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nº 335 du 21 septembre au 3 octobre 2018

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Voilà pourquoi vous devez voter…

Choisir, s'exprimer, vouloir changer les choses, défendre ses intérêts au lieu de laisser les autres le faire à notre place; voilà les raisons d’aller voter et d’encourager notre entourage à faire de même.

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Comment se débarrasser de ses dettes… Page 26


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Élections provinciales 2018 Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Voilà pourquoi il faut voter… Choisir, s'exprimer, vouloir changer les choses, défendre ses intérêts au lieu de laisser les autres le faire à notre place; voilà les raisons d’aller voter et d’encourager notre entourage à faire de même. Vous trouvez la chose trop compliquée ou trop contraignante et vous hésitez encore à aller voter? Découvrez pourquoi ce simple, geste, est si important! Pour comprendre le système électoral • Le rôle d'une députée ou d'un député Une députée ou un député représente votre circonscription à l'Assemblée nationale. Cette personne peut appartenir au parti politique qui forme le gouvernement ou à un autre parti de l'opposition. Elle peut aussi siéger comme élue indépendante, ce qui signifie qu'elle n'appartient à aucune formation politique. Parmi ses rôles importants, un député a le mandat d'étudier, d'analyser et de voter des projets de loi. Il agit également comme intermédiaire entre la population et le gouvernement afin de s'assurer que les intérêts de celleci sont bien protégés. À l'affût des opinions et des préoccupations soulevées dans sa circonscription, il est en mesure d'intervenir en faveur de sa communauté dans différents dossiers lors de débats à l'Assemblée nationale, entre autres. • La démocratie représentative Au Québec, notre système électoral est dit représentatif. Ce sont les personnes élues à l'occasion des élections générales ou partielles qui ont le mandat de prendre des décisions et d'adopter

des lois en notre nom. Autrement dit, c'est en exerçant notre droit de vote que nous pouvons avoir une influence sur l'élection de celle ou celui qui aura le mandat de nous représenter. Notre province est divisée en 125 circonscriptions qui composent la carte électorale du Québec. Une circonscription est un territoire géographique regroupant plus ou moins 48 100 électeurs. Le nombre de circonscriptions correspond

au nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Les élections générales provinciales permettent donc d'élire les 125 députés qui y siègeront. Ils peuvent appartenir à un parti politique ou non. L'Assemblée nationale constitue l'endroit où ils exercent leur rôle, dont celui d'adopter des lois et de débattre des questions d'intérêt public.

Québec a adopté une loi fixant la tenue des élections générales provinciales le premier lundi du mois d'octobre, tous les quatre ans. Toutefois, le premier ministre peut déclencher des élections en demandant au lieutenant-gouverneur de mettre fin au mandat des députés siégeant à l'Assemblée nationale avant la fin du délai de quatre ans.

Pour suivre le processus En 2013, le gouvernement du

C'est le directeur général des élections, une personne neutre et impartiale, qui est désigné par l'Assemblée nationale pour organiser et tenir les élections au palier provincial.

Voter, c'est - exprimer votre opinion sur les enjeux et les décisions qui influencent votre vie; - contribuer au bon fonctionnement de notre société; - élire la députée ou le député qui aura pour mandat de défendre vos intérêts et de faire entendre vos préoccupations; - signifier votre point de vue sur la façon dont sont administrés les pro grammes sociaux et nos revenus collectifs, qui sont de plus de 100 milliards de dollarsannuellement; - aider financièrement la personne candidate ou le parti politique qui exprime vos priorités, puisque chaque vote a une valeur financière; préserver la vitalité de notre démocratie.

Vous abstenir de voter, c'est - laisser les autres choisir et décider à votre place; - donner un plus grand pouvoir à ceux qui votent : si 40 % des gens votent, c'est donc une minorité qui décide pour l'ensemble de la popu lation; - élire des personnes qui ne représentent peut-être pas vos intérêts; renoncer à un droit pour lequel d'autres personnes se battent encore aujourd'hui; - laisser celles et ceux qui votent décider quels partis politiques recev ront le plus de financement public, puisque chaque vote a une valeur financière.

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Au cours de la période électorale, des candidats issus de différents partis politiques ou encore des candidats indépendants font campagne pour se faire connaître et présenter leur programme afin de se faire élire dans votre circonscription. C'est pour l'une de ces personnes candidates que vous pourrez voter, soit par anticipation, soit le jour des élections. Le parti politique qui fait élire le plus grand nombre de députés forme le gouvernement; sa ou son chef devient alors première ou premier ministre. Un gouvernement est majoritaire lorsqu'il remporte plus de la moitié des 125 sièges à l'Assemblée nationale. S'il remporte moins de la moitié de ces sièges, il s'agit d'un gouvernement minoritaire, et les groupes qui forment l'opposition détiennent plus de sièges que lui. Dans l'histoire de notre province, les gouvernements ont presque tous Suite à la page 5


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Élections provinciales 2018

Voilà pourquoi il faut voter…

Choisir, s'exprimer, vouloir changer les choses, défendre ses intérêts au lieu de laisser les autres le faire à notre place; voilà les raisons d’aller voter et d’encourager notre entourage à faire de même. Suite de la page 3

été majoritaires. Les étapes des élections générales provinciales Dissolution de l'Assemblée nationale et prise du décret d'élections : quatre ans après les élections générales, le 29 août précisément, l'Assemblée nationale se dissout et le mandat des députés prend fin. C'est alors qu'un décret doit être pris pour que le directeur général des élections tienne des élections dans les 125 circonscriptions électorales du Québec. Avant 2013, il n'y avait pas de date précise pour la dissolution de l'Assemblée nationale. Les élections générales provinciales de 2018 sont les premières à avoir lieu à date fixe. La lieutenante-gouverneure ou le lieutenant-gouverneur a toutefois le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale avant ce délai de quatre ans. Un décret serait alors pris pour devancer les élections générales. Confection de la liste électorale : la création de la liste électorale est une opération très importante du

processus. C'est l'étape à laquelle on invite tous les électeurs québécois à vérifier si leur nom est inscrit sur la liste électorale à l'adresse de leur domicile. Si vous souhaitez exercer votre droit de vote, il est de votre responsabilité de vous assurer que votre nom est inscrit sur la liste électorale. Il y a trois façons simples de vérifier votre inscription : - en ligne, grâce au service Vérifiez votre inscription sur la liste électorale; - sur la carte d'information reçue par la poste en période électorale et accompagnant le manuel de l'électeur; - en communiquant avec la DGEQ

Présentation de sa candidature aux élections : dans chacune des 125 circonscriptions, les citoyens qui décident de se présenter pour un parti politique ou comme candidat indépendant doivent remplir les conditions requises et déposer leur candidature avant la date limite fixée par la Loi électorale. Organisation des lieux de vote :

pendant la période électorale, nous déployons toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires pour vous permettre de voter. Ce sont plus de 22 000 bureaux de vote qui sont mis en place à travers le Québec!

membres du personnel électoral sont sur place pour vous accueillir et vous donner des instructions. Ils s'assurent que vous pourrez voter dans un lieu accessible, et ce, sans contrainte et de façon confidentielle.

Vote : plusieurs mesures sont prises pour vous permettre de voter. Lors des journées de vote, tous les

Dépouillement des votes et résultats des élections : à la fermeture des bureaux de vote, le dépouille-

ment de tous les bulletins de vote s'effectue. La personne qui obtient le plus grand nombre de votes remporte l'élection dans sa circonscription. Source: www.electionsquebec. qc.ca

Si vous vous reconnaissez dans l’une ou l’autre de ces préoccupations…

Il faut aller aux urnes! À la question : « Quel enjeu politique est le plus important selon vous? » posée par les médias, 30 % des répondants ont choisi la santé. L’éducation arrive au deuxième rang, à 24 %, suivie de l’économie, avec 21 %. La santé « Ce sont toujours les mêmes [enjeux] qui sont les trois premiers. Là où il y a des changements, d’une élection à l’autre, c’est dans quel ordre ils arrivent. En 2012-2014, au Québec, c’était l’économie. Là, l’économie est troisième et c’est la santé qui est première. Ce n’est pas surprenant », affirme M. Breton. L’intérêt pour la santé diffère entre les hommes et les femmes. Parmi les personnes qui ont répondu que la santé est la priorité, on constate que 38 % sont des femmes et que 24 % sont des hommes. L’économie, jamais trop loin Contrairement aux deux dernières élections, l’économie n’est plus le premier enjeu dans l'esprit des répondants. Charles

Breton croit que ce résultat s’explique probablement par le fait que l’économie québécoise se porte bien. «C’est peut-être moins une priorité pour les gens parce que les choses vont bien. Le taux de chômage est bas» argumente-il. Dans le cas de l’économie, ce sont les hommes qui sont le plus intéressés à cette question. Parmi les personnes ayant répondu que l’économie est leur priorité, 12 % sont des femmes et 29 %, des hommes. L’environnement

sidèrent l’environnement comme une priorité.

Malgré les catastrophes naturelles et les canicules qui ont sévi un peu partout dans le monde cet été, il semble que les questions liées à l’environnement ne soulèvent pas les passions.

La langue et la souveraineté

Seulement 16 % des utilisateurs de la Boussole considèrent l’environnement comme un enjeu primordial.

Seulement 5 % des utilisateurs les considèrent comme un enjeu de premier ordre dans la campagne de 2018.

De ceux qui jugent ces questions essentielles, on observe que 27 % ont entre 18 et 34 ans, tandis que seulement 11 % des personnes de plus de 55 ans con-

On remarque que deux fois moins de répondants se préoccupent de ces questions comparativement aux dernières élections.

Quant aux questions liées à la protection de la langue et à la souveraineté, elles ne gagnent pas en popularité.

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Les données présentées dans ce reportage proviennent des réponses de 53 542 utilisateurs compilées entre le 24 août et le 28 août. Ces données ont été pondérées avec les données du dernier recensement de Statistique Canada. La diversité, l’identité et l’égalité des chances Évidemment, la nature de l’échantillonnage dans les sondages – et dans le cas qui a donné lieu à ces observations (en l’occurrence la «Boussole électorale» élaborée par un grand media de la place) – une certaine «paresse» des personnes con-

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cernées, font que bons nombre de préoccupation réelles de certains segments de la population, n’apparaissent pas ou ne sont pas exprimées de manières suffisamment significatives pour être citées. Pour autant, les préoccupations relatives aux problèmes émanant du débat (caché) sur l’identité, les débats autour de la diversité et de sa place dans la société, sont des questions loin d’être réglées. On n’en voudra pour preuve que la récente étude faisant état de la persistance de l’inégalité des chances d’accès à l’emploi au détriment des immigrants.


Élections provinciales 2018

L’immigration encore au cœur du débat L’Institut du Québec remet les pendules à l’heure Parce que plusieurs données sur l’immigration sont semées à tort et à travers en cette campagne électorale, l’Institut du Québec (IdQ) a cru bon de remettre les pendules à l’heure en publiant une « mise à jour » pour clarifier certaines informations. Car si certains politiciens confondent encore des statistiques, d’autres ne prennent pas le soin de les mettre en contexte.

années après leur arrivée. Ce que pourrait avoir fait le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui se plaît à répéter que, des 50 000 immigrants

Le taux de rétention entre 2010 et 2015 Ontario : 90,4%

Alberta : 90,1% L’IdQ travaille sur les thèmes de l’intégration Colombie-Britannique : 87,9% des immigrants au Québec : 84,6% marché du travail Manitoba : 73,8% depuis un certain temps, Saskatchewan : 65,2% mais a senti une cerNouvelle-Écosse : 59,2% taine urgence à préciser certaines données. « En Nouveau-Brunswick : 53,3% Terre-Neuve-Labrador: 38,2% voyant à quel point Ile-Prince-Édward : 32,6% c’est devenu important dans les élections, surtout la question des Source: Institut du Québec seuils migratoires et la rétention, […] on a senti que notre mission était de sortir rapidement », qu’il accueille, le Québec a dit Mia Homsy, directrice en perd 13 000. Parle-t-il du solde migratoire net, qui de l’IdQ, auquel est de 12 600 ? s’associent le Conference Board du Canada et HEC M. Legault pourrait avoir plutôt Montréal. « Je ne suis pas fait allusion aux 26 % certaine des chiffres que d’immigrants qui ont quitté le [les chefs de partis] utiQuébec, mais, dans ce cas, il lisent. Je vois aussi qu’ils omet de préciser que c’est entre essaient d’en éviter cer2006 et 2015 (soit sur 9 ans). Ce tains… ce n’est pas touqu’il ne dit pas non plus, c’est jours clair. » que ces chiffres sont du ministère de l’Immigration et se Le taux de rétention basent sur les renouvellements de la carte d’assurance maladie, Mme Homsy invite à ne qui ne tiennent pas compte des pas confondre « solde décès et des non-renouvellemigratoire net », qui est la ments volontaires. somme de la migration internationale (entrées et Les chiffres publiés par l’Institut sorties) et de la migration du Québec, qui se basent sur les interprovinciale (entrées et déclarations de revenus, ont une sorties) qu’on soit immiconnotation beaucoup plus posigrant ou natif, et taux de tive : seulement 18 % des immirétention, qui mesure le grants arrivés entre 2005 et 2015 nombre d’immigrants encore au Québec plusieurs auraient quitté la province. Et le

Québec se classe 4e au Canada pour son taux de rétention. « J’avais en tête que c’était catastrophique, mais on n’est quand même pas si loin de l’Ontario », a déclaré Mme Homsy. Selon le rapport, le taux de rétention sur cinq ans est encore plus encourageant, soit 84,3 %, et il constituerait une nette amélioration par rapport à il y a 15 ans. Peu de francophones Le chef de la CAQ et celui du Parti québécois, Jean-François Lisée, ont aussi répété que trop peu d’immigrants (42 %) parlent français à leur arrivée au Québec. Or, ils omettent souvent de préciser que cette donnée est pour 2017 seulement, année où le Québec a reçu beaucoup de réfugiés. En 2016, 48 % des personnes qui arrivaient ici parlaient le français, et en 2015, 56 %. Brahim Boudarbat, professeur à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, fait remarquer que, pour avoir l’heure juste, il faudrait uniquement s’intéresser à la catégorie des immigrants économiques, car ce sont eux qui sont sélectionnés avec, notamment, le

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critère de la langue française. Et là, toutefois, les politiciens n’auraient pas tort de s’alarmer sur la proportion d’immigrants francophones, qui sont en diminution constante depuis ces dernières années, passant de 67 % en 2012 à 53 % en 2016. « Ça, c’est un problème, puisqu’on voit que ça baisse », dit-il. Le ministère de l’Immigration a reconnu qu’elle avait admis un plus grand nombre de personnes déclarant uniquement connaître l’anglais, notamment parce que l’adéquation entre les besoins du Québec dans certains secteurs d’emploi et les compétences des travailleurs migrants était devenue plus importante que le seul critère de la langue. Seuils et chômage M. Boudarbat fait remarquer que les partis parlent peu de régionalisation, mais débattent beaucoup des seuils d’immigration. « On s’attendrait à ce que les libéraux, qui ont un discours de pénurie de main-d’oeuvre, parlent d’augmenter les seuils, mais ils ne le font pas. Moi, j’interprète ça comme une réduction », indique le professeur. « Dans sa tête, Philippe Couillard pense sans doute à 60 000-65 000, mais il ne le dit pas, parce

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qu’il serait obligé de le justifier, comme le font les autres partis. » Pour sa part, le chef de la CAQ justifie son intention d’accueillir moins d’immigrants en répétant que le taux de chômage parmi cette population est de 15 % dans les cinq premières années. Or, s’il est effectivement de 14,1 %, comparativement à 9,1 % en Ontario, ce taux a tendance à diminuer, étant donné la conjoncture économique favorable. Après avoir oscillé entre 10 % et 13 % depuis 2007, le taux de chômage des immigrants âgés de 25 à 54 ans atteignait 8,7 % l’an dernier. « Les employeurs vont désormais considérer un CV d’immigrant qu’ils auraient peutêtre mis sous la pile il y a 15 ans, voyant que leur production est compromise », avance Mia Homsy. Pour un portrait plus juste de la situation, les politiciens devraient toutefois s’intéresser de plus près à certaines données qui ne ressortent pas souvent, soit le taux de surqualification et la provenance des immigrants. « Les gens des pays musulmans ont un taux de chômage plus élevé », rappelle M. Boudarbat.


Points de vue

Élections provinciales 2018 - L’immigration encore au cœur du débat

Et si on parlait du détournement des transferts de fonds fédéraux? Par Andrés Fontecilla et Amir Khadir

PQ les 18 mois restants. Quel est le bilan de leur action?

Il aura suffi que la CAQ saute encore sur le thème de l’immigration pour se faire du capital politique sur leur dos, pour que ses adversaires cherchent à se présenter à nouveau comme les défenseurs des immigrants et des immigrantes.

Pour le PQ nous passons vite, car en 18 mois le gouvernement Marois était tellement absorbé à d’autres choses, notamment sa navrante Charte des valeurs Québécoises, qu’il est difficile de retenir un élément qui vaille.

L’un propose d’abaisser les seuils d’immigration pour « protéger la nation et le français », l’autre l’accuse de vouloir « briser des familles » et de « faire peur au monde ». Pour éviter ces exagérations et d’autres histoires de « bonhommes sept heures » nous vous invitons à juger de l’action plutôt que des paroles et des promesses. Nous rejetons bien entendu la vision réductrice de la CAQ et les errements répétés du PQ à chaque fois qu’il est question d’accueil, d’intégration et de francisation des immigrants. Les observateurs hors partis s’entendent par ailleurs pour dire que l’immigration ce n’est pas une affaire de chiffre ou de seuil mais une vision de la place qu’on veut – ou qu’on ne veut pas - leur accorder dans la construction de l’avenir du Québec. Mais il y a une dure réalité : c’est le Parti libéral aujourd’hui piloté par Philippe Couillard qui a été au pouvoir durant presque 14 ans depuis avril 2003. Et le

Pour le PLQ de Jean Charest et Philippe Couillard, l’écart entre le discours en apparence favorable aux immigrants et les très faibles réalisations de 4 mandats au gouvernements illustre les conséquences navrantes de l’appui en bloc qu’accordent les communautés issues de l’immigration au PLQ. Ce parti considère le vote des citoyen-nes issu-es de l’immigration comme un vote captif. Le PLQ ne juge pas nécessaire de réaliser des avancées qui nécessiteraient de bousculer d’autres intérêts. Résultat : les diplômes sont toujours aussi difficiles à faire reconnaître; la discrimination à l’emploi notamment dans le secteur public est toujours aussi prononcée; la diversité toujours aussi absente dans les lieux de pouvoir et de représentation que lorsque le PLQ a pris le pouvoir en 2003. Entre Uber et les chauffeurs de taxi, le gouvernement libéral choisit Uber pour ne pas contrarier le petit cercle des grands patrons d’affaires. Sur près de 2000 nominations en 4 ans par le bureau de M. Couillard à divers postes dans la haute sphère publique, 3% seulement étaient issues des minorités

Andrés Fontecilla et Amir Khadir visibles. Quand il y a tant d’autres «amis» du pouvoir à contenter, pourquoi en faire plus pour les minorités dont les votes lui paraissent captifs? C’est là le résultat malheureux du vote en bloc qui confine les minorités visibles et celles issues de l’immigration à une espèce d’impuissance – de paralysie politique chronique. Le scandale des transferts fédéraux détournés Tout ça est déjà assez méprisant de la part d’un gouvernement qui a toujours compté sur le vote des immigrant-es et leurs descendant-es pour prendre le pouvoir au Québec, mais ce qui est vraiment scandaleux, c’est

que depuis 2004-2005 près de 2 milliard de dollars de transferts fédéraux qui auraient dû en principe être dépensés en intégration et en francisation des immigrants ont été détournés à d'autres usages. Une compilation effectuée par la TCRI (Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes) donne un aperçu des revenus et dépenses du Ministère de l’immigration du Québec depuis 1998. On y constate avec étonnement que d’abord le gouvernement Charest et ensuite les gouvernements Marois et Couillard, ont détourné à d’autres dépenses plus de la moitié des transferts que le gouvernement fédéral doit accorder au Québec pour l’intégration des nouveaux-elles arrivant-es.

Sous le gouvernement Couillard ce détournement atteint 1,021 milliard de dollars sur quatre ans, avec un sommet de 306 millions (62% des transferts) dans le budget 2017-18 de M. Leitao, pourtant si généreux et dépensier pour tous les autres secteurs de la société. Comment ne pas y voir un terrible déséquilibre toujours en défaveur des minorités visibles? Comment ne pas y voir un mépris flagrant qui illustre d’une navrante façon la perte de tout rapport de force politique pour les communautés issues de l’immigration. N’est-ce pas là la conséquence réelle du vote massif accordé au PLQ par nos communautés?

Valérie Plante : La baisse du nombre d'immigrants serait un problème pour Montréal La baisse des quotas d’immigration proposée par la CAQ est un «problème» pour Montréal, estime la mairesse Valérie Plante. En anglais, Mme Plante s’est fait demander si cette diminution du nombre de nouveaux arrivants serait un problème pour la métropole. «Oui. C’est déjà un problème. Je partage ce problème avec des maires partout au Québec. La question, c’est qu’est-ce

qu’on peut faire pour supporter une meilleure intégration en français, plus agile, plus efficace», a-t-elle affirmé lors d’un point de presse conjoint avec le chef libéral Philippe Couillard. Lors de sa rencontre avec le chef caquiste François Legault, Mme Plante n’avait pas tenu des propos aussi clairs. En français, elle a ajouté

qu’elle «imagine mal» comment ça pourrait être positif pour la métropole. «Considérant qu’il y a 3% de postes inoccupés à Montréal en ce moment, je vois très mal comment on pourrait diminuer le nombre d’immigrants à Montréal. Je me l’imagine mal. Il va falloir qu’on me fasse des preuves», a-t-elle dit. Valérie Plante estime d’ailleurs que la Ville a la

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capacité d’intégration pour accueillir davantage d’immigrants. Elle n’a toutefois pas souhaité se lancer dans un «débat de chiffre». François Legault de la CAQ en veut 40 000. Jean-François Lisée parle de 35 000 à 40 000. Philippe Couillard indique une fourchette entre 50 000 et 53 000. «Je veux juste pas à être pris à dire un chiffre choisi randomly dans ma tête, ça ne m’intéresse

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pas», a dit la mairesse. Elle souhaite plutôt avoir davantage de ressources pour permettre aux immigrants d’avoir plus d’options pour s’intégrer économiquement. Par exemple, elle veut offrir plus de souplesse dans les cours de francisation pour les nouveaux arrivants qui ont des enfants et un travail, ce qui rend leur emploi du temps bien chargé.


Élections provinciales 2018

Montréal et les élections : Plante dénonce «l'ingérence» de Legault… Alors que François Legault a dit à plusieurs reprises son intention de diminuer le nombre d'élus à Montréal en cas de victoire électorale, la mairesse de la métropole, Valérie Plante, a vivement déploré l'attitude et les propos du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ). Proposer de réduire le nombre d’élus à Montréal, c’est « effectivement » de l’ingérence, a dénoncé la mairesse Valérie Plante, quelques minutes après avoir entendu François Legault évoquer, une nouvelle fois, cette intention. Devant plusieurs centaines de maires et d'élus réunis dans la capitale par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), pour entendre les propositions des principaux candidats au poste de premier ministre, le chef de la CAQ a annoncé pouvoir « travailler avec Valérie » pour « améliorer les choses ».

« jamais » une telle mesure. Est-ce qu’on peut réduire le nombre tout en s’entendant avec les gens de la Ville de Montréal ? Je pose la question. Est-ce que, pour être plus efficace, on pourrait en avoir un petit peu moins à Montréal? François Legault, chef de la CAQ Ces propos sont « préoccupants pour toutes les villes du Québec », a jugé Valérie Plante, qui est également présidente du caucus des grandes villes de la province. « Je suis déçue d’entendre un candidat affirmer haut et fort qu’il croit dans l’autonomie des villes et du même souffle, imposer un sujet à l’agenda », a-t-elle répliqué.

« Il y a beaucoup de conseillers municipaux à Montréal, a-t-il déclaré. Il faut que ce soit plus efficace. On va le faire, avec eux autres ».

« Quand on dit qu’on traite [les villes] d’égal à égal, ça veut dire qu’on discute avec les villes au préalable. Chose qui n’a pas été faite dans ce cas-ci », a-t-elle expliqué, en précisant que François Legault n’a « jamais » parlé de « gouvernance » lors de leur rencontre début septembre.

François Legault a cependant précisé qu'il n'imposera

«Les priorités des Montréalais et des

Québécois, ce n’est pas la gouvernance. C’est d’avoir de la mobilité, de pouvoir avoir des écoles, de pouvoir s’assurer qu’on ait assez de travailleurs pour les différentes entreprises. Sinon, ça veut dire parler des deux côtés de la bouche» a déclaré Valérie Plante. Depuis 2005 et les derniers épisodes de fusion et défusion, la Ville de Montréal compte 103 élus : une mairesse, 64 conseillers de ville, dont 18 maires d'arrondissement, et 38 conseillers d’arrondissement. Avec un taux d’un élu pour 16 500 habitants, Montréal présente le ratio le plus élevé au Canada par rapport aux grandes villes du pays. En Ontario, le nouveau premier ministre Doug Ford a décidé de revoir le nombre de sièges au conseil municipal de Toronto. Un projet de loi a été déposé en ce sens, avant d'être bloqué par la Cour supérieure de l'Ontario, ce qui a plongé la Ville Reine au coeur d'une crise politique. Et l’autonomie municipale dans tout cela? Le chef du Parti libéral,

Valerie Plante, mairesse de Montréal Philippe Couillard, estime que son adversaire caquiste est « en contradiction totale avec le principe d’autonomie municipale ». En point de presse en marge du sommet de l’UMQ, il a rappelé la loi issue du projet de loi 122, adoptée au cours du dernier mandat, qui reconnaît que les municipalités sont des gouvernements de proximité. « Ou bien on est sérieux quand on parle d'autonomie municipale, ou bien on ne l'est pas. Moi, je le suis, a déclaré M. Couillard. Si

quelqu'un m'en parlait, je lui dirais : "ce n'est pas de mes affaires, c'est le gouvernement municipal de Montréal qui doit prendre cette décision-là". » Mais est-il normal qu’il y ait un nombre presque équivalent de conseillers municipaux et de députés provinciaux?, a demandé un journaliste. « Ce n'est pas une question de normal ou d'anormal. C'est aux gens sur place de prendre des décisions », a répondu le chef libéral.

… et l'opposition dresse sa liste d’épicerie 16 revendications touchant cinq enjeux prioritaires Transport, intégration, écoles, environnement : une semaine après la mairesse de Montréal, Valérie Plante, c'était au tour du parti Ensemble Montréal de rendre publiques, mardi, ses demandes aux partis politiques dans le cadre de la campagne électorale provinciale.

par Québec de notre statut de métropole l'an dernier, Montréal est mieux outillée que jamais pour améliorer la qualité de vie de ses citoyennes et citoyens. Toutefois, plusieurs défis demeurent et leurs solutions se trouvent à Québec », a déclaré Lionel Perez, chef intérimaire du parti.

Par voie de communiqué, Ensemble Montréal, qui constitue l'opposition officielle à la Ville de Montréal, a formulé un total de 16 revendications touchant cinq enjeux prioritaires, soit la construction de nouvelles écoles, la diversité, le cadre fiscal municipal, la mobilité et le développement durable.

Parmi les enjeux prioritaires, on retrouve l’importance de « miser sur le français et la reconnaissance des diplômes pour mieux intégrer les nouveaux arrivants sur le marché du travail ».

« Grâce à la reconnaissance

Le parti souhaite également moderniser le cadre légal et réglementaire québécois pour faciliter l'implantation d'écoles en milieu urbain

dense. Il souligne le besoin de développer une économie verte et circulaire grâce aux technologies propres et à la valorisation des matières résiduelles. De plus, il presse Québec de reverser aux municipalités québécoises un point de la taxe de vente du Québec (TVQ). Le transport Au chapitre de la mobilité, le parti a présenté une longue liste de projets qu'il souhaite voir se réaliser, comme le prolongement de la ligne orange jusqu’à la gare ferroviaire Bois-Franc, la construction du lien routier Cavendish-Cavendish et la

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tenue d’études d’opportunité et de faisabilité d’une phase deux de la ligne bleue. On remarque également le développement d’un mode de transport structurant du centre-ville à Pointe-auxTrembles, le long de la rue Notre-Dame. Notons que la mairesse de l'arrondissement de Rivièredes-Prairies-Pointe-auxTrembles et membre d'Ensemble Montréal, Chantal Rouleau, maintenant candidate de la Coalition avenir Québec, promet d'implanter un tramway rue Notre-Dame. L'opposition à l'Hôtel de Ville ne mentionne cependant pas

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la construction éventuelle d'une nouvelle ligne rose du métro de Montréal, une idée chère à la mairesse Valérie Plante. « La vitalité d’une métropole comme Montréal dépend d’abord de la capacité de ses citoyens à se déplacer efficacement en transport collectif, en automobile ou par les nouvelles plateformes de services partagés et de covoiturage », peut-on lire dans le document complet contenant les demandes des élus d’Ensemble Montréal. Lionel Perez invite les chefs des différents partis à s'engager relativement aux demandes exprimées.


Élections provinciales 2018 - Entretiens

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Guy Ouellette – PLQ, Chomedey

(…) «Maintenant, nous travaillerons pour faciliter la vie de toutes les familles du Québec (…)» Atlas.Mtl : En sollicitant un nouveau mandat, vous avez un bilan à défendre. Un bilan comme député et un bilan comme membre du gouvernement. Est-ce un avantage ou un handicap ?

Guy Ouellette : Mon mandat premier est toujours le même : celui de servir les citoyens de Chomedey. Ayant plus de onze années d’expérience en tant que député, je connais bien les besoins du comté ce qui, d’après moi, présente un grand avantage. Je suis content du bilan de mes dernières années même s’il reste du travail à faire. Le gouvernement a été à l’écoute de nos besoins à Chomedey en habitation, en éducation, en santé et en équité, tant à niveau des taxes scolaires qu’à niveau du crédit de maintien à domicile pour les aînés. Maintenant, nous travaillerons pour faciliter la vie de nos familles en améliorant le transport et en offrant des services supplémentaires abordables et même gratuits. Comment les choses se présent-t-elles dans votre comté? À Chomedey, nous sommes fiers d’avoir plus de

44 communautés culturelles qui se côtoient dans l’harmonie à tous les jours. Le dossier d’immigration est important dans à Chomedey et les organismes œuvrent conjointement afin d’améliorer l’adaptation des nouveaux arrivants à notre belle province. L’intégration est un effort commun qui demande autant de travail pour le nouvel arrivant que pour la société qui l’accueille. De plus, Chomedey est au centre de notre ville et nous sommes heureux de pouvoir compter sur tant de services à proximité pour tous les citoyens. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des trois consultations provinciales précédentes? Cette élection est la première à date fixe, ce qui permet à tous les partis de s'organiser davantage et permet une compétition saine et équitable. Nous espérons que le fait que la campagne soit d’une longueur maximale de 39 jours et à date fixe incite les citoyens à sortir voter. À quels idées et objectifs que vous défendez souhaitez-vous que les

électeurs soient le plus attentifs?

J’aimerais qu’ils réalisent qu’au PLQ, nous avons comme objectif de faciliter la vie de toutes les familles du Québec. Personnellement, je me suis aussi engagé envers les citoyens de Chomedey à niveau de mobilité et du transport. À Laval, des voies réservées sur les autoroutes 13, 15 et 440 sont essentielles afin de les désengorger, autant que le prolongement de la ligne orange de Côte-Vertu au boulevard Chomedey. Finalement, il est primordial de continuer à assurer l’offre de services de vélos électriques sur le territoire afin d’inciter l’utilisation de nos pistes cyclables. Comment voyez-vous le paysage politique québécois au matin du 2 octobre prochain? Je crois qu’il sera rajeuni. Je serai un des députés avec le plus d’expérience et d’âge. La relève nous inspirera afin de continuer à travailler pour un Québec fort et à notre image : rassembleur, travaillant et au service de ses citoyens pour un meilleur vivre ensemble.

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Guy Ouellette-PLQ,Chomedey S’il n’y avait qu’un message à adresser aux électeurs, quel serait-il selon vous? Au Québec, nous sommes privilégiés pour une multitude de raisons mais surtout, nous avons une démocratie saine et accessi-

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ble à tous. Profitons de ce grand privilège et ce 1er octobre, sortons voter pour contribuer au bien-être de notre province. Autorisé par : John Papadakis Agent officiel


Élections provinciales 2018 - Entretiens

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Monsef Derraji – PLQ, Nelligan

«Une démocratie est extrêmement dure à bâtir et peut facilement être mise à mal. Préservez-là en allant voter» Atlas.Mtl : Pourquoi abandonnez-vous la brillante carrière professionnelle qui est la vôtre pour vous le milieu périlleux et les aléas de la politique? Monsef Derraji : J’ai eu la chance au fil des années d’occuper des fonctions stimulantes et qui m’ont permis de m’épanouir professionnellement. Cela n’a pas toujours été facile mais le travail acharné finit toujours par éliminer les obstacles et permettre une évolution. J’ai toujours été intéressé par la politique, je trouve que c’est une noble façon de redonner à la société, alors lorsqu’on m’a approché pour me présenter aux élections, j’ai accepté de faire le saut. Vous vous présentez sous la bannière du Parti Libéral du Québec; pourquoi avez-vous choisi ce parti? La raison est très simple : je crois aux valeurs de ce parti politique. Non seulement j’y crois mais j’y adhère pleinement. Les acquis sociaux ne sont pas garantis, il faut nécessairement les supporter, les financer, car rien n’est gratuit. Pour cela, comme société, nous devons collectivement créer de la richesse. Avoir la justice sociale et le développement économique au même

niveau de priorité, c’est très responsable. Puis, bien sûr, il y a les libertés individuelles qui sont pour moi très importantes. Souvenezvous de la charte des valeurs du Parti québécois et, maintenant, le test des valeurs proposé par la CAQ… Comment les choses se présent-t-elles dans votre comté? C’est un comté fort intéressant. Il est beaucoup à l’image de Montréal, avec des francophones, des anglophones et des allophones. La communauté est tissée serrée dans ce coin-ci de l’Ouest-de-l’Île, ce qui en fait un lieu idéal pour les familles. J’ai une fabuleuse équipe de campagne avec qui j’ai grand plaisir de travailler. On sillonne la circonscription de manière à rencontrer le maximum de personnes possible. Vous êtes issu de la diversité Québécoise. Cette caractéristique est-elle un avantage ou un inconvénient? Je suis un québécois fier de ses origines marocaines alors, oui, je suis issu de la diversité québécoise. Bien que cette caractéristique soit une évidence, elle n’occupe pas mon esprit outre-mesure. Nous avons la chance de vivre dans une

société méritocratique où le travail et les efforts finissent pas être récompensés, peu importe nos origines. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des trois consultations provinciales précédentes? Il s’agit d’une élection particulièrement importante. L’économie se porte mieux grâce aux mesures mises sur pied par Philippe Couillard et le gouvernement libéral lors du dernier mandat. Toujours est-il que l’incertitude qui plane autour des négociations de l’ALENA et le manque de main-d’oeuvre requiert beaucoup de vigilance et de stabilité. À l’improvisation idéologique de la CAQ qui souhaite baisser l’immigration à l’heure où nous en avons le plus besoin, je préfère l’expérience et la crédibilité du PLQ. À quels idées et objectifs que vous défendez souhaitez-vous que les électeurs soient le plus attentifs? Je crois beaucoup dans le potentiel de la jeunesse du Québec. Par mes fonctions passées de PDG du RJCCQ, j’ai été témoin du capital humain que représente les jeunes entrepreneurs. Les petites et

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Monsef Derraji-PLQ,Nelligan moyennes entreprises sont un élément majeur de l’économie du Québec, il faut en créer davantage et les accompagner dans leur croissance. Comment voyez-vous le paysage politique québécois au matin du 2 octobre prochain? Je suis confiant à ce que le PLQ formera un gouvernement majoritaire. Je ne me préoccupe pas des résultats des autres partis politiques,

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tout ce qui m’importe est la campagne positive que nous menons. S’il n’y avait qu’un message à adresser aux électeurs, quel serait-il selon vous? Une démocratie est extrêmement dure à bâtir et peut si facilement être mise à mal. Préservez-là en allant voter. Autorisé par: Alain Paquin - Agent officiel


Élections provinciales 2018 - Entretiens

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Marwah Rizqy-PLQ, Saint Laurent

«Je serai jugée sur ma capacité de bien représenter l’ensemble des citoyens de Saint-Laurent, et ce, peu importe mon origine» Atlas.Mtl : Pourquoi abandonnez-vous la brillante carrière professionnelle qui est la vôtre pour vous le milieu périlleux et les aléas de la politique? Marwah Rizqy : Après avoir étudié et commenté pendant plusieurs années les enjeux de justice fiscale, j’en suis arrivé à la conclusion que l’action politique était la meilleure façon de changer les choses. Lutter pour une meilleure justice fiscale et contre les paradis fiscaux, c’est d’abord et avant tout pour nous permettre d’assurer un meilleur financement des services publics au bénéfice de tous les Québécois. Je veux poursuivre ce combat et amener mon expertise au gouvernement et à l’Assemblée nationale. Vous vous présentez sous la bannière du Parti Libéral du Québec; pourquoi avez-vous choisi ce parti? La saine gestion des finances publiques et la performance économique exceptionnelle du Québec sous le leadership de Philippe Couillard m’ont convaincu de vouloir plonger maintenant, avec le Parti libéral du Québec. Je m’inquiète par ailleurs du manque de sérieux de la Coalition Avenir Québec sur les enjeux économiques

et d’immigration, étant moi-même une fille d’immigrants. Le Parti libéral du Québec est le seul parti qui correspond parfaitement à mes propres valeurs, que ce soit au niveau de la justice fiscale et sociale, de la protection de l’environnement, du développement économique ou de l’accueil des nouveaux arrivants. Comment les choses se présent-t-elles dans votre comté? Je suis active dans SaintLaurent tous les jours. Je rencontre les citoyens, les organismes communautaires et les petites et moyennes entreprises pour discuter des enjeux concernant Saint-Laurent. La réponse sur le terrain est excellente. Je crois que les gens de Saint-Laurent se reconnaissent dans les valeurs portées par le Parti libéral du Québec. Vous êtes issu de la diversité Québécoise. Cette caractéristique est-elle un avantage ou un inconvénient? Je suis fière de mes origines, fière d’être Québécoise et fière d’être Canadienne. Je crois que plusieurs citoyens de Saint-Laurent se reconnaissent dans mon histoire et celle de ma famille, alors que des citoyens originaires de plus de

160 pays vivent dans la circonscription. Au final cependant, je serai jugée à ma capacité de bien représenter l’ensemble des citoyens de Saint-Laurent, et ce, peu importe mon origine. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des trois consultations provinciales précédentes? Chaque élection est différente, mais je crois que celle-ci est particulière importante compte tenu du bilan économique exceptionnel du gouvernement libéral. Grâce au leadership de Philippe Couillard, le Québec a retrouvé les moyens de ses ambitions avec des finances publiques saines et une économie qui tourne à plein régime. C’est du jamais vu depuis des décennies, et je crois que nous devons tout faire pour consolider cet élan. La CAQ de François Legault n’est simplement pas prête à gouverner. À quels idées et objectifs que vous défendez souhaitez-vous que les électeurs soient le plus attentifs? La justice fiscale demeure mon principal cheval de bataille. Je veux faire en sorte que les grandes entreprises étrangères qui font des affaires au Québec

Marwah Rizqui-PLQ, Saint-Laurent paient leurs impôts au Québec. C’est une question d’équité pour nos entreprises et pour tous les contribuables québécois! Comment voyez-vous le paysage politique québécois au matin du 2 octobre prochain? J’ai confiance que nous allons former un gouvernement libéral majoritaire qui va travailler fort pour faciliter la vie des familles québécoises.

Élections Québec 2018

Vote par anticipation : 23 et 24 septembre de 9 h 30 à 20 h 11

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S’il n’y avait qu’un message à adresser aux électeurs, quel serait-il selon vous? Le Parti libéral du Québec a un bilan économique exceptionnel et le meilleur plan pour faciliter la vie de TOUS les Québécois. Choisir le PLQ, c’est faire le choix de la prospérité et de l’inclusion. Autorisé par: Yu Cai Tian, agent officiel


Élections provinciales 2018 - Entretiens

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Frantz Benjamin – PLQ, Viau

«À quelle équipe voulez-vous confier le sort du Québec dans un contexte volatile à l'international?» Atlas.Mtl: Pourquoi abandonnez-vous la brillante carrière en politique municipale qui est la vôtre pour vous frotter au milieu périlleux et aux aléas de la politique provinciale? Frantz Benjamin : Au contraire, je veux poursuivre le service public auprès des Michelois. Considérant mon engagement dans la circonscription de Viau au cours des dernières années et répondant aux appels répétés de plusieurs Michelois suite au départ de la scène politique annoncé par notre député provincial, David Heurtel, j'ai plutôt vu une opportunité de continuer à servir ce quartier qui m'a tant donné au cours des dernières années. La décision ne fut pas facile à prendre mais, lorsqu'on connait les enjeux auxquels les citoyennes et citoyens font face, il était plus que normal que je réponde présent pour continuer à travailler pour cette belle collectivité. Vous vous présentez sous la bannière du Parti Libéral du Québec; pourquoi avez-vous choisi ce parti? Pour les valeurs que porte le PLQ. Des valeurs comme le respect des libertés individuelles, l'égalité, l'inclusion, la prospérité et la justice sociale, l'équité intergénérationnelle et comme le dit si bien le premier Ministre du Québec, Philippe Couillard: Nous sommes toutes et tous Québécois peu importe notre date d'arrivée au Québec et nous sommes fiers d'être de la grande famille canadienne. À cela, il faut aussi ajouter le bilan du PLQ. Un bilan économique extraordinaire. Les marges qui se sont dégagées par une saine gestion de l'économie. Dans Viau, ça s'est traduit entre autres par les énormes montants investis dans la construction ou la rénovation de nos écoles. Ce sont

quelque 30 projets d'infrastructures dans 18 établissements scolaires sur le territoire de Saint-michel qui ont vu le jour. Il faut poursuivre sur cet élan et je veux pouvoir y contribuer. Comment les choses se présent-t-elles dans votre comté? Nous faisons ce que nous avions fait au cours des dernières années à savoir, rencontrer les résidentes et résidents de la circonscription, les écouter afin de pouvoir tisser avec eux les priorités des quatre prochaines années pour Viau. Nous sommes à l'écoute car c'est à la base de l'action politique. Vous êtes issu de la diversité Québécoise. Cette caractéristique est-elle un avantage ou un inconvénient? Définitivement un avantage dans la mesure ou la diversité est une richesse pour la collectivité. L'histoire du quartier Saint-Michel est une histoire toute québécoise dans la mesure qu'elle a su additionner l'apport de toutes les femmes et hommes venus ici pour contribuer à la prospérité économique, sociale et culturelle du Québec. Je suis fier d'être Québécois parce que mon Québec se battit au quotidien dans la conviction que nous pouvons aller plus loin ensemble. Bien sûr, il n'est pas question ici pour moi d'éviter des débats importants sur le vivre ensemble car les sociétés en santé sont des sociétés ou le débat contradictoire a sa place. Diversité Richesse définitivement. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des trois consultations provinciales précédentes? Le choix du 1er octobre prochain sera clair pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois: À quelle équipe voulons-nous confier le sort de l'économie

québécoise dans un contexte volatile à l'international? À des femmes et des hommes qui ont fait leurs preuves? À quelle équipe pouvons-nous fier sur le réalisme des engagements pris dans cette campagne? Parce que cette équipe connait déjà l'état des finances publiques. À quel chef pouvons-nous faire confiance sur l'avenir du Québec au sein de la fédération canadienne? Vous connaissez ma réponse. À quels idées et objectifs que vous défendez souhaitez-vous que les électeurs soient le plus attentifs? Essentiellement trois grandes priorités que je compte défendre ardemment pour les jeunes, les aînés et les familles de Saint-Michel. La santé, l'éducation et l'employabilité. Ce dernier thème est pour moi un élément important parce qu'il faut absolument travailler sur stratégie micheloise afin de réduire le taux de chômage et lutter contre le sous-emploi également. C'est le grand Félix Leclerc qui disait: La meilleure façon de tuer un homme (ou une femme), c'est de le payer à ne rien faire. Pour ce qui est de l'éducation, je suis heureux de constater que les engagements pris par le chef du PLQ, Philippe Couillard, sont en phase avec nos priorités locales à savoir qu'il faut qualifier davantage de résidents de la circonscription notamment par l'apport des technologies numériques. En matière de santé, nous allons contribuer, avec les institutions de santé sur le territoire, les organismes communautaires à un meilleur accès aux services de santé pour les familles et les aînés. Évidemment, je compte travailler avec l'arrondissement afin de combattre les îlots de chaleur dans Saint-Michel. C'est un enjeu environnemental mais aussi de santé.

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Frantz Benjamin-PLQ, Viau Comment voyez-vous le paysage politique québécois au matin du 2 octobre prochain? Je suis confiant que les Québécoises et les Québécois prendront une sage décision en renouvelant leur confiance dans une équipe de femmes et d'hommes compétents, c'est à dire, aptes dès le lendemain du 1er octobre à envoyer les bons signaux aux marchés financiers et au marché du travail qui actuellement connait une pénurie de la main d'oeuvre, à améliorer notre système de santé et poursuivre les investissements déjà commencés notamment en éducation. Et c'est sans oublier l'ambitieuse Politique culturelle parce qu'il faut, après tout, rappeler que Viau, le quartier Saint-Michel est un quartier culturel. Des milliers d'emplois sur notre territoire relèvent de ce secteur. J'ai confiance que le Québec renouvellera sa confiance à Philippe Couillard et dans l'équipe du PLQ. S’il n’y avait qu’un message à adresser aux

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électeurs, quel serait-il selon vous? C'est de les remercier pour leur confiance tout au long de ces dernières années. Nous avons ensemble travaillé d'arrache-pied pour améliorer les infrastructures de Saint-Michel. Rappelons-nous du parc Fréderic-Bach, deuxième plus grand parc à Montréal aujourd'hui, de la réfection de nos parcs, (terrains multi-sports, installations de jeux pour enfants, jeux d'eau, exerciseurs pour les aînés, etc.). Nous avons avec le député David Heurtel travaillé très fort pour la création du Forum du développement économique de SaintMichel qui donne déjà des résultats en termes de création d'entreprises et de créations d'emplois. Des initiatives culturelles prises afin d'améliorer l'accès à la culture et de faire rayonner Saint-Michel. Je les encourage le 1er octobre prochain à aller voter, à faire résonner la circonscription de Viau partout au Québec. Autorisé par: Frantz Corvil Agent Officiel


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Mohammed Barhone – PLQ, Taillon

«On a beau dire que la politique est un milieu difficile, je suis convaincu qu’en travaillant ensemble, nous pouvons bâtir le Québec que nous souhaitons tous» Atlas.Mtl : Pourquoi abandonnez-vous la brillante carrière professionnelle qui est la vôtre pour le milieu périlleux de la politique et ses aléas? Mohammed Barhone: Si j’ai adoré ma carrière dans le milieu sociocommunautaire, je sais qu’il est temps pour moi de pousser mon implication sociale encore plus loin. Pendant 15 ans, j’ai œuvré dans de nombreux organismes de la région de Montréal, que ce soit Racines, Repères, Solidarité Ahuntsic et j’en passe, œuvrant sans cesse à la mobilisation citoyenne et à l’action collective pour améliorer nos communautés. Ensemble, avec optimisme, espoir et travail acharné, nous en avons accompli beaucoup. Si je me présente aujourd’hui dans la belle circonscription de Taillon, c’est armé de ces mêmes valeurs. On a beau dire que la politique est un milieu difficile, où ça joue rude, je suis convaincu, et je sais que les Québécois le sont également, qu’en travaillant ensemble, qu’en reniant la démagogie, la partisannerie et la petite politique, nous pouvons bâtir le Québec que nous souhaitons. Nous pouvons garantir un meilleur accès au logement social abordable et adapté à celles et ceux qui en ont besoin; nous pouvons désengorger nos routes, désenclaver nos communautés et dépolluer notre air par le transport en commun; et nous pouvons faciliter la vie de nos familles. C’est donc motivé et serein que je me lance en politique. Vous vous présentez sous la bannière du Parti libéral du Québec, pourquoi avezvous choisi ce parti? Le Parti libéral est pour moi le parti de l’ouverture et de l’inclusion, où chacun et chacune est la bienvenue pour s’exprimer et s’impliquer. Mais si le Parti libéral est ouvert à toutes et tous peu importe leur sexe, orientation, origine ou religion, son inclusivité ne s’arrête pas là. En effet, le Parti libéral est inclusif de

différentes idées également, animé par de profondes convictions et de vifs débats. Les libéraux sont enthousiastes de nouvelles idées créatives et novatrices; le Parti donne la liberté qu’il faut aux élus pour qu’ils puissent travailler à leur façon dans leur communauté; et, enfin, nous ne sommes pas astreints à un seul chef qui contrôle tout, comme à la CAQ, ou à une seule idée fantaisiste qui a fait son temps, comme au PQ. Le Parti libéral est donc non seulement le bon parti pour moi, mais aussi, je le crois sincèrement, le bon parti pour toutes les Québécoises et tous les Québécois. Comment les choses se présentent-elles dans votre comté? Le comté de Taillon est à l’image de la province tout entière : des familles, des jeunes, des moins jeunes, des nantis et des moins nantis, des gens issus de l’immigration et d’autres qui ne le sont pas, des fédéralistes, des souverainistes, etc. Taillon est donc le comté de tous les possibles : je suis donc très heureux d’être lancé de cette campagne, certes ardue, mais déjà ô combien gratifiante. Taillon est aussi le comté de nombreux défis : l’accès au logement, notamment le logement social abordable et adapté, reste difficile; l’offre de transports en commun est largement insuffisante; et notre réseau d’établissements de santé demeure encore à développer. Mais je suis convaincu qu’avec le soutien de ma brillante équipe, je saurai faire ce que les libéraux ont toujours su faire, c’est-à-dire rassembler le monde, les convaincre de la valeur de l’optimisme et de l’inclusivité, plutôt que la division, et travailler avec chacune et chacun, peu importe nos différences, pour le développement de notre communauté et le bien-être de nos familles. Vous êtes issu de la diversité québécoise. Cette caractéristique est-elle un avantage ou un inconvénient? Pour moi, c’est une source de fierté et une force. En tant

que Québécois issu de l’immigration, je suis d’abord, évidemment, plus apte à comprendre les défis auxquels font face les communautés immigrantes et les Québécois issus de l’immigration, car j’ai moimême eu, un jour, à m’intégrer. Mais, en arrivant au Québec et en m’intégrant aux Québécois déjà ici, j’ai appris à mieux connaitre ces derniers également. J’ai travaillé 15 ans dans le milieu sociocommunautaire et j’ai eu la chance de de collaborer de très près avec des Québécoises et Québécois engagés et passionnés. Pour moi, ma mission en tant que futur élu est celle d’être pont entre les communautés du Québec et comme ambassadeur de notre nouveau Québec, moderne et multiculturel. Pour le Parti libéral, je sais que la diversité est au cœur nos valeurs, comme elle l’est, j’en suis certain, pour tous les Québécois. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des trois consultations provinciales précédentes? Ce scrutin est historique à plusieurs égards. D’abord, c’est la première fois que l’enjeu fatigué de la souveraineté du Québec n’est pas un enjeu dans une élection depuis plusieurs décennies. Ensuite, le Québec est également dans une situation économique historiquement bonne, où le taux de chômage n’a jamais été aussi bas depuis 40 ans. Qui plus est, les enjeux de l’éducation, de la mobilité et de l’écologie sont, pour la première fois aussi depuis longtemps, aux cœurs des débats de la campagne, enfin. Mais, par-dessous tout, cette élection est particulièrement importante car elle offre un choix entre deux visions diamétralement opposées : d’une part, celle d’un Québec du repli sur soi, des tensions sociales, du manque de vision et de l’incompétence; ou, d’une autre part, celle de l’optimisme, de l’espoir, du développement, de la prospérité, et de la gouvernance honnête et compétente. À la dernière élection, les

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Mohammed Barhone-PLQ, Taillon Québécois ont su rejeter la division du PQ : je sais que nous, Québécois, cette foisci aussi, saurons rejeter la division de la CAQ. À quels idées et objectifs souhaitez-vous que les électeurs soient le plus attentifs? De nombreux enjeux ont été abordés au cours de cette campagne : l’éducation, la santé, l’immigration, les infrastructures, le logement, et j’en passe. Les Québécois doivent certainement être attentifs à tous ces enjeux importants. Mais par-dessus tout, les Québécois, selon moi, doivent faire attention au parti qui a sincèrement un plan réaliste pour le Québec, qui répond véritablement aux besoins de la population, qui a fait ses preuves et qui saura vraiment développer et faire avancer le Québec. Vous aurez deviné qu’il s’agit du Parti libéral. Parce que l’éducation, la santé, l’immigration et d’autres sont des enjeux importants pour les Québécois, ils le sont aussi pour le Parti libéral. Comment voyez-vous le paysage politique québécois au matin du 2 octobre prochain? Il y a deux possibilités : on

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pourrait se retrouver dans une province divisée, tendue, guidée par la démagogie caquiste. Ou on pourrait se réveiller dans un Québec confiant, prospère, qui continue sur sa lancée, qui part à la conquête du monde, porté par l’espoir, l’optimisme et le travail acharné. Je sais que les Québécois sauront faire le bon choix et choisiront le second scénario, le scénario d’un deuxième mandat majoritaire pour le Parti libéral. S’il n’y avait qu’un message à adresser aux électeurs, quel serait-il selon vous? Allez voter! Le plus important dans une élection, nonobstant les tendances partisanes, est d’exercer son droit à choisir ses représentants et dirigeants. C’est une très grande responsabilité, car il en va du succès de cet exercice démocratique, mais aussi une grande chance, que bon nombre de personnes ailleurs payeraient chèrement pour avoir. Alors, peu importe que vous soyez jeune ou vieux, riche ou moins riche, d’une origine ou d’une autre, allez voter! Autorisé par: Bouchra Squalli, agente officielle


Élections provinciales 2018 - Entretiens

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Andrés Fontecilla – QS, Laurier-Dorion

«Notre programme est de loin le plus fouillé, nos idées sont les plus populaires» Atlas.Mtl : Qui est Andrés Fontecilla et qui est Québec solidaire? Andrés Fontecilla : Je suis né au Chili. Je suis arrivé au Québec en 1981. Je me suis toujours battu pour la justice sociale et contre les inégalités. J'ai été parmi les fondateurs de Québec solidaire, dont j'ai été le président le le porte-parole de 2013 à 2017. Je suis enraciné dans Laurier-Dorion depuis de nombreuses années, je connais les préoccupations des gens d'ici et c'est pourquoi je veux porter leur voix à l'Assemblée nationale. Comment les choses se présent-t-elles dans votre comté? Bien. Selon les projections des intentions de vote, nous sommes à peu près nez à nez avec les libéraux, loin devant la CAQ et le PQ. Les résident-e-s de Villeray et de Parc-Extension me connais-

sent bien, je sens un engouement pour Québec solidaire et pour ma candidature ici. Il faut dire que les gens de la circonscription n'ont pas été très bien servis par le député Sklavounos. Il ne se représente pas, mais c'est son attaché politique des onze dernières années qui le remplace, ce qui n'est pas très enthousiasmant. On sent que les électeurs et électrices veulent tourner la page sur le régime libéral. En quoi ce scrutin – qui est aussi le premier à date fixe – se distingue-t-il des consultations provinciales précédentes? C'est une élection déterminante pour le Québec, c'est certain. Québec solidaire est le seul parti qui offre une véritable alternative à la clique de politiciens qui se succèdent au pouvoir depuis trop longtemps. Et ça transparait énormément dans la campagne (qui est de loin

la plus importante de l'histoire du parti), puisque nous orientons complètement son contenu sur les questions de fond. Notre programme est de loin le plus fouillé, nos idées sont les plus populaires et les autres partis n'ont pas le choix d'être à la remorque en calquant plusieurs de nos propositions. À quels idées et objectifs que vous défendez souhaitez-vous que les électeurs soient le plus attentifs? À l'essentiel: quels sont les mesures qui font une vraie différence pour vous? Nous sommes un parti issu du peuple, nous voulons améliorer les conditions de vie des gens ordinaires, pas enrichir les riches, comme le fait le Parti libéral depuis des années et compte le faire la CAQ. Les libéraux tiennent le vote des immigrants, comme moi, pour acquis. Ils

Andrés Fontecilla-OS, Laurier-Dorion font des promesses qu'ils oublient aussitôt élus. Moi, je suis solidaire. Je ne les laisserai jamais tomber. S’il n’y avait qu’un message à adresser aux électeurs, quel serait-il selon vous?

Vous n'êtes pas représentés à l'Assemblée nationale depuis beaucoup trop longtemps. Il est temps que ça change. Je vais parler pour vous. Autorisé par : Alain Tremblay, agent officiel

Une lettre de Andrés Fontecilla, candidat Québec Solidaire - Laurier-Dorion, aux jeunes électeurs du comté

« Je veux qu’on puisse se parler d’égal à égal» « Bonjour, Je suis Andrés Fontecilla. C’est moi, le gars qui sourit sur les affiches orange dans le quartier. Je suis le candidat de Québec solidaire dans Laurier-Dorion. Laurier-Dorion, ça ne te dit peut-être rien, mais si tu habites dans Villeray ou Parc-Extension, Laurier-Dorion, c’est chez vous. Tu permets que je te tutoie? Ce n’est pas parce que tu es plus jeune que moi que je veux te tutoyer, mais parce que je voudrais que tu me tutoies aussi. Je

veux être ton député, mais je veux qu’on puisse se parler d’égal à égal. Pour moi, être député, c’est parler pour toi, pour tout le monde. Ta voix compte. Elle compte autant que celle d’un président de compagnie. C’est ça, la démocratie. Chaque voix compte. Je t’écris parce que tout ce que je fais, tout ce qui se passe dans la campagne électorale, ça te concerne directement. Ça te concerne pas mal plus que moi, parce que tu vas vivre bien plus longtemps que moi avec les conséquences

des choix qu’on fait maintenant. À Québec solidaire, on ne fait pas de politique juste pour être élus tous les quatre ans. On fait de la politique parce qu’on a des idéaux, des principes. Parce qu’on croit à la justice sociale, à l’inclusion, qu’on veut lutter contre les changements climatiques, les inégalités, la discrimination. Depuis que j’ai commencé à militer dans le mouvement étudiant, au CÉGEP de Saint-Laurent, je défends mes convictions. Je le fais encore aujourd’hui.

Je t’écris parce qu’aux dernières élections, un jeune sur deux n’est pas allé voter. Cette fois-ci, les enjeux sont encore plus grands. Cette fois-ci, ta génération, les 18-34 ans, aura le même nombre d’électeurs que les deux générations plus âgées, donc le même poids lors du vote. Ce n’est pas vrai que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique. Au contraire, je vois tous les jours des jeunes passionnés et ambitieux qui ont des convictions, comme Gabriel Nadeau-Dubois, un de nos deux porte-parole.

Ensemble, avec les vieux solidaires comme moi, on est beaucoup plu forts. Ensemble, on sait qu’on peut changer le Québec. C’est le temps d’agir pour construire un projet de société pour notre quartier, pour notre Québec et pour notre planète. Pour changer les choses, on a besoin de toi. Le 1er octobre, c’est le temps de faire entendre ta voix. C’est le temps d’être solidaire. Ton candidat de Québec Solidaire, Andrés Fontecilla»

Québec solidaire promet d'éradiquer la corruption Québec solidaire souhaite faire « un grand ménage » des institutions dans l'objectif d'éradiquer la corruption au Québec. Le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, en a fait l'annonce lors d’un passage au Lac-Saint-Jean. Dans les 100 premiers jours de son mandat, un gouvernement solidaire modifierait le mode de nomination des dirigeants des corps policiers chargés de

faire enquête sur la corruption et exigerait une transparence totale dans les dépenses de l'Assemblée nationale. Ainsi, les modes de nomination des dirigeants de la Sûreté du Québec et de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) seraient modifiés afin qu'ils soient nommés aux deux tiers par l'Assemblée nationale. La structure interne de l'UPAC serait

également revue et un co-commissaire civil responsable de l'administration serait nommé afin de faire contrepoids au commissaire policier chargé de mener les enquêtes. Selon Gabriel Nadeau-Dubois, « il faut remettre de l'ordre dans cette structure et s'assurer que les guerres de clans entre groupes de policiers ne causent pas de blocage dans les enquêtes ».

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« Montrer l'exemple » Jugeant que l'Assemblée nationale doit être « la première institution à montrer l'exemple », Québec solidaire s'engage à exiger que toutes les dépenses des cabinets et des députés soient rendues publiques, qu'il s'agisse de frais de logement, de déplacement, de restaurant ou de services professionnels. « Il faut toujours se méfier des personnes qui veulent le pouvoir à tout

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prix, quitte à changer d'idées ou de parti. Ce n'est pas en recrutant les transfuges des autres partis comme le fait la CAQ qu'on va changer la culture politique. Ce n'est pas non plus en votant pour le Parti libéral, qui a perdu la confiance des citoyens. Ce qu'il faut, c'est repartir de la base, mettre au pouvoir un mouvement politique différent, formé de gens différents », a déclaré M. NadeauDubois.


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Politique fédérale

Une rentrée difficile pour Justin Trudeau Déjà attendu de pied ferme par l’opposition pour la rentrée parlementaire à Ottawa, le chef libéral Justin Trudeau a encaissé un coup dur d’entrée lors qu’une de ses députées a fait défection pour passer chez les conservateurs d’Andrew Scheer.

Leona Alleslev, députée ontarienne représentant Aurora-Oak Ridges-Richmond Hill, a offert de grandes généralités pour expliquer son geste. « Le monde a changé radicalement au cours des trois dernières années et nous nous retrouvons à un moment d’instabilité mondiale sans précédent. Nous voyons des changements fondamentaux dans l’économie mondiale alors que les négociations commerciales, les ententes internationales et les structures de défense sont menacées. Le Canada fait face à une tempête parfaite », a-t-elle indiqué en point de presse en compagnie de son nouveau chef. Cette ancienne militaire estime qu’elle se devait de dénoncer les politiques du premier ministre, mais que le faire en restant libérale aurait constitué un « déshonneur contraire à [s]on code de conduite ». Défection Mme Alleslev a laissé entendre qu’elle agissait ainsi en partie parce que les électeurs le lui avaient demandé. Elle réfléchissait à un changement depuis « un cer-

tain temps ». Son compte Twitter indique qu’à la fin juillet, elle relayait encore des publications de Justin Trudeau. Mme Alleslev n’était cependant pas présente à la retraite du caucus libéral de la semaine dernière, à Saskatoon.

Mme Alleslev a fait son entrée à la Chambre des communes en 2015 en remportant son siège avec 47,3 % des voix, devançant d’à peine 1093 votes son adversaire conservateur, qui avait obtenu 45,2 % du suffrage. À l’élection provinciale ontarienne de cet été, sa circonscription a accordé une majorité absolue à un porte-étendard de Doug Ford. Mme Alleslev craignait-elle pour sa réélection sous la bannière libérale l’an prochain ? « Ce n’est vraiment pas lié », a-telle soutenu. Le premier ministre n’a pas critiqué son ancienne députée. « C’est quelque chose qui est tout à fait permis et acceptable dans notre système, de traverser [le parquet de la Chambre]. Je lui souhaite bonne chance », a dit M. Trudeau. La ministre Mélanie Joly a été moins magnanime. « Ce sera à elle de défendre ses actions. C’est elle qui a eu un mandat de sa communauté pour la représenter et c’est elle qui prend ensuite une décision sans la consulter. Normalement, on consulte la population parce que c’est elle qui nous donne la légitimité au Parlement. » Certains partis,

comme le NPD, n’acceptent pas dans leurs rangs les transfuges avant qu’ils ne se soient fait réélire sous leur nouvelle bannière. Maxime Bernier, qui a récemment quitté le Parti conservateur pour créer sa propre formation, estime que cet épisode confirme les travers qu’il attribue à son ancien port d’attache. « On me donne raison lorsque cette libérale s’en va rejoindre les rangs du Parti conservateur du Canada. […] Libéral et conservateur, c’est du pareil au même. Les gens qui veulent un vrai changement, eh bien, c’est nous qui incarnons le vrai changement pour un gouvernement plus petit, plus responsable et un gouvernement qui remet le pouvoir entre les mains des gens. » La rentrée de toutes les attaques Andrew Scheer ne s’est pas contenté de cette seule bonne nouvelle. Il a profité de la rentrée parlementaire pour accueillir officiellement son nouveau député de Chicoutimi-Le Fjord, Richard Martel, élu à la partielle de juin, donnant ainsi l’impression qu’il était celui des chefs fédéraux ayant le vent dans les voiles. En matinée, ses troupes ont d’ailleurs souligné la rentrée en arguant que les Canadiens étaient déçus de l’« été d’échecs » de Justin Trudeau. Les conservateurs ont déploré un retour à l’équilibre

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Justin Trudeau budgétaire trop lointain, des négociations difficiles sur le renouvellement de l’ALENA, l’arrivée de migrants à la frontière qui n’est toujours pas jugulée et le sort incertain de l’oléoduc Trans Mountain à la suite de la décision de la Cour d’appel fédérale. Les députés d’Andrew Scheer n’ont cependant pas précisé de quelle façon ils concluraient quant à eux les délicates négociations avec le gouvernement de Donald Trump. « Notre rôle, comme opposition officielle, c’est de surveiller ce gouvernement », s’est défendu Alain Rayes, sans indiquer si un gouvernement conservateur céderait une partie du marché de l’industrie laitière comme il l’avait fait pour conclure l’accord de libre-échange avec l’Europe. Le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, a de son côté promis de demander davantage de transparence au gouvernement libéral avant d’appuyer l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste — dont le projet de

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loi d’entrée en vigueur est présentement à l’étude aux Communes. « Le NPD ne s’oppose pas au commerce, mais nous voulons tout simplement des accords commerciaux qui sont équitables pour nos travailleurs. » M. Singh compte talonner cet automne le gouvernement pour qu’il améliore l’éducation des jeunes autochtones et qu’il finance le logement social au Canada. Le HYPERLINK "https://www. ledevoir.com/ Bloc+quebecois"Bloc québécois, réconcilié, a quant à lui promis de mettre en lumière que le Québec mérite d’être mieux représenté à Ottawa. « Dans les derniers mois, on a vu que, pour Ottawa, l’avenir passe par l’acquisition de pipelines, que la gestion de l’offre est négociable. On a vu un premier ministre intolérant face à toute personne qui aurait une vision différente de lui sur les questions liées à l’immigration », a fait valoir Louis Plamondon.


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Politique fédérale

Rentrée politique : La deuxième plus longue session parlementaire de l’histoire du Canada… Peu de gouvernements majoritaires ont résisté aussi longtemps que celui de Justin Trudeau à la tentation de proroger le Parlement. Conséquence : 1019 jours plus tard, la deuxième plus longue session de l'histoire du parlementarisme canadien est toujours en cours.

Mille dix-neuf jours. Mille dix-neuf jours se sont écoulés depuis le seul et unique discours du Trône du gouvernement Trudeau. Le premier ministre avait alors énoncé les priorités de son équipe fraîchement assermentée. Mais en près de trois ans, il n'a procédé à aucune mise à jour exhaustive du plan de match. Et tant qu'il n'y a pas prorogation, une session parlementaire se poursuit. La reprise des travaux à Ottawa amène une réalité rarement vue depuis la Confédération, en 1867. Sous Stephen Harper, le mot prorogation est pratiquement devenu synonyme d’abus de pouvoir, de manoeuvre tactique pour se sortir du pétrin. Minoritaires ou majoritaires, les conservateurs ont eu recours à la procédure à quatre reprises, dont deux de manière très controversée, notamment en décembre 2008. C'est ainsi que Stephen Harper a empêché un vote de censure qui aurait pu conduire au remplacement de son gouvernement par un gouvernement de coalition. Rien n’empêche un premier ministre de mettre fin à une session.

Au contraire, il n’a qu’à en faire

établie à 210 jours, depuis 1867,

Les 5 plus longues sessions parlementaires de l’histoire du pays 1- 2- 3- 4- 5-

Mais à 13 mois des élections, Justin Trudeau ne voit toujours pas la nécessité de mettre fin à la session.

1325 jours sous Pierre Elliot Trudeau 1019 jour avec Justin Trudeau 849 jours avec Brian Mulroney 834 jours à l’actif de Stephen Harper 769 jours avec Brian Mulroney

la demande au gouverneur général. 106 prolongations depuis 1867 Si la durée moyenne d’une session avant prorogation s’est

Une question d'image?

le Parlement a été prorogé à 106 reprises. En général, les premiers ministres l'ont fait tous les 12 à 24 mois. Pour le gouvernement Trudeau, le temps passe et 1019 jours, c’est beaucoup plus long que la moyenne.

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Un premier ministre peut avoir recours à la prorogation lorsqu'il juge avoir mis en oeuvre l'essentiel de son discours du Trône et qu'il souhaite relancer la machine. Il peut aussi s'en servir pour préciser l'orientation de son gouvernement pour les mois et les années à venir.

Mille dix-neuf jours plus tard, personne ne peut reprocher à Justin Trudeau d’avoir abusé de cette procédure. Mais à vouloir trop se distinguer de son prédécesseur, cela pourrait finir par avoir un effet pervers, préviennent certains experts. «La prorogation est une pratique entièrement légitime qui est importante pour le fonctionnement du Parlement . Il ne faudrait surtout pas encourager

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l’idée qu’une prorogation est mal vue» rappelle cependant Philippe Lagassé, professeur agrégé Université Carleton Vers un précédent? Le premier ministre pourrait-il miser sur une prorogation avant la mise à jour économique de l’automne ou encore avant le budget? Justin Trudeau a encore du temps devant lui, mais pas trop. Treize mois, cela peut sembler long avant les prochaines élections. Mais les libéraux, qui n'ont pas la réputation d'être les plus rapides sur le plan législatif, pourraient commencer à manquer de temps. La question peut se poser : le gouvernement Trudeau deviendra-t-il le premier gouvernement majoritaire de l'histoire à faire un mandat sans proroger une seule fois le Parlement?


Argent

Sommet record de la dette des ménages canadiens

L1,67 $ en dette pour chaque dollar de revenu ! Le ratio de la dette des ménages par rapport au revenu disponible ajusté s'était hissé à 166,9 % au troisième trimestre 2016, en hausse par rapport à son niveau de 166,4 % au deuxième trimestre, relevait Statistique Canada. Cela signifie que les Canadiens devaient, en moyenne, 1,67 $ en dette sur le marché du crédit – qui comprend le crédit à la consommation, les prêts hypothécaires et les prêts non hypothécaires – pour chaque dollar de revenu dont ils disposent. Benjamin Reitzes, un économiste principal à BMO Marchés des capitaux, estimait alors qu'une croissance de un demi-point de pourcentage de ce ratio était largement inférieure aux normales saisonnières. Il s'agissait en fait de la plus petite augmentation pour un troisième trimestre depuis 2000, a-t-il souligné. «Même avec une augmentation plus modeste, la tendance à la hausse de l'endettement des ménages (...) est toujours aussi intense» affirmait-t-il cependant. Et de prévoir : «nous pourrions commencer à voir ce ratio plafonner un peu en 2017, parce que le marché de l'habitation de Vancouver s'est refroidi de façon importante depuis (l'entrée en vigueur) d'une taxe pour les acheteurs étrangers, et les nouvelles règles sur les prêts hypothécaires devraient atténuer modestement l'activité en 2017. » Selon Statistique Canada, le revenu disponible ajusté avait progressé de 1,0 % au troisième trimestre, pendant que la dette des ménages sur le marché du crédit avançait de 1,3 %.

La dette totale des ménages totalisait 2004 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre. Les dettes hypothécaires représentaient 65,5 % du total du troisième trimestre, une proportion en hausse par rapport à celle de 65,1 % observée au deuxième trimestre, a précisé l'agence fédérale. Le ratio du service de la dette des ménages – les obligations de paiement exprimées en proportion du revenu disponible – a reculé à 14,0 % au troisième trimestre, alors qu'il était de 14,1 % au deuxième trimestre. Hausse de la valeur nette des ménages Malgré l'augmentation de la dette, la valeur nette des ménages avait grimpé de 2,5 % au troisième trimestre, pour atteindre 10 133 milliards de dollars. Cette augmentation était attribuable à une croissance de 3,2 % des actifs financiers. La valeur des parts de fonds de placement – en particulier les unités de fonds communs de placement, et les actifs d'assurance-vie et de pension – a notamment grimpé. Un risque clé pour l’économie Les actifs non financiers, essentiellement ceux du marché immobilier, ont progressé de 1,2 %.

quées au sujet de la dette avait raffermi l'affirmation de la Banque du Canada voulant que le niveau élevé de l'endettement reste une vulnérabilité clé de la stabilité du système financier» estimait Laura Cooper, économiste de la Banque Royale L'endettement des ménages a été identifié à plusieurs reprises comme un risque clé pour l'économie canadienne ces dernières années. Le gouvernement fédéral est intervenu à plusieurs reprises pour tenter de limiter le risque dans les prêts hypothécaires. Crainte pour la capacité des ménages à payer leurs dettes

fédérale prévoit que le ratio du service de la dette des ménages devrait passer de 14,2 % cette année à 16,3 % en 2021. Il s'agirait alors d'une hausse de presque 3,5 points de pourcentage par rapport à la moyenne enregistrée depuis près de 30 ans-- soit un ratio de 12,9 % entre 1990 et 2017. Le ratio du service de la dette des ménages représente le remboursement de la dette exprimé par rapport au revenu disponible; il mesure la capacité des ménages de respecter leurs obligations liées à leurs dettes. L'étude du DPB indique que ce ratio augmente depuis deux ans, et qu'il atteignait 14,2 % au début de 2017.

L'économiste Laura Cooper, de la Banque Royale, a noté que le taux d'épargne des ménages avait grimpé à 5,8 % au plus récent trimestre, un gain d'un plein point de pourcentage par rapport au deuxième trimestre. Il s'agit en outre de son niveau le plus élevé depuis le premier trimestre de 2001.

Est-ce l’effet de ces chiffres? Le Directeur parlementaire du budget (DPB) prévoit que la capacité des ménages de rembourser leurs dettes s'affaiblira davantage encore lorsque les taux d'intérêt reviendront « à des niveaux plus normaux, d'ici cinq ans ».

Cette étude est publiée alors que des observateurs s'inquiètent de la vulnérabilité financière de ménages de plus en plus endettés face à d'éventuels « chocs économiques », comme la perte soudaine d'un emploi, une grave récession ou des hausses plus importantes que prévu des taux d'intérêt.

«Cela dit, la détérioration des données souvent évo-

Selon ses perspectives d'avril 2017, l'agence

Cet endettement accru est surtout attribuable à la sur-

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chauffe du secteur résidentiel dans certaines régions du pays, notamment Toronto et Vancouver. La Banque du Canada a déjà indiqué que face à la vigueur économique, elle pourrait bientôt hausser son taux directeur, qui stagne à 0,5 % depuis 2015 et n'a pas connu de hausses en sept ans. Certains analystes croient que les taux d'intérêt pourraient commencer à monter dès cette année. Le DPB prévoit que ce taux directeur atteindra 3,0 % d'ici le milieu de 2020, et que « la vulnérabilité financière du ménage canadien moyen s'accroîtra pour atteindre un niveau sans précédent ». «Les ménages qui doivent consacrer une part importante de leur revenu disponible au service de leurs dettes sont vulnérables aux revenus négatifs et aux hausses des taux d'intérêt, et ils sont plus susceptibles de ne pas rembourser leurs dettes» affirmait alors le directeur parlementaire du budget


Argent

Dix ans après la faillite de Lehman Brothers

Des millions d'Américains toujours surendettés Il y a dix ans, la banque américaine Lehman Brothers déclarait faillite, ce qui déclenchait la pire crise financière depuis les années 1930. Les effets se font encore sentir aux États-Unis, où des millions des personnes restent surendettées. Encore aujourd’hui, un Américain sur dix ayant contracté un emprunt immobilier peine à sortir la tête de l'eau. Des propriétaires sont « submergés », car la dette contractée auprès de leuremprunteur est supérieure à la valeur de leur maison, selon des calculs effectués par l'agence Reuters d'après des données de ATTOM Data Solutions, un des principaux cabinets d’analyse du marché immobilier aux États-Unis. Des régions durement touchées en 2008, comme celles de Las Vegas, de Pittsburgh ou de Cleveland, ont retrouvé leur santé financière. Mais d’autres se sont moins bien remises de cette crise. C’est le cas des banlieues et villesdortoirs de la moitié Est des États-Unis, principalement dans le Middle West, le Sud-Est et la région Mid-Atlantic (New York, New Jersey et Pennsylvanie), où la croissance des revenus et des emplois a été plus faible que la moyenne nationale. Les propriétaires sont confrontés à des choix difficiles. En vendant au prix du marché, ils per-

dront de l'argent et devront en outre en trouver pour rembourser le solde de leur dette. En faisant défaut sur leur dette, ils seront privés de crédit pour des années. À East Stroudsburg, en Pennsylvanie, des maisons cotées 300 000 $ il y a dix ans sont proposées à 72 000 $. Et même à ce prix-là, peu d'acheteurs se présentent, car le crédit facile a disparu. Le détonateur de la crise La crise de 2008 a été déclenchée par la crise des prêts hypothécaires à risque élevé. Des banques accordaient des prêts immobiliers à des acheteurs insolvables, et au même moment elles se lançaient dans la titrisation de ces prêts. Cette technique consistait à les transformer en titres financiers qu'elles vendaient sur des marchés qui n'étaient ni centralisés ni régulés. La multiplication des faillites par les personnes ayant contracté ces prêts a entraîné la chute des prix de l'immobilier, ce qui a plombé la valeur de ces titres financiers. Les banques étaient alors incapables de se débarrasser de titres qui avaient perdu presque toute valeur. La banque américain Lehman Brothers, confrontée à un manque de liquidités, a dû vendre des milliards d'actifs, voyant ainsi sa capitalisation boursière chuter des trois quarts. Finalement, le 15 septem-

bre 2008, faute de repreneurs et d'aide du gouvernement américain, elle déclarait faillite, entraînant avec elle la bourse américaine, suivie quelques semaines plus tard de toutes les autres bourses mondiales.

la crise, M. Gurria a affirmé qu'en juin 2007, au terme de sa première année en fonction, « les prévisions économiques de l'OCDE assuraient que la situation économique n'avait pas été aussi bonne depuis des années ».

venir. Nous nous étions trompés et nous devons l'avouer », a affirmé le secrétaire général, l'un des rares responsables économique à l'époque de la faillite de Lehman Brothers à faire un tel mea culpa.

Lehman Brothers était la quatrième plus grande banque des États-Unis.

Lire ces lignes « c'est comme me poignarder moi-même », a reconnu le patron de l'OCDE. L'institution, à l'époque, se montrait également « optimiste à l'égard du marché des crédits immobiliers américains », qui était pourtant sur le point de s'écrouler.

Lors de son intervention à l'occasion de la rencontre à Paris, qui a lieu au siège de l'OCDE sous le titre « Qu'avons-nous appris dix ans après la chute de Lehman Brothers? », M. Gurria a appelé à écouter les laissés-pour-compte de la crise, un message qu'il répète depuis plusieurs années.

L'OCDE fait son mea culpa Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Angel Gurria, a reconnu vendredi n'avoir pas vu venir la crise provoquée par la faillite de la banque Lehman Brothers il y a dix ans. Il a appelé le monde économique à écouter les victimes de cette débâcle financière. Lors d'une réunion à Paris consacrée aux leçons de

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Tirant les leçons de cette crise, M. Gurria a admis que « la pensée dominante économique et les modèles sur lesquels elle était basée ne reflétaient ni la réalité économique ni la vie des gens ». « C'est pour cette raison que nous n'avons rien vu

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« Nous pouvons commencer par ne pas ignorer les sentiments des gens qui ont été laissés sur le côté, par écouter ce que les gens ont à nous dire », a-t-il assuré.


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Argent

Êtes-vous trop endetté? Les ménages canadiens ont une dette moyenne de 162 400 $, selon Statistique Canada. Plusieurs agences, dont la Banque du Canada et le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario ont manifesté leur inquiétude quant à l'endettement des ménages à la lumière de l'augmentation des taux d'intérêt. Mais les dettes ne comportent pas toutes le même risque. Statistique Canada publie des données sur la famille économique, ce qui inclut les situations de colocation. La valeur moyenne de la dette des familles économiques en 2016 était de 180 500 $ en Ontario, selon Statistique Canada. L'Ontario se classe troisième dans la liste des provinces où les ménages sont les plus

Les dettes hypothécaires élevées, particulièrement dans les grandes villes, comme à Toronto et Vancouver, représentent un certain risque dans le marché actuel. Selon David West, une correction importante sur le marché immobilier pourrait causer de gros ennuis aux ménages qui détiennent des hypothèques élevées. Mais ce sont les autres dettes, celles liées à la consommation, qui préoccupent davantage les économistes. D’abord, les taux d’intérêt des dettes de consommation, et en particulier des cartes de crédit, sont généralement beaucoup plus élevés que pour les taux hypothécaires.

Un conseiller financier affirme

Taux d’endettement par rapport au revenu

Selon lui, les achats de services ou d’objets qui perdent de la valeur, comme des équipements de loisirs, des véhicules de luxe ou des soins esthétiques, ne devraient pas être faits à crédit.

Alberta : 191% Colombie-Britannique : 191% Ontario : 171% Québec : 150% Canada : 167% Source: Statistique Canada et Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario endettés au pays. Le facteur principal pour évaluer le risque lié à l’endettement pour une population en général est le taux d’endettement par rapport au revenu. Ce taux au Canada était de 66 % en 1980. Pour les économistes, un taux de 150 % est généralement problématique.

revenu, comme des outils ou de la machinerie, pourraient être qualifiés de dettes intelligentes.

que les dettes de consommation, notamment celles des cartes de crédit, peuvent devenir des dettes « toxiques » lorsque l’emprunteur n’arrive pas à rembourser son solde mensuel et se retrouve à payer de l’intérêt sur les intérêts. Un autre affirme que des emprunts obtenus pour acheter des biens qui représentent des investissements ou encore qui seront utilisés pour générer un

Le risque réside dans la précarité de la situation financière des emprunteurs. Le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario prévoit un ralentissement de la croissance économique au cours des deux prochaines années, particulièrement dans les domaines de la consommation et de l’immobilier, les principaux facteurs de croissance au cours de la dernière décennie. En ce moment, les Ontariens consacrent en moyenne 12 500 $ par année au remboursement de leurs dettes. La portion du revenu des ménages utilisée pour payer

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leur dette est plus importante chez les ménages à faible revenu (31 % ) et chez les jeunes familles ( 17 % ) que dans la population en général ( 13,7 % ). Les conseillers financiers pensent généralement que les Canadiens pourraient être

Les experts ne s’entendent pas non plus sur ce que pourrait être un taux d’endettement raisonnable. bien évaluer leur capacité de payer, les consommateurs devraient tenir compte de toutes les dépenses dont ils ne peuvent pas facilement se

Taux d'intérêt approximatifs par type de crédit Hypothèque : 3% Cartes de crédit : 20 % mieux protégés contre l’endettement si des règles plus strictes entouraient le crédit. Les prêteurs ont un portrait plus ou moins clair de la situation des alors qu’en fait les établissements devraient avoir accès à des données plus précises sur tous les emprunts des consommateurs.

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défaire, comme les téléphones cellulaires acquis dans le cadre d’un contrat de téléphonie ou la location d’équipement de câblodistribution, par exemple. La proportion de Canadiens qui n’ont aucune dette est également en baisse constante depuis 1990.


Argent

Comment se débarrasser de ses dettes

Vos dettes vous empêchent de dormir? Vos créanciers vous harcèlent? De nombreuses solutions s’offrent à vous. Établir un bilan financier

Afin de savoir où vous en êtes financièrement, vous devez établir votre bilan financier, soit la liste de vos biens (actif) et de vos dettes (passif). Cet exercice doit être fait tous les ans afin de mesurer la croissance de votre valeur nette. La liste vos actifs doit être effectuée à partir de la valeur marchande de vos biens. Le passif est, pour sa part, constitué de l’ensemble de vos dettes à court terme (cartes de crédit, marge de crédit, etc.), à moyen terme (prêt automobile, prêt personnel, etc.) et à long terme (prêt hypothécaire, prêts étudiants, etc.). Après avoir dressé ces listes, soustrayez vos dettes des actifs. Vous obtiendrez votre valeur nette. Faire un budget Vous devez aussi dresser votre budget. Vous saurez ainsi d’où provient votre argent et ce que vous en faites. Vous devez d’abord vous fixer des objectifs à court et à long terme, puis établir des priorités. Dans votre cas, vous choisirez de rembourser en priorité vos dettes. Ensuite, vous ferez des prévisions budgétaires pour les 12 prochains mois. À cette fin, vous devez estimer votre revenu, vos frais fixes (loyer, assurances, etc.) et vos frais variables (nourriture, vêtements, loisirs, etc.). Que faire quand le budget est déficitaire? Dans certains cas, il n’est pas nécessaire d’utiliser un remède de cheval pour se refaire une santé financière. Il suffit de diminuer certaines dépenses variables ou de tenter d’augmenter les revenus. Faites preuve d’imagination. Par exemple, vous pourriez trouver un colocataire qui vous aidera à payer le loyer, ou encore opter pour des loisirs gratuits : bibliothèques, festivals, etc. Surtout, évitez d’emprunter, car la situation risquerait d’empirer. Utilisez par exemple la méthode du 10%. Essayez pour cela de dégager 10 % de votre revenu en éliminant toute dépense superflue. Impossible d’y parvenir? Prélevez quand même de votre revenu un montant fixe chaque mois et utilisez-le pour régler vos dettes. Une fois la santé financière recouvrée, cette habitude de vivre légèrement sous vos revenus vous permettra d’épargner. Vendre certains biens Vous pourriez aussi vendre certains biens (automobile, appareils électroniques, etc.) et utiliser la somme ainsi obtenue pour rembourser vos créanciers. Parfois, plus facile à dire qu’à faire.

Négocier avec ses créanciers

Si vous avez des comptes en souffrance, communiquez rapidement avec vos créanciers et tentez de négocier une entente avec eux. Peuvent-ils reporter un paiement ou rééchelonner votre dette? S’il s’agit d’une dette concernant un service public, comme l’électricité, l’association de consommateurs de votre région pourra probablement vous aider à parvenir à une entente. Pour en savoir plus, adressez-vous à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de votre quartier ou de votre région. S’attaquer aux dettes les plus coûteuses Il existe de nombreuses stratégies pour rembourser vos dettes. L’une d’entre elles consiste à s’attaquer d’abord à la dette dont le taux d’intérêt est le plus élevé, généralement celle liée aux cartes de crédit. Une fois celle-ci remboursée, attaquez-vous à une autre, et ainsi de suite. Dans le guide Retrouver la santé financière, l’ACEF de l’Est de Montréal explique que d’autres considérations peuvent entrer en jeu. Pour votre tranquillité d’esprit, vous pourriez vouloir d’abord rembourser un membre de votre famille. Commencer par les petites dettes D’autres experts conseillent de donner la priorité à la dette la plus petite. Ensuite, on se débarrasse de la suivante et ainsi de suite. Selon eux, cette formule serait encourageante et inciterait à persévérer. En revanche, cette stratégie peut coûter très cher en intérêts. Demander une consultation budgétaire Vous ne savez pas au juste comment vous y prendre pour vous débarrasser de vos dettes? Consultez un organisme pouvant vous aider. Les ACEF offrent aux personnes résidant sur leur territoire des consultations budgétaires. Leurs services sont confidentiels et souvent gratuits, ou à un coût minime. Comme ce sont des organismes indépendants, leurs recommandations sont désintéressées. Consolider les dettes Vous pouvez consolider vos dettes en contractant un prêt auprès de votre institution financière. Grâce à cet emprunt, vous pourrez rembourser vos créanciers et n’aurez plus qu’un prêt à rembourser, souvent à un taux moindre que celui demandé par vos créanciers. La gestion de vos dettes s’en trouvera donc facilitée. En général, l’institution financière rembourse vos dettes à votre place, établit une nouvelle entente et détermine

le montant que vous devrez lui verser tous les mois. Renseignezvous auprès de plusieurs institutions financières parce que les taux d’intérêt peuvent varier de l’une à l’autre. Vous pourrez avoir recours à la consolidation de dettes si vous avez un bon dossier de crédit et si votre revenu permet de rembourser le prêt de consolidation, en plus de payer vos dépenses courantes. En général, l’institution financière fermera les comptes que vous avez avec les magasins et les émetteurs de cartes de crédit afin de s’assurer que vous ne contracterez pas d’autres dettes pendant que vous remboursez votre prêt de consolidation. Certaines dettes, comme l’hypothèque, ne peuvent être regroupées dans un prêt de consolidation. Utiliser le transfert de solde Vous pouvez aussi demander des cartes d’intérêt à taux réduit, moyennant des frais annuels d’environ 50 $. Si vous avez une marge de crédit dont vous n’avez pas atteint la limite, il est possible d’y transférer vos dettes. Faites attention de ne pas vous endetter davantage et prévoyez tout de suite une façon de rembourser le solde de la carte ou de la marge de crédit. Méfiez-vous également des offres promotionnelles à des taux d’intérêt peu élevés. Parfois, les émetteurs de cartes de crédit offrent des taux de crédit très bas. Le hic? Ce taux s’applique aux transferts de solde seulement et pendant une période limitée. Ainsi, après six mois, votre taux grimpera à près de 20 %. Faire un dépôt volontaire Le dépôt volontaire vous permet de payer vos dettes en remettant à la Cour du Québec une partie de vos revenus fixée en fonction de votre salaire et de vos obligations financières. Cette somme sera distribuée à vos créanciers, au prorata de ce que vous leur devez. Pour

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avoir recours à cette formule, vous devez vous inscrire au greffe de la Cour du Québec en déclarant, entre autres, tous vos créanciers. Le dépôt volontaire vous protège contre une saisie de salaire ou de revenus si vous êtes travailleur autonome. De plus, vous ne paierez que 5 % d’intérêt sur vos dettes. Par contre, le dépôt volontaire ne vous protège pas contre la saisie immobilière ou la saisie automobile. De même, les meubles de votre résidence peuvent être saisis si vous devez encore de l’argent sur ceux-ci. Sachez aussi qu’une note sera ajoutée à votre dossier de crédit pour indiquer que vous avez eu recours à un dépôt volontaire. Elle y restera tout au long du processus et pendant trois ans suivant le règlement complet de vos dettes. Faire une proposition de consommateur Une autre solution est la proposition de consommateur. Il s’agit de proposer à vos créanciers de faire tous les mois des versements moins élevés, échelonnés sur deux ou trois ans, ou encore de leur rembourser seulement une partie de vos dettes sans intérêt, par exemple 70 %. Votre offre est acceptée? Elle devient l’entente de remboursement avec vos créanciers. Votre offre est refusée? Il vous faut alors trouver une autre solution. Cette formule est utile aux personnes qui veulent conserver leurs biens ou qui exercent une profession qui les empêche de faire faillite (comptable, avocat, agent immobilier). Cependant, une note est inscrite au dossier de crédit et y demeurera pendant environ trois ans après la fin des remboursements. Pour vous prévaloir de cette mesure, vous devez avoir moins de 250 000 $ de dettes. L’hypothèque de votre maison n’entre pas dans ce calcul. Par ailleurs, il faut faire appel à un syn-

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dic de faillite. Faire faillite En dernier recours, il y a la faillite. Il vous faut remettre tous vos biens saisissables (maison, voiture, etc.) à un syndic de faillite qui les vendra et distribuera les fonds ainsi recueillis à vos créanciers. Sachez que ce processus comporte des coûts. Le syndic peut exiger entre 1 200 $ et 2 000 $ pour s’occuper de votre faillite. Vous pourriez aussi être obligé de verser une somme supplémentaire, fixée en fonction de votre revenu. Vous serez libéré de toutes vos dettes, sauf les exceptions prévues par la loi, par exemple les dettes qui résultent d’une pension alimentaire ou toute dette liée à un prêt étudiant, si vous avez cessé de fréquenter l’école depuis moins de sept ans. En général, vous serez libéré automatiquement d’une première faillite après neuf mois ou 21 mois (si vous avez un revenu excédentaire). Cependant, votre dossier de crédit restera entaché pendant six ou sept ans (selon le bureau de crédit) après votre libération. Après remboursement - Un fonds de roulement Après avoir remboursé vos dettes, constituez-vous un fonds de roulement équivalant à un mois de dépenses fixes (loyer, électricité, téléphone, etc.). Ainsi, advenant une dépense importante, vous pourrez la financer sans devoir recourir au crédit. - Un fonds d’urgence Une fois le fonds de roulement constitué, il est recommandé d’économiser l’équivalent de trois mois de revenu net afin de pouvoir faire face aux coups durs : perte d’emploi, maladie, divorce, etc. Vous devrez alors placer cet argent, par exemple dans des certificats de placement garanti, afin qu’il vous rapporte des intérêts et soit facilement accessible en cas de besoin.


Emploi

Malgré la pénurie de main-d’œuvre

Les employeurs encore très réticents à embaucher des immigrants Les employeurs ont beau se plaindre de plus en plus des pénuries de main-d'oeuvre, ils demeurent très réfractaires à embaucher des immigrants.

C'est le triste constat qui se dégage d'une enquête de la Banque de développement du Canada (BDC) auprès de 1028 entreprises à travers le Canada dont La Presse canadienne a obtenu copie. L'enquête démontre que près de deux employeurs sur cinq (39%) affirment qu'il a été difficile de trouver du personnel au cours des 12 derniers mois. Pourtant, lorsqu'on leur demande quelles sont leurs stratégies pour combler leurs besoins, ils préfèrent embaucher du personnel moins qualifié ou plus jeune et de le former en entreprise ou encore des retraités ou même augmenter les salaires plutôt que de recruter des immigrants. Les chiffres à cet effet sont sans appel: à l'affirmation «En raison d'une pénurie de main-d'oeuvre, notre entreprise doit prendre les mesures suivantes», 43% ont dit être d'accord avec l'embauche de travailleurs moins qualifiés, 40% étaient d'accord avec l'embauche de travailleurs plus jeunes, 35% approuvaient l'idée d'une meilleure rémunération et le tiers étaient d'accord avec l'embauche de retraités. Seulement 18% des employeurs étaient prêts à se tourner vers le recrutement d'immigrants, alors que 57% étaient «en désaccord» avec cette proposition. L'économiste en chef de la BDC, Pierre Cléroux, reconnaît avoir été désarçonné par ce résultat, d'autant plus que les immigrants représentent le plus important bassin de maind'oeuvre disponible, le taux de chômage dans cette catégorie de citoyens étant systématiquement plus élevé que dans les autres tranches de population. «Je dois avouer qu'on est un peu surpris de la réponse. Si on avait su que la réponse aurait été à ce niveau (en matière de recrutement des immigrants), on aurait posé davantage de questions, mais on ne le savait pas avant de faire la recherche.»

Discrimination?

Lorsqu'on lui demande quelles sont les raisons de cette réticence - et si elle est liée à la discrimination pure et simple - il hésite à évoquer cette possibilité, d'abord parce que la question n'a pas été posée, mais aussi en raison des contraintes liées à l'embauche d'immigrants. «C'est plus compliqué que ça. Souvent les gens n'ont pas d'expérience au Canada ou ils n'ont pas la formation qui correspond exactement à ce qu'on cherche, donc ça demande à l'employeur d'être plus flexible, de faire plus de formation.» M. Cléroux reconnaît cependant que le fait que l'on soit prêt à embaucher et à former des jeunes ou des travailleurs moins qualifiés vient plomber cet argumentaire. Selon lui, il est essentiel de reconnaître le problème et pas seulement pour les immigrants. «Il faut changer nos façons de faire. (...) Il faut recruter des gens qui sont sous-représentés dans le marché du travail et ce ne sont pas que les immigrants; on peut parler de personnes qui ont des limitations fonctionnelles, qui sont aussi sousreprésentées, et des Autochtones également.» Il rappelle toutefois que la pénurie de main-d'oeuvre - bien qu'annoncée depuis des années est relativement récente, d'une part parce que l'économie roule à fond de train depuis deux ans. «Ça ne fait pas 10 ans qu'on a des pénuries de main-d'oeuvre au Québec ou au Canada. On est dans cette situation depuis deux ans; le taux de chômage a beaucoup baissé au cours des deux dernières années.» D'autre part, les baby-boomers, dont les premiers représentants nés en 1946 ont atteint 65 ans en 2011, ont amorcé un départ massif à la retraite de la plus importante cohorte de travailleurs actifs, exode qui se poursuivra jusqu'à la fin des années 2020.

Conséquences de la pénurie Sans surprise, la première conséquence prévisible est une perte de ventes, alors que les deux tiers des entrepreneurs ayant fait part de difficultés de recrutement font aussi état d'une croissance plus faible que les autres. Parmi les autres conséquences, plus de la moitié (56%) affirment que leurs employés travaillent un plus grand nombre d'heures; près de la moitié (47%) ont dû augmenter les salaires et le quart (26%) sont incapables de répondre aux commandes de leurs clients ou livrent les commandes en retard.

Georges de Beauce, par exemple, ont des taux de chômage à 1 ou 2%. C'est presque nul. C'est plus difficile de trouver de la main-d'oeuvre en région et le secteur manufacturier se retrouve beaucoup en région», fait valoir M. Cléroux. Le secteur du commerce de détail est aussi très affecté en raison des salaires peu élevés dans un contexte où l'offre d'emploi à des conditions plus alléchantes s'élargit, même pour des emplois non spécialisés. Le manque de personnel est à ce point criant que des commerces ferment certaines journées ou certaines heures de la journée, notamment en restauration.

Les entrepreneurs eux-mêmes se voient dans l'obligation de passer plus de temps sur le plancher avec les employés et de réduire le temps consacré au développement des affaires et à la mise en marché, ce qui limite leur croissance.

Enfin, le secteur de la construction est aussi en recherche intensive de personnel surtout en raison des exigences en matière de formation et de cartes de compétence. «Il y a moins de flexibilité comme marché d'emploi que dans plusieurs autres secteurs», explique l'économiste.

Secteurs vulnérables

Stratégies

Par ailleurs, l'étude identifie les trois secteurs les plus touchés par le manque de personnel.

L'enquête de la BDC - qui comprend également une série de cas types - suggère certaines stratégies pour contrer la pénurie, outre le recrutement d'immigrants qui devrait être au sommet des préoccupations.

Il s'agit du secteur manufacturier, particulièrement en région. «Des villes comme Drummondville ou Saint-

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Les auteurs suggèrent notamment de faire non seulement le marketing de leurs produits et services, mais aussi de leur entreprise dans les réseaux sociaux auprès des candidats potentiels. «Il leur faut développer une proposition qui explique qu'on est un bon employeur, qu'on offre des conditions flexibles, qu'on offre peut-être des horaires flexibles», avance Pierre Cléroux. L'étude met aussi l'emphase sur des politiques de ressources humaines claires et connues de tous, la valorisation de l'entreprise auprès des employés, des pratiques de flexibilité qui permettent non seulement d'attirer, mais aussi de retenir la main-d'oeuvre. Le sondage en ligne qui a dévoilé ces réalités, a été mené par Maru/Matchbox; il a été effectué auprès de 1208 petites et moyennes entreprises à l'échelle du Canada entre le 30 avril et le 11 mai 2018. Les résultats ont ensuite été pondérés par région et selon la taille des entreprises afin que les conclusions soient représentatives de l'ensemble de l'économie au Canada. La marge d'erreur maximale est de 2,8%, et ce, 19 fois sur 20, mais il s'agit d'un échantillonnage non probabiliste.


Montréal

Pont Champlain

Le tablier entre en phase de finition Des polisseuses à diamants à l’œuvre Des deux côtés du pont, des centaines de dalles de béton préfabriquées ont été installées et liées entre elles par des coulées de béton. Les ouvriers s’apprêtent maintenant à y poser la membrane étanche qui précédera la couche d’asphalte. Mais d’abord, il faut polir la surface bétonnée avec d’imposantes machines rotatives munies d’un disque de diamants, qui arrachent toutes les imperfections. « Les travailleurs réparent aussi les fissures et coulent du béton spécial si nécessaire », précise l’ingénieur Stéphane Pereira, responsable de l’approche du côté de la Rive-Sud du pont. Il reste cependant plusieurs centaines de dalles à hisser à différents endroits, une opération qui doit être coordonnée avec l’installation d’encore quelques poutres-caissons, ces immenses structures métalliques qui assurent l’assise des dalles. Chenilles positionnées au millimètre près En dessous du pont, côté RiveSud, les travailleurs doivent composer avec un des espaces de travail les plus exigus du chantier. Sur la jetée artificielle créée expressément pour la construction, trois gigantesques grues à chenilles d’une capacité de 650 tonnes chacune jouent du coude avec les poids lourds, les plus petites grues, les nacelles de travail en hauteur et les centaines d’ouvriers. C’est l’arpenteurgéomètre Philippe Brunet, muni d’un appareil GPS précis à 10 mm, qui positionne les chenilles des mastodontes à l’emplacement exact défini à l’avance par les ingénieurs. « Il faut respecter une distance de six mètres du bord de la jetée », explique-t-il. C’est un véritable casse-tête pour l’ingénieur Pereira. « La géométrie de la jetée ne permet pas qu’on mobilise le personnel et l’équipement entre les piliers du pont. Nous devons donc régulière-

ment travailler sur des barges, avec des plus petites grues qui fonctionnent en tandem pour faire le même travail qu’un plus gros appareil. En plus, nous sommes contraints par des limites imposées par le ministère de Pêches et Océans Canada. C’est complexe », explique-t-il. Méga-levage Lors de notre visite jeudi, une « méga-opération » de levage s’organisait sur la jetée du côté de la Rive-Sud. Une poutre-caisson de 550 tonnes devait être traversée dans le vide au-dessus d’un chenal réservé à la navigation de plaisance. L’opération a nécessité la coordination de trois appareils de transport multi-essieux, qui supportaient la lourde charge pendant que deux grues géantes effectuaient un lent ballet mécanique de précision avant de hisser la

structure. « C’est probablement le plus gros levage que je vais faire de ma carrière. Les deux grues travaillent à 90 % de leurs capacités », a expliqué M. Pereira. L’opération a nécessité une douzaine d’heures de travail. Le Consortium Signature sur le Saint-Laurent a franchi une étape symbolique cette semaine. Le lien entre la partie haubanée du pont et la section montréalaise de l’ouvrage a été complété grâce à l’installation d’une des dernières poutres-caissons de ce segment de 2,1 km de long. Ici, plusieurs travaux nécessitent des déplacements en bateau, mais les hommes sont maintenant bien rodés. « La courbe d’apprentissage est établie, et les travailleurs maîtrisent les travaux qu’ils ont à faire », affirme l’ingénieur Stéphane Héroux, responsable de l’approche du côté montréalais. Cette section

du pont, qui inclut une courbe assez importante, implique l’installation de plusieurs poutrescaissons à partir de barges. Il en reste deux à installer sur l’eau, et sept autres sur terre, à partir de la jetée. Près de la moitié des dalles ont été fixées. Apparition des hommes-araignées Signe que les travaux avancent, les hommes-araignées sont apparus sous la structure du pont, où ils installent les conduites de drainage d’eau. « Contrairement à ce que laisse entendre notre titre, nous ne sommes que des hommes ordinaires », blague Alexandre Lagacé, un des hommes-araignées, en rangeant son harnais et sa longe. Habitués des hauteurs, ils admettent que la présence de courant sous eux et l’absence de repères visuels leur permettant

d’évaluer la hauteur à laquelle ils se trouvent les désorientent un peu. « Ce n’est cependant pas très différent de ce qu’on peut faire dans les gratte-ciels du centreville, dit l’homme-araignée Sébastien Guèvremont, mais nous sommes très fiers de travailler sur ce projet. » Sous le pont, une quinzaine d’employés travaillent sur des barges à faire la finition du béton des piliers, pendant qu’une quarantaine de peintres s’occupent de faire des retouches de peinture. « Ça, c’est un travail que je ne ferais pas », lance l’ingénieur Stéphane Héroux en regardant une nacelle hissée au maximum de son bras télescopique, où s’affairent deux peintres. « Tu travailles le cou cassé, dans des petits recoins, dans une nacelle qui est constamment ballottée par l’eau et le vent. Il faut être fait fort ! »

Gouvernance

La Ville de Montréal promet de mieux surveiller ses chantiers La Ville de Montréal entend prendre les moyens nécessaires pour mieux surveiller les travaux de voirie, après la publication d'un rapport du Bureau de l'inspecteur général (BIG). Celui-ci indique que plusieurs entrepreneurs ne se conforment pas aux exigences des devis techniques et que la surveillance des chantiers n'est pas toujours adéquate. Le vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Sylvain Ouellet, s'engage à améliorer la sur-

veillance de chantiers.

Pour la saison 2019, il va y avoir des rappels à l'ordre pour savoir exactement ce qu’on attend des surveillants. Sylvain Ouellet, vice-président du comité exécutif M. Ouellet convient que la Ville doit aussi voir à corriger les lacunes qui pourraient exister dans ses façons de faire. « Est-ce qu’il y a des modifications de

nos devis, pour améliorer la qualité, qui peuvent être faites? Tout à fait », reconnaît-il.

L'opposition officielle estime que les firmes de génie-conseil qui surveillent mal les chantiers doivent en subir les conséquences. « Comme tout contrat, lorsque les obligations ne sont pas respectées, si on doit passer par des amendes pour les firmes d’ingénierie, pour les surveillants, qu'on le fasse, pour qu’il y

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ait imputabilité et que l’argent des Montréalais soit utilisé de la meilleure façon possible », dit le chef d'Ensemble Montréal, Lionel Perez.

Les surveillants de chantier ne prennent pas toujours les moyens qu'il faut pour mettre au pas les entrepreneurs qui prennent des raccourcis, affirme un rapport du BIG déposé lundi au conseil municipal. Le document mentionne qu’il est « probable » qu’« afin d’éviter une con-

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frontation » ou d’autres « conséquences », certains surveillants soient prêts à « accommoder l’entrepreneur en acceptant certaines irrégularités récurrentes ». Le rapport du BIG constate cependant aussi que l’industrie du trottoir, où la collusion régnait il y a quelques années, semble être devenue beaucoup plus ouverte et concurrentielle.


Justice

Le Canada manque de muscles pour lutter contre la mafia La mafia est toujours bien présente et puissante au pays, car le Canada manque d'outils pour y faire face, selon une escouade policière d'élite du gouvernement italien. La commission Charbonneau et les opérations policières ne sont pas suffisantes. Faut-il s'inquiéter?

Les tentacules de la mafia s'étendent à Montréal et à Toronto. Mais aussi à Ottawa et à Thunder Bay. La Colombie-Britannique et l’Alberta sont aussi touchées par les activités de cette organisation criminelle. C’est ce que révèle un rapport de la Direction des enquêtes antimafia rendu public le mois dernier au Parlement italien. « La présence d’organisations criminelles d’origine italienne serait essentiellement attribuable aux occasions économiques et financières offertes par le pays », dit le rapport italien de 386 pages, qui consacre un passage au Canada. Mais le Canada n’est pas toujours adéquatement outillé pour lutter contre ce fléau, souligne la Direction des enquêtes antimafia. « Les kilos de coke, on peut les intercepter. On est capable d’affaiblir la mafia sur le plan criminel », souligne André Cédilot, journaliste et spécialiste de la mafia au Québec. Il y a toutefois un angle mort : l’infiltration dans l’économie légale rend la mafia et ses associés difficilement atteignables. « C’est le plus grand danger », croit-il. « Ils font tellement de millions avec le trafic de drogue qu’ils doivent les réinjecter dans l’économie légale. C’est ça qui est inquiétant» dit-il. L’Italie a modifié son Code criminel en 1982 afin d’accuser plus facilement ceux qui s’associent à

la mafia, qu’ils soient des gens d’affaires ou des politiciens. Ce type d’accusation criminelle n’a pas d’équivalent au Canada et la mafia en profite, estime la police italienne. « Nous, on a une loi sur le gangstérisme. Mais le malaise est tellement grand en Italie qu’ils ont été obligés d’adopter une loi qui va plus loin que l’association de malfaiteurs. Ils incluent les proches des mafieux. Par exemple, ils pourraient arrêter une personne qui aurait été vue avec Vito Rizzuto », dit l’auteur du livre Mafia inc. : grandeur et misère du clan sicilien au Québec, qui croit que ce type de législation est inévitable au Canada. « Toronto devrait s’inquiéter » Les durs coups portés au clan Rizzuto depuis une dizaine d’années, par l’incarcération ou le meurtre de membres de son étatmajor, n’ont pas fait disparaître

l’organisation basée à Montréal. Mais la mafia d’origine calabraise, la ‘Ndrangheta, serait maintenant la plus puissante au pays, indique la police italienne. Et elle est principalement implantée dans la région de Toronto.

à ça. »

Construction immobilière à Toronto Photo : La Presse canadienne/Frank Gunn

« Au Québec, on a fait une commission d’enquête. C’est sûr que ça paraît mal, mais au moins, on essaye d’enrayer un peu le problème », ajoute-t-il.

La mafia canadienne est impliquée dans le trafic de cocaïne et d’héroïne, mais aussi dans des opérations de blanchiment d’argent. Elle recyclerait d’énormes sommes dans les secteurs de la restauration, de la sécurité privée, de l’immobilier et de la gestion des déchets, soutient le rapport italien. Toronto devrait s’inquiéter, estime M. Cédilot. « Les journalistes du Québec ont fait des enquêtes. Mais [en Ontario], il n’y a personne là-bas qui se soucie de ça, le gouvernement ne s’intéresse pas

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«À force de négliger la mafia et de ne pas la prendre au sérieux, un jour, on va se ramasser comme en Italie.» affirme encore André Cédilot.

La commission Charbonneau, qui s’est déroulée de 2012 à 2015, a démontré que l’industrie québécoise de la construction avait été infiltrée par le clan Rizzuto. Dans les années 2000, des hommes d’affaires se rendaient au Club social Consenza, à Montréal, pour remettre de l’argent aux chefs mafieux. Selon André Cédilot, il n’est plus possible d’enrayer les organisations mafieuses.

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Il est trop tard. Ils sont rendus trop riches. Leur influence est partout. André Cédilot, spécialiste de la mafia Les autorités canadiennes doivent donc chercher à leur mettre des bâtons dans les roues en tentant de les assécher financièrement, autant les criminels que les hommes d’affaires qui travaillent pour eux. La Gendarmerie royale du Canada n’a pas voulu émettre de commentaires sur la présence de la mafia au Canada. « La GRC ne commente pas les rapports rédigés dans d'autres pays », a répondu par courriel la police fédérale à Radio-Canada, ajoutant que la « lutte contre le crime organisé est une priorité ». La Direction des enquêtes antimafia de l’Italie indique pour sa part échanger des informations avec les autorités canadiennes.


Sports

Taekwondo - Canada open 2018

Pétanque

Une médaille de bronze pour Ahmed Zerouk

Desbiens (Lac Saint Jean) : Le Maroc vice-champion du Monde

L’École des Champions Olympiques a participé avec deux athlètes au Canada Open 2018 qui a eu lieu à l’Anneau olympique de Richmond, à Richmond, ColombieBritannique, du 14 au 16 septembre 2018. Cet évènement classé G1 a connu la participation de 1100 athlètes à travers le monde. Bravo Ilyasse Zerouk pour ta participation. Tes techniques sont là mais avec ton expérience à l'international vont commencer à sortir.

La France a battu dimanche 16 septembre 2018 le Maroc en finale des championnats du monde de pétanque, organisés cette année à Desbiens (Lac Saint Jean) au Québec. Les Français l'ont emporté devant les Marocains par 13 à 7, indique la Fédération Internationale de Pétanque et de Jeu Provencal (FIPJP) sur son site. Le Maroc avait battu la Tunisie en demi-finale et la France l'avait emporté devant le Sénégal. La France, qui domine cette discipline depuis de nombreuses années, a ainsi repris le titre qui avait été remporté par Madagascar lors de la précédente édition des championnats du monde en 2016. Cette manifestation biennale a été accueillie cette année par la petite ville de Desbiens, dans la région du Lac-Saint-Jean, au nord de Québec.

Félicitations Ahmed Zerouk pour 3ème position, médaille de bronze. Source : École des champions olympiques Inc.

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