Atlas.Mtl 327

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nº 327 du 17 au 30 mai 2018

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Événement incontournable du mois

Le 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média

célébré ce 18 mai 2018 dans le cadre du 15ème IFTAR du dialogue et de l’intégration

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Atlas.Mtl

nยบ 327 du 17 au 30 mai 2018


Rendez-vous Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

Tél.: (514) 962-8527 (514) 994-9582 Courriel: admin@atlasmedias.com Site web: www.atlasmedias.com https://www.facebook.com/ AtlasMedia1

Depuis 2002

Événement incontournable du mois

Le 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média

célébré le 18 mai prochain dans le cadre du 15ème IFTAR du dialogue et de l’intégration Le 16ème anniversaire du ayant en commun de s’être Groupe Atlas Média, éditeur pole montréalaise. distinguées au cours de du bimensuel Atlas.Mtl, sera Au cours de cet événement, l’année écoulée par leur célébré le vendredi 18 mai un hommage sera rendu à engagement social et poli2018 à Laval dans le cadre des personnalités québécoistique ou par leurs contribudu 15ème Iftar du dialogue. es et canadienne, de diverses tions culturelles ou Cet événement se déroulera origines et appartenances, économiques, au développesous la présidence effective de Mme Marie Montpetit, Ministre de la culture et des Communications, Ministre responsable de la Protection et de la - 327 numéros du bimensuel Atlas. Promotion de la langue Mtl, soit des milliers française. d'articles exprimant la sensibilité maghrébine

Groupe Atlas Media Seize ans, c’est…

Plus de cinq cent personnes représentatives des divers groupes culturels et confessionnels constituant la mosaïque humaine québécoise et de nombreuses personnalités du monde de la politique, des arts et lettres, des affaires et de la société civile seront présentes à ce rendez-vous devenu, avec le temps, un moment incontournable du vivre ensemble dans la grande métro-

et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; - Une centaine d'événements identitaires, politiques, culturels artistiques et sportifs; - De nombreux débats, colloques, séminaires et coférences; - 132 reportages TV sur la communauté pour les chaînes de télévision (2M, AlMaghribia, Al Aoula, Arrayadia); - 365 émissions radio (de 2002 a 2009); - Un site web (www.atlasmedias.com) ayant accueilli plusieurs millions de visiteurs depuis 2003; - Plus de 150 000 abonné(e)s aux réseaux sociaux.

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ment et au rayonnement de la société d’accueil, à l’intégration de la communauté des originaires du Maghreb ou au développement des relations bilatérales canado-maghrébines.

Aide-mémoire 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média (15ème IFTAR du dialogue) Date : Le vendredi 18 mai 2018 Heure : 20 h Lieu : Salle de réception Le Château Royal, 3500, Boulevard du Souvenir, Laval, QC H7V 1X2


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L’événement

Événement incontournable du mois

Le 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média

célébré ce 18 mai 2018 dans le cadre du 15ème IFTAR du dialogue et de l’intégration Le 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média, éditeur du bimensuel Atlas.Mtl, sera célébré le vendredi 18 mai 2018 à Laval dans le cadre du 15ème Iftar du dialogue. Cet événement se déroulera sous la présidence effective de Mme Marie Montpetit, Ministre de la culture et des Communications, Ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française. Plus de cinq cent personnes représentatives des divers groupes culturels et confessionnels constituant la mosaïque humaine québécoise et de nombreuses personnalités du monde de la politique, des arts et lettres, des affaires et de la société civile seront présentes à ce rendez-vous devenu, avec le temps, un moment incontournable du vivre ensemble dans la grande métropole montréalaise. Au cours de cet événement, un hommage sera rendu à des personnalités québécoises et canadienne, de diverses origines et appartenances, ayant en commun de s’être distinguées au cours de l’année écoulée par leur engagement social et politique ou par leurs contributions culturelles ou économiques, au développement et au rayonnement de la société d’accueil, à l’intégration de la communauté des originaires du Maghreb ou au développement des relations bilatérales canado-maghrébines.

Aide-mémoire 16ème anniversaire du Groupe Atlas Média (15ème IFTAR du dialogue) Date : Le vendredi 18 mai 2018 Heure : 20 h Lieu : Salle de réception Le Château Royal, 3500, Boulevard du Souvenir, Laval, QC H7V 1X2

Un espace de dialogue, d’échange et de communication C’est pour moi un grand privilège d’être la présidente d’honneur du 16e anniversaire du Groupe Atlas Média et de la 15e édition de l’Iftar du dialogue. Cette soirée est une célébration du partage, de la diversité et de l’ouverture. Elle nous rappelle qu’en misant sur l’inclusion et le vivre ensemble, nous continuerons à faire du Québec une société prospère, moderne et dynamique. L’heure n’est pas à ériger des murs ou à mettre en place d’arbitraires tests de valeurs; nous devons créer des espaces de dialogues, d’échanges et de communication. Voilà l’une des missions du Groupe Atlas Média. Je tiens, en tant que ministre de la Culture et des Communications, à féliciter et remercier Abdelghani Dades, Rachid Najahi et leur équipe

pour leur dévouement, leur présence constante et leur travail remarquable au cours des 16 dernières années. Je souhaite à toutes et tous une excellente soirée!

Ramadan moubarak! Marie Montpetit Députée de Crémazie Ministre de la Culture et des Communications Ministre responsable de la Protection Et de la Promotion de la Langue Française Présidente d’honneur du 15ème Iftar du Dialogue et de l’intégration

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L’événement

16ème anniversaire du Groupe Atlas Média

Les lauréats de l’édition 2018 Conformément à une tradition désormais bien établie, Atlas media rend hommage à des personnalités québécoises et canadienne, de diverses origines et appartenances, ayant en commun de s’être distinguées par leur engagement social et politique ou par leurs contributions

culturelles ou économiques, au développement et au rayonnement de la société d’accueil, à l’intégration de la communauté des originaires du Maghreb ou au développement des relations bilatérales canado-maghrébines.

Denis Coderre

A-t-on besoin de rappeler le brillant parcours – au demeurant loin d’être achevé - de Denis Coderre? Oui, pour les besoin de la chronique. Oui pour les plus jeunes d’entre nous. Pour ceux qui ne savent peut-être pas que celui qui fut le 44ème maire de Montréal de 2013 à 2017 a aussi représenté le comté de Bourassa au Parlement fédéral de 1997 à 2013 et qu’à Ottawa il ne fut pas seulement un brillant député mais aussi Secrétaire d'état au sport amateur (1999-2002), ministre de la citoyenneté et de l’immigration (2002), Président du conseil privé de

la reine, interlocuteur fédéral pour les métis et les indiens non inscrits, ministre responsable de la francophonie, ministre responsable du bureau du canada sur le règlement des questions des pensionnats autochtones (2003). Mais ce que cette chronologie ne dit pas, c’est cet engagement jamais failli qui a fait de lui une icône du vivre ensemble, raison pour laquelle il est distingué aujourd’hui.

Anie Samson Venue proposer ses services de conseillère en communication au candidat maire Pierre Bourque, la jeune Anie Samson sortira de cette rencontre candidate à la fonction de Conseillère municipale du district Octave-Crémazie. Elle remportera d’ailleurs son élection et siégera de 1994 à 2001 avec au passage une promotion en 1996 : Conseillère associée au bureau du maire, responsable de l’implantation du programme Éco-quartier et de la mobilisation des citoyens. De 2001 - 2005 elle sera Conseillère municipale du district de Jarry – Arrondissement de Villeray–SaintMichel–Parc-Extension; puis de 2007 – 2012 elle occupera la fonction de Leader de l’Opposition officielle à l’Hôtel de Ville. De 2005 à 2017, pendant trois mandats consécutifs,

elle sera Mairesse de l’Arrondissement de VilleraySaint-Michel-Parc-Extension, fonction à laquelle sera jointe (de 2013 à 2017) celle de vice-présidente du comité exécutif et responsable de la sécurité publique et des services aux citoyens. Mais là aussi, ce brillant parcours ne dit pas tout. En particulier ce que Anie Samson a fait pour rapprocher l’administration des administrés et pour humaniser la fonction municipale, pour amener aussi les 183 communautés culturelles qui constituent la mosaïque humaine de l’ Arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension à participer à la vie collective, à s’approprier la chose commune et à exercer tous ses droits à une citoyenneté agissante et épanouissante. En reconnaissance de quoi, elle est distinguée cette année.

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L’événement

16ème anniversaire du Groupe Atlas Média

Les lauréats de l’édition 2018 Conformément à une tradition désormais bien établie, Atlas media rend hommage à des personnalités québécoises et canadienne, de diverses origines et appartenances, ayant en commun de s’être distinguées par leur engagement social et politique ou par leurs contributions

culturelles ou économiques, au développement et au rayonnement de la société d’accueil, à l’intégration de la communauté des originaires du Maghreb ou au développement des relations bilatérales canado-maghrébines.

Khadija Erbib

Arrivée au Québec en 1998, Khadija Erbib a travaillé d'arrachepied pour susciter la participation des personnes issues de l'immigration et favoriser leur intégration à la société Québécoise. 15 années à la Commission Scolaire de Montréal en tant que coordonnatrice des formatrices et formateurs. Elle se spécialise dans les relations interculturelles et accompagne les intervenants et enseignants à la CSDM.

eurs d'intégration, de partage, de mixité culturelle. AIME Québec met de l'avant la culture québécoise par la promotion des activités favorisant le rapprochement interculturel et le vivre-ensemble dans une société plurielle. Quelques réalisations d'AIME Québec : Brunch interculturel, pique-nique, cérémonies de thé, printemps méditerranéen, sorties culturelles, etc.

Elle a souvent été sollicitée pour animer des ateliers dans plusieurs colloques et congrès de 2005 à 2016 : Montréal, Québec, Rimouski, Longueuil. Femme de cœur, généreuse et pleine d'amour pour le Québec, son pays d'adoption, Khadija a créé AIME Québec en 2013. Une association qui reflète ses val-

Elle s'implique activement dans 2 causes qui lui tiennent à cœur : IRIS Immigration comme VicePrésidente et la Fondation Samy Elmaghribi en tant que membre du comité directeur.

Ahmed Malki Dans une vie antérieure, il a été professeur d'art dramatique et de diction journaliste-animateur à la télévision marocaine RTM. Ce qui lui valut d’être sélectionné en 1985 par le Cercle Richelieu à Paris pour figurer dans le dictionnaire biographique de la francophonie.

qu’il donnera sa pleine mesure. Journaliste à RadioCanada du 1er janvier 1990 à 2015, reporter, chef de pupitre et réviseur, il obtient en 1995 Prix Gémeaux du multiculturalisme avec le reportage "Jasmine, parfum de 2 cultures" dans le cadre de l'émission Second Regard.

Il se rendra ensuite en Arabie Saoudite, ou il sera chargé de monter et diriger le téléjournal en langue française (30 minutes) de la deuxième chaîne de télévision saoudienne. Il prendra alors le risque de mettre en ondes la première femme présentatrice à la tv saoudienne, ce qui était une révolution à l'époque.

Auteur de plusieurs reportages sur la communauté musulmane et juive d'origine marocaine, on lui doit notamment "L'imam, le prêtre et le rabin", encore utilisé comme vidéo de référence dans des collèges et universités du Québec

Mais c’est au Canada, où il s’est installé en 1988,

Aujourd'hui à la retraite mais converti dans l'immobiler, il se veut – et est effectivement - avant tout, un humble citoyen du Québec.

Mohamed Ghaya Kadmiri «Cortez» Sa vie, un roman, commence dans une ville mythique – Casablanca – et dans une famille – les Kadmiri – dont certains membres sont partis à la conquête du nouveau monde dès les premières décennies du 18ème siècle. Lui, il attendra 1963 pour traverser l’Atlantique. Tout juste promu Officier des Douanes au Maroc, connu pour ses talents de footballeur (qui lui vaudront son surnom de «Cortez», en référence à un émule portugais de Just Fontaine et Larbi Benbarek auquel il ressemblait beaucoup), il abandonne la perspective d’une double carrière plus que prometteuse pour s’installer à Montréal. Il s’intégrera rapidement et tant et si bien que seulement quatre ans plus tard, il sera l’homme providentiel

de la délégation officielle marocaine et des responsables du pavillon marocain à Expo 67. Il est vrai qu’entretemps il avait commencé une carrière - qui sera longue et brillante – de col blanc à la Ville de Montréal et que son entregent lui ouvrait bien des portes… Et tout cela sans jamais renoncer à ses engagements communautaires qui le verront être de tous les coups, sur tous les fronts associatifs (marocains et maghrébins) à partir de 1968 et jusqu’en 1993. Mais ne croyez surtout pas qu’il est à la retraite depuis. Et d’ailleurs, pourquoi se retirerait-il?, il n’a après tout que 55 ans …de vie montréalaise.

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Vivre ensemble

Traitement des demandes d’accommodements raisonnables

Les «lignes directrices» de la ministre Vallée ne ferment pas la porte aux contestations de la loi 62

Moins de vingt-quatre heures après la publication par la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée des lignes directrices sur le traitement d’une demande d’accommodement religieux, l’avocate Catherine McKenzie envisage la possibilité de demander au tribunal d’invalider une fois pour toutes de larges pans de la loi favorisant le respect de la neutralité religieuse. Mandatées par le Conseil national des musulmans, l’Association canadienne des libertés civiles et la citoyenne Marie-Michelle Lacoste (Warda Naili), Me McKenzie et sa consoeur Olga Redko étaient parvenues il y a cinq mois à convaincre la Cour supérieure de suspendre l’application de l’article 10 de la « loi 62 » prévoyant qu’une personne offrant ou recevant un service public « doit avoir le visage découvert ».

« Si le législateur estime que les accommodements sont nécessaires à l’application de la Loi, alors le législateur doit s’assurer que ces accommodements et les lig-

nes directrices les accompagnant sont à la portée du public au même moment », avait écrit le juge Babak Barin.

Les lignes directrices visant à « guider » les organismes publics dans le traitement de demandes d’accommodement pour un motif religieux, dévoilées par Mme Vallée, ne mettent en effet pas à l’abri la « loi 62 », à commencer par son article 10, d’une contestation en vertu des chartes des droits et libertés. « Mon opinion, c’est que ça ne sauve pas la Loi. Et ça crée d’autres problèmes, notamment un processus qui me semble à première vue onéreux et pas nécessaire », a fait valoir Me McKenzie. Cela dit, elle suivra les « instructions » de ses clients, a-t-elle précisé. Comment «opérationnaliser» les dispositions de la loi? Les employés du secteur public, eux, appréhendent l’entrée en vigueur de l’ensemble des dispositions de la « loi 62 » à compter du

1er juillet prochain.

À Montréal, les employés des bureaux en arrondissement, des bibliothèques, des installations d’Espace pour la vie — Biodôme, Insectarium, Jardin botanique, Planétarium — ainsi que ceux de la Société de transport de Montréal (STM) ne se satisfont pas des lignes directrices édictées par le ministère de la Justice. « Ils attendent des directives plus claires et précises de la part de leur employeur », a indiqué la porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Lisa Djevahirdjian. « C’est à la Ville de dire qu’on doit servir telle personne de telle façon et telle autre personne de telle autre façon », a-telle ajouté. L’équipe de la mairesse Valérie Plante dit de son côté analyser l’« opérationnalisation » des dispositions de la Loi. Au lendemain de l’adoption de la « loi 62 » par l’Assemblée nationale, Mme Plante disait craindre de voir des Montréalais et

des Montréalaises être des « victimes » d’une mesure législative allant « trop loin » : le fruit du « travail bâclé » du gouvernement libéral. Elle s’est abstenue de réitérer ses propos jeudi. « Il y a plusieurs éléments dans ce qui a été annoncé hier, on va prendre le temps d’analyser le tout », a indiqué son attachée de presse, Geneviève Jutras, dans un échange de courriels.

pris l’article 10 prévoyant qu’une personne dispensant ou recevant un service public « doit avoir le visage découvert » ? « Jamais de la vie ! C’est tout le contraire », a lancé le président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Christian Daigle. « On n’en sait pas plus aujourd’hui. Le flou perdure. »

Les agents de l’État québécois ont-ils désormais tout en main pour appliquer la loi favorisant le respect de la neutralité religieuse, y com-

Il tire à boulets rouges sur la procédure de traitement des demandes Suite à la page 9

Ce qu’en pensent les politiciens À compter du 1er juillet, « un répondant en matière d’accommodement » sera désigné dans chaque organisme public. Avant d’accorder un accommodement religieux, il devra notamment s’assurer que « le demandeur croit sincèrement qu’il est obligé de se conformer à une conviction ou une pratique dans le cadre de sa foi » et que l’accommodement demandé n’entre pas en collision avec le droit de toute personne d’être traitée sans discrimination.

Le Parti libéral du Québec a rempli son engagement de favoriser le respect de la neutralité religieuse de l’État québécois, a ainsi pu déclarer le premier ministre Philippe Couillard. « Ça termine le travail qu’on avait promis à la population », a-t-il déclaré, plus d’une décennie après l’éclatement de la prétendue « crise des accommode-

ments raisonnables ».

Mais les lignes directrices édictées par l’auteure de la « loi 62 », Stéphanie Vallée, ont aussitôt été étrillées par les partis d’opposition à l’Assemblée nationale. « dix ans plus tard, on n’a rien entre les mains, encore. (…) Que ce soit toujours sur le dos, les épaules des employés de trouver une réponse aux accommodements, ça me décourage complètement », a dit l’élue péquiste Agnès Maltais, reprochant du même souffle au gouvernement libéral d’avoir « un regard bienveillant envers la montée du religieux dans l’État ». « En élevant les accommodements religieux au statut de loi », l’équipe de Philippe Couillard « fait rentrer davantage de religieux dans l’État », a poursuivi l’élue caquiste Nathalie Roy, tout en promettant de « déchirer » la « loi 62 » au lendemain d’une éventuelle victoire électo-

rale de la CAQ le 1er octobre prochain.

« Détournement du débat public »? Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel NadeauDubois regrettait de voir ses adversaires politiques entrer, une nouvelle fois, dans « la grande danse des accommodements raisonnables ». « D’un côté, on a le Parti libéral du Québec qui est incompétent, qui n’est pas foutu de donner des balises claires même si c’est un débat qui s’éternise depuis dix ans. Et de l’autre, on a le Parti québécois et la Coalition avenir Québec, qui […] tentent de gonfler cette histoire-là et d’en faire une crise nationale pour gagner des points dans l’électorat. C’est de très mauvais augure à l’approche des prochaines élections », a-t-il affirmé à la presse.

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Cela dit, « la population n’est coupable de rien » dans la mise en sourdine d’« enjeux pas mal plus pressants » - les conditions de travail des enseignants, la transition écologique, la parité femme-homme au Conseil des ministres, a-t-il illustré - au profit d’une soi-disant « crise majeure à propos des accommodements raisonnables ». « Les responsables, ce sont ceux qui profitent de chaque cas isolé pour créer une perception d’une crise », a-t-il dit. En 2017-2018, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) a reçu 117 demandes d’accommodement, dont 20 demandes d’accommodement pour motif religieux (17 %). La moitié d’entre elles ont été soumises par des personnes de confession musulmane, trois de confession juive, trois de confession protestante adventiste et

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une de la part d’un témoin de Jéhovah. À titre de comparaison, 63 % des demandes transmises au Service de conseil en accommodement (SCAR) de la CDPDJ invoquent un motif de handicap (47 sur 117) et 3 % un motif de grossesse (4 sur 117). Mais « les questions relatives à l’immigration et à la cohabitation culturelle, lorsque traitées par les médias, auront […] plus de chances d’avoir un impact sur l’ordre du jour public et politique, car elles sont à la fois concrètes, dramatiques et éloignées du quotidien d’une grande partie de la population », soulignait la politologue et sociologue Maryse Potvin dans l’ouvrage Crise des accommodements raisonnables. Une fiction médiatique ? publié dans la foulée des élections générales de 2007.


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Traitement des demandes d’accommodements raisonnables

Les «lignes directrices» de la ministre Vallée ne ferment pas la porte aux contestations de la loi 62 Suite àdela page 8

d’accommodements religieux prévue dans la « loi 62 », qui prévoit notamment que chaque organisme désignera « un répondant en matière d’accommodement ». « Quand vous êtes à Murdochville ou à RouynNoranda, le répondant n’est pas à côté de la personne au comptoir. On ne pourra pas dire aux gens : “Bien, revenez dans trois semaines, j’aurai la réponse à ce moment-là.” Pour quelqu’un qui veut faire son examen de conduite, ça ne fonctionnera pas, ça », a soutenu M. Daigle. Il se demande comment le répondant pourra évaluer que « la demande [est] sérieuse, c’est-à-dire qu’elle est fondée sur une croyance sincère en la nécessité de se conformer à une pratique dans l’exercice de sa foi ou à une conviction religieuse » : l’une des six grandes conditions d’attribution d’un accommodement fixées par le ministère de la Justice. « Comment la personne au bout du fil va juger cela ? » Le SFPQ presse la ministre

de corriger le tir. « Comment doit-on agir dans telle ou telle circonstance ? Qu’est-ce qui peut être demandé et qu’est-ce qui ne peut pas être demandé ? » Le chef du SFPQ craint qu’il incombe, dans les faits, aux agents de l’État de répondre par l’affirmative ou la négative à une demande d’accommodement religieux. Un «guide d’application» réclamé Le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, reproche aussi au gouvernement libéral de « se décharger de ses responsabilités ». Faute de « balises », « ce sera le Far West dans chacun des milieux » à compter du 1er juillet prochain. Le syndicat d’enseignants réclamait un « guide d’application » de la loi favorisant le respect de la neutralité religieuse destiné aux acteurs du réseau de l’éducation, a rappelé M. Mallette. Le gouvernement y expliquerait notamment «

comment l’école publique doit se comporter pour assurer le caractère neutre de l’État lorsqu’on nous fait des demandes d’accommodement ». « Il y aura toujours des cas particuliers. Cela dit, dans le monde de l’éducation, il y a des demandes qui reviennent constamment », a-t-il souligné. La FAE espérait notamment voir le gouvernement dicter aux commissions scolaires comment se « comporter » lorsqu’elles reçoivent des demandes de congé pour des motifs religieux de la part d’enseignants. « Ça crée des tensions dans les milieux de travail », a fait remarquer M. Mallette. À l’instar du SFPQ, la FAE se questionne sur l’évaluation de la « sincérité » de la foi d’un individu, qui constitue une condition sine qua non à l’octroi d’un accommodement. « À l’école, c’est la profondeur de la foi de qui ? De l’enfant ou des parents qui parlent au nom de l’enfant mineur ? » a-t-il demandé.

Communiqué du Collectif Canadien Anti-Islamophobie

Rien d’autre qu’«une crise politico-médiatique» Le Collectif Canadien AntiIslamophobie (CCAI) tient à rappeler que les récentes balises (6 critères) de traitement des demandes d’accommodements pour les motifs religieux doivent être interprétées dans le respect de l’esprit de l’arrêt SimpsonsSears de la Cour suprême du Canada et des décisions des tribunaux canadiens au cours des 30 dernières années. Le CCAI tient, ainsi, à rappeler que

l’obligation d’accommodement raisonnable a toujours eu pour but la protection des besoins spécifiques des minorités (y compris les minorités religieuses) afin d’assurer leur intégration harmonieuse dans le tissu social canadien.

« Il ne faut pas se gêner pour le dire tout haut et le répéter: les lignes directrices servant à traiter les demandes

d’accommodement religieux ont été publiées dans le contexte de la loi sur « la neutralité religieuse de l’État », une loi islamophobe et sexiste qui cible exclusivement les femmes musulmanes portant le hijab par conviction religieuse. On est loin de l’esprit de la loi sur les accommodements raisonnables qui devait servir à lutter contre les différentes discriminations » a affirmé le coordinateur du

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CCAI.

Le Collectif Canadien AntiIslamophobie (CCAI) désire aussi rappeler que ces balises ne sont pas nées d’un besoin spécifique sur le terrain mais de l’instrumentalisation sans scrupules du dossier identitaire par la CAQ, le PQ et certains médias qui souscrivent à leur agenda politique.

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« Ce nouvel épisode dans la saga des accommodements raisonnables confirme ce qui a été conclu il y a dix ans par la Commission Bouchard-Taylor: La crise des accommodements religieux n’est pas une crise sociale mais plutôt une crise politico-médiatique » a ajouté le coordinateur du CCAI.


Politique provinciale

Journal de campagne

Alexandre Taillefer entre en scène

Il sera le président de campagne du Parti Libéral du Québec L’homme d’affaires, membre du Parti québécois (PQ) et ex-membre de la Coalition avenir Québec (CAQ) Alexandre Taillefer sera le président de campagne du Parti libéral du Québec (PLQ) en route vers l’élection d’octobre 2018, en dépit de ses prises de position contraires aux idées du parti et de sa main mise sur deux médias québécois.

Dès la nomination de son amie Isabelle Melançon au poste de ministre de l’Environnement, en octobre 2017, Alexandre Taillefer avait reconnu être en « position délicate », utilisant l’image des « condoms » pour illustrer la prudence dont il devait désormais faire preuve dans ses relations amicales avec l’élue. Mais voilà : ses inquiétudes et ses références aux objets hermétiques ont disparu quand il a confirmé qu’il s’impliquera dans la campagne du PLQ. « Pas du tout, je ne suis pas en conflit d’intérêts. Ce n’est pas un rôle où je suis élu, je ne me présente pas pour être ministre nulle part », a-t-il déclaré devant les media. Alexandre Taillefer a appuyé financièrement JeanFrançois Lisée lors de la

course à la chefferie du PQ, parti dont il est toujours membre. Il a aussi été membre de la CAQ en 2014 et en 2015 et a fait des dons aux partis libéral et conservateur du Canada.

Il est aussi propriétaire des magazines L’actualité et Voir, qui alimentent des sites Web au quotidien. Dans les pages de ce dernier, il a déjà formulé une critique virulente à l’endroit du PLQ. « Est-ce qu’en soutenant Isabelle Melançon, j’endosse de facto les politiques libérales d’austérité, la position hermétique des libéraux envers la hausse du salaire minimum à 15 $ ou leurs compressions en culture ? Bien sûr que non », a-t-il écrit le 8 mai dernier. Éthique et conflits d’intérêts L’opposition a fait ses choux gras des prises de position d’Alexandre Taillefer qui tranchent avec les politiques libérales, à commencer par sa promotion active d’une réforme du mode de scrutin, à laquelle le PLQ a fermé la porte. « En février dernier, il signait une lettre sur la réforme du mode de scrutin. (…) J’ai hâte de le voir en débat avec

la ministre [responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil », a lancé Nathalie Roy, de la CAQ.

La députée péquiste Agnès Maltais a soulevé des questions d’éthique au Salon bleu. « Étant donné qu’il est lobbyiste pour obtenir des subventions, pour obtenir des contrats, comment allezvous réagir ? » a-t-elle demandé. La stratégie a eu tôt fait de se retourner contre elle : Agnès Maltais faisait partie de ces élus péquistes qui défendaient bec et ongles l’intégrité de Pierre Karl Péladeau en dépit des questions soulevées par son double rôle de propriétaire de médias et de candidat, puis d’élu. « Eh mon Dieu ! » lui a répondu le ministre JeanMarc Fournier. « Quand je pense à notre collègue qui s’est tant et tant battue pour quelqu’un d’autre… Je ne commenterai pas ici. » Aux journalistes, le ministre Fournier a exposé la différence entre un rôle au sein du parti et une candidature à un poste électif. « Les gens qui deviennent membres du PLQ, je ne pense pas qu’ils mettent leurs fonds en fiducie sans droit de regard. Il ne

devient pas député, il ne devient pas ministre », a-t-il déclaré à propos de M. Taillefer. À titre de président de campagne, Alexandre Taillefer aura notamment la responsabilité de mobiliser les militants à travers le Québec et pourrait faire office de porteparole. Aura-t-il accès à des informations privilégiées ? « Honnêtement, je ne saispas ce à quoi il va avoir accès. Il va être membre de l’équipe de campagne, il n’est pas membre du gouvernement », a répondu le ministre Fournier. Le premier ministre s’est quant à lui contenté d’un « Ben, vous jugerez », lorsque les journalistes lui ont demandé si Alexandre Taillefer pourrait utiliser ses médias pour influencer la campagne. Au sujet des pris-

es de position de l’homme d’affaires, Philippe Couillard a dit « adorer le fait qu’on ait des opinions diverses dans notre groupe, sur divers sujets ». àLe ministre Pierre Moreau a été plus exigeant. « Il doit prendre toutes les mesures que tous ceux qui s’engagent en politique doivent prendre, c’est-à-dire être prudent et transparent, s’assurer qu’il n’y a pas de situation de conflits ou de situation apparente de conflits d’intérêts », a-t-il déclaré. « Je ne pense pas qu’un mensuel soit en mesure d’avoir une influence sur une campagne qui se déroule sur une base quotidienne, a répliqué Alexandre Taillefer. La qualité des journalistes que l’on a et leur rigueur ne peuvent pas être remises en question. »

Conflit d’intérêt? Ce qu’en dit l’intéressé Alexandre Taillefer dit pour sa part ne voir aucun conflit d’intérêts dans le fait de présider la campagne électorale du Parti libéral (PLQ) et être propriétaire de magazines ainsi que bénéficiaire de l’aide de l’État. Outre le fait qu’il possède les magazines L’Actualité et Voir, M. Taillefer est propriétaire de

l’entreprise Téo Taxi, qui a reçu des fonds publics, et il agit comme lobbyiste. M. Taillefer a assuré n’avoir rien à se reprocher. L’aide financière gouvernementale qu’il a obtenue auparavant venait de programmes normés accessibles à tous. « Pas du tout, je ne suis pas en

conflit d’intérêts. Ce n’est pas un rôle où je suis élu, je ne me présente pas pour être ministre nulle part. Et les programmes auxquels on a eu droit sont des programmes auxquels toute l’industrie a droit. » Quant à ses médias, il a plaidé que ce sont des mensuels et non des quotidiens qui commentent

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l’actualité au jour le jour. De surcroît, il ne s’ingère pas dans le contenu rédactionnel, a-t-il précisé. « On n’est pas du tout dans une situation problématique. Jamais je n’interviens dans les salles de presse. Je ne pense pas qu’un mensuel soit en mesure d’avoir une influence sur une campagne

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électorale qui se déroule au quotidien. » Il a convenu qu’il devra « démontrer une patte blanche absolue », mais il dit arriver « avec un bagage d’intégrité et une réputation qui ne sont pas à faire ».


Politique provinciale

Journal de campagne

La CAQ progresse encore… 84 % des électeurs ne croient pourtant pas aux promesses électorales… Pendant que les appuis de la Coalition avenir Québec (CAQ) se stabilisent, les libéraux enregistrent de nouveaux reculs qui annoncent une campagne électorale difficile, révèle un nouveau sondage. Ainsi, à moins de cinq mois des élections, la CAQ recueille 35 % des intentions de vote. C’est une hausse d’un point depuis avril. Rien de significatif à cet égard, mais cela confirme une tendance détectée en octobre dernier et constante depuis, alors que la CAQ se maintient toujours autour du même niveau d’appui. Un point de plus pour la CAQ depuis le mois d’avril Derrière, les libéraux essuient ce mois-ci un recul de trois points qui les ramène au creux de 26 % déjà enregistré en mars. Cela veut donc dire que l’écart entre les libéraux et les caquistes est actuellement de neuf points en faveur de la CAQ, alors qu’il était de cinq points en avril. « C’est une variation significative et importante », estime Christian Bourque, vice-président de la firme de sondage. Tant le Parti québécois (PQ, 22 %) que Québec solidaire (QS, 10 %) voient leurs appuis stagner (une hausse d’un point dans chaque cas). « Le PQ est dans le même intervalle depuis un an, note M. Bourque. C’est le plancher et le plafond à la fois. » Chez les francophones, les appuis restent également aux mêmes niveaux : 41 % pour

la CAQ, 16 % pour les libéraux et 26 % pour le PQ. Avec ces données, les sondeurs estiment que la CAQ est au seuil d’un gouvernement majoritaire.

Mais au-delà des seuls chiffres d’intentions de vote, le message de ce sondage se révèle plus clairement dans d’autres indicateurs, peu favorables aux troupes du premier ministre Couillard. Il y a un mois, 27 % des répondants croyaient que les libéraux allaient gagner les élections : ils sont aujourd’hui 22 % à croire la même chose, contre 37 % qui pensent que c’est la CAQ qui va lever les bras en signe de victoire le 1er octobre. L’insatisfaction à l’égard du gouvernement est en hausse de trois points, pour s’établir à 69 %. Un même pourcentage de répondants dit souhaiter un changement de gouvernement, alors que seulement 14 % veulent continuer avec l’équipe en place. On trouve même un sympathisant libéral sur cinq (21 %) qui souhaite un changement de gouvernement… Volonté de changement Cette volonté de nouveauté profite à la CAQ. Trois répondants sur dix estiment que c’est le parti qui incarne le plus le changement. QS arrive deuxième dans cette catégorie. àAutre indicateur intéressant pour les caquistes et François Legault : la CAQ serait le plus grand bénéficiaire d’un changement d’opinion chez les électeurs péquistes ou libéraux (le « deuxième choix

»).

« Ça augure bien pour la CAQ », croit Christian Bourque en regardant ces chiffres. D’autant que la CAQ semble avoir ravi aux libéraux le titre du parti qui est présumé champion de l’économie et de l’emploi. Les répondants avaient ainsi à dire quel parti, à leur avis, serait « le meilleur » pour s’occuper d’une trentaine de dossiers. C’est la CAQ qui domine — et de loin — dans toutes les questions économiques : meilleur parti pour gérer les finances publiques, pour baisser les taxes et les impôts, pour aider les entrepreneurs et la création d’entreprises, pour stimuler le développement économique régional… Les libéraux ne se démarquent nulle part parmi ces 30 dossiers — tout au plus arrivent-ils à égalité avec la CAQ pour « atteindre un surplus budgétaire » et avec le PQ pour « faire rayonner le Québec à l’étranger ». Le PQ, d’ailleurs, conserve le pôle en matière de promotion de la culture québécoise, de protection de la langue française et de francisation des immigrants. « Qu’est-ce qui a changé depuis un mois pour les libéraux ? se demande Christian Bourque. Je crois que les départs des dernières semaines [plusieurs ministres ont indiqué qu’ils quitteront la vie politique, dont deux piliers du gouvernement Couillard] commencent à peser lourd. » « C’est signe que ça ne va pas

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super bien quand l’équipage part. C’est comme si les libéraux envoyaient le message d’une défaite appréhendée. » Rien n’est toutefois joué, ajoute-t-il. Il reste de longs mois avant les élections, et on a vu à plusieurs reprises dans les dernières années qu’une campagne électorale peut renverser des tendances (au fédéral en 2011, au provincial en 2014 et à Montréal en 2017). Le sondage montre quant à lui que la moitié des répondants pourraient encore changer d’idée. « Il risque d’y avoir encore du mouvement », prévoit M. Bourque.

population a une piètre opinion des politiciens. Quelque 45 % des répondants considèrent en effet que les politiciens sont « plutôt corrompus », alors que 35 % estiment qu’ils sont « plutôt intègres ». Ils sont 55 % à penser que les politiciens sont « plutôt menteurs », alors que 29 % les jugent « plutôt honnêtes ». Autre indicateur peu flatteur : 57 % des répondants considèrent que les politiciens pensent davantage à leurs intérêts personnels plutôt qu’au bien de la collectivité (24 %), ce qui est pourtant le fondement de l’action politique.

Le sondage a été réalisé en ligne du 4 au 8 mai auprès de 1018 personnes. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20.

N’empêche que la moitié des répondants (52 %) leur accordent qu’ils « travaillent fort » (le quart pensent toutefois le contraire).

Une piètre opinion des politiciens…

Une dernière donnée avant de se lancer dans la campagne : 84 % des répondants ne croient pas aux promesses électorales…

À l’heure où les partis politiques sont en pleine campagne de recrutement de candidats, des données du sondage montrent à quel point la

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Politique provinciale

Journal de campagne

Québec solidaire : Manon Massé Première ministre La députée Manon Massé est officiellement devenue, candidate au poste de première ministre, advenant la victoire de Québec solidaire aux prochaines élections. Les militants du parti, réunis en conseil général, doivent également discuter du partage des pouvoirs avec l'éventuel vice-premier ministre, Gabriel NadeauDubois.

Réunis à Québec, les militants solidaires ont entériné le choix de Mme Massé à 98 % lors d'un vote qui n'était qu'une simple formalité. Une situation «très hypothétique» Les membres du parti sont toutefois conscients qu'une victoire du parti aux élections générales demeure « très hypothétique ». Si cela se produisait, toutefois, Mme Massé serait première ministre et s'occuperait de l'action gouvernementale, tandis que son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois deviendrait vice-premier ministre et se

chargerait des travaux parlementaires et du menu législatif.

La discussion sur le partage des pouvoirs entre Mme Massé et M. Nadeau-Dubois se tiendra à huis clos. Le rassemblement des instances nationales de QS est le dernier avant les élections du 1er octobre prochain. Les délégués seront appelés à finaliser la préparation électorale, en plus de discuter des dossiers prioritaires pour Québec solidaire, dont la transition énergétique. Gabriel Nadeau-Dubois positionne QS non pas « comme un parti de changement, mais comme un parti de rupture du système actuel, avec des propositions inédites ».

s'est rendue au conseil.

Arrivée en fauteuil roulant, elle s'est ensuite munie de béquilles pour se lever. La députée de SainteMarie-Saint-Jacques s'est fracturé un fémur, et malgré la gravité de cette blessure, elle espère retourner à l'Assemblée nationale avant la fin de la session. En entrevue à La Presse canadienne, Mme Massé dit ne pas s'inquiéter des sondages qui ne donnent qu'entre 8 et 10 % des intentions de vote des Québécois à Québec solidaire. Elle reste convaincue que la force des idées de son parti et l'implication de plus en plus grande des jeunes au sein de QS feront mentir les enquêtes d'opinion.

Manon Massé, même en fauteuil roulant…

Manon Massé admet toutefois qu'elle serait déçue si sa formation n'augmentait pas ses appuis aux prochaines élections.

Même si elle est en réadaptation après un sérieux accident de ski, Manon Massé

À savoir si les départs des cofondateurs de Québec solidaire, Françoise David et

Amir Khadir, pourraient avoir des répercussions négatives sur le parti, Mme Massé souligne que ces deux « piliers » continueront d'appuyer la formation et de s'y impliquer, même s'ils ne feront plus de la politique active.

tants rassemblés à Montréal sont apparus divisés, samedi.

Divisions environnementales

La possibilité d'ajuster cette cible à la baisse a entraîné de vifs échanges entre les militants. Finalement, les deux tiers des gens présents ont accepté de ramener l'objectif à 45 % de réduction d'ici 2030.

Dans le cadre des discussions sur les cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) d'un éventuel gouvernement solidaire, les mili-

Si certains appellent à une réduction de 67 % des émissions de GES d'ici l'an 2030, un rapport récemment publié indique que cet objectif serait irréaliste.

Entre utopie et pragmatisme Les débats au conseil national de Québec solidaire ont illustré la position dans laquelle se trouve le parti : assis entre deux chaises, entre l'utopie des premières propositions et le pragmatisme d'un programme crédible.

Dans le registre utopique, du moins à moyen terme, il y a eu le débat sur le partage des pouvoirs entre Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois dans un (hypothétique) gouvernement solidaire. Dans le registre pragmatique, il y a eu la décision de baisser l'objectif de réduction de gaz à effet de serre. Nous ne sommes pas à une surprise près en politique. Et par les temps qui courent, nos certitudes volent en éclat. Si Marguerite Blais peut passer à la Coalition avenir Québec et Alexandre

Taillefer peut saluer les idées progressistes du Parti libéral actuel, tout est possible.

Mais une victoire de Québec solidaire aux prochaines élections semble bien utopique. Le débat sur le partage des pouvoirs entre Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois l’est donc tout autant. D’accord, il faut prévoir le coup, mais la réalité est que les chances de voir Québec solidaire former le prochain gouvernement sont extrêmement minces. On ne fonde pas un parti politique pour organiser des épluchettes de blé d'Inde, on fonde un parti politique parce qu’on souhaite être au gouvernement. Bien sûr, il y a une pente à remonter, on est très lucides et réalistes.Gabriel Nadeau-Dubois

Voilà dans la bouche de Gabriel Nadeau-Dubois la véritable réalité. L’objectif de QS, c’est la croissance, c’est-à-dire faire élire plus que trois députés et montrer que le parti n’est pas que montréalais. Le député de Gouin évoque les circonscriptions de Taschereau (à Québec), Sherbrooke et Rouyn Noranda comme possibles conquêtes aux élections. Il ajoute les circonscriptions montréalaises de Rosemont et Laurier-Dorion. Vous voulez savoir où QS pense avoir des chances? Surveillez les endroits où le parti tient des rassemblements partisans. Des événements ont déjà eu lieu à Québec et à Sherbrooke. Une dose de pragmatisme

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Pour y arriver, le programme de QS a toutefois besoin d’une injection de pragmatisme. Des idées évoquées ces dernières années donnent des munitions à ses adversaires : interdire les lock-out, limiter la rémunération des cadres d’entreprises privées, sans oublier la tentative de débat sur l’utilisation du mot « patriarcat ». Les militants sont capables, ils l’ont démontré en fin de semaine. Ils ont abaissé leur cible de réduction de gaz à effet de serre de 67 % à 45 % d’ici 2030, ce qui reste très ambitieux. La cible initiale avait été jugée irréaliste par des experts mandatés par le parti. On a bien entendu des commen-

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taires du genre « les experts ont des biais idéologiques, il faut pas se laisser influencer » ou encore, si on accepte de revoir la norme à la baisse « les gens vont penser que c’est imposé par le Politburo (le surnom donné au comité de coordination de QS) ». Mais, on a aussi entendu quelqu’un dire « on s’est trompé (sur la cible de 67 %) on peut se réorienter ». Comme le dit Gabriel NadeauDubois, les valeurs de Québec solidaire sont connues. S’il veut un jour aspirer sérieusement au pouvoir, le parti doit les transformer en propositions concrètes... et réalisables.


Argent

Une politique systématique de surfacturation?...

2,5 milliards de «trop-versés» à Hydro-Québec La vérificatrice générale du Québec consacre un long chapitre à Hydro-Québec dans son rapport récemment déposé. Elle chiffre à 2,5 milliards les montants payés en trop entre 2009 et 2016 pour des programmes de développement économique régional du gouvernement. Sur les éléments contrôlés par la société d’État, Guylaine Leclerc revient sur ces écarts de rendement maintes fois décriés, qui atteignent au total 1,5 milliard sur la période 20052017. Il n’y a eu que deux années de manque à gagner au cours de cette période de 13 ans. La récurrence est donc devenue la norme et compte, en moyenne, pour 18 % du bénéfice net réglementé autorisé, nous dit la vérificatrice.

Hydro-Québec se défend de mener une politique systématique de surfacturation. L’an dernier, elle diffusait un communiqué dans lequel elle reliait les écarts de rendement à une amélioration de sa productivité, au bon contrôle de ses coûts et à des écarts de prévision. Or dans sa décision tarifaire d’avril

2017, la Régie de l’énergie n’avait pas manqué d’indiquer en gras que « le Distributeur sous-estime historiquement sa capacité à réaliser des gains d’efficience dans sa gestion, ses processus d’affaires et ses activités, conduisant ainsi à une surestimation annuelle de ses charges, qu’elles soient par abonnement, par kilowattheure ou par kilomètre de réseau ». Et Guylaine Leclerc en rajoute. Dans le segment Transporteur, le coût moyen réel de la dette « s’est globalement avéré inférieur au coût moyen autorisé depuis 2005 ». Aussi, dans l’exercice de comparaison avec Hydro One et BC Hydro, elle note que ces dernières n’ont pas affiché de « trop-perçus » de 2012 à 2016. Sous-estimation et surfacturation On ne peut que saluer la capacité de la direction d’Hydro de maintenir la hausse de ses coûts sous le niveau de l’inflation. Les

primes de 24 millions versées aux salariés et cadres l’an dernier, soit une hausse moyenne de 7 % qui atteint les 17 % pour les cadres de la direction et de la haute direction viennent, d’ailleurs, reconnaître cette efficacité. Mais à trop jongler entre la sous-estimation et la surfacturation…

Au demeurant, « les Québécois bénéficient des écarts de rendement grâce au dividende qu’HydroQuébec remet annuellement au gouvernement », ajoute l’institution. Sur les excédents de 1,5 milliard, 1,1 milliard a été remis à l’actionnaire sous forme de dividende, a souligné la vérificatrice. Hydro en a conservé grosso modo le quart. Que dire du mécanisme de partage des écarts de rendement devant s’appliquer à partir de 2014 ? Il a été suspendu par Québec le temps d’atteindre l’équilibre budgétaire. Mme Leclerc calcule qu’Hydro a pu ainsi réaliser des bénéfices supplémentaires de 178 millions et verser des dividendes additionnels de 134 millions. À l’inverse, si le mécanisme

de redistribution à la clientèle, sous forme de réduction des tarifs futurs, avait été appliqué, les abonnés auraient eu droit à une diminution de 0,3 % des tarifs en 2016, plutôt qu’une hausse de 0,7 %. Ce mécanisme doit s’appliquer sur les résultats financiers de 2017. Là aussi Hydro va en conserver. Des 90 millions affichés, la moitié sera comptabilisée lors de l’établissement des tarifs pour l’année 2019. Le modèle prévoit que les excédents sont partagés entre les clients et le distributeur lors de l’établissement des tarifs sur une base 50-50 au-delà

d’un rendement autorisé de 8,2 %, sur une base 75-25 au-delà d’un rendement de 9,2 %. Mais la vérificatrice générale d’indiquer que le tarif d’électricité moyen est de 49 % plus élevé pour BC Hydro et de 79 % plus élevé chez Hydro One ; que la hausse moyenne annuelle du prix de l’électricité de 2002 à 2017 a été de 1,4 % au Québec contre 3,7 % en Ontario et 4,6 % en Colombie-Britannique ; que le taux de rendement sur les capitaux propres présumés des divisions réglementées d’Hydro est le plus faible des taux autorisés

… et une hausse de bénéfice de 1,644 milliard $! Hydro-Québec a réalisé la meilleure performance de son histoire dans un contexte de températures normales au premier trimestre de 2018, rapportant un bénéfice net de 1,644 milliard $.

Il s'agit d'une hausse de 101 millions $ comparativement aux profits de 1,543 milliard $ enregistrés durant la même période de 2017.

Il s’agit seulement de la troisième fois que le bénéfice net dépasse la barre du 1,6 milliard $ pour les trois premiers mois de l’exercice, mais les deux autres années où ce cap avait été franchi, soit en 2014 et en 2015, le Québec avait connu des hivers exceptionnellement rigoureux.

Une part de l'augmentation est attribuable aux exportations nettes d’électricité d’Hydro-Québec Production, qui ont crû de 15 millions $ pour s’établir à 486 millions $, en raison notamment d’une hausse des prix du marché. La division a maintenu son volume d’exportation à un niveau élevé, soit à 9,8 TWh, légèrement en deçà du sommet historique de 10,1 TWh atteint à

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la même période l’an dernier.

Sur le marché du Québec, les approvisionnements en électricité fournis par Hydro-Québec Production à Hydro-Québec Distribution ont progressé de 52 millions $ par rapport à la période correspondante de 2017. Cette augmentation est principalement attribuable à une

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demande plus forte que l'an dernier en période de pointe, les températures ayant été plus douces en 2017. En fait, les températures se sont maintenues près des normales durant les trois premiers mois de l'année, alors qu'elles étaient plus douces l'an dernier.


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Solidarité

Services éducatifs et soutien aux familles

35,7 millions de dollars pour les organismes communautaires Pour que toutes les familles du Québec puissent accompagner leurs enfants vers la réussite éducative, le gouvernement du Québec investit une somme de 35,7 millions de dollars dans le but notamment de pérenniser la hausse du financement des organismes communautaires Famille. Le ministre de la Famille, M. Luc Fortin, a fait cette annonce le 14 mai 2018 à l’occasion du premier Sommet de la famille, qui se tient à Saint-Hyacinthe. Cet investissement, qui servira à financer cinq mesures concrètes de la Stratégie 0-8 ans, Tout pour nos enfants, se décline comme suit : · 30 millions de dollars pour la pérennisation du financement des organismes communautaires Famille et des organismes offrant des activités de halte-garderie communautaires, à hauteur de 10 millions par année entre 2019-2020 et 2021-2022. · 5,7 millions de dollars sur quatre ans investis pour : o sensibiliser les parents d’enfants de 3 à 5 ans à l’importance de faire subir à ces derniers un examen de la vue avant leur entrée scolaire; o faciliter et soutenir la participation des parents, en particulier ceux qui

sont dans une situation de vulnérabilité ou qui sont issus de l’immigration, dans la réussite de leurs enfants. Il pourrait s’agir de financer, par exemple, des services d’accompagnement ou de traduction lors de certaines activités. o élaborer un document d’information et développer, en deux phases, une carte Web interactive permettant la géolocalisation de l’ensemble des services offerts aux familles. La première phase étant terminée, une première carte interactive est accessible dès maintenant. · Un mécanisme de concertation national pour assurer la cohérence des actions éducatives auprès des enfants de 0 à 8 ans sera créé. Le budget 2018-2019 prévoit également de bonifier l’aide accordée aux organismes communautaires Famille qui recevront 3,4 millions de dollars répartis sur les cinq prochaines années. Ces sommes additionnelles permettront notamment aux organismes d’assumer les coûts de croissance, dont ceux liés aux hausses prévues du salaire minimum. 45 millions$ pour favoriser le développement des enfants Depuis 2009, le gouvernement du

Faits saillants Le 6 mars 2017, le ministre de la Famille de l’époque, M. Sébastien Proulx, annonçait un financement ponctuel de 20 millions de dollars pour deux ans pour les organismes communautaires Famille. · Cette aide financière s’inscrit

dans l’objectif Accompagner les parents et favoriser la mobilisation et la concertation des acteurs, énoncé dans la Stratégie relative aux services éducatifs offerts aux enfants de 0 à 8 ans, Tout pour nos enfants.

Québec et la Fondation Lucie et André Chagnon unissent leurs efforts pour soutenir des initiatives de mobilisation des communautés locales pour le développement des jeunes enfants. Ce partenariat doit toutefois prendre fin en 2020. C’est pourquoi le budget 2018-2019 prévoit 45 millions de dollars pour assurer ce soutien dans toutes les régions du Québec. Une somme de 15 millions par année sera versée à partir de 2020-2021 jusqu’en 20222023. Cet effort selon M. Luc Fortin, ministre de la Famille, est une recon-

· Organisé par le Réseau pour un Québec Famille, le Sommet de la famille réunit, le 14 mai, différents organismes engagés en faveur du mieux-être des familles du Québec. · La Table des partenaires des

naissance du fait que « Les organismes communautaires Famille et les haltes-garderies communautaires participent activement au mieuxêtre et à l’épanouissement des familles dans toutes les régions du Québec. Je suis donc très heureux d’annoncer aujourd’hui, conformément à leur demande, une pérennisation de leur budget de fonctionnement. En appuyant davantage la mission de ces organismes, nous pourrons mieux soutenir les parents qui en ont besoin, pour que tous les enfants aient les mêmes chances de se développer et de réussir. »

organismes Famille, qui regroupe la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF), l’Association des haltes-garderies communautaires du Québec (AHGCQ), la Fédération des associations de familles mono-

parentales et recomposées du Québec (FAFMRQ) et la Confédération des organismes familiaux du Québec (COFAQ), sera consultée sur les modalités de répartition des 30 millions de dollars supplémentaires prévus à la Stratégie 0-8 ans.

Des aînés québécois de plus en plus endettés Selon les données compilées par la chercheuse Ève-Lyne Couturier, les aînés sont plus nombreux qu'avant à contracter des dettes et les sommes qu'ils empruntent sont de plus en plus élevées. « Entre 1999 et 2015, [leur dette moyenne] a connu une hausse en dollars constants de 76 %, passant d'un montant moyen d'environ 30 000 $ à près de 55 000 $, constate-t-elle. Cette situation est assez intenable pour les retraités qui ne peuvent diversifier leurs sources de revenus aussi facilement qu'une personne encore présente sur le marché du

travail. » De fait, c'est chez les aînés qu'on a observé la croissance la plus importante du nombre de faillites l'an dernier, note l'étude. En cinq ans, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans à faire faillite a bondi de 20 %. L'IRIS constate aussi d'importantes disparités dans les revenus engrangés par les aînés, selon qu'ils aient accès ou non à un régime de retraite complémentaire offert par leur employeur. Ceux qui doivent se contenter

des prestations de la Sécurité de la vieillesse, du Régime de rentes du Québec (RRQ) ainsi que des crédits d'impôt de base reçoivent suffisamment d'argent pour combler leurs besoins élémentaires, mais pas nécessairement assez pour espérer vivre dans la dignité. Les nouveaux instruments mis en place par le gouvernement québécois pour favoriser l'épargne-retraite s'avèrent insuffisants. En 2014, Québec instituait le Régime volontaire d'épargneretraite pour permettre aux tra-

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vailleurs qui ne disposent pas d'un régime offert par l'employeur d'avoir accès à une rente. Or, trois ans plus tard, seuls 3,5 % de la population visée avait choisi d'adhérer à ce nouveau régime. Afin de pallier la faiblesse des prestations qu'ils reçoivent, bien des retraités choisissent plutôt de demeurer actifs sur le marché du travail. Mais ironiquement, ce sont souvent aux retraités recevant déjà des prestations de régimes privés à qui l'on offre les postes les plus intéressants. Ainsi, constate l'étude, « ce sont

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majoritairement les travailleuses et les travailleurs âgés ayant des diplômes postsecondaires qui se trouvent un emploi après la retraite ». Ces personnes sont aussi généralement celles qui sont le plus en santé. L'étude souligne que la réforme du RRQ annoncée récemment visant à bonifier les prestations « est un pas dans la bonne direction » et se conclut par un appel à améliorer les politiques publiques de façon à garantir aux aînés un meilleur niveau de vie.


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Initiatives

Colonies de vacances au profit des enfants marocains

Avis à toute personne intéressée

Deux Universités d’Été au Maroc

Il est porté à l’aimable attention des membres de la communauté marocaine installés au Canada que le Ministère Délégué auprès du Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale Chargé des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration, organise la 10ème édition du ‘‘programme des colonies de vacances’’ destiné aux jeunes marocains âgés, entre 9 et 13 ans. Le programme de cette année, qui aura lieu du 1er juillet à la fin août 2018 et qui s’étalera sur deux étapes, comprendra des activités culturelles, artistiques et sportives.

Le Consulat Général du Royaume du Maroc à Montréal a le plaisir d’informer la communauté marocaine établie au Canada que le Ministère Délégué auprès du Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Chargé des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration, organise en collaboration avec les universités Abdelmalek Saadi à Tétouan et Ibn Zohr à Agadir, deux Universités d’été, du 14 au 23 juillet 2018, au profit de 200 étudiants et étudiantes marocains résidant à l’étranger, âgés entre

Les candidats désirant participer aux colonies de cette année doivent remplir les conditions suivantes :

18 et 25 ans. Tout candidat intéressé par cet événement culturel est invité à accéder au site web dudit Ministère par le biais du lien électronique cité, ci-dessous, afin de télécharger le formulaire de participation et de s’enquérir des conditions d’admission et des documents requis : www.marocainsdumonde.gov.ma La date limite de dépôt des dossiers de candidature est le 25 mai 2018.

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* être âgé entre 9 et 13 ans (la tranche d’âge éligible de participer aux colonies de vacances devra être comprise entre 31/08/2015 et 01/07/2009), * avoir un bon niveau scolaire (relevé de notes à joindre), * être apte physiquement, * n’avoir jamais bénéficié de ce pro-

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gramme, * Être immatriculé au Consulat Général à Montréal. La date limite de dépôt des dossiers au Consulat est fixée au 7 juin 2018 et que le quota réservé à ce poste est de10 enfants. Pour plus d’informations, les parents sont priés de bien vouloir consulter le site web du Ministère Délégué auprès du Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Chargé des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration, via le lien électronique ci-après: www.marocainsdumonde.gov.ma N.B : Il est à souligner que les participants seront avisés du lieu et de la période réservés au Canada, dès réception.


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Projets

Modernisation de l’hôtel de ville de Montréal

On parle maintenant d’une facture de 140 millions de dollars… … et le chiffre pourrait continuer de grimper L'édifice historique de l'hôtel de ville de Montréal va fermer ses portes au printemps 2019. Sa réouverture est prévue pour l'été 2022.

D'importants travaux visant à remettre aux normes le bâtiment et à le « moderniser » sont prévus. De nombreux travaux de mise aux normes et de restauration patrimoniale sont au programme. La Ville compte notamment rendre cet édifice plus lumineux. Une facture de 140 millions de dollars est évoquée alors que l’ensemble de ces rénovations avait été estimé à 72 millions de dollars, selon le dernier Programme triennal d’immobilisations. Cependant, afin d’optimiser la fonctionnalité du bâtiment et d’obtenir une certification LEED, la facture est estimée à ce jour à 116,4 millions. Une incertitude demeure et d’autres analyses sont en cours, a précisé la Ville. Le coût final pourrait grimper jusqu’à près de 140 millions, afin d'offrir « de très hauts standards en matière de développement durable », a mentionné l'administration.

Une hausse des coûts

Ce chiffre n'a cessé de grimper depuis quelques années. En 2015, on parlait d'une facture de 30 millions. Deux ans plus tard, une somme globale d'environ 88 millions avait été évoquée. En raison de la désuétude des lieux qui s'aggraverait, ce chantier est primordial, a expliqué vendredi Benoit Dorais, le président du comité exécutif. « Ces travaux vont permettre de préserver la valeur immobilière de l'hôtel de ville et sa valeur patrimoniale », a-t-il ajouté, en précisant que les fenêtres actuelles souffrent d'un manque d'étanchéité et qu'elles seront toutes remplacées. Réfection complète Les réseaux de chauffage, de ventilation et de climatisation seront rénovés, tout comme le toit, les ascenseurs, les réseaux électriques, informatiques et la plomberie. Toute la tuyauterie sera remplacée et des douches et des vestiaires seront ajoutés. « On ne peut même pas brancher [actuellement] deux affaires sim-

ples sur une prise, ça peut sauter , a précisé M. Dorais. Il fait froid, les plafonds sont hauts. Plusieurs personnes ont même des chaufferettes. » Le bâtiment sera également désamianté et la moisissure sera enlevée.

Le marbre, la boiserie, le bronze, le revêtement de sol et la peinture seront revus, tout comme le célèbre balcon qui a accueilli le général de Gaulle en 1967. Le célèbre balcon ouvert aux visiteurs Il sera par ailleurs possible, dès 2022, de visiter ce balcon au cours de visites organisées, a précisé M. Dorais. Jusqu'à présent, seuls les élus et quelques dignitaires qui en faisaient la demande pouvaient y accéder. « Les Montréalais veulent s'approprier ce moment de l'histoire, a souligné M. Dorais. Ce dernier a également mentionné que ces rénovations permettront aux citoyens « de vivre une autre expérience » de cet édifice situé au cœur du Vieux-Montréal.

Des murs seront enlevés afin d'agrandir le hall d'entrée et davantage d'expositions y seront proposées. Les visiteurs pourront aussi « redécouvrir des éléments architecturaux et patrimoniaux qui ont été enterrés avec le temps », a avancé M. Dorais. Déménagement des élus Pendant les travaux, les élus et les fonctionnaires vont déménager à l’édifice Lucien-Saulnier, voisin de l'hôtel de ville actuel. Des travaux estimés à 9,5 millions sont d'ailleurs en cours pour adapter ce

bâtiment, qui était occupé ces dernières années par le service municipal des finances. Les archives seront également relocalisées durant la durée des travaux. Lieu historique national, l’hôtel de ville de Montréal a ouvert ses portes en 1878. Un incendie a ravagé l’édifice en 1922, entraînant la reconstruction du bâtiment entre 1923 et 1926.

Huit millions de dollars pour préparer l'«hôtel de ville temporaire» L'administration municipale de Montréal vient d'entreprendre d'importants travaux de mise à jour de l'édifice patrimonial Lucien-Saulnier, situé juste à côté de l'hôtel de ville. Ces travaux, évalués à plus de huit millions de dollars, sont rendus nécessaires en vue du déménagement, l'an prochain, de l'actuel hôtel de ville, qui sera rénové de fond en comble. « Ce n'est pas un luxe, ce n'est pas une lubie, c'est une nécessité, explique François Limoges, leader de la majorité à l'Hôtel de Ville de Montréal. Le bâtiment est désuet. » La rénovation complète de l'intérieur du bâtiment commencera en 2019. Les travaux coûteront plusieurs dizaines de millions de dollars. L'hôtel de ville sera fermé pendant près de trois ans au total. Pendant cette période, l'administration municipale sera déplacée juste à côté, dans

l'édifice Lucien-Saulnier, un immeuble patrimonial construit en 1856, qui a hébergé tour à tour le palais de justice de Montréal, un poste de police et, tout récemment, le service des finances de la Ville. « On fait des travaux pour déménager l'entièreté de l'hôtel de ville : l'administration, la mairesse, les élus, le conseil municipal et 200 employés », énumère François Limoges. Les travaux de préparation de ce futur « hôtel de ville temporaire », évalués à 8,3 millions de dollars, viennent de commencer et doivent durer un an. « Et dans un an, on prévoit deux mois de déménagement, précise M. Limoges. Donc au début de l'été 2019, l'administration municipale déménage dans l'édifice ici, et les grands travaux de l'hôtel de ville peuvent commencer pendant trois ans. » Des équivalents seront créés pour

chaque pièce de l'hôtel de ville. On aménagera ainsi une nouvelle salle Peter-McGill pour le comité exécutif, un salon Maisonneuve pour les réceptions, un hall d'honneur, etc. La configuration actuelle de l'édifice Lucien-Saulnier présentera bien sûr un défi d'aménagement, convient François Limoges, mais rien d'infaisable. L'éclairage, par exemple, sera refait, mais pour des raisons d'économie, il n'y aura pas de climatisation. En principe, le retour des employés et élus à l'hôtel de ville est prévu à l'automne 2021, soit un peu avant ou après la prochaine élection municipale. Presque 150 ans d'existence L'hôtel de ville de Montréal a été inauguré en 1878 après quatre ans de construction.

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En septembre 2017, la Ville estimait que la rénovation complète de l'actuel hôtel de ville coûterait plus de 87 millions de dollars, mais ce montant pourrait être revu, puisque l'administration dévoilera sous peu d'autres

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détails sur ce projet. À l'origine, l'hôtel de ville devait déménager temporairement au début de 2018, mais le projet a été reporté d'un an.


Emploi

Afin que la pénurie de main-d’œuvre cesse de mettre en péril la croissance des entreprises

Les immigrants à la rescousse des régions? Des travailleurs temporaires recrutés par des entreprises d'Abitibi à la « petite séduction » que mènent des entreprises pour attirer des immigrants en région, la pénurie de main-d'oeuvre force le Québec à revoir ses priorités. L'immigration serait-elle la solution? Tous les matins, Eric Beaupré fait le tour de son usine, l’occasion de faire le point avec ses travailleurs, afin de tâter le pouls des activités. Ces temps-ci, le pdg de Technosub le concède, les nuits blanches sont nombreuses. Il manque de travailleurs. « C’est devenu critique pour nos opérations. Vous l’avez vu, [les commandes], ça rentre, ça rentre, ça rentre et nos délais, on les respecte moins », confie-t-il. Entre les travailleurs qui prennent leur retraite et ceux qui sont débauchés par des minières qui offrent des salaires avec lesquelles une plus petite entreprise ne peut pas concurrencer, Technosub est à bout de souffle. L’entreprise de pompes submersibles n’est pas la seule, l’AbitibiTémiscamingue frôle le plein emploi. Le taux de chômage est d’à peine 5,1 %, 13 500 emplois devront être comblés d’ici 2020. Le constat est clair : la pénurie de main-d’oeuvre met en péril la croissance de nombreuses entreprises. « On est obligé des fois de refuser des projets. C’est dommage qu’une entreprise soit freinée par un manque de main-d’œuvre », concède Éric Beaupré. Recruter à l’autre bout du monde Aux grands maux les grands remèdes, Technosub a décidé de se tourner vers le recrutement de travailleurs étrangers temporaires. «On n’a pas le choix, c’est notre survie qui en dépend» justifie Éric

Beaupré, pdg de l’entreprise. Au cours des prochaines semaines, une soixantaine de machinistes et mécaniciens philippins sont attendus à RouynNoranda au sein d’une dizaine d’entreprises. Le pari est simple. Ces travailleurs sont hautement qualifiés, forts de leur expérience dans l’industrie manufacturière philippine, qui alimente entre autres l’industrie automobile japonaise. À la recherche de meilleurs salaires pour faire vivre leur famille, ces hommes viendront s’établir au Canada pendant trois ans. « On espère ensuite qu’ils vont rester, mais juste le fait qu’ils restent trois ans, on salive », précise Éric Beaupré. Mais l’embauche de travailleurs étrangers temporaires comporte son lot de risques. Le processus est très coûteux, jusqu’à 17 000 $ par travailleur. C’est sans compter les délais de plusieurs mois avant leur arrivée, les coûts pour leur apprendre le français, espérer, surtout, assurer leur intégration au sein de l’entreprise et la communauté. Une solution ponctuelle, mais qui ne règle pas le fond du problème de la pénurie de main-d’œuvre dans les régions comme l’Abitibi. L’immigration à la rescousse L’Abitibi-Témiscamingue n’est pas la seule région aux prises avec un grave problème de maind’œuvre. Chaudière-Appalaches, la Montérégie, l’Estrie ont des problèmes encore plus criants. En pleine bataille partisane sur les seuils d’immigration avec la Coalition avenir Québec, le gouvernement Couillard a brandi la croissance économique comme l’argument suprême en faveur de l’accueil d’immigrants au Québec. Selon le gouvernement, 52 % des emplois créés depuis 2016 ont été

David Heurtel : « Il y aura 1,3 million d’emplois à combler dans les prochaines années»

comblés grâce à des immigrants. « Il y aura 1,3 million d’emplois à combler d’ici les prochaines années, a plaidé le ministre de l’Immigration David Heurtel, nécessairement l’immigration va faire partie de la solution. » Le problème, c’est que 80 % des immigrants qui arrivent au Québec s’installent dans la grande région de Montréal, alors que les besoins urgents sont dans les régions. C’est dans ce contexte que le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion vient de lancer une vaste campagne de publicité intitulée « Ensemble, nous sommes le Québec ». L’objectif : convaincre les entrepreneurs en région d’embaucher des travailleurs issus de l’immigration et convaincre également ceux-ci de prendre le risque de quitter Montréal. Geneviève Paris, directrice générale de Paber Aluminium, une entreprise de moulage d'aluminium de Cap-Saint-Ignace, en Chaudière-Appalaches, fait

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partie des entrepreneurs qui ont accepté de participer à la campagne. À la recherche perpétuelle d’employés et d’opérateurs de machinerie, elle est venue recruter des travailleurs issus de l’immigration à Montréal. « Il faut qu’il y ait un encouragement auprès de ces gens-là à venir en région, leur faire connaître les régions. C'est un élément majeur pour la survie de plusieurs régions, j'en suis certaine », souligne-t-elle. La « grande séduction », version 2018 ALPA, un organisme d’aide aux immigrants de Montréal, est aux premières lignes de ce vaste effort de « régionalisation de l’immigration ». Son directeur général, René Fréchette, concède qu’il n’est pas facile de convaincre des nouveaux arrivants de quitter Montréal. « Convaincre quelqu’un qui a déjà vécu un premier déracinement, ce n’est pas évident », souligne M. Fréchette, surtout quand de nou-

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velles « racines commencent à grandir » à Montréal. Voilà pourquoi de plus en plus de regroupements d’entreprises en région s’organisent, se mobilisent afin de convaincre les immigrants à faire le grand saut. Session d’information, offres d’emploi, voyages organisés pour découvrir la région et ses attraits. Les entreprises déroulent le tapis rouge. C’est ainsi que Hicham Louridi et son épouse Zakia Khender, arrivés du Maroc en mars 2015, ont fait le pari de s’installer à Saint-Georges en Beauce. « J'ai aimé la nature, le grand air. J'aime les gens, ils sont sympathiques. Ici, c'est chaleureux, ce que je n'ai pas vécu à Montréal », raconte Hicham. Et, oui, dans une ville où il n’y a que quelques familles musulmanes, la question de son voile a soulevé certaines craintes. «Je n’ai jamais senti que je suis mal accueillie ou mal comprise, Suite à la page 27


Emploi

Afin que la pénurie de main-d’œuvre cesse de mettre en péril la croissance des entreprises

Les immigrants à la rescousse des régions?

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au contraire» renchérit Zakia Khender. Pour son époux Hicham, l’aventure lui a permis de finalement trouver un emploi stable, qui lui plaît, d'offrir surtout à ses enfants une qualité de vie qu’ils n’auraient jamais pu avoir à Montréal. Mais René Fréchette prononce toutefois une mise en garde. Inciter les immigrants à déménager en région n’est pas une solution miracle à la pénurie de main-d’œuvre. « Ce n’est pas vrai qu’on peut retenir des employés juste en leur donnant un salaire et une job, ajoute M. Fréchette, surtout quand c’est une immigration qui se vit en famille. » Comme pour tous les travailleurs qui s’installent au sein d’une nouvelle communauté, les immigrants doivent avoir les moyens de s’y intégrer, s’y faire une vie. Et à ce chapitre, René Fréchette croit que les employeurs doivent faire leur part. « Il faut des efforts supplémentaires de la part des entreprises pour accompagner ces gens-là, dit-il, et assurer leur intégration professionnelle et sociale. » La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, n’est pas trop inquiète. Elle rappelle que sa ville s’est bâtie grâce à l’immigration dans les années 30. « On est capable d’accueillir les gens, ça c’est sûr, mais ce serait mentir de vous dire que ce ne sera pas quand même une grosse pression au niveau des autorités municipales et régionales. »

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Emploi

Conclusion sans ambages de l’étude «Un test à l’embauche dans la région de Québec»

La discrimination à l'emploi des Maghrébins est une réalité! À candidature égale, un candidat d'origine maghrébine aurait deux fois moins de chance d'être rappelé par un employeur à Québec qu'un québécois d'origine. C'est la conclusion d'un chercheur de l'Université Laval qui présente les résultats préliminaires de son étude au congrès de l'Association francophone pour le savoir (Acfas).

L’étude Un test à l’embauche dans la région de Québec : discrimination des Arabo-musulmans ou privilèges des Blancs? est la première du genre à se pencher sur la réalité de la ville de Québec. « Ça consiste à envoyer, pour l’accès au marché du travail, deux curriculum vitae équivalents dont la seule différence est le nom. On utilise par exemple Philippe Tremblay et quelqu’un d’origine maghrébine qui pourrait s’appeler Mohamed », explique JeanPhilippe Beauregard, chargé de cours en sociologie à l’Université Laval. Un total de 404 curriculum vitae ont été envoyés pour 202 postes à pourvoir. Le taux de discrimina-

tion est calculé en fonction des convocations à une entrevue. «À candidature égale»

«Le candidat d’origine maghrébine est ignoré une fois sur deux à candidature égale» conclu de ce fait Jean-Philippe Beauregard. Selon le chercheur, les Maghrébins seraient appelés pour une entrevue deux fois moins souvent que les Québécois d’origine, même si les deux candidats fictifs présentaient un baccalauréat pertinent pour l’emploi et cumulaient sept années d’expérience auprès d’employeurs réputés. « Ça peut mener au chômage pour certains candidats, mais parfois à une disqualification, donc des candidats qui sont obligés d’accepter des emplois qui sont en deçà de leur qualification », constate le chercheur. 35 % de discrimination à Montréal Dans sa méthodologie, JeanPhilippe Beauregard s’est inspiré de l’étude de la Commission des

droits de la personne qui a été menée il y a huit ans par un professeur de sociologie de l’UQAM. À Montréal, le taux de discrimination était d’environ 35 %. « À Montréal, trois minorités avaient été étudiées. L’origine maghrébine, latino-américaine et afro-américaine. Les résultats sont sensiblement les mêmes d’une minorité à l’autre, mais il a été observé une discrimination un peu plus importante pour les Noirs », rapporte M. Beauregard. Discrimination volontaire ou inconsciente?

Cette méthode a été utilisée pour déterminer la discrimination à l’accès à l’emploi. Toutefois, il est difficile de s'avancer sur les causes d'une telle discrimination. « Mais dans la littérature, ce que l’on montre beaucoup, ce sont des préjugés et des stéréotypes qui sont à l’origine de la discrimination. Mais depuis une douzaine d’années, une autre théorie explique la discrimination à l’embauche par des biais inconscients. Donc l’employeur ne pose

pas le geste de discrimination consciemment ». Le chercheur croit que les employeurs devraient revoir leur stratégie d’embauche. « C’est surtout d’informer, parce qu’il y a plusieurs personnes qui ne sont pas au courant de l’existence de telles études. Donc, le fait de les sensibiliser à cette question peut les amener à être conscients de ça et progressivement changer leur pratique. Mais c’est sûr que ça prend un meilleur suivi en milieu de travail pour

s’assurer que les candidats qui sont compétents sont sélectionnés pour les entrevues. » Parmi les 3000 congressistes provenant d’une trentaine de pays qui participent au congrès de l’Acfas à Saguenay, quelque 250 chercheurs sont de l’Université Laval. L’Association francophone pour le savoir se donne comme mission de promouvoir la science, la relève scientifique ainsi que les retombées des travaux de recherche.

Travailleurs étrangers temporaires: du progrès… Le gouvernement fédéral, sermonné l'an dernier par le vérificateur général du Canada pour la surveillance défaillante du controversé programme de travailleurs étrangers temporaires, intensifie ses inspections et la réprobation d'employeurs. Depuis le début de l'année, près de 1600 employeurs ont été désignés «à haut risque» et sélectionnés pour des inspections par Emploi et Développement social Canada. Le ministère a déjà lancé plus de 1340 inspections sur le terrain, soit sept fois plus que pour la même période l'an dernier.

Cette pression gouvernementale accrue s'inscrit dans la volonté de répondre aux inquiétudes soulevées dans un rapport du vérificateur général Michael Ferguson. Ce dernier a signalé que certains employeurs se tournent vers des travailleurs étrangers temporaires sans démontrer qu'ils ont d'abord tenté de pourvoir les postes en question par de la main-d'oeuvre locale. M. Ferguson a également dénoncé l'accès limité des agents du ministère aux données nécessaires pour évaluer les besoins du marché du travail.

Leur approche à l'égard des inspections «posait problème», a-t-il aussi relevé, puisque les employeurs en étaient informés à l'avance. Le vérificateur général a prêté une attention plus particulière à deux secteurs: ceux des fournisseurs de soins et des travailleurs d’usines de traitement de poisson et de fruits de mer, où l'existence d'une pénurie de main-d’œuvre lui paraissait douteuse. Il a découvert que plus de 80 pour cent des Canadiens ayant perdu leur travail dans ces domaines recevaient des prestations d'assurance-emploi tandis

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que des entreprises embauchaient des travailleurs étrangers temporaires, censés constituer un dernier ressort. Le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, qui a tenu ses propres audiences à ce sujet, a renchéri que même si le nombre de travailleurs étrangers temporaires est en baisse, la surveillance de leurs employeurs demeure «insuffisante». La ministre du Travail, Patty Hajdu, a récemment abordé ces inquiétudes en décrivant les mesures prises en ce sens. En plus d'un accroissement des

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inspections sur place, son ministère a accéléré le processus permettant aux agents d'intervenir auprès d'employeurs qui enfreignent les règles du programme — un processus dépeint par le vérificateur général comme long, onéreux et «inefficace sur le plan administratif». Une liste des entreprises et employeurs pénalisés a aussi été publiée en ligne. Leur nombre est passé de 1 à 62 depuis le mois d'août dernier. Certains ont été bannis du programme pour une période allant jusqu'à deux ans, d'autres se sont vu imposer des amendes.


Emploi

Plaidoyer pour la diversité à la Banque du Canada La première sous-gouverneure de la Banque du Canada a plaidé cette semaine pour une plus grande diversité à la table des prises de décisions politiques, afin d'éviter de se retrouver dans une «chambre d'écho» qui renforce toujours les mêmes opinions. Carolyn Wilkins a noté que, même si, à première vue, une telle chose pouvait sembler sans intérêt pour une banque centrale, le rôle de la Banque du Canada dans les projets économiques modernes — incluant la gestion d'actifs de cryptomonnaies — exigeait une plus grande diversité

d'idées.

La sous-gouverneure de la banque centrale s'exprimait dans le cadre d'un panel organisé par Women's Forum Canada en prévision du sommet du G7 sur les avantages d'une économie inclusive et les difficultés dans l'atteinte de cet objectif. Selon Mme Wilkins, la Banque du Canada a fait ellemême fait des progrès à ce chapitre, puisqu'environ la moitié de ses quelque 1700 employés sont actuellement des femmes. Ces dernières restent néanmoins moins présentes dans les rôles liés

aux études économiques et à la finance.

Cependant, a ajouté la sousgouverneure, le système d'éducation doit encourager une plus grande diversité dans les secteurs de la science, de la technologie, du génie et des mathématiques. De façon plus large, la croissance des inégalités dans la société est une source d'inquiétude puisqu'elle entraîne une plus grande volatilité dans la croissance économique et érode la confiance envers les institutions, a-t-elle fait valoir.

Tendances : Le télétravail prend lentement sa place au pays Le Canada est un des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où le télétravail est le moins développé. Les résistances et les préjugés sont encore nombreux, malgré des avantages tangibles dans certains secteurs, aussi bien pour les employés que les employeurs. Explications. Chez Telus, 70 % des employés travaillent de chez eux. Dans une aire ouverte, au centre-ville de Montréal, les bureaux sont vides. Des employés ont choisi de travailler de leur domicile. Catherine Bédard, directrice générale du service Personnes et culture – l'équivalent des ressources humaines –, affirme que cela s’est reflété sur les dépenses de l’entreprise.

Le géant des télécommunications, qui a introduit le télétravail en 2006, estime avoir économisé 50 millions de dollars en location d'espaces de bureau sur une période de 10 ans.

cace, moins de déconcentration que si j’étais au bureau », explique-t-elle. Telus pense pouvoir attirer davantage de jeunes talents en offrant cette possibilité de travailler chez soi.

Les employés, séduits par cette organisation décentralisée des tâches, y trouvent également leur compte.

Toutefois, il faut garder le contact, car l'isolement guette parfois l'employé tout seul chez lui.

Pour Geneviève Brunet-Denis, mère de deux jeunes enfants, partager son temps entre le bureau et la maison n'a pas de prix. « Quand on a un enfant malade, quand on a le conjoint qui voyage aussi, être capable de travailler de la maison facilite [le fait] d’aller reconduire les enfants à la garderie. Souvent, je vais être plus effi-

Éric Legault, vice-président, livraison de services, est responsable de 600 employés chez Telus. Il évoque des rencontres mensuelles pour tous les membres des équipes. « Ça va être une revue des stratégies à venir et aussi se donner le temps de pouvoir communiquer entre eux et former cette chimie

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d’équipe. » Le télétravail ne convient pas à tous les employés ni à toutes les entreprises. Pour que cela fonctionne, il faut une gestion axée sur des objectifs clairs et des résultats.

mode de gestion traditionnel, précise Mme Tremblay, qui pensent qu’en voyant le personnel autour d’eux, ils contrôlent davantage et il y aura plus de productivité. En fait, ce n’est pas vrai ».

Pour Catherine Bédard, « à partir du moment où on fixe un objectif qui est ambitieux, c'est à ça qu'il faut associer la performance. Ce n'est pas à combien d'heures tu as réalisées aujourd'hui, combien de fois je t'ai vu au bureau cette semaine ».

De façon générale, le télétravail attire davantage les travailleurs vieillissants, mais aussi les plus jeunes, habitués à rester connectés et à former une communauté, où qu'ils soient.

Pourtant, les préjugés sont tenaces, et les modes de gestion, encore traditionnels. Il s’agit de gens « qui ont un

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Les travailleurs de 30 à 45 ans hésitent, par peur de manquer des dossiers importants ou des occasions de carrière, s'ils ne se montrent pas assez présents au bureau.


Cultures

Livres – Vient de paraître

La Résidence Séquoia de Rachida M’Faddel «Il s'agissait pour moi de reconstituer un microcosme de notre société à l'intérieur d'une maison de retraite. Dans une résidence à Montréal dans le quartier Villeray, des femmes et des hommes d’origines diverses partagent leur quotidien et leurs souvenirs, leurs rêves et des projets qui refont surface. Ces personnages deviennent essentiels les uns pour les autres. Paula, Lucie, Rajesh, Shiraz, Esther, Patricio, Isline, Enzo, Marguerite, Chang et Da-Xia. « Ce n’est pas le troisième âge, c’est la maturité de la jeunesse ! » clame Enzo, le scribouillard en les observant défiler. En vieillissant, on ne change pas, on devient ce que l'on est, comme disait Nietzche qui le tenait d'ailleurs d'un autre…» explique Rachida M’faddel Ensemble, c’est tout ! Et l’auteur de poursuivre à propos de sa cinquième œuvre : «Ce que j’ai voulu mettre en scène dans ce roman, ce sont des tranches de vies dans une maison de retraite

ponctuées de joies et de peines, d’accrochages et de confrontations, d’échanges et de partages, d’éclats de voix et d’envolées lyriques. Un espace autour duquel gravitent des personnages d’ici et d’ailleurs avec en toile de fond « le choc » culturel, les perceptions qui se heurtent, les susceptibilités et les cachotteries, mais également les valeurs qui s’entremêlent, la complicité et l’amitié. Un foisonnement de pièces éparses compose leurs identités qui se bousculent, s’ajustent et s’harmonisent. Ils apprennent à se connaitre et à s'apprécier dans leur humanité, cette vieillesse qui les rapproche et les soude. Nous pouvons les voir interagir, se jauger et puis, au fur et à mesure, se dire et se découvrir, faire des activités ensemble, se raconter, s’émouvoir, s’attacher et s’aimer. Les séquences se suivent comme des scènes de cinéma. Ensemble dans la résidence, ou à l’extérieur, et chacun dans sa chambre. À la fois dans le moment présent et les souvenirs d’antan. Des images se

succèdent et se confondent : Le Québec omniprésent et la Chine, l'Inde, l'Iran, le Brésil, l'Italie, Haïti, la Pologne, le Liban… que nous visitons à travers les souvenirs des résidents...» La surprenante vie cachée de la résidence Attendez-vous à quelques surprises en pénétrant dans la rocambolesque et multiculturelle Résidence Séquoia. Des hommes et des femmes que tout sépare partagent un même milieu de vie, dans un chassé-croisé où s’entremêlent intrigues, bisbilles, complicité, amitié et amour. Valeurs, croyances et perceptions tantôt se heurtent, tantôt s’harmonisent au gré des liens qui se tissent jour après jour. Parions que vous vous attacherez à l’un ou à l’autre des personnages que vous rencontrerez dans Résidence Séquoia: Esther, Shiraz, Patricio, Paula, Chang, Marguerite, Da-Xia, Isline, Lucie et Rajesh, sans oublier Enzo, le scribouillard, qui note tout dans son journal au grand

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dam de ses acolytes. Tour à tour spectateur et acteur, il nous dévoile Le journal d’un vieux. C’est avec une grande sensibilité et non sans humour que Rachida M’Faddel nous invite dans l’univers des résidences pour personnes âgées. Un univers qu’on connaît peu, qu’on connaît mal. Un univers à découvrir. L'auteure Détentrice d’une maîtrise en littérature française de l’Université du Québec à Chicoutimi, chargée de

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cours, conférencière, journaliste, écrivaine et enseignante de français, Rachida M’Faddel est aussi membre du conseil d’administration de l’Association des femmes d’affaires marocaines du Québec et de l’Association Averroès de Toronto. Elle a publié, notamment, Le mirage canadien (2008), Le destin d’Assia (2005), ainsi que Regards croisés, paroles de femmes: trois générations, trois religions (Fides, 2012) et Lettres aux femmes d’ici et d’ailleurs (Fides, 2017).


Cultures

Livres – Vient de paraître

"L'Épopée du football marocain " de Radouane Bnou Noucair Alors que la Coupe du monde approche à grands pas, il est fort probable que l’évènement cristallise les attentions et les discussions, d’autant plus que l’équipe nationale y participera pour la 5ème fois de son histoire après 20 ans de disette. Un bonheur pour tous les Marocains que Radouane Bnou-Nouçair amplifie en vous offrant la possibilité de devenir incollable et d’impressionner votre entourage à travers l’histoire des Lions de l’Atlas, condensée dans un ouvrage intitulé « L’épopée du football marocain ». L ‘auteur nous convie à un voyage initiatique, retraçant de manière exhaustive l’histoire de l’équipe nationale, dans ses moments de gloires et de peines, de son premier sacre africain en 1976, jusqu’au camouflet de la Coupe du monde 1994, sans omettre la douloureuse défaite en finale de la Coupe d’Afrique 2004 en Tunisie et la terrible injustice de la Coupe du monde 1998. Il a fait de son opus une véritable mine d’informations, dont chacune des parties recèle de multiples anecdotes, mais pas seulement.

Car pour raconter le passé du Onze national depuis 1950, les mots ne suffisent pas. C’est ainsi que Radouane Bnou-Nouçair, également auteur de ‘’Le football africain’’ mais encore ‘’Le Raja, un grand club d’Afrique’’, agrémente consonnes et voyelles par une flopée de précieuses photographies représentant instantanés de matchs, joueurs, dirigeants et entraîneurs. Des clichés, qui, à la manière d’une machine à remonter le temps, raviront les plus nostalgiques d’entre vous, comme les différents extraits d’articles de presse de l’époque. Après avoir découvert les portraits des dix joueurs les plus marquants du football marocain, dont Dolmy, les jeunes auront aussi pour leur argent, et même plus, car l’auteur pousse la précision jusqu’aux résultats, buteurs, et autres compositions d’équipes, voire une réflexion tactique sur le 3-5-2 instauré à un certain moment par Hervé Renard. Et puis quand on vous dit que le livre est complet, nous

n’exagérons rien. Et pour cause, connaissez-vous beaucoup d’ouvrages qui vous proposent les biographies des dix dirigeants les plus influents du football marocain ? Ou mieux encore, la liste de tous les sélectionneurs passés à la tête de l’équipe nationale, avec un focus sur les raisons de leurs investitures ainsi que celles de leurs destitutions. Sans oublier un vibrant hommage à l’arbitre marocain, Said Belkola, célèbre pour avoir dirigé la finale de la Coupe du monde 98. En somme, impossible que la déception prime après avoir parcouru ce livre qui se lit d’une seule traite. Et si nous devions en ressortir un passage marquant, ce serait sans aucun doute l’extrait suivant, tant l’information qu’il recèle est surprenante : «Pour remettre le football national sur les rails, le comité provisoire va s’assurer les services de l’entraîneur français Henri Michel et du conseiller en matière footballistique : le célèbre cadre technique français, Michel Hidalgo ».

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Santé

Alerte à la rougeole

Les médecins et infirmières montréalais invités à la vigilance Les autorités de santé publique de Montréal invitent les médecins et les infirmières à la vigilance après l'identification d'un cas confirmé et de trois cas potentiels de rougeole le 24 avril dernier.

Certaines de ces personnes seraient venues à Montréal par avion le 2 avril dernier depuis la Roumanie, un pays où sévit une épidémie de rougeole en raison d'un taux de vaccination relativement faible. Elles auraient fréquenté un centre d’hébergement et un organisme d’aide pour demandeurs d’asile, précise la direction régionale de santé publique du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’île de Montréal. Les autorités considèrent que, pour éviter une épidémie de rougeole, 95 % de la population doit être vaccinée contre cette maladie. Or, en Roumanie, ce taux est

d’environ 85 %, selon des données de la Banque mondiale.

La rougeole est en effet causée par un virus très contagieux, qui se transmet par les voies aériennes. Une seule personne atteinte peut en infecter 16, précise la docteure Caroline Quach, microbiologisteinfectiologue et médecin responsable de l’Unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine, en entrevue à Gravel le matin. « Le seul moyen de couper cette chaîne de transmission, c’est qu’il y ait suffisamment de personnes protégées entre les différents cas de rougeole. Autrement, ça prend comme un feu de paille », indique la Dre Quach. Une maladie qui peut être grave Il peut s’écouler de 7 à 14 jours entre le moment du contact avec une personne infectée et

l’apparition des symptômes. La personne infectée peut être contagieuse jusqu’à quatre jours avant l’apparition des symptômes et quatre jours après.

Comme le vaccin n’est administré qu’à partir de l’âge de 12 mois, en raison d’une moindre efficacité avant cet âge, les bébés de moins d’un an sont particulièrement vulnérables. La Dre Quach affirme que la résistance complète à la vaccination est relativement faible au Québec, mais que « l’hésitation à la vaccination, c’est-à-dire ne pas vouloir donner tous les vaccins en même temps ou choisir entre un vaccin et un autre, est en croissance ». La rougeole peut entraîner des complications graves, comme la cécité, la pneumonie, l’encéphalite ou même la mort.

« Le problème avec les maladies infectieuses infantiles, c’est qu’elles sont tout à fait démocratiques. On n’est pas capables de savoir qui va avoir des complications et mourir », souligne la Dre Quach.

C’est pourquoi la santé publique invite les professionnels de la santé à « profiter de chaque occasion pour mettre à jour le statut vaccinal de toute personne ».

Alerte à la rougeole

Mieux vaut savoir! La rougeole est réapparue en décembre dernier aux États-Unis et au Canada depuis quelques jours. Ce retour de la rougeole coïncide avec la tendance de certains parents de refuser de faire vacciner leurs enfants parce qu'ils craignent que le vaccin ne soit responsable de l'augmentation des cas d'autisme. Qu'est-ce que la rougeole? La rougeole est une maladie virale grave extrêmement contagieuse. Les contacts directs ne sont pas essentiels à sa transmission. Le virus peut survivre dans l'air pendant quelques heures. Le seul fait d'avoir partagé un même espace avec une personne infectée contagieuse durant une courte période de temps peut suffire pour être infecté et contracter la maladie. La rougeole est une maladie humaine, et on ne connaît pas de réservoir chez l'animal.

Quels sont ses symptômes?

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La rougeole se manifeste d'abord par une forte fièvre, un écoulement nasal et de la toux. Une éruption cutanée apparaît plusieurs jours plus tard, habituellement sur le visage et le haut du cou. En trois jours environ, elle progresse pour atteindre les mains et les pieds. Elle persiste 5 à 6 jours avant de disparaître. De plus, les personnes infectées vont être plus sensibles à la lumière ambiante et ressentir des douleurs aux yeux avec des larmoiements.

Existe-t-il un traitement?

Y a-t-il des complications à la rougeole? La rougeole se complique souvent d'otite (5 % à 9 %), d'infection pulmonaire (1 % à 5 %), de convulsions et dans 1 cas sur 1000 d'une complication cérébrale (encéphalite) qui peut causer des dommages permanents au cerveau, voire un retard mental. La mort peut survenir dans 1 cas

Il n'existe pas de traitement antiviral spécifique contre la rougeole, d'où l'importance de la vaccination. Néanmoins, certaines complications graves peuvent être évitées par des soins de soutien qui favorisent une bonne alimentation et une consommation adéquate de liquides. Des antibiotiques peuvent également être prescrits en cas de complications. Les gens qui guérissent de la rougeole sont immunisés (protégés) contre le virus pour le reste de leur vie. Peut-on prévenir la rougeole? Oui. La vaccination est le meilleur moyen de se protéger contre la rougeole. Le calendrier de vaccination prévoit l'administration d'une dose du vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO ou MMR) à l'âge de

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12 mois et de 18 mois. Ce vaccin est gratuit. Que dois-je faire si on présente des symptômes ? Si vous présentez des symptômes de rougeole, vous devez être examiné par un médecin. Avant de vous déplacer, communiquez avec l'établissement de santé afin d'aviser le personnel que vous pourriez être atteint de rougeole. Entre-temps, restez à la maison pour éviter de contaminer d'autres personnes. Le diagnostic de rougeole est confirmé par une prise de sang, une analyse d'urine et un écouvillonnage du nasopharynx. Le risque est-il élevé au Canada? La rougeole est relativement rare au Canada grâce à d'importants taux d'immunisation à l'échelle du pays. Depuis 1998, il existe un système de surveillance active nationale de la rougeole. Une fois

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par semaine, l'ensemble des provinces et des territoires signale les cas confirmés de rougeole à l'Agence de la santé publique du Canada, qui fait à son tour un rapport hebdomadaire à l'Organisation panaméricaine de la santé. Les autorités sanitaires estiment que l'efficacité d'une dose unique de vaccin contre la rougeole administrée entre douze et quinze mois varie entre 85 et 95 %. Avec une seconde dose, près de 100 % des enfants sont protégés. Des éclosions sont cependant survenues au sein de populations ayant des taux de couverture vaccinale élevés. En raison de l'infectiosité élevée de la rougeole (chaque personne infectée peut en contaminer de 12 à 18 autres), au moins 95 % de la population doit être immunisée pour développer une immunité collective.


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