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nº 319 du 25 janvier au 7 février 2018

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Commémoration du drame de la Grande mosquée de Québec

Faire taire les voix de la haine… … en restant fidèles à l’esprit de fraternité et de compassion qui avait animé les Québécois au lendemain de la tuerie

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Budget de Montréal

Valérie Plante garde le cap malgré la tempête Page 21


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Commémoration Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média

L’attentat islamophobe de Québec

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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Quinze ans, c’est… • 318 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plusieurs milliers d'articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une soixantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 132 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 16 millions de visiteurs depuis 2003

Le 29 janvier 2018, cela fera un an, jour pour jour, que le tonnerre aura déchiré le ciel de la Belle Province et assombri son atmosphère. Ce jour en effet, à l’heure de la prière d’ «al ishaa», au soleil couchant, des coups de feu retentissent dans l’enceinte de la Grande mosquée de Québec. On relèvera six morts et cinq blessés graves et une autre grande victime : la quiétude d’une importante minorité de la population du Québec, les musulmans de la Province. La triste nouvelle a déclenché un formidable élan de solidarité qui a mis un peu de baume sur le cœur de toutes celles et

tous ceux qui ont choisi de vivre ici mais auxquels on ne rend pas toujours justice de leur choix et de leurs apports. L’exaltation, l’unité face à la souffrance et la solidarité n’ont cependant pas duré. Paradoxalement en effet, aussitôt passée l’émotion, ce sont les mouvements extrémistes – autrefois judéophobes et antisémites, aujourd’hui bien plus volontiers islamophobes – qui semblent avoir tiré les plus grands bénéfices du drame. Ces organisations, jusque-là discrètes, ont semblent-ils désormais pignon sur rue et professent maintenant leurs honteuses opinions sans réserve ni retenue.

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Quant à ceux qui nous gouvernent ou prétendent à nous gouverner, le naturel politique un instant voilé est revenu au galop : la question de la cohésion, de l’égalité et de la liberté des choix (notamment religieux) est vite devenu une question électoraliste qui a fait oublier l’essentiel; le droit de tous et de chacun à vivre, citoyen libre, selon sa foi et ses convictions. Notre souhait donc est que les commémorations prévues de ce drame du 27 janvier 2017 soient suffisamment dignes et sincères pour que jamais on puisse revivre de tels accrocs au vivre-ensemble, objectif suprême de notre

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société. Et pour que ce message soit encore mieux compris rappelons à nos mémoires les six victimes de ce drame : Khaled Belkacemi, Azzeddine Soufiane, Abdelkrim Hassane, Aboubaker Thabti, Mamadou Tanou Barry et Ibrahima Barry. Associons à leur évocation celles des six veuves, des onze orphelins et des dixneuf blessés dont cinq graves, qui n’ont pas fini de souffrir de la folie d’un assassin et de la vilénie des idées qui ont armés son bras.


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Commémoration

Faire taire les voix de la haine…

… en restant fidèles à l’esprit de fraternité et de compassion qui avait animé les Québécois au lendemain de la tuerie Le 30 janvier 2017, plusieurs milliers de citoyens s’étaient réunis spontanément pour une vigile aux abords du Centre culturel islamique — la grande mosquée de Québec — où six personnes avaient été tués la veille, à l’heure de la prière, par Alexandre Bissonnette, qui avait aussi blessé 19 personnes. La population avait exprimé sa tristesse et sa compassion envers les victimes et leurs proches ainsi que, plus généralement, sa fraternité envers les Québécois de confession musulmane. Au début du mois, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), un organisme basé à Toronto, a exigé du gouvernement Trudeau qu’il fasse du 29 janvier une journée non seulement de commé-

moration, mais aussi d’action contre l’islamophobie. À Québec, la proposition de cette journée contre l’islamophobie n’a pas fait l’unanimité. D’emblée, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec s’y sont opposés. Québec solidaire a cependant appuyé l’initiative. À Ottawa, elle a entraîné des divergences semblables. Seul le Parti vert a fait savoir qu’il la favorisait. Philippe Couillard a pour sa part indiqué qu’il n’était pas question de « différencier une forme de racisme d’une autre». Le Québec souligne déjà la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, a-t-il dit. Son gouvernement a aussi désigné le 15 janvier à

titre de Journée du vivreensemble, à la mémoire des Québécois qui ont perdu la vie lors des attentats terroristes de Jakarta et de Ouagadougou en 2015.

«Islamophobie»? Pour plusieurs, le terme « islamophobie » est un mot-valise que les islamistes utilisent pour fustiger toute critique faite à l’encontre de l’islam et de ses courants extrémistes. Ces antiislamistes, qui craignent l’instrumentalisation de l’attentat de Québec, n’ont pas tort, bien qu’ils aient tendance à exagérer l’importance actuelle et l’efficacité réelle de ces extrémistes au pays. Signalons en outre que nous ne savons rien encore du véritable mobile du meurtri-

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er. C’est lors du procès, qui doit s’amorcer en mars, que nous connaîtrons ses motifs. La position du premier ministre est d’autant plus avisée que la commémoration de l’attentat de la mosquée ne mérite aucunement d’être entachée par une polémique politique. Après avoir défendu dans les pages du Devoir cette journée antiislamophobe, l’iman Hassan Guillet en est venu à cette conclusion. Il vaut mieux abandonner cette idée plutôt que d’alimenter la zizanie et la chicane. Paradoxalement, la dénonciation de l’islamophobie — ou des « sentiments antimusulmans », pour reprendre l’expression utilisée par le PQ — peut exacerber l’intolérance. Dès qu’ils abordent la question de

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l’islam, par exemple, les médias sont inondés de commentaires offensants, voire haineux, tellement qu’ils doivent fermer les sections commentaires de leurs plateformes numériques. On doit le reconnaître : les médias sociaux donnent malheureusement une voix amplifiée à des factions intolérantes. Il y a là un sérieux problème. Il faut donc que cette journée du 29 janvier soit l’occasion, pour cette majorité ouverte et accueillante, de parler plus fort que ces énergumènes bornés et haineux afin de réitérer sereinement ses sentiments fraternels à l’endroit des Québécois de confession musulmane.


Commémoration

Québec : quatre jours pour se souvenir et agir

La Ville de Québec a dévoilé lundi 22 janvier 2018 les détails des activités qui marqueront le premier anniversaire de la fusillade au Centre culturel islamique de Québec, survenue le 29 janvier 2017. Les activités auront lieu du 26 au 29 janvier. « Le temps est venu de commémorer la mémoire des six défunts et des trop nombreuses victimes collatérales de la communauté musulmane de Québec », a déclaré d'emblée le maire Régis Labeaume.

« Quatre jours vont nous réunir pour nous rappeler les familles, nous rappeler le deuil, l'empathie et aussi renforcer nos solidarités », a ajouté Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec. Un grand rassemblement de solidarité est notamment organisé le 29 janvier par le groupe citoyen à l'origine de la veillée à la chandelle qui avait réuni des milliers de personnes au lendemain du drame. La commémoration citoy-

enne d'une durée de deux heures s'amorcera à18 h dans le stationnement de l'église Notre-Dame-de-Foy, non loin de la grande mosquée de Québec. Elle prévoit un hommage aux victimes, une prise de parole de personnalités publiques et des prestations artistiques.

mémoration citoyenne.

« On veut ouvrir un espace pour que la population de Québec puisse témoigner de sa solidarité envers les victimes, les survivants, leurs proches. On veut aussi mettre de l'avant la divers ité de la ville de Québec.

la population de se recueillir à la mémoire des victimes de la fusillade. Deux cérémonies sont proposées aux citoyens les 26 et 28 janvier. Une prière musulmane se tiendra le vendredi 26 janvier à la grande mosquée de Québec tandis que le 28 janvier une prière œcuménique pour les citoyens de toutes confessions est prévue au Pavillon de la Jeunesse, sur le site d’ExpoCité.

Le rappeur Webster de Le premier ministre du même que d'autres artistes Québec, Phillipe Couillard, invités offriront une prestale premier ministre du tion. Canada, Justin Trudeau, de même que le maire de Recueillement spirituel Québec, Régis Labeaume, D'autres activités sont participeront à l'événement. prévues pour les jours précé- Ce dernier rassemblement, «C'est un moment important dents la soirée de comméqui s'amorcera à 19 h, compour toute la population moration afin de permettre à prendra des témoignages de parce que, trop souvent, nous entendons parfois des messages de haine sur la place publique et les messages d'amour, de vivre ensemble, forts et fiers de notre diversi- Vendredi 26 janvier, de 9 h à 11 h Projection du documentaire Ta té, les occasions sont 30 dernière marche dans la mosquée à rares de le faire. C'est Colloque Vivre ensemble avec nos l'Université Laval (2325, rue de ce qu'on offre» affirme différences au Palais Montcalm l’Université)* Sébastien Bouchard, (995, place D’Youville)* organisateur de la comSamedi 27 janvier, de 18 h à 20 h mémoration citoyenne Vendredi 26 janvier, de 19 h 30 à 30 21 h 30 Portes ouvertes à la grande mosquée La commémoration Prière musulmane à la grande mosde Québec (2877, chemin Saintevise à donner la parole quée de Québec (2877, chemin Foy) aux gens touchés de Sainte-Foy) diverses manières par Dimanche 28 janvier, de 19 h à 20 l’attentat, mentionne Samedi 27 janvier, de 13 h à 15 h h 30 (ouverture des portes à 18 h) Maryam Bessiri, coporte-parole de la com-

proches des victimes et des chants religieux. « Nous voulons être tous ensemble, une seule famille, unique, pour encore une fois réitérer toute la solidarité que nos concitoyens nous ont démontrée après le tragique attentat », indique Khadija Saïd, coanimatrice de l'activité de recueillement spirituel. Vendredi également, un colloque sur le vivre ensemble se tiendra au Palais Montcalm. La grande mosquée de Québec ouvrira ses portes au public le samedi 27 janvier.

Six activités à ne pas rater

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Recueillement spirituel en mémoire des victimes au Pavillon de la Jeunesse, ExpoCité (250, boulevard Wilfrid-Hamel) Lundi 29 janvier, de 18 h à 20 h Commémoration citoyenne dans le stationnement de l’église NotreDame-de-Foy (820, rue du Chanoine-Martin) * Inscription obligatoire


Commémoration

Ville de Montréal : Une journée pour lutter contre la haine À la demande du Centre Culturel Islamique de Québec et de la Commémoration citoyenne de l'attentat du 29 janvier 2017, le Conseil National des Musulmans Canadiens et Valérie Plante, Mairesse de Montréal, invitent les citoyennes et citoyens montréalais qui ne peuvent se rendre à Québec à rendre hommage et à apporter leur solidarité aux victimes de l'attentat de la Mosquée de Québec, à leurs familles et aux blessés dans le Hall de l'Hotel de Ville de Montréal. (275 rue Notre Dame Est) La cérémonie se déroulera de 12h à 13h et les portes de l’hôtel de ville resteront ouvertes aux montréalaises

et aux montréalais jusqu'à 16h30 avec du personnel et des bénévoles sur place qui recevront les visiteurs afin de permettre d'échanger et de déposer des mots de soutien et solidarité qui seront acheminés aux familles. (des papiers, stylos et des jarres aux noms de familles sont prévus sur place). Les organisateurs vous attendent en grand nombre pour cette journée qui doit marquer le souvenir d'une solidarité nécessaire afin de lutter contre la haine et pour continuer à construire un "Vivre ensemble" harmonieux...

29 janvier 2018

Rassemblements de quartier contre l'Islamophobie Autre célébration ce lundi le 29 janvier, un collectif affirmant « (refuser) d'oublier les personnes qui ont été assassinées et blessées et (refuser) d'oublier cet événement, tout comme le contexte socio-politique qui continue de nourrir l'islamophobie» organise une série de rencontres selon le calendrier suivant : - Verdun: Rassemblement à partir de 17h en face du

métro Verdun Les voisin-e-s de Verdun en lutte contre l'Islamophobie verdunlibre@gmail.com

- Villeray: Rassemblement à partir de 17h30 en face du métro Jean Talon (sortie tour Jean talon).

- Plateau: Rassemblement à partir de 18h en face du métro Mont Royal Comité 29 janvier Plateau Mont Royal 29janvier.plateau@gmail.com

- MCGILL: Rassemblement aux escaliers vers le Bâtiment des arts à 12h15 / Rally on the stairs of the Arts Building at 12:15pm.

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Société

La haine continue de gagner du terrain…

Les crimes haineux ont atteint un sommet en août L’arrivée en grand nombre de demandeurs d’asile l’été dernier a déclenché une vague de crimes haineux encore plus grande que celle suivant l’attentat à la grande mosquée de Québec, constate notre confrère Le Devoir. Au mois d’août 2017, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a retenu et classé dans le classeur « crimes haineux » 42 signalements — surtout observés sur les réseaux sociaux —, contre 31 en février. Au total, près de 250 crimes haineux ont été rapportés l’an dernier, pour une moyenne d’environ 20 par mois. 250 crimes haineux en 2017 « On a vu une hausse en 2017, tant du côté des crimes que des incidents haineux, mais si on regarde seulement les crimes, oui, il y en a eu encore plus au mois d’août qu’en février », a affirmé Line Lemay, lieutenante-détective, chargée des enquêtes à la division crime, prévention et sécurité urbaine du SPVM. En ajoutant les « incidents » — desquels ne peuvent découler des accusations en vertu du Code criminel —, c’est toutefois en février, tout juste après la tuerie de Québec, que la police recense le plus de signalements haineux. Selon Mme Lemay, le triste record de crimes haineux du mois d’août est dû à la grande attention médiatique portée sur les migrants, surtout d’origine haïtienne, qui arrivaient en grand nombre au Québec depuis les ÉtatsUnis. « On a pu faire le lien parce que ce qu’on avait comme événement au mois d’août et un peu avant, c’était l’arrivée des Haïtiens et des migrants qui provenaient massivement des États-Unis », a-t-elle indiqué. « Dès qu’on a des événements très médiatisés, on le voit qu’il y a une polarisation [des idées]. Ça se reflète

sur les réseaux sociaux. » Mais les personnes d’origine haïtienne n’ont pas été visées plus que d’autres. « C’est vraiment parti dans tous les sens, a-t-elle dit. [Les crimes haineux], c’était autant l’extrême droite qui émettait des opinions qui pouvaient s’avérer des menaces que des gens de l’extrême gauche qui répondaient à ça. » Montée de la haine Le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence constate aussi cette tendance, car, fait nouveau, sur les 166 appels reçus pour signaler des crimes et incidents haineux, surtout à l’endroit des musulmans, une vingtaine provenait de personnes de l’extrême droite qui tenait un discours raciste au sens large. « Les messages étaient dans un contexte où il y avait un certain discours politique et idéologique. Du genre, le Québec est une société

blanche, on n’a pas besoin d’eux », a souligné Herman Deparice-Okomba, directeur général du centre. « Beaucoup de propos haineux. J’en ai vu beaucoup », estime pour sa part Anastasia Marcelin, une bénévole qui a beaucoup aidé les migrants cet été et qui s’est présentée dans Montréal-Nord comme conseillère pour Projet Montréal. « Sincèrement, je n’ai pas aimé comment ça s’est passé. […] Je peux comprendre le ressentiment de certaines personnes lorsqu’ils sont tous arrivés », dit-elle en faisant allusion à la vague de demandeurs d’asile. « Mais ce n’était pas une raison pour menacer quiconque. Des gens insultaient [les migrants], disaient que c’était des esti de chiens sales. “Allez-vous-en chez vous.” Je supprimais des commentaires sur ma page [dans les réseaux sociaux] », témoigne-t-elle. Serge Bouchereau, porte-

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parole du Comité d’action des personnes sans statut, parle d’une quantité « sans précédent » de commentaires et propos haineux. « C’est toujours la même chose. On entend : “Ces gens-là viennent voler nos jobs, on devrait les foutre dehors”, dit-il. Mais aucun de nos demandeurs d’asile ne nous a rapporté avoir été menacé physiquement. » Surtout sur Internet La lieutenante-détective du SPVM a en effet constaté que la plupart des crimes haineux provenaient d’Internet et des réseaux sociaux. « Assurément, il y a une tendance », a-t-elle indiqué. Selon M. Bouchereau, il y a là un « déversoir » pour les opinions de chacun qui parfois dépassent les bornes. « Surtout avec l’arrivée de Trump aux États-Unis, ça a décomplexé certaines personnes », analyse-t-il. « Cependant, c’est quand les propos haineux sont jugés par un tribunal qu’on peut les considérer

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réellement comme des crimes. » Les crimes haineux sont passés de 158 en 2016 (de mars à décembre) à près de 250 pour toute l’année 2017. Quant aux « incidents » haineux — soit une parole agressive par opposition à une menace de mort ou des oeufs sur une mosquée par opposition à une roche qui brise une vitre —, le SPVM en a recensé 173 en 2017, contre 160 l’année précédente (de mars à décembre 2016). À quelques jours du 29 janvier, alors que sera commémorée la tuerie de la grande mosquée de Québec, la division des crimes haineux de la lieutenante-détective Lemay est sur le pied d’alerte. « On va suivre ça de près et voir si la commémoration a une incidence », dit-elle. À son étonnement, cela ne semble pas avoir eu d’impact jusqu’ici.


Société

Formation obligatoire sur les crimes haineux … …pour les policiers de Québec L'attentat à la grande mosquée, l'an dernier, a incité la police de Québec à revoir ses pratiques. D'ici le printemps, les 140 enquêteurs du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) devront suivre une formation sur les crimes haineux. Cette formation d’une demijournée a commencé en novembre et elle sera offerte jusqu’à la fin avril. Des policiers du SPVQ spécialisés en renseignement criminel agissent à titre de formateurs. Qualifiée de « mise à jour », la formation doit permettre aux enquêteurs de bien distinguer les crimes haineux définis par le Code criminel, tels que le libelle diffamatoire ou l'incitation publique à la haine, des incidents haineux comme les insultes qui ciblent une communauté. L'un des formateurs, le lieutenant Jean-François Vézina, explique que certains gestes qui ne sont pas des crimes à proprement parler doivent tout de même être pris au sérieux par le SPVQ # si on veut prévenir un mauvais climat sur le territoire $ de Québec. Dorénavant, indique JeanFrançois Vézina, les dossiers d'incidents haineux seront systématiquement envoyés à la section des enquêtes criminelles. Les policiers pourraient aussi rencontrer la personne responsable de l'incident dans le but de la sensibiliser.

« Il ne faut pas attendre qu’il y ait une infraction criminelle pour agir » précise Jean-François Vézina, lieutenant au Service de police de la Ville de Québec. Une formation prioritaire Cette formation est un perfectionnement «prioritaire » pour le SPVQ, selon l’inspecteur de l’Unité des crimes graves, Mario Vézina. Ce dernier rappelle que même après l’attentat du 29 janvier 2017, des événements à caractère haineux sont survenus dans la capitale. La voiture du président de la grande mosquée et un colis contenant a été remis au lieu de culte, notamment. M. Vézina souligne aussi l’arrestation d’un individu ayant contre les musul-

mans, en décembre. " Il faut s'adapter, admet l’inspecteur Vézina. On a un phénomène [lié aux crimes haineux]. Il y a quelque chose qui se passe, donc il faut donner une formation qui va outiller nos ressources pour bien travailler dans le contexte. " M. Vézina soutient que même les patrouilleurs du SPVQ pourraient devoir la suivre : " C'est important d'être alerte là-dessus, d'avoir de la formation, d'avoir des gens qui sont outillés pour faire des bonnes enquêtes " dit-il. Formation d'une unité spécialisée? Après l’attentat du 29 janvier 2017, les policiers de

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Québec sont aussi allés rencontrer leurs homologues de Montréal. La réunion visait à # échanger sur les meilleures pratiques $ en matière de traitement des crimes haineux. Depuis mai 2016, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) possède une escouade spécialisée dans les crimes haineux. Bien que certains observateurs souhaitent la création d’une telle unité à Québec, le maire . L’inspecteur Mario Vézina indique que la prise de contact avec le SPVM ne visait pas à transposer le modèle de Montréal dans la capitale, mais il précise du même souffle que cette avenue est loin d'être exclue pour l’avenir. " S'il y avait une recrudescence importante

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de dossiers, peut-être qu'on pourrait former une unité qui est vouée à ça à 100 % " précise-t-il. Pour l’instant, le SPVQ s’assure simplement que les dossiers de crimes haineux sont toujours traités par le même petit groupe de quatre enquêteurs au sein de l’Unité des crimes graves. 71 dossiers ouverts En 2016, le SPVQ a ouvert 57 dossiers liés à des crimes et incidents haineux, dont 21 visaient la communauté musulmane. Ces chiffres ont bondi l’année suivante. Entre le 1er janvier et le 5 décembre 2017, on parlait de 71 dossiers ouverts, dont 42 visaient la communauté musulmane de Québec.


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Société

La nouvelle vie de Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali

Consultants en prévention de la radicalisation…

Un mois après leur libération, Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali, ces deux jeunes Montréalais acquittés de terrorisme au terme de trois mois de procès et de plus de deux ans d'incarcération, ont été recrutés en qualité de consultants pour le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV).

Durant les 12 prochaines semaines, le jeune couple travaillera à créer des outils de prévention, dont un guide sur la prise en charge des personnes arrêtées ou condamnées pour terrorisme. Les deux Québécois conseilleront aussi le centre sur «la compréhension du processus d'endoctrinement des jeunes au Québec», selon leur contrat. Ils seront rémunéré à hauteur de 294 $ par semaine. «On s'appuie sur l'expertise de ces jeunes-là. J'ai beau avoir un doctorat, je ne sais pas ce qui se passe dans une prison», affirme Herman Deparice-Okomba, directeur du CPRMV. Mme Djermane et M. Jamali collaboreront avec le centre à la hauteur de trois jours par semaine. Une journée et demie sera consacrée à un suivi psychosocial des deux Montréalais. L'autre moitié servira au développement d'outils de prévention par eux, a précisé M. DepariceOkomba. Réinsertion sociale L'équipe du Centre de prévention suit le couple, libéré à la mi-décembre, depuis longtemps déjà. Ce sont les parents des jeunes qui ont d'abord sollicité son aide dans la foulée de leur arrestation, en avril 2015. Des représentants de l'organisme les ont visités en prison. À la demande des avocats et des familles, les experts ont produit une évaluation psychosociale et un plan de réinsertion en deux

volets : un premier si le duo était condamné, et l'autre s'il était acquitté, ce qui s'est produit.

Le stage, volontaire, qui est offert à Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali fait donc partie de cette stratégie de réinsertion sociale, mais permet aussi au centre de faire avancer ses recherches, selon son directeur. «On apprend de leur vécu.» Peut-on leur faire confiance? «Nous avons une grille d'évaluation et une psychologue externe pour évaluer tout ça», a répondu M. Deparice-Okomba. Depuis son inauguration en 2015, le CPRMV dit d'ailleurs avoir travaillé avec une douzaine de jeunes Québécois radicalisés, dont certains des ex-élèves du collège de Maisonneuve qui ont été arrêtés à l'aéroport de Montréal par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au printemps 2015 alors qu'ils partaient faire le djihad. Ces derniers ont notamment contribué au rapport sur la radicalisation en milieu scolaire publié en 2016 et qui aborde la question des agents de radicalisation. «Si on ne les prend pas en charge pour affronter le monde extérieur, on ne sait pas ce qui peut arriver», a-til ajouté au sujet des jeunes radicalisés.

tion». «Ça diversifie les réseaux. Ça permet de prendre du recul sur son passé et de mieux comprendre ce qu'on a vécu», a-t-il expliqué. «Pour moi, ça a aussi permis de me racheter une réputation, ce qui n'est pas possible pour tout le monde.»

Il est aujourd'hui salarié, mais il a commencé à titre de consultant, comme le couple Djermane-Jamali.

M. Fiset avait quitté les réseaux d'extrême droite depuis quelques années déjà lorsqu'il a commencé à oeuvrer en prévention. Sans commenter de cas précis, il indique qu'une personne avec moins de recul a aussi des atouts. «Les gens qui ont moins de recul ont une compréhension tellement pointue de ce qui se passe dans la tête d'une personne radicalisée », dit-il, ajoutant que « certains procès sont tellement longs qu'ils permettent de prendre du recul».

Il estime que le fait de s'impliquer au centre est «un premier pas vers la réinser-

Acquittés de terrorisme Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali ont été arrêtés

«Un premier pas» Maxime Fiset, ancien militant d'extrême droite bien connu au Québec et fondateur de la Fédération des Québécois de souche, travaille pour le Centre de prévention de la radicalisation depuis octobre 2016. Lui aussi, c'est pour son expertise de radical repenti qu'on est allé le chercher.

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au printemps 2015 après qu'une membre de la famille Djermane a pris contact avec la GRC. Elle craignait que le couple ne parte faire le djihad.

El Mahdi Jamali a été reconnu coupable d'un chef réduit de possession d'une substance explosive sans excuse légitime.

Quelques jours plus tard, ils étaient accusés d'avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger, d'avoir eu en leur possession une substance explosive dans un dessein dangereux et d'avoir commis un acte au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste, en l'occurrence le groupe armé État islamique.

Depuis sa libération, le couple est soumis à des conditions en vertu de l'article 810 du Code criminel, qui permet d'amener un individu devant un juge pour lui imposer une série de conditions lorsque les autorités ont des raisons de croire qu'il commettra un crime. Le contrat avec le CPRMV ne fait pas partie des conditions imposées.

La police avait notamment trouvé au condo loué par le couple une recette de bombe artisanale dans une cocotteminute.

La Couronne fédérale a annoncé il y a quelques jours qu'elle ferait appel de l'acquittement de Mme Djermane sur le chef d'accusation concernant la possession de substance explosive dans un dessein dangereux, évoquant une erreur de droit de la part du juge quant à l'interprétation et la portée de la définition de «substance explosive».

Les ex-élèves sont restés détenus jusqu'à la fin de leur procès, qui s'est ouvert en septembre 2017 et au terme duquel ils ont été acquittés de tous les chefs liés au terrorisme.

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Sécurité/santé

Des renseignements personnels piratés chez Bell Quelques 100 000 clients concernés… Pour une deuxième fois en huit mois Bell avise ses clients d’une fuite de renseignements personnels et que leurs renseignements personnels pourraient avoir fait l’objet d’un piratage informatique. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) confirme qu’elle enquête présentement sur ce dossier, sans pouvoir donner plus de détails. La compagnie a également avisé le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada que ces données « avaient été compromises ». Ils seraient « moins de 100 000 clients » à être affectés, a indiqué Nathan Gibson, porte-parole de l’entreprise. Rien n’indique pour le moment que le pirate ait pu accéder à des données financières ou à des mots de passe, avance-t-on. C’est ainsi la deuxième fois en huit mois que Bell avise ses clients d’une fuite de renseignements personnels. Cette compagnie de télécommunications, parmi les principales au pays, avait ainsi révélé en mai 2017 qu’un pirate informatique avait obtenu illégalement

1,9 million d’adresses courriel actives et environ 1700 noms et numéros de téléphone actifs. Utilisations possibles des informations « Ils sont au courant de la brèche de sécurité, ce qui est en soi bon signe », affirme le chercheur montréalais en cybersécurité Olivier Bilodeau. Impossible de savoir si cette attaque particulière aura ou a déjà des conséquences. M. Bilodeau ne cache cependant pas que les pirates dérobent la plupart du temps ces informations à des fins malveillantes. « Accumuler autant d’informations, c’est peu souvent pour des utilisations légitimes, en effet », expose-t-il, commentant les cas qui se multiplient. M. Bilodeau, qui travaille pour la firme GoSecure, explique qu’un courriel peut par exemple devenir une sorte de point d’infection. Le pirate peut les utiliser « dans des campagnes d’attaques ciblées » pour simuler la provenance d’un courriel par exemple et hameçonner une personne pour lui soutirer encore

davantage de renseignements. En septembre 2017, on apprenait que l’agence d’analyse de crédit Equifax a exposé les données personnelles d’environ 100 000 Canadiens et de 145 millions d’Américains, à cause d’une faille de sécurité non corrigée. En novembre, c’était au tour d’Uber de faire les manchettes, cible d’un piratage massif concernant jusqu’à 57 millions de personnes à l’échelle mondiale. « Un nombre important de déclarations d’atteintes à la vie privée » a été acheminé au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada au cours des deux dernières années fiscales. Ce nombre devrait par ailleurs augmenter lorsque les entreprises privées seront forcées d’avertir leurs clients des failles de sécurité menaçant leurs données personnelles. Seule l’Alberta l’exige pour le moment.

Près de trois ans après la nouvelle Loi sur la protection des renseignements personnels numériques, Ottawa n’a pas terminé

d’élaborer les règlements spécifiques à des exigences de notification et de tenue de registre des atteintes à la vie privée.

La carte d'assurance maladie change d'aspect Le soleil va cesser de se coucher sur la RAMQ… Les «cartes soleil» de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) vont changer d'aspect à partir de mercredi 24 janvier 2018. On y retrouvera désormais une photo du détenteur en noir et blanc sur un fond plus pâle, mais arborant toujours le traditionnel soleil. Cette décision de modifier l'apparence de la carte d'assurance maladie et d'ajouter de nouveaux éléments de sécurité fait suite à l'annonce, en juillet, de confier la fabrication des cartes à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). C'est la première fois en plus de 40 ans que la RAMQ modifie l'arrière-plan de sa carte d'assurance maladie. Des éléments visuels et tactiles, comme ceux présents sur les permis de conduire, vont faire en

sorte de rendre les cartes d'identité plus difficiles à imiter. La porte-parole de la RAMQ, Caroline Dupont, assure cependant que ce n'est pas la contrefaçon qui a motivé le choix de modifier la carte. «Les éléments sont ajoutés tout simplement pour suivre les tendances mondiales en matière de sécurité», souligne Mme Dupont. «De plus en plus, on va vers des couleurs un peu plus pâles, les photos d'identification sont en noir et blanc, mais en haute définition. On ajoute aussi quelques éléments comme l'encre optiquement variable qui change de couleur selon la lumière», précise-telle. À compter du 24 janvier, les nouvelles cartes fabriquées pour des renouvellements, des remplacements ou l'émission d'une première carte afficheront la nouvelle image.

Les procédures de renouvellement demeurent les mêmes et les cartes actuelles restent valides jusqu'à leur expiration. D'après l'historique disponible sur le site web de la RAMQ, les toutes premières cartes d'assurance maladie du Québec ont été distribuées en 1970.

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Quelque cinq millions de Québécois alors inscrits au régime pouvaient recevoir leur première carte blanche avec des inscriptions bleues. Le numéro était alors basé sur celui de l'assurance sociale du «chef de famille», généralement le père. Les citoyens qui ne pouvaient

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être rejoints par le gouvernement avaient la possibilité, à l'époque, de «s'inscrire en remplissant un coupon publié dans les journaux». L'apparence de la «carte soleil» telle qu'on la connaît aujourd'hui remonte à 1976.


Politique

L’année électorale démarre…

François Legault parie sur les «électeurs fâchés» La première chose qu'a faite le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) à l'ouverture de son caucus à Sainte-Adèle a été de présenter un candidat-vedette à la prochaine élection. Le neurologue Lionel Carmant, un ami de François Legault, a le profil parfait d'un ministre de la Santé. Il a d'ailleurs fait le saut en politique parce qu'il est déçu des réformes libérales du ministre Gaétan Barrette : les patients sont fâchés, les médecins sont fâchés et les infirmières sont fâchées. François Legault compte-t-il sur les électeurs fâchés pour se faire élire? Un point commun avec Trump? Dans les jours qui ont suivi l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, il y a un peu plus d’un an, le chef de la CAQ s’était laissé prendre au jeu de s’y comparer. La classe moyenne se sent étouffée par les impôts, avait dit M. Legault, et il constatait que M. Trump s’en était

préoccupé.

La députée Nathalie Roy avait encore mieux exprimé la pensée caquiste en disant que la victoire de Trump était due à « une écoeurantite aiguë de la population qui ne se sent pas écoutée, qui sent une distance entre le monde politique et la réalité ». François Legault avait laissé entendre que, comme Donald Trump, il visait la même clientèle. Le désir de changement est certainement bien présent chez les Québécois, mais encore faut-il l’incarner. Depuis des mois maintenant, le clou qu’a choisi d’enfoncer le chef de la CAQ pour stimuler le mécontentement face au gouvernement de Philippe Couillard est de démontrer que les Ontariens vivent beaucoup mieux que les Québécois. Entre nous et l’Ontario… Tout au cours de la dernière session parlementaire, le chef caqui-

ste n’a pas manqué une occasion de rappeler que le gazon ontarien était plus vert que le gazon québécois. Et visiblement, il entend continuer d’exploiter ce filon.

En ouverture du caucus de son parti cette fin de semaine, il a répété que le taux de diplomation au Québec est largement en deçà de celui de l’Ontario. « On perd le quart de nos élèves », répète François Legault. Il oublie toutefois de mentionner que non seulement les systèmes sont fondamentalement différents, mais aussi que le Québec est plus exigeant. La note de passage au Québec est de 60 %, alors qu’en Ontario elle n’est que de 50 %. François Legault est revenu à la charge à la fin de son caucus en mentionnant que les Québécois ne sont pas aussi riches que les Ontariens. Si M. Legault estime qu’on peut faire mieux, son plan pour remédier à la situation n’est toutefois pas encore au point.

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Il faut dire que les libéraux de Philippe Couillard, qui ont dégagé des surplus budgétaires faramineux, peuvent se payer le luxe de court-circuiter les plans de la CAQ. Et ils ne s’en gênent pas. La mission libérale, en cette année électorale, est d’abaisser le fardeau fiscal de la classe moy-

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enne. Dans ce contexte, la CAQ, qui table sur les électeurs fâchés, a peut-être bien fait de présenter son candidat-vedette. Le secteur de la santé reste le talon d’Achille du gouvernement Couillard.


Politique

L’année électorale démarre…

PKP; le retour…

Interrogé sur ses ambitions politiques cette semaine, Pierre Karl Péladeau s’est dit «en réserve de la République».

Et il pourra brandir le poing aux côtés de Jean-François Lisée s’il le souhaite : le chef du Parti québécois (PQ) a déclaré en réponse que la porte de son parti « est grande ouverte » pour le retour en politique du grand patron de Québecor. Elle semble donc révolue, cette époque - en février 2015 - où le candidat Lisée qualifiait le magnat des médias de « bombe à retardement » pour le PQ. Discussion en cours Quelques heures après une entrevue au cours de laquelle Pierre Karl Péladeau s’est dit « en réserve de la République », Jean-François Lisée a « dévoilé son jeu », disant être en discussion avec l’exchef du PQ afin qu’il reprenne du collier sous la bannière péquiste. « On s’envoie des signaux. Il le sait, que je souhaite qu’il vienne », a déclaré le chef du PQ aux médias qui l’attendaient en Mauricie, où s’ouvre ce mercredi le caucus présessionnel de son parti. Le patron de Québecor n’a cependant pas fait son nid, selon lui. « Je sens que c’est une réflexion qu’il mène. Pour l’instant, c’est non. Ce qu’il nous envoie comme signaux, c’est non », a répété M.

Lisée.

Au micro de Radio-Canada, Pierre Karl Péladeau a fait le point sur sa situation familiale, qui l’a contraint le 1er mai 2016 à annoncer son retrait de la vie politique, le trémolo dans la voix. « Ce n’était pas mon souhait, bien au contraire », a-t-il rappelé. « Évidemment, les choses ont bien évolué depuis mon départ. J’ai une garde partagée qui est sanctionnée par le tribunal, donc tout se passe bien. Et Romy, ma fille […] m’a dit la semaine dernière : “Il faut que tu te présentes. Il faut que tu y ailles” », a-t-il révélé plus tard. Jean-François Lisée s’en est réjoui. « Moi, ce que je ne savais pas, c’est que j’avais Romy avec moi. J’ai appris ça ce matin et ça m’a mis de bonne humeur ! » a-t-il lancé. «Les prises de bec ``derrière nous`` » En 2015, la course à la chefferie du PQ avait révélé des lignes de fracture entre les candidats Lisée et Péladeau. « Bombe à retardement », « énorme problème » : Jean-François Lisée avait fait grand cas de la position délicate de son adversaire, propriétaire d’une vaste entreprise de presse et aspirant au titre de chef de l’opposition. « Je pense que ça, c’est derrière nous », a affirmé le

chef du PQ mercredi, ajoutant que Pierre Karl Péladeau était « prêt à aller plus loin, même, que ce que la loi lui demandait », puisqu’il avait placé en 2015 ses actifs dans une fiducie sans droit de regard. À l’époque, le commissaire à l’éthique Jacques SaintLaurent avait recommandé de « préciser les obligations du député et les pouvoirs du commissaire à l’égard des situations exceptionnelles relatives aux intérêts détenus par un élu ». En avril dernier, la Commission des institutions de l’Assemblée nationale s’est avouée « préoccupée » par les enjeux que soulève cette recommandation, « difficilement applicable » à son avis.

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Toujours au micro de Radio-Canada, Pierre Karl Péladeau a confié qu’il s’est finalement senti « très bien » à l’Assemblée nationale à partir du moment où il a pris du galon comme chef de l’opposition. Mais il n’y a pas là de raison de craindre un « putsch » au sein du PQ, a assuré Jean-François Lisée. « Je suis un chef qui aime s’entourer d’équipes fortes et de gens qui ont des ambitions pour la suite, bien sûr », a-t-il déclaré, évoquant le nom d’un autre ex-péquiste - Jean-Martin Aussant - au détour d’une phrase. Chose certaine, la déclaration de M. Péladeau s’inscrit bien dans le calendrier - aux airs de crescendo - que suit le PQ depuis le retour des vacances de

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Noël. D’une série de départs annoncés le 17 janvier, le parti est passé à l’annonce de la candidature de Nathalie Leclerc, le lendemain, puis au lancement d’une offensive publicitaire, trois jours plus tard. Si ce n’est pas déjà prévu au programme, il ne devrait donc pas se révéler hasardeux de trouver une place pour le candidat Péladeau dans la campagne menant au scrutin d’octobre 2018. « Ça ne sera pas un problème [de lui trouver une circonscription] ! » a lancé le chef Lisée au sujet de celui qui avait obtenu 37 % des voix dans Saint-Jérôme en 2014, tout juste devant la Coalition avenir Québec.


Langues & cultures

Juifs Marocains

Do you speak Darija? « On ne peut donner que deux choses à ses enfants: des racines et des ailes », dit le proverbe. Ce sont deux fondamentaux qu’ont su si bien ancrer, depuis longtemps, les Marocains de confession juive dans l’esprit de leur progéniture. Aujourd’hui, l’attachement de cette communauté à ses racines reste fort, comme le montrent, en différentes occasions, les juifs marocains du monde. Leur amour pour la mère-patrie d’origine transcende tous les clivages et défie tous les populismes. Yehuda Lankry est l’une des figures de proue du monde médiatique en Israël. Son histoire personnelle est l’une des meilleures illustrations de l’attachement des juifs marocains du monde à leurs racines. Né en 1947 à Bejjaâd, il n’avait que 14 ans quand il a quitté le Maroc avec ses parents qui ont choisi de s’établir en Israël. « Je pleurais à chaudes larmes le long du voyage parce que j’étais parti sans avoir rien dit à mon meilleur ami à propos de notre départ. Ce regret m’a marqué à vie », confie Y. Lankry à un collègue qui l’a rencontré à Tel-Aviv. L’histoire ne se termine pas là. Plusieurs années après son départ, Yehuda Lankry n’a oublié ni la terre de sa naissance ni son meilleur ami musulman. Mais en voulant reprendre contact avec ce dernier, il a appris qu’il avait rendu l’âme en laissant derrière lui des enfants en bas âge. Sans la moindre hésitation, il est revenu au Maroc et est allé directement

chez la famille du défunt. Depuis, il est devenu le « père » protecteur des enfants de son ami. Il leur a financé leurs études et veille toujours sur eux. Cette histoire, émouvante, comme bien d’autres, montre que ni l’éloignement ni l’usure du temps ne parviennent à rompre les liens des juifs marocains vivant en Israël ou ailleurs avec leurs origines. Les Marocains du Maroc sont agréablement surpris à chaque fois qu’ils voient, à travers les réseaux sociaux, des membres de la diaspora judéo-marocaine revenir au bercail, de contrées aussi lointaines que les USA ou le Canada, en chantant l’hymne national ou la célèbre chanson patriotique «Sawt Al Hassan Inadi». Certains internautes du pays ne manquent pas non plus d’exprimer leur émerveillement en partageant des chansons du répertoire classique national qui sont reprises par des chanteurs juifs d’origine marocaine, dont la célèbre Neta Elkayam. «Ces marques de l’attachement pour le Maroc des juifs vivant en Israël ou ailleurs, qu’on voit sur YouTube notamment, ne sont une surprise que pour les Marocains musulmans. La communauté juive d’ici et d’ailleurs reste très attachée à ses racines et donc à son héritage culturel», souligne Zhor Rehihil. Pour la conservatrice du Musée du judaïsme marocain de

Casablanca, ce sont juste les réseaux sociaux qui ont permis de faire découvrir au monde entier ce qui fait partie, en réalité, de la vie de tous les jours de la diaspora judéo-marocaine. Do you speak Darija ? L’autre marque de l’attachement des juifs d’origine marocaine à leur marocanité est la parfaite maîtrise de la darija ou le tamazight. «J’ai l’occasion de rencontrer régulièrement au Musée des jeunes juifs d’origine marocaine qui viennent d’Europe, des ÉtatsUnis ou du Canada et qui parlent parfaitement darija plutôt que français ou anglais. Quand on leur pose la question, leur réponse est que leurs parents leur parlent darija à la maison. En Israël, ils

Les professionnels des médias qui exercent leur métier avec le souci constant de véhiculer une langue française de qualité sont invités à soumettre leur candidature au prix Jules-Fournier (médias écrits) et au prix Raymond-

Ces deux prix, accompagnés chacun d’une bourse de 2 000 $ et d’un parchemin calligraphié, seront remis au cours du mois de mai 2018. Le formulaire de mise en candidature est accessible via le site Web du CSLF à l’adresse www.cslf.gouv.qc.

Les Hiloula sont aussi des occasions pour les juifs marocains du monde de célébrer leur marocanité dans la liesse. Ce sont là les meilleures réponses aux populistes.

Une Marocaine lauréate

Appel à candidatures

Charette (médias radiotélévisés). Les collègues ou les employeurs peuvent également proposer des candidatures. Un jury, composé de spécialistes des médias et des communications ainsi que d’anciens lauréats, déterminera les gagnants.

L’inébranlable attachement des « Marocains juifs vivant en Israël » ou ailleurs ressort également de leur prise de position dès qu’il s’agit de questions concernant, de près ou de loin, le Maroc. Surtout quand il s’agit de la cause nationale. On voit, par exemple, certains parmi eux, Gad El Maleh en tête, afficher le drapeau national sur leur profil Facebook, comme le font de nombreux marocains d’ici et d’ailleurs lors des célébrations de l’anniversaire de la Marche verte.

Prix de la "meilleure thèse doctorale" en France

Prix médias du Conseil supérieur de la langue française Le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) lance un appel à candidatures pour les prix Jules-Fournier et Raymond-Charette destinés à promouvoir la qualité de la langue française dans les médias. La date limite pour soumettre la candidature d’un journaliste, d’un reporteur, d’un chroniqueur, d’un animateur ou d’un blogueur est le 9 mars 2018.

apprennent bien sûr l’hébreu et l’anglais, mais à la maison, ils parlent darija ou tamazight, selon la langue que parlent les parents, voire les grands-parents», témoigne Zhor Rehihil. Cette dernière ajoute qu’il y a une part du Maroc dans toutes les maisons et les propriétés (hôtels, restaurants ou autres) des « Marocains juifs qui vivent en Israël », comme elle préfère les qualifier. Et la conservatrice d’ajouter : « Leur salon est marocain comme la décoration intérieure, leur cuisine est marocaine aussi. Ils préservent tous les symboles du savoir-vivre marocain. Ils ont un mode de vie marocain. Les portraits de Mohammed V, de Hassan II et de Mohammed VI sont souvent accrochés, en bonne place, sur les murs ».

ca/prixmedias. Les conditions d’admissibilité et les renseignements requis y sont aussi précisés. À propos du CSLF Le CSLF a pour mission de conseiller la ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française sur toute question relative à la langue française au Québec. De plus, il peut informer le public sur toute question qui concerne le français au Québec. Source : Conseil supérieur de la langue française

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Amina Doumane, jeune marocaine âgée de 27 ans, a remporté le prestigieux prix GillesKahn pour sa thèse intitulée "Théorie de la preuve infinitaire pour les logiques à points fixes".

Véritable passionnée des mathématiques et de la théorie de la démonstration, Amina Doumane avait bénéficié en 2014, dans le cadre du Domaine d’intérêt majeur Recherche doctorale en mathématiques-IDF, rebaptisé depuis DIM Math Innov, d'une

bourse mensuelle de 1700 euros ( soit 19202 DH) pour la durée de sa thèse. "J'avais envoyé mon dossier par l'intermédiaire de l'Université ParisDiderot. J'ai été retenue et, du coup, j'ai eu une bourse mensuelle de 1700 euros par mois ( soit 19202 DH) pour la durée de ma thèse, soit trois ans, ainsi qu'une enveloppe de 5000 euros (soit 56479 DH) pour acheter le matériel dont j'avais besoin", explique

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Amina à la presse locale. Trois ans après, la jeune femme réussit à convaincre le jury de la Société informatique de France de lui octroyer le prestigieux prix Gilles-Kahn pour sa thèse, accompagné d'un chèque de 1500 euros ( soit 16943 DH). Amina Doumane est actuellement en postthèse à l’École normale supérieure de Lyon, et elle compte poursuivre sa carrière au CNRS.


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Administration municipale

Budget de Montréal

Valérie Plante garde le cap malgré la tempête

Les critiques ont beau être nombreuses, l'administration PlanteDorais continue de défendre son premier budget, qu'elle espère voir approuver aujourd'hui par le conseil municipal. « Pendant des années et des années, on a pelleté les problèmes par avant, et c'est de ça dont on hérite aujourd'hui », a réexpliqué la mairesse Valérie Plante, ce matin, lors d'un point de presse tenue en marge de l'assemblée extraordinaire du conseil. Mme Plante a reproché à ses prédécesseurs de ne pas avoir investi suffisamment dans les infrastructures de l'eau, de ne pas avoir relevé les prix des permis de construction, des contraventions et ainsi de suite, ce qui, selon elle, oblige la nouvelle administration à « aller de l'avant » et à « agir de façon responsable » en augmentant les taxes. Tôt en matinée, une trentaine de commerçants en colère avaient accueilli les élus à l'hôtel de ville, dénonçant entre autres la hausse de taxe non résidentielle de 3 % qu'ils devront subir en 2018 si la version actuelle du budget est

adoptée comme prévu aujourd'hui. « Madame Plante a trahi tout le monde », a lancé l'un des organisateurs de la manifestation, Peter Sergakis. « On ne peut pas accepter ça. C'est assez, les politiciens qui font des promesses et qui ne livrent pas la marchandise. » Plus tôt, à Gravel le matin, M. Sergakis, qui est président de l'Union des tenanciers de bars du Québec, avait demandé à l'administration de « prendre une semaine de plus et de refaire le budget », qualifiant d’« énormes », « d’abusives » et « d’inacceptables » les hausses de taxes, tant pour les commerçants que pour les résidents, qui devront encaisser des hausses de taxes encore plus élevées, à 3,3 %.

« Le prix des menus va augmenter à Montréal, il n’y a aucun doute », a prévenu pour sa part François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l'Association des restaurateurs du Québec. Mme Plante est sortie du conseil en cours de matinée pour aller à la

rencontre des manifestants, qui s'étaient rassemblés dans le hall d'honneur de l'hôtel de ville pour suivre les débats. Les deux parties se sont entendues pour se rencontrer à une date ultérieure.

Pendant ce temps, l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville résiste comme elle peut à l'adoption du budget. La formation Ensemble Montréal, qui a succédé à l'Équipe Denis Coderre pour Montréal, avait annoncé en début de semaine qu'elle soumettrait trois amendements au budget afin de réduire la hausse de taxes au niveau de l'inflation, d'aider les entreprises touchées par les chantiers et de créer un bureau indépendant du budget. Le parti, dirigé par intérim par le conseiller Lionel Perez, continue par ailleurs de soutenir que le budget est illégal, puisque le plan triennal d'immobilisations (PTI) n'a pas été déposé avant le 31 décembre 2017, un dossier « suivi de près » par le ministère des Affaires municipales, mais qui « n'implique aucune conséquence juridique particulière », soutient la Ville de Montréal.

« Nos droits ont été brimés », a répété M. Perez, soutenant que l'absence de PTI ne permettait pas aux élus de pouvoir valider les chiffres du budget présenté il y a deux semaines. « Arrêtez votre cinéma M. Perez », a répondu Valérie Plante. La mairesse a aussi rejeté la « main tendue » par son vis-à-vis, qui proposait de revoir avec elle le budget avant la date limite du 31 janvier. « Nous avons pris les responsabilités que vous n’avez pas su prendre

», a-t-elle répliqué. Le budget 2018 de la Ville de Montréal fait aussi l'objet de vives critiques des 15 villes reconstituées de l'agglomération montréalaise, qui verront leurs quotes-parts augmenter en moyenne de 5,3 %. Dimanche dernier, plusieurs dizaines de personnes ont d'ailleurs manifesté devant l'hôtel de ville de Pointe-Claire pour protester contre la pression budgétaire exercée sur les villes liées. Ces dernières se prononceront sur le budget demain au conseil d'agglomération, dirigé de facto par les élus de la Ville de Montréal.

L'opposition demande à Mme Plante de renoncer à hausser la taxe de l'eau Présentant sa réponse au budget, le chef de l'opposition, Lionel Perez, chef intérimaire de Ensemble Montréal, anciennement Équipe Coderre, dit vouloir éviter que la hausse de taxe atteigne 3,3 %, soit davantage que les projections pour l'inflation dans la région de Montréal, évaluée cet automne à 1,7 % par le Conference Board du Canada.

Pour y arriver, la formation pointe du doigt principalement la hausse de 1,1 % attribuée à la taxe de l'eau. En y renonçant, l'augmentation des taxes résidentielles serait de 2,2 % seulement. Sans surprise, l'opposition a indiqué qu'elle comptait voter contre le budget, à moins que l'administration ne renonce à hausser la taxe de l'eau. Rappelons que l'administration Plante-Dorais a justifié la hausse de la taxe de l'eau par les besoins

importants de réfection du réseau d'eau. Cette taxe dédiée à l'entretien de ces infrastructures souterraines n'a pas été augmentée depuis 2013.

Lionel Perez a rejeté ces explications en disant que l'administration précédente avait réussi à mettre les bouchées doubles dans la réfection de ces infrastructures souterraines sans augmenter la taxe de l'eau. Parmi les autres changements proposés, l'opposition propose d'ajouter 10 millions au programme d'aide aux commerçants en chantier. Le parti demande aussi 1,5 million pour mettre en place un bureau indépendant du budget, afin de créer une organisation pour réviser de façon indépendante les prévisions budgétaires à l'avenir. Feu vert dans la dissidence Malgré la controverse soulevée

par les hausses de taxes prévues en 2018, la commission des finances recommande l'adoption du premier budget de l'administration Plante-Dorais. Ce feu vert se fait toutefois dans la dissidence puisque, en plus de l'opposition, les 15 villes ont annoncé vouloir voter contre. Après une semaine d'étude des prévisions budgétaires, les élus responsables de réviser les finances de la métropole ont déposé aujourd'hui à l'hôtel de ville un rapport formulant pas moins de 30 recommandations. Essentiellement, la commission en vient à donner le feu vert au budget, qui prévoit des hausses de taxes de 3,3 %. Cette augmentation, au-delà de l'inflation contrairement à la promesse électorale de Valérie Plante, a suscité la grogne chez plusieurs. Les 15 villes liées aussi comptent s'opposer. Leur représentant,

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Georges Bourelle, maire de Beaconsfield, a dit que celles-ci ne pouvaient accepter une hausse de 5,3 % de leurs quotes-parts. La commission des finances demande d'ailleurs de consulter à l'avenir l'Association des municipalités de banlieue avant la préparation des prochains budgets. Pour réduire la hausse de taxes, les villes liées recommandent quant à elles d'étaler sur 3 à 5 ans le coût des régimes de retraite, ce qui permettrait d'économiser 55 millions. Parmi les autres améliorations recommandées, la commission des finances suggère à la nouvelle administration de déposer le Programme triennal d'immobilisations (PTI) avant ou en même temps que le budget. C'est en effet très rare que celuici est adopté après puisque l'ampleur des projets influence la

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dette, la majorité des projets étant payés par des emprunts. Les élus demandent aussi à l'administration de démontrer l'année prochaine les progrès réalisés grâce à la mise en place de la nouvelle brigade en salubrité, dont les effectifs ont été pratiquement doublés. On veut aussi étudier la possibilité d'augmenter le montant des amendes par les propriétaires de logements insalubres. La commission a aussi endossé la proposition du conseiller Marvin Rotrand d'étudier la modulation des tarifs de stationnements dans les différents secteurs de la Ville. Projet Montréal disposant d'une courte majorité de sièges, l’adoption du budget fait cependant peu de doute, la mairesse ayant indiqué ne pas vouloir reprendre l'exercice.


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Administration municipale

Comme Coderre en 2014

L’administration Plante s’octroie un budget discrétionnaire de 8,5 M$ Alors que le budget de la Ville de Montréal divise toujours les élus, l'administration Plante-Dorais s'est dotée, comme l’avait fait Denis Coderre en 2014, d'un budget discrétionnaire de 8,5 millions de dollars pour «des dépenses générales d'administration » et des «priorités » qui seront annoncées ultérieurement.

Projet Montréal avait pourtant décrié l'utilisation de ces sommes discrétionnaires sous l'administration Coderre. En décembre 2016, le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, qui assurait alors l'intérim à la tête de Projet Montréal, estimait que cette enveloppe atteignait alors 47 millions de dollars. " Il y avait 19 arrondissements, maintenant il y en a 20. Le 20e arrondissement [...] c’est un budget discrétionnaire que le maire s’est donné pour faire différents projets : des choses qu’il a vues à la télévision, qu'il a vues dans ses voyages, des idées qui lui arrivent comme ça… la formule électrique [...] C'est une marque de l'administration Coderre ", avait-il alors déclaré.

Un budget « administratif » Dans un premier temps, le Service des communications de la Ville de Montréal s’est limité à nous dire qu'il s'agit une «provision corporative » constituée pour donner une «marge de manoeuvre à la nouvelle administration pour financer de nouvelles priorités ». Interrogé à ce sujet, le directeur des communications au cabinet de la mairesse, Marc-André Viau, a finalement donné plus de précisions. «Ce poste permet, en plus de couvrir des éventualités comme des règlements de litiges ou des coûts de déneigement exceptionnels, d'attribuer des fonds à des priorités de l'administration qui pourraient apparaître en cours d'année », a-til expliqué. " La création d'une équipe dédiée à l'étude et à la planification de la ligne rose, les ressources pour la création de l’escouade mobilité sont des exemples de ce à quoi pourrait servir le budget. " a entre autres, affirmé Marc-André Viau, directeur des communications du cabinet de la mairesse de

Montréal. Dépenses redondantes? Pourtant, près de 33 millions de dollars sont déjà prévus pour les règlements de litiges dans la catégorie «dépenses contingentes » (dépenses imprévues, règlement des réclamations et paiement des condamnations judiciaires). Quant aux imprévus pour le

déneigement, le budget de 163 millions de dollars consacré à la neige (déblaiement, chargement, épandage d’abrasifs) inclut lui aussi un «coussin financier» en cas de chargement supplémentaire. " Il s’agit ici d’un budget administratif et non un budget discrétionnaire. Il peut nous permettre de faire, en cours de route, un réajustement administratif des besoins des services ", a réitéré Marc-

André Viau. Le controversé budget de l'administration Plante-Dorais, qui prévoit notamment une hausse moyenne des charges fiscales résidentielles de 3,3 %, doit être adopté officiellement mercredi lors d'une séance extraordinaire du conseil municipal et jeudi en conseil d'agglomération.

Contraventions à Montréal

Après les «bonis Denis», les «tickets Valérie» ? La Ville de Montréal a amorcé une révision des constats d'infraction qui pourraient entraîner des contraventions plus lourdes pour les contrevenants, a expliqué l'administration Plante-Dorais au conseil municipal. Davantage d’argent pris aux automobilistes «On va aller chercher davantage d’argent effectivement dans ce poste budgétaire », a admis le président du comité exécutif, Benoit Dorais, en réponse à une question du conseiller d'opposition Francesco Miele. « Depuis 2009, les différents constats n’ont pas été révisé», a-t-il souligné. «Je pense qu’on pourrait effectivement réviser le prix de chacun des constats. Les dossiers sont en préparation». Le président du comité exécutif n'a toutefois pas voulu s'avancer sur les augmentations à venir.

«Au moment où l'on se parle, je ne sais pas à combien chacun des constats va finir », a-t-il admis. Des contraventions payantes Dans son budget 2018, la Ville de Montréal prévoit engranger des revenus d'amendes et de pénalités de 206,6 millions de dollars, soit 11,4 millions de plus que le budget de 2017. «En ce moment, les études que nous avons nous permettent de concevoir qu’il y aura plus d’argent dans le budget à la hauteur des chiffres que nous avons mentionnés et qui ont été expliqués à la commission des finances », a expliqué M. Dorais. Or, l'opposition officielle fait valoir qu'au réel, la Ville de Montréal n'a collecté que 176,5 millions de dollars en amendes et pénalités l'an dernier. Elle parle donc d'une augmentation de 30 millions.

«Je peux comprendre que les gens vont dire : "Je vais payer encore plus dans mes poches", mais un constat d’infractions, c’est parce que c’est un comportement qu’on ne veut plus avoir. Si les gens ne l’adoptent plus, ils n’auront plus de constat d’infractions!» s'est justifié Benoit Dorais lors d'une rencontre avec la presse.

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Actuellement, le Règlement fixant le montant des amendes à l'égard des infractions en matière de stationnement ou d'immobilisation des véhicules prévoit des peines variant de 40 $ à 200 $.

amendes de 40 $ et de 50 $ auraient été haussées de 10 $, sans compter les frais judiciaires afférents, qui seraient passés de 13 $ à 27 $. La contravention typique de 53 $ serait donc passée à 77 $.

Selon un document auquel les media ont pu avoir accès, l'administration Coderre étudiait un scénario selon lequel les

L'administration précédente envisageait aussi d'augmenter les tarifs des stationnements.

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Associations

Fondation Trône d’Enfants

Centre Culturel Islamique de Roussillon

1ère édition de la soirée réseautage

Une série de conférences

Le jeudi 15 février 2018, de 18h00 à 21h00

à partir du 27 janvier 2018

La soirée réseautage au profit des enfants est une initiative étudiante. Un groupe d’organisateurs d’Amnistie internationale Brébeuf et du Comité altermondialiste de Brébeuf (CAB) se sont réunis afin d’organiser un évènement qui pourra d’une part sensibiliser les Québécois aux réalités des enfants partout dans le monde et d’autre part permettre de financer des projets visant à améliorer la qualité de vie et l’accès aux soins des enfants.

Québec.

Pour la 1ère édition de la soirée réseautage au profit des enfants, tous les profits amassés seront remis à Amnistie internationale et à la Fondation Trône d’enfants. Ces deux organismes luttent tous les jours pour protéger et instruire les enfants de partout dans le monde. La Fondation Trône d’enfant est une fondation qui a pour mission d’aider les enfants de partout dans le monde en s’assurant de combler leurs besoins en matières de santé, d’éducation et de sécurité. À ce jour, la Fondation à réaliser plus de 3 différentes levées de fonds en moins d’un an en passant par les enfants du Moyen-Orient jusqu’au enfants cubains sans oublier les enfants d’ici au

Plusieurs activités seront à la disposition des invités. Trois jeunes artistes nous feront l’honneur d’exposer quelques-unes de leurs meilleures oeuvres. Une pianiste nous fera l’honneur de jouer quelques morceaux.

La 1ère édition de la soirée réseautage au profit des enfants se tiendra à l’Ancienne Chapelle (3200 Chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal, QC H3T 1C1) prêtée généreusement par le collège Jean-de-Brébeuf. Cette salle, initialement construite en 1928, est en plus un monument historique québécois.

De plus, les organismes présents à la soirée se présenteront et présenteront leurs accomplissements. Le CAB ainsi qu’Amnistie Canada se présenteront. L’équipe de la Fondation Trône d’enfants nous fait le plaisir d’être présente à la soirée et pourra présenter leurs grands projets pour l’année 2018.

Soirée bénéfice annuelle le 27 janvier 2018

●400 billets sont mis en vente. ●Pour une meilleure gestion de la billetterie, l’AEA favorise la pré-vente de billets (à l’adresse et au numéro de téléphone indiqués ci-dessous). Advenant la vente de tous les billets, il n’y aura pas de vente à la porte; ●L’ouverture des portes est prévue pour 20 heures. ● Tout au long de la soirée, une vente de salés, de sucrés et de boissons fraiches variées vous sera proposée. Le thé et le café seront servis à volonté. .

Dans ce cadre, le CCIR vous convie à assister à la première conférence de Dr. Amine, qui aura lieu le samedi 27 janvier 2018 à 19h00, à la mosquée Attawassol. Voici le programme de la soirée: - De 19h00 à 20h00: conférence de Dr. Amine. - De 20h00 à 20h30: période

Association Enfants d’Algérie

La soirée bénéfice annuelle de l’Association Enfants d’Algérie aura lieu le 27 janvier 2018partir de 20 heures, à la salle de réception "Paragon " (1833 boulevard Curé-Labelle, Laval, H7T 1L1).

Le Centre Culturel Islamique de Roussillon (CCIR) annonce le lancement d'une série de conférences et ateliers animés par Dr. Najib Amine, sur différents thèmes s'articulant autour du renforcement de l'identité musulmane auprès des enfants et des jeunes.

● Une tombola avec de beaux cadeaux est organisée pendant cette soirée. L’équipe de l’AEA espère vous recevoir nombreux à cette soirée et compte sur vous pour en faire un grand moment de solidarité et de convivialité. Leila Djaghrouri Présidente de l'Association Enfants d’Algérie Association Enfants d’Algérie. 1665, Sauvé est, Montréal, Québec, H2C 2A9 N° de téléphone : (514)389-1358 Courriel : enfantsdalgérie@gmail.com http://www.enfantsdalgerie.net

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- 20h30: célébration de la prière (salât) Al-Icha, suivie d'un repas partagé par l'ensemble des participants. Les personnes souhaitant contribuer à la réussite de cet événement d’entrer en contact, au plus tard le jeudi 25 janvier 2018, avec M. Hatim au 514 662-3406. Centre Culturel Islamique de Roussillon (CCIR) 253, rue Sainte-Catherine, Suite 120, Saint-Constant, Québec, Canada, J5A 2J6 Courriel : ccir@hotmail.com www.centreccir.org

Soleil des Orphelins

13ème AG le 28 janvier 2018 Soleil Des Orphelins (SDO) tiendra sa 13ème assemblée générale annuelle (AGA) le dimanche 28 Janvier 2018 à 11h00 au Château Royal à Laval. Cette rencontre constituera une occasion exceptionnelle de découvrir les réalisations et activités de l’organisme. Outre l’examen des rapports

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de questions et d'échanges.

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moral et financier, la rencontre permettra d'échanger avec les participants sur les actions posées et les défis pour l'année qui s'amorce L’événement est ouvert au grand public, des rafraîchissements et du café seront servis. Confirmations de présence : aga-sdo-2018.eventbrite.ca


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Associations

Jeune Chambre de Commerce Camerounaise du Canada

Troisième édition du Gala Talents et innovations Appel à candidature

La Jeune Chambre de Commerce Camerounaise du Canada a entamé les préparatifs de la troisième édition de son gala «talents et innovations», plaçé sous le thème «Une technique, un métier», destiné à honorer les entreprises, professionnels, techniciens et organismes établis au Canada qui se démarquent dans leurs domaines d’activités respectifs en développement socio économique, politique et culturel du Canada et le rayonnement de la communauté Afrocanadienne. Le comité

organisateur annonce ainsi le lancement officiel de l’appel à candidatures. Les candidatures sent reçues depuis le 15 janvier et jusqu’au 30 avril 2018. Ce gala, auquel sont attendus plus de 300 participants, a pour objectif de - de présenter les lauréats et succès stories comme des modèles, sources d'inspiration et d’émulation à la relève . D’encourager "la relève entrepreneuriale et de talents dans toutes les techniques".

- de faciliter des rencontres et échanges B2B avec des partenaires, gens d'affaires et politiques présentes. La programmation de la soirée prestigieuse du 16 juin offrira non seulement des rencontres B2B, un buffet dinatoire et un bal de clôture mais honorera les talents et les innovations par des prix distinctifs dans neufs catégories parmi lesquelles : · Entrepreneur talentueux /

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Entreprise de l'année · Entrepreneur innovateur / Entreprise innovante de l'année · Leader politique émergent · Artiste ou Designer talentueux · Professionnels de l'année (Financier, Ingénierie, Juriste, Éducation, Communication & Santé) · Entrepreneurs/Techniciens de l'année (Électricien, Plombier,

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Ferblantier, Carreleur & Maintenance) · Organisme social qui s’est démarqué en coopérative · Entreprise/organisme qui renforce le plus la coopération Canada-Afrique . Étudiant Entrepreneur (Student StartUp): de l’Amphithéâtre à son propre bureau.


Environnement

Montréal : Le glas a sonné pour les sacs de plastique… C'est dans le courant de l’année 2018 qui vient de débuter, que la nouvelle réglementation interdisant certains types de sacs de plastique entrera en vigueur à Montréal. Les commerçants auront jusqu'à début juin pour écouler leur inventaire et trouver des solutions de rechange. Il y a une dizaine d'années, la quincaillerie Delorimier, dans l'arrondissement du Plateau-MontRoyal, avait déjà fait figure de pionnière, en bannissant les sacs de plastique. Ce geste, posé par souci écologique, n'a cependant pas duré, parce que de nombreux clients étaient mécontents. « Pour certains, ça devenait carrément un inconvénient, parce qu'ils n'étaient pas prêts à ça. Même si on offrait une boîte de carton au lieu d'un sac ou un sac réutilisable, ce n'est pas ça qu'ils voulaient, ils voulaient juste le sac de plastique », se rappelle le gérant de l'établissement, Nicolas AllardGemme. Il espère que l'administration municipale sensibilisera suffisamment les consommateurs pour que le changement se fasse en douceur

cette fois-ci.

En vertu de la nouvelle réglementation de la Ville de Montréal, les commerçants ne pourront plus distribuer de sacs de plastique d'une épaisseur de 50 microns et moins, comme ceux habituellement utilisés par les grandes chaînes de supermarché. Les sacs plus épais seront cependant permis. Selon la Communauté métropolitaine de Montréal, on utilise environ 2 milliards de sacs de plastique minces chaque année au Québec, mais seuls 14 % d'entre eux sont récupérés. Voilà pourquoi ils seront bannis dans la métropole. « Le petit sac, il est trop volatil; on le retrouve partout sauf à l'endroit où il devrait être après utilisation, explique le responsable de l'environnement au comité exécutif de la Ville, JeanFrançois Parenteau. Alors qu'un sac plus épais, les gens ont tendance à le garder plus longtemps. » L'industrie de l'alimentation touchée L'impact sera important dans cer-

tains commerces, comme les dépanneurs, où les sacs de plastique sont encore abondamment utilisés.

Si apporter ses sacs réutilisables au supermarché est devenu une habitude pour un grand nombre de consommateurs, ce n'est pas nécessairement le cas au dépanneur. « J'ai moins de 1 % des clients, et là, 1 % je suis généreux, qui arrivent avec leurs sacs réutilisables, parce que c'est souvent des achats qui sont de dernière minute, des achats aussi qui sont de plus petites quantités », affirme André Forget, qui est propriétaire de trois dépanneurs à Montréal. Il ignore pour le moment quel type de sacs il offrira à ses clients en guise de solution de rechange. L'Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ) indique que ses membres vont se conformer à la nouvelle réglementation montréalaise, tout en se demandant si celle-ci a été mûrement réfléchie. « Il nous reste les sacs réutilis-

ables, les sacs plus épais et les sacs de papier. La question qu'on se pose actuellement, c'est : "Est-ce que ces alternatives-là vont revenir comme un boomerang, et on va nous dire dans quelques années que c'était des mauvais choix environnementaux?" », se questionne le pdg de l'ADAQ, PierreAlexandre Blouin.

ceux qu'on remet aux clients dans les boutiques de vêtements.

En vertu de la nouvelle réglementation, les commerçants pourront toujours distribuer des sacs de plus de 50 microns d'épaisseur, comme

Au lieu d'être remplies de sacs de plastique, les armoires de certains Montréalais risquent d'être remplies de sacs réutilisables.

À la quincaillerie Delorimier cependant, on a choisi une autre option. « On va proposer les sacs réutilisables, qui existent depuis des années. On va les offrir à 1 $, comme à peu près partout », dit Nicolas Allard-Gemme.

Prochaine étape…

Les tasses à café jetables bientôt bannies? Plusieurs municipalités du Québec interdisent désormais aux détaillants de distribuer des sacs de plastique, Montréal étant la plus récente à se joindre au groupe. Cet élan en faveur de l'environnement pourrait-il maintenant se transposer à la tasse à café jetable? Comme le sac de plastique, la tasse à café jetable est en effet l'un de ces objets de consommation courante qui sont très peu recyclés. « Afin d’éviter le passage du liquide, les gobelets de carton ont un revêtement de polyéthylène [plastique] à l’intérieur qui les rend étanches, explique Véronica Pizzi, de l’organisme Ville en vert. Étant des objets multicouches, ces gobelets ne sont pas recyclables dans les centres de tri du Québec. De plus, les couvercles sont fabriqués à partir de polystyrène [plastique n° 6], non recyclable au Québec. » Selon Mme Pizzi, le Québécois moyen consommerait environ 250 cafés servis dans une tasse jetable par année, soit 23 livres de déchets. Au Québec, cela

représente plus de 1,5 milliard de gobelets par an. Au Royaume-Uni, un comité parlementaire vient de se pencher sur ce vice écologique. Dans son rapport publié vendredi, le comité indique que 2,5 milliards de tasses à café jetables sont utilisées et jetées chaque année au Royaume-Uni. Un nombre suffisant pour faire cinq fois et demie le tour de la Terre. Il se produit, toujours selon le rapport, 30 000 tonnes de déchets de tasse à café par an dans le pays. Assez pour faire bouger les députés, qui recommandent maintenant qu’une taxe soit appliquée sur chaque tasse jetable consommée. Dans le quotidien The Guardian, la députée travailliste Mary Creagh, présidente du comité, a déclaré que « les producteurs et les distributeurs de tasses à café n'ont rien fait pour rectifier la situation, et le gouvernement n'a rien fait non plus ». « Il n'y a aucune excuse pour la réticence du gouvernement et de

l'industrie à s'attaquer au problème des tasses à café jetables, est-il écrit dans le rapport. Il s’agit d’un problème évitable. Il est inacceptable que les vendeurs de café perpétuent la confusion chez leurs clients en utilisant des étiquettes de recyclage et en mettant l'accent sur le côté recyclable des tasses à café, en dépit du taux de recyclage extrêmement bas. » Bien que certains établissements offrent des rabais aux clients qui apportent leur propre tasse, cela ne représente que de 1 à 2 % des achats de café, indique le rapport. S'inspirer des sacs de plastique Les auteurs poursuivent en citant l’exemple des sacs de plastique : la taxe imposée sur ces sacs a réduit leur utilisation de plus de 83 % à sa première année, ce qui démontre, prétend le rapport britannique, que les consommateurs sont plus sensibles à une taxe qu'à un rabais.

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La taxe sur les tasses jetables pourrait donc, selon les études soumises aux députés anglais, entraîner une réduction de l’ordre de 50 à 300 millions de tasses jetables par an. Au Québec, on utiliserait envi-

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ron 2 milliards de sacs de plastique minces chaque année, dont un maigre taux de 14 % serait récupéré. Il s'agit de sacs de plastique mince, d'une épaisseur de 50 microns et moins, comme ceux utilisés par les grandes chaînes de supermarchés.


Environnement

Recyclage : Les villes canadiennes croulent sous les déchets Un moratoire de la Chine sur l'importation de la majeure partie des matériaux recyclables étrangers laisse certaines municipalités canadiennes avec des surplus de plastique et de papier qui pourraient bien se retrouver au dépotoir.

Cette interdiction a aussi pour conséquence de diminuer les revenus que les villes accumulent pour leurs matériaux recyclables, car il est difficile de trouver d'autres pays ou d'autres entreprises canadiennes qui seraient preneurs. La Chine était auparavant le principal receveur de plastique et de papier, mais le pays a maintenant cessé d'accepter quasiment tous les matériaux étrangers. Bien que l'interdiction ne soit entrée en vigueur que le 31 décembre, les entreprises chinoises ont commencé à refuser les matériaux il y a quelques mois. Au Québec, 60 % des matériaux recyclables allaient en Chine. Ce n'est plus le cas. Le gérant des déchets solides à la municipalité d'Halifax, Matthew Keliher, a indiqué que les trois quarts de ses matériaux recyclables

se dirigeaient auparavant vers la Chine.

Halifax a trouvé d'autres marchés pour le plastique rigide ou le papier, mais les pellicules de plastique, les sacs de plastique, les sacs alimentaires et les emballages sont plus difficiles à vendre. Trois cents tonnes de pellicules de plastiques amassées dans un entrepôt d'Halifax depuis le mois d'août sont présentement envoyées au dépotoir. Calgary, qui envoyait en Chine tous ses papiers recyclables et la moitié de son plastique, a accumulé dans les derniers mois 5000 tonnes de matériaux dont personne ne veut. La ville n'a pas encore décidé ce qu'elle allait en faire. Il y a au Canada certaines entreprises de recyclage, mais elles acceptent presque exclusivement le plastique de haute qualité comme celui que l'on trouve sur les boîtes de lait ou de jus, souligne la directrice générale du Conseil du recyclage de l'Alberta, Christina Seidel. « C'est du matériel de très haute qualité. Tout le monde veut de

cela. [Les entreprises] ne sont pas de grandes amatrices de plastiques de moindre qualité », a-t-elle analysé.

Concurrence féroce La Chine a fermé la porte à tous les matériaux recyclables, car elle n'en pouvait plus de gérer les tonnes d'objets contaminés par des déchets. Le pays compte maintenant utiliser ses propres matériaux. L'Indonésie, la Thaïlande et l'Inde sont parmi les autres pays qui acceptent les matériaux recyclables, mais la concurrence pour leur faire accepter les produits est forte. Elle est d'ailleurs si intense qu'Halifax refuse de dévoiler où elle envoie ses produits, car elle craint qu'une autre ville lui vole sa place, selon M. Keliher. Le marché du recyclage était impitoyable avant que l'interdiction chinoise ne soit imposée, et maintenant que la moitié du marché a fondu et que l'offre est écrasante, il est encore plus impitoyable. Matthew Keliher, gérant des déchets solides à Halifax Baisse de revenus Halifax gagnait auparavant 2,1 millions de dollars par année en

vendant son recyclage, dont 1,6 million venait de la Chine. Derek Angove, qui s'occupe de la gestion des déchets à Toronto, a indiqué que la ville n'exportait pas directement ses produits en Chine. Elle avait conclu des contrats à long terme avec des entreprises canadiennes pour protéger Toronto de ce retrait des Chinois. Il souligne toutefois que le prix des matériaux a diminué, et, selon lui, si la Chine ne change pas d'idée, les revenus des villes continueront à baisser.

Christina Seidel croit que le Canada devrait s'inspirer de ce qui se fait en Colombie-Britannique, avec un système qui place le fardeau sur les producteurs de matériaux. Ces derniers doivent payer et s'assurer que leurs produits sont recyclés. En Colombie-Britannique, cela a contribué à accroître la part du marché intérieur pour les produits recyclés et à diminuer la pression sur les villes pour les coûts des programmes.

La pollution par les plastiques Une crise planétaire L'ONU tire la sonnette d'alarme sur la pollution des océans en évoquant une « crise planétaire ». Le sujet est d'ailleurs au programme de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement, qui s'est ouvert lundi à Nairobi, au Kenya. Radio-Canada avec BBC et Agence France-Presse « Nous ruinons l'écosystème de l'océan », a affirmé Lisa Emelia Svensson, coordonnatrice de la division des écosystèmes marins et côtiers aux Nations unies.

Pas moins de 8,8 millions de tonnes de plastique sont jetées dans les mers chaque année, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Une étude américaine n’est pas plus rassurante : plus de 9,1 milliards de tonnes de plastique ont jusqu'ici été produites dans le monde, la plupart finissant dans les sites d'enfouissement sanitaire ou dans l'océan. Un sac en plastique met des centaines d'années à se décomposer, tandis que les plastiques plus durs peuvent prendre des

millénaires.

L’heure est grave, selon le chef de l'agence de l'ONU pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim. Il faut une action urgente pour que les océans ne se transforment pas en « soupe de plastique ». «D'ici 2050 il y aura plus de plastique dans les mers que de poisson» a-t-il affirmé Sur le terrain comme à Watamu dans l’est du Kenya, les habitants font ce qu'ils peuvent. Mohamed Iddi, un pêcheur de

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42 ans, dit qu’il ramasse chaque jour sur la plage de deux à trois gros sacs poubelle remplis de plastiques. « Certains sont amenés par la mer, d'autres par les gens venus pique-niquer sur la plage, dit-il. Parfois j'en trouve dans l'estomac des poissons. » Les déchets viennent de la côte tanzanienne, mais aussi de Madagascar, des Comores, de la Thaïlande, de l'Indonésie et même du Japon. Il y a de mystérieux anneaux en

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plastique blanc plus léger que l’on soupçonne provenir de pots de yogourt. Il vient s’ajouter aux sacs d'engrais en plastique tissés ainsi que des pailles en plastique et bien plus. Les efforts des habitants de ces villages côtiers ne suffisent pas. Des millions de fragments de plastiques, trop petits pour être ramassés, sont mélangés aux algues séchées.


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Sports

Nouveau joueur désigné de l'Impact

L'international algérien Saphir Taïder a disputé plus de 150 matchs en Série A italienne L'Impact de Montréal vient d’annoncer avoir fait l'acquisition du milieu de terrain français et international algérien Saphir Taïder à titre de Joueur désigné, à la suite d'une entente de trois ans, dont un prêt de deux ans, du club italien Bologna FC 1909, en plus d'une année d'option supplémentaire pour 2021.

directeur technique Adam Braz. À 25 ans il a déjà joué plus d'une centaine de matchs dans un des meilleurs championnats d'Europe et de nombreuses rencontres avec la sélection algérienne. Il apportera de la qualité et de l'expérience à l'équipe. Nous sommes ravis qu'il ait décidé de poursuivre sa carrière avec nous. »

Son acquisition sera confir mée après la réception de son certificat de transfert international et son examen médical. « Nous sommes bien heureux d'accueillir Saphir à Montréal, a déclaré le président Joey Saputo. C'est un joueur compétitif qui a disputé plus de 100 matchs avec le Bologna FC depuis 2012. Son acquisition aidera l'équipe à réaliser ses objectifs. »

Une belle carrière italienne Taider, âgé de 25 ans, a disputé sept saisons en Serie A, la première division italienne, enregistrant 10 buts et huit passes décisives en 162 matchs de saison régulière et 10 885 minutes de jeu. Il a aussi pris part à six matchs de la Coppa Italia.

Un renfort conséquent « C'est une excellente signature pour l'Impact car Saphir est un joueur à la fois jeune, mais également déjà très expérimenté en Europe, a expliqué l'entraîneur-chef de l'Impact Rémi Garde. Son parcours dans les meilleurs clubs de Serie A et avec la sélection d'Algérie font de lui un joueur très important pour aider l'Impact à gagner un trophée dans les saisons à venir. Après lui avoir exposé le projet mis en place ici, à Montréal, à ma grande satisfaction, il a choisi de relever ce défi et de s'y investir pleinement. Il aura des responsabilités multiples et je suis persuadé qu'il a toutes les capacités pour devenir un excellent joueur en MLS. » « Il s'agit d'une signature importante pour l'Impact de Montréal, a ajouté le

Il a notamment récolté neuf buts et trois passes décisives en 115 matchs, toutes compétitions confondues, avec le Bologna FC 1909, évoluant avec le Rossoblu de 2011 à 2013, puis de 2015 à 2017. Il a aussi appartenu aux prestigieux clubs italiens Juventus F.C. et Inter Milan au cours de sa carrière, cumulant un but et deux mentions d'aide en 25 matchs de Serie A avec les Nerazzurri, en 2013-14, puis trois buts et trois passes décisives en 27 matchs, lors d'un prêt à l'U.S. Sassuolo Calcio, en première division italienne, durant la saison 2014-15. Il a également brièvement porté les couleurs de Southampton F.C., en Premier League, en 2014. Il a fait partie de l'académie du club français Grenoble Foot 38, de 2007 à 2010. Il a fait ses débuts professionnels en Ligue 1 en mai 2010, puis a marqué un but

en 26 matchs de Ligue 2, à la suite de la relégation de l'équipe. Il a aussi pris part à un match de la Coupe de France et un match de la Coupe de la Ligue.

ronde des quarts de finale à la Coupe d'Afrique des Nations en 2015. Il avait auparavant évolué avec les U18, U19 et U20 de la France.

Sur la scène internationale, Taïder a marqué cinq buts en 42 matchs avec l'équipe nationale de l'Algérie. Il a fait ses débuts internationaux avec les Fennecs le 26 mars 2013 contre le Bénin, récoltant un but et une passe décisive. Il a aidé l'Algérie à atteindre les huitièmes de finale de la Coupe du monde de la FIFA en 2014 et la

Les termes de la transaction L'Impact de Montréal fait l'acquisition du milieu de terrain Saphir Taïder à titre de Joueur désigné à la suite d'une entente de trois ans, dont un prêt de deux ans,

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du club italien Bologna FC 1909, en plus d'une année d'option supplémentaire pour 2021.

Saphir Taïder en bref Position : Milieu de terrain Taille : 5'11 Poids : 160 lbs Naissance : 29 février 1992, Castres, France Citoyenneté : France & Algérie Dernier club : Bologna FC 1909 (Italie) Acquisition : 22 janvier 2018

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Sports

Soccer - Mondial 2026

Voici pourquoi la candidature Maroc fait trembler les certitudes de l’Amérique…

Le choix du pays qui va organiser la Coupe du monde 2026 aura lieu juste avant le début du Mondial russe en juin prochain L’élection du pays qui va organiser le Mondial 2026, c’est déjà demain. Le choix sera fait au congrès de la FIFA qui se tient le 13 juin 2018 à Moscou. Mais auparavant la commission chargée de ce dossier devra statuer, en mars prochain, sur la validité des candidatures nord-américaine et marocaine. La nouvelle procédure de l’instance mondiale permet à cette entité d’approuver ou de rejeter le cahier des charges de l’un ou l’autre candidat. C’est dire que l’essentiel se passera lors de cette audition et pas au cours du vote au congrès de la FIFA. Et comme il n’y a que deux concurrents, l’élimination du dossier d’un candidat signifie l’attribution du Mondial à l’autre. Autrement dit, tout dépend de cette commission de contrôle. Exactement comme le vote dépendait des 25 membres du Comité exécutif de la FIFA au temps de Sepp Blatter. Si la procédure a changé, les risques de pratiques douteuses demeurent à l’ordre du jour. Car le pouvoir de quelques membres devient si absolu, qu’en face la démocratie et le vote des 211 fédérations risquent de ne pas peser lourd. Dans le cas précis du Mondial 2026, il n’y a que deux candi-

dats: le Maroc et un trio composé par les USA, le Canada et le Mexique. Il y a malheureusement beaucoup d’indices qui démontrent que la FIFA favorise les Américains. De prime abord, le pouvoir d’éliminer un candidat sans passer par le vote des fédérations est en soi un retour en arrière. Vive la démocratie! La preuve, le secrétariat général de la FIFA peut éliminer tous les candidats et refaire le match selon son bon vouloir. Dans ce cas, il peut faire appel à toutes les autres associations y compris celles de l’AFC et de l’UEFA. Et pour boucler la boucle, la FIFA impose aux candidats, entre autres exigences, le respect des droits de l’homme. L’arme fatale que brandissent en général les Européens et les Américains pour priver un pays africain d’une aide financière, commerciale ou de l’organisation d’une manifestation mondiale. Mais quand bien même les droits de l’homme sont importants, au Maroc les policiers ne tuent pas les noirs comme aux USA. Chez nous, les condamnés à mort ne sont pas exécutés avec une injection de poison puissant ou une mégadécharge électrique… Ils ne sont tout simplement plus

exécutés. Ce ne sont que des indices, dira-t-on, mais des indices concordants quand même. En outre, la FIFA allait «élire» le pays hôte du Mondial 2026 lors de son congrès du 11 mai 2017 à Manama (Bahreïn). Il a fallu que les représentants africains fassent bloc, sous l’impulsion de la FRMF, pour

que l’instance mondiale du football fasse machine arrière. Pis encore, la FIFA a imposé aux Nord-Américains et au Maroc de ne pas faire la promotion de leur dossier sans avoir son autorisation préalable. Décision ambiguë, certes, mais que n’ont pas respectée les USA, qui ont fêté en grande pompe

l’annonce de leur candidature. Les trois pays (USA, Canada et Mexique) n’arrêtent pas de faire la promotion de leur dossier commun par voie de presse et autres opérations de communication. Le Comité d’organisation marocain, lui, respecte les injonctions et demeure muet. Aucun respon-

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Une société anglaise pour la campagne promotionnelle du Maroc Dans sa quête de l’organisation de la coupe du monde 2026, le Maroc a décidé de confier sa campagne stratégique à la société anglaise Vero Communications connue pour son succès dans l’obtention des jeux olympiques 2024 par Paris. Vero dirigé par le consul-

tant média Mike Lee a également été derrière la victoire de Peoncheang 2018.

« Le Maroc est pays très accueillant avec un véritable passion pour le football. Il offre d’excellentes conditions pour les joueurs et sera un endroit excellent pour les fans pour une grande fête mondiale» a

déclaré Mike Lee.

Le Maroc est en concurrence avec la triple candidature Canada-MexiqueÉtats Unis pour l’organisation du Mondial 2026. Le nom du pays hôte sera connu le 13 juin à Moscou lors de l’Assemblée générale de la FIFA.

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Vero Communication a également travaillé sur la candidature de Rio pour les JO 2014. Il a soutenu Brian Cookson et Sebastian Coe respectivement pour les présidences de l’UCI et de l’IAAF. Le groupe travaille également avec l’UEFA.

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Sports

Soccer - Mondial 2026

Voici pourquoi la candidature Maroc fait trembler les certitudes de l’Amérique…

Le choix du pays qui va organiser la Coupe du monde 2026 aura lieu juste avant le début du Mondial russe en juin prochain chez les Africains et les

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sable ne s’aventure à faire la moindre déclaration. Par ailleurs, le président de la FIFA, Gianni Infantino, est étrangement sorti de sa neutralité pour approuver la candidature des Américains. Il leur devait bien un tel soutien parce que si l’Italien est arrivé au sommet du football, c’est surtout grâce à la purge opérée par le FBI et la justice américaine, contre la corruption au sein de la FIFA. C’est dire combien il faut se méfier de l’avis de la commission de contrôle en mars prochain. Car si le Maroc arrive jusqu’au congrès de Moscou, il passera du statut d’outsider à celui de favori. Les Etats-Unis de Donald Trump ont mauvaise presse

asiatiques, soit la moitié des votes. Mais il ne faut pas oublier les Européens qui, en plus de la proximité géographique, ont beaucoup d’intérêts financiers et économiques notamment dans la construction des stades et autres infrastructures au Maroc. Autant dire que les Américains ont peur du Maroc même s’ils ne cessent de vanter leur supériorité à qui veut, encore, l’entendre. Même le président du comité de candidature nord-américain, Sunil Gulati, reconnaît que son dossier est plombé par un énorme talon d’Achille…le président Donald Trump Himself!

L’atout Trump de la candidature du Maroc Les controverses politiques internationales impliquant le président américain Donald Trump pourraient nuire aux perceptions mondiales de l'Amérique et à sa candidature conjointe pour la Coupe du monde 2026 avec le Canada et le Mexique, a prévenu jeudi 18 janvier le président sortant de la Fédération américaine de football, Sunil Gulati. Selon l'AFP, dans une déclaration à ESPN, chaîne de télévision sportive américaine, Gulati craint que des problèmes politiques puissent nuire à la candidature nordaméricaine. "Les avantages des terrains et de l'infrastructure favorisent la candidature MexiqueCanada-États-Unis, mais il

faut davantage pour convaincre les 104 électeurs", souligne Gulati, notant qu'une décision sera prise le 13 juin prochain par un conseil exécutif. Gulati explique qu'"on ne peut pas tout contrôler. Il y a des choses qui nous échappent comme les relations entre les États-Unis et la Corée du nord, la décision de Trump de déplacer l'ambassade américaine à Jérusalem (Al-Qods), ou encore la décision du président américain de se retirer de l'accord de Paris". "Il ne s'agit pas seulement de nos stades et de nos hôtels. Il s'agit de la perception de l'Amérique dans une période difficile pour notre monde" déclare-t-il.

Rappelons qu'un journal de Los Angeles a dernièrement mis en exergue les lacunes de

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la candidature américaine, en raison notamment de l'explosion du sentiment antiaméricain dans le monde et

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des récentes déclarations du Président Trump.


Panorama

Salaires et revenus

Quatre jours pour l’un, toute une vie pour l’autre…

Le patron d'une des cinq plus grandes entreprises mondiales du secteur de la mode ne met que quatre jours à engranger l'argent que gagnera pendant toute sa vie un Bangladais qui travaille dans une usine de textiles, vient de révéler le groupe Oxfam International.

Un rapport publié par Oxfam indique que 82% de la richesse générée l'an dernier a été remise au 1% des gens les plus riches de la planète, tandis que la moitié la plus pauvre de l'humanité - soit 3,7 milliards de personnes - n'a profité d'aucune amélioration de son sort.

Oxfam cherche à placer les inégalités mondiales au coeur des discussions du Forum économique mondial, qui vient de débuter dans la ville de Davos, en Suisse.

Le document ajoute que la richesse des milliardaires s'est engraissée de 13% depuis 2010, soit six fois plus que le salaire moyen d'un ouvrier, et qu'un nouveau milliardaire est apparu tous les deux jours pendant l'exercice qui s'est terminé en mars 2017.

La directrice générale d'Oxfam International, Winnie Byanyima, a dit que «l'explosion du nombre de milliardaires» ne témoigne pas d'une économie en santé, mais plutôt de l'échec du système économique. Ceux qui fabriquent nos vêtements, assemblent nos téléphones ou cultivent notre nourriture, a-t-elle dit, sont exploités pour garantir que nous ne manquerons jamais de biens abordables et pour engraisser les profits des entreprises et des investisseurs milliardaires.

Oxfam recommande aux gouvernements de limiter les profits que peuvent encaisser les investisseurs et les grands patrons, de s'assurer que les ouvriers reçoivent un salaire suffisant pour subsister, et d'adopter des lois pour éliminer les écarts salariaux entre les sexes et protéger les droits des travailleuses. Il leur demande aussi de combattre l'évasion fiscale et les mesures similaires qui ont été mises en évidence par la publi-

cation récente des «Panama Papers» et des «Paradise Papers». Oxfam tente depuis plusieurs années d'attirer l'attention vers les inégalités en marge du sommet de Davos. Le groupe prévient que les vagues populistes et nationalistes qui déferlent déjà sur la planète ne feront que s'accentuer si rien n'est fait.

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«Nous avons constaté une évolution du discours des gens, mais cela ne s'est pas traduit en actions concrètes», a dit un représentant d'Oxfam à Davos, Nick Bryer. Les gouvernements, a-t-il ajouté, doivent «reprendre le contrôle» et tenir tête aux grandes entreprises et aux milliardaires.

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«Il y a plusieurs gestes qu'ils pourraient poser», dit M. Bryer. Les conclusions d'Oxfam sont tirées d'une étude de la banque Crédit Suisse et de la liste des milliardaires du magazine Forbes.


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