mentionnée. Vous pouvez vous renseigner auprès de votre bibliothèque.


REALITÉ AUGMENTÉE Afin de bénéficier de l’interactivité proposée dans ce numéro d’Envie de Lire, vous devez télécharger l’application Aurasma en utilisant les qrcode cicontre, ou en cherchant dans les boutiques de vos smartphones. L’application une fois installée, suivez ces étapes : 1 - lancez l’application. Suivez le guide de l’application. Vous êtes sur l’écran du scanner. cliquez sur le logo au milieu en bas pour accéder à plus d’informations et suivre la chaîne dédiée à Envie de Lire. 2 - visez avec votre smartphone la couverture ou autre image, de cet Envie de Lire, munie du logo ci-dessous*, et cadrez-la bien entre les repères. La surface doit être à plat, avec une bonne lumière pour que la caméra identifie l’image. Le contenu disponible s’affichera sur votre écran, vous pouvez tenir votre smartphone ou double-cliquer sur le contenu pour l’afficher en plein écran (pour les boutons veuillez cliquer 1 fois). 3 - scannez un résumé avec sa couverture pour accéder à la notice du catalogue des BM, qui vous indiquera la disponibilité du document. Cadrez bien le texte avec l’image sur l’écran de votre smartphone et le tour est joué !

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VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES : bibliothèque de la Cité place des Trois-Perdrix 5 1204 Genève 022 418 32 22

bibliothèque de la Servette rue Veyrassat 9 1202 Genève 022 418 37 80

bibliothèque des Eaux-Vives rue Sillem 2 1207 Genève 022 418 37 70

bibliothèque de Saint-Jean av. des Tilleuls 19 (entrée rue Miléant) 1203 Genève 022 418 92 01

bibliothèque de la Jonction bd Carl-Vogt 22 1205 Genève 022 418 97 10

Service du Bibliobus 40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

bibliothèque des Minoteries rue des Minoteries 3-5 1205 Genève 022 418 37 46

bibliothèque des Sports ch. du Plonjon 4, Parc des Eaux-Vives 1207 Genève 022 418 37 66

bibliothèque des Pâquis rue du Môle 15-17 1201 Genève 022 418 37 50

Tous les documents présentés ici se trouvent en un ou plusieurs exemplaires dans les bibliothèques municipales. Vous trouverez leur disponibilité dans votre bibliothèque ou en consultant notre site internet : http://collectionsbmu.ville-ge.ch/

CES RÉSUMÉS VOUS SONT PROPOSÉS PAR : Anabel Matute • Catherine Demolis • Charly Boson • Dominique Monnot • François Gerber • Françoise Aellen • Françoise Bonvin • Guillaume Delapierre • Jessica Schenk • Joëlle Muster • Latitia Freuler • Marie-Claude Martin • Philippe Bonvin • Roane Leschot • Raphaël Desjacques • Simone König Hauenstein • Sébastien Vieira DISPONIBILITÉ DES DOCUMENTS : Existe en gros caractères Existe en livre lu en français •

Existe en livre lu en anglais


COORDINATION CORRECTIONS GRAPHISME & ILLUSTRATIONS IMPRESSION

Dominique Monnot Dominique Monnot & Philippe Bonvin Bruno Fernandes / bpoeta.net Centrale Municipale d’Achat et d’Impression Ville de Genève


“ Il en est des livres comme du feu dans le foyer. On va le prendre chez le voisin, on l’allume chez soi, on le communique à d’autres et il appartient à tous. ” Voltaire


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