L'Aigoualité pour tous N°18

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Printemps 2011

É dito

Costard Vous savez c’est celui qu’avait toujours l’air de sortir d’un déjeu un tout petit peu trop arrosé, c’est pas interdit d’ailleurs, et c’est pour ça qu’on l’aimait bien. C’est vrai qu’il avait plutôt l’air sympa. Du genre, le gars qu’on aimerait bien avoir à dîner... Bref ! Je n’en jette pas plus... An ovation for Mister J.L. Borloouuu ! Eh oui ! J.R., c’était déjà pris ! Pourtant, il a le profil. Dommage. L’écologie. - Non pas fasciné par l’odeur du pétrole, mais par les juteuses émanations des gaz de schiste... C’est, sans complexe, que vous, J.L., avez livré la France aux pétroliers sous brevets étasuniens ? Ce à quoi, J.L., après avoir pensé un long moment, rétorque plein d’emphase. - Et l’Industrie ! Ne l’oublions pas. C’est que, moi aussi ! J’ai une double casquette... Eh oui ! (bruit d’un verre qu’on pose sur le marbre d’un guéridon). Eh oui, grâce à cette double casquette, c’est sans modération que J.L. a promu l’ajout de substances radioactives dans les matériaux de construction et les biens de consommations, en "partenariat" avec sa collègue Pamela, la Baronne de la Santé. Heu, non ! Ça doit pas être Pamela... Vive les landaus radioactifs et les murs qui brillent la nuit ! La liste est longue, son costard était trop grand pour lui, il fallait donc des ciseaux. J.L., enfin, c’est pas joli joli ce que t’as fait

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pour l’écologie. Cela étant dit, passons à la suite. C’était juste l’apéro. Allez ! Plus près de chez nous maintenant !...

Ça doit trembler sous les casquettes... Ouah, quel suspense ! Bon allez, vas-y... … … … - C’est insupportable... - Un café s’il vous plait... Dioui dioui dioui... Prrt. - Oui ? Quoi ! Le p’tit train d’Anduze ? Clac ! - Bordel chérie, faut que j’y aille. … … Et ils s’acharnent à vouloir construire leur Belvédère, couler du béton, sans doute fabriqué avec les granulats de la carrière de Brissac. C’est bien les circuits courts ? On taille une montagne pour en aménager une autre, plus carrée, plus conforme... Quelle absurdité ! Et Pierre Rabhi l’explique, et nous exhorte à "l’insurrection des consciences". Alors, que faire ? S’indigner ? C’est à la mode. Mais oui, sans doute l’indignation est-elle la racine d’où tout peut partir. Se tenir debout. Ne plus baisser la tête en acceptant tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi. Robert Destanque nous en parle dans son Échographie du moment. Alors, bienvenue dans un monde meilleur. Il suffit d’y croire, et de ne pas laisser son voisin agir à sa place. Non au Prout de schiste ! Bordel ! Tout est lié j’vous dis. Dans ce printemps qui point, foulez des terres inconnues. La bise à Rambo. Vous savez le grand bleu... G.K.


S ommaire 4-13

14-19

Enquête

• Fin de carrière...? • Création du collectif "Lous Bourgnous" à Lodève • Blandas - Navacelles, Le cirque continue...

52-58

• Anduze décryptage • Cantines bio ? • Le gouvernement n’aime pas le bio • Kits OGM au lycée... • Notre poison quotidien • Propaganda rêva • "Vieux plagiat resucé"

Entretien

• Pierre Rabhi aux Éco-dialogues du Vigan 20-23

Découverte Culture

• Voltène Sue Le réfugié poétique 24-39

Agenda

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Le Coin des Assos

• Mouv’en FLE • Vente aux enchères au profit d’Haïti • ADEBA • Le solaire en auto-installation avec l’Association APPER • Amnesty International 396

60-61

48-49

Au bout du monde

50-51

Pouls du Pays

• Les contes du Burkina Faso • Autour d'Anduze, l'étincelle

Chuut !

• Interprète en langue des signes, pourquoi faire ? 62-66

À vos plumes

• Histoire vraie : La révolution de jasmin et la bonne terre... • Authentique • À cœur ouvert Supplique pour une calade • Hymne à l'oignon doux de St-André

Notre environnement à la loupe • Régime sans plantes • Kokopelli fait appel à la Cour de Justice Européenne ! • Gaz de schiste : guerre contre les vivants !

Échographie du moment

Par Robert Destanque Abstention, piège à cons

• Le Printemps en Aigoualie 40-43

Bogue qui pique

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Jeux

Ça math’muse - DadaCode Mots croisés

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Portrait

• MARC GRANIER Graveur sur rêves.

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E nquête

Fin de carrière...?

Fin de carrière...? Un peu d’histoire Il existait, par le passé, une gravière dans le lit de l’Hérault, à Saint-Bauzillede-Putois, au lieu-dit "Les Baoutes" près du pont suspendu. Dans les années 80, l’État, réalisant la dégradation des lits, décida la fermeture des gravières, et leur remplacement par des carrières de roche dure. C’est ainsi que, le 7 avril 1989, le Préfet prit un arrêté autorisant le carrier de l’époque, M. Cavalier, à exploiter une carrière, située au même lieu mais sur la colline dominant l’Hérault. De nombreuses contestations s’étant élevées contre ce projet, devenu définitif, le Préfet demanda au carrier de ne pas exploiter le site pendant 6 mois, délai pendant lequel il put rechercher un autre site plus conforme aux intérêts des communes et des habitants. C’est alors qu’apparut le projet du Pioch Camp, au lieu-dit Devois de la Vernède, à Brissac. Ce projet fut l’objet de nombreuses protestations, mais il n’y avait pas d’alternative, c’était ou Pioch Camp, ou Les Baoutes ! De 1989 à 1993, la carrière connut un parcours juridique compliqué : modification, puis révision du P.O.S. de Brissac, arrêté d’autorisation pris en 1990, recours devant le Tribunal Administratif, tous perdus, et enfin, l’arrêté de mars 1993 qui prit davantage en considération les "risques" pour l’impact visuel et l’environnement : remise en état progressive, et une nouvelle étude phyto-écologique annexée à l’arrêté. Le 1er janvier 1994, soit 9 mois après la signature de l’arrêté, le "petit" carrier, qui était propriétaire de la gravière, céda sa carrière au groupe Servant et fils. Une autre société du groupe, la société Capimont, acquit par la suite un droit de foretage de 75 ha autour de la carrière actuelle. En 2006, une tentative de faire réviser le POS, pour son extension et l’implantation d’une usine, avorta grâce à l’action menée par le collectif. En 2008, à l’occasion du changement de municipalité, de nouvelles tentatives d’extension de la carrière, et d’implantation d’usine, furent effectuées par le carrier et rejetées par le Conseil municipal.

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Brissac Magnéto Richard Schnitzler, Conseiller municipal à Brissac et ancien premier adjoint au maire, a travaillé pendant deux ans et demi sur le dossier concernant la carrière exploitée sur la commune. Il nous explique les tenants et aboutissants de cette affaire qui suscite l’émoi des riverains.

Sur la commune de Brissac, au lieu dit du Pioch Camp, se situe une carrière de roches massives calcaires d’environ 25 ha exploitée par la société STPC du groupe Servant et Fils, dont l’arrêté d’autorisation actuel date de 1993, arrêté qui a été plutôt bien fait pour l’époque et qui prévoit, entre autre, la réhabilitation du site au fur et à mesure de son exploitation. C’est là-dessus que porte le problème principal. La carrière, qui se voit de très loin et même depuis le mont Aigoual, a été exploitée par fronts de taille devant former des banquettes de 7,5 m de largeur et des falaises de 15 m de

hauteur. Ces fronts auraient dû être réhabilités à l’avancement, c’est-à-dire qu’avant d’attaquer un nouveau front de taille, l’exploitant aurait dû garnir la banquette du front précédent de terre végétale à une hauteur suffisante pour permettre la pousse, réaliser des plantations, et cela, tant qu’elle était encore accessible aux camions depuis le carreau de la carrière. Les plantations et les techniques d’exploitation et de réhabilitation à mettre en œuvre ont été décrites de manière très précise dans une étude phyto-écologique et paysagère annexée à l’arrêté : espèces variées et adaptées à l’environnement local dans un milieu relativement hostile où, par exemple, on ne pourra pas arroser par la suite, talutage et effondrements des fronts pour rompre l’aspect géométrique, etc.. Tout cela avait été prévu, et n’a pas été fait. Le carrier n’a pas garni avec de la terre végétale. Les plantations qu’il a faites n’ont pas tenu, et il n’a pas respecté la diversité et les espèces prévues. En fait, depuis deux ans et demi que je suis ce dossier, que ce soit avec les administrations, comme la DREAL et son service de l’Inspection des Installations Classées Pour l’Environnement, ou avec le carrier, j’ai pu constater, en plus du fait que la réhabilitation n’était pas faite correctement, soit qu’ils n’avaient pas conscience des problèmes, soit qu’ils fermaient les yeux. C’est difficile à déterminer, mais en tout cas, à chaque fois, cela a toujours été à la mairie et à moi de soulever les problèmes, de faire les constats et d’apporter preuves et arguments. J’ai d’ailleurs eu la surprise d’apprendre que les inspecteurs des installations classées, ainsi que l’exploitant, prétendaient ne pas avoir eu connaissance de l’étude phyto-écologique et paysagère dans laquelle la réhabilitation est prévue dans le moindre détail, et qui est annexée à l’arrêté d’autorisation d’exploitation. Il leur en a été donc fourni une copie !


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E nquête

Fin de carrière...?

Aujourd’hui, la préfecture reconnaît officiellement qu’il y a plusieurs problèmes sur la carrière, dont deux principaux, celui de la non-réhabilitation du site, et celui du déversement illégal de stériles dans le lieu-dit de la Combe Pluvieuse. Ce tas déversé, très

et très près du Pont de St-Étienne-d’Issensac et de sa chapelle qui sont classés monuments historiques. D’autre part, le cône de stériles déversés dans la Combe Pluvieuse fait 150m de hauteur, ce qui correspond à la hauteur de 10 fronts de taille, et représente une surface d’environ 1,7Ha ! Ce sont des données que j’ai calculées sur le site Géoportail 3D de l’Institut Géographique National. Il a fallu que j’emmène le carrier et l’administration sur place pour qu’ils le reconnaissent.

instable, est illégal à plusieurs titres : il est situé en dehors du périmètre d’exploitation, sur une zone classée ND (naturelle) dans le POS de la commune, qui exclut ce type de déversement. Il constitue un défrichement réalisé sans autorisation (le tas a recouvert à cet endroit les arbres de la garrigue qui, de fait, n’existent plus). Il a entraîné, par son érosion, le comblement des ruisseaux temporaires en aval, sur plus d’un km et des dépôts de sable sur la plage de l’Hérault. Toute la carrière est comprise dans un site Natura 2000 destiné à

La réunion publique du 26 novembre a pu se dérouler avec un dossier sans zones d’ombres, et à un moment où l’administration a proposé des solutions. Deux solutions exactement, que nous avons présentées aux élus, aux acteurs de l’économie locale et à la population dans une volonté de concertation la plus large possible et de prise en compte du fait que la carrière n’impacte pas uniquement notre commune. Selon moi, l’administration aurait pu envisager des alternatives différentes, ce qui pose problème. Pour caricaturer, on pourrait dire qu’on nous a demandé de choisir entre la peste ou le choléra. D’autre part, on nous a demandé de nous prononcer uniquement sur le problème des fronts de taille, et pas sur la verse de la combe pluvieuse. Deux problèmes qu’il faut bien distinguer.

la protection des oiseaux. Elle est par ailleurs également en bordure d’un second site Natura 2000, du Site Classé des Gorges de l’Hérault

1 = côte 395 (ligne de niveau à l’altitude 395 m) = limite supérieure de l’autorisation. 2 = côte 335 = limite inférieure de l’autorisation 3 = débordement dans la combe pluvieuse 4 = débordement dans la combe des mûriers 5 = extension proposée pas la préfecture / problème du front sud 6 = tas de stériles 7 = front sud 8 = front nord

En ce qui concerne les fronts de taille, les problèmes sont localisés dans le secteur sud du site. Le carrier explique, en effet, qu’il a dû s’adapter à un problème de qualité du gisement qui comporte beaucoup plus d’argile au nord qu’au sud, et dont l’exploitation aurait généré beaucoup de stériles. Il a donc délaissé


Brissac

le secteur nord durant quelques années. Grâce à un nouveau procédé de traitement à la chaux dans lequel l’exploitant a investi, le secteur nord du gisement est désormais exploitable sans générer, a priori, de stériles argileux, et devrait l’être selon les termes de l’arrêté, mais il faudra rester attentif. Dans la partie sud, qui comporte quatre falaises et trois banquettes, et où nous avons soulevé le problème de la non réhabilitation des fronts, l’inspection des installations classées a relevé un problème de largeur de banquettes qui sont parfois plus étroites que les 7,5 m prévus. Selon l’administration, cela complique les possibilités de rattraper la réhabilitation qui n’a pas été faite et vient justifier les deux propositions de la Préfecture. D’après moi, cette question de largeur de banquettes n’est pas aussi grave qu’on nous le dit et elles devraient pouvoir être réhabilitées sans revenir sur leurs dimensions, à un certain coût, mais c’est faisable. Le résultat resterait compatible avec l’arrêté qui prévoit de rompre la linéarité des fronts, avec des effondrements, des talus et une végétalisation hétérogène, plus dense par endroit, moins à d’autres. À l’heure actuelle, on pourrait très bien demander au carrier de financer le rattrapage de la situation. Or, cela n’apparaît dans aucune des deux solutions proposées. La loi prévoit, en effet, que les garanties financières que le carrier a constituées

depuis le début de l’exploitation soient mobilisables par l’État afin de pouvoir faire face à une situation de non-réhabilitation. Le montant qu’elles constituent (environ 520 000 euros) représente le double de la somme nécessaire à la réhabilitation totale du site (environ 260 000 euros) et, à titre de comparaison, le dixième de ce que le carrier dit que lui ont coûté ses nouvelles installations destinées au traitement et à la commercialisation des stériles (environ 5 000 000 euros). La loi prévoit aussi que toute modification des conditions d’exploitation conduisant à une augmentation du montant des garanties financières soit subordonnée à la constitution de nouvelles garanties financières. Avec la non-réhabilitation des fronts sud et le déversement de stériles dans la combe pluvieuse, nous sommes bien dans ce cas de figure et j’ai à plusieurs reprises eu l’occasion de réclamer l’application de cet article de l’arrêté portant sur les garanties financières, mais sans succès jusqu’ici. La loi est donc bien faite puisqu’elle prévoit le pire des cas de figure envisageables. Il suffirait simplement de l’appliquer.

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E nquête

La première solution proposée par la Préfecture est, pour moi, scandaleuse, puisqu’elle consisterait à réaliser une extension de la carrière de 30 à 40 m de largeur au sommet des fronts sud dans le but de les retailler pour leur donner la dimension prévue dans l’arrêté. Or, ce ne sont que 1 à 2m de largeur qui manquent et encore, pas partout et pas sur chaque front.Ainsi, au lieu de sanctionner une infraction, cette solution représenterait des milliers de tonnes de roche exploitables en plus par le carrier, qui de surcroît n’y est "officiellement" pas favorable. Je pense qu’il a compris qu’il devait montrer sa bonne volonté. En effet, le carrier doit faire une demande de renouvellement en 2012 car son autorisation actuelle prend fin en 2013. Au départ, il voulait l’assortir d’une demande d’extension pour passer de 25ha à 78ha ! Mais, il sait que la municipalité y est opposée. Donc, il s’orienterait plutôt vers une demande de renouvellement simple, sur le périmètre actuel, pour 30 ans de plus.

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La deuxième solution proposée par l’Administration est de réhabiliter autant que possible la première banquette – qui fait plus de 7,50m – et "peindre" ou vieillir les autres fronts, par un procédé d’oxydation qui nous a été présenté au travers de l’exemple d’une carrière à Toulon où les fronts avaient été "peints" d’une couleur verte pour mieux s’intégrer à la garrigue environnante. En réalité, cette oxydation peut aussi donner une couleur grise qui correspond au vieillissement naturel du calcaire. Ce procédé s’appelle Naturoc, il est censé ne pas être nocif pour l’environnement, et n’est garanti que 5 ans... Donc, on n’est pas vraiment dans une idée de développement durable. Un essai réalisé il y a quelques années sur la carrière de Brissac n’avait pas donné satisfaction car le vieillissement n’avait tenu que deux ans... Nous sommes dubitatifs.

Fin de carrière...?

Je tiens à préciser, que, ni moi, ni le maire ne sommes pour la fermeture de la carrière. Notre objectif est que la loi soit respectée. Cette carrière est très mal située, mais le mal est fait et peut être rattrapé. Par contre, si les choses n’avancent pas, cela ira clairement en défaveur d’un renouvellement. La délibération du Conseil municipal de Brissac a un poids énorme dans le processus de renouvellement de l’autorisation d’exploitation. Le préfet pourrait néanmoins passer outre une délibération défavorable, en prenant une décision d’intérêt public, justifiée, par exemple, par un projet d’autoroute proche nécessitant des granulats. La loi prévoit, depuis une ordonnance de juin 2009, que toute carrière qui n’a pas satisfait aux obligations de remise en état peut se voir refuser une nouvelle autorisation. Nous avons mis le doigt sur un problème sans autre calcul que l’intérêt public. Mon point de vue personnel passe après. La réunion du 26 novembre a permis d’informer tout le monde de ces faits, et il en est ressorti qu’une troisième voie était souhaitée et certainement possible, que l’Administration devrait prendre en compte. Il en est ressorti aussi que ce n’était pas à la Commune et son Conseil municipal de prendre des décisions techniques. Nous ne sommes pas des techniciens. Donc, nous placer dans ce rôle, c’est nous donner une responsabilité qui pourrait se retourner plus tard contre nous. Par exemple : si l’oxydation ne marchait pas, on pourrait nous reprocher d’en avoir pris la décision. Même si, après deux ans et demi de travail sur ce dossier, j’ai acquis des connaissances, ça ne suffit pas pour me rendre compétent sur une telle décision. En revanche, j’ai acquis la certitude qu’en y mettant le prix, la réhabilitation est possible.


Brissac Le 21 décembre dernier, le Conseil municipal de Brissac a voté à l’unanimité deux délibérations. Dans la première, il réaffirme le rejet de tout projet d’extension de la carrière et demande le respect de la réglementation. Dans la seconde, il sollicite l’engagement des Communautés de communes des Cévennes Gangeoises et Suménoises et du Grand Pic St-Loup à intervenir conjointement auprès des services concernés pour que la réglementation soit respectée. Concernant la verse de la combe pluvieuse, il faudrait coordonner le respect des règlements afférant à ce secteur : le POS de la Commune, défrichement, Natura 2000, la loi sur l’eau etc. Puis prendre acte, par un procès verbal, du fait que ce déversement constitue une activité illégale. Faire une étude d’incidence sur le milieu. On peut en effet supposer que le comblement du Thalweg a un impact. Ce que j’ai découvert depuis deux ans et demi au cours de mes démarches, c’est qu’il est extrêmement difficile de faire travailler les administrations ensemble. Cela tire parfois à hue et à dia, et les intérêts d’une administration, et l’application d’une réglementation peuvent être contradictoires avec les intérêts ou règlements d’une autre. Par exemple, depuis le 1er janvier 2010, la DRIRE et la DIREN ont fusionné pour devenir la DREAL. Or, la DRIRE et la DIREN ont souvent des intérêts contradictoires et opposés. Donc, faire travailler ensemble des gens dont les intérêts divergent, semble mission impossible. Dans quel but cette fusion a-t-elle été faite ? Ce n’est pas à moi de le dire. En tout cas, quand on s’adresse à la DREAL, qui est censée s’occuper en priorité de l’environnement, eh bien, en ce qui concerne la carrière, on ne peut avoir d’autre interlocuteur que l’Inspection des Installations Classées composée du personnel de l’ancienne DRIRE, et qui travaille pour l’industrie.

A = en rouge : section cadastrale AT 40, zone NDm, zone pouvant accueillir une carrière. B = en jaune : emprise actuelle de la carrière. C = Section cadastrale correspondant au schéma retenu par l’arrêté d’autorisation de 1993 pour l’exploitaiton de la carrière

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La carrière vue depuis Brissac

On a été très seuls, et on a subi beaucoup de pressions. J’ai voulu agir avec droiture, courage et détermination, ce qui m’a amené parfois à être ferme et désagréable. C’est avec notre pouvoir de police que le maire et moi-même avons agi. Cela a été un rôle très difficile à tenir. Chaque année, il y a un comité de suivi de la carrière, et après, le carrier invite tous les participants au restaurant. J’y suis allé une fois, et plus jamais ensuite, ça semble anodin, mais ça ne l’est pas. Je me suis aussi rendu compte que le carrier faisait cadeau à la mairie de Brissac des granulats dont elle avait besoin et les transportait en camion gratuitement. La juriste du Centre de Formation des Maires et des Élus Locaux m’a fourni des textes de loi montrant que ce type de situation peut être assimilé à de la corruption passive, ou de la concussion, et est punissable de fortes amendes et peines d’emprisonnement pour le corrupteur et le corrompu. Nous avons donc cessé d’accepter ces cadeaux. J’ai été confronté à ce genre de situations pendant deux ans et demi. Je n’y étais pas préparé et ça a été très difficile à vivre. À mon niveau et par mon action j’ai donc essayé de faire en sorte que nous changions de paradigme et que nous revenions au droit. Aujourd’hui, j’ai passé le relais au Conseil municipal et aux intercommunalités dans de bonnes conditions, ainsi qu’à la population. B

C

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E nquête

Cerise sous le gâteau : des mûres...

Depuis cet entretien Richard Schnitzler a découvert, au cours d’une randonnée empruntant le GR 60, les conséquences de l’érosion provoquée par l’eau et les stériles provenant de la carrière et s’écoulant dans la combe des mûriers. Le phénomène, dont l’origine ne fait aucun doute, a ainsi entraîné la destruction totale d’une portion de plus de 200 m du GR 60 par la formation d’une tranchée pouvant parfois atteindre jusqu’à 2 m de profondeur. Tant que sa cause n’aura pas disparu, ce mécanisme ne pourra que se poursuivre et ses conséquences s’accroîtrent. Il en résulte actuellement un risque d’accident pour les randonneurs qui empruntent ce sentier. Cette situation constitue, bien entendu, de nouvelles infractions (arrêté de 1993, POS, FFRP, Natura 2000...) dont le maire de Brissac a été informé par Richard Schnitzler qui lui a transmis photos et vidéos prises sur les lieux.

Et maintenant...

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L’association ADEBA (Association de Défense de l’Environnement de Brissac et de ses Alentours) suit désormais cette affaire, a entamé plusieurs actions, et rappelle les éléments clefs qui constituent ce dossier. "Les dispositions de l’arrêté n’ont pas été respectées : 1°) surexploitation de la carrière : à partir de 2000, la production annuelle dépassera systématiquement les 300.000 tonnes, flirtant avec les 400.000, les dépassant même en 2005. 2°) non-respect du plan-programme chronologique d’exploitation : retards et interventions différentes sur le front Nord et Sud. 3°) non-respect des dimensions des banquettes : 7 m 50 de large prévus dans l’étude annexée à l’arrêté, alors que certaines ne dépassent pas trois mètres, ce qui explique la surexploitation et le retard pris. 4°) non-respect de la remise en état telle qu’elle était prescrite dans l’étude phyto-écologique. Les essais de remise en état ont été effectués tardivement, sur des banquettes non conformes, suivant des procédés insuffisants, divers et non concluants d’après les avis donnés par la SPN (Société de Protection de la Nature) représentant les associations environnementales au sein du comité de suivi. Les plantations ont été faites par le pépiniériste local, alors qu’il devait être fait appel à des entreprises spécialisées.

Fin de carrière...? Les conséquences

1°) impact visuel : fronts nus, à l’aspect géométrique, faisant une blessure dans le paysage, visibles et de près et de loin. 2°) tas énorme de stériles, conséquence des 1°), 3°) et 4°) précédents, qui modifie considérablement le paysage (environ 4 à 500 000 tonnes ?). 3°) tas de stériles (environ 15 000 tonnes) déversés en dehors du périmètre de la carrière sur une zone dite "combe pluvieuse", dans laquelle les pluies d’orage entraînent jusqu’aux rives de l’Hérault des dépôts de sable. Cette zone, qui fait partie des 75 ha acquis par la société Capimont du groupe Servant, est classée, dans le POS, ND (dont le règlement ne permet pas une telle occupation)." ADEBA précise aussi que "Les conditions d’exploitation de l’arrêté concernaient également la circulation des eaux : les eaux pluviales ruisselant sur les stocks de matériaux devant être collectées, épurées et faire l’objet d’un contrôle régulier avant rejet dans le milieu naturel." L’exemple du GR60 montre bien que cela n’a pas été respecté. ADEBA a alerté le Comité départemental de la randonnée pédestre de l’Hérault. L’association propose de mettre le préfet et le maire face à leurs responsabilités : "Nous avons demandé au maire de Brissac de dresser, en tant qu’officier de police judiciaire, procèsverbal des infractions commises en violation du règlement du POS, et au Préfet de faire le constat des infractions commises par le carrier et de lui enjoindre de réhabiliter le site suivant les prescriptions de l’arrêté initial." (Voir encadré) L’association souligne que le laxisme passé a déjà des conséquences graves, notamment une destruction de la flore et, sans doute, de la faune, et une dégradation paysagère importante, l’arrêté de 1993 précisant que la carrière ne devait être visible ni depuis la Grotte des Demoiselles, ni depuis le pont de St-Étienne d’Issensac, alors qu’elle l’est. ADEBA rappelle enfin que son objectif n’est pas la fermeture de la carrière mais le respect du droit. Photos : R.S., Christophe Wastin, I.G.N., G.K.


Brissac Extraits des courriers Courrier avec AR adressé au Préfet de l’Hérault, M. Claude Baland, le 13 décembre 2010. (…) "nous vous demandons de bien vouloir : signifier à l’exploitant toutes les infractions qu’il a commises par rapport aux prescriptions de l’arrêté, le mettre en demeure d’arrêter toute intervention sur la partie sud de la carrière, que ce soit sur les fronts (et particulièrement leur vieillissement artificiel, le paysage n’est pas qu’un décor !), sur les banquettes ou le stock de stériles (sauf à en "recycler" une partie), le mettre en demeure de commander à une ou des entreprises spécialisées une nouvelle étude approfondie, indiquant les moyens nécessaires à sa réalisation, sur l’ensemble de la carrière, en n’omettant pas le volet "environnement et préservation de la biodiversité (site classé des gorges de l’Hérault, Natura 2000, Hautes Garrigues du Montpelliérais)", mettre en demeure la STPC et la société Capimont d’enlever le tas de stériles déversés sur le terrain de la société Capimont situé en zone ND. " (…) Lettre au maire de Brissac, M. Jean-Claude Rodriguez, le 21 janvier 2011 (…) "Ce tas de stériles se trouve sur la parcelle cadastrée AT 52, qui se situe en zone ND du P.O.S. Le règlement du P.O.S. de Brissac stipule que : "la zone ND est destinée à assurer la sauvegarde des sites naturels, coupures d’urbanisme, paysages ou écosystèmes. Ne sont admises que les occupations et utilisations du sol suivantes : - l’extension mesurée des bâtiments existants…. - les infrastructures concernant l’assainissement, l’adduction d’eau potable, la sécurité (défense contre

Conclusion

Une sinistre balafre dans un paysage préservé. Des services de l’administration tellement fusionnés, qu’ils en deviennent informes à la limite du supportable. Alors, on nous dira toujours, dans un but inavoué de culpabilisation : "Oui, mais il y a les emplois !" En effet, neuf personnes y travaillent en dehors des conducteurs de camions. Il s’agit d’un argument fallacieux. Faut-il que nous taillions les crêtes de toutes les collines des Cévennes pour donner de l’emploi à tous leurs habitants chômeurs ? Faut-il, au nom de l’emploi et de la croissance dont on connaît les liens intimes avec le BTP, accepter tout et n’importe quoi ? Produire du caillou, pour couler du béton. Aller toujours plus loin dans l’exploitation de la nature au nom du sacro-saint progrès économique. Cette

l’incendie), l’accessibilité du site. Uniquement en secteur NDm : l’ouverture et l’exploitation de carrières et les installations classées qui y sont liées. Les occupations et utilisations du sol non mentionnées à l’article précédent sont interdites.." Le règlement de la zone ND ne permet donc pas le stockage de stériles ou déchets inertes en dehors de la zone NDm. Il ne permet pas, non plus, la réalisation de travaux de terrassement. Accepter cette situation équivaudrait à reconnaître, de facto, l’extension de la zone d’exploitation de la carrière (zone NDm), ce qui est contraire à toutes les décisions du Conseil municipal dans ce domaine (cf. délibérations des 28 janvier 2009, 14 avril 2009 et 21 décembre 2010). Le maintien, sur la parcelle AT 52, de ce tas de stériles et la réalisation de travaux concernant ce tas constituent des infractions aux dispositions du P.O.S. et, selon l’article L 160-1 du Code de l’urbanisme, les articles L 480-1 à L 480-9 leur sont applicables. Aussi, nous vous demandons, par la présente lettre, qu’en votre qualité d’officier de police judiciaire 1°) vous dressiez un procès-verbal constatant l’infraction au titre de l’exécution de travaux et de l’utilisation du sol sans autorisation d’urbanisme préalable et en violation du Plan d’Occupation du Sol, 2°) vous transmettiez sans délai ce procès-verbal au Procureur de la République, 3°) vous ordonniez, par arrêté motivé, l’interruption des travaux concernant les aménagements et utilisation du sol sur la parcelle AT 52. Cette mise en demeure concerne le propriétaire de la parcelle, le ou les bénéficiaire(s) des travaux, les entrepreneurs et autres responsables de l’exécution des travaux." (…)

carrière, si visible, est un symbole de cette marche absurde que livre la société humaine contre l’environnement qui l’abrite. Il est tout à fait inacceptable qu’une telle verrue puisse perdurer au cœur d’un site classé Natura 2000, connaissant en plus les manquements dont a fait preuve l’exploitant, depuis presque 20 ans, dans l’application de ses obligations liées à l’arrêté de 1993. Même s’il promet, aujourd’hui, à qui veut bien l’entendre que "à l’avenir, l’exploitation sera réalisée suivant l’arrêté et ses annexes". Le doute reste permis. L’avenir, il est entre les mains de celles et ceux qui prendront position et se mobiliseront pour que ce dossier évolue dans le bon sens. G.K. Avec la collaboration de Richard Schnitzler, et le concours de Marie-Claire Liégeard pour ADEBA. ADEBA, 2, La Côte 34190 Brissac adeba-brissac@hotmail.com

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E nquête Suite…

Les mines du salagou

Création du collectif "Lous Bourgnous" à Lodève Sensibilisés par le danger que pourrait constituer la création d’un parc d’activités régional sur la zone de l’ex-COGEMA au Bosc près de Lodève, un certain nombre de citoyens ont décidé de se constituer en collectif de vigilance. Ce collectif qui a pris le nom de "Lous Bourgnous" du nom du tènement où se trouve le projet de Parc d’activités a pour objet la vigilance citoyenne sur les risques radiologiques au Bosc. Cas unique en France, les friches industrielles de l’ancienne exploitation d’uranium devraient bientôt accueillir un Parc d’Activités Régional (Parc Michel Chevalier). Ce projet vient à la suite de projets plus grandioses (écopôle, circuit automobile) qui ont été annulés. Il ne concerne pas l’ensemble des anciennes zones d’exploitation de la COGEMA. Le collectif demande la transparence maximale sur ce dossier : - Une vue d’ensemble de la zone et pas seulement du périmètre du Parc d’Activités - Une analyse complète des difficultés techniques : le radon, la radioactivité de l’uranium, les poussières, le réseau d’eau, le drainage du site, la collecte des eaux pluviales - Une garantie à long terme des servitudes et des engagements de l’ancien exploitant et des collectivités car les déchets sont là pour 4 milliards d’années ! Le collectif souhaite participer en tant qu’observateur aux réunions du Syndicat Mixte mais demande que les études engagées récemment par La Communauté de communes prennent comme périmètre d’étude l’ensemble de l’ex-site COGEMA et pas seulement la zone du Parc Michel Chevalier. Lors d’une visite en décembre sur le site, le collectif a relevé des anomalies radiologiques. (Voir encadré) Et la visite se poursuit sur le même registre, avec les anciennes canalisations d’eau, et une vérification des capteurs de radon récemment mis en place... Au vu des résultats, le collectif a adressé le 4 février 2011 à l’attention de madame 12

(1) Rappel : 0,15 uSv par h. en milieu naturel. Utilisation du matériel RADEX pour les mesures réalisées ce jour

Marie-Christine Bousquet, présidente de la Communauté de communes du Lodévois et Larzac, un courrier dont voici quelques extraits. "Lous Bourgnous sollicite la Communauté de communes pour · engager le dialogue et obtenir les réponses de la C. de C. sur les questions posées par le collectif, · la mise à disposition d’un certains nombre de documents afin que le collectif les rende disponibles au public à travers son blog, · la prise en compte de demandes liées à la santé publique dans les projets d’aménagement du site, · siéger dans le comité consultatif du PRAE Michel Chevalier ainsi que dans la Commission Locale d’Information et de Surveillance. (...) Les premières questions posées sont les suivantes : · Pourquoi les mesures de radon sur site sontelles effectuées au-delà de 1m de hauteur alors que les scientifiques préconisent une mesure à 30 cm du sol ? · Où sortent les eaux de ruissellement du Extrait du Compte-rendu de la visite du site et des alentours, 16 Décembre 2010 - Un manquement apparent de sérieux et de nombreuses interrogations 1/ La zone dénommée site du Bosc AREVA, Cette zone a été approchée en suivant une clôture de grillage très approximatif ! En effet, il est facile pour chacun d’entre nous, pour les sangliers dont nous avons vu les traces, et autres curieux, de pénétrer dans cet espace. Les signalisations AREVA sont placées à la porte d’entrée du site, et au-delà, elles sont rares, voire inexistantes. Dans tous les cas disproportionnées par rapport aux risques encore mesurables : nous avons détecté jusqu’à 1,74 uSv/h (1). Nous attendions à l’entrée du site les informations aux tiers, comme stipulé dans l’Arrêté Préfectoral 2004-1-332 "une copie du présent arrêté doit être affichée en permanence de façon visible sur le site par les soins de COGEMA", ce n’est pas le cas !


Lodévois système de canalisations toujours en place et quelles mesures ont été réalisées ? · Qui aura en charge les servitudes lorsque le parc sera lancé et commercialisé ? · Sur quel périmètre est effectuée l’étude réalisée par la société PEARL, intègre-t-il l’ensemble du site de l’ex-COGEMA. · Des traces d’engins ont été constatées dans les limites du terrain ainsi que l’accumulation de remblais récents, à quoi correspondent-ils ? D’où viennent les matériaux des remblais ? · La CCL&L a-t-elle pris connaissance des rapports fournis par la CRIIRAD du 9 septembre 2004 (rapport à la CLIS) et du 16 novembre 2009 (rapport à la Région) · La CCL&L serait-elle favorable à l’intégration du collectif Lous Bourgnous à la CLIS ? · La CLIS a-t-elle demandé un complément d’information où une contre-expertise dans les dix dernières années ? · Quelles alternatives au site de l’ex-COGEMA avez-vous étudié pour l’implantation d’un parc régional d’activité économique ? · Quel traitement est-il prévu pour la prise en compte des poussières ? · Comment est organisé l’approvisionnement en eau des communes avoisinantes, quelles mesures de radioactivité sont effectuées ? · Comment sera assuré le respect de l’arrêté préfectoral de 2004 ? · Quelle surveillance est prévue dans les villages avoisinants ? · Quelles sont les entreprises pressenties pour s’installer sur le PRAE, quels contacts ont-ils été établis ? Quelles certitudes ? (...)" Lous Bougnous formule ensuite plusieurs demandes, notamment qu’un représentant du collectif puisse siéger dans le comité consultatif du PRAE Michel Chevalier, et que le collectif puisse siéger à la Commission Locale d’Information et de Sécurité. Il termine enfin en précisant "Nous souhaitons avant tout engager le dialogue dans un objectif de transparence et vous faisons la demande d’une rencontre afin de vous exposer de vive voix nos interrogations et demandes." Dans l’attente d’une réponse, affaire à suivre... G.K.

Collectif Lous Bourgnous Lodévois, Route du Mas Delon, 34700 Le Puech http://collectiflousbourgnous.over-blog.org/ Représentants du collectif : Danie Perrenot (danie.perrenot@gmail.com) Damien Smagghe (damien.smagghe737@orange.fr)

Blandas - Navacelles

Le cirque continue...

Au Vigan, le 10 janvier 2011, pour le préfet et par délégation, la sous-préfète, Fabienne Ellul, a publié un arrêté n°1101001, "portant ouverture d’enquêtes publiques conjointes préalable à la déclaration d’utilité publique et parcellaire en vue de l’expropriation des terrains nécessaires à la préservation et la renaturation de la bordure du causse de Blandas au droit du cirque de Navacelles". Jolie formule. Pour exproprier les gens. "L’utilité publique" ? Pourtant, le Belvédère de Blandas est déjà remarquable par sa "préservation", et ne nécessite peut-être pas une "renaturation" puisque justement, tout ou presque, y est naturel... On s’interroge... Si vous aussi, vous vous interrogez, vous pouvez rencontrer le commissaire enquêteur. Il recevra en personne les observations du public : En mairie de Blandas : - lundi 28 février 2011 de 14H00 à 17H00 - samedi 5 mars 2011 de 9H30 à 12H00 - vendredi 18 mars 2011 de 14H00 à 17H00 À la communauté de communes du pays viganais – maison de l’intercommunalité à Le Vigan : - jeudi 10 mars 2011 de 14H00 à 17H00 C’est écrit dans l’arrêté. L’Aigoualité pour tous Le Cirque des Aigles Voir Aig. N° 12, 13, 16, 17

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@ Patrick Lazic


Pierre Rabhi aux Éco-dialogues du Vigan

Agriculteur, expert en agro-écologie, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture biologique et l’inventeur du concept des Oasis en tous lieux. Invité de la dernière édition des Éco-dialogues du Vigan le 22 janvier dernier. Pierre Rabhi a même donné deux conférences, au lieu d’une prévue, tant les demandes de réservations affluaient à la mairie. Malgré un emploi du temps surchargé, l’auteur de "Vers la sobriété heureuse", infatigable pèlerin de "l’insurrection des consciences" a bien voulu nous accorder un entretien téléphonique quelques jours après. L’Aigoualité : Dans votre livre La part du Colibri vous évoquez le grippage de la "société de combustion", et vous opposez ensuite la mondialisation et le mondialisme, pouvez-vous nous expliquer ce qui les oppose ? Pierre Rabhi : La mondialisation a été, et est évidemment ce que vous savez, c’està-dire la concurrence internationale, géopolitique, économique, etc. mais qui est très souvent, malheureusement, concurrentielle. Le mondialisme a été, à un certain moment, une idée, je ne sais pas de qui elle émane, qui partait sur la nécessité d’une cohésion de l’espèce humaine. Il y avait même une utopie qui était proposée, un gouvernement mondial. Mais ça n’a pas fait long feu. C’était une idée, une utopie, qui a existé effectivement, mais qui n’a pas pris. Plutôt que de partir sur l’idée d’essayer de nous organiser sur cette planète dans la solidarité, dans l’interdépendance, on n’a pas du tout appliqué ça, on est allé vers la concurrence, l’antagonisme, etc. Aujourd’hui, vous n’avez qu’à regarder nos comportements, le mode d’organisation sociale, si vous supprimez l’énergie combustible, je pense que c’est la paralysie totale de notre système. Donc on l’a fondé sur des matières qu’on exhume du sol : le charbon, le pétrole, le gaz.Tout cela, avec la thermodynamique, c’est à dire avec l’invention du moteur à explosion, ajouté à tous les outils dont nous disposons aujourd’hui, qui sont directement dépendants de la combustion, c’est considérable. L’Aig. : Vous évoquez l’importance du rôle de

la publicité dans le fonctionnement du système actuel, quel est-il exactement ? P.R. : Le rôle de la publicité, c’est d’inciter à consommer. Il y a une forme de perversion parce qu’elle a développé les mécanismes subliminaux, subjectifs, avec lesquels on agit sur l’être humain pour le conditionner à se sentir toujours dans l’insuffisance même dans l’abondance. Et du coup, la société de consommation explose et induit une accélération de la consommation des ressources planétaires. Les pays émergents ont choisi le même modèle et cela va accélérer encore beaucoup plus l’épuisement des ressources terrestres parce qu’on n’a que cette planète. On n’a rien d’autre, on n’a rien à aller chercher ailleurs pour le moment et, comme la population augmente en même temps qu’augmente l’insatiabilité, je ne vois pas comment un système comme ça peut perdurer. Au détriment de beaucoup d’autres êtres humains qui n’ont même pas accès à une alimentation régulière, c’est immoral. L’Aig. : Vous dîtes aussi : "La rupture entre le citadin et la nature vivante induit un comportement, et même une pensée conformés par la structure urbaine." Pourquoi, et comment cela se traduit-il concrètement ? P.R. : Les gens sont dans du hors sol, confinés dans des rues, dans des appartements plus ou moins grands, dans les bureaux, dans les usines. Il y a ici ou là quelques parcs où la nature est présente mais tout le reste c’est du hors sol minéral dans lequel est confinée la pensée. Même des intellectuels que l’on dit importants, leur discours est quand même d’inspiration urbaine, de ce monde d’unité, de ce microcosme social, de cette réalité qui ne prend pas en compte le réel tout entier. Ils sont loin de la nature, alors que la nature c’est ce qui nourrit tout le monde, c’est ce qui nous permet de vivre. Ils sont donc à mon avis très séparés de cette réalité vivante. L’Aig. : La structure hiérarchisée semble avoir un rôle important dans le système actuel, quel est-il selon vous ? P.R. : Avant on définissait la hiérarchie sur d’autres critères, aujourd’hui on définit la hiérarchie sur les capacités et les compétences. 15


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Par exemple, dans le microcosme de l’entreprise c’est une espèce de pyramide avec les gens importants en haut de la pyramide, les gens pas importants en bas, tout cela est organisé entre le directeur général, les cadres supérieurs, et jusqu’au dernier ouvrier. Cette hiérarchisation est vraiment évidente dans notre système. Les connaissances, ce que nous savons, ce que nous pouvons mettre au service de ce système-là, définissent la place que nous méritons. Ce système est d’inspiration militaire. Il y a des généraux, des adjudants, des fantassins dans cette guerre économique mondiale. Et cette inspiration-là ne prend en compte que le niveau de compétence qu’un individu peut avoir pour servir le modèle tel qu’il a été établi dans ses principes, préceptes, dogmes, credo, c’est une approche un peu particulière, quasi religieuse. Cette hiérarchie-là ne prend pas en compte le fait que vous soyez un très brave type, généreux. On n’en a rien à fiche, l’essentiel est que vous soyez un bon mathématicien, technicien... C’est tellement minéralisé que ça devient véritablement un système sans âme. L’Aig. : Vous parlez de conformité dans l’éducation. Quel rôle joue l’éducation dans le système ? P.R. : Elle est fondamentale. Un enfant naît innocent, hormis ce qu’il a pu prendre de ses parents en termes génétiques. En terme de petit être social, il est ouvert à tout. Quand un petit être humain naît, on commence par le conformer à son milieu social, c’est à dire le formater selon les critères de la culture dans laquelle il est né. L’éducation, c’est la mise

en conformité de l’être humain tout frais et innocent à un système culturel, religieux. C’est cela qui prépare l’adulte. On inculque à l’enfant les valeurs, les croyances et la vision de son groupe social, ainsi, comme tout le monde n’a pas les mêmes valeurs, cette divergence fait que l’on est décalé et dans l’incapacité de vivre en harmonie avec l’autre. Les Musulmans ne peuvent pas supporter les Chrétiens et les Juifs, les Juifs idem, chacun a son idéologie, chacun a sa famille et cela produit énormément d’antagonismes. L’Aig. : Dans la conférence, vous évoquez le rapport de l’homme au temps cyclique de la nature, quelle est son importance ? P.R. : Hormis le jour et la nuit, en ville, il y a longtemps qu’on subit tout comme si on n’était pas concerné. Moi, en tant que paysan, agriculteur, le temps n’est pas le même pour moi. Je suis régulé et dirigé par le temps, parce qu’on est en hiver, ce n’est pas le moment d’aller planter ou semer je ne sais quoi et je suis bien obligé d’attendre le printemps. On est donc cadencé et régulé par les saisons, par les températures qui en découlent. Les civilisations agraires de la planète ont toujours été en rapport direct avec les cycles de la nature. Aujourd’hui, en hiver, en ville, c’est simplement qu’il fait plus froid et on va faire quelques glissades sur la neige, et l’été il fait chaud, on va en vacances en bord de mer mais ça n’a pas de plus grosse incidence que cela. Pour l’agriculteur, chaque saison est une saison qui a ses caractéristiques et on ne peut pas tout mélanger. L’Aig. : Quel espoir y a t-il face à l’urbanisation galopante et les gigapoles qui se développent partout ? P.R. : Une option globale doit intervenir. La tendance est à l’urbanisation. Le problème est que l’on est dans un cas de figure où l’on ne sait vraiment pas ce qu’il faudra faire quand le modèle de société actuel ne pourra plus répondre. C’est pourquoi j’avais préconisé "le recours à la terre" et j’ai ensuite


Pierre Rabhi aux Éco-dialogues du Vigan

lancé un mouvement : "Les oasis en tout lieu", pour se préparer à ce qui se passera quand le modèle arrivera à ses limites. Quel est le recours aujourd’hui ? Si on avait une nouvelle planète pour installer d’autres industries, ce serait différent, mais on n’a que cette planète, et la grande question est de savoir ce que l’on fera après le déclin du système industriel, L’Aig. : Vous évoquez l’absurdité du système de production de viande en donnant l’exemple d’un bœuf qui peut nourrir 1500 personne mais qui a lui-même été nourri avec suffisamment de céréales pour nourrir 15 000 personnes. Qu’est-ce qui génère cette absurdité ? P.R. : La civilisation et les consommateurs demandent de plus en plus de viande. L’animal est fait pour recycler les céréales, qui sont directement consommables par l’être humain, en protéines animales. Comme il y a une forte demande de protéines animales, évidemment, on préfère engraisser les animaux pour qu’ils nous donnent des protéines animales puisqu’il y a ce grand engouement pour cette consommation-là. C’est symboliquement un signe de prospérité, de richesse, de manger de la viande, des protéines animales, mais pas que de la viande, le lait et le beurre aussi. Ça fait partie des caractéristiques de la modernité. Et puis les protéines animales sont bonnes à consommer, le fromage, c’est très bon. Donc il y a une espèce d’inflation de demande qui a amené finalement à traiter l’animal dans du hors sol, pour accélérer le processus de production et augmenter les productions en lait, en viande etc. L’Aig. : Vous évoquez le caractère concentrationnaire de l’option agricole moderne, qu’est-ce qui vous a mené à cette idée ? P.R. : Concernant les animaux, vous n’avez qu’à visiter des usines à poulets, des usines à cochons... C’est un système concentrationnaire. C’est une concentration énorme d’animaux que l’on va doper avec une alimentation adaptée,

dopante, pour pouvoir obtenir le maximum de production dans le minimum de temps et le minimum d’espace. L’Aig. : Par le passé, vous avez été contraint d’utiliser des pesticides de synthèse (dans votre jeunesse), que vous a apporté cette expérience ? P.R. : J’étais ouvrier agricole, mon patron ne me demandait pas mon avis. Quand j’ai eu ma ferme, j’ai renoncé à tous ces produits de synthèse dangereux. Cette expérience m’a apporté le rejet de cette agriculture qui empoisonne, quitter l’agriculture de la mort pour aller vers l’agriculture de la vie. C ‘est comme ça que je suis devenu agro-écologiste. L’Aig. : Vous opposez l’agrochimie et l’agro-écologie, qu’est ce qui les différencie fondamentalement ? P.R. : Tout les différencie. On ne travaille pas le sol de la même façon parce qu’on a conscience que le sol est un organisme vivant avec des bactéries, des vers de terre, des insectes qui sortent, des micro champignons... C’est ce qu’on appelle le métabolisme des sols. En travaillant le sol, on ne le bouleverse pas, parce que si on le bouleverse trop, on crée un chaos interne dans cet organisme vivant, avec des labours trop profond, qui font remonter la terre du bas vers le haut et font descendre la terre fertile, la terre aérée dans le fond. Nous préférons évidemment des semences qui se reproduisent plutôt que des semences qui ne se reproduisent pas. Si on met la plante dans de bonnes conditions, elle est beaucoup moins malade. Si dans la terre, on a mis des substances

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E ntretien

chimiques, de synthèse, la plante est forcément malade. Elle n’arrive pas à capter les oligoéléments pour s’équilibrer. Quand elle est malade, on va chercher des pesticides. On empoisonne, et puis on récolte, et quand on mange ces produits-là, on sait très bien qu’ils ne sont pas exempts de nuisances. Nous sommes complètement à l’opposé de cette logique-là. L’Aig. : Sur les pesticides, vous avez parlé de la notion d’osmose, de quoi s’agit-il? P.R. : C’est la capacité d’un produit à pénétrer et à traverser la cellule végétale pour aller vers la sève. Les fongicides par exemple, c’est ça. Lorsque vous mettez dans les sols des engrais chimiques, qui ont cette capacité d’osmose, ils saturent la plante de ces produits, au détriment d’oligo-éléments, de microéléments, etc. C’est ce qui crée un déséquilibre et la plante tombe malade. L’Aig. : Les pesticides empêchent la plante de se nourrir correctement ? P.R. : Ce sont surtout les engrais dans le sol qui l’en empêchent. Une plante sauvage, à l’état naturel, a des racines, elle va émettre des sucs et des acides, qu’elle peut produire ellemême, lesquels vont solubiliser les nutriments auxquels elle peut accéder dans sa rhizosphère. Elle les absorbe à doses variables, en fonction de sa nature même. Il y a donc une forme d’intelligence de la plante qui agit. Dans le cas où vous mettez des engrais, et pour toute la monoculture aussi – le manque de variété d’espèces qui interagissent entre elles positivement – vous créez quelque chose qui empêche la plante d’accéder effectivement à ce qui lui est indispensable, et lui permet de s’équilibrer elle-même et d’être en bonne santé. L’Aig. : Vous évoquez une pénurie alimentaire planétaire tout proche, qu’en est-il ? P.R. : La FAO déclare qu’il y a un milliard d’êtres humains qui ont à peine à manger. J’ajouterais 3 milliards qui sont sous-alimentés, sous-nourris, mal nourris, etc. C’est déjà en route. Mais quand on étudie l’ensemble des paramètres qui président à cette question, on se rend compte qu’ils sont tous négatifs. Les sols sont ravagés, détruits par certaines 18

pratiques, bétonnés, bitumés, 60% des espèces naturelles accumulées par les êtres humains depuis la révolution néolithique il y a 10 ou 12 000 ans ont déjà disparu. On va vers les OGM qui sont par filiale et qu’il faut racheter tous les ans. Il y a énormément de gens concentrés dans les villes qu’il faut nourrir sans qu’ils participent à la production de leur nourriture. Ajouté à tous les effets des pesticides sur l’environnement en général et aux pollutions de l’eau, qui est, elle aussi, une nourriture. Même en admettant que l’on soit sage et que l’on corrige toutes ces dérives, il y a un nouveau facteur climatique. Il y a des inondations, des sécheresses qui détruisent les récoltes. En ce moment, l’Australie, c’est pas brillant, mais aussi le Brésil, le Pakistan, la Russie qui souffre de sécheresse... On est en train d’entrer dans quelque chose d’extrêmement dangereux parce qu’on sera de moins en moins capables d’assurer, de garantir une nourriture à tous. Il suffirait qu’une année, tous les bassins de la planète soient affectés en même temps de la sécheresse ou d’inondations pour que le stock mondial et la production mondiale se réduisent considérablement. D’autant que les pays riches utilisent beaucoup les transports au détriment de la production locale. L’Aig. : Et vous expliquiez qu’on est en flux tendu par rapport aux stocks de nourriture... P.R. : C’est extrêmement dangereux. Nos territoires peuvent produire de la nourriture qui peut être répartie sur l’ensemble du territoire. Et on a opté pour aller chercher des denrées alimentaires là où cela permet de faire des marges plus importantes, peu importe qu’il faille faire des milliers de kilomètres pourvu que la marge soit bonne. Cela fragilise tout le système. L’Aig. : Vous lancez un appel à l’insurrection des consciences, à un sursaut de conscience, car la prise de conscience ne suffit plus. Comment traduire cette insurrection concrètement ? P.R. : On m’avait poussé à me présenter aux élections présidentielles, et c’était notre slogan : "Appel à l’insurrection des consciences". Aujourd’hui, les enjeux sont tellement graves qu’il faut que chaque individu comprenne qu’il ne faut pas rejeter la responsabilité uniquement sur les gouvernements, mais savoir ce que moi,


Pierre Rabhi aux Éco-dialogues du Vigan

je fais pour changer les choses, si je suis impliqué ou est-ce que je me contente de pointer du doigt le bouc émissaire, le responsable. Aujourd’hui, au-delà de nos appartenances, religieuses, idéologies, politiques, nous devons prendre conscience que nous avons une responsabilité à l’égard de la vie, chacun de nous, là où nous sommes. Ce qui nous a amené à notre symbole, celui du colibri, "La part du colibri". Selon une légende amérindienne, il est le seul animal qui, lors d’un grand incendie de forêt, allait chercher des gouttes d’eau dans son bec pour les verser sur le feu. Alors, les animaux lui dirent : "C’est ridicule, ce n’est pas ça qui va changer les choses" et il leur répondit "Je le sais, mais je fais ma part".

allé plutôt vers le masculin, vers la violence, les armements, la destruction, etc. ? On ne va pas dire que les femmes sont des saintes, mais le féminin est une autre inspiration que celle-là. Parce que, je ne veux pas jouer les psychothérapeutes ou je ne sais quoi, mais, quand on a porté la vie en soi, comment peut-on accepter qu’elle soit détruite ? C’est complètement aberrant. Elles ont encore cette sensibilité, et je pense qu’elles sont moins enclines à la destruction. Et du fait que notre système est masculinisé, il y a l’absence de ce féminin dont on a grand besoin pour rééquilibrer le tout.

L’Aig. : En quoi le féminin vous apparaît-il comme au cœur du changement à venir ?

Photos : Patrick Lazic,G.K.

P.R. : On est dans un système masculinisé et militarisé à l’extrême. Le féminin n’a pas la place qui lui revient dans l’évolution de l’histoire. Il est relayé à un rôle secondaire alors que ce féminin, on en a vraiment besoin pour trouver l’équilibre entre les deux principes qui vous ont fait naître comme ils m’ont fait naître. On sera peut-être clonés un jour, mais pour le moment on est né d’une mère et d’un père et ça, c’est le principe fondamental sur lequel repose la vie elle-même. Alors pourquoi est-ce qu’on est

Propos recueillis par G.K. Transcription :Valérie Robert Bibliographie partielle Du Sahara aux Cévennes ou la Reconquête du songe, Albin Michel, 1983 ; rééd., 1995. Parole de Terre, Albin Michel, 1996. Graines de possibles. Regards croisés sur l’écologie, avec Nicolas Hulot, Calmann Levy, 2005 ; rééd., Livre de Poche, 2006. La Part du colibri : l’espèce humaine face à son devenir, L’Aube, 2006. Manifeste pour la terre et l’humanisme, Actes Sud, 2008. Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010

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Découverte Culture

Voltène Sue, le réfugié poétique C’est dans un mas au flanc d’un vallon, ouvert sur la nature, battu par le vent de l’hiver mollissant que vivent Voltène Sue et Fransko sa femme. Installés là depuis 7 ans. Riches de leurs créations plus que de leur compte bancaire, et heureux de l’être. Poète troubadour, de lectures publiques en mois passés enfermé à peaufiner le prochain disque...Voltène Sue n’en finit pas de créer... Dans la paix que lui offrent les Cévennes.

L’Aig. : Vous êtes un artiste polyvalent, auteur, compositeur, réalisateur. Comment abordezvous tous ces domaines ? Voltène Sue : Je n’en sais rien... Au tout début j’étais guitariste dans des groupes de rock, puis j’ai commencé à écrire des textes, j’y ai pris goût. Les groupes se sont arrêtés mais j’ai continué à écrire. Donc, j’étais musicien au départ, et l’écriture m’a submergé. Notamment les chansons, mais aussi les nouvelles. La chanson parce que c’est court, rapide, et que ça rejoignait mon activité de musicien et les nouvelles, parce que c’est pareil, on peut écrire quelque chose en peu de temps. J’aime la rapidité, je m’ennuie assez facilement. J’ai écrit un conte philosophique qui s’appelle "La montagne couchée", qui est plus développé, mais j’aime l’écriture sur des cycles courts. En

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ce qui concerne la musique, au départ, je suis guitariste, mais j’ai aussi joué de la batterie, des claviers, des percussions. J’ai eu la chance de faire beaucoup de choses différentes. Je suis devenu multi-instrumentiste petit à petit, et quand les ordinateurs sont arrivés, j’ai trouvé ça génial parce que je pouvais travailler mes orchestrations seul. C’est toujours compliqué de monter des groupes aussi je suis devenu polyvalent, finalement par nécessité, et me suis intéressé aux ordinateurs pour pouvoir faire mes arrangements moi-même. L’Aig. : Vous participez au groupe Carmin Experienca, en quoi consiste votre collaboration ? V. S. : Il s’agit d’un duo avec Fransko. Nous avons enregistré deux albums sous le nom de Fransko, qui soulignait ses origines polonaises.


Monoblet Ensuite, comme j’avais écrit des chansons latino, (bossa nova, boléro, tango, mambo) il y a longtemps, nous avons décidé d’en faire un album sous le nom de Carmin expériencia, intitulé Cuba. C’est une musique indémodable qui plait beaucoup. Dans cet album, il y a le rouge du tango, le rouge des baisers, et le rouge de la révolution.

d’auteurs que j’ai à mon chevet. J’ai toujours trouvé touchant ce texte avec son côté paisible : on est dans la nature, tout est calme et tranquille, et d’un seul coup, tac ! Il y a un type qui est mort alors qu’on croit qu’il est en train de dormir. J’ai fait un parallèle évidemment avec les SDF dans la rue, on les croit en train de dormir, mais un beau jour ils sont morts.

Par nature, je suis un auteur social. J’ai énormément écrit sur "l’évolution" de notre société, surtout ces dernières années où il y a de quoi être ulcéré. Donc, parmi les chansons d’amour de l’album, il y en a deux ou trois, qui sont là pour parler des problèmes d’aujourd’hui. Il y a la chanson Ay pobrecita, pour laquelle j’ai réalisé un clip avec des images des manifs pour les retraites, c’est une chanson qui dit : "Pauvres mères, regardez vos enfants". J’écoute beaucoup de musique classique, je me suis inspiré du Stabat mater, l’histoire de la mère qui se tient debout et qui ne peut sauver son fils couché à ses pieds. J’ai l’impression que les gens voient leurs enfants dans une espèce d’impasse, de détresse, et qu’ils ne peuvent rien faire pour eux. Je le vis moi-même avec ma fille qui est partie à 22 000 km pour trouver du travail. Cette chanson exprime le désarroi des parents face au peu de perspectives que rencontrent leurs enfants aujourd’hui. La chanson Cuba n’a rien de révolutionnaire, c’est l’histoire d’une fille tombée amoureuse d’Hemingway qui évidemment la largue au bout de deux jours. Ce qui m’amuse dans cette chanson, c’est qu’elle nous ramène vers cette époque des années 50, juste avant la Baie des Cochons, quand les Américains allaient tous à Cuba, se vautrer dans les palaces et les casinos, et qui ont vu tout s’écrouler en un instant. J’aime bien m’attacher à des faits réels, historiques, des films, et fabriquer une histoire à l’intérieur. Nous venons de terminer ce troisième album en autoproduction.

L’Aig. : À l’époque de Rimbaud, le fléau était la guerre, aujourd’hui, ce serait la pauvreté ?

L’Aig. : Vous vivez de votre art ? V. S. : On survit plutôt, mais on fait ce qu’on aime et on l’a choisi. L’Aig. : La chanson "Le dormeur du hall" est un clin d’œil à Rimbaud et une transposition à notre époque du célèbre poème. Qu’est-ce qui l’a inspiré ? V. S. : Rimbaud, Baudelaire, Victor Hugo, Bukowski, Miller, et Céline forment l’équipe

V. S. : Oui, bien sûr ! Je suis révolté parce que, dans le monde entier, on fabrique de la pauvreté, on le voit bien, en France aussi. Ici cela ne se voit pas trop, on est privilégié, mais dès qu’on arrive en ville, c’est terminé, on croise plein de dormeurs du hall. J’ai toujours rêvé d’en faire un clip. Le dormeur fait partie des poésies que je lis dans mes lectures-spectacle, elle touche beaucoup les gens. Je l’ai sonorisée, avec des bruits de métro. L’Aig. : Il y a beaucoup de mises en scène, d’ambiances et de bruitages dans vos chansons. V. S. : Au début j’écrivais mes chansons d’une manière classique, ensuite, je suis passé à un mode plus récitatif, avec des ambiances, parfois de la musique mais pas toujours. Les lectures avec les vidéos et la musique plongent le public dans un univers global. Au départ, je craignais que ce soit un peu redondant, mais en restant sobre, parfois juste une photo, je me sens assis sur quelque chose de cohérent. Le peu de lectures que j’ai faites ont ravi le public, mais j’ai du mal à trouver des lieux pour m’accueillir. Les gens se disent souvent, "c’est de la poésie : on va s’emmerder", et voilà... L’Aig. : Ce qui expliquerait le fait que sur votre site, on peut lire : "Les poètes sont de retour et ils ont l’intention de rester". V. S. : Tout à fait. C’est ce que je dis aux gens à la fin de mon spectacle. Pour continuer à écrire de la poésie, il faut être un peu possédé. Dans le matérialisme effréné d’aujourd’hui, c’est pratiquement impossible. On peut se poser la question de l’utilité, même si on intéresse un tout petit pourcentage de la population. Et puis, même pour soi, on peut très vite se dire que ça ne sert à rien. Pour ce qui me concerne il s’agit de mon refuge. Je suis un réfugié poétique. Finalement, c’est une action militante, pour

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Printemps 2011 moi, d’écrire de la poésie. Je n’écris pas pour parler des petits oiseaux, pas du tout. Je me faufile souvent dans les histoires d’amour, dans l’âme humaine, les sentiments sont la matière première de la poésie, c’est vrai que je ne suis peut-être pas très optimiste. Mais en même temps, comment l’être aujourd’hui ? L’Aig. : Encore que, en lisant votre recueil "Le cœur des hommes est une horloge qui a cessé de battre", les textes sont assez sombres, mais il y a un côté jubilatoire. Comment vous est venu ce titre ? V. S. : J’ai écrit un texte qui s’appelle "Arthur". La musique qui l’accompagne se termine dans un style contemporain, déstructuré, il y a une horloge qui vient cogner, qui compte les jours, les heures, les minutes qui nous restent, et qui dit, c’est fini. Quand j’ai fabriqué le son de l’horloge, j’ai eu cette pensée que "Le cœur des hommes était une horloge qui avait cessé de battre". Quand je regarde la société aujourd’hui, c’est l’impression que j’ai. Si l’on organisait tout à partir du cœur, avec l’être humain au centre de toutes les préoccupations, on n’en serait pas là. Tout simplement. Une réflexion me vient souvent : si une prise de conscience universelle d’une seconde survenait, on pourrait débrancher le méga-compteur de l’inhumanité. La situation est inacceptable aujourd’hui. Nous sommes tous victimes d’un triumvirat marchands, médias, politique qui pille le pays, embarquant l’industrie, détruisant l’agriculture, l’élevage, le travail, qu’on a paradoxalement délocalisé en Chine, en Pologne, en Roumanie, en Tunisie tout en votant des lois pour qu’ici les gens bossent jusqu’à 70 ans. C’est une folie que ces choses-là puissent se faire et se dire en parallèle, c’est complètement délirant, révoltant et inacceptable. L’Aig. : Sur votre site, on peut lire un texte que vous avez écrit en hommage à Wong Kar Waï, et son film "2046". Quelle influence la culture asiatique exerce-t-elle sur vous ?

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V. S. : Je ne suis jamais allé en Asie, mais je suis attiré par leur esthétisme, et par leur côté retenu et posé que je trouve intéressant. Je parlerais plutôt de l’esthétique des cinéastes asiatiques. J’aime beaucoup l’image, la peinture. Chaque image d’un film de Wong Kar Waï est un tableau, j’aime cette pudeur qui consiste à suggérer les sentiments plutôt que les montrer. Ce film est une traversée vers le futur auquel

on n’accède pas sans les sentiments. Et puis, il y a Zhang Ziyi, extraordinaire actrice porteuse d’innocence. C’est pour tout cela que j’ai écrit ce texte. Mon film préféré c’est "Il était une fois la révolution", je l’ai vu très jeune et je ne m’en suis jamais lassé, je l’ai vu dix ou quinze fois. Un film fort qui raconte l’amitié, la révolte, la couillonnade, la tragédie. L’Aig. : Quel est votre point de vue sur la télévision ? V. S. : Foutez la télé en l’air ! C’est le mensonge, la connerie, le monde marchand qui rentre chez vous et capture tout le monde, notamment les enfants. Ils l’ont vu à la télé, ils le veulent. On en fait des consommateurs qui vont rencontrer une frustration épouvantable. Des chocs énormes sont à prévoir. Quand je vois le gouvernement actuel, je me dis, à la fin de leur mandat, qu'auront-ils oublié de détruire ? Quel est leur but ? Qui les envoie ? Sont-ce des extra-terrestres ? Le roi, les sujets, les fortifications, et autour, les manants qui s’étripent pour manger. C’est le monde que je vois arriver. Blade runner au seing d’une monarchie médiocratique. Il n’y a plus aucun pays qui prend soin de son peuple. Il y a des dictatures visibles. Mais chez nous, c’est une dictature libérale, on en est là. Notre gouvernement est constitué de VRP du capital qui sont là pour tout ramasser, tout rafler. Donc, après, quoi ? No man’s land... Après moi le déluge... Et dans ce déluge annoncé, je vais citer un de mes textes, "nous devrons embarquer le peu d’humanité qu’il pourra nous rester". L’Aig. : Comment organisez-vous votre travail de création ? V. S. : Quand je vois une feuille blanche, je dois la remplir. C’est la peur du vide... Ou une histoire d’amour avec la feuille blanche si vous préférez. Non, plus sérieusement, la poésie, c’est une science du détail. C’est peut-être aussi un niveau de conscience plus élevé du détail ? Une toute petite chose peut déclencher un texte. La musique, pour moi, ce ne sont pas des notes sur une portée, c’est une matière. Donc, quand j’ai isolé un détail qui va devenir une histoire, je me fabrique l’ambiance sonore qui lui correspond, et j’écris le texte après, en m’immergeant dans cette ambiance. Je fais comme ça depuis longtemps. Quand on écrit, on est traversé par des choses qui ne nous


Monoblet appartiennent pas. J’ai souvent l’impression d’être un scribe. Quand j’ai terminé, le plus souvent je me dis : ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Je travaille par images, j’écris les images de mon cinéma intérieur et j’aime la science des mots, ceux qui soignent les maux. L’Aig. : Votre musique est un mélange de musique électronique et d’influences de tous pays. V. S. : Tous les styles de musique m’ont toujours intéressé. J’ai fait trois albums instrumentaux électroniques assez zen. Un CD sur l’Afrique également. Mais l’écriture m’a ramené à la chanson, et m’a amené à réaliser plusieurs albums pour des chanteuses. J’aime travailler le son, le bidouiller. Aujourd’hui, je viens de terminer CUBA pour Carmin Experiencia, un album complètement latino. L’Aig. : Sur votre site, vous écrivez : "Mon territoire n’est pas de ce monde". Où se trouvet-il alors ? V. S. : C’est la recherche...(rires) Je pense que c’est de la schizophrénie... Je me sens bien à l’intérieur des mots qui iraient projeter des idées qui rendraient les gens meilleurs. J’aimerais un territoire d’humanité, ce qui n’est pas ce qu’on fabrique aujourd’hui. Les gens sont immergés dans la consommation, la surconsommation. Ça ne m’intéresse pas du tout. J’aime les choses simples, un bon repas, des amis, discuter, ça nous remplit complètement. Quand on crée on se remplit, quand on consomme on se vide. Mon territoire, c’est celui de la création. Demain, toujours du nouveau ! Mon territoire ? Un grand tapis de mots sur lequel on marcherait pour rendre les gens meilleurs. C’est bien vaniteux de dire qu’on va rendre les gens meilleurs, mais chaque petite pierre compte. Je vis dans un milieu rural et agricole, et Arthur Rimbaud, encore lui, qui défendait sa chapelle, a dit un jour : "Main à plume vaut main à charrue", ce que je trouve évidemment très bien, j’aimerais que ma plume soit utile aux gens et au monde qui m’entoure. Ce serait ça mon territoire.

L’Aig. : Vous venez de publier un livre à compte d’auteur qui raconte l’histoire de Fred et René dans la Cité des anges. Vous pouvez-nous en parler ? V. S. : Mon coup de gueule sans délicatesse. Contrairement à la poésie, là c’est les deux gros pieds dans le plat, entre Bukowski et Frédéric Dard. C’est la vie de deux SDF dans le triangle Ganges, Quissac, St-Hippolyte, qui observent ce qui se passe autour d’eux et qui parviennent à survivre, qui sont donc très débrouillards. J’ai toujours eu un penchant pour les gens de la rue. Parce que c’est pas possible ! Il y a plein de baraques vides, il y a tout ce qu’il faut, et on les laisse crever là ! J’ai créé ces deux personnages, parce que je peux leur faire dire des choses que je ne pourrais pas dire au travers de la poésie ou de la chanson, des choses qui sont plutôt trash. Leur principale qualité, c’est de dire la vérité, sans aucun artifice. Ils vivent dans une caravane avec l’eau et l’électricité, et ils luttent contre le conseil municipal, les gardes municipaux, l’administration, les beaufs qui veulent les tuer, le Midi Ivre. Ils sont toujours au bistrot, démontent la télé. C’est mon côté obscur de la Force. René, c’est l’intello, et Fred c’est le bricoleur. René, un jour, a lu l’Albatros de Baudelaire, il a trouvé ça super, et depuis il écrit des poésies lui aussi, qui sont très approximatives, mais qui m’amusent énormément. L’Aig. : C’est un moyen de faire passer des idées ? V. S. : Oui. Ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est de solidarité, surtout celle de proximité, il faut aider son voisin à travailler, à s’amuser et à se porter mieux. Ce ne sont pas les politiques qui vont s’en occuper car il est bien loin le temps où Victor Hugo siégeait à l’Assemblée... Résistons à tout, et surtout faisons autrement que ce qu’on nous dit de faire. Entretien et photos : G.K. www.voltenesue.com

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Printemps 2011

Envoyez-nous vos infos, dates de manifestations culturelles et autres, avant le 15 mai.

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Samedi 5 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Djuilius et les shatanaris, Reggae Au Piano du Roc à 21h 04 67 82 46 59 Dimanche 6 SAUVE Un dimanche à Sauve Toute la journée, les ateliers-galeries sont ouverts. www.undimancheasauve.com ST-MARTIN-DE-LONDRES Les balades de Fred : La vallée de la Buèges au Néolithique. RV 10h30 devant la cave coopérative, repas tiré du sac, bonnes chaussures et vêtements chauds. 5 euros/adulte ; gratuit -12 ans. Insc. : 04 67 86 34 37 www.archeologue.org Du lun. 7 au jeu. 31 CLARET Stage arts plastiques, enfants et pré-ados (7/13 ans) Foyer rural, 10h à 16h30; repas tiré du sac Rens. Doroté : 06 75 74 59 22 Jeudi 10 ANDUZE Auditorium de l’école de musique intercommunale Concert de JAZZ par la Cie Swing Macadam. 20h30 - Tout public – 8 et 5 euros - Gratuit pour - de 12 ans

ST-ROMAN-DE-CODIÈRES Contes avec Joachim KABORÉDRANO - Mas Cougnot à 21h Vendredi 11 SAUVE Les p’tites causes Café concert chanson française Muz’art, 1, chemin des garennes à 20h30 - 16, 14 euros Samedi 12 CAUSSE-DE-LA-SELLE Cie Olof Zitoun "Les Flower’s". Soirée Carnaval, animation autour de la fabrication du Bonhomme Carnaval est prévue de 15h à 18h avec parents et enfants et la mise à feu du Bonhomme Carnaval après le spectacle. Rest. et buv. sur place. 5 euros. Tout public. Salle municipale, 20h30. Rés. : 04 67 71 35 42 COLOGNAC Voyage au Pays des Sorcières par la Cie Gargamela. Théâtre de et par : Anne Clément. 20h30 Temple - Rens. 04 66 77 92 57 LE VIGAN Pas née ou Le Baiser Conte symbolique pour adultes par la Cie ça fait des bulles, écrit et joué par Dominique Vital Château d’Assas à 20h30 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Fantasia Flamenco Au Piano du Roc à 21h


Mars en Aigoualie Dimanche 13 LE VIGAN Au pays des mélodies russes Les chœurs chantants russes de Beaucaire. à 16h30 au temple. 6 euros et 8 euros, gratuit moins de 16 ans. Rés. Mairie : 04 67 81 66 10 www.levigan.fr GANGES Itinéraire 2/4 Cie NOCTURNE Pays lointain de Jean-Luc LAGARCE Atelier et mise en scène, décors, costumes... Médiathèque de 18h à 23h LODÈVE Printemps des Poètes Salle d’exposition du Musée de Lodève Lecture de poèmes par Michel Danton. Poèmes de Yves Peyré et de Jacques Réda, textes de Corinne Enaudeau, philosophe - 18h Tout public, gratuit Vendredi 18 SOMMIÈRES "La Fête à Boby" Concert organisé par Jazz à Junas avec André Minvielle, Jean Marie

Machado et l’Orchestre Danzas Espace Lawrence Durrell à 21h. Billetterie Office de Tourisme. Rens. 04 66 80 30 27 RIBAUTE LES TAVERNES Marie pot de terre, Pièce de théâtre, à 9h et 10h. Au foyer, 5 euros pour les adultes, gratuit pour les enfants. SAINT-JEAN-DE-LABLAQUIÈRE Cabaret de l’Urgence par la Cie Humani Théâtre. 19h. - Repas, rés. Nécessaire, 20h45 - Cabaret Salle communale. Tout public, 7 et 5 euros. Gratuit moins de 12 ans Vend. 18 au dim 20 GÉNÉRARGUES Dans le cadre des Journées Nationales de la céramiques 18 et 19 mars : Portes ouvertes de l’Atelier de la Tour, chemin de la fontaine - 20 mars : Au foyer, exposition des c é r a m i s t e s , démonstrations, cuissons, atelier enfantsadultes


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Vend. 18 au dim 20 LASALLE L’atelier Poterie de Virginie Testa : "Autour de Nine" sur la grande place. Le 19 de 10h à 18h30 SAINT-HIPPOLYTE-DU-FORT L’atelier Poterie de Florence Girod : "Mémoire de la terre" , "Les terres mêlées» ou «Nériage" les 18, 19 et 20 de 10h à 18h Sam. 19 et dim. 20 MASSILLARGUES-ATUECH 9e édition du festival de la BD. Cette année il sera présidé par Libon, grand pourvoyeur de Jacques le petit lézard géant, Tralaland, Hector Canon et autre Animal Lecteur. Au foyer, ouverture du festival à 10h00, et à 20h30, spectacle regroupant le conte, la musique et la BD par la Cie Épices et Parfums. Tout public – 8, 5 euros, gratuit pour les - de 12 ans www.bd-massillargues.net Samedi 19 SOMMIÈRES 2ème printemps de la scène ouverte à la salle Lawrence Durrell 13h scène ouverte, 19h concerts avec Corrado’s, B & B, The Grapes, et Turbo – PAF : 5 euros – Petite rest. sur place. Rens. : 06 60 94 84 51 www.musiquesengarrigues.fr

LE VIGAN 22èmes Journées de l’antiquité Voyage à travers la Gaule romaine Conf. de Jean-Claude Golvin. Projection de photos en numérique réalisées à partir de ses aquarelles. Présentation de ses ouvrages. 17h au Bourilhou. Entrée gratuite 19h30 : Buffet offert aux participants GANGES Tapas et Musiques du Monde, salle polyvalente Espace jeux pour les plus jeunes, déco, projections. Concerts : Cat Cooker (power trio blues rock/ Ganges) Monofocus (electro blues forain / Lyon) en exclu ! PAF : 5 euros Radio Clandestine

Cie In Situ et Dag Janneret À 21h au Théâtre de l’Albarède 04 67 73 15 62


Mars en Aigoualie ST-JULIEN-DE-LA-NEF Sweet Promises : Rock Au Piano du Roc à 21h Dimanche 20 DURFORT Forum du livre, Voyage au moyen-âge. Expos, animations 10h-18h LAROQUE Guinguette du Printemps avec le groupe de chant traditionnel français et occitan "Sors les mains de tes poches" à midi, sur la placette (gratuit) BRISSAC le Foyer rural Rajol organise une grande vente aux enchères d’œuvres d’art et de b e a u x objets, animée par Alban Thierry dans le rôle du commissairepriseur. Salle des rencontres à partir de 15h. 04 67 73 76 49

Jeudi 24 ST-HIPPOLYTE-DU-FORT Voyage au Pays des Sorcières par la Cie Gargamela - 14h30 Salle des Fêtes - Rens. 04 66 77 92 57 Vend. 25 et sam. 26 SAUVE Les grandes gueules Chanson a capella Muz’art à 20h30 - 19, 17, 16, 14 euros Vendredi 25 LAROQUE Assemblée générale LabelRue à 16h à dans ses locaux, ouverte aux adhérents et/ou personnes souhaitant adhérer à notre association. GANGES Concert Face à la mer Théâtre Albarède à 21h, 10 et 5 euros


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Sam. 26 et dim. 27 ST-HIPPOLYTE-DU-FORT 3ème Salon du bien être 10h à 19h - Salle des Fêtes Gratuit - 04 66 77 29 06 Samedi 26 MASSILLARGUES-ATUECH Randonnée "De Terre et d’eau". 9H : RDV à la cave coop. Gratuit et ouvert à tous. 8km . Inscription à l’OT d’Anduze. 04 66 61 98 17 - www.ot-anduze.fr LE VIGAN L’énigme de l’itinéraire transalpin d’Hannibal Conf. de Jean-Pierre Renaud, docteur en Histoire. Entrée gratuite à 17h au Bourilhou ST-JULIEN-DE-LA-NEF Akwe : variétés internationales Au Piano du Roc à 21h Mercredi 30 QUISSAC "Ça cartonne" Spectacle pour les tout-petits (6 mois à 3 ans) au Foyer à 11h et à 16h. Durée : 35 min. Gratuit. Rés. oblig. Rens. 04 66 93 06 12 Jeudi 31 LE VIGAN spectacle de la compagnie En Croque "Funky Pudding"

au lycée du à 14h15. Gratuit accès limité; invitation à retirer à Eurek’Art : 04 67 73 98 40 LODÈVE Rencontre du patrimoine La Bouquerie Présentation d’une étude d’inventaire, par Bernard Derrieu, Animateur du patrimoine, Communauté de communes Lodévois et Larzac - Hôtel de ville – Salle du Peuple – 18h GANGES Images latentes images frappantes 2/4 Alain DECLERCQ, BOUROUISSA, Nourredine WAEL. Présenté par Manuel FADAT Dans la médiathèque à 20h30 MONTPELLIER Michel BISMUT Quartet Jean Marie Frédéric : guitares Pepe Martinez : chant et accordéon Arnaud Bertrand : ordinateurs et machines électroniques Michel Bismut : contrebasse Une musique empruntant aux musiques du monde et au jazz, enrichie de l’apport extraordinaire des nouvelles technologies sonores. Concert Jam découverte, entrée gratuite 21h au JAM. 100, Rue Ferdinand de Lesseps - 04 67 58 30 30


Mars en Aigoualie Et aussi... Nombreuses randonnées à thèmes. Nombreux marchés et vides-greniers. Se renseigner auprès des Offices de Tourisme OT d’Anduze. 04 66 61 98 17 www.ot-anduze.fr OT intercommunal Cévennes Méditerranée Ganges : 04 67 73 00 56 www.ot-cevennes.com

OT Intercommunal du Pays Viganais 04 67 81 01 72 www.cevennes-meridionales.com OT Mont-Aigoual Causses Cévennes Valleraugue : 04 67 82 25 10 Mont Aigoual : 04 67 82 64 67 www.causses-aigoualcevennes.org OT Saint-Jean-du-Gard 04 66 85 32 11 www.otsi.st.jeandugard.free.fr

OT Intercommunal Cévennes garrigues Lasalle : 04 66 77 91 65 St-Hippolyte-du-Fort : 04 66 85 27 27 www.cevennes-garriguetourisme.com

OT Nîmes 04 66 58 38 00 www.ot-nimes.fr/

OT Intercommunal Coutach Vidourle Quissac : 04 66 77 11 48 www.vallee-vidourle.com

OT Lodève 04 67 88 86 44 www.lodevoisetlarzac.fr

OT Montpellier 04 67 60 60 60 www.ot-montpellier.fr


Printemps 2011 Vendredi 1er LE VIGAN "Des dieux et des hommes" (Accords et désaccords) Présentation de textes d’auteurs grecs, latins et contemporains. 20h30 à l’Auditorium du Lycée du Vigan.Entrée gratuite (nombre de places limité). GANGES Pousse-toi ! Cie Bruno Pradet Théâtre de l’Albarède à 14h30 et 21h Du vend. 1er au dim. 3 ST-SÉBASTIEN-D’AIGREFEUILLE Exposition dans les rues de poissons réels ou imaginaires en céramique réalisés par les enfants de l’école. www.poteries-anduze.fr

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Samedi 2 LE VIGAN "Roches à cupules et gravures rupestres en Aveyron" Conf. de Jean Poujol, archéologue. Entrée gratuite à 17h au Bourilhou ST-JULIEN-DE-LA-NEF Hobo blues Au Piano du Roc à 21h 04 67 82 46 59 Dimanche 3 SAUVE 10ème Rando VTT "Le Trèfle Milhaudois" 3 boucles : 10 km dur – 15 km moyen et 20 km tout public. Départ du Stade Robert Gaillard. 7h30 / 9h30. Clôture à 14h et remise des récompenses. Rens. 04 66 05 23 94 GANGES Mister Ralf blues band Théâtre de l’Albarède à 21h

Samedi 9 LE VIGAN "Monnaies d’ici, visages d’ailleurs" Descriptif des monnaies impériales découvertes dans le Gard. Conf. de Ghislain Bavre, historien. Entrée gratuite à 17h au Bourilhou ST-SÉBASTIEN-D’AIGREFEUILLE Concert de musique de Tess & Ben - Contrebasse et voix - Interprétation Estelle Inzani et Benoît Rapetti - Salle du conseil à 21h - Tout public - 8 et 5euros Gratuit - de 12 ans ST-JULIEN-DE-LA-NEF Philippe Carmona : salsa cubaine au Piano du Roc à 21h Jeudi 14 GANGES Itinéraire d’une création 4/4 Islande Aux rives du réel L’univers sonore Musique en live Fabrice Bony et Patrice Soletti Dans la médiathèque à 20h30 LODÈVE Rencontre du patrimoine La préhistoire en Lodévois Par Gaston Bernard Arnal Hôtel de ville – Salle des conférences – 18h


Avril en Aigoualie ANDUZE Auditorium de l’école de musique intercommunale 20h30 : Concert Jazz par la compagnie Cafarnal Tribu. Interprétation : Henri Houix, Michel Bachevalier et Fabien Marly. Tout public - Normal 8 euros, Réduit 5 euros. Gratuit - de 12 ans Du 14 avril au 7 mai LE VIGAN Le châpiteau de L’échappée belle s’installe pour trois semaines, jazz, cirque, ateliers etc. Av. Sergent Triaire Rens. rés. Mairie : 04 67 81 66 10

Vendredi 15 LE VIGAN L’échappée belle Festival de Jazz, Jeff Martin Trio, Philip Catherine Trio 20h30 – 18 et 20 euros – pass soirée 30 euros – gratuit moins de 16 ans Samedi 16 GANGES La nuit des Rois Théâtre de l’Albarède à 21h SAUVE Tu m’écoutes ? Debrid’arts Productions Mise en scène : Jeanne Béziers Muz’art à 16h30 - Jeune public – 11 euros


Printemps 2011 LE VIGAN "Le mur d’Antonin en Écosse, frontière septentrionale de l’Empire romain" Conf. de Pierre VALETTE, docteur en Histoire. Gratuit. 17h au Bourilhou L’échappée belle - Festival de Jazz. Erik Truffaz Quartet, FANGA à 20h30 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Alcyon chante Barbara et St-Germain au Piano du Roc à 21h Sam. 16 et dim. 17 ANDUZE Réalisation de nids d’oiseaux en céramique. De 10h à 19h. Parc parfum d’aventure, route de Mialet. Compris dans le prix d’entrée au Parc. www.poteries-anduze.fr

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Dimanche 17 LE VIGAN Préhistoire en pays d’Anduze. Sortie archéologique sous la conduite de Gilbert Calcatelle, historien local. Départ à 8h30 du Bourilhou. Prendre bonnes chaussures de marche et piquenique. Ass. Ind. exigée. CELLES Vide grenier de 9h à 18h ambiance festive : musiques occitanes et de la méditerranée, animations pour enfants - 5 euros les 3m. Buv. et rest. bio et locale. Ins. : Claudia : 04 67 96 87 10 ROQUEREDONDE À Vendre Arts de la rue par la Cie Thé à la Rue. Et si l’espace public était une marchandise comme les autres ? RV devant la mairie à 15h Tout public, gratuit.

Jeudi 21 GANGES Images latentes images frappantes 3/4. Khalil Joreige et Joana Hadjithomas. Présenté par Manuel Fadat Dans la médiathèque à 20h30 Vendredi 22 TORNAC Comédie musicale et acrobatique par la Cie Lilith - Jeune public - Foyer rural à 14h00 – 5 euros Gratuit pour les scolaires et les - de 12 ans accompagnés. LE VIGAN L’échappée belle – Cirque Cie Daromaï - 1, 2, 3 pommes 5 et 8 euros – gratuit - de 16 ans à 21h Samedi 23 LE VIGAN L’échappée belle – Concert La chanson qui dérange 20h30 - 10 euros ST-THÉODORIT Théâtre tout public à partir de 14 ans "Le bonheur d’être une femme" au Foyer à 21h. 8 et 4.50 euros. Rens. 04 66 93 06 12 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Lyane Edwards : country revisitée Au Piano du Roc à 21h


Avril en Aigoualie

Dimanche 24 SAUVE Fête de Pâques. Pl. de laVabre , animations taurines, boules, repas. Rens. 04 66 88 21 20 Du 25 au 29 LE VIGAN L’échappée belle – Danse Hip Hop Rens. : 04 67 65 54 49 Jeudi 28 GANGES Engagement et écriture du noir 2/4 Présenté par Gerardo Lambertoni. Dans la médiathèque à 20h30

Vendredi 29 SAUVE Flamenco et rumba Café concert musique et danse du monde à 20h30. Muz’art. 16, 14 euros Samedi 30 LE VIGAN L’échappée belle – Concert jeune public Dùnya. Musique orientale et gitane à 17h 30. 3 et 5 euros DURFORT Le Théâtre de la Palabre présente : Oustau per Toutes (Foyer) - 20h45 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Blues Power Au Piano du Roc à 21h


Printemps 2011 Dimanche 1er SAUVE Un dimanche à Sauve Ateliers ouverts de 10h à 19h avec concert de clôture sur la Place Astruc. Rens. 04 66 77 06 33. QUISSAC Foire à l’âne au Pré de la Promenade et la Chaussée. Puces du livre de 9h à 19h. Bouquinistes, artisans, artistes. Rens. 04 66 77 30 02. LE VIGAN L’échappée belle Thé Dansant avec Retrostyl’s à 15h.10 euros, goûter compris

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Du lundi 2 au vendredi 6 LE VIGAN Ateliers de Cirque ouverts à tous, enfants et ados Rens. : 04 67 73 80 05 Mercredi 4 MASSILLARGUES-ATUECH Poterie Terre Figuière, à 13h30 et à 15h30 : Le vase d’Anduze avec des yeux d’enfants - visite de l’atelier, modelage - à partir de 6 ans - Gratuit Vendredi 6 LE VIGAN L’échappée belle Trio Hopopop Spectacle de cirque à 18h30. Gratuit Samedi 7 SAUVE Orchestre national de Montpellier Quintette de violoncelles. Monteverdi, Vivaldi, Popper, Bruch et Villa Lobos. Muz’art à 20h30 19, 17, 16, 14 euros LE VIGAN L’échappée belle - Concert Joyce Jonathan Halle aux sports à 21h Tarif unique : 20 euros

ST-JULIEN-DE-LA-NEF Apacho, Amérique du Sud Au Piano du Roc à 21h 04 67 82 46 59 Lundi 9 ANDUZE Randonnée Poterie et Mégalithe Circuit de 10 km - RDV à 9h00 Parking de la Poterie les Enfants de Boisset - Repas tiré du sac Gratuit ouvert à tous. Inscription à l’OT : 04 66 61 98 17 Jeudi 12 ANDUZE Concert Jazz méridional par la compagnie Cafarnal Tribu Interprétation : Pierre Peyras, Michel Bachevalier, François Tiollier - Auditorium de l’école de musique intercommunale - 8 et 5 euros, gratuit - de 12 ans. Vendredi 13 GANGES One day à la bobitch Boris Arquier Théâtre de l’Albarède à 21h 04 67 73 15 62


Mai en Aigoualie Vend. 13 et sam. 14 LE VIGAN Les Éco-dialogues se mettent à table ! Un forum, deux journées de débats d’échanges, de discussion autour de l’alimentation. Cinéma le Palace et Place des Quais - Gratuit Samedi 14 LE VIGAN Cie Partance – Conte avec Hervé Le Jacq, dans le cadre de la nuit européenne des musées. Musée Cévenol à 21h Gratuit ST-JULIEN-DE-LA-NEF Duo Cascade : variétés internationales Au Piano du Roc à 21h Dimanche 15 LE VIGAN Le Madrigal de Nîmes Au temple à 17h30, 6 et 8 euros Rés. : 04 67 81 66 10 Les 18, 21 et 22 CANNES ET CLAIRAN. Festival du clown et du Burlesque. Le 18 journée pour les

enfants. Les 21 et 22 spectacle à partir de 7 ans : "Il suffit de penser au gâteau !" par la Cie La strada au Foyer. Rens. 04 66 80 34 84 Jeudi 19 GANGES Chroniques de détention La Cimad, Mots passants, lecture, débats dans la médiathèque à 20h30 Vendredi 20 SAUVE Lonh, Raphaële Kennedy Musique contemporaine, voix seule et électronique. Muz’art à 20h30 19, 17, 16, 14 euros


Printemps 2011 Samedi 21

A genda

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RIBAUTE LES TAVERNES "Les Cordes réunies" Harpe & violoncelle par Séverine Pantel et Nicolas Munoz.Temple à 21h. 8 et 5 euros, gratuit - de 12 ans. ST-JULIEN-DE-LA-NEF My my, soul, world music Au Piano du Roc à 21h

SUMÈNE Fantaisies pour petits et grands. Festival jeune public 2ème édition : spectacles vivants, déambulations, puces, jeux, ateliers, cirque. Place du Plan toute la journée. 04 67 81 54 12

Jeudi 26 GANGES Images latentes images frappantes 4/4 Lorena Zilleruelo. Présenté par Manuel FADAT Dans la médiathèque à 20h30 Du jeu. 26 au sam. 28 LE VIGAN Exposition des ateliers créatifs du Bourilhou Inauguration le 26 mai à 18h De 9h à 12h30 et de 14h à 18h gratuit. à la Maison de Pays

MONTPELLIER The Afrorockerz Emma Lamadji (Vocal ) Allonymous (Vocal) Frédéric Jean (Drums) Sylvain Daniel (Bass) Jujju (Guitar) Mathieu Jérome (Keyboards) Pulsations nerveuses de l’afrobeat, sons psychédéliques, énergie rock’n roll et efficacité électro Concert Jam découverte, entrée gratuite 21h au JAM. 100, Rue Ferdinand de Lesseps - 04 67 58 30 30 Vendredi 27 ANDUZE Dans le cadre de la semaine "Lire en fête" Anne Clément de la Cie Gargamela théâtre dit JeanPierre Chabrol et Chante Aragon - Médiathèque à 20h30 Entrée libre

Recevez l'Aigoualité chez vous ! Nom : Prénom : Adresse : CP, Ville, Pays : Téléphone : courriel : 1 an, 5 numéros, 10 euros - BP 66, 34190 Ganges


Mai en Aigoualie Rascalou (Montpellier), "The Bal" Cie Délits de Façade, "les Petits Délits". "Parcours contés" avec Kamel Guennoun, Cie Audigane (contes tziganes). Spectacles gratuits

Sam. 28 et dim. 29 VALLERAUGUE Les Arts dans la Rue Sam. 20h : Cie Qualité Street, "La Beauté du Monde" Dim. dès 10H : expos, ateliers trapèze pour les enfants, "Le coin du Livre", fabrication d’un livre. Spectacles : Cie

Samedi 28 ST-JULIEN-DE-LA-NEF Picadilly : Rythm & blues Au Piano du Roc à 21h Dimanche 29 SAUVE Fête de la Fourche et de la Cerise au Conservatoire et rue des Boisseliers toute la journée. Marché artisanal, visite du Conservatoire… Rens. 04 66 80 54 46


A genda Printemps 2011

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GANGES L’Art de lire Du 4 au 30 mars MOSS vernissage le 3 mars Du 2 au 30 avril Mme ROTSCHILD, vernissage le 1er avril Du 5 au 31 mai Mme IFF, vernissage le 4 mai 7, rue des Arts Médiathèque Lucie Aubrac Du vend. 4 au sam. 26 mars MOSS, totems et grands formats en liaison avec L’Art de Lire. Vernissage jeudi 3. Trois lieux dans la médiathèque Espace Yvon Delmas Du vend. 8 au sam. 30 avril. Exposition François BOUËT Grands formats. Vernissage le jeudi 7 avril Espace Yvon Delmas, salle multimédia. Du vend. 6 au mer. 26 mai Peter POPLASKI, Middle West années 70, dessins. Vernissage le jeudi 5 mai

SAUVE Tour de Môle Du 29 avril au 22 mai Artistes et Artisans d’art Vernissage vendredi 29 Rens. 06 63 41 47 12. Foyer communal du 6 au 29 mai "CHA-BAL présente"

MONTPELLIER Musée Fabre Jusqu’au 30 avril Le trait en majesté, dessins français du XVIIe dans les collections du musée Fabre NÎMES Carré d’Art Jusqu’au 2 mai LARRY BELL


Expositions

Artistes, envoyez-nous vos actus sur aigoualite.org

ANDUZE Médiathèque Du 23 au 28 mai Semaine "Lire en fête" Exposition sur Claude Chabrol LODÈVE Ô Marches du Palais Du 5 mars au 30 avril Olga YAMEOGO peintre

LE VIGAN Château d’Assas Du 18 mars au 2 avril Art contemporain " Trois Artistes" CHACHAY MARCADON CAIZERGUES Avec l’association Orange bleu. Vernissage 18 mars, 18h Musée Cévenol Du 2 avril au 30 mai Jean-Marc GRANIER Vernissage 1er avril à 18h

Michel BATLLE plasticien

Hall de la Mairie Du samedi 2 au vendredi 22 avril de 9h à 12h et de 13h30 à 17h Exposition : Paysages corporels. Asso. passeurs d’images Gratuit

2, bd J.Jaurès 04.67.88.54.04

Hôtel de la Condamine Du mercredi 27 au mercredi 4 mai Yves JAFFRENNOU : Bruits d’eaux

Musée de Lodève juqu’au 3 avril. Michel DANTON Tlj. sauf le lundi, de 9h30 à 12h et de 14h à 18h. 3,5 et 2 euros. Gratuit pour les élèves de la C de C. Rens. : 04 67 88 86 10

Rue Emmanuel d’Alzon Tlj de 15h. à 19h. Le WE à partir de 10h jusqu’à 13h. Vernissage 26 avril à 18h.


Printemps 2011

Mouv’en FLE L’association Mouv’en FLE est née en février 2004 et mène depuis cette date une action d’alphabétisation, de lutte contre l’illettrisme, de remise à niveau en français et d’apprentissage du français pour les étrangers, accompagnée d’un important volet d’échanges et d’accès à la culture ; dans une démarche plus large de cohésion sociale, de mise en contact des différentes populations, de défense des valeurs de solidarité, d’égalité et de respect. Les principes fondateurs de notre association sont d’oeuvrer à l’égalité des chances, à l’égalité entre les hommes et les femmes, à la culture de la paix et à la lutte contre les discriminations et les exclusions. Nous sommes présents au Vigan et à Ganges depuis 2004, à Saint-Hippolyte-du-Fort depuis 2007 et à Anduze depuis 2009. Nous avons fait le choix de nous implanter dans ces différentes communes du Gard et de l’Hérault dans un souci de proximité, car le territoire que nous couvrons est rural et très enclavé ; de ce fait la mobilité y est souvent un problème. Notre action rencontre un vif succès car les besoins sont de plus en plus importants et nous sommes les seuls à offrir des formations dans ces domaines spécifiques dans toutes les

Appels communes où nous intervenons. Nous formons une centaine de personnes par an. Depuis notre création nous sommes financés par le Conseil Général du Gard pour la formation des bénéficiaires du RSA (environ 15 à 20% de notre public). Les autres subventionneurs publics qui nous soutenaient (MSA, Etat) et prenaient en charge les personnes en situation de précarité (environ 60% de notre public) se sont peu à peu désengagés et depuis 2008 nous avons dû nous tourner vers des financeurs privés (fondations d’entreprises et particuliers). Aujourd’hui nous lançons une grande campagne d’appel aux dons pour nous permettre de continuer notre activité et d’attendre les financements espérés pour 2011. Notre association qui est aussi un organisme de formation (n°91-30-02523-30) étant reconnue d’intérêt général, votre don est déductible des impôts sur le revenu à hauteur de 66%. Nous espérons que vous serez sensible à notre action et aurez l’envie de nous soutenir. Nous vous remercions vivement par avance de votre générosité et de faire connaître notre action autour de vous aux personnes susceptibles d’être intéressées. L’équipe de Mouv’en FLE.

Vous pouvez envoyer un don à l’ordre de Mouv’en FLE. Un reçu fiscal vous sera adressé. Association Mouv’en FLE - La Mouline - 30120 Bréau et Salagosse - Tel : 06 19 68 42 70 - Courriel : mouvenfle@yahoo.fr N° SIREN : 479141921 - Contact : Françoise CANEIRO

Vente aux enchères au profit d’Haïti Le 20 mars le Foyer rural Rajol organise à Brissac une grande vente aux enchères d’œuvres d’art et de beaux objets, animée par Alban Thierry dans le rôle du commissaire-priseur. Cette manifestation est la suite des actions déjà menées pour apporter une aide aux Haïtiens à la suite du séisme de janvier 2010 : une séance cinématographique et un concert de Marianne Aya Omac et du chœur de la Buèges (près de 2000 euros ont été recueillis), envoi de dessins réalisés par les enfants de l’atelier Art’Dao pour les enfants haïtiens. ATD QuartMonde Haïti, qui intervient auprès des familles les plus pauvres et avec elles, est l’interlocuteur direct du Rajol. La situation à Haïti ne s’est malheureusement pas beaucoup améliorée. Le 40

foyer rural s’est engagé dans ce soutien au-delà d’une intervention ponctuelle. La journée du 20 mars sera l’occasion à chacun d’exprimer sa solidarité. Afin de préparer cette journée, le Rajol lance un appel à dons ! Vous êtes un artiste professionnel ou amateur, vous aimez dessiner, peindre sculpter, broder, photographier, vous avez chez vous un bel objet, - quelle que soit sa nature -, dont vous pouvez vous défaire, faites un don : tous les objets seront mis en vente, l’intégralité de la vente sera reversée, pour Haïti, à ATD. Rajol, foyer rural de Brissac Renseignements et dépôt des objets auprès de : Elisabeth Vairon, 04 67 73 76 49 Dominique Venard, 04 67 20 23 04 email : sintou@hotmail.com)


Naissance

ADEBA L’Association de Défense de l’Environnement de Brissac et de ses Alentours (ADEBA) a été créée le 17 décembre 2010, à la suite de la réunion publique d’information qui s’est tenue le 26 novembre. À son origine, le collectif des gorges de l’Hérault qui s’était opposé en 2007 à l’extension de la carrière, s’est mobilisé à nouveau face à l’évolution inquiétante de la carrière et au non respect de l’arrêté préfectoral autorisant l’exploitation du site et toujours en vigueur. Les conditions légales d’exploitation de la carrière de Brissac ne sont pas respectées : l’environnement et le paysage sont menacés. Le renouvellement de l’exploitation va être demandé pour 30 ans. L’association ADEBA n’est pas pour la fermeture de la carrière, mais il doit être possible de concilier développement économique local et préservation de l’environnement : c’est ce que laissait espérer

Le mot du trésorier Le Trésorier est-il la réincarnation d’un génial fabuliste ? Ou tente-t-il encore d’extorquer quelques deniers ? Nous l’allons voir... Maître trésorier dans son canton perché Tenait en sa main l’Aigoualité. Maîtres lecteurs par l’odeur alléchés, Venaient gentiment s’informer. "Ohé, maître Trésorier, Que vous êtes balèze, Que vous semblez à l’aise, Si votre tirage Ressemble à vos mises en pages Vous devez être le Crésus Des hôtes de ces villages."

l’arrêté préfectoral d’autorisation. ADEBA demande le respect du droit par les divers partenaires : le carrier en premier lieu, le Préfet et ses services qui ont laissé faire pendant 17 ans, et la mairie de Brissac, également concernée. Le projet de remise en état présenté fin décembre n’est pas satisfaisant. Nous avons demandé, par courriers, au maire de Brissac de dresser, en tant qu’officier de police judiciaire, procès-verbal des infractions commises en violation du règlement du POS, et au Préfet de faire le constat des infractions commises par le carrier et de lui enjoindre de réhabiliter le site suivant les prescriptions de l’arrêté initial. L’évacuation sans délai des anciens stériles (situés dans la combe pluvieuse et dans le périmètre) serait déjà une preuve de bonne volonté. Au moment où surgit la question de l’exploitation du gaz de schiste et de ses éventuelles conséquences, comment faire confiance aux déclarations gouvernementales quand l’État laisse un carrier faire ce qu’il veut sans que ses services (la DREAL) n’y trouvent à redire ? ADEBA souhaite simplement jouer un rôle citoyen : informer, mobiliser, et agir pour protéger efficacement les gorges de l’Hérault. ADEBA Si vous souhaitez nous rejoindre ou vous tenir informé(e) des prochaines réunions et des actions d’ADEBA, écrivez-nous à l’adresse suivante : ADEBA, 2, La Côte 34190 Brissac ou : adeba-brissac@hotmail.com

"Que nenni mes amis, Car la quadrichromie En gratuit Point ne nourrit." Mes compères il me faut, semble-t-il, Conclure par une morale, Oyez, la voici : Qui aime bien Adhère bien.

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Printemps 2011

Le solaire en auto-installation avec l’Association APPER Ces dernier temps le solaire a été bien trop souvent assimilé à un placement financier ; qui d’entre vous n’a pas été démarché par des commerciaux pour installer des panneaux photovoltaïques sur son toit ? La mise en avant de "forte" rentabilité associée au "vous faites un geste pour la planète" n’est certainement pas faite pour en favoriser le développement à long terme. À l’opposé, le solaire thermique est bien trop souvent confondu avec le photovoltaïque, c’est dommage. Le solaire thermique est l’énergie renouvelable qui nécessite le moins de technologie et qui, par conséquent, est la plus accessible au citoyen ayant un revenu moyen pour son habitat individuel.

Comment j’ai découvert l’Association APPER ?

Cela faisait longtemps que je cogitais dans mon coin, pour essayer d’exploiter cette énergie. Beaucoup de gens ont dû faire cette expérience : l’eau qui sort d’un simple tuyau d’arrosage laissé au soleil peut se révéler très chaude. Les bases sont posées. À force de parcourir l’Internet, je suis tombé sur le site de l’APPER (Association Pour la Promotion des Énergies Renouvelables). J’ai trouvé là mon bonheur. Au début, je patauge un peu, tellement le site fourmille d’infos - j’ai passé les premiers temps à lire et relire. Au fur et à mesure de mes lectures, j’ai fini par avoir une vision de ce que je pouvais faire, le site s’adressant autant à des autoconstructeurs qu’à ceux qui veulent installer eux-même du matériel du commerce (auto-installateurs). Il est aussi proposé un groupement d’achat, ce qui permet de s’équiper à un coût raisonnable. Avec du matériel connu. Je me suis donc lancé, sans rencontrer d’énormes difficultés, même si au départ, je ne savais pas bien souder. Pour ceux que cette technique rebutent, il y a aussi aujourd’hui des méthodes sans soudure. Pour moi, l’auto-installation présente aussi et

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surtout la satisfaction d’avoir fait soi-même, de s’être approprié la chose, d’être en mesure de maintenir en état et de réparer en cas de défaillance du système. Grâce à un forum très actif, accueillant, mes doutes et interrogations ont trouvé des réponses. La bonne humeur est très agréable pour le nouveau venu - pour les autres aussi et c’est un espace d’échange de points de vue et de "trucs" qui facilitent la vie.

Comment je suis passé tout doucement du rôle de demandeur à celui de contributeur ?

La plus grande partie de l’activité de l’APPER se déroule sur le net, mais il faut signaler aussi que l’association Apper agit sur le terrain avec ses antennes locales. C’est l’occasion pour ceux qui veulent et qui peuvent de consacrer un peu de leur temps à la promotion du solaire thermique. Pour ma part, c’est l’occasion de rencontrer physiquement d’autre forumeurs devenus des amis du net. Les Apper locales agissent en explorant tout un tas de pistes dont les principales sont données ici : organiser des visites d’installations bien faites auto-installées ou non, faire tourner le Cesi de démo dans les manifestations locales (foires bio, vide-greniers, etc), organisation


Appel d’entraide sur les chantiers d’éco-construction, machine à café solaire sur les stands, boostage d’élus, rencontres avec les archis de la DDE et des Bâtiments de France, suivi de chantiers, travailler avec le conseil de développements local, travailler en partenariat avec d’autres assos locales, faire un article dans le canard local ou le journal de la mairie, ... Pour avoir participé à plusieurs manifestations locales et présenté le Cesi de démo, je dois dire que les rencontres font chaud au cœur. Les visiteurs sont souvent étonnés d’obtenir de l’information sans contrepartie. Le principe du chauffe-eau solaire est facilement expliqué car ils ont tout sous les yeux - finie la boîte noire mystérieuse. Et, ce qui ne gâte rien, pour peu que le soleil soit au rendez-vous, ils peuvent "toucher" du doigt. Pour celui ou celle qui ne se sent pas de mettre la main à la pâte, il ou elle trouve tout autant des conseils et informations. Cela permet de comprendre comment fonctionne un chauffeeau ou un chauffage solaire, et d’être à même de parler en connaissance de cause à son futur installateur - voire de le conseiller ... Alors qu’attendons-nous donc tous pour passer au solaire thermique ? Nico34 http://www.apper-solaire.org/ http://forum.apper-solaire.org/

Amnesty International 396 Actif depuis une trentaine d’années, le Groupe Amnesty International 396, SudCévennes, avait pour objectif la défense des Droit Humains, l’abolition de la peine de mort, la lutte contre la torture. Des réunions mensuelles permettaient, dans une ambiance amicale, de soutenir des cas particuliers, de participer à des campagnes plus génériques, d’organiser des actions sur les marchés, et des spectacles de sensibilisation, en coordination avec les décisions du Bureau International. Aujourd’hui en déficit de membres, le Groupe se voit contraint de fonctionner à régime restreint, en tant qu’antenne du Groupe 18 de Montpellier. Pourtant, plus que jamais le monde a besoin de ces militants. Rejoignez-les, rejoignez-nous… N’hésitez pas. Amnesty International Mairie du Vigan Place Quatre Fages de la Roquette 30120 Le Vigan

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Printemps 2011

N otre environnement à la loupe

Régime sans plantes Le 15 septembre 2010 a été déposé un projet de loi* en procédure accélérée, portant diverses dispositions d’adaptation de la législation au droit de l’Union européenne en matière de santé, de travail et de communications électroniques, présenté au nom de François Fillon, par Roselyne BachelotNarquin. Ce projet de loi, qui sera voté le 1er avril, vise à faire appliquer en France la directive européenne THMPD décrétée le 31 mars 2004, qui réglemente l’usage des produits à base de plante. Un coup dur pour les petites entreprises du secteur, notamment pour la filière bio. * http://www.assemblee-nationale.fr/13/projets/pl2789.asp

La directive

Cette directive demande à ce que toutes les préparations à base de plante soient soumises au même type de procédure que les médicaments. Peu importe si une plante est d’un usage courant depuis des milliers d’années, sans danger et efficace. Elle sera considérée comme un médicament. La directive prévue à cet effet propose une nouvelle procédure d’enregistrement "simplifiée" concernant les médicaments traditionnels à base de plantes (THMPD). Au-delà du 30 avril 2011, la vente de plantes non homologuées par l’Agence Européenne des médicaments (EMA) restera possible si, et seulement si, aucune indication thérapeutique ne figure sur son emballage...

Les conséquences

Le coût de cette procédure «simplifiée», estimé entre 90 000 et 140 000 euros par plante, est bien au-delà de ce que la plupart des fabricants peuvent payer, et chaque plante d’un composé doit être traitée séparément. Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie, professeur agrégée de biologie, s’indigne sur son blog de Rue89 : "Les vraies victimes seront les petites entreprises du secteur. La pleine entrée en vigueur de ces textes va toucher de plein fouet l’ensemble du secteur des médecines naturelles à base de plantes et une bonne partie de l’économie du bio. Dans le seul secteur des compléments alimentaires, la baisse d’activité est estimée 44

Les plantes médicinales et le standard européen Toute plante, si elle n’a pas d’autre usage que l’usage thérapeutique, est considérée comme une plante médicinale1. Le nombre d’espèces de plantes médicinales s’élève à 1500 en France et à 20 000 dans le monde. Le libre échange des plantes est illégal depuis le début du XIIIème siècle, lors de l’institution des corporations des professions de santé. Jusqu’à présent, certaines plantes pouvaient bénéficier d’un circuit dérogatoire et obtenaient une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) en toute légalité par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Néanmoins, à ce jour, plus de 95% des dossiers d’allégations déposées pour des produits à base de plantes ont reçu un avis négatif de l’EFSA. Quoi qu’il en soit, cette option sera bientôt obsolète ! à environ 30%." Elle souligne aussi que "La Cour européenne de justice a rappelé que ce double usage était légal. Il revient finalement aux pays de trancher les litiges au cas par cas, au travers de jugements nationaux. Difficile alors de dégager un véritable consensus européen." Alors, quelle sera la position française ?

Réduction de liberté...

Thierry Thévenin est représentant du Syndicat Inter-Massifs pour la Production et L’Économie des SIMPLES* créé en 1982 dans les Cévennes. Y sont regroupés quatre-vingts producteurscueilleurs de plantes médicinales aromatiques, alimentaires, cosmétiques et tinctoriales, installés en zone de montagne et en zones préservées. Il redoute, pour sa part, que cette directive conduise à l’hégémonie des trois cultures dominantes au niveau mondial : la phytothérapie classique occidentale, l’indienne (ayurvédique), et la médecine traditionnelle chinoise (MTC), au détriment des remèdes créoles, berrichons, tibétains, nigériens et cévenols. Pourtant, la médecine tibétaine se situe entre l’ayurvéda et la MTC ! Et c’est précisément les plantes non européennes qui sont directement menacées d’interdit, faute d’ancienneté suffisante de leur usage… * http://www.syndicat-simples.org


Mais pourquoi alors ?

Michèle Rivasi nous donne la réponse "Si l’on peut comprendre la nécessité de garantir la qualité des produits et préserver la santé publique, on peut aussi se demander à quoi rime une législation qui impose des conditions si draconiennes et inadaptées que la réalité du terrain ne puisse s’y conformer. Cela me fait penser aux difficultés rencontrées en France par d’autres plantes, les préparations naturelles peu préoccupantes (pnpp). Bras de fer popularisé sous le nom de la guerre de l’ortie. La situation concrète des plantes médicinales pourrait bien s’en rapprocher. (…) on s’apprête à criminaliser l’usage et la diffusion des savoirs relatifs aux plantes médicinales. Simultanément, la voie des compléments alimentaires est désormais bouchée. (…) On sent une volonté de museler le secteur des médecines alternatives ou naturelles, en particulier celles liées aux plantes. Résultat, on pose un cadre susceptible de justifier toutes les chasses aux sorcières possibles en matière de plantes, qu’il s’agisse d’un usage traditionnel, commercial ou non." Après les semences, les plantes... Le 1er avril 2011, tout porte à croire, hélas, que les petites entreprises du secteur devront payer le prix fort, déménager, ou changer de métier ! Valérie Robert et G.K. 1) Article L. 512 du Code de la santé publique 2) Site de la Pharmacopée européenne : www.edqm.eu/fr/page_628.php

Kokopelli fait appel à la Cour de Justice Européenne ! Communiqué de Presse Février 2011 Dans le cadre du procès qui nous oppose à la société Graines Baumaux, nous avons demandé à la Cour d’Appel de Nancy de saisir la Cour de Justice de l’Union Européenne d’une question portant sur la validité de la législation européenne sur le commerce des semences potagères au regard de certains principes fondamentaux de l’Union Européenne et du Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA). Alors que la société Graines Baumaux s’opposait fortement à cette demande, qu’elle qualifiait de "cheval de Troie", la Cour d’Appel, par une Ordonnance du 4 février 2011, a fait droit à notre demande. Les questions fondamentales, que nous soulevons depuis le début de notre existence, seront enfin posées à la juridiction suprême de l’Union Européenne. Les enjeux, en termes d’appropriation du vivant et de sauvegarde de la biodiversité, sont immenses et nous espérons que la Justice, ultime recours des opprimés, saura les mesurer. Nous appelons tous les opérateurs européens de la semence ancienne à se joindre à nous pour témoigner, dans le cadre de ce procès historique, de l’absurdité de la législation actuelle sur le commerce des semences. Kokopelli Contacts : Association Kokopelli communication@kokopelli.asso.fr Blanche MAGARINOS-REY, Avocate de Kokopelli contact@avocat-magarinos-rey.com

http://www.kokopelli.asso.fr/

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Printemps 2011

N otre environnement à la loupe

Gaz de schiste : guerre contre les vivants ! C’est une véritable déclaration de guerre aux vivants que cet arrêté ministériel pris par Jean-Louis Borloo délivrant des permis aux prospecteurs/exploiteurs de gaz de schiste en mars 2010 ! Au nom d’une soi-disant indépendance énergétique on va tout simplement nous empoisonner et nous gazer ! Rassurez-vous, ça prendra un certain temps, le temps d’un cancer, d’une maladie endocrinienne, neurologique… Gaz de schiste, les médias en parlent, parce qu’une levée de boucliers a lieu.

La ministre de l’écologie, Kosciusko Morizet, réagit…

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Et jette à la trappe la réduction des émissions de gaz à effet de serre comprise entre 25 % et 40 % promise à l’horizon 2020. Aucune remise en cause des comportements énergivores et des modes de consommation et de production de biens. Oui elle réagit… et nous amuse (nous amuse, restons polis) en promettant au bon peuple une étude sur l’impact environnemental des forages. Seulement elle oublie de préciser qu’elle a demandé cette expertise au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET, dépendant directement du ministère de l’économie) (1), ceux-là mêmes qui ont promu ces extractions ! Elle se garde bien d’expliquer pourquoi, en affichant une fausse considération, elle accepte si facilement de lever les autorisations dans l’attente de ce rapport d’Etat. Rien à faire des députés qui l’interrogent à l’Assemblée sur ce sujet ! Elle les entourloupe en leur jetant un simili moratoire. Il s’agit pour elle et les intérêts qu’elle représente de ne pas perdre la face et de gagner du temps. La réalité, c’est que le matériel destiné au forage se trouve coincé dans des tankers dans le Canal de Suez depuis quelques semaines et ceci à cause des événements qui se déroulent en Égypte ! Elle n’ignore pourtant pas qu’aucune autre méthode que celle pratiquée aux Etats-Unis n’existe, et que les brevets d’extraction y sont bien gardés (Halliburton). Elle ne peut non plus ignorer les forages déjà effectifs dans les Pyrénées et dans le Bassin parisien. Parlons-en de la méthode par fracturation ! Les gaz de schiste étant dispersés dans la roche imperméable, il est nécessaire de forer d’innombrables puits en fracturant la roche. Chaque puits exploitable ne l’est que brièvement, un suivant doit donc être foré quelques centaines de mètres plus loin, et ainsi de suite jusqu’à ce que le paysage ressemble à un vaste gruyère…

La méthode

Après avoir foré verticalement, on pénètre horizontalement les schistes. (1500 à 3000 mètres de profondeur). La fracturation hydraulique se fait par un mélange d’eau (10 000 à 15 000 m3 d’eau par puits(2)) et de sable, avec de redoutables produits chimiques propulsés à très haute pression (600 bars). 10 à 15 millions de litres d’eau irrémédiablement transformés en poison à chaque "frack", un puits pouvant être fracturé jusqu´à 14 fois. Là où le bât blesse, c’est que sur 944 de ces produits, seuls 130 ont pu être reconnus. Les substances contenues et identifiées sont cancérogènes, neurotoxiques, mutagènes, tels les silice de quartz, méthanol, méthane, distillat de pétrole, butyle glycol, oxyde d’alu, soude, baryte, benzène, formaldéhyde, etc., etc. 944 produits dans nos nappes phréatiques ! Ajoutons la pollution atmosphérique due au torchage et aux allers et venues incessants des camions citernes transportant eau et gaz, aux émanations de gaz elles-mêmes… Bel avenir pour les industries chimique, pétrolière et… pharmaceutique, appartenant toutes aux mêmes groupes. Nous voici donc face à une logique industrielle implacable, "une véritable machine de guerre contre les vivants", dit Fabrice Nicolino1 lors de ses différentes interventions publiques. Il y dénonce des sociétés comme Toreador/ Hess(3), conseillées par Julien Balkany, qui ont déjà transféré leur siège social à Paris et engagé des sommes colossales pour l’extraction dans le bassin parisien dont le sous-sol possèderait des réserves gigantesques. Dénonce l’ordonnance portant codification de la partie législative du code minier présentée en Conseil de ministres le 19 janvier dernier, ceci pour "moderniser et simplifier" ledit code ! (4) Dénonce l’opacité et le déni démocratique, en ceci que les collectivités territoriales se trouvent devant le fait accompli, sans avoir


jamais eu vent de ces projets avant que les permis soient accordés par arrêté ministériel. Nicolino dénonce, et avec lui, un nombre grandissant de scientifiques, d’intellectuels, d’élus et surtout des milliers de citoyens qui se constituent en collectifs anti gaz de schiste (5) dans toute la France, en Belgique et ailleurs. Notre région est tout particulièrement visée par trois permis. Le film Gasland, visible aussi sur le net, est projeté et partout, des réunions d’information sont organisées. Informations et appel à la lutte ! S’organiser pour résister, par tous les moyens contre ce que certains ne craignent pas d’appeler la solution finale au nom du profit ! Le Larzac est sur le pied de guerre, le combat, ça les connaît et ce collectif n'hésite pas à évoquer la lutte non-violente, dans un premier temps. La vigilance est de mise et l’alerte y sera donnée dès la moindre suspicion. Nous avons face à nous de redoutables adversaires, la bataille sera longue et difficile ! F. L.

(1)

http://fabrice-nicolino.com/index.php À titre de comparaison, la consommation d’eau d’une ville comme Paris est en moyenne de 550 000 m3 d’eau potable par jour (3) http://www.toreador.net/images/press/ TRGL_PressRelease_Partner_10May10_FR.pdf (4) "Pour les matières énergétiques, elles concernent la production d’énergie géothermique, de pétrole et de gaz naturel, le stockage intermédiaire du gaz en cavité, visant à sécuriser nos approvisionnement et faire face aux pics de consommation, et le stockage géologique de CO2 dans le cadre de la lutte contre l’effet de serre", en vigueur dans deux mois ! http://www.gouvernement.fr/gouvernement/code-minier (5) http://anti-gaz-de-schiste.fr/petition-anti-gaz-de-schiste/ (2)

Carte réalisée par Marion Boucharlat pour OWNI

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Printemps 2011

A u bout du monde

Les contes du Burkina Faso Après un an de travail avec le conteur burkinabé François Moïse Bamba, à travers l’organisation de ses tournées mais aussi à travers De l’Art à l’Autre, projet mené avec les habitants de NotreDame-de-Londres en juin de l’année dernière (cf. Aigoualité n°15), nous avons ressenti le besoin d’aller découvrir sa vie et ses activités au Burkina Faso et notamment celles de la Maison de la Parole(1) à Bobo-Dioulasso, dont François est le directeur artistique et culturel. Premières impressions, premiers projets… À peine arrivés à l’aéroport de Ouagadougou, la foisonnante et bruyante capitale, choc thermique (30° en décembre), et déjà dans l’ambiance ! François vient nous chercher entre deux courses, en plein préparatifs de la 14ème édition du festival Yeleen. Yeleen - lumière en dioula - c’est le festival international du conte au Burkina-Faso, l’activité phare de la Maison de la Parole, et ça commence dans quelques jours. Le festival est né à l’initiative d’acteurs culturels burkinabé dont Hassane Kouyaté, actuel président de la Maison de la Parole et fils du grand comédien et griot Sotigui Kouyaté, décédé en avril dernier. Les Kouyaté, c’est une grande famille de griots - les dépositaires de la tradition orale en pays mandingue - qui a fait et continue de faire énormément pour le développement social et culturel au Burkina.

Moments inoubliables

L’ambition du festival est d’être un moment d’échange autour du conte et de l’art de la parole, entre l’Afrique et le monde. Il s’agit aussi de sauvegarder le patrimoine oral d’Afrique de l’Ouest. Cette année il réunissait des conteurs du monde entier : Burkina, Mali, Togo, Bénin, Congo, Côte d’Ivoire, Niger mais aussi France, Brésil, La Réunion et Vietnam ! À noter que le festival n’aurait pas les moyens de fonctionner sans les festivaliers, essentiellement français, qui viennent y suivre des stages ou tout simplement assister au festival, et financent ainsi l’essentiel de l’organisation. L’accueil y est chaleureux, l’hospitalité légendaire, le rythme… africain (Vous les Occidentaux, vous avez l’heure, nous les Africains, nous avons le temps.) 48

Le festival se déroule en grande partie à BoboDioulasso dans la cour du centre Djelyia(2), autre initiative des Kouyaté, mais les moments les plus magiques restent pour nous les étapes dans les villages : Noël à Pâ, un petit village sur la route Ouaga-Bobo, de la veillée assis autour du feu sous un ciel majestueux jusqu’à l’inauguration de l’antenne de la Maison de la Parole par le chef coutumier, casquette OBAMA vissée sur la tête, sans oublier les magnifiques paysages embrumés au lever du jour. Et puis la soirée à Koumi, très beau village où les anciens ont conté une heure durant en bobo, la langue locale, à la lumière des bougies traditionnelles et sans que ni les festivaliers ni les organisateurs africains ne comprennent un mot ! La parole fut ensuite remise aux conteurs du festival, cette fois en français immédiatement traduit en dioula par François.

Et si, à plusieurs, on réussissait ?

Au sein de la Maison de la Parole, François coordonne également le réseau Afrifogo, qui vise à fédérer et soutenir les acteurs du conte d’Afrique de l’Ouest. Les conteurs du Niger, du Mali, du Burkina, et bientôt de Côte d’Ivoire, du Togo et du Bénin, prennent conscience de la nécessité de s’unir à l’échelle du sous-continent ouest-africain. Nous avons profité du festival pour en rencontrer les différents représentants, les aider à mettre en place le blog de la plateforme(3) et réfléchissons ensemble au rôle que pourrait jouer l’association Melando dans la diffusion des conteurs à l’international, une


tournée dans les pays francophones restant un des moyens efficaces pour les artistes d’assurer l’autonomie et la pérennité de leurs actions en Afrique. Car, à l’opposé de l’image véhiculée par les médias occidentaux, nombre d’artistes africains souhaitent venir travailler ponctuellement en France mais pas s’y installer. Ils savent que l’eldorado occidental est une illusion et souhaitent participer au développement éducatif, social et culturel de leur pays. Ils financent des centres culturels pluridisciplinaires dans leur village d’origine, mettent en place des bibliothèques où l’on peut consulter des recueils de contes et de la littérature africaine, etc. C’est ainsi que plusieurs générations de conteurs africains - l’ouverture mentale des artistes aux autres pays d’Afrique est telle qu’il est bien plus logique de parler d’artiste africain que d’artiste européen par exemple travaillent ensemble à défendre leur histoire, à se réapproprier et à faire vivre leurs traditions pour mieux s’en servir face aux humanitaires paternalistes et aux mensonges néocolonialistes version Sarkozy ("Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire", discours de Dakar, 26 juillet 2007).

Vers où regarder ?

L’ampleur de la tâche est immense. Pour s’en rendre compte, il suffit de rester quelques jours dans une capitale comme Ouagadougou. Les structures traditionnelles que nous avons pu découvrir dans les villages y ont disparu. Le

don/contre-don, la solidarité et l’entraide font mauvais ménage avec le capitalisme sauvage. Les inégalités sont abyssales. Dans certains quartiers, des cases bricolées avec des matériaux de récupération côtoient d’énormes demeures gardiennées et à la végétation luxuriante. La jeunesse fantasme devant la décapotable d’un ancien du quartier qui revient parader. Le soir, la télévision remplace les veillées contées, les anciens ne sont plus écoutés. C’est le moment et l’espace de la transmission qui ont disparu, ouvrant la voie à la perte des repères et de l’identité, bien plus grave que la faiblesse des moyens financiers. À partir de la culture, on peut toujours reconstruire, inventer, créer. Mais que se passe-t-il quand on détruit la culture ? Deux options en Afrique : rêve occidental ou repli religieux.

Convergences

Nous qui nous battons en Europe face à la sectorisation de l’administration, au corporatisme et au cloisonnement du milieu culturel et de la société en général, pour des projets pluridisciplinaires, politiques, sociaux et culturels à la fois, pour la construction d’alternatives au triste choix qui nous est proposé entre marchandisation du monde et repli identitaire (en matière artistique c’est le

choix entre produit culturel et représentation folklorique dénuée de sens), nous nous sommes souvent sentis en phase avec le discours des artistes africains que nous avons rencontrés. La plupart conçoivent l’art comme un moyen d’intervention sur la société, un outil d’action politique et sociale. Nous allons essayer de faire un bout de chemin avec certains d’entre eux, notamment avec l’équipe de "La part de Bilissi"(4), une création contée à partir d’une légende mandingue sur la nécessité de la résistance, qui verra le jour en mars à Ouagadougou et que nous espérons pouvoir présenter dans la région. Marie et Jérôme, pour l’association Melando Photos : Melando www.maisondelaparole.org www.djeliya.fr.st (3) afrifogo.wordpress.com (4) www.melando.org/lapartdebilissi (1) (2)

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Printemps 2011

L’étincelle Dans le numéro 17 de l’Aigoualité vous avez pu lire la belle histoire de la première Communauté de communes de France à apprendre le vivre ensemble, j’ai nommé "Autour d’Anduze". Le feuilleton commence par un premier rebond, celui des vœux de Nouvel an organisés par Monsieur Roustan, maire d’Alès, le Sous-préfet d’Alès et une trentaine de notables en gare du Petit Train Cévenol à Anduze, vous l’avez sans aucun doute vu, lu, entendu, sur le net, la radio la TV, les journaux. L’important, c’est le contexte et la suite.

Préambule

Mais avant tout, une précision : la polémique qui vient à propos du comportement du Chef d’Escadron de la Gendarmerie d’Alès et de sa dextérité à manipuler "l’extincteur" chargé de gaz lacrymo sur une foule, familiale, bon enfant et, Oh ! combien, pacifique, pendant que ses confrères, un instant interloqués, ont aveuglément suivi le chef et joué de la matraque, ne doit pas faire oublier ce qui se joue derrière. "On nous a flytoxés comme si nous étions des mouches" dit, aveuglée et stupéfaite, une septuagénaire coupable de vouloir que ses petits enfants puissent prendre leur avenir en main. Pendant ce temps, pas un seul des "invités" spectateurs - à l’abri dans les wagons - ne s’est interposé ! Curieux ! Lors de l’émission de Daniel Mermet "Là-bas si j’y suis" un auditeur assurait que des consignes avaient été données pour que cette manifestation dérape, dans le but de discréditer les opposants à la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), la Réforme des Collectivité Territoriales est un gros chapitre de cette RGPP. Dérapage plutôt contreproductif ! Cette polémique va donc chercher à noyer le bébé. Il ne faut pas se laisser piéger par ce brouillard. Cela ne peut que freiner la compréhension, le décryptage de cet événement.

Le contexte

Tout cela se joue, avec en perspective la Réforme des Collectivités Territoriales votée au forceps par le Parlement en novembre 2008 (258 voix contre 219), adoptée le 16 décembre 2010, 50

la loi prendra effet en 2014. Les Préfets ont déjà leur feuille de route. Des projets de regroupement des Communautés de communes, et leur rattachement à des Communautés d’agglomération, censées être une locomotive économique, doivent être étudiés à la mi-mars par les élus locaux et soumis à arbitrage préfectoral. Nous nous retrouvons littéralement noyés dans les textes de cette loi réformante qui va modifier de fond en comble l’architecture actuelle de la répartition de pouvoirs les plus proches des Français. Il suffit de voir les conséquences de la simple fusion des Anpe et Assedic, les chômeurs qui en ont fait les frais comprendront. Multiplions les effets immédiatement perceptibles par - mettons modestement - un facteur 100, et encore il s’agissait de deux administrations sans pouvoirs politiques. Certes il fallait émonder et clarifier ce qu’on appelle le mille-feuilles des politiques locales. Mais le faire à la hache, sans concertation, est-ce prudent ?

Les décisions les plus voyantes

3.400 Conseillers Territoriaux remplaceront les 6.000 Conseillers généraux et régionaux actuels. Ces CT seront tous bivalents région et département. - Rationalisation du dessin de la carte intercommunale, métropolisation - Regroupement des départements, ceux des Régions "unifiées" passeront de 22 à 15. - Élection au suffrage universel des membres de l’Assemblée délibérante des groupements de Communes - Renforcement du pouvoir des Préfets. Bref, c’est le grand chambardement. Première conséquence : la course aux bonnes places. Quelques maires, plutôt arrivistes, se précipitent pour faire partie ou organiser des fusions plus ou moins saugrenues, comme envisager de mettre sous la même houlette Quissac et Lasalle... Pourquoi pas la Vallée Borgne et Vézenobre, ou Nimes et Monoblet ? D’où une ruée pour tenter se tailler de nouvelles baronnies. Tirant à vue sur les fragments de feu le Conseil général, car même si les textes ne le décapitent pas, la logique de la RGPP entraîne automatiquement la disparition des départements.


Autour d'Anduze La suite

Tout n’est pas à jeter dans cette réforme, mais tout n’est pas de bon aloi pour l’avenir de la démocratie. Pour Geneviève Blanc, élue du Conseil général, "Quand je vois la tendance qu’ont les élus à accepter les diktats préfectoraux, je me demande si, avec leurs nouveaux pouvoirs, nous aurons encore besoin d’élus, le Préfet pourra se comporter en Gouverneur Régional". Pour Alain Beaud, Président de la Communauté de communes "Autour d’Anduze" : "Avec cette Réforme on s’attaque à une clé de voûte de la démocratie, on ne peut pas améliorer, perfectionner le fonctionnement des pouvoirs locaux, sans une vision de l’art de vivre ensemble, et sans une cohérence culturelle et géographique". Et pour J.F. Kennedy, "À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on favorise les révolutions violentes". Comme un souffle de l’Histoire, partout hommes et femmes aspirent à prendre leur destin en main ou, à tout le moins, à participer aux choix de leur chemin d’avenir. On a envie d’y croire. Pendant que je mijotais

cet article j’ai lu "La Voie" d’Edgar Morin (éditions Fayard). Sociologue et philosophe, son thème de recherche - la Complexité l’a entraîné à travailler avec des spécialistes d’autres disciplines : économie, organisation du travail, cosmologie, écologie, évolution des peuples, enseignement, villes et campagne. Tout est lié, tout est interdépendant. Pour lui, et il n’est pas seul, "Tout est à réformer et à transformer. Mais tout à déjà commencé sans qu’on le sache encore. Des myriades d’initiatives fleurissent un peu partout sur la planète. Certes elles sont souvent ignorées, mais chacune sur sa voie, apporte reliance et conscience ; travaillons à diagnostiquer, à transformer…" Nous avons à bien choisir notre réforme, et ne pas s’engluer dans celle que l’on nous impose. Et, revenons au ras des pâquerettes : les 20 et 27 mars ce sont les élections cantonales, alors testez-les, questionnez-les, et choisissez, en votre âme et conscience. À Saint-Chaptes, au Vigan, et à Saint-Mamert. Janine Delaunay

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Printemps 2011

B ogue qui pique Vidéo publiée par ZIMPROD, visible sur AigoualiTV.

21 janvier 2011

Il jouera un rôle, plus tard.

Bon, allez m’sieurs dames !

Les enfants accourent,

- Démocratie !

Faut bouger maintenant !

pour la manif.

- "Autour d’Anduze" !

Oh ! Il a une lacrymo celui-là.

Tout le monde est là.

Ah ! On se serre la pogne.

- Y pue vot' déodorant !

En famille...

Sourires complices...

Un collègue vient vers moi.

Remarquez l’homme au centre...

Tchouc tchouc !

C’est celui de tout à l’heure.

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Décryptage

Autour d'Anduze

- Faut que j’te cause.

Et j’balance la sauce...

Wouff

- Ouaip.

C’est qu’y sont nombreux...

- Kesta ? T’en veux encore ?

- On arrose.

Pssshhhhhhhhhhhhhhhhhhhh

- Pas de problème.

- OK.

Hop, toi là !

Pshhhhh...

- À plus.

Dans la poire...

shhhhhhhhhhhhh...

Pshhhhhhhhhhh

Pshhhhhhh

shhhhhhhit ! 53


B ogue qui pique

Printemps 2011

- Allez ! Aux suivants !

Panique générale...

Schtock ! "Aah ! Ma jambe !"

Tin tin tintin tintin tintin tintin

- Rhaaaaaah !

Bouhh... Kof kof kof...

Tin tin tin, tin tin tin

À gauche de l’image,

...

- Hop toi, là. Te cache pas.

le gendarme lève sa matraque.

Ouille, l’hématome...

Le p'tit train et son chargement partiront finalement sous les huées de la foule aux cris de Nazis ! Fachos !

Lettre ouverte au commandant Warrion Monsieur le Commandant, j’aimerais connaî tre la motivation qui vous a poussé à me casser la figure. Vous ai-je agressé ? Ai-je agressé l’un de vos gendarmes ? Ou, est-ce que c’est parce que j’ai réussi à récupérer et jeter au loin l’aérosol lacrymogène avec lequel vous arrosiez copieusement des mémés et des élus ? Lorsque vous m’avez frappé le visage à poings nus, la main ornée d’une belle chevalière, j’étais ceinturé par plusieurs gendarmes et je ne représentais aucun danger ! N’était-ce pas une réponse disproportionnée à une attaque qui n’a pas eu lieu ? Dans ce cas 54

Photo et lettre publiées avec l’accord de M. Julian.

G.K.

Le 24 Janvier 2010

vous m’auriez interpellé. Cette violence à mon égard était gratuite. Je suis ébranlé dans la confiance que j’avais, comme tout citoyen normal, dans votre mission. Si d’homme à homme, je pourrais accepter des excuses de votre part, si vous m’en aviez formulées, en tant que citoyen, j’estime qu’il est de mon devoir de porter l’affaire devant la justice. Respectueuses salutations

Louis Julian

Vigneron à Ribaute les Tavernes depuis plus de 30 ans. Allée des Tilleuls, 30720, Ribaute les Tavernes


Cantines bio ? Lors du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à introduire 20% de produits biologiques dans les cantines scolaires à l’horizon 2012. Aujourd’hui, nous comptons moins de 2% de bio dans les écoles. Pour appeler les élus à rattraper cet immense retard, le WWF-France lance la deuxième édition de sa campagne "Oui au Bio dans ma Cantine". La campagne se déclinera de décembre 2010 à juin 2011, d’événements festifs en actions citoyennes. Mais surtout, cette mobilisation sans précédent s’attachera à donner aux décideurs des solutions concrètes pour les aider à mettre toujours plus de bio dans les cantines de nos enfants. Le mouvement s’amplifie. Citoyens, élus, restaurateurs, prenez part à la mobilisation. À Ganges, c’est l’Assembblée Citoyenne Permanente qui s’est mobilisée sur cette question, et sur d’autres. Elle se réunit chaque premier samedi du mois non férié à partir de 17H, à la salle de l’horloge de Ganges, pour débattre, mettre en place des actions, et faire le point sur celles qui sont en cours. Les réunions sont ouvertes à tous. G.K. acp-34sudcevennes@yahoogroupe.fr

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B ogue qui pique

Printemps 2011

Le gouvernement n’aime pas le bio Encore une mesure passée inaperçue pendant Noël et les fêtes de fin d’année. Occasion rêvée pour faire passer un amendement* prévoyant une réduction de 50% du crédit d’impôt aux agriculteurs convertis au bio. Ce crédit d’impôt constitue pourtant l’unique dispositif d’aide pour les petites exploitations biologiques. Une décision en parfaite contradiction avec les engagements du Grenelle de l’environnement qui prévoit dans son article 31 de "favoriser la production et la structuration de cette filière pour que la surface agricole utile en agriculture biologique atteigne 6% en 2012 et 20% en 2020." Avec un peu plus de 2% des surfaces agricoles en bio en 2010 selon les derniers chiffres, la France est à la traîne de toute l’agriculture bio européenne. Pour la Confédération paysanne, l’association Nature et progrès et la Fédération nationale de l’agriculture biologique, il s’agit d’une "mesure drastique à l’échelle des fermes", contre un "crédit d’impôt qui avait comme principal mérite de remettre un peu de justice dans l’attribution des aides, notamment parce qu’il ciblait surtout les petites structures qui n’en percevaient pas ou très peu". Rigueur, vous avez dit rigueur ? G.K. Source : Angela Bolis, Libération *http://www.assemblee-nationale.fr/13/projets/pl2824.asp#P5517_547224

Notre poison quotidien Marie-Monique Robin, auteur de l’excellent documentaire "Le monde selon Monsanto", remet le couvert avec le film "Notre poison quotidien" qui sera diffusé le 15 mars 2011 sur ARTE, à 20 heures 40. Sur le site de la chaîne, la réalisatrice présente son film. "Dans cette enquête de deux ans, je me suis attachée à comprendre comment fonctionne la réglementation des poisons chimiques qui contaminent nos aliments: pesticides, additifs et emballages alimentaires. Je dis bien "poisons" et "contaminent", car si ces substances ne présentaient pas de "risques" pour la santé humaine, nous n’aurions pas besoin de réglementer leur usage. 56

D’ailleurs, depuis que ces produits ont envahi la chaîne alimentaire il y a un demi-siècle, les pays dits "développés" ont créé des agences, dont la mission est "d’évaluer le risque" et d’émettre des recommandations aux "gestionnaires du risque" que sont les politiques et les autorités publiques. Les agences de réglementation sont notamment chargées de fixer la Dose Journalière Acceptable (encore appelée "Dose Journalière Admissible", mais je préfère utiliser le terme utilisé par son inventeur, René Truhaut)) - la DJA - qui désigne la dose de poison que nous sommes censés pouvoir ingérer quotidiennement sans tomber malades." Bon appétit ! Et rendez-vous le 15 mars. G.K.


Kits OGM au lycée... Depuis plusieurs années les programmes de "Sciences de la Vie et de la Terre" des lycées prévoient d’enseigner la transgenèse, technique d’obtention des OGM, aux élèves de terminale scientifique (option spécialité bio), et depuis la rentrée 2010 à tous les élèves des classes de secondes générales et technologiques. Cet enseignement propose des travaux pratiques portant sur la transformation de levures et de bactéries grâce à des kits dont la manipulation exige normalement de strictes précautions d’emploi, notamment en raison de l’utilisation d’un gène de résistance à un antibiotique, l’ampicilline, utilisé en médecine humaine. Devant la banalisation de ces manipulations, le CRIIGEN : * S’inquiète du fait que ce sujet sensible fasse l’objet de travaux pratiques où la transgenèse est présentée comme une technique totalement maîtrisée auprès de jeunes élèves n’ayant pas le recul nécessaire pour apprécier les conséquences et les retombées de telles technologies, * Regrette que le temps imparti à l’enseignement de cette biotechnologie (acquisition d’un savoir "faire") soit pris sur celui nécessaire à l’acquisition de connaissances en biologie et de l’observation (exercice du "regard"), * S’interroge sur les conditions de sécurité dans lesquelles ces expériences seront conduites pour éviter une contamination de l’environnement par les réactifs utilisés et les produits obtenus lors des séances de travaux pratiques, et s’interroge sur l’équipement de stérilisation, d’autoclavage ou de décontamination des lycées, * Se questionne aussi sur la violation des directives européennes encadrant les manipulations des OGM en espaces confinés. En attendant une information transparente et contradictoire sur les risques, le CRIIGEN propose un moratoire sur la vente de ces kits à des fins d’éducation dans l’enseignement secondaire. Source CRIIGEN

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Printemps 2011

B ogue qui pique

"Vieux plagiat resucé" Ton président est hongrois Ta première dame est italienne Ta monnaie européenne Ton agneau est néozélandais Ta voiture est slovaque Ton scooter est japonais Ta télé est coréenne Ton citron est chilien Ta crevette équatorienne Ton bœuf est brésilien Tes jouets sont chinois Ta poire argentine Ton melon marocain Ta fraise est espagnole Ton huile d’olive grecque Tes abricots séchés turcs Tes avocats israéliens Ta vodka est russe Le kangourou de ton réveillon, australien Tes paradis sont fiscaux Ton dieu, quand il t’en reste un, est juif

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Ton ail est égyptien Ton café colombien Ton quinoa est péruvien Ta tequila mexicaine Tes centres d’appels sont tunisiens Tes tulipes sont hollandaises Ton téléphone portable est finlandais Tes roses sont kényanes Ta chemise est bangladeshi Ton ballon de foot est taïwanais Ton porc est polonais Ton chewing gum est états-unien Je continue ? L’Etat est en faillite Ton pays crie famine Les agriculteurs crèvent Les travailleurs se suicident Ton gouvernement te pressure Y’a même un ministre qui te parle d’identité nationale Sois toi-même et cherche ta morale Henri Valsemey


É chographie du moment

Printemps 2011

Abstention, piège à cons Attention, passage dangereux aussi bien que délicat, dans les semaines et les mois qui s’annoncent d’ici 2012, les rendezvous électoraux proposés, sinon imposés, aux citoyens sont d’une importance capitale. Dernièrement, un monsieur de 93 ans, Stéphane Hessel, un ancien résistant, un ancien déporté dans les camps nazis, un diplomate qui plus est, a appelé les Français à s’indigner. "Indignez-vous" lancet-il avec calme et pondération. Certes, il y a de quoi au regard du cirque politicomédiatique qui nous est servi depuis quatre ans. Mais cette indignation est-elle suffisante ? Ne faut-il pas plutôt s’insurger ? Mais comment ? Nous ne sommes ni en Tunisie, ni en Égypte, le gourdin, la caillasse et la barricade ne nous conviennent pas, nous sommes ici des nantis dans la précarité, et la seule arme dont nous disposons, c’est le suffrage universel. Après nos années de lucre, nos années de rêve libertaire, le "élections piège à cons" est à remplacer aujourd’hui par "abstention piège à cons". Tel est le constat qui s’impose, arme pacifique, le bulletin de vote n’en est pas moins radical. Tous pourris ! Non, pas tous, mais la pourriture est à l’œuvre et il nous faut la contrer, nettoyer l’écurie élyséenne et reconstruire la maison de l’État sur des bases plus saines. L’autre soir, l’homme qui nous sert de Président, s’est complu dans un numéro de représentant de commerce. Des pourcentages rien que des pourcentages, agrémentés de circonvolutions langagières devant un public abasourdi par sa rhétorique. La presse, la libre, est unanime, ce face-à-face avec les Français n’a été que la énième répétition de promesses déjà formulées mais jamais tenues. Cela suffit, à la fin ! Alors oui, nous voilà au seuil de rendez-vous électoraux essentiels, les présidentielles, les législatives, c’est là que se situe le combat. Les cantonales en sont le premier volet, s’abstenir c’est démissionner, c’est abandonner dans le tiroir de la commode la seule arme dont nous disposons. Alors oui, aux urnes citoyens. Robert Destanque

Propaganda rêva 20 millions d’euros, dont 90% payés par les contribuables, c’est la somme qu’a déboursée AREVA pour produire et diffuser 1500 fois en trois semaines son dernier spot publicitaire TV. Une revisitation virtuelle de l’histoire de l’énergie depuis l’Antiquité qui présente bien sûr le nucléaire comme la panacée ultime. On s’en étoufferait... Réalisée en collaboration avec l’agence de publicité, Euro RSCG C&O, cette campagne, dont l’achat d’espace a coûté 15,5 millions d’euros brut sur la somme totale, frise le ridicule tout en distillant une désinformation savamment orchestrée. En réaction, le réseau Sortir du nucléaire a produit un contre-spot*, de ce film mascarade. Le réseau SDN a également porté plainte auprès du Jury de Déontologie publicitaire le 14 janvier dernier. Verdict le 18 février. G.K. * Visible sur AigoualiTV

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Printemps 2011

C huut !

Une nouvelle rubrique consacrée à l’univers de la surdité. Pour l’ouvrir, découvrons un métier qui se situe entre deux univers : l’interprète en langue des signes.

Interprète en langue des signes, pourquoi faire ? À la question fréquente, "Quel métier faites-vous ?", les interprètes en LSF (Langue des Signes Française) répondent logiquement : "Interprète en français et langue des signes... La langue utilisée par les sourds...". Ce à quoi il leur est en général rétorqué : "Ah, oui ! Vous êtes éducateurs, ou répétiteurs, et vous êtes bénévoles...", ou bien encore : "Ah ! La langue des signes, c’est joli... C’est vous qui gigotez dans le médaillon ?..." Tentons donc de dissiper les malentendus et de comprendre ce drôle de métier !

Un métier complexe

Aujourd’hui ce métier regroupe 300 interprètes diplômés (Bac+5, Master2) sur le territoire pour une population sourde pratiquant la langue des signes de 300 000 personnes. Les missions d’un interprète en LSF sont de traduire d’une langue à une autre en respectant fidèlement le discours des locuteurs, de ne pas intervenir dans le dialogue, et de garder le secret professionnel. Cela s’appelle le code déontologique. Même s’il fut prouvé par les linguistes que la langue des signes regroupait tous les paramètres linguistiques complexes d’une 60

langue, cette langue reste liée à un handicap, à une déficience de communication, cette langue n’est pas écrite dans des livres, ce qui peut poser un véritable problème pour sa reconnaissance sociale. Dans la réalité, la langue des signes n’est toujours pas reconnue, même si elle le fut légalement en 2005. Alors que les interprètes en LSF exercent exactement le même métier que ceux qui le font dans une autre langue. L’une des spécificités des interprètes en LSF est d’interpréter pour des personnes qui ne sont pas étrangères et qui vivent sur leur territoire. La différence fondamentale entre un interprète en LSF et celui d’une autre langue


Son rôle est donc de permettre les échanges de pensées, en transmettant dans une langue un message prononcé dans une autre. Rien de moins. C’est ici qu’il diffère de "l’âme charitable" qui prête son concours à une situation où les intervenants se comprennent mal, rien de plus. C’est ICI qu’il se distingue du travailleur social qui doit personnellement intervenir dans les problèmes des sourds, tenter d’y remédier, entreprendre des démarches, donc agir à leur place, tandis que l’interprète n’agit que sur la forme de la relation, laissant aux personnes concernées le soin de régler leurs problèmes. Benoît KREMER, interprète de conférence, membre de l’AIIC est basée sur ce qu’il traduit. En effet, comme le pays des sourds n’existe pas, qu’il n’a ni bannière, ni hymne, la surdité et la langue des signes sont les seuls drapeaux de la communauté sourde. Cette particularité positionne ce métier dans un registre différent de celui de l’interprétation classique. L’interprète doit jongler, il se doit d’avoir une forte disponibilité mentale car il doit, non seulement traduire, mais régulièrement rétablir le statut des deux langues qui n’est pas équivalent. Il s’agit ici, plus que d’une interprétation littérale du discours, de pallier les nombreuses déclivités culturelles qui sont courantes dans le passage d’une langue à une autre et dans la rencontre d’une culture avec une autre. Les rapports entre une communauté minoritaire et majoritaire ne sont pas toujours faciles et l’interprète en LSF se trouve à cette intersection. Ses choix, son idéologie, son éthique seront souvent malmenés d’une manière ou d’une autre.

Un métier original et passionnant

Les interprètes en LSF permettent la rencontre et c’est là que se situe l’intérêt de ce métier. Ils traduisent aussi bien pour les sourds que pour les entendants qui sont en contact avec des sourds, partout où les sourds ont un besoin sérieux de communiquer et de recevoir l’information : Universités, formations, réunions de travail, hôpitaux, entreprises, associations, services sociaux, services judiciaires, psys, conférences, théâtre, télé, musées, scrapbooking,... la liste serait trop longue. Les relations humaines, le jeu de rôle que les interprètes endossent, la richesse de la langue des signes - langue iconique toujours en mouvement qui engage le corps et le regard – rendent ce métier passionnant. La passion pour la langue française, aussi, maintient les interprètes dans une effervescence permanente. La mission de l’interprète est d’établir le contact, d’être un pont, d’offrir l’accès aux savoirs, à la connaissance, et de prouver par là-même que les sourds ne sont pas silencieux. Sophie Bergé-Fino

- Pour apprendre la Langue des signes avec un professeur sourd dans la région : Visuel-langue des signes L-R, 28 bis, rue Balard 34000 Montpellier. Insc.ou infos : lundi, mardi et jeudi de 14h à 17h30 - 04 67 71 63 17 visuel.lsf.lr@orange.fr http://www.visuel-lsf.org - Websourd - Toute l’information en LSF : www.websourd.org - Musée Fabre : visite guidée en LSF et d’autres infos Culture Sourde à Montpellier sur www.montpelsign.fr - Émission documentaire en LSF : L’Oeil et la main - www.france5.fr/oeil-et-la-main/

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Histoire vraie La révolution de jasmin et la bonne terre... Tous les médias en parlent, le peuple tunisien comme celui d’Égypte est en route vers la démocratie. Le Maghreb bouge, l’histoire est en marche...! Ali Baba est parti, mais pas encore les quarante voleurs, soyez vigilants mes amis, ils sont forts ces voyous...!

À vos plumes Je commence donc mon tournage. Nous rions beaucoup, tout le village est là, et la journée se passe merveilleusement. Je décide de revenir le lendemain matin pour compléter le reportage...! Le jour suivant est prévu pour mettre en images les endroits où Yacine va chercher sa terre comme le faisaient son père, son grand père, et le papa de celui-ci... Je m’étais posé la question en traversant cette île, que compte tenu de la sécheresse des sols, il devait y avoir un secret. D’où venait cette argile ?

Notre histoire vraie, cette fois, commence à Djerba. Il y a trois ans j’y réalisais des reportages pour une société de pompes à chaleur qui séjournait en Tunisie pour un séminaire. La semaine était coupée en deux : une partie très besogneuse, et quelques jours, mérités, de vraies vacances pour clore le séjour. Grand week-end de temps libre, idéal pour moi d’aller glaner des images pour illustrer mes documentaires à moindres frais, le séminaire finançant le séjour et l’avion. Je suis donc parti à l’autre bout de l’île, caméra au poing, pour mettre en boîte Yacine, un jeune potier dont on m’avait parlé, héritier d’un savoir-faire ancestral. Le jeune homme aux doigts d’or. Je fais donc connaissance avec ce génial artiste. Il est fort gentil, je lui propose un troc : réaliser un DVD sur son travail, qu’il pourra vendre aux touristes, en échange de quelques heures pour se mettre en scène et tout m’expliquer sur la renommée des potiers de cette île. Il est ravi, et moi aussi.

La charrette attelée, le baudet apparemment de bonne humeur, nous quittons le village, traversons des oliveraies et deux heures après nous arrivons au sommet d’un monticule parsemé de cailloux. Là, sont creusées de nombreuses galeries laissant à peine le passage d’un homme... Je suis au premier abord émerveillé par la belle couleur rose de ces entrées et l’agréable fraîcheur qui monte des galeries alors que le soleil commence sérieusement à plomber. Je suis content, l’endroit est beau, je vais me régaler à tourner ces images. Yacine allume une torche bricolée avec des morceaux de palmiers pour nous éclairer dans la descente... La première impression passée, je réalise que la pente est très raide, le couloir se rétrécit énormément et, le comble, les galeries ne sont étayées en aucune manière... Pas le moindre morceau de bois pour soutenir ces tonnes de terre au dessus de nos têtes. Je commence à avoir peur... Je n’ai jamais trop aimé les grottes et la spéléologie n’est pas mon fort.

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retourne, remalaxe et enfin, il peut travailler cette glaise qui deviendra vase, cendrier, bougeoir ou petit chameau. Les touristes les marchanderont dans les souks, pour gagner quelques dinars et les montrer comme trophées, en annonçant à leurs amis qu’ils ont "fait" la Tunisie cette année...

Au fur et à mesure de la descente, tout s’assombrit et les lueurs de la torche dessinent des figures inquiétantes sur les parois. Avant de pénétrer dans l’immense cavité totalement obscure, je stoppe la progression de notre descente en prétextant de faire un plan intéressant, une image forte. En fait, je gagne du temps pour apprivoiser mon angoisse montante. "Yacine, dis-moi, cela arrive-t-il que ces galeries s’écroulent ?" Avant de me répondre, il sourit, puis s’assied sur son seau et me dit ; "Tu sais Jean-Claude, chaque année, dans chaque famille un ou plusieurs potiers terminent leur vie ici, et ça dure depuis toujours. Quand le baudet rentre seul au village le soir venu, cela signifie que le plafond de la galerie s’est écrasé au sol et qu’il n’y a plus rien à faire, la terre qui l’a nourri lui offre sa dernière demeure." À cet instant, je décide de réaliser mes images sans descendre plus bas. Oui, c’est mieux. Pourquoi aller plus profond ? Et puis, dans la galerie c’est trop sombre de toute façon... Ces caveaux de terre peuvent atteindre 30 mètres. Yacine y descend, remonte un seau de terre sur son épaule, le verse sur la charrette, puis redescend, gratte les parois encore une fois, remonte, redescend. Il joue son rôle pour ma caméra, et s’en amuse... Il y va tellement souvent dans ces drôles de grottes, et depuis tout petit, il a toujours accompagné son papa, son tonton, son grand-père... Il a toujours fait ça, lui. Normal qu’il ait moins peur que moi. De retour dans l’atelier, une pièce d’à peine quatre mètres carrés, il malaxe, mouille, pétrit, mélange,

Quand les pièces sont façonnées, il faut les cuire pendant deux jours. Alors, le potier se transforme en bûcheron, il scie des vieux troncs récupérés, les fend et alimente son four. Un four enterré lui aussi, creusé derrière le minuscule atelier, puis il descend à l’intérieur pour les disposer... Plus tard, il les vernira avant de les livrer, pour un prix dérisoire, aux grossistes en poterie... Ah ! j’oubliais, j’ai tourné ces images avec une petite caméra amateur car en arrivant la police m’avait confisqué la mienne, elle était trop grosse. Les journalistes et les cameramen n’étaient pas les bienvenus en Tunisie il y a encore peu de temps... Des fois que des informations sortent du pays... Le pauvre Abdel, représentant sur place le tour operator a dû se battre comme un lion, quotidiennement, pour la récupérer pendant toute la durée de mon séjour. Ce jeune homme acharné allait tous les jours négocier avec les représentants du ministère du tourisme et de l’information pour essayer de faire retirer les scellés sur ma caméra bloquée en douane à l’aéroport. Vous vous en doutez, j’ai généreusement remercié mes deux copains, mais je ne suis pas sûr que le petit pécule que je leur ai laissé pour leurs services n’ait pas été ponctionné en partie par un flic véreux... Bah, il faut bien que tout le monde vive, comme disait le bourreau. Comme ils doivent êtres heureux mes amis tunisiens aujourd’hui. Ils n’ont pas de jet pour me balader, mais j’irai les voir bientôt et filmer la pousse du jasmin... Jean Claude RICHET Baroudeur de l’image

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À vos plumes

Authentique l’unique, bref l’authenticité des êtres et des choses ! Par bonheur, certains individus, parce qu’ils choisissent de passer leurs vacances dans la région, ont quelques chances de redevenir authentiques. En effet, les instances économiques et politiques ont décidé [je cite] de "mieux exploiter, du point de vue touristique, le potentiel d’un territoire à l’authenticité préservée" ! Elles ont même pris des "contacts positifs pour vendre à l’international" cette destination définie [je cite à nouveau] comme "un tourisme à vivre, avec toute l’authenticité des Cévennes".

Je prends un verre, assis à la terrasse du belvédère qui domine toute cette vallée cévenole et d’où la vue, portant plus loin à l’est, devine les paysages de la garrigue et les grands à-plats des champs de serres qui miroitent au soleil. Dans la vallée elle-même, les cultures d’oignons épousent les sinuosités des traversiers et des pentes sur lesquelles les murs de soutènement ont été montés. Ici et là, la tache bleue d’une piscine individuelle tranche sur les verts jaunis de la végétation et le brun oxydé des schistes.

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Je viens de lire sur un prospectus qui traîne sur les tables, que je suis assis devant un paysage authentique, et que je ne saurai trouver à manger, tout au long de mes parcours cévenols, autre chose que des produits authentiques. En tout cas, si les montagnes que je vois partout autour de moi sont en carton-pâte, c’est rudement bien fait ! J’augure donc que les gens que je vais rencontrer, marqués par leur environnement, nourris de produits d’ici, se baignant dans les eaux descendues directement de la montagne sauvage pour remplir leur piscine, vont montrer dans leurs propos et leurs comportements, une authenticité que la vie artificielle, la corruption et les pollutions urbaines ont bien entendu depuis longtemps effacée chez les citadins. Ici, pas de ces conventions de société et de ces habitudes superficielles qui tuent le naturel, l’originalité,

C’est l’âme des habitants, le cœur des montagnes et le ventre des villages, tout cela mis à nu comme la Vérité, que le touriste admiratif et subjugué va pouvoir rencontrer lors d’un week-end de rafting, un stage de canyoning, une semaine de parapente et d’ULM, des descentes de quad ou de trial. Dans son dictionnaire, Robert donne à authentique, comme termes de sens approchant : assuré, avéré, certain, établi, exact, incontestable, indéniable, indiscutable, indubitable, juste, naturel, réel, sincère, sûr, véridique, véritable, vrai. Les contours de l’authenticité sont-ils donc si difficiles à saisir, qu’il faille tant de termes pour la définir ? Peut-être suppose-t-elle ces qualités de pudeur et de modestie qui font que moins on en parle, moins on l’utilise à tout bout de champ, moins on commercialise l’authenticité, et plus on a quelques chances de la rencontrer aussi bien chez les Cévenols que dans la splendeur des terres de ce pays. Yves Jaffrennou Écrivain photographe Exposition Bruits d’eaux à l'Hôtel de la Condamine Du mercredi 27 au mercredi 4 mai Rue Emmanuel d’Alzon Tlj de 15h. à 19h. Le WE à partir de 10h jusqu’à 13h. Vernissage 26 avril à 18h. Mon billet, Le mot du jour passe sur Radio Escapades le jeudi dans Tam tam de 12 à 13h et de 19 à 20h, et le lundi et le vendredi sur Radio Grille ouverte d’Alès.


À cœur ouvert SUPPLIQUE POUR UNE CALADE* Je les ai entendus. C’est de moi qu’ils parlaient. Ils ont dit : Il faut raser ce mur Ce ne sont que des pierres ! Pourquoi tant de passion Pour ces quelques cailloux ! Alors c’est tout mon corps Qui s’est mis à trembler. Ils ont brisé l’échine De mon mur séculaire. Avec violence, ils ont Désossé une à une Les pierres de mon flanc. Un tas immonde, ils en ont fait. Ont-ils un jour cherché À savoir, à comprendre ? Une à une criaient mes pierres Sous le choc. Ils n’ont rien entendu, Ils n’ont rien ressenti. Pris d’avide folie, Ils n’ont pas vu mes pierres Côte à côte blotties, Derrière elles,

Les yeux au bout des doigts, Les mains, Qui les avaient choisies. Ils n’ont rien voulu voir, Ils n’ont rien ressenti. Ils n’ont rien entendu Ils n’ont pas entendu Dans les petits matins, Sur mes pavés gelés Les sabots des enfants Se rendant à l’école, Ils n’ont pas entendu Dans les tièdes soirées Des mois de fenaison Les joyeuses chansons Des filles de vingt ans En habits des dimanches S’envolant vers la fête Ils n’ont pas soupçonné Tous les serments d’amour Murmurés tendrement À l’abri de mon mur. Ils n’ont jamais perçu

Durant les nuits sans lune Glissant contre mon flanc, Silhouettes fuyantes, Les souffles retenus Des jeunes Résistants ! Ils n’ont pas vu passer Les cortèges funèbres, Jupes d’alpaga noir, Chapeaux de feutre gris, Les épaules courbées Sous les cercueils de chêne Et les genoux fléchis. Ils n’ont pas entendu Les pleurs et les sanglots De ces veuves trop jeunes ! Pourquoi tant de mépris Pour cette terre belle ? Ils n’ont rien entendu Ils n’ont rien ressenti. En massacrant sans honte L’âme de ce pays. Mme Arlette MANTES 30170 CROS 04 66 77 93 10

* Il s’agit là de la Calade du Mas de Boissière au hameau du Pouget sur la commune de Cros. Calade, bien public, dont le mur de soutènement a été détruit pour permettre la construction d’un garage privé. La parcelle servante où a été construit le garage n’est pas enclavée. Le propriétaire peut très bien y accéder par son entrée principale sans détruire ce mur. D’autre part l’article 653 paragraphe 3 du code civil stipule «Un mur de soutènement n’est pas un mur de clôture et ne peut être considéré comme un mur mitoyen». Il n’a pas été stipulé sur la demande de permis que la voie d’accès était une calade encadrée de deux murs de pierres sèches d’une épaisseur de 60 à 80 cm. Il n’est pas question d’interdire l’évolution de la commune mais de l’autoriser dans le respect de notre patrimoine et la conservation de son cachet et de son authenticité. Cette calade est un chemin de pays (balisé en orange) dont l’objectif est la découverte d’un cadre de vie cévenol. Les chemins, les drailles, les raccourcis, les calades restent des voies symboliques, traits d’union pour les Cévenols qui allaient à pied les uns vers les autres. Les calades et leurs murs de pierres sèches font partie intégrante de notre Patrimoine Vernaculaire. Même en mauvais état, le premier acteur de leur conservation reste la commune (ce que semble ignorer une partie du Conseil municipal). La stupéfaction et l’émotion sont grandes devant cette destruction pour les Cévenols riverains et autres attachés à leur patrimoine. Ce patrimoine est utile à la qualité de notre vie et reste le témoin de notre histoire pour les générations à venir. Si petit, si discret peut-il paraître, il mérite notre respect. Que chacun de nous reste attentif et vigilant afin que de tels actes ne se reproduisent plus. Nous souhaitons que les services concernés du département que nous avons alertés se manifestent afin que cette calade soit réhabilitée avant la prochaine Journée du Patrimoine. 65


À vos plumes

Printemps 2011

Hymne à l’oignon doux de St-André En Pays Cévenol, on le nomme : la Cebe-raïole ou Raïolette En Pays Cévenol C’est une Demoiselle. Tous disent : "Elle est si douce" Quand ils parlent de lui. Son teint est si doré, Sa pelure est si fine, Et sa chair est si blanche Sitôt déshabillée. Elle est sortie du sable Déesse aux hanches rondes, Quelques fils d’or au front En guise de lauriers. Prenez-la dans vos mains, Blottie entre les paumes, Son ventre brillera Si vous la caressez.

Si vous la désirez Dévêtissez-la vite, Le bonheur sera grand Quand vous la croquerez. Entre deux jupons blancs, Glissez une châtaigne, Sur un lit de lard rose, Couchez-la doucement. Le temps de la saisir De la porter en bouche Le moment de plaisir Vous viendra aisément. Après avoir laissé Sa fraîcheur sur vos lèvres, Au contact du palais Échauffera vos sens.

Dans un dernier élan Se donnant tout entière Sa chair viendra craquer Tendrement sous vos dents. Alors votre narine S’ouvrira de délice

Et vous respirerez, Remontant de la terre, Avec l’air des Cévennes, Le parfum sans pareil D’un légume parfait : L’oignon de St-André. Lorsque viendra l’hiver Quand la bise et la neige Fouetteront sans pitié Le dos des Châtaigniers, Assigné par le froid Près de la cheminée, Laissez-la patienter Longuement sous la braise Ou languir doucement Farcie au fond du four. Vous connaîtrez alors La jouissance extrême. Son baiser de velours. Mme Arlette MANTES La Rouvière de Cros 04 66 77 93 10

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Journal d’informations locales édité par l’association “Aigoualité pour tous” N° ISSN : 1967-64-09 – Dépôt légal à parution Directeur de la Publication : Pierre Wyrobnik – Directeur adjoint de la Publication et Rédacteur en Chef : Guillaume Kosmowski - Comité de Rédaction : Robert Destanque, Yves Gallardo, Tihêri Guilleux, Fabienne et Philippe Labrosse, Denise Marsetti, Henri Valsemey, Pierre Wyrobnik Illustrations : Séga, Patrick Mignard, FRK - Agenda :Valérie Robert - Correction : Lita - Pub : lydie.renou@laposte.net Maquette : Tihêri Guilleux - Imprimé en Espagne sur papier recyclé par Rotimpres à 10 000 exemplaires

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J eux

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Cette grille a pour thème les arbres de notre région. Par Yves Marcou Horizontalement I- Arbre à fourches. II- Haute fréquence. Naturelles. IIISoutient à nouveau. Période de chaleur. IV- C’est un cérébral. Affirmation russe. Affirmation italienne. V- Arbre forestier à écorce rouge. VI- Vient de raire. Son nom indique sa forme. Ourdit. VII- Elles ne sont plus dans leur printemps. Relatif à un fief. VIII- Pièce du Japon. Arrêtai. IX- Esclaves à Sparte. Il a fait l’objet de quelques ruées. X- Porteuse de titres. Fatigué. Son huile est prisée en cuisine. XI- Enchâssasses. Situé. XII- Intra-muros.Ventilas. Pourris certaines années. XIIIQui procure un sentiment de quiétude. Verticalement 1- Arbre à soie. Chênes verts. 2- Préposition. Avale sans consonnes. De la neige en été. 3- Arbre à pains. 4- Donnée. Croix de Saint-Antoine. 5- Front breton. Il use son fond de culotte sur les bancs. 6- Petits terrains isolés. Presque taris. 7- La spécialité de paon. Arrêtas. 8- Abréviation à la limite.Ville du Maroc. Europeen Space Agency. 9- Encore inconnues. Le rêve du mâtin. 10- Adverbe. Une bouteille de laque par exemple. Copulatif. 11- Il dessert Paris et sa grande banlieue. Spécialiste d’un équipement de détection. 12- Vient d’avoir. Joli mois. Chaque instant qu’elle nous offre est un pas vers la mort. 13- Relatif à la belle saison. Infligea une punition.

Ça math’muse

Alex dit à Béatrice : "Quand j’avais trois fois l’âge que tu as, tu avais trente ans de moins que l’âge que j’ai, soit la moitié de ton âge actuel." Quels âges ont Alex et Béatrice ? Y.G.

Dada Code

Un mélange de codes simples, pour un message limpide. Mais lequel ? IVVIX – GHVX – IVGHRHVI, IVGHRHVI – GHVX – IVVIX. G.K.

SOLUTIONS DU NUMÉRO PRÉCÉDENT MOTS CROISÉS : Horizontalement I- FACE. SASSERAI. II- ORE. MA. APL. ML. III- LA. FABULEUSE. IVHISTOIRE. DE.V- LA. SOIE. NES.VIOBI. AEREES. VII- RANG. LASSE. VIII- ITE. CO. CRI. IX- RAOUT. LUI. X- URTICAIRE. CAP. XI- IDO. LU. CHAT. XII- JEANCLAUDE. XIIIVES. SUES. ITE.

Verticalement 1- FOLKLORIQUE. 2- ARA. ABAT. JE. 3- CE. INERTIES. 4- FIS. AIDA. 5- MASOS. COCONS. 6- SABTI. LOUA. CU. 7- UOE.TILLE. 8- SALI. ASE. RUAS. 9- SPERMES. LE. 10ELUE. RECU. CDI. 11- NE. RICHET. 12- AMEDEE . AA. 13- IL. ESSE. APTE.

Ça math’muse Les énoncés 1, 2, 4 sont vrais, 3 et 5 sont faux. Dada Code Les choses les plus grandes du monde ont nécessairement commencé par être petites. Lao Tseu

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Les Monteils 30440 Roquedur Visite d’atelier sur rendez-vous Tél : 04 67 82 45 09 06 22 47 32 77 graniermarc@wanadoo.fr www.peintre-graveur.fr

Forêt Gravure sur cuivre 20x15 cm MARC GRANIER : Graveur sur rêves. On le savait… Le bambou pousse aussi en Cévennes. Région bénie ou l’âme se ressource… loin du chaos des villes bruyantes. En Asie l’équilibre est plus qu’une recherche ; c’est un art de vivre. La patience... L’impermanence... La direction... Le début... La fin des lignes… Comme disait Hokukai : "je tracerai un trait, et ce sera la vie"… On l’aura compris, c’est à un voyage lointain que nous convie Marc GRANIER, un voyage qui commence dans son atelier de gravure, en Cévennes… Sur bois, ou l’art de tailler les arbres en nuages, en rivières, en forêts même… Sur cuivre, ancienne technique d’orfèvrerie qui se change en alchimie... Ou linogravure, estampes chaudes sur support glacé… Suspendus au souffle de l’artiste, des kakemonos nous attendent… Tapis dans la lumière. Christine Calligaro


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