La Baleine 156 - Nanocratie pour macrobusiness

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Depuis 1971

décembre 2008 / 3€20 N°156

Nanocratie pour

macrobusiness

www.amisdelaterre.org

Poznan : une étape vers le post-Kyoto Gestion de l’eau, bientôt tous en régie ? Wifi partout, débat nulle part


Edito

SOMMAIRE

Sortir de la crise économique et écologique Nous bouclons ce numéro en plein cœur des négociations du sommet de Poznan, qui vise à avancer sur la voie d'un nouveau texte faisant suite au protocole de Kyoto. Peut-on en espérer l'adoption d’un paquet climat-énergie courageux, c’est-à-dire faisant face aux problèmes réels ? Difficile à croire. Alors que les propositions initiales étaient ambitieuses _ réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % et de 30 % en cas d’accord international, 20 % d’énergies renouvelables et 20 % d’efficacité énergétique d’ici 2020 _ chaque pays défend ses petits. L'Allemagne souhaite une réglementation pour épargner son industrie automobile, la République Tchèque veut protéger son industrie sidérurgique, la Pologne sa production énergétique, la Belgique son industrie chimique... A chaque sollicitation, le président de l'Union européenne Nicolas Sarkozy cède tout en poursuivant la défense de son cher nucléaire. Et à chaque fois, la politique climatique européenne en est d'autant affaiblie. Les refus des politiques véritablement contraignantes confortent les égoïsmes des États sous la pression des lobbies industriels qui prétextent de la crise économique. Celle-ci n’est pourtant qu’un épiphénomène comparée à la crise climatique qui s’approche à grands pas. Nous savons que les leviers du changement existent. Et s’il était possible de profiter de l’une pour enrayer l’autre ? Nos dirigeants pinaillent aujourd’hui, mais injecterons demain des milliards d’euros dans l’économie. Une bonne nouvelle si ces investissements massifs sont destinés à réduire radicalement nos émissions de gaz à effet de serre, en s’appuyant sur le développement des renouvelables, de l'efficacité et de la sobriété énergétiques pour rétablir l’équité entre les citoyens. Les limites de la position européenne sur le climat ne doivent pas être pour la France un prétexte pour refuser de s’engager immédiatement dans la réduction de l'usage des transports routiers, la rénovation thermique de l'habitat, l’application de normes contraignantes pour les appareils électriques et l'éclairage, une tarification électrique progressive encourageant la sobriété, le développement de l'agroécologie, etc. Mais les mesures proposées par le gouvernement en décembre dernier nous ont montré une fois de plus quelles étaient les priorités de Nicolas Sarkozy : la bagnole _ nouvelle prime à la casse _ et le pavillon _ nouveau prêt à taux zéro. Alors que la crise économique menace des millions d’Européens, il est temps que nos gouvernants comprennent que seul un monde soutenable peut être l'alternative à toutes les crises. Cela suppose de remettre totalement en question nos modes de production, de consommation, et avant tout nos représentations.

> CLAUDE BASCOMPTE Président des Amis de la Terre • France

Trimestriel • Décembre 2008 • n°CCPAP : 0312 G 86222

6 - 8 > FRANCE Charte de l'environnement : le réveil du Conseil d'État • L’environnement, un critère de poids pour choisir sa banque • Grenelle : l'heure des choix n'a pas sonné • Nous sommes ce que nous semons ! • Gestion de l'eau : bientôt tous en régie ? •

9 - 10 > RÉGIONS • PDE : les entreprises franciliennes recalées • Wifi partout, débat nulle part • Limousin : 50 000 tonnes de déchets amiantés à l'air libre 11 - 16 > DOSSIER NANOCRATIE POUR MACROBUSINESS • Les nanos, imprévisibles mais convoitées • Santé, des risques négligés • Les nanotubes de carbone aussi nocifs que l'amiante • « Les RFID, c’est l’enfer numérique ! » • Les syndicats face à la question « nanos » • « Nous avons besoin d'un cadre juridique spécifique » • La paradoxale position des institutions • Les nanotechnologies, un développement incontrôlé • Le point de vue des associations • De la manipulation des gènes à leur synthèse 17 > RESEAUX • Les Amis de la Terre en France et dans le monde • Bulletin d’adhésion 18 > COIN DES LIVRES • Livres et bon plan • Publications 19 > FONDAMENTAUX, COLLECTIFS L'homme et la technique • Les ONG boycottent une « consultation » de l’OCDE •

20 > P R ATIQUE, HUMEURS • Cuire sans réchauffer la planète • Une vie de chien

Le Courrier de la Baleine n°156 « Se ranger du côté des baleines n'est pas une position aussi légère qu'il peut le sembler de prime abord. »

3 - 5 > I N T E R N AT I O N A L • Adieu, bagnole et pavillon • Déchets toxiques d'Abidjan : entre opacité et déception • Poznan : une étape vers le post-Kyoto • IG Mettal, nouvel allié antinucléaire • « La BEI devrait investir pour un développement durable et contre la pauvreté »

Depuis 1971

Ce numéro se compose d’un cahier principal (20 pages), du guide « Environnement : comment choisir ma banque » et d'un supplément à destination des adhérents « Nous Autres ».

Directeur de la publication Claude Bascompte Rédactrice en chef Sophie Chapelle Secrétaire de rédaction Lucie Lebrun Comité de rédaction Célia Fontaine, Laurent Hutinet, Odette Kobana, Florence Leverdez, Caroline Prak, Emmanuelle Roggeri Ont collaboré à ce numéro David Azoulay, Julien B, Dorothée Benoit Browaeys, Christian Berdot, Dominique Bergot, Anne Bringault, Jocelyn Denhez, Alain Dordé, Fabrice Flipo, Josiane Fontaine, Rose Frayssinet, Céline Gossa, Corinne Lafosse, Déborah Lambert Perez, Martine Laplante, Yann Louvel, Claudia Neubauer, Marianne Perrière, Yvan Tricart, les Amis de la Terre-Paris, Pièces et Main d'Oeuvre Crédits photos Alexstaubo, Carnotzet, IPIS, Macartisan, Matthieu, Packt like, Toxi. Maquette Nismo Carl Pezin • 01 48 00 06 94 Impression sur papier recyclé Offset cyclus 90g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50

Les Amis de la Terre est une association de protection de l'Homme et de l'environnement. Créée en 1970, elle a participé à la fondation du mouvement écologiste en France, et à la formation du premier réseau écologiste mondial, Friends of the Earth – International, présent dans 70 pays et réunissant deux millions de membres. Les Amis de Terre mènent des actions de plaidoyer auprès des décideurs économiques et politiques et sensibilisent le grand public sur les problématiques environnementales. Elle s’appuie pour cela sur un réseau de 29 groupes locaux.


INTERNATIONAL

Crise économique Adieu, bagnole et pavillon... Toute crise est une opportunité de changement. Celle que nous connaissons pourrait déboucher sur une profonde révolution des modes de productions. Encore faudrait-il oser le dire aux classes dites « moyennes ». sociale sont intimement liées. Celle d'aujourd'hui dévoile que la civilisation occidentale vit fondamentalement au-dessus de ses moyens et de ceux de la planète. L'endettement américain et européen a valeur de symbole : il est significatif que la crise se soit déclenchée à partir d'un degré de soutien délirant à l'accession à la propriété du pavillon de banlieue.

Pour un new deal écolo

Pour 87% des Français, l’habitat individuel représente le type d’habitat le plus séduisant, (Observatoire de la ville, février 2007).

Nul ne sait jusqu'où ira cette crise. Il est toutefois certain que les ménages américains surendettés ne pourront pas totalement rembourser leurs dettes. La sophistication des produits financiers a disséminé ce risque de faillite dans toute l'économie mondiale, d’où la méfiance généralisée et le tarissement du crédit, qui provoque la récession. On s'arrête souvent à cet enchaînement, mais la crise économique était sous-jacente. Le crédit a permis un temps de suppléer aux revenus du travail dont la part baisse depuis trente ans, et l'investissement productif est lui aussi en panne, car les actionnaires ont exigé des rendements très élevés et à (très) court terme.

Attention, relance Pour l'instant, les gouvernants feignent de s'en tenir à une meilleure gestion des ris-

ques financiers. Mais ils attendent d'évaluer la profondeur de la crise avant d'envisager des plans de relance dont l'ampleur pourrait, si nécessaire, atteindre celle d’un plan Marshall. Car il faudra réamorcer la demande en investissant de façon massive et en augmentant salaires et transferts sociaux. Tout le contraire de ce que fait le gouvernement français. Mais investir dans quoi ? Si l'on relance la machine sans revenir sur l'american way of life, on aggravera les crises écologique et sociale, rendant inaccessibles à la majorité des humains des biens et services aussi indispensables que l'eau, la nourriture, le logement ou la possibilité de se déplacer, du fait de la hausse des prix qui en résultera. Car maisons et automobiles individuelles dévorent l'énergie, les ressources, l'espace et le temps. Crises écologique, économique et

Au lieu de la fuite en avant consistant à sauver banques, industries automobile et du BTP, il faudrait en profiter pour restructurer économie et services publics en vue de les mettre, enfin, au service d’un intérêt général intégrant les contraintes écologiques. Un tel « nouveau new deal » serait l’occasion de définir une véritable politique industrielle donnant la priorité absolue aux activités locales. Le mouvement social est, à cet égard, désormais plus favorable au changement que les gouvernants. Car élaborer et soutenir un tel projet oblige en effet à revoir les formes de décision et de responsabilité citoyenne et politique, ce qui seul redonnera la "confiance" et surtout le désir de travailler pour contribuer à l'intérêt général. De fait, si le système financier doit bien être réformé, la crise de confiance tient à ce que les peuples ne croient plus en un système dont chacun sait qu'il a atteint le seuil du non-sens. L'affolement des dirigeants occidentaux est à mesurer à cette aune. Reste à savoir qui osera affronter les classes moyennes industrialisées pour leur avouer qu'il est temps, dans leur propre intérêt, de renoncer aux attributs du confort à l'occidentale. Adieu, bagnole et pavillon…

> LAURENT HUTINET

Procès des déchets toxiques d’Abidjan Entre opacité et déception Dans Le Courrier de la Baleine n°148, nous décrivions le désastre environnemental provoqué le 20 août 2006 par le bateau Probo Koala. Près de 500 tonnes de boues issues de raffinage pétrolier avaient été déversées dans plusieurs décharges à ciel ouvert d’Abidjan. Les émanations toxiques de ces déchets avaient causé la mort de 17 personnes et des milliers d’intoxications. Deux ans plus tard, le 22 octobre 2008, la Cour d’Assises de Côte d’Ivoire rend son verdict : deux accusations et sept acquittements. Le principal accusé n’est pas, comme on pouvait s’y attendre,

la multinationale Trafigura, affréteur et à ce titre considérée comme propriétaire des déchets toxiques, mais le patron de la jeune société sans référence « Tommy », recrutée par Trafigura pour récupérer les 528 m3 de slops (résidus du nettoyage des cales) du Probo Koala. Il écope de 20 ans de prison.

L'Etat dédouané Le second à devoir payer est un agent de la société consignataire du bateau au port d'Abidjan. Il est condamné à 5 ans de prison pour complicité d'empoisonnement. Le jury a en

revanche prononcé l'acquittement des sept autres accusés, notamment le commandant du port, l'ex-directeur général des Affaires maritimes et trois douaniers, dédouanant ainsi l'État ivoirien. Le verdict n’a pas calmé la colère des victimes, qui estiment que le véritable coupable n’a pas été sanctionné. Seuls 25 milliards de Francs CFA leur ont été attribués, le reste revenant à l'État et aux collectivités locales. Elles espèrent encore obtenir des réparations de la multinationale.

> CÉLIA FONTAINE


INTERNATIONAL

Politiques climatiques européennes Poznan, une étape vers le post-Kyoto La 14ème Conférence des Parties signataires de la Convention Climat s'est tenue du 1er au 13 décembre 2008 à Poznan, en Pologne. Cet événement est une étape vers un accord multilatéral de lutte contre les gaz à effet de serre pour l’après 2012. L'accord « post Kyoto » devra être adopté à Copenhague en décembre 2009 par les 190 États parties à la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC). Pour limiter la hausse moyenne des températures planétaires à 2 °C, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) préconise de diviser les émissions de gaz à effet de serre (GES) par deux au niveau mondial d’ici 2050, en commençant à les réduire au plus tard d'ici 2020. Ces objectifs supposent l'adoption par l'Union européenne (UE) d'un paquet énergie-climat ambitieux pour cette échéance : réduire d'au moins 30 % par rapport à 1990 ses émissions domestiques, atteindre au moins 20 % d'énergies renouvelables dans sa consommation finale d'énergie, économiser au minimum 20 % de sa consommation énergétique.

Soutien aux pays du Sud Ces objectifs chiffrés doivent s'accompagner d'un soutien financier et d'un transfert de technologies dans les pays en développement en vue de leur adaptation aux changements climatiques. Or, les besoins sont estimés à plusieurs milliards de dollars par an, alors que les différents fonds de la Convention et du Protocole ne dégagent actuellement que quelques millions de dollars. Des pistes de financements, comme la mise en œuvre de taxes globales ou l'affectation d'un pourcentage du PIB à l'adaptation, doivent être sérieusement explorées. L'enjeu est de taille puisqu'il s’agit de rompre avec des mesures qui laissent aux marchés financiers, via le marché carbone, le soin de réguler l’équilibre des émissions.

Déforestation, nouvel enjeu Négligée par le protocole de Kyoto, la lutte contre la déforestation et la dégradation, responsable d'environ 20 % des émissions mondiales de GES, sera une des clés de l’accord international négocié à Copenhague. Certains proposent de rattacher les crédits « déforestation évitée » connue sous l’acronyme REDD (Réduction des Émissions liées à la Déforestation et la Dégradation) au marché international du carbone. Si un pays ou un projet réussit à diminuer le taux de déforestation par rapport à un scénario de référence, il se voit attribuer des crédits carbone REDD qu’il peut vendre sur le marché carbone. Ce dispositif se heurte à une série de limites techniques et économiques : est-on certain que la déforestation aurait bien eu lieu si on n’avait pas financé le projet ? N'a t-on pas simplement déplacé le problème ailleurs ? Comment quantifier ces émissions « évitées » ? Des crédits fictifs risquent d'être créés sans certitude sur la réalité des réductions d'émissions opérées. Sous prétexte de créer des « réservoirs de carbone », des peuples autochtones et des communautés locales peuvent être expulsés au profit de projets portés par des pays riches, des entreprises polluantes ou des ONG de conservation. La déforestation illustre la nécessité de construire un mécanisme international équitable et efficace de réduction des émissions. La crise financière ne doit pas être un prétexte pour l'UE de compter uniquement sur les revenus tirés du marché du carbone.

> SOPHIE CHAPELLE

Allemagne IG Mettal, nouvel allié antinucléaire Le dimanche 9 novembre 2008, des militants antinucléaires allemands ont attendu le passage d'un train de déchets radioactifs venant de France. Plusieurs centaines de manifestants ont érigé des barricades et bloqué les voies ferrées en y mettant le feu. Des actions antinucléaires se multiplient ces derniers temps en Allemagne, preuve du renouveau de cette lutte qui stagnait depuis quelques années. Non seulement ces signes de protestation redeviennent

des événements médiatiques, mais de nouveaux acteurs se joignent à cette lutte. Le plus notable est sans doute le puissant syndicat allemand IG Metall, dont un des hauts représentants n'hésite pas à qualifier le nucléaire de « technologie vieillissante et arriérée ».

Un exemple à suivre Il faut espérer que cette position donne des idées aux syndicats français qui continuent de soutenir cette technologie.

Dans le contexte actuel d'incidents en série et de vente de réacteurs à des dictatures, la lutte antinucléaire a plus que jamais besoin d'alliés syndicaux pour montrer que les énergies renouvelables sont plus créatrices d'emplois et rappeler qu’elles ne présentent pas, elles, de dangers pour la santé des travailleurs.

> LUCIE LEBRUN


INTERNATIONAL

Tenke Fungurume « La BEI devrait investir pour un développement durable et contre la pauvreté » Les Amis de la Terre ont invité Prince Kumwamba à diverses conférences en Europe, pour attirer l'attention de la Banque européenne d'investissement (BEI) sur les impacts de ses investissements en Afrique. Le Courrier de la Baleine : Comment a g i t l ’ O N G A c t i o n C o n t re l ’ I m p u n i t é e t p o u r l e s D ro i t s H u m a i n s ( A C I D H ) ? Prince Kumwamba, directeur d'ACIDH : ACIDH a été créée le 15 janvier 2004 et exerce sur l’ensemble de la République Démocratique du Congo (RDC). Elle est implantée à Lubumbashi, province essentiellement exploitée pour ses mines, secteur où les violations des droits de l’homme sont récurrentes. Nous avons donc créé un axe de travail sur les droits économiques et culturels en 2006 et développé des partenariats avec des ONG étrangères. Nous travaillons depuis avec les Amis de la Terre sur l’étude de terrain du projet d’exploitation minière de Tenke-Fungurume.

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L C B : E n q u o i c o n s i s t e c e p ro j e t ? PK : Tenke et Fungurume sont deux cités du nord du Katanga, au sud de la RDC, où s’étendent 1000 km2 de gisements de cuivre et de cobalt, l'une des réserves vierges les plus importantes au monde. En 1996, dans le cadre de la privatisation de l’industrie minière, la société d'État Gécamines s’est associée au groupe suédois Lundin pour fonder la Tenke Fungurume Mining Sarl (TFM), à qui la concession d’exploitation a été accordée. Le projet de Lundin a été retenu avant que la commission en charge du dossier n’ait fini d’étudier toutes les offres, preuve de l’opacité et du climat de corruption dans lesquels tout a été géré. En 2005, TFM a fait appel à un nouveau partenaire, le minier américain Freeport Mc Moran, qui a accepté de rejoindre le projet sous diverses conditions : diminuer les frais d’exploitation de 250 à 100 millions de dollars américains, diminuer les parts de

les gens avaient accès à l’électricité ; aujourd'hui, la faible production est détournée au profit de l’entreprise. Je ne pense pas que cela soit du développement durable.

la Gécamines de 45 à 17,5 %. Quand, en 2007, une commission gouvernementale vérifie les contrats signés par l'État pendant la transition, il s’avère que tous sont illégaux et défavorables à l'État congolais. Ainsi depuis 12 ans, le terrain est à la disposition de TFM mais n’est pas exploité officiellement, alors que l’entreprise est cotée en bourse ! LCB : La BEI investit en Afrique dans l e c a d re d e s a c c o rd s d e C o t o n o u pour diminuer la pauvreté et promouvoir l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e . C e p ro j e t y contribue-t-il ? PK : Tous les villageois ont été déplacés, mais la première vague n’a jamais trouvé le nouveau site d’accueil qui devait être construit par TFM. On les fait partir de chez eux pour les emmener vers d’autres villages où ils sont considérés comme des envahisseurs. Les conflits au sein de la population augmentent alors, et la TFM utilise ces tensions pour faire baisser les salaires. De plus, les travailleurs n’ont pas tous accès aux soins, au transport, et n’ont pas le droit de se syndiquer. Avant,

LCB : Qu’attendez-vous de cette t o u r n é e d e c o n f é re n c e s e t q u e demandez-vous à la BEI ? PK : Nous avions déjà essayé d’attirer son attention mais elle a quand même accordé son prêt au projet en juillet 2007. Nous devons donc continuer à en parler. La BEI est pour nous un modèle de transparence, aussi nous souhaitons qu’elle agisse en ce sens. Aujourd’hui, en créant une commission qui se déplace sur le terrain pour rencontrer la société civile, et voir ce qui est véritablement fait de l’argent donné à la TFM. Demain, en évaluant les vrais besoins des populations, afin d’investir pour les Congolais, pour un développement durable et contre la pauvreté. Pas dans des projets miniers qui ne favorisent pas le développement du pays.

> PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE GOSSA En savoir plus : Terrain miné : l'implication de la BEI dans le projet minier de Tenke-Fungurume en RDC, rapport des Amis de la Terre, 2008. Guide citoyen sur la BEI, une banque pas comme les autres ? Counter Balance, 2008. • www.amisdelaterre.org/-Banqueeuropeenne-d-investissement-.html

Brèves L’impact de la pollution de l'air sur les fœtus semble avéré - Une étude suisse, présentée au congrès annuel de la Société Respiratoire Européenne qui a eu lieu à Berlin du 4 au 8 octobre 2008, apporte des arguments en faveur de la lutte contre la pollution atmosphérique. Pour la première fois, il semble prouvé que la pollution de l’air attaque le système respiratoire des fœtus, ce qui risque de provoquer des maladies pulmonaires à l’âge adulte et donc de réduire l’espérance de vie.

Le programme énergétique de Barack Obama, un changement radical ? - Son objectif est de placer les États-Unis parmi les pays leaders dans la lutte contre le changement climatique. Certes il prévoit 150 milliards de dollars dans les 10 prochaines années pour l’économie verte avec 10 % de renouvelables d’ici 2012 et 25 % d’ici 2025. Mais son programme contient également des priorités bien moins « vertes » : centrales thermiques à charbon « propre », nucléaire, projet de pipeline de gaz naturel en Alaska, agrocarburants et voitures propres... le bilan sera sans doute plus nuancé que l'espoir actuel.


FRANCE

Protection du lac d’Annecy Charte de l’environnement : le réveil du Conseil d'État ? Le Conseil d'État a rendu le 3 octobre 2008 un arrêt qui a fait grand bruit chez les juristes et les défenseurs de l’environnement, à la grande satisfaction des Amis de la Terre - Haute-Savoie. Le Conseil d'État a annulé le décret municipal pris par Annecy-le-Vieux qui visait à réduire la protection des lacs de montagne, au titre de son incompatibilité avec la Charte de l’environnement. En droit, cet arrêt effectue un renforcement de la portée de cette charte, adossée à la constitution française en 2005. Le Conseil d'État, en précisant, fort logiquement, que la charte est dotée d’une « pleine valeur constitutionnelle » met fin au débat fâcheux né en 2005 qui avait, aussitôt après son adoption, remis en cause sa portée. Par conséquent, le respect de la Charte de l’environnement s’impose à l’ensemble des décisions du législateur et de l’administration. Les lois, comme les règlements adoptés en matière d’environnement doivent être compatibles avec la charte. De plus, cette décision renforce la compétence du législateur dans ce domaine, au détriment de l’administration. Il ne reste plus qu’à espérer que le législateur saura en faire bon usage, notamment à l’occasion des lois « Grenelle »…

Une victoire Pour le groupe local des Amis de la Terre - Haute-Savoie, il s’agit d’une victoire pour la protection du Lac d’Annecy.

La loi sur la protection du littoral comme la loi sur la protection de la montagne s’appliquent en plein aux communes riveraines du lac d’Annecy, et ce sur tout leur territoire. Il faut rappeler que le décret annulé ne pouvait être pris qu’à la suite d’un amendement législatif soutenu par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, maire d’Annecyle-Vieux. Il avait d’ailleurs donné lieu à une importante mobilisation des Amis de la Terre-Haute-Savoie. Alors, pourquoi ce décret est-il annulé par la plus haute juridiction administrative ? De fait, le décret incriminé fixait des dispositions en matière de participation du public. Or l’entrée en vigueur de la charte a pour effet d’en réserver la compétence au législateur : l’administration est donc incompétente pour adopter un tel décret.

Vers une meilleure application ? Si cette décision du Conseil d'État doit être saluée à sa juste valeur, n’estelle pas l’arbre qui cache la forêt ? L’expérience contentieuse des Amis de la Terre tend à le montrer. Alors que les recours associatifs sont une aide précieuse au respect de la légalité, le Conseil d'État, encadré par la loi, reste pour le moins prudent dans ce domaine. Dès

1998, sur un recours présenté, entre autres, par les Amis de la Terre, le Conseil d'État avait reconnu le principe de précaution, sans pour autant retenir son application concrète. Là aussi, si la Charte de l’environnement dispose maintenant d’une pleine valeur constitutionnelle, il reste encore la moitié du chemin à parcourir. Quid de son application concrète ? Par ailleurs, en matière de participation du public, il semblerait très utile de reconnaître l’applicabilité directe des dispositions de la convention d’Aarhus, sur laquelle les Amis de la Terre se mobilisent, et dont les dispositions de l’article 6 sont plus précises et aussi plus ambitieuses que le droit français ! Pourtant, le Conseil d'État s’y refuse, comme il l’a rappelé dans sa décision d’avril 2005 concernant l’A65, alors même qu’aucun débat public n’avait été organisé ! Voilà un exemple de ce que le Conseil d'État « pourrait » faire pour la démocratie environnementale.

> JULIEN B. Pour aller plus loin • http://amisdelaterre74.org/ • www.conseil-etat.fr

Guide éco-citoyen 2008-2009 L’environnement, un critère de poids pour choisir sa banque Les Amis de la Terre ont publié en septembre 2008 la nouvelle version du guide éco-citoyen « Environnement : Comment choisir ma banque ? ». Ce guide, destiné au grand public, analyse les impacts environnementaux et sociaux induits par les activités des grandes banques françaises. Dans un contexte de crise financière, il répond à l'incontournable question : que fait ma banque avec mon argent ? En tête du classement des risques sociaux et environnementaux les plus élevés : BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole-LCL. Ces banques financent à travers le monde de nombreux projets controversés que le guide répertorie : champs pétroliers, mines, centrales nucléaires, grands barrages, etc. Moins impliquées à l’international, la Banque Postale, la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne et le Crédit Mutuel-CIC présentent des « risques faibles à modérés ».

Alternatives Le guide révèle enfin et surtout les deux seules institutions financières s'étant données des mandats spécifiques bénéfiques pour la société et l'environnement : la Nef et le Crédit Coopératif. Les Amis de la Terre ont donc lancé un partenariat avec la Nef, société coopérative de finances solidaires, afin de promouvoir cette alternative unique dans le milieu financier. Non seulement la Nef utilise l'épargne citoyenne qui lui est confiée pour financer exclusivement des projets dans les domaines environnementaux, sociaux et culturels, mais elle est également la seule institution financière à être totalement transparente en publiant la liste intégrale des projets qu’elle finance.

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YANN LOUVEL

Chargé de campagne • Finance privée


FRANCE

« Grenelle » L’heure des choix n’a pas sonné En ne posant pas les vraies questions inhérentes à la crise écologique, la loi « Grenelle 1 » évite le débat et n'aboutira à aucune rupture. En 1995, un rapport des Amis de la Terre-Europe Vers une Europe soutenable faisait déjà un constat clair : la surconsommation de ressources dans les pays riches est la cause des crises écologiques majeures comme les changements climatiques, la déforestation ou l'érosion de la biodiversité. Parvenir à la réalisation de sociétés soutenables suppose des changements radicaux qui visent à concilier écologie et social. Est-ce cette rupture, préconisée par les Amis de la Terre, que le « Grenelle » va apporter ?

Fromage ou dessert ? Dans un discours le 4 novembre 2008, Nicolas Sarkozy déclarait : « ce n'est pas parce qu'on va continuer à investir fortement dans le nucléaire qui est une énergie propre et dont on a profondément besoin que l'on ne doit pas investir massivement dans les énergies renouvelables. Où est-ce que c'est écrit que l'on doit ou l'un ou l'autre ? Fromage ou dessert ? ». Ces propos sont l'illustration parfaite du résultat du « Grenelle » : pas de réelle rupture avec les politiques antérieures. Alors, on fera un peu de prévention des déchets, tout en continuant à donner des crédits d'impôts aux entreprises qui utilisent la chaleur issue des incinérateurs, véritables aspirateurs à déchets. On annonce partout un grand plan de rénovation thermique des logements ; mais parallèlement, la construction de nouvelles centrales nucléaires et fossiles contredit tous les discours prônant la réduction de la consommation d'énergie. Dans le domaine des transports, si des financements sont prévus pour des transports collectifs, les projets de nouvelles autoroutes

ou infrastructures aéroportuaires n'ont pas pour autant été stoppés, ni remis en cause. Enfin, les mesures de protection de la biodiversité ne peuvent en aucun cas se réduire à celle des milieux naturels, mais doivent promouvoir la biodiversité des cultures et de l’élevage, ce que ne prévoit pas le « Grenelle 1 ».

Pas de mutation en vue La loi « Grenelle 1 » qui donne le cadre général, n'aura donné lieu qu'à de faibles débats à l'Assemblée nationale, puisqu'elle ne fâche personne et ne pose pas la question des vrais choix ; elle privilégie tout au plus, les programmes de grands travaux pour soutenir l’activité économique. Elle devrait donc être adoptée sans difficulté par le Parlement fin février 2009. Le spectre de la récession conduit les décideurs à s’arc-bouter sur les vieilles

recettes de la société de croissance, en occultant ou en habillant leur logique destructrice. On mettra donc en place quelques rustines pour empêcher ou limiter les dégradations et pollutions les plus criantes. Viendra ensuite le projet de loi « Grenelle 2 » qui présente les mesures d'application. Il sera débattu au printemps. Il devait s'appeler « loi de mutation environnementale », il se nommera finalement « loi de transition environnementale ». Devant l’urgence, nos politiques reportent l'heure des choix au profit de fausses ambitions, alors que la priorité qui devrait guider ces choix est l’organisation d’une économie relocalisée plus sobre en énergie et en ressources naturelles, au service de tous. Les batailles pour celle-ci se poursuivent ailleurs.

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ANNE BRINGAULT

Directrice des Amis de la Terre • France

Mobilisation Nous sommes ce que nous semons Les Amis de la Terre s'associent aux semeurs volontaires de biodiversité pour garantir l’existence d’agricultures paysannes et biologiques, seules capables de nourrir et de « refroidir » la planète. Les droits collectifs des paysans d’utiliser, de développer, d’échanger et de protéger leurs semences sont la première marche du droit des peuples vers la souveraineté alimentaire. Ces droits sont dangereusement bafoués, à commencer par la France qui au travers de sa législation interdit, même à titre gratuit, tous les échanges de semences paysannes (semences sélectionnées et reproduites à la ferme). Le développement du marquage génétique des semences sur les variétés protégées montre que tout est mis en œuvre pour privatiser le vivant.

Semer la biodiversité Les semeurs volontaires de biodiversité invitent les citoyens à initier des actions non violentes allant du semis à la récolte de variétés paysannes. Ils mettent à la disposition des citoyens des sachets de variétés paysannes destinés à organiser des actions symboliques comme à Paris où des élus sont devenus receleurs en acceptant ces sachets. Chacun est appelé à mobiliser les politiques sur un projet de délibération qui reconnait aux paysans et jardiniers leurs droits collectifs d'usage des semences paysannes. Les semeurs volon-

taires de biodiversité en sont convaincus : « si l'ensemble des paysans, jardiniers, consommateurs, citoyens sèment et cultivent la biodiversité enfermée dans les banques de gènes partout dans leurs champs, jardins privés, partagés ou publics et sur leurs balcons, alors le château de carte des droits de propriété intellectuelle sur le vivant s'écroulera. »

> SOPHIE CHAPELLE Plus d'infos : • http://semonslabiodiversite.org


FRANCE

Gestion de l'eau Bientôt tous en régie ? Les Amis de la Terre sont membres de l'association EAU (Élus, Associations, Usagers) qui aide les élus à rester ou à revenir en régie publique de l’eau. est d’assurer le fonctionnement des installations de traitement, la distribution de l’eau et son assainissement, ainsi que l’entretien des réseaux et la facturation. Pour ce service, l’entreprise privée est rémunérée à travers la facture de l’eau.

Le Courrier de la Baleine : Qu'est ce que la gestion publique de l'eau ?

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Yvan Tricart, Conseiller municipal du Palais sur Vienne (Haute-Vienne), adhérent des Amis de la Terre : Comme la loi de 1992 tient à le rappeler dans son préambule, l’eau est un bien commun, et sa gestion est confiée aux communes : les élus ont la responsabilité de son acheminement, de sa qualité et de son prix. Ils peuvent décider de déléguer la gestion de ces services à une entreprise privée. En France, trois entreprises se partagent, sans réelle concurrence, presque la totalité du marché de l’eau : Véolia (40 %), Suez (27 %) et SAUR/Bouygues (10 %). Apparue au début des années 80, la délégation de service public au privé est une notion de droit français. Les communes sont propriétaires des infrastructures (station de traitement et d’épuration, canalisations). Le rôle de l'entreprise privée

L C B : P o u rq u o i p r é f é re r l a g e s t i o n e n régie ? YT : Le premier intérêt est la maîtrise du coût. Une entreprise privée doit faire du bénéfice pour les actionnaires et pour payer diverses charges que les régies ne connaissent pas : frais de fonctionnement du siège, publicité, etc. Au Palais sur Vienne, où le retour en régie a été voté en 2001, le prix de l'eau a baissé de 30 % et il est resté stable depuis. Le deuxième intérêt est de permettre un débat sur l'abonnement, qui est souvent le bénéfice que prend par avance la société privée. La nouvelle loi sur l'eau précise qu'il faut faire en sorte de le rendre le moins coûteux possible car il est socialement injuste. En effet, les petits consommateurs sont pénalisés, payant le m3 à un prix moyen plus élevé en raison d'un impact plus important de l'abonnement lui-même. Enfin, le retour en régie permet de rechercher la qualité. Privé et régie n'apportent pas le même soin à l'entretien du réseau. Ainsi, une fuite constatée en 2001 au Palais, et représentant 33 % des volumes, n'avait pas été réparée, car l'entreprise préférait en répercuter le prix sur les consommateurs plutôt que réparer en ponctionnant le bénéfice. La fuite a atteint 140 000 m3 : le rendement du réseau n'était alors que de 67 %. Il est

passé à 95 % depuis que nous sommes en régie. Dans la pratique, les sociétés privées n'agissent pas contre le gaspillage et la surconsommation. L C B : C o m m e n t l a q u e s t i o n d u re t o u r e n r é g i e s ' e s t - e l l e p o s é e d a n s v o t re commune ? Vo t re e x p é r i e n c e e s t - e l l e transposable ? YT : Tout est parti d'un grand débat à l'échelle de la commune. Constatant l'augmentation du prix de l'eau, nous avons créé une association d'usagers locale « Barrage » qui a montré l'injustice sociale créée par l'abonnement et dénoncé la mauvaise qualité technique du service. Cette bataille citoyenne a duré près de deux ans, aboutissant à un très large soutien public. Propriétaires des infrastructures, les communes qui le souhaitent peuvent revenir à la régie. Pour assurer la gestion, elles embauchent souvent le personnel du délégataire. Depuis quelques temps, il y a en France un mouvement de retour à la régie directe. Les exemples que nous connaissons montrent que, partout où il a eu lieu, le prix a baissé et la qualité du service y a gagné.

> PROPOS RECUEILLIS PAR LUCIE LEBRUN

Brèves Les toilettes, une question de dignité - Si l’accès à l’eau est vital, l’absence d’accès à l’assainissement est un fléau qui tue. Chaque année, le manque d’eau couplé au défaut d’assainissement causent la mort d'1,6 millions d’enfants de moins de 5 ans. La Coalition Eau, dont font partie les Amis de la Terre, brise le tabou de l’accès à l’assainissement. Elle propose une exposition nomade invitant les citoyens à s'impliquer dans une dynamique internationale de solidarité. L'exposition a été lancée en France à Lyon le 10 novembre 2008, après être passée dans de nombreux pays. Pour aller plus loin : www.coalition-eau.org

Des conseils pour rénover écolo - Les Amis de la Terre ont lancé en octobre 2008 le site internet www.renovation-ecologique.org qui invite les citoyens-consommateurs à passer à l'action en terme de rénovation écologique. Ce site donne à la fois les clés pratiques et les enjeux de la démarche. Des témoignages de réhabilitations réussies sont également mis en avant.

Prix Pinocchio du développement durable - Pour dénoncer l'utilisation du concept de développement durable par certaines entreprises françaises qui l’utilisent afin de masquer les impacts de leurs agissements, les Amis de la Terre ont organisé les Prix Pinocchio du développement durable le 16 décembre 2008. Les internautes étaient invités à voter parmi des entreprises nominées dans trois catégories : droits humains, greenwashing et environnement. A l'heure du bouclage, les votes n'ont pas été encore comptabilisés. Retrouvez les résultats sur www.prix-pinocchio.org


RÉGIONS

Plans de déplacements en entreprises (PDE) Les entreprises franciliennes recalées La publication d'une étude en septembre 2008, réalisée par les Amis de la Terre-Paris, met en évidence les bonnes pratiques des entreprises d'Île-de-France en matière de PDE, mais aussi et surtout les progrès qu'il leur reste à accomplir. Mais qu’est-ce qu’un PDE ? C’est une démarche qui permet aux entreprises de réduire l’usage des modes de déplacements les plus polluants et de promouvoir des modes alternatifs à la voiture individuelle. Cette démarche a de nombreux avantages pour l’entreprise : valorisation de son image « verte », réduction du nombre d’accidents dans les déplacements domicile/travail, etc. La mise en œuvre représente également pour les collaborateurs une réduction des frais de transport, de la fatigue et du stress ainsi que l'adoption d’une attitude citoyenne.

Une marge de progression considérable La moitié des entreprises sollicitées par le groupe local a répondu au questionnaire envoyé pour mener l'étude et a ainsi pu mettre en avant des bonnes pratiques et des outils intéressants. Mais les marges de progrès restent importantes dans les déplacements professionnels. Les alternatives envisageables sont le télétravail, la vidéoconférence, la promotion du train au dépend de l'avion ou de la voiture de société. Les entreprises doivent également se tourner vers la promotion du vélo (prêt de vélos, mise à disposition de vestiaires) et des transports publics

(remboursement intégral de la carte de transport, etc). Le classement final des entreprises montre que seules deux d’entre elles obtiennent la moyenne ! Les Amis de la Terre-Paris ont formulé plusieurs revendications au Préfet de Région, en charge de l'application du Plan de Protection de l'Atmosphère (PPA) signé en juillet 2006 qui comporte la mesure "PDE". Le groupe local souhaite que la mise en place des PDE soit étendue aux 329 pôles générateurs de trafic en Île-de-France, et que le cadre réglementaire des PDE comporte une obligation de résultat. Enfin la création d'un observatoire des PDE franciliens semble indispensable pour promouvoir leur généralisation et évaluer leur mise en œuvre. Les Amis de la Terre-Paris veillent actuellement à ce que les PDE soient impulsés et sérieusement mis en œuvre en Île-de-France. Un exemple à suivre dans d'autres régions urbanisées fortement génératrices de trafic ?

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LES AMIS DE LA TERRE - PARIS

Pour lire le rapport : • www.amisdelaterre.org/Plans-dedeplacements-les-grandes.html Pour en savoir plus sur les PDE : • www.ademe.fr

Ondes électromagnétiques Wifi partout, débat nulle part De plus en plus de collectivités territoriales installent des réseaux Wifi (réseau d'accès à Internet sans fil) dans des espaces publics, sans le moindre débat. Le Conseil général de Meurthe-etMoselle souhaite que le haut débit couvre l'ensemble du territoire. Pour cela, une dorsale en fibre optique traversera le département et des dessertes WifiMax (Wifi particulièrement puissant) relieront la dorsale à de nombreux points du territoire d'ici 2011. Au nom du développement, cette technologie s’est imposée naturellement aux décideurs locaux. Cette décision, prise en l'absence de débat public, pose pourtant question.

Electro-sensibilité L’épisode récent des bibliothèques parisiennes a fait grand bruit. Le 28 novembre 2007, alors que des salariés de plusieurs bibliothèques de la ville de Paris équipées du Wifi se plaignent de maux de tête, de fatigue, d'étourdisse-

ments – symptômes reconnus de l’électro-sensibilité – le Comité hygiène et sécurité (CHS) de la ville de Paris décide de déconnecter ses bornes Wifi. Arguant le respect des normes légales d'expositions, le CHS reconnectera finalement ces bornes en octobre 2008. Pourtant ces normes sont très contestées, y compris par le Parlement européen. Depuis, des associations et organisations syndicales, appuyées par des scientifiques, réclament un débat public sur la question. Si les ondes émises par les réseaux Wifi et Wimax semblent moins nocives que celles des téléphones portables, leur innocuité n'est pas non plus prouvée. Le principe de précaution devrait donc s'appliquer. Le rapport Bioinitiative, fruit d'une rencontre d'une quinzaine de chercheurs

internationaux conclut à l'insuffisance des normes actuelles. Le cumul d'ondes électromagnétiques de toutes sortes imposées à l'organisme peut en effet affaiblir le système immunitaire. Ces précautions sont d'autant plus justifiées que le procédé filaire constitue une alternative satisfaisante et inoffensive au Wifi. Au delà de la problématique sanitaire, la question de ces marchés subventionnés par les collectivités territoriales sous forme de partenariat public-privé, comme en Meurthe-et-Moselle, devrait faire l'objet d'un débat citoyen. Les Amis de la Terre-Meurthe et Moselle sont prêts à mettre la question à l'ordre du jour.

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LUCIE LEBRUN


RÉGIONS

Limousin 50 000 tonnes de déchets amiantés à l'air libre Depuis 13 ans, des déchets amiantés s'entassent dans la décharge de Panazol (Limousin), dans des conditions pour le moins douteuses. Les associations se mobilisent. Depuis 1995, la commune de Panazol (10 000 habitants, agglomération de Limoges) loue un terrain à la société COVED (Collectes Valorisation Énergie Déchets) pour créer une décharge de déchets inertes d'amiante, appelés "remblais inertes", en provenance du département de la Haute-Vienne. Cette décharge est classée en niveau 3. Cela signifie qu'il n'y a ni traçabilité, ni de contrôle effectif des contenus déposés. En 2005, la COVED a demandé une autorisation d'agrandissement de la décharge qui lui a été accordée, sous réserve d'effectuer quelques travaux aux abords (ceinture de grillage et plantation d'arbres) visant à dissimuler les nuisances plus qu'à protéger.

Big-bags éventrés

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Dans cette décharge, les camions déversent leur chargement, un bulldozer étant chargé de tasser les déchets en superposant une couche d'amiante avec 20 cm de terre pour réaliser un millefeuille. Jouxtant une aire d'accueil des Gens du voyage et située à 500 m d'une crèche, la décharge contient déjà 50 000 tonnes de gravats d'amiante non protégés. Occupant la surface d'un terrain de football et demi sur 16 m de hauteur, les exploitants ne se donnent pas la peine de contrôler les chargements. Lorsqu'une association locale, Barrage, découvre que non seulement les déchets proviennent de plusieurs départements, mais également des gravats de plaques de fibrociments et des « bigbags » ou « palettes filmées » éventrés, elle entame une campagne d'information et saisit la DRIRE (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement).

Pour la fermeture Depuis la situation s'aggrave. L'enquête n'a pas fait évoluer la situation et la COVED demande même à la municipalité l'autorisation d'exploiter, sur un terrain limitrophe de cette décharge, un "centre de transit et de tri de déchets ménagers et industriels". Devant la surdité de la DRIRE et de la COVED, les Amis de la Terre – Limousin se sont aussi lancés dans la bataille et rouvrent le débat sur l'amiante dans cette décharge. A l'heure actuelle, malgré les demandes insistantes des associations, aucune méthodologie n'a pu être fournie par l'exploitant quant au nettoyage du bac de décantation, alors que la Vienne coule 200 m en contrebas. D'autre part, la circulaire de 2005 sur les décharges d'amiante, plus restrictive, prévoyait un

ré-examen par la Préfecture des décharges existantes, voire leur reclassement dans un délai de six mois. Or depuis trois ans, rien ne s'est passé. Les associations mobilisées exigent a minima le classement de la décharge en classe 1 (décharges de stockage des déchets dangereux, soumises à une réglementation spécifique), mais poussent pour une fermeture du site et sa dépollution à la charge de la COVED. Si l'affaire commence à faire du bruit dans les médias, le commissaire-enquêteur et la COVED opposent une fin de non recevoir, et la DRIRE ne propose toujours aucune rencontre. Mais, devant un tel scandale, les associations sont déterminées !

> M A RT I N E L A P L A N T E Les Amis de la Terre • Limousin

Brèves Captage-stockage de CO2 (CSC) - Mené sans concertation avec la population locale et sans grande publicité, le projet-pilote porté par Veolia à Claye-Souilly (Seine-et-Marne) capte le méthane produit par une décharge et envoie le CO2 résultant de sa combustion dans un aquifère salin à 1 500 m de profondeur. Des études sont en cours, mais les chercheurs estiment que la technologie globale sera prête en 2015. Si la récupération du méthane est salutaire, il n'est pas certain que le processus de CSC puisse garantir une réelle étanchéité. Il est certain, en revanche, qu'il décourage à l'avance les démarches de sobriété et d'usage rationnel de l'énergie.

La Ville de Paris se rachète une conscience écologique - Un an après le lancement de l'opération « Un Parisien, un arbre », les Amis de la Terre émettent de sérieux doutes sur les impacts écologiques et sociaux de cette initiative et réclament la mise en œuvre des mesures du Plan Climat de Paris. L'opération propose aux Parisiens de financer des opérations de reboisement dans les pays du Sud et prétend lutter contre la déforestation. Or, les essences plantées ne sont pas locales. Les besoins des populations n'ont pas été étudiés et le système encourage la compensation dénoncée par les Amis de la Terre.


DOSSIER

Nanocratie pour macrobusiness

On retrouve des nanoparticules dans de nombreux produits (cosmétiques, alimentation, vêtements, etc.). Les fonds alloués à la recherche concernant les applications des nanotechnologies sont démesurés comparés à ceux octroyés aux études toxicologiques. Pourtant, de récentes études montrent que les propriétés spécifiques des nanoparticules sont potentiellement dangereuses pour la santé et pour l'environnement. Dans un contexte réglementaire absent, les nanotechnologies se développent rapidement et sans débat public. Même si certaines institutions commencent à se positionner sur le sujet, le principe de précaution n'est pas appliqué et les syndicats, associations, citoyens, montent au créneau. Jusqu'où peuvent nous mener les nanotechnologies ? Traçabilité, biologie synthétique, quel monde les industriels construisent-ils sous nos yeux ? Il est urgent que les citoyens s'emparent de cette thématique et informent. Nous espérons que ce dossier pourra apporter sa pierre à ce chantier gigantesque. Bonne lecture !

Kesako Les nanos, imprévisibles mais convoitées Alors que les nanotechnologies envahissent les marchés, retour sur quelques définitions pour comprendre les enjeux financiers colossaux qui se dessinent. Par nanosciences et nanotechnologies (NST) on entend l'ensemble des études et techniques permettant de fabriquer et manipuler des structures, dispositifs et systèmes matériels à l'échelle nanométrique. Elles tirent leur nom du nanomètre (nm), unité de mesure valant un milliardième de mètre, et correspondant à la fabrication d'éléments de dimensions généralement comprises entre 1 et 100 nm, soit l'ordre de grandeur entre les atomes et les molécules. L'intérêt de fabriquer des substances de ce type est de profiter du changement de taille des particules pour modifier les caractéristiques du matériau utilisé.

Différent... et imprévisible A cette taille, les lois de la physique connues à l'échelle humaine ne sont plus les seules à jouer sur la matière : des effets quantiques s'y ajoutent. L'interaction entre ces deux types de lois est encore mal connue à ce jour, et les propriétés chimiques, physiques, optiques, thermiques des nanomatériaux qui en découlent le sont tout autant. Prenons l'exemple de l'or : à notre échelle, il est jaune et peu sujet aux réactions chimiques, mais à l'échelle nanométrique, il est bleu ou rouge, et devient un très bon catalyseur. De plus, les nanoparticules sont infiniment petites par rapport aux barrières et défenses naturelles de l'or-

ganisme : à partir des poumons, elles peuvent franchir les barrières atteignant le sang, le système nerveux ou même un fœtus (voir article p.12). Cette taille rend aussi la détection d'une pollution impossible, les nanoparticules se mêlant sans distinction possible aux poussières déjà présentes dans l'atmosphère.

Business as usual Malgré tous ces éléments qui devraient inciter à la prudence, les applications des nanotechnologies sont pour certaines déjà en vente : raquettes de tennis ultra légères et plus solides, crèmes solaires plus transparentes, additifs ou emballages alimentaires bactéricides. Les exemples sont légion et les domaines touchés variés, allant de l'automobile à l'énergie en passant par la médecine et l'agriculture. D'autant plus que les enjeux financiers sont colossaux : on prévoit des investissements en recherche et développement de l'ordre de 1000 milliards d'euros en 2015, dont très peu concernent des études toxicologiques, et tout cela sans réglementation spécifique. Il est grand temps que les citoyens s'emparent du sujet pour ne pas laisser les industriels seuls maîtres de notre avenir.

> JOCELYN DENHEZ


Santé Des risques négligés Alors que des nanomatériaux interviennent déjà dans la composition de certains produits, des études récentes mettent en évidence les risques pour la santé. A l’échelle nanométrique les particules ont des comportements inattendus et largement inconnus. En effet la taille des nanomatériaux leur confère des propriétés physico-chimiques différentes de celles que l'on connaissait jusqu'à présent. De plus les barrières naturelles, ne sont plus efficaces pour arrêter de si petites particules. En février 2008, la revue Toxicological Sciences publiait un article examinant de façon objective les études existantes, retenant les risques pour la santé auxquels les nanoparticules nous exposent. Celles-ci peuvent pénétrer dans le corps de trois façons différentes, par inhalation, par contact avec la peau ou par ingestion des aliments.

Inhalation, contact, ingestion Le risque lié à l'inhalation serait théoriquement faible puisque les nanoparticules ont tendance à former des agglomérats supérieurs à 1µ (micromètre), qui pourraient être stoppés par les tissus. Pourtant, on a remarqué, lors d'expériences chez le rat, que des particules de dioxyde de manganèse, qui avaient été inhalées, étaient présentes dans les zones profondes du cerveau. Parvenues jusqu’au poumon, ces nanoparticules sont en fait arrivées au cerveau via la circulation sanguine. Il s'agit d'un exemple de translocation par la circulation sanguine où les substances pénétrant dans l'organisme peuvent atteindre les organes. Or, dans le sang, ces nanoparticules sont transportées sous forme ionique, altèrent ensuite gravement certains neurones et favorisent l’apparition de maladies neurodégénératives.

Concernant le contact par la peau, les expériences montrent également qu’une peau saine constitue une barrière efficace aux nanos, ce qui n’est pas le cas des peaux irritées ou abîmées. Certaines nanoparticules sont utilisées dans les cosmétiques, comme par exemple le dioxyde de titane dans des crèmes solaires, alors que c’est un photodépendant toxique et qu’il peut provoquer des cancers de la peau et du colon.

Plus d’allergies, plus de maladies Enfin l’ingestion de nanoparticules a été suivie chez le rat et on a constaté que, via l'intestin, les nanoparticules touchent au système immunitaire. En effet des nanoparticules ont été retrouvées dans le système lymphatique. Le tissu lymphoïde a pour fonction d'assurer l'immunité locale, il contrôle l'entrée de bactéries ou de produits toxiques dans la circulation sanguine. Lorsqu'il y a danger, le tissu lymphoïde déclenche une réaction de défense. Ces réactions immunitaires exacerbées entrainent des réactions inflammatoires favorisant les allergies. L’inflammation peut elle-même aboutir à des altérations au niveau cellulaire. Toutes ces réactions sont susceptibles d'entraîner des maladies graves – cancers, allergies, maladies neurodégénératives – comportant un coût social et humain largement négligé par les firmes commercialisant ces nanoparticules. Pourtant, les pouvoirs publics se refusent à appliquer le principe de précaution.

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JOSIANE FONTA I N E

Les Amis de la Terre • Midi-Pyrénées

Les nanotubes de carbone aussi nocifs que l’amiante ! Alors que des nanotubes de carbone sont déjà commercialisés, une étude d’octobre 2008 présente ces particules comme aussi dangereuses pour la santé que l’amiante. articles américains, japonais et anglais sur la toxicité des nanotubes de carbone, présentés par le directeur de recherche à l'INSERM lors du Nanoforum le 13 octobre, sont alarmants.

Négation du principe de précaution

En juin 2006, la manifestation contre Minatec à Grenoble mettait déjà l’accent sur les risques sanitaires des nanos.

En juillet 2008, le rapport de l’AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail) confirme qu’ « au vu des incertitudes quant aux effets sanitaires des nanoparticules, il est prudent de déclarer les nanoparticules comme niveau de danger inconnu et les manipuler avec la même prudence que les matières dangereuses ». Les récents

Cinq de ces articles portent sur l’expérimentation chez l’animal, quatre sur des cellules et ils concluent que les nanotubes de carbone ont des « effets similaires à ceux de l’amiante en ce qui concerne : réponse inflammatoire, production de lésions de l’ADN, formation d’aberrations chromosomiques, induction de mésothéliomes après exposition des cellules mésothéliales, effets différentiels des nanotubes selon leur longueur ». Malgré le faible nombre d'études, le bilan est si préoccupant que la firme japonaise Mitsui Chemicals a arrêté sa production de nanotubes de carbone à la publication des résultats. Combien d’études faudra-t-il encore pour obliger les industriels à s’assurer d'abord de l’innocuité des nanomatériaux qu’ils produisent ? Combien en faudra-t-il pour que nos dirigeants imposent un moratoire sur les nanomatériaux et appliquent enfin le principe de précaution ?

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ROSE FRAYSSINET

Les Amis de la Terre • Midi-Pyrénées


DOSSIER

Nanocratie pour macrobusiness

Technologie liberticide « Les RFID, c’est l’enfer numérique ! » Le Courrier de la baleine : Que sont les RFID ? A quoi servent-elles ? Pièces et Main d'œuvre* : Les RFID (Radio-Frequency IDentification) sont des puces électroniques minuscules – parfois un grain de poussière – capables d'enregistrer une infinité d'informations et de les transmettre par radiofréquences, à des lecteurs plus ou moins éloignés. Le principe de ces "étiquettes électroniques" est de communiquer ou d'interagir avec l'environnement à distance. Elles sont présentes dans les titres de transport "sans contact" (passe Navigo à la RATP), dans des badges d'employés, dans les papiers d'identité électroniques ; on les implante sous la peau d'animaux, mais aussi d'humains. LCB : Comment les justifie-t-on ? PMO : Pour les industriels, elles facilitent la gestion et le suivi des marchandises, en remplaçant les codes-barres. Les chercheurs veulent rendre "communiquant" chaque objet, chaque être vivant, et nous faire vivre dans un univers (villes, entreprises, appartements, forêts, plages, montagnes, etc.) entièrement numérisé et gérable par informatique. Pour gérer ces milliards d'objets pucés, ils élaborent, avec le soutien des gouvernements, un "Internet des Objets" qui permettra de suivre à la trace chaque puce, donc chacun de nous, via ses objets familiers. LCB : Pourquoi écrivez-vous que "les RFID sont aux nanotechnologies ce que Terminator est aux OGM ?" En quoi "les nanos sont-elles l'avenir des RFID" ? PMO : Pour tout pucer, il faut abaisser le coût de fabrication des RFID. Les nanotechnologies le permettent, par la miniaturisation des puces, ou par l'utilisation de nanoparticules pour imprimer des étiquettes électroniques par jet d'encre conductrice. Les chercheurs en nanotechnologies craignent que l'on

évoque les RFID, parce qu'elles sont, comme Terminator pour les OGM, un déclencheur de révolte. Qui voudrait être suivi à la trace via des puces disséminées partout ? Mais qui est prêt à se battre contre cette technologie liberticide, ayant accepté l'informatique, le téléphone portable, la vidéosurveillance et l'immatriculation Insee ? Le puçage avance et l'on annonce 650 milliards de mouchards pour 2018. LCB : Pourquoi les RFID méritent notre contestation ? PMO : Les industriels veulent dresser le profil individuel des consommateurs pour mieux les cibler. Les RFID leur dévoileront tout de notre mode de vie et de nos habitudes. Cela vaut aussi pour l'État, dont les nombreux fichiers seront complétés par toutes nos données personnelles recueillies via les mouchards électroniques (déplacements, fréquentations, lectures, etc.). Au-delà du flicage généralisé, les RFID changent notre monde en un enfer numérique dans lequel les objets communiquent à notre insu, au prétexte de nous simplifier la vie. Mais avons-nous besoin d'un frigo "intelligent" qui commande seul les yaourts ? Nous pucer, comme on le fait déjà pour des employés de banque (Australie), des malades (Etats-Unis) ou pour le fun (pour payer ses consommation en scannant son bras, en boîte de nuit), c'est achever notre conversion en objets.

> PROPOS RECUEILLIS PAR SOPHIE CHAPELLE *http://www.piecesetmaindoeuvre.com/ En savoir plus : À lire aux éditions L'Echappée, novembre 2008 : • Aujourd'hui le Nanomonde - Les nanotechnologies, un projet de société totalitaire • RFID : la police totale – Puces intelligentes et mouchardage électronique

Principe de précaution Les syndicats face à la question « nanos » Le nombre de travailleurs exposés aux nanomatériaux risque de fortement augmenter au cours des prochaines années. Les secteurs de la chimie, de la pharmacie et de l’électronique vont être particulièrement concernés. Fin juin 2008, la Confédération européenne des syndicats (CES) a adopté une première résolution sur les nanotechnologies et les nanomatériaux. L’application du principe de précaution constitue la revendication centrale. Alors que le scandale de l'amiante est encore présent dans tous les esprits, la CES « ne peut accepter que des produits soient fabriqués sans connaître leurs effets potentiels sur la santé humaine et l'environnement ».

Réglementation, transparence et santé Les demandes de la CES sont à trois niveaux. Le respect de la réglementation REACH (enRegistrement, Evaluation et Autorisation des substances CHimiques) implique que tous les nanomatériaux soient soumis au principe « no data, no market » (pas de données, pas de commercialisation), à une procédure d'enregistrement et à un rapport de sécurité chimique. La CES exige la protection des travailleurs ce qui suppose d'améliorer l'information via l'étiquetage des produits, d'associer les travailleurs à l'évaluation et la réduction des risques et d'assurer un suivi médical. Enfin, l'augmentation des budgets de la recherche publique alloués aux aspects santé et environnement est fondamentale.

> SOPHIE CHAPELLE

Et l'environnement dans tout ça ? L'attention s'étant, jusqu'à présent, principalement portée sur les effets toxiques des nanotechnologies, l'impact environnemental a été peu étudié. L'observatoire des micros et nanotechnologies a effectué un point sur les connaissances existantes en février 2008. Il révèle l'importance de l'impact des nanoparticules sur les écosystèmes, puisque des altérations du développement embryonnaire et des troubles respiratoires ont notamment été mis en évidence chez certains poissons. Le Jounal of Industrial Ecology de fin octobre 2008 met, quant à lui, l'accent sur une production jugée énergivore et polluante.


Réglementation « Nous avons besoin d'un cadre juridique spécifique » Le Courrier de la Baleine : Existe-il une définition juridique des nanomatériaux ? David Azoulay, chargé de campagne nanotechnologies, Amis de la Terre Europe : Il n'existe pas de définition européenne ou internationale des nanomatériaux (NM). L'organisme ISO propose des définitions insatisfaisantes car elles ne tiennent compte que du seul paramètre taille, c'est à dire toute particule comprise entre 0 et 100 nanomètres. Or, les propriétés particulières des nanoparticules ne s'arrêtent pas à 100 nm. Les Amis de la Terre-Europe militent donc pour une définition en deux parties, intégrant des critères de taille et de propriétés physico-chimiques.

LCB : Qu'en est-il du principe de précaution ? DA : Le nombre de produits sur le marché contenant des NM est estimé entre 250 et 1200. Pour le moment, les industriels sont responsables de l'innocuité de leur produits et doivent effectuer les tests pour la prouver. Or, dans l'état actuel des connaissances scientifiques, les tests disponibles sont insuffisants pour évaluer la dangerosité d'un produit contenant des NM. Pour cette raison, la société civile se bat pour l'application du principe de précaution, c'est à dire pour l'interdiction de l'usage et la manipulation de particules dont nous n'avons pas la preuve de l'innocuité, tout en accentuant l'investissement dans la recherche notamment sur les nouveaux risques biologiques. Cette recherche ne représente aujourd'hui que 5 à 10 % des fonds alloués à la recherche sur les NT en général. Au delà de la protection du consommateur, le droit doit aussi protéger les travailleurs, gérer les fins de vie des produits contenant des NM, etc. Nous avons donc plus que jamais besoin d'un cadre juridique pour encadrer le développement des NT.

LCB : Sans définition, quel cadre juridique régit l'usage et la manipulation des nanotechnologies (NT) ? DA : Les réglementations sectorielles et la réglementation REACH1 sur les substances chimiques encadrent les productions industrielles. Pour autant ces réglementations ne sont pas adaptées aux nanotechnologies. REACH, par exemple, ne s'applique qu'à partir de 1 tonne produite et n'apporte des garanties que pour les productions supérieures à 10t. Or ces planchers ne sont pas adaptés au NM dont les propriétés intrinsèques sont si particulières qu'on ne peut comparer une tonne de NM à une tonne d'une autre substance (qui ne soit pas nanométrique) en terme de nocivité. Les volumes de production peuvent donc s'avérer trop faible pour que REACH s'applique. D'autre part, aucun texte ne mentionne expressément les NT, à l'exception de la directive cosmétique, en débat en novembre 2008, au Parlement européen.

LCB : Quel rôle joue le citoyen, comment pousser dans ce sens ? DA : La première chose à faire est de s'informer et informer, demander à nos gouvernements plus de transparence, en interpellant nos élus. En France actuellement, si le débat public promis par les conclusions du « Grenelle » n'est toujours pas programmé, un projet de loi est débattu pour instaurer un régime de déclaration obligatoire des NT pour les industriels. Il s'agit d'une première à soutenir.

> PROPOS RECUEILLIS PAR LUCIE LEBRUN 1 : REACH est le Règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques. Il est entré en vigueur le 1er juin 2007. REACH fait porter à l’industrie la responsabilité d’évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques et de fournir des informations de sécurité adéquates à leurs utilisateurs.

Principe de précaution La paradoxale position des institutions Dans un récent rapport, l'AFSSET a jugé les nanomatériaux dangereux sans pour autant recommander leur interdiction. Comment expliquer cette position? Avant l'AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail), le CPP (Comité de la Prévention et de la Précaution), le CNRS, le CCNE (Comité Consultatif National d'Ethique pour les sciences de la vie et de la santé), la Commission Européenne et les panels de citoyens notamment, avaient déjà émis des réserves et des recommandations pour prévenir les risques sanitaires liés aux nanomatériaux (NM). Cependant, malgré la multiplication d’études inquiétantes et le drame de l'amiante, ces institutions ne jugent pas la situation alarmante, et aucune n’invoque le principe de précaution. Tout au plus, des recommandations sont émises, et des codes de bonne conduite, rédigés.

Puissants lobbies Pour le Directeur général de l'AFSSET, Henri Poinsignon, nous sommes même à « la veille d’une

révolution technologique ». Et c’est bien là que se situe le problème : le développement des nanotechnologies (NT) représente des enjeux industriels et commerciaux extrêmement importants. Les NT sont l'objet d'un engouement technologique tel, qu'il assèche tous les fonds pour les programmes de recherche. Devant les lobbies industriels, les NT sont présentées comme l'avenir de notre société et placées au centre d’enjeux financiers démesurés, rendant les décisions politiques fortes plus difficiles à prendre. L’AFSSET a été saisie trois fois depuis juin 2006 et une nouvelle étude sur les impacts d’une sélection de produits contenant des NM sera publiée à l’été 2009. Mais est-il besoin d’attendre aussi longtemps pour protéger les consommateurs ?

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LUCIE LEBRUN


DOSSIER

Nanocratie pour macrobusiness

Démocratie Nanotechnologies : un développement incontrôlé Les nanotechnologies connaissent un développement important sans que les questions de sens et d'allocation des fonds de recherche ne soient débattus de manière démocratique. Les nanotechnologies ou plus largement les technologies convergentes (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) constituent la nouvelle vague du développement technologique. Ses promoteurs promettent des solutions à pratiquement tous les problèmes. Mais les deux principaux budgets en nanotechnologies sont alloués d'une part aux usages militaires et d'autre part à l'amélioration des dispositifs de surveillance.

Pas de développement « naturel » Dans la mesure où les technologies influencent directement les systèmes de relations sociales, il est important que la démocratie soit capable de les maîtriser. Les technologies n'ayant pas de trajectoires pré-déterminées, nous les façonnons par des décisions politiques, des choix militaires, industriels et commerciaux, par des budgets alloués à certains domaines de recherche et pas à d'autres, des réglementations juridiques, etc. Avec les nanotechnologies, comme pour les biotechnologies, les intérêts économiques et politiques à court terme l’emportent sur les intérêts des populations et surtout des plus défavorisés. Dans les discours dominants on veut nous faire croire qu'il y a quelque chose d'inévitable dans ce développement « naturel », indépendamment des éventuelles décisions politiques. Or, les sociétés ont le choix…ou devraient l’avoir. Des alternatives – technologiques ou non – existent. De plus, les technologies ne peuvent pas compenser l'incohérence des politiques sociales et environnementales ni résoudre les injustices de longue date. Faire vivre la démocratie implique ainsi de se donner les moyens adaptés pour prendre des décisions dans un domaine qui influera profondément le futur de nos sociétés.

Nous avons besoin de politiques publiques (scientifiques et autres) qui prennent en compte les besoins des populations, les réalités politiques et l'état de notre planète.

Moratoire et participation Devant ce constat, la Fondation Sciences Citoyennes a formulé plusieurs revendications depuis quelques années. Il est tout d'abord impératif de lancer un moratoire sur la recherche militaire et civile sur les nanotechnologies, associé à l'organisation de procédures pour une véritable participation du public aux choix. Il faut parallèlement formuler rapidement des réglementations juridiques concernant l'utilisation et les cycles de vie des nanoparticules et développer des méthodes standardisées d'évaluation des risques. Il est important de stopper la progression des droits de propriété intellectuelle et de réorienter la recherche publique vers les exigences du principe de précaution et de l'intérêt général, qui peuvent devenir moteurs des ambitions scientifiques et technologiques au niveau français et européen. Il semble enfin évident que la mise sur le marché de produits nanotechnologiques doit être suspendue, tant qu'il n'existe pas de preuves scientifiques de leur innocuité. La Fondation Sciences Citoyennes milite aussi pour le lancement d'un vaste programme d'études épistémologiques à l'échelle, au minimum, de la décennie.

> CLAUDIA NEUBAUER Fondation Sciences Citoyennes

En savoir plus : • http://sciencescitoyennes.org/spip.php?rubrique105

Mobilisation Le point de vue des associations Depuis plusieurs années, dans le monde entier, des associations avertissent l'opinion publique sur les dangers des nanotechnologies. Dès 2003, le think tank canadien ETC Group publie « The Big Down » selon lequel « les nanotechnologies les plus puissantes émergent dans un espace presque dénué de règles et de politiques ». Ils exigeront un moratoire l'année suivante. A Chicago, en 2004, Topless Humans Organized for Natural Genetics s'exhibe en corps nus bariolés lors d'une conférence « NanoBusiness », et en 2005 devant un magasin commercialisant des vêtements utilisant des nanoparticules. A l'été 2007, une coalition réunissant 43 organisations, lance la déclaration « Principles for Nanotechnologies and Nanomaterials Oversight ». Pilotée par le Centre international de l'évaluation des technologies (ITCA) et FOEI, elle détaille huit principes-clés dont le principe de précaution, la protection de l'environnement et des travailleurs, ainsi que la transparence.

Positions européennes Le collectif ASECO demande quant à lui des procédures de mise sur le marché similaires à celles des médicaments. Il revendique le droit de choisir et de créer des zones « nano-free » sur le modèle des régions sans OGM. En janvier 2008, Soil association crée un standard « nanofree » pour les produits de consommation.

Actifs sur le champ agroalimentaire, les Amis de la Terre d’Europe et d’Australie publient en mars 2008 « Du Labo à nos assiettes : les nanotechnologies dans l'alimentation et l'agriculture ». Ils répertorient 106 produits intégrant des nanoparticules. En Suède, une mobilisation pour un usage raisonnable du nanoargent (utilisé comme anti-microbien) est lancée par l'Université d'Uppsala, et aux États-Unis, le classement du nanoargent comme pesticide est obtenu sous la pression des associations comme ITCA. En France, Pièces et main d'œuvre conteste dès 2002 le projet Minatec. D'autres ONG françaises s'expriment sur les nanotechnologies en produisant des cahiers d'acteurs en 2007. L'association VivAgora a lancé fin 2008 une Alliance citoyenne sur les enjeux des nanotechnologies pour construire un portail collaboratif d'informations sur les nanotechnologies.

> DOROTHÉE BENOIT BROWAEYS VIVAGORA, déléguée générale

En savoir plus : • www.vivagora.org


DOSSIER

Nanocratie pour macrobusiness

Nan’OGM De la manipulation des gènes à leur synthèse Pour l’instant, l’attention s’est surtout portée avec les nanotechnologies sur les transformations de la matière inerte. Mais la transformation de la matière vivante fait, elle aussi, l’objet d’intenses recherches et d’énormes investissements. Jusqu’à maintenant le génie génétique, consistait essentiellement à reconnaître les gènes dans un génome et à les séquencer. Ce que l’on entendait par « manipulations génétiques », c’était une technique grossière, de « coupé-collé », où l’on mélangeait des morceaux d’ADN entre espèces déjà connues. Aujourd’hui, tout cela est largement dépassé. Certains chercheurs sont en train de passer de la lecture du code génétique, aux premiers stades de son écriture. Ils fabriquent de l’ADN, « lettre par lettre » et commencent à écrire des phrases. Ils peuvent ainsi écrire des « lettres » qui n’ont jamais existé dans la nature, les combiner dans de nouveaux « systèmes génétiques ».

Vers l’ADN synthétique Une soixantaine d’entreprises dans le monde synthétisent et commercialisent de l’ADN. En juin 2006, The Guardian annonçait qu’un de ses journalistes avait commandé, auprès d’une compagnie commerciale anglaise, un fragment d’ADN synthétique du dangereux virus de la variole et qu’il l’avait reçu directement à son domicile. La compagnie avait oublié de vérifier la nature de la commande… Aujourd’hui, il faudrait encore près de 15 jours pour synthétiser l’ensemble du génome de la variole, mais dans quelques années, à peu près n’importe qui pourra, en utilisant un ordinateur, trouver des séquences de gènes publiées sur internet et, en commandant par mail de l’ADN synthétique, construire à partir de rien des gènes, voire des génomes, y compris ceux d’agents pathogènes mortels. Certains scientifiques pensent que, d’ici 5 ans, il sera possible de synthétiser n’importe quel virus. L'an dernier, le biologiste Craig Venter a breveté une bactérie avec un matériel génétique minimum, un génome synthétisé, du doux nom de Microplasma Laboratorium. Cet organisme doit servir de « chassis » pour recevoir du matériel génétique synthétisé sur mesure en vue d'accomplir certaines tâches comme la fabrication de médicaments ou de produits chimiques.

Nano business Ce type de bactéries synthétiques doit devenir l’ « usine » de demain. Nous assistons ainsi à des alliances sans précédent entre compagnies impliquant des start-ups de la biologie synthétique et les plus puissantes compagnies de la planète comme les géants du pétrole, de la chimie, de l’agrobusiness, des industries pharmaceutique, automobile, forestière et d’autres encore. D’un côté, Archer Daniels Midland, DuPont, BP, Shell, General Motors, de l’autre Logen, Solazym, Synthetic Genomics, Metabolix, Genecor, etc. Les agrocarburants de seconde génération risquent fort d’être des nanocarburants ! Dorénavant, le séquençage et le stockage des échantillons biologiques se font sous forme numérique et avec un simple clic, ces « échantillons » pourront se retrouver instantanément à l’autre bout de la planète et ressusciter dans les labos de grandes firmes qui auront les brevets et pourront ainsi contrôler les espèces, la biodiversité et l’agriculture. Tout cela se passe dans un contexte de laissez-faire total, alors que des questions lourdes d’avenir se posent : comment faire pour éviter le bio-terrorisme, comment faire pour éviter le bio-crétinisme : qu’un « crétin » ne fasse une erreur dans un labo et relâche un organisme synthétique dangereux dans la nature ? Nos dirigeants laissent faire. Il est à espérer que nous n’ayons jamais besoin de ces pyromanes pour éteindre un feu… bactérien.

> CHRISTIAN BERDOT En savoir plus : Cet article est basé sur le travail du groupe ETC, notamment sur leur rapport en anglais « Extreme Genetic Engineering » : • www.etcgroup.org/en/issues/nanotechnology.html Voir aussi un article d’ETC, traduit en français par les Amis de la Terre , « Biocarburants et nanotechnologies : marchandiser jusqu’au dernier fétu de paille » : • www.amisdelaterre.org/Biocarburants-et-nanotechnologies.html


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Les Bisons du CoeurBrisé DAN O’BRIEN

Dan O’Brien est éleveur de bisons dans le Dakota. Le livre raconte l’histoire de cet amoureux des grandes plaines, qui ont connu le massacre des Indiens et des bisons par Buffalo Bill et tant d’autres colons blancs. Ce Cœur Brisé, c’est le nom du ranch dans lequel il élève ses bisons pour vivre et les faire revivre. Sur les terres de Sitting Bull, grand chef Sioux, il va lutter contre les banques comme d’autres éleveurs, tous unis par une solide amitié. Pour payer ses emprunts et réaliser son rêve, Il devient professeur de littérature et d’écologie, mais aussi écrivain pour transmettre son amour de la nature. Un destin hors du commun à la portée de ceux qui souhaitent vivre en accord avec eux-mêmes. 364 pages, Éditions Au Diable Vauvert • 2007 Prix : 23 €

C’est pollué près de chez vous

Soins naturels pour amateurs de plein air

Les scandales écologiques en France

Blessures, fatigues, allergies, coups de froid...

PASCAL CANFIN ET WILFRID SÉJEAU

SYLVIE HAMPIKIAN

Vive le développement durable... mais pas dans ma région ! Certains élus locaux, ou entreprises soutiennent des projets destructeurs pour l’environnement. Après les scandales des pesticides dans les bananeraies antillaises, le PCB dans le Rhône, pourquoi ne pas exploiter une mine de charbon en Bourgogne, construire un nouvel aéroport à Nantes et même une rocade autoroutière à Grenoble ? Transport, énergie, produits chimiques, tous les domaines sont concernés. Dix enquêtes qui se lisent comme des histoires courtes et qui mettent en lumière le peu de respect du droit environnemental et le manque flagrant de transparence. Des alternatives sont proposées : deviendront-elles des réalités ?

Sylvie Hampikian, experte en pharmacotoxicologie, est aussi adepte des plantes médicinales. Auteur de Créez vos cosmétiques bio, elle propose dans ce nouveau livre des réponses pour prévenir et soigner naturellement les multiples bobos de plein air, à l’aide d’infusions, d’huiles essentielles, de vinaigre et nombreux autres remèdes. Elle décrit aussi les plantes et leurs propriétés, et propose des recettes à réaliser soi-même. Contre les coups de soleil : cataplasmes à l’argile blanche. Contre l’urticaire : compresses de camomille ou de menthe, etc. Pour les tracas saisonniers tels que le rhume des foins ou les coups de chaleur, elle apporte des solutions simples à adopter. Une mine de renseignements pratiques à garder avec soi précieusement..

264 pages, Éditions Les Petits matins • 2008 Prix : 17 €

192 pages, Éditions Terre Vivante • 2008 Prix : 23 €

Le silence des nanos Cyberdocumentaire sur notre avenir technologique FILM DE JULIEN COLIN

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Trois ans après la première présentation publique du film suivie d’une centaine de projections militantes, festivalières, scientifiques, pédagogiques, Le silence des nanos paraît en dvd. Au cours d'une cyber-enquête virtuelle, Julien Colin dévoile les applications et les implications des technologies émergentes. Celles-ci, en passe de transformer radicalement la nature, la société et l'homme, sont vendues en tant que troisième révolution industrielle. Le silence des nanos nous fait plonger au cœur de l’aberration scientifique. Il est possible d'organiser des projections et/ou débats à partir du film. Contactez aboutdechamp@gmail.com DVD, A bout de champs, Prix : 17 € (51€ pour diffusion publique), commandes sur www.silencedesnanos.com

Nos publications p

Commandez et diffusez les documents des Amis de la Terre Je règle par chèque à l'ordre des Amis de la Terre 2 B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil ( Participation aux frais de port : 2,00 € ) Agriculture et OGM

Energie et nucléaire

• Qui tire profit des cultures GM :

• Face à la menace climatique, l'illusion du nucléaire

l'usage accru des pesticides Rapport Friends of the Earth - International 90 pages – Janvier 2008 • Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde. Dossier - 15 pages - octobre 2008 www.agrocarb.fr

Changements climatiques • Rénovation thermique de mon logement, besoin d'aide ?

Guide – 28 pages - 4 €

RAC-F - 64 pages - gratuit • Nucléaire : comment en sortir ?

Etude sur des sorties du nucléaire en 5 ou 10 ans Rapport 92 pages – janvier 2008 – gratuit

Modes de production et de consommation durables • Le traitement biologique des déchets organiques :

nos déchets ont de la valeur Guide - 16 pages - décembre 2007

Forêts

Responsabilité des acteurs financiers

• Importer légalement en Europe du bois coupé

• Rapport sur les banques « Banques françaises,

illégalement au Cameroun Rapport - 24 pages - Mai 2008 • Orang-outan en voie d'extinction Brochure/poster – juin 2006 - 0,5 € • Guide du consommateur de bois Guide - 16 pages, 3 €

banques fossiles ? » Rapport 224 pages ou synthèse 12 pages - février 2007 • Banques françaises et environnement : presque tout reste à faire Rapport 72 pages - mars 2006 - 5 € • Banque européenne d’investissement

l’Europe mine l’Afrique Brochure - décembre 2007 - 0,5 € Affiche 60x80cm - janvier 2008 - 3 € • Guide citoyen sur la BEI, une banque pas comme les autres ? Guide – 44 pages – septembre 2008 – gratuit • Terrain miné : l'implication de la BEI dans le projet minier de Tenke-Fungurume en RDC Rapport – 24 pages – septembre 2008 – gratuit • Environnement : comment choisir ma banque ? Guide 2008/2009 - 12 pages – décembre 2008 • Assurances françaises : changements climatiques garantis ? Rapport - 100 pages et synthèse – 12 pages - décembre 2008

Responsabilité sociale et environnementale des Entreprises • Total : la mise en examen

Rapport - 120 pages et synthèse - Mai 2008 • Total aggrave son cas

Brochure – mai 2008 – 0,5 €


FONDAMENTAUX

L'homme et la technique Alors que la technique a pu être assimilée au progrès par certains courants de pensée, cette théorie a été largement critiquée par l'écologie politique et de nombreux auteurs. Le terme « technique » vient du grec teknè, qui désigne un métier, un savoirfaire. La technique joue un rôle important dans la conception occidentale que l'homme se fait de lui-même. Dans ses origines, tout d'abord. André Leroi-Gourhan cherchait à montrer, dans Le geste et la parole (2 tomes, 1964-65), que l'histoire de l'humanité est celle du progrès technique. Yves Coppens, dans son Histoire de l'Homme (2008), ramène l'histoire de la culture à l'histoire de l'industrie. La technique joue aussi un rôle majeur dans les théories économiques, en particulier les théories de la croissance. Karl Marx fait jouer à la technique un rôle clé dans le progrès humain : « dans la grande industrie, l'homme apprend à faire travailler pour rien, comme une force de la nature, le produit de son travail passé » (Le capital – Livre I, 1867). Les théories néoclassiques ne sont pas en reste : Robert Solow calculait en 1957 que les sept huitièmes de la croissance provenaient de la technique. Pour eux, l'évolution technique, c'est le progrès.

Question de finalités Cette conception est vivement critiquée par l'écologie politique car elle naturalise le productivisme. Marshall Sahlins (Age de pierre, âge d'abondance, 1976), Herbert Marcuse (L'homme unidimensionnel, 1964) et Pierre Clastres (La société contre l'État, 1974) montrent au contraire que l'évolution technique dépend des finalités des sociétés : elle n'est pas une évolution naturelle et universelle qui irait d'un état de « sous-développement » vers un état « développé ». La technique contemporaine est génératrice de risques majeurs. Günther Anders (L'obsolescence de l'homme, 2001 - textes écrits en 1956) estime que nous avons perdu tout souci des fins, nous ne faisons qu'accumuler des moyens. L'homme est devenu plus petit que lui-même, il ne peut plus humaniser son monde car il a construit des outils qui le dépassent absolument, comme la bombe atomique. Ces outils peuvent causer sa perte sur une simple erreur de jugement. Hans Jonas (Le principe responsabilité, 1979) estime aussi que l'action humaine dépasse aujourd'hui de beaucoup des capacités de responsabilité, de ce fait « nulle éthique

ne nous instruit plus ». J.-P. Dupuy reprend ces idées (Pour un catastrophisme éclairé, 2002). Ivan Ilich montre que l'évolution technique contemporaine génère de nombreux intermédiaires dont le coût est supérieur au service rendu. Illich montre ainsi, dans un calcul célèbre, que l'automobile ne va pas plus vite qu'un vélo (Énergie et équité, 1973), que l'école rend idiot (Une société sans école, 1971) ou que l'institution médicale rend malade (La némésis médicale, 1975). Jacques Ellul (Le système technicien, Cherche-Midi, 2004, réédition) montre que l'évolution technique fait système, qu'elle instrumentalise le citoyen et réduit son autonomie. E.F. Schumacher (Small is beautiful, 1973) juge que les techniques utilisées dans les sociétés industrielles sont celles qui permettent de dépenser le plus et donc de satisfaire nos besoins de la manière la plus inefficace possible. Il propose le concept de « technologies appropriées » pour désigner des techniques économes. Ivan Illich défend de son côté les techniques « conviviales », qui accroissent l'autonomie.

> FABRICE FLIPO

COLLECTIFS

Agence de Crédit à l'exportation Les ONG boycottent une « consultation » de l’OCDE Le 18 novembre 2008 le réseau international ECA Watch, dont Les Amis de la Terre sont membres, a manifesté devant l'OCDE contre les politiques des agences publiques de crédit à l'exportation. Loin devant la Banque mondiale, ces agences sont en effet les premières pourvoyeuses de financement et d’assurance-crédit pour les grands projets d’infrastructure dans les pays en développement. Au sein de l'OCDE, le groupe de travail des agences de crédits à l'exportation a défini des recommandations pour les agences des pays de l'OCDE. Appelées « approches communes » elles ne permettent même pas d'interdire la garantie d'un projet comme le barrage catastrophique d'Ilisu en Turquie.

Opacité S'il était réalisé, ce projet impliquerait le déplacement forcé de 78 000 Kurdes, l'engloutissement d'une cité millénaire et des tensions géopolitiques liées aux ressources en eau. Via leurs activités, soutenues par les États riches, les agences alimentent donc la corruption, la destruction de l’environnement ou encore les déplacements forcés de populations dans les pays d’investissement. Le tout dans la plus grande opacité ! Ce groupe de travail organise chaque année une consultation de la société civile. Pourtant, depuis des années, il rejette toute critique des ONG et ignore leurs recommandations. La consul-

tation permet juste de prétendre que la société civile est écoutée. C'est pourquoi les ONG, invitées une énième fois cette année, ont décliné l'invitation et manifesté leur mécontentement alors que la consultation de la société civile se déroulait sans elles.

> D É B O R A H L A M B E RT P E R E Z


Le Courrier de la Baleine

Depuis 1971

Le journal des Amis de la Terre

Pratique Cuire sans réchauffer la planète L'alimentation est un poste important dans les émissions de gaz à effet de serre (GES). Avant d'arriver dans notre assiette, les aliments sont produits, transformés, transportés, emballés, et cuits parfois. Comment agir à ce dernier niveau pour limiter les émissions de GES ? L’histoire de la cuisine et de la cuisson débute avec les arts du feu, du frottement des brindilles à l’étincelle du silex, du foyer aux cuisinières à charbon, jusqu’à l’électricité sous ses diverses formes. Alors que les changements climatiques ravagent notre planète, et que l’industrie agroalimentaire joue à fond la carte des portions individuelles – multipliant ainsi les décongélations, cuissons et réchauffages intempestifs – voici quelques conseils pour mieux cuire nos aliments. Il est en effet possible de réduire de 50 voire 75 % notre consommation actuelle d’énergie liée à la cuisson (environ 500 kWh/an, l’équivalent de l’usage continu de 2 fours électriques pendant un an), et ce sans forcément revenir aux pratiques ancestrales, comme la combustion des bouses animales… Quelques habitudes suffisent.

Cuire moins, c'est cuire mieux… Tout d'abord, face à la surabondance alimentaire en Occident, le « manger moins » et le « manger mieux » reviennent en force. Les nutritionnistes sont unanimes : cuire mieux, c’est souvent cuire moins, ce qui permet notamment de retrouver le goût et les propriétés vitaminiques des fruits et légumes. Il est important d'ajuster le niveau d’eau à la quantité d’aliments à cuire, de ne surtout pas oublier de mettre un couvercle (40 % d’économie d’énergie), de préférer la bouilloire pour chauffer l’eau et le Thermos pour faire cuire les légumineuses, de réduire la puissance lorsque l’eau bout. Les bénéfices de ces gestes ne sont plus à vanter. L’idéal : l’optimalité énergétique de la cuisson à l’étouffée ou à la cocote minute, deux techniques qui ne génèrent aucune déperdition de chaleur, et offrent un avantage nutritionnel et diététique certain. Et que dire de la cuisson à la vapeur !

Matériel et ustensiles : des choix capitaux Si vous le pouvez, renouez avec l’usage du feu ou de la cuisinière à bois – dont le rendement énergétique surpasse celui des modes de cuisson concurrents, et osez le four solaire, basé sur le principe de l’effet de serre. Bannissez autant que possible les cuisinières électriques, qui consomment plus de 450 kWh/an, contre 340 pour les tables à induction et 281 pour les plaques vitrocéramiques. Favorisez le gaz, qui, un jour peut-être sera du biogaz. A propos, votre électroménager est-il bien de catégorie A ? Dans tous les cas, le diamètre de vos casseroles est-il adapté ? Non ? En sus de l’énergie, vous gaspillez alors près de 14 euros par an… Profitez le cas échéant de l'inspection générale pour acheter des casseroles à pression, qui vous feront économiser jusqu’à 70 % de temps et d’énergie. Passez également en revue votre matériel : tuyaux, câbles d’alimentation, brûleurs et fonds de casseroles sont-ils propres et en bon état ? A ces conseils généraux s’ajoutent des choix plus tactiques. Vous allumez votre four

pour un seul plat ? Profitez donc de cette chaleur (que vous contrôlerez grâce au thermostat plutôt qu’en ouvrant la porte) pour préparer viandes, gâteaux, légumes. Pour les grosses portions ou les aliments gorgés d’eau, vous utiliserez avec discernement four, brûleurs à gaz ou plaques électriques. Enfin, accros des plats préparés et des surgelés, sachez que les produits congelés sont très gourmands en énergie car ils doivent être maintenus à -18° C et les gaz nécessaires à fabriquer le froid ont un pouvoir de réchauffement très important. Si toutefois vous deviez décongeler des aliments, ne négligez pas la décongélation douce au réfrigérateur ou les rayons solaires. Vous voilà parés à bien cuire sans gaspiller !

> PERRINE VALLET Pour aller plus loin • Guide des énergies vertes pour la maison Patrick Piro - Editions Terre Vivante • La cuisine solaire Collectif- Petite encyclopédie d’Utovie

Humeurs Une vie de chien - Comme tout le monde, la crise me déprime, mais heureusement, pour la Noël, mon maître ne m'a pas oublié ! Alors qu'on crève de faim en Afrique et de froid au bois de Vincennes, il m'a emmené à l'hyper dans son 4x4 tout neuf, dans mon panier à toutou tout neuf, où tout-tout était prêt pour la grande fête. On a fait le plein d'agrocarburant Super Sud (le moins cher), puis, pour ne pas le vexer, j'ai fait semblant de ne pas regarder quand il remplissait son caddie, et j'ai joué l'émerveillement quand j'ai trouvé ma nouvelle niche HQE et ma pâtée spéciale Max Havelaar sous le sapin acheté en promo. Du coup j'ai pissé de joie partout, les enfants étaient tout heureux de recevoir leurs derniers gadgets, oreiller Bluetooth pour répondre au téléphone en dormant, GPS ménager pour retrouver à coup sûr la boîte de petits pois au fond du congélo, casquette à ventilateur solaire pour maintenir les neurones au frais… Même le foie gras en était tout reconstitué de joie dans son bloc et la guirlande électrique fêtait les derniers superprofits d'EDF. C'était génial ! Il aurait été bien triste que l'on m'oublie. Si les huit millions de chiens français sont gâtés comme moi ce soir, on ne sera pas seulement les rois de la fête, on aura aussi gagné notre place au palmarès du gâchis planétaire. Quand je vois tout-tout ce qui se passe, je me dis qu'il est bon d’avoir une vie de chien et je prie pour ne pas être réincarné en humain. Joyeux Noël et vive la surconsommation ! > CORINNE LAFOSSE ET ALAIN DORDÉ


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