Les architectes de la Révolution Un groupe de choc messaliste, dirigé par Basta Arezki, à hauteur du café Belhafaf, nous bastonna mes quatre compagnons et moi. Ce passage à tabac occasionna des blessures légères à Boudiaf, qui évita le pire en se protégeant avec une chaise du cafetier. Son bracelet-montre vola en éclats. Bitat reçut une volée de coups sur sa poitrine, fragile à l’époque. Quant à moi, les Messalistes m’assenèrent des ramponneaux sur la nuque et la tête qui me firent chanceler pour tomber dans les escaliers de la mosquée. Je ne dus mon salut qu’à Boukchoura qui me protégea, alors que j’étais à demi évanoui. Dans une lettre datée du 10 mai 1954, Moulay Merbah écrit à Messali :
"Déjà hier, des militants de La Casbah ont fait spontanément une descente contre certains directionnistes soupçonnés aussi comme étant les auteurs du bulletin dont il est question. Ils ont, paraît-il, reçu une bonne raclée... Smail de Paris en a bien eu pour son compte (Smaïl était un autre pseudonyme de Boudiaf)... Mais la partie n’est pas encore terminée, d'après ce que j’ai appris. En tout cas, cela a fait sensation ici... ". Le prétexte avancé par les Messalistes à cette "expédition punitive", selon eux, est le fait que les Neutralistes aient volé une machine à écrire et du matériel d'impression du parti. A croire que tout le patrimoine du PPA/MTLD était la propriété de la seule fraction messaliste. Le même soir, l’alerte est donnée. L’émoi et la colère de certains militants qui se sont déplacés en pleine nuit, seront difficiles à contenir. Certains
voulaient
en
découdre
dans
l’heure
qui
suit et
régler
leur
compte à ces partisans de "Boulahia". Un petit groupe, très tard dans la nuit, s’attelle à rendre la monnaie. Le lendemain, il y eut une riposte qui se solda par des blessés de part et d’autre. Parmi les mutilés, il y avait l’instigateur de l’attaque de la veille, Aïssa Abdelli, ancien gendarme et donneur d’ordres. La
contre-attaque
menée
par
les
Neutralistes
était
dirigée
par
Bouchebouba Ramdane, contrôleur du parti, avec un groupe de choc de Kouba et avait visé le siège du parti à la place de Chartres qui abritait à ce moment-là les dirigeants messalistes. Le commando était composé de Sid-Ahmed Hassam, chef de Wilaya, Nadir
Kassab,
Abdeslami,
responsable
Badreddine
de
Redjimi,
l’OS
à
Kouba,
Mohamed
et Mohamed Dhab. 72
Tahar
Bedrani,
Kidioui,
Mahmoud
Rachid Boudjatit