histoirestadecolombes

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C O M I TÉ POUR L’APPOSITION  D’UNE PLAQUE MÉMORIELLE SUR LE

Stade Yves-du-

Manoir

Le Stade de Colombes Camp de rassemblement Septembre-Décembre 1939

« Quand les étrangers deviennent des indésirables »


les

faits

historiques

Septembre 1939, la guerre est à nouveau déclarée à l’Allemagne, devenue le IIIe Reich sous la botte nazie. Les exilés allemands et autrichiens qui avaient pourtant fui le nazisme et/ou l’antisémitisme deviennent par leur nationalité, suspects. Le gouvernement de la République veut rassembler tous les hommes entre 18 et 65 ans pour en effectuer le contrôle - soit 30 à 40 000 personnes. Comme ils sont surtout très nombreux en région parisienne, y ouvrir des camps de rassemblement auprès des camps militaires comme en province est difficile ; le gouvernement réquisitionne donc des lieux susceptibles de les accueillir par centaines ou milliers, comme le Stade de Colombes, qui, selon les estimations en verra passer environ 20 000 entre septembre et décembre. Ensuite ? Ils seront dès septembre internés et littéralement trimballés d’un camp militaire à l’autre, en général dans l’ouest de la France mais il y avait de tels camps sur tout le territoire, jusqu’en Algérie. Un tri est censé être fait entre ceux qui peuvent (et doivent selon leur statut de réfugiés) se mettre au service de la France, soit comme travailleurs prestataires de l’armée, soit comme engagés dans la Légion Etrangère et ceux qu’on libère (chargés de famille française, relations influentes) ou qu’on décide de garder essentiellement pour raisons politiques, parce que nazis convaincus (et donc, les seuls qui objectivement pouvaient présenter une menace en temps de guerre)… ou communistes (le parti communiste avait été interdit en octobre). Ce tri dure parfois jusqu’en avril 1940 ! Pour certains, ce sont donc 8 mois de captivité, changeant régulièrement de camp, dans des conditions parfois très difficiles, certains officiellement “libérés” étant obligés de rester derrière les barbelés faute d’autorisation de rejoindre leur domicile. Avec l’invasion de mai 1940, tous les réfugiés, cette fois-ci femmes comprises, sont de nouveau convoqués et internés dans les mêmes camps. À partir de l’armistice, l’occupant allemand aura à sa disposition tous ces exilés, et notamment politiques, Juifs - ces derniers parfois déjà concentrés dans les mêmes camps... n


notre

devoir

de

mémoire

Pourquoi aujourd’hui commémorer cet épisode qui fit du Stade de Colombes l’un des éléments de la politique d’internement d’étrangers en temps de guerre ? Parce que cette politique, loin d’être anodine, est révélatrice d’un glissement qui a vu la République ignorer petit à petit ses principes, rappelant que la France n’est pas passée du jour au lendemain d’un régime démocratique exemplaire à une dictature pro-fasciste, celle de Vichy. Les gouvernements de la République ont agi et réagi - en cette fin des années 1930 dans un contexte de tensions politiques très fortes, un climat de violence verbale et idéologique inouï, une montée de l’extrême-droite nationaliste, anti-républicaine, antisémite. Les propos xénophobes étaient de plus en plus courants et ces réfugiés, allemands et autrichiens - mais aussi les Espagnols fuyant début 1939 la fin de la guerre civile - étaient ouvertement et même officiellement traités d’“indésirables” - devant le stade se trouvait un panneau “Camp des indésirables”, “indésirables” car ils risquent d’impliquer la France dans une guerre dont elle ne voulait pas. Alors qu’ils cherchaient dans notre pays la liberté qu’ils avaient perdue... Un décret du 12 novembre 1938 prévoit déjà l’internement des étrangers. Quoi de plus normal alors lorsque la guerre est déclarée ? Normal ? Le Royaume-Uni, qui certes n’a pas de frontière directe avec l’ennemi mais est tout autant menacé par cet ennemi intérieur, saboteur potentiel, décide lui aussi de traiter le cas des réfugiés. Le résultat ? Effectivement des internements dans des camps. Combien ? 486... La généralisation de ces camps, ouverts dès février 1939 pour les Espagnols, multipliés avec le contrôle des Allemands, a contribué à créer une normalité du camp dont héritera Vichy n


Sources D. Peschanski, Les camps français d’internement (1938-1946), thèse sous la direction d’A. Prost, 2000 Gilbert Badia, Les Barbelés de l’exil, PUG, 1979, notamment l’article de Françoise Joly, Jean-Baptiste Joly, Jean-Philippe Mathieu,

Témoignages Arthur Koestler, La lie de la terre, 1941 Gilbert Badia, Exilés en France : souvenirs d’antifascistes allemands émigrés (1933-1945), Maspero, 1982

Philippe Sarre, Maire de Colombes, Théo Wieder, Maire de Frankenthal (Allemagne), Chantal Barthélémy-Ruiz, adjointe au maire PS de Colombes, déléguée aux actions mémorielles Kamel Bouhaloufa, adjoint au maire non inscrit de Colombes, Patrick Chaimovitch, adjoint au maire EELV de Colombes, Caroline Coblentz, conseillère municipale UMP de Colombes Michèle Fritsch, conseillère générale PCF des Hauts-de-Seine et adjointe au maire de Colombes, Bernard Lucas, conseiller général PS des Hauts-de-Seine Philippe Pattier, adjoint au maire Citoyens Autrement de Colombes, Laurent Trupin conseiller municipal Modem de Colombes, Serge et Claudine Frydman Comité Pour la Mémoire d’Auschwitz, Marie-Paule Boudic, CPMA Alexandre Laignel, CPMA, Alain Rajot, enseignant d’Histoire, Samy Arzoine président du Centre Communautaire Israélite de Colombes, Père Jean Leclerc prêtre en retraite active à Colombes, pasteur Vincent Nême-Peyron, église réformée d’Asnières/Bois-Colombes/Colombes Mohamed Benakila, aumônier musulman à l’hôpital Louis Mourier de Colombes, Jean-Claude Perrin, Entraineur national du saut à la perche.

Contacts : Serge Frydman : 06.60.40.31.88 Chantal Barthélémy-Ruiz : chantal.ba thelemy-ruiz@mairie-colombes.fr r

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Membres du comité


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