Emile Friant 1863-1932, le dernier naturaliste ? (extrait)

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© Somogy éditions d’art, Paris, 2016 © Musée des Beaux-Arts de Nancy, 2016

Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Clarisse Robert Conception graphique : Sophie Charbonnel Contribution éditoriale : Françoise Cordaro Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros

978-2-7572-1096-3

Dépôt légal : octobre 2016 Imprimé en Union européenne

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ÉMILE 1863 1932

FRIANT le dernier naturaliste ? Sous la direction de Charles Villeneuve de Janti

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La Petite Barque, 1895, huile sur bois, 49,5 × 61 cm, Nancy, musée des Beaux-Arts, inv. 1462.

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Préface

a ville de Nancy est une pépinière d’artistes. C’est là

L

des œuvres du musée vers Troyes. Du vivant de l’artiste, le

que la famille d’Émile Friant trouve refuge en 1870,

musée des Beaux-Arts a reçu régulièrement des dons, ainsi

après l’invasion prussienne. Le choix de cet asile fut la

que son précieux fonds d’atelier, légué en 1932.

chance de Friant, car la ville accueille d’autres optants,

Pour poursuivre le cercle vertueux de ces échanges entre

parmi lesquels un artiste de talent, Théodore Devilly. C’est

une ville amie des arts et l’un des plus brillants naturalistes

lui qui forme Friant au dessin puis à la peinture aux côtés

français, la tenue de cette grande exposition rétrospective,

de Victor Prouvé, Camille Martin, Mathias Schiff et Ernest

l’année du 250e anniversaire du rattachement de la Lorraine

Bussière. À l’époque, l’hôtel de ville abrite le musée des

à la France, vient aujourd’hui célébrer les liens entre Friant

Beaux-Arts ainsi que l’École de dessin et de peinture. Devilly

et Nancy, soulignés par le double parrainage de l’Académie

dirige cet ensemble et veille sur ses jeunes élèves en sti-

des beaux-arts et de l’Académie de Stanislas. Cet attache-

mulant leur curiosité et en prêtant attention à leurs aspi-

ment à sa province est d’ailleurs salué en 1924 par son ami

rations. Nancy est la première ville à exposer Friant, lors du

Victor Prouvé devant l’Académie de Stanislas : « Friant est

Salon de la Société des amis des arts, en 1878. L’année sui-

bien lorrain, un Lorrain très pur, qui conçoit, se fixe, précise,

vante, Devilly adresse une lettre à Auguste Bernard, alors

persévère et sans dévier tient ferme ; telles sont les raisons

maire de Nancy, pour lui demander d’accorder une bourse

de son prestige. C’est ce qu’on aime et qu’on respecte en

d’étude pour son jeune protégé dont la famille est modeste.

lui. » Quant aux nombreux artistes vivants1, tous liés à notre

La Ville octroie alors à ce jeune homme d’à peine seize ans

ville, invités par le musée à participer à cet accrochage, ils

une aide annuelle de 1 200 francs (soit le revenu annuel de

nous montrent que Friant et Nancy sont des sources inépui-

son père), afin qu’il puisse se rendre à Paris, pour préparer

sables d’inspiration artistique. Nous voulons donc remercier

le grand prix de Rome dans l’atelier d’Alexandre Cabanel.

ici, tous ceux qui ont œuvré à cet événement, des équipes

Dans la capitale, Émile Friant gravit tous les échelons :

du musée dirigé par Charles Villeneuve de Janti, jusqu’aux

second prix de Rome de peinture en 1883, médaille d’or au

prêteurs et partenaires. Cette belle exposition nous offre

Salon de 1889, membre de l’Académie des beaux-arts en

l’opportunité de redécouvrir un artiste nancéien de grand

1923, puis commandeur de la Légion d’honneur en 1931.

talent et nous lui souhaitons un vif succès.

Il est cependant touchant de constater que ce cursus honorum n’a pas éloigné Friant de Nancy. Il y retourne souvent.

Lucienne REDERCHER

Laurent HÉNART

Les bords de la Meurthe sont pour lui des toiles de fond.

Adjointe au maire

Maire de Nancy,

Déléguée à la Culture,

ancien ministre

Les Nancéiens sont ses modèles de prédilection. Le cimetière de Préville, qui sert de cadre à sa célèbre Toussaint,

à l’Intégration et aux Droits de l’homme

est sa dernière demeure. En 1914, il décide de rester à Nancy et met à disposition des autorités toutes ses compétences, notamment en aéronautique et en techniques de

1. Philippe Claudel, Gilbert Coqalane, Michel Didym, Jochen Gerner,

camouflage. C’est lui qui procède à la première évacuation

Sylvain Lang, François Malingrëy et Edwart Vignot.

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Remerciements Catalogue publié à l’occasion de l’exposition « Émile Friant,

Jean-Pierre Puton, directeur du Centre Image Lorraine pour

le dernier naturaliste ? », présentée au musée des Beaux-

le soutien apporté à ce projet ;

Arts de Nancy du 4 novembre 2016 au 27 février 2017, sous

Mô Frumholz et Arnaud Bérodier pour leur implication dans

le parrainage de l’Académie des beaux-arts (Institut de

cette rétrospective.

France) et de l’Académie de Stanislas. L’exposition a été organisée grâce au généreux concours de plusieurs collections publiques et de collectionneurs privés qui ont préféré conserver l’anonymat. Par leurs prêts, ces institutions ont permis la réalisation de cette manifestation. Qu’ils soient remerciés, en particulier :

COMMISSARIAT

Clermont-Ferrand, musée d’Art Roger Quilliot, Nathalie

Michèle Leinen, documentaliste, musée des Beaux-Arts de

Roux, directrice, Amandine Royer, conservatrice chargée

Nancy

des collections

Valérie Thomas, conservatrice en chef, directrice du musée

Jarville, musée de l’Histoire du fer, Odile Lassère, directrice

de l’École de Nancy

Metz, musée de La Cour d’Or, Philippe Brunella, directeur

Charles Villeneuve de Janti, conservateur en chef, directeur

Montpellier, musée Fabre, Michel Hilaire, directeur

du musée des Beaux-Arts de Nancy

Nancy, bibliothèques de Nancy, Juliette Lenoir, directrice Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Richard

Que toutes les personnes ayant permis la réalisation

Dagorne, directeur

de l’exposition « Émile Friant, le dernier naturaliste ? »,

Nancy, Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain,

reçoivent

Dominique Flon, président

l’expression

de

notre

gratitude

pour

leur

précieuse collaboration. Cette manifestation n’aurait pu

Nancy, musée de l’École de Nancy, Valérie Thomas, directrice

être organisée sans l’appui et le soutien de :

Nancy, École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, Christian Debize, directeur

Arnaud d’Hauterives, Secrétaire perpétuel de l’Académie

Newburyport (USA), Clarke Gallery, Peter Clarke, directeur

des beaux-arts (Institut de France), Érik Desmazières,

Paris, Comédie-Française, Éric Ruf, administrateur général,

président de l’Académie des beaux-arts (Institut de France),

Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste

Jean-Claude Bonnefond, Secrétaire perpétuel de l’Académie

Paris,

de Stanislas, général Alain Petiot, président de l’Académie

Jean-Marc

de Stanislas, qui, par leurs parrainages, commémorent

responsable des collections

l’attachement de Friant à ces institutions ;

Paris, musée d’Orsay, Guy Cogeval, président, Xavier Rey,

Henri Claude dont la monographie sur Émile Friant fait

directeur des collections

autorité ;

Paris, musée du Petit Palais, Christophe Leribault, directeur

Fernand Lormant, maire de Dieuze, Bernard François, son

Reims, musée des Beaux-Arts, Catherine Delot, directrice

adjoint, Frédéric Jung, directeur général des services, ainsi

Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain, Joëlle

que Christiane Loviton, pour nous avoir permis d’accéder

Pijaudier-Cabot, directrice des musées de Strasbourg

au fonds de l’artiste conservé par la Ville ;

Toul, musée d’Art et d’Histoire, Hélène Schneider, directrice

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École

nationale

Bustamante,

supérieure directeur,

des

beaux-arts,

Anne-Marie

Garcia,

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Pour leur contribution à la publication de cet ouvrage, nous

François-Paul Cavallier, Daniel Peter, Sophie Petitjean,

remercions tout particulièrement les auteurs des différents

Fabio Purino, Karine Ramana, Céline Ramio, Emily Rice,

essais et notices :

Francine

Isabelle Collet, conservatrice en chef, Petit Palais, musée

Catherine de Saulieu, Hélène Say, Jérôme Simer, Mathilde

des Beaux-Arts de la Ville de Paris ; Richard Dagorne,

Sorel, Peter Spronk, Éva Strauss-Paillard, Claire Tiné, Guy

directeur du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain ;

Tossato, Laurent Thurnherr, Aurélien Vacheret, Hermine

Sophie Harent, directrice du musée Bonnat-Helleu – musée

Videau-Sorbier, Anne Varick Lauder, Pr. Paul Vert, Jean-

des Beaux-Arts de Bayonne, Marine Kisiel, conservatrice

Claude Vigato, Edwart Vignot, Christophe Vosgien.

du

patrimoine,

musée

d’Orsay ;

Muriel

Rodriguez,

André

et

Françoise

Rossinot,

Mantopoulos,

responsable centre de documentation, musée des BeauxArts de Nancy ; Bénédicte Pasques, responsable centre de

Nous souhaitons aussi associer à ces remerciements, pour

documentation, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain ;

l’aide apportée dans l’organisation de cette manifestation,

Léa Saint-Raymond, doctorante en histoire de l’art ; Hélène

l’ensemble du personnel du musée des Beaux-Arts de

Schneider, directrice du musée d’Art et d’Histoire de Toul.

Nancy : Direction : Charles Villeneuve de Janti Direction administrative et financière : Jean-Paul Darada,

Pour la qualité de leur conseil et l’aide apportée à la

Sylvie Challal, Anne Thinès

préparation de cette exposition et à la réalisation de ce

Régie des œuvres : Patricia Pedracini, Florence Portallegri

catalogue, nous tenons également à remercier :

Bibliothèque-documentation : Muriel Mantopoulos, Michèle

Patrick Absalon, Lauriane Adam, Sophie Barthélémy, Katrin

Leinen

Bellinger, Bertrand Bergbauer, Pierre Bertrand, Vénétia

Service des publics : Véronique Branchut-Gendron, Katell

Bougato, Francine Bouré, Michel Bourguet, Tobi Bruce,

Coignard, Béatrice de Champris, Ghislaine Chognot ainsi

Michel Bur, Hélène da Camara, Hubert Cavaniol, Benoît

que l’équipe des médiateurs du musée

Choné, Philippe Claudel, Caroline de Clerck, Albert et

Communication : Michèle Thisse

Shelley Cohen, Gilbert Coqalane, Pierre Didierjean, Michel

Service technique : Nicolas Moreau, Jack Thirion, Daniel

Didym, Michel Dormois, Guillaume Doyen, Bernard Dugas de

Hallier et Nabil Ben Ameur

La Boissony, Florence Fourcroy, Thierry France-Lanord,

Accueil : Dieudonné Avocahn et l’équipe d’agents d’accueil

Jean-Paul Gangloff, Dominique Gatignon, Jochen Gerner,

et de surveillance

Jean-Louis Goubin, Patrick Grandpierre, Emmanuel Hecre,

Ainsi que les agents du Centre technique et l’équipe de

Cindy Hopfner, Gérard Houis, Henri-François Husson, Jean-

ménage des services intérieurs.

Louis Janin-Daviet, Franck Knoery, Sylvain Lang, Nancy Leeman, Laurence Lhinares, Gérard et Nicole Lignac, Malingreÿ, Astrid Mallick, Christophe Manque, Vanessa

RESTAURATION DES ŒUVRES

Micaux, Marcelle Moret, Sophie Mouton, Johann Naldi,

Isabelle Drieu La Rochelle, Noëlle Jeannette, Armelle Poyac

Marie-Claire Nathan, Véronique Noël, Éric Nunès, Francis

et Maud Zannoni.

Hubert Linot, Christine et François Liotard, François

Oakley, François Orivel, Abel Oshio, Blandine Otter, Michel Paillard,

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Minka

Paillard-Alasluquetas,

Nicolas

Pannier,

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Anonyme, Portrait d’Émile Friant se regardant dans un miroir, vers 1890-1900, plaque photographique, musée de l’École de Nancy, fonds Corbin.

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Sommaire 11

ÉMILE FRIANT le dernier naturaliste ?

12

Friant à l’épreuve de la modernité Ch ar l e s Vi l l e n e u ve d e Jan t i

16

Les années de formation Michèle Leinen

21

« C’est la vie même à fleur de papier » S o p h i e H ar e n t

25

Émile Friant, graveur M ar i n e K i s i e l

29

La photographie chez Émile Friant Val é r i e Th o mas

34

Émile Friant et le marché de l’art Léa S ai n t- Ray mo n d

39

CATALOGUE DES ŒUVRES

181

BIOGRAPHIE 1863-1932

200

Bibliographie

204

Crédits photographiques

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Émile Friant

le dernier naturaliste ?

L’Idylle, 1888, huile sur bois, 24 × 30,5 cm, collection particulière.

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Friant à l’épreuve de la modernité

La tentation de saint Émile C H ARL ES V I L L ENEU V E D E JA N T I

É

mile Friant voit le jour en 1863, juste un mois avant le

m’interdire toute copie peinte 2… » Conscient du talent de

premier Salon des Refusés où Édouard Manet s’ap-

son protégé, Devilly l’encourage à préparer le grand prix de

prête à exposer son Déjeuner sur l’herbe. Nous sommes

Rome de peinture, davantage comme un rite initiatique que

l’année de la mort d’Eugène Delacroix, celle où Charles

pour l’inciter à verser dans l’académisme. Et dans un premier

Baudelaire lance un appel au renouvellement de la peinture,

temps, Friant semble en souffrir : « Me voilà entre les murs

à travers ses essais publiés dans le Figaro, et réunis dans

solennels de la serre chaude où l’on fait pousser les Prix de

le recueil Peintre de la vie moderne. Cette même année,

Rome » 3, écrit-il en entrant à l’École des beaux-arts de Paris.

même l’École des beaux-arts est en crise et réformée par

« Quand Cabanel vient chaque semaine corriger ses élèves,

l’Empereur Napoléon III et son Intendant des Beaux-Arts, le

il me fait l’effet d’un jardinier qui arrose ses choux laissant

comte Émilien de Nieuwerkerke, sur les conseils de Prosper

faire le reste à la pluie et au beau temps. Et dire qu’il sort

Mérimée et d’Eugène Viollet-le-Duc, pour s’adapter à la

des Prix de Rome de là-dedans 4 ! » Paradoxalement, il

modernité : « Le complot éclata comme une bombe, et Dieu

refuse à l’époque d’être assimilé aux pompiers, exprimant ici

sait avec quel tapage ! Jamais le monde des arts n’avait

la contradiction résultant de la différence d’enseignement

été soulevé si violemment ; à l’école, ce furent de vraies

entre Devilly et Cabanel.

émeutes de cris et de protestations 1. » Devons-nous y voir

Friant reste cependant toujours fidèle à lui-même et à son

un signe quant à la destinée d’Émile Friant ?

talent, que ces années d’apprentissage font éclore. Cela

C’est en tout cas dans ce contexte de remise en question, où

lui vaut d’ailleurs l’ironie grinçante de Maurice Barrès :

la peinture se réinvente en permanence, que Friant débute

« Voyez Friant ! Son genre excellent se perfectionne, prend

sa formation auprès de son premier maître, Théodore Devilly. L’élève relate d’ailleurs avec reconnaissance le caractère très libre et presque moderne de son enseignement : « Tandis qu’il entretenait certains dans la religion du passé, des belles et nobles traditions, il écartait de moi, qu’il voyait orienté vers la vérité, tout ce qui pouvait me détourner du simple amour de la nature, poussant le scrupule jusqu’à

1. Chennevières, Philippe marquis de, Souvenirs d’un directeur des BeauxArts, Paris, L’Artiste, 1883-1889, p. 96. 2. Friant Émile, lettre, in L’Austrasie, octobre 1905, p. 163. 3. Lettre de Friant à Auguste Blain, sans date, collection particulière, copie au musée des Beaux-Arts de Nancy. 4. Lettre de Friant à Camille Martin, sans date, documentation patrimoniale, Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.

12

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Les années de formation M IC HÈL E L EI NEN

mile Friant est né à Dieuze, dans le département de

É

peintre et se rend chez Théodore Devilly (1818-1886), direc-

la Meurthe, le 16 avril 1863. Son père, Virgile Friant,

teur de l’École municipale de dessin et de peinture, afin d’y

est chef d’atelier aux salines de la ville 1. Sa mère, Catherine

suivre son enseignement. Sur les conseils de ce dernier,

Torlotin, est employée de maison, notamment chez les

Friant accepte de suivre des cours au lycée parallèlement à

Parisot (Joseph Parisot est pharmacien et maire de la ville).

sa formation artistique. En 1874, le voici donc élève à l’École

Cette famille sans enfant va s’attacher au jeune Émile qui

de dessin et de peinture de Nancy 3.

considérera toujours Madame Parisot comme sa seconde mère. Très tôt, l’enfant s’adonne au dessin. En 1870, après

Théodore Devilly, originaire de Metz où il était le directeur

la défaite de la France face à la Prusse, la ville de Dieuze est

de l’École des beaux-arts, est également arrivé à Nancy

annexée. Le père de Friant opte pour la nationalité française

après l’annexion. Il a été l’élève puis le collaborateur de

en septembre 1872 et la famille vient s’installer à Nancy, rue

Charles-Laurent Maréchal (1801-1881) à Metz, puis celui de

Saint-Thiébaut. Madame Parisot s’y installe aussi, sans son

Paul Delaroche (1797-1856) à l’École des beaux-arts de Paris.

mari, mort en mai 1872. Virgile Friant trouve un emploi comme

Paysagiste, peintre de scènes militaires ou religieuses,

contremaître dans une fabrique de lits en fer, rue Raugraff .

il est aussi un excellent aquarelliste. Grand admirateur

2

d’Eugène Delacroix (1798-1863), Devilly incite ses élèves Émile Friant a neuf ans. Il est scolarisé à l’école Loritz,

au travail d’après nature. Dans un discours prononcé par

établissement formant des ouvriers et de futurs contre-

Friant lors de la remise des récompenses aux élèves de

maîtres, mais il passe plus de temps à flâner sur les bords

l’École des beaux-arts et du Conservatoire Nancy, l’artiste

de la Meurthe qu’à rester assis sur les bancs de l’école. Sa passion pour le dessin ne le quitte pas et il suit assidûment les cours de Jules Larcher (1849-1920), peintre, futur conservateur du musée de la ville et directeur de l’École de dessin et de peinture de Nancy , et ceux d’Ernest Charbonnier (1846-1932). Son père souhaite qu’il devienne pharmacien et l’inscrit au lycée, mais Friant veut devenir

1. Meixmoron de Dombasle Charles de, « Émile Friant », extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1895, Nancy, imprimerie BergerLevranet et Cie, 1896, p. 303. 2. Lettre de Théodore Devilly au maire de Nancy, 6 juin 1879, Nancy, archives municipales, cote 2 R 38. 3. Registre d’évaluation des élèves. Cours du jour. Année scolaire 1874-1875, Nancy, archives départementales de Meurthe-et-Moselle, cote 14 ETP 162.

16

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« C’est la vie même 1 à fleur de papier » S O P H IE HA R ENT

É

mile Friant est un tout jeune garçon plein de

les paysages, au milieu desquels s’entremêlent avec fan-

promesses et de certitudes lorsqu’il frappe un jour de

taisie les lignes de grec et de latin, les algorithmes et les

1874 à la porte du peintre Théodore Devilly (1818-1886). Non,

définitions.

il ne sera pas artisan, ni pharmacien, comme l’imaginent pour lui ses parents ; il sera peintre, affirme-t-il.

Devilly, qui a fui l’annexion, s’est réfugié à Nancy où il a peu à

Le dessin occupe déjà le plus clair de son temps depuis qu’il

peu transformé l’école de dessin de la ville en une école des

est élève (peu assidu !) à l’école Loritz, un internat privé laïque

beaux-arts régionale, formant de futurs artistes, mais surtout

de Nancy que Friant délaisse souvent, préférant les cours

des ouvriers et des artisans d’art. Admirateur de Rubens et

dispensés dans cette « École de l’Est » par deux anciens

Delacroix, cet ancien élève de Maréchal de Metz 2, « remar-

élèves de Charles-Auguste Sellier (1830-1882), les peintres

quable éducateur » 3, encourage et conseille avec bienveil-

Jules Larcher (1849-1920) et Ernest Charbonnier (1846-1932).

lance, adaptant son enseignement au devenir des étudiants.

Le second est d’un honnête talent, le premier sera bientôt

Friant présente manifestement toutes les qualités requises

le directeur du musée des Beaux-Arts de Nancy (1886-1920).

pour envisager une prometteuse carrière artistique.

Sous l’influence de Devilly, le jeune homme est finalement autorisé à quitter le lycée pour donner libre cours à ses

À l’École des beaux-arts de Nancy, le cursus traditionnel

aspirations. Il rejoint ainsi l’École des beaux-arts, mais son

permet de passer rapidement du dessin à la peinture, après

nouveau maître est formel : Friant ne devra pas oublier

de longs exercices de copie d’après des moulages de sculp-

ses humanités ; il encourage ses parents à lui faire donner

tures antiques et modernes, que Devilly est parvenu à faire

des leçons particulières auprès du professeur Thouvenin.

acheter par la municipalité. Nombre de dessins des années

Dès qu’il le peut cependant, Friant, un carnet à la main,

1877-1879 montrent les facilités du jeune Friant dans ces

griffonne sans relâche, use de la plume et de l’aquarelle pour saisir ce qui l’entoure (ill. 1). Plusieurs de ces carnets, conservés au musée des Beaux-Arts de Nancy, témoignent de cette inlassable curiosité pour les gestes et les occupations du quotidien, la vie de la campagne, les animaux et

1. Henri Royer, discours prononcé à la mort de Friant en 1932. 2. Charles-Laurent Maréchal, dit Maréchal de Metz (1801-1887). 3. Alexandre Arsène, Émile Friant et son œuvre, Dornach, imprimerie Braun, 1930, p. 7.

21

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Émile Friant, graveur M AR IN E K I S I EL

«F

riant… un excellent peintre dont la mort pour les arts

de l’Institut, à ses débuts, s’accepte alors parmi les peintres

remonte à 1890 . » La formule de Maurice Boissais,

pompiers, comme en témoigne un dessin humoristique

ni douce ni juste, assène un coup trop fort à l’œuvre d’Émile

(ill. 1, p. 13) où il se met en scène en tenue d’académicien,

Friant pour qu’il soit envisageable de lui donner crédit. Trop

repoussant en vieil ermite les démons contemporains du

sévère dans son jugement, elle pointe cependant une réa-

cubisme et du fauvisme. Alors que le peintre demeure indif-

lité dont le peintre était lui-même conscient : après la formi-

férent aux mouvements d’avant-garde, le graveur se révèle

dable suite de succès qui le voit, du second prix de Rome

peu à peu au tournant du siècle.

de 1883 à la médaille d’or de l’Exposition universelle de 1900,

Si l’on ne saurait lier le « déclin » du peintre et l’émergence du

franchir avec célérité les étapes du cursus honorum acadé-

graveur, on constate, en effet, que la gravure prend, après

siècle, dérouté

le passage du siècle, une place importante dans la carrière

par la marche des arts. Lui qui regimbait contre ses aînés

de Friant (ill. 1). À l’exception d’une demi-douzaine d’es-

1

mique, Friant se retrouve, au début du

e

XX

tampes 2 attestant de son initiation aux techniques de la gravure vers 1883, probablement reçue de ses compatriotes lorrains Victor Prouvé (1858-1943), Georges Jeanniot (18481934) et Eugène Decisy (1866-1936), graveurs de passion ou de métier, l’essentiel de l’œuvre gravé de l’artiste est réalisé entre 1904 et 1932 — ce qui représente environ soixante estampes 3. Très indépendante de ses tableaux, n’étaient quelques compositions que Friant reproduit et diffuse par la gravure (cat. 59-b et 93), la pratique de

1. Cité par H. Claude, in CLAUDE 2005, p. 170. 2. Nous n’évoquerons pas ici les lithographies de Friant. La part des sujets Ill. 1. Henri Manuel, Émile Friant en train de graver, photographie,

traités en taille-douce par rapport aux lithographies, de l’ordre de neuf-

collection Ville de Dieuze, cote P 20.

dixièmes, justifie ce choix.

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La photographie chez Émile Friant VALÉ R I E T HO M A S

L

a découverte de fonds photographiques liés au

reproductions d’œuvres d’art issues des grands musées et

peintre a amené à s’interroger sur la relation d’Émile

à Nancy, Henri Dufey auquel Émile Gallé faisait également

Friant avec ce médium . Que Friant se soit intéressé à la

appel 4. Les œuvres de Friant ont souvent été publiées

photographie n’apparaît pas surprenant au regard d’autres

mais également diffusées auprès de futurs commanditaires

1

artistes nancéiens de son époque, certains parmi ses amis,

ou clients. Ses toiles mais également son œuvre gravé et

ayant également utilisé cette technique et constitué des

dessiné sont régulièrement reproduites dans les revues

fonds photographiques 2. Composés de tirages papier et

artistiques locales, en particulier dans la Lorraine Artiste 5.

plaques photographiques, ces derniers sont d’une grande

En 1897, c’est grâce au cliché d’une esquisse de la pein-

variété mais l’on y retrouve souvent les mêmes sujets :

ture intitulée Consolation 6 qu’il a envoyé à son marchand

des clichés de famille, de paysages mais également des

américain, Roland Knoedler, que celui-ci convainc Henry

reproductions d’œuvres ainsi qu’une série de photogra-

Clay Frick d’acquérir cette toile avant qu’elle ne soit défini-

phies documentaires. C’est en effet la principale caracté-

tivement réalisée. Dans sa correspondance avec Coquelin

ristique de ces ensembles : le mélange d’images de famille,

cadet, Friant mentionne plusieurs fois, des photographies

liées plutôt à la sphère privée, et de clichés relatifs à la vie professionnelle. Le réalisme des peintures ou dessins de Friant incitait également à se poser la question du rôle de cette technique dans l’élaboration de son œuvre.

1. Camille Goichon, Mô Frumholz et Philippe Choulet entre autres. 2. Parmi les fonds conservés, peuvent être cités ceux de Victor Prouvé et d’Émile Gallé. 3. Dans une lettre non datée à Abel Cournault, Friant conseille Braun pour

Chez Émile Friant, cet intérêt pour la photographie se décline

la photographie de tableaux et précise : « Il fait de superbes photo. [sic]

entre épreuves à visée documentaire ou visuels reprodui-

avec de la mauvaise peinture alors qu’en général on obtient de médiocres

sant ses œuvres destinés à la diffusion et à la publication. L’artiste a, en effet, fait appel à des photographes professionnels connus et reconnus à Nancy et en France pour effectuer des prises de vue de ces toiles, mais aussi de ses dessins et gravures. Parmi ceux-ci, peuvent être cités la maison Braun et Cie 3, installée à Paris, connue pour ses

photo. [sic] avec de la bonne peinture » (Archives privées, copie au musée des Beaux-Arts de Nancy). 4. Nancy, musées des Beaux-Arts, 17 juin-5 septembre 1983, Photographes et photographie d’art à Nancy au

XIXe

siècle, Christian Debize (dir.), musée

des beaux-Arts de Nancy, 1983, p. 116. 5. En 1895, il autorise la Société lorraine de photographie à publier dans son bulletin, un portrait de fillette (cat. 77). 6. Renommée plus tard Chagrin d’enfant.

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Émile Friant et le marché de l’art LÉ A S A I NT -R A Y M O ND

ne étoile filante sur le marché de l’art : telle est l’image

U

de 5 000 francs sont âgés de soixante ans en moyenne.

qui vient à l’esprit pour caractériser Émile Friant.

Néanmoins, le succès d’Émile Friant sur le marché de l’art

Jeune prodige, il obtient des prix éclatants en France et aux

connaît un coup d’arrêt brutal à partir de 1909. En effet,

États-Unis, puis la commercialisation diminue et la valeur

ses œuvres cessent d’être vendues aux États-Unis par

s’estompe. En témoigne le graphique suivant (fig. 1), qui

Knoedler et elles ne dépassent pas 1 000 francs, les rares

représente l’ensemble des prix d’adjudication atteints par

fois où elles passent sous le feu des enchères parisiennes.

ses œuvres en vente publique, à Paris 1, et qui croise cette

Cette rupture dans la carrière de Friant s’explique en partie

information avec les prix auxquels la société Knoedler and

par la mort de ses principaux mécènes, Benoît Constant

Company écoule les peintures de Friant aux Etats-Unis 2 .

Coquelin, surnommé Coquelin aîné (1841-1909) et son frère Ernest, dit Coquelin cadet (1848-1909).

C’est le Salon qui propulse Friant sur la scène internationale. En 1890, un an après l’immense succès de

Émile Friant rencontre Coquelin aîné en 1885, lors d’un

La Toussaint (cat. 52-b), un tableau de cet artiste de vingt-

repas organisé par le maire de Nancy, et très vite, devient

sept ans, Petite Fille dans un jardin (ill. 1), trouve acquéreur aux États-Unis. En 1892, Knoedler vend au banquier américain George F. Baker (1840-1931) deux œuvres non localisées, Le Bon Chien et Le Mauvais Chien, pour plus de

1. Une liste des ventes aux enchères publiques, non exhaustive, est fournie dans le dictionnaire Bénézit. J’ai complété la recherche de catalogues de vente à partir de ma propre base de données, recensant les ventes parisiennes de « tableaux modernes » entre 1852 et 1939. Enfin,

10 000 francs chacune et, moins d’un an plus tard, ce seuil

j’ai retrouvé les prix d’adjudication et les acquéreurs grâce aux pro-

est franchi à Paris, lorsque La Discussion politique (cat. 50)

cès-verbaux des ventes aux enchères publiques, conservés aux archives

est adjugée à 12 600 francs, hors frais. Pour un artiste de trente ans, voir ses œuvres dépasser 10 000 francs relève de l’extraordinaire : Claude Monet et Auguste Renoir ont dû attendre respectivement soixante et cinquante-huit ans pour connaître de tels prix en vente publique, et en 1900, les artistes vivants dont les œuvres sont adjugées à plus

de Paris. Cette base de données est disponible en ligne : http://dx.doi. org/10.7910/DVN/T0NGJ6 2. « Dealer Stock Books », Getty Provenance Index, http://piprod.getty.edu/ starweb/stockbooks/servlet.starweb?path=stockbooks/stockbooks.web Les prix constants on été calculés grâce à l’annexe F de Piketty Thomas, Les Hauts Revenus en France au

XXe

siècle : inégalités et redistribution,

1901-1998, Grasset, 2001, p. 690. Les prix en dollars ont été convertis en francs (1 dollar vaut 5,18 francs avant 1914, dans le système de l’étalon-or).

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Catalogue des œuvres

Les notices des œuvres ont été rédigées par : I. C. : Isabelle Collet R. D. : Richard Dagorne M. K. : Marine Kisiel M. L. : Michèle Leinen M. M. : Muriel Mantopoulos B. P. : Bénédicte Pasques H. S. : Hélène Schneider V. T. : Valérie Thomas C. V. de J. : Charles Villeneuve de Janti

Les Canotiers de la Meurthe, 1887, huile sur toile, signé et daté en bas à droite : E. Friant/87, 116 × 170 cm, Nancy, musée de l’École de Nancy, inv. 766.

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52-b — La Toussaint 1888 Huile sur toile Signé et daté en bas à gauche : E. Friant 1888 254 × 334 cm Nancy, musée des Beaux-Arts (dépôt du musée d’Orsay, inv. RF 621)

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Biographie 1863-1932

L’Entrée des clowns, 1881, huile sur toile, 26,5 × 40,5 cm, collection particulière.

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1863

1874

Naissance d’Émile Friant le 16 avril à Dieuze. Sa mère,

Émile entre à l’école de dessin de Nancy où il reste jusqu’en

Catherine Torlotin, est couturière ; son père, Virgile Friant,

1879 et suit l’enseignement de Théodore Devilly, artiste

est chef d’atelier aux salines de la ville. Madame Friant tra-

messin arrivé à Nancy après l’annexion. Dans son ate-

vaille chez les Parisot, pharmaciens à Dieuze. Monsieur

lier, Friant se lie d’amitié avec Victor Prouvé (1858-1943) et

Parisot est maire de la ville. Le couple est sans enfant et

Camille Martin (1861-1898).

Madame Parisot s’attache à Émile qui la considère comme sa seconde mère.

1878

1872

Virgile Friant quitte la Moselle annexée. La famille vient

Il habite au 16 rue Saint-Thiébaut à Nancy et expose pour la première fois au Salon de Nancy quatre tableaux dont un autoportrait (cat. 1-c). Il se fait remarquer par la critique.

habiter à Nancy où Virgile est embauché dans une entreprise de fabrication de lits en fer. Madame Parisot, dont le mari décède juste avant leur départ, les rejoint, seule.

1879

Émile est inscrit à l’école Loritz mais les études l’ennuient.

Grâce à l’appui de Devilly, il obtient de la Ville de Nancy et

Il préfère dessiner. Il suit les cours de Jules Larcher, peintre,

du Département une bourse qui lui permet de poursuivre

futur conservateur du musée de la ville, et d’Ernest

ses études à Paris. Il entre à l’École des beaux-arts dans

Charbonnier.

l’atelier de Cabanel où il retrouve Victor Prouvé.

Ill. 1. Friant enfant, vers 1872, photographie, collection Ville de Dieuze, cote P1.

Ill. 2. Friant et Bussière dans l’atelier rue de Toul à Nancy, photographie, Nancy, musée des Beaux-Arts, inv. 2005.14.31.

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1880

1883

Au Salon de Nancy, il expose Un paysagiste, qui est le

Friant reçoit le second grand prix de Rome avec Œdipe

portrait du peintre Paul Licourt (1846-après 1920). Dans

maudissant Polynice. L’œuvre est acquise par l’État pour

le catalogue, il est mentionné comme élève de Devilly et

1 200 francs et envoyée à Rouen, à l’Hôtel des Sociétés

de Cabanel à l’École des beaux-arts de Paris. À Paris, il vit

savantes en 1909 (aujourd’hui déposé au musée des

54 rue Notre-Dame-des-Champs. À Nancy, il partage, avec

Beaux-Arts de Rouen).

le sculpteur Ernest Bussière, un atelier rue de Toul, ancien atelier du photographe Barco (ill. 2).

Friant expose aussi des dessins dans la vitrine du libraire René Wiener, notamment le Portrait de Licourt au fusain.

1882

La critique remarque très tôt ses talents de portraitiste.

Louis Majorelle expose dans la vitrine de son magasin à

entre Nancy et Paris.

Nancy un meuble décoré par des peintures de Friant et

Il rencontre Charles Meixmoron de Dombasle et lui pro-

Camille Martin.

pose de faire son portrait. Une amitié et une admiration

Il habite 26 rue Jeanne-d’Arc à Nancy. Il partage son temps

mutuelles durables vont naître entre les deux artistes. Au Salon des artistes français à Paris, il présente deux tableaux : Intérieur d’atelier et L’Enfant prodigue, acheté

Au Salon parisien, il présente Un peu de repos et Intérieur

par l’État et déposé au musée de Roubaix (œuvre détruite).

d’atelier.

L’esquisse est conservée au Musée lorrain (cat. 13). Friant obtient une mention honorable pour L’Enfant

En août, il obtient un prix de 1 000 francs. Ce prix a été fondé

prodigue.

en 1882 par la duchesse de Cambacérès et récompense trois jeunes artistes de l’Académie des beaux-arts, un pour

À Nancy, il expose le Portrait de M. Sidrot, Le Déjeuner sous

la sculpture, un pour la peinture et un pour la gravure.

bois (cat. 41) et Les Tribulations de Rabastens. Friant, très sportif, pratique le canotage.

1884

Dans la vitrine de René Wiener, Friant expose deux dessins : Un vieux pêcheur et Les Lutteurs (cat. 53-a), ce dernier acquis par son père, Lucien Wiener. Au Salon de Nancy, il expose des portraits et Salle d’armes nancéienne. Au Salon de Paris, il présente Le Coin favori (atelier de Prouvé) (cat. 21-b) et obtient une médaille de troisième classe. Il échoue au concours du Prix de Rome. À l’automne, il passe six semaines à Diénay chez Meixmoron de Dombasle.

1885

Au Salon parisien, Friant expose deux tableaux : Portrait de Mme M[eixmoron de Dombasle] pour lequel il obtient une Ill. 3. Barco Joseph (1848-1915), Sport nautique de la Meurthe, 1882,

première seconde médaille, et L’Ébauche (ill. 4).

photographie au gélatino-bromure d’argent, Nancy, Centre Image

Après un nouvel échec au concours du Prix de Rome, Friant

Lorraine, cote FLPH147-1.

renonce à la Villa Médicis. Il rencontre le comédien Constant Coquelin chez le sénateur Volland, maire de Nancy.

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