MdT-final janvier 2010

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sommaire tentations

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Convoitises !

une sélection d’objets inédits

20Agenda 2010 24Littérature Orientale

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Chronique

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culture Fên

rencontre avec le designer Aziz Sariyer

Théma photographie

Les promeneurs solitaires de l’Orient

54 Une nuit au

Sumahan on Water d’Istanbul

Aimez vous l’Orientalisme ?

30Focus

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les croquis de Zoubeir Turki à la galerie Ammar Farhat

Musiques urbaines Kobba du parc du Belvédère

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art de vivre

60 70 76 82

Dar Kamila

Résidence de l’Ambassadeur de France

Dar Ben Miled

Dans l’imaginaire de Jelila et Farouk Ben Miled

Dar Ben Abdallah En attendant le paradis

Villa Guesnon l’Arabisance perchée

88 94 96 100

106

style Ossature Poétique Meubles d’exception

Iznik Style shopping

Tissus

shopping

Sélection MdT

pour Monoprix Maison

Adresses 9


Directeur de la publication Hassen Sfar Directeur excéutif Ismail Ben Miled

Rédactrice en chef Shasha Atallah

Assistante de rédaction Cyrine Bouagila

Ont collaboré à ce numéro :

Contributeurs

Fériel Lejri et Emmanuel Lafay

Pol Guillard

Remerciements Caravansérail, Prestige Project, Zina, Comptoir d’Amilcar, Khaled Ayed, Zoubeir Mouhli Gestion, marketing et diffusion :

Assistante de rédaction

Direction Commerciale Fakhta Hachicha commercial@femmesdetunisie.com

Conseiller de rédaction

Directeur technique Ben Ziada Abdallah

Bochra Boukef

Ahmed Zaouche

Rubrique Guide objet : Shirine Guiga Directrice artistique Sonia Sfar Karoui

Imprimeur Simpact

Pol Guillard est né le 15 mai 1959 à Charleroi en Belgique. Dès 1982, il est photographe free lance à Bruxelles, puis en Italie dans les années 2000. Il collabore avec de nombreux studios et se consacre pleinement au développement de la photo numérique. Il s’installe en Tunisie en 2006 et travaille sur divers projets. Il enseigne également à l’Institut Supérieur des Arts Multimédia ISAMM.

Emmanuel Lafay

D’origine franco-italienne, Emmanuel Lafay, est né le 10 Août 1980 à Paris. Après des études de physique, il s’adonne tout entier à la photographie qui le passionne et obtient un BTS de photographie. Dès lors il travaille régulièrement pour le compte de l’Agence France Presse et assiste différents photographes, alternant entre mode et publicité. Il développe ses projets photographiques personnels, notamment au cours de voyages qu’il enchaîne d’un hémisphère à l’autre.

Contact MDT Immeuble Comète - 1er étage Avenue Hedi Karray Centre urbain nord Tunis, Tunisie t 00 216 71 707 207// f 00 216 71 707 548// directiongenerale@femmesdetunisie.com

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Pol Guillard

Emmanuel Lafay


édito

Eugène Delacroix «Turc fumant assis sur un divan», huile sur toile , signée 24,8 x 30 cm, vers 1830. Musée du Louvre, Paris.

La peinture orientaliste a nourri nos rêves de conquêtes et d’évasions exotiques. D’Istanbul à Venise en passant par les côtes de Mahdia, les Ottomans nous ont légué une culture d’un raffinement rare que la peinture orientaliste a figé voire sublimé. De la poterie d’Iznik , aux enluminures de la cour de Mehmet le conquérant, la rencontre de l’Orient et de l’Occident a donné jour à des productions singulières dont la perception restera étroitement associée aux œuvres de Van Dongen, Nardus, Roberts et bien d’autres. Mais l’Orient d’aujourd’hui, notre orient, a un autre visage. Plus complexe, il est remodelé par ses propres habitants et ses personnalités atypiques comme Ara Güler ou Mouna Karray qui immortalisent dans la photographie les mutations profondes de civilisations oubliées. L’année 2009 s’est achevée avec le lever de rideau sur les somptueuses vitrines Hermès, tout droit sorties de l’imaginaire de l’illustre Leila Menchari. Il ne fait plus de doute : l’année 2010 sera turque ou ne sera pas ! Ce nouveau numéro de MdT est heureux de vous guider à travers les scènes artistiques les plus contemporaines jusqu’aux somptueux palais du Bosphore, célébrant ainsi l’échange artistique et commercial qui a fait de nos habitations des lieux riches d’un savoir-faire séculaire. En effet, d’Istanbul à Beyrouth, les scènes artistiques ne cessent d’éclore : Sandra Dagher donne un coup de fouet à l’art avec le nouveau Beirut Art Center. Le designer Aziz Sariyer réinvente sa chère Turquie dans ses créations de mobilier contemporain. Ainsi en est-il de la somptueuse Résidence de l’Ambassadeur de France à Tunis, Dar Kamila ou encore de la sublime demeure des architectes Farouk et Jellila Ben Miled. Ces lieux ont su conserver leur « âme », s’accommoder des adaptations successives et des outrages du temps qui passe et creuse leurs pierres. Ce patrimoine partagé par de nombreux pays méditerranéens où les réminiscences de l’empire ottoman sont encore omniprésentes est une source d’inspiration intarissable. Le rêve d’Orient est ainsi toujours réinventé dans les pratiques artistiques et architecturales contemporaines. Fulgurant, ambivalent et fugitif, le nouvel orientalisme n’a plus qu’une règle de composition : Liberté ! Shasha

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convoitises ! Agenda 2010 Livres littératures Orientales

Chronique

Aimez vous l’Orientalisme ?

Focus les croquis de Zoubeir Turki

Musiques urbaines Kobba du Parc du Belvédère

Tentations


Tentations

convoitises !

Paper Cloud designer : Tokujin Yoshioka photos : Tokujin Yoshioka Design

Présenté au Salon du design à Milan, le Paper Cloud est édité par Moroso. Ce sofa est la réminiscence d’un nuage dans le ciel et d’une chute d’eau qui a pris forme dans l’imagination du designer japonais Tokujin Yoshioka. Pour le prototype présenté à Milan, le designer a décidé d’utiliser le papier pour mettre en forme ce concept. Le tissu remplacera le papier pour un usage plus commun. Sa fascination pour la nature le pousse à manipuler et à explorer différentes techniques pour rendre toute la beauté des éléments naturels.

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Tentations

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Entretien avec Tokujin Yoshioka Quel a été le concept de ce nouveau produit ? « Créer un nuage de papier » Ces dernières années, j’ai longuement observé les éléments naturels : les textures créées par la nature dépassent notre imagination. Par l’utilisation de matériaux industriels comme le papier ou le tissu j’ai tenté de rendre la beauté et la perfection des ces textures existant dans la nature. Parlez nous des matériaux utilisés et de la technique mise en œuvre ? Pour rendre au mieux le concept de nuage, j’ai commencé par utiliser le papier pour réaliser le prototype présenté au salon du design à Milan en Avril 2009. La vision que j’ai des nuages depuis le hublot d’un avion n’a pu être réalisable que par l’utilisation du papier. On juge souvent mon design comme porteur de nouvelles technologies ; or je ne fais que détourner des matériaux communs, leur rendre une tout autre dimension. Les plis d’un papier froissé expriment le drapé et la douceur

d’un relief qui révèle à l’ensemble une beauté cachée. Quel a été le processus de développement de ce produit ? Il y a deux ans nous avions eu l’idée d’exprimer une forme à travers l’élasticité d’un matériau. Nous avons soumis cette idée à Moroso en juillet 2008 : la proposition les a ravis et nous avons développé assez rapidement le prototype. Sur un projet tel que le « Paper Cloud » il est assez difficile de mettre en œuvre ce que j’ai imaginé. Un long processus de manipulation est enclenché. Nous avons réalisé au studio de nombreux prototypes sur lesquels nous avons pu étudier la forme et la structure. Les aspects techniques furent abordés et résolus jour après jour.

Pourquoi accordez-vous tant d’importance à la fabrication manuelle, à l’expérimentation par la fabrication de maquette à échelle réelle ?

Les avancées technologiques en matière de dessin ont permis à la réalisation de formes complexes et de calculs de structures très pointus. Néanmoins, je reste attaché à la maquette car elle nous permet de mieux appréhender la matière et souvent, de bonnes surprises surgissent de nos manipulations. Il y a souvent un heureux hasard sous le geste de l’homme et non celui de la machine. La plupart de vos récentes réalisations sont profondément influencées par des éléments naturels. Que tentez vous d’exprimer dans vos créations ? Je suis sincèrement fasciné par les beautés de la nature. Elle est immuable et porte en elle une grande complexité dans des formes simples. Mon intention n’est pas de travailler sur l’apparence. Le plagiat est sans fondement. Je cherche uniquement à intégrer les lois de la nature dans mon design. A mon sens, le design doit créer en nous l’émotion.

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Tentations

834 CICOGNINO CASSINA I MAESTRI

Petite table avec structure et plan en noyer teinté acajou ou bien en frêne naturel ou teinté en couleur ardoise. Design 1953. Cassina S.p.A. 2008 Design Franco Albini

Simplissime

Chic 16

+


Tentations

Esedra Monica Fôrster s’est inspirée des tissages traditionnels Lapons pour réaliser ce généreux pouf. Dans un design très épuré, l’ensemble est en cuir et cousu à la main. Le pouf est segmenté par la superposition des coutures dans un mouvement radioconcentrique. Il est composé dans sa partie interne par une structure en bois moulé et remplie d’une mousse en polyuréthane. Design Monica Förster Dimensions : 100x100cm www.poltronafrau.it

Isidoro

+ Couverts Dorianna Mandrelli et l’architecte Massimiliano Fuksas dessinent pour Alessi une nouvelle ligne autour des arts de la table. Une réinterprétation incisive d’un rituel classique.

Entre Rio et Moscou prenez le temps de squatter votre propre chez vous un peu dénudé en affichant fièrement devant vos amis ce somptueux cocktail case. Un apéro des plus distingué avec cet Isidoro imaginé par Jean-Marie Massaud. Un objet précieux tout de cuir habillé avec une attention particulière au moindre détail. L’intérieur offre un ingénieux rangement à verres et à bouteilles. Une tablette rabattable permet de préparer les cocktails, dans des accessoires en métal chromé. Les tiroirs en partie inférieure sont en bois de peuplier avec un placage en noyer. Design : Jean Marie Massaud Dimensions : 117x51x20cm

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Tentations

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3 5 7 F E LT R I / / G A E TA N O PESCE//C ASSINA I CO N TE M PO R AN E I Fauteuil haut dossier et fauteuil bas dossier totalement réalisés avec un feutre de laine épais. Dans la partie inférieure, le feutre est imprégné de résine termodurcissante qui assure rigidité et résistance. Le siège est fixé à la structure portante au moyen de ficelles de chanvre qui bordent également la partie supérieure souple de l’assise. Le fauteuil est complété par une housse en tissu matelassé, couplé avec ouate de polyester, disponible en plusieurs couleurs. Cassina S.p.A. 1987

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L ampe A lma Deux cloches en verre de Murano s’opposent pour former l’Alma, une lampe de bureaux. Véritable sculpture de lumière. Design Jean Marie Massaud. Dimensions : 52x16x16cm www.poltronafrau.it

3 L ampe D ido Dans un grand moment de raffinement, Jean Marie Massaud, conçoit avec les maitres verriers de Murano cette lampe de chevet. Le design est assez classique mais le seul fait de détourner la base par ce rectangle de verre apporte une dimension résolument artistique à l’objet. Dimensions : 96x21x38cm www.poltronafrau.it

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312 W IL LOW 1/ / C HA R L ES R ENNI E MACK INTOSH®/ / C A SSINA I MA ESTR I Siège recourbe avec dossier ajouré en frêne teinté noir. Assise rembourrée, avec revêtement en tissu exclusif couleurs vert ou beige. Design 1904. Cassina S.p.A. 1973



Tentations

Lumières de Kairouan Institut du Monde Arabe, Paris du 9 décembre 2009 au 7 mars 2010 Cette exposition couvre les cinq premiers siècles de l’ère musulmane. Cette période représente l’apogée de la civilisation kairouanaise, dont l’influence a prédominé et s’est étendue dans tout le bassin occidental de la méditerranée.

saison de la Turquie Paris

Punta della Dogana Venise

www.imarabe.org

M

Is 20

Tunis

Ornementa PARIS-ISTANBUL Saison de la Turquie à Paris Ornementa Paris/Istanbul propose une réflexion par des créateurs parisiens et turcs sur un thème dans lequel la culture turque est riche d’une tradition forte : l’ornement, tant dans sa fonction décorative que symbolique. A noter la résidence de la designer turque Arzu Firuz.


AGENDA CULTUREL 2010

Modern Art

stanbul Art Center Beyrouth

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Tentations

Place at last, Walid Sadek, du 28 janvier au 9 avril 2010 Affiliations, Emily Jacir, du 28 janvier au 9 avril 2010

Time within us, Istanbul Modern Art Museum du 27 Janvier au 16 Mai 2010.

Artiste et écrivain vivant à Beirut, Walid Sadek explore les conditions de vie dans un cadre restreint de guerre civile. A travers des installations minimalistes, cette exposition est un aperçu de la recherche de Walid Sadek sur l’art et l’écriture depuis 2004. Il a publié plusieurs ouvrages et essais. Il enseigne actuellement au Département d’architecture et de Design à l’Université américaine de Beyrouth. En parallèle, seront présentées quatres interventions de l’artiste palestienne Emily Jacir. Where We Come From, SEXY SEMITE, Untitled (servees), and Stazione sont des œuvres photographiques créées entre 2000 et 2009. Dans Where We Come From, Emily Jacir pose une question à des citoyens palestiniens « Si je peux faire quelque chose pour vous n’importe où en Palestine que choisiriez vous ? ».

L’İstanbul Modern Photography Gallery organise une exposition d’envergure internationale pour les amoureux de l’art. Quinze photographes sélectionnés de 3 pays : Turquie, Grèce et Russie soumettront leurs œuvres dans le cadre de «Time Within Us». L’évenement rassemblera 150 photos au total. www.istanbulmodern.org

www.beirutartcenter.org

3 works + 6 dialogues by Patricia TRIKI Galerie la Marsa 22 Janvier-14 Février 2010

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Patricia Triki vit et travaille à Tunis. Plasticienne et photographe, son travail artistique est fondé sur la recherche et l’expérimentation. Cette exposition de photographies et d’installations basées sur un focus composés de 3 projets : ManelWu Saoussen, Sabrina1 et Tunis City. www.galerielmarsa.com

Mapping the Studio Artists from the François Pinault Collection, Punta della Dogana, Venise

Depuis le 6 juin 2009, Palazzo Grassi et la Punta della Dogana accueillent l’exposition Mapping the Studio qui, à travers une sélection d’œuvres de la collection de François Pinault, reconstruit le parcours de chaque œuvre, depuis sa conception dans l’univers privé de l’artiste jusqu’à son intégration au sein d’une des collections les plus importantes au monde. www.palazzograssi.it

Where We Come From (detail) 2001-2003 Copyright: Emily Jacir Courtesy of Alexander and Bonin



Tentations

littérature Orientale

Ecrits intimes

Le Voyage soufi d’Isabelle Eberhardt

Tunis 1900 : Lehnert et Landrock Photographes

Marie-Odile Delacour et Jean-René Huleu

Michel Mégnin

«Conserve ces quelques lettres où je réussis parfois à mettre un peu de mon âme…» De l’accomplissement de son rêve de fusion avec le désert nous parvient le récit d’un voyage fulgurant, d’une errance de six ans tantôt imaginaire tantôt réelle. A travers ce récit saisissant, nous découvrons cet être unique: une femme de vingt ans, parlant au masculin, tournant le dos à l’Europe de la Belle Époque pour se fondre dans la culture des gens du désert.

Connue surtout pour son périple bref et intense de jeune voyageuse genevoise vêtue en cavalier arabe arpentant le Sahara, Isabelle Eberhardt est connue pour être la première soufi européenne. Les auteurs, journalistes et spécialistes reconnus de l’œuvre d’Isabelle Eberhardt, reconstituent, à partir de ses multiples écrits, son itinéraire spirituel ou sa quête initiatique vers ce qu’elle appela le « vieil islam ». Un destin émouvant pour un vibrant hommage à une culture et à un mode de vie.

Des photographies, héliogravures et cartes postales colorisées de la Tunisie du début du 20ème siècle : un beau panorama d’un travail riche et singulier, fruit du rêve oriental de Lehnert et Landrock. Des œuvres d’art qui nous révèlent un « Orient » mythique avec une subtile invitation à la recherche d’une vérité au-delà des simples apparences. Michel Mégnin, spécialiste de ces deux associés, apporte des documents et témoignages inédits.

Editions Payot 2003 Poche 448 pages

Edition Losfeld Joelle 2008 Dimensions 16 x 22 cm 254 pages

Edition Paris Méditerranée 2005 Format Relié 190 pages Dimensions 25 x 2 x 33 cm

Isabelle Eberhardt

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Tentations

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Tentations

Palais et demeures d’Orient Librairie Galerie Fahrenheit 451 Avenue Bourguiba 2016 Carthage Dermech Tel: 71733676 email : farenheitcarthage@yahoo.fr blog: librairie-fahrenheit451-carthage.over-blog.com

Ce bel ouvrage, largement illustré nous rappelle combien l’Orient est encore un monde fascinant, que les clichés sont encore très présents dans l’imaginaire des occidentaux. Le rêve est suspendu à ces claustras de bois, aux plâtres ciselés et aux riches faïences. Gérard Degeorge est architecte et photographe, il a longtemps parcouru le Maghreb et le Moyen Orient. D’Ispahan à Grenade et à Fès, du Caire à Damas et Alep, de Telouet à Topkapi en passant par Mossoul et San’a, une halte à Tunis et Tozeur, les sublimes demeures et mosquées sont immortalisées. Ces photographies constituent un corpus très large, alimenté sur une longue période. Les textes de Jean Claude David nous donnent les clés pour une meilleure compréhension de l’urbanisme de la ville musulmane, de l’architecture, des matériaux utilisés par les bâtisseurs, des rapports mathématiques qui définiront la proportion des espaces. Jean Claude David est géographe et chargé de recherches au CNRS. Il s’intéresse tout particulièrement à l’architecture et aux espaces urbains dans les sphères du privé (la maison et le quartier) et du public (le paysage et les espaces traditionnels du commerce, le souk, les espaces des services publics ou collectifs, les hammams, la rue) dans les villes de Damas, Alep, Homs et Hama. texte de Jean-Claude David photographies de Gérard Degeorge, Imprimerie nationale éditions, 2009, 280 p., 84 €, ISBN : 978-2-7427-8473-8

Livre


Zone touristique Hammamet Nord - Hôtel Président . Tél. : (216) 26 44 50 31


Tentations

Aimez-vous

l’Orientalisme ?

texte K-C

C’était il y a quelques mois à Tunis. Une exposition de sculptures et de peintures dans une vieille bâtisse réhabilitée de la banlieue Nord. Pour accéder à l’exposition de peinture, nous prenons un escalier étroit de marbre clair parsemé de pétales de roses et illuminé de mille bougies. Notre hôte, jeune peintre, nous attendait dans une chambre d’apparat aux lumières tamisées au milieu d’odalisques offertes dans les vapeurs du bain, de bédouines lascives, de porteurs d’eau pensifs, de nègres avachis au milieu de paysages exotiques et enfin de tunisoises semi-recluses derrière de lassantes grilles en fer forgé.

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Ici et là, des panneaux de céramique aux tons fauves présentent d’étranges hauts-reliefs où l’on distingue tantôt le coude et tantôt le sein d’une jeune mauresque alanguie ; le tout agrémenté de commentaires d’une sensiblerie sans égal du genre : « dans les tréfonds de l’âme ». Si les scènes se voulaient des vues de l’esprit et des compositions originales, elles me rappelaient néanmoins, vaguement, les travaux de photographes du début du siècle ayant exercé en Afrique du Nord tels Geiser, Soler, Lehnert et Valenza. De larges encadrements dorés d’une lourdeur infinie renforçaient la grossièreté de l’ensemble et rendaient périlleux tout effort d’affiliation esthétique. Soudain, une question assez inattendue tomba comme un couperet sur mes espoirs d’éclipse rapide et discrète : « Aimez-vous l’orientalisme ? ! ». J’ai eu, je l’avoue, bien du mal à contenir un fou rire malséant d’autant que dans le vase quasi débordant d’eau brillaient toutes sortes de bougies odorantes et que dans les chambres attenantes on ne soupçonnait pas un imaginaire aussi débridé. Face à mon mutisme et à mon air quelque peu troublé, le jeune peintre fraîchement diplômé d’une école française (s’il vous plaît !) surenchérit : « Connaissez-vous l’orientalisme ?! ». Car il est évident que l’on ne me demandait pas si j’appréciais l’orientalisme littéraire de Chateaubriand, Pierre Loti ou de Gérard de Nerval, ni celui pictural des Dinet, Delacroix, Ingres, Liotard, ni encore le fameux ouvrage d’Edward Said.

Non. Un jeune peintre pastiche très maladroitement les photographies usées du début du siècle et se proclame grand peintre orientaliste avant de me demander si j’y connais quelque chose… J’ai remercié mon hôte de son invitation very JetSet, lui dis ma grande surprise et promet de parler de son exposition à de nombreux amis… Est-ce par volonté pédagogique, que récemment sur Facebook, de jeunes amateurs « L’Astre Nocturne » et « N. M » ont co-fondé un groupe d’une rare qualité répertoriant les chefs d’œuvres de la peinture tunisienne (et surtout orientaliste) des XIXe XXe siècles. De l’avis de nombreux adhérents, ce groupe pallie « la médiocrité plastique dans laquelle nous baignons, la pauvreté de nos références picturales en la matière ». Il faut avouer que ce groupe intitulé simplement « La peinture en Tunisie » réunit déjà plus de 790 membres et recensant plus de 350 images de qualité appréciable, ainsi que des légendes de chefs d’œuvre de la peinture orientaliste tunisienne. « Il faut regretter, écrivent les administrateurs du groupe, le manque d’informations sur le sujet, c’est la raison pour laquelle ce groupe a été créé (…) Le but c’est d’essayer de réunir les plus belles images d’oeuvres artistiques de peintres orientalistes et tunisiens, de raconter leurs histoires, afin de parfaire nos connaissances, découvrir ou redécouvrir ces artistes qui ont donné à la Tunisie un patrimoine artistique unique. (…) Ce sera en quelque sorte notre exposition permanente virtuelle des artistes peintres tunisiens, des salons tunisiens à l’Ecole de Tunis ». Sérieux, mystérieux et incroyablement bien documenté, le mystérieux « Astre Nocturne » a publié des photographies de peintures très peu connues du public, issues vraisemblablement d’une bibliothèque d’images et de collections particulières ainsi que de catalogues de salle de vente aux enchères : Drouot, Cristie’s, Art Curial… etc. Généreux, original et précis, «l’Astre Nocturne» nous réconcilie largement avec la superbe et grande peinture orientaliste tunisienne.


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Tentations

Exposition à la galerie Ammar Farhat jusqu’au 15 janvier 2010

Croquis de Zoubeir Turki

A la galerie Ammar Farhat, Aicha Gorgi nous invite à découvrir les délicats croquis de feu l’artiste Zoubeir Turki. Des portraits emblématiques d’hommes et de femmes aux traits marqués par le crayon du peintre. D’origine turque, Zoubeir Turki est né dans la médina de Tunis. Il suit ses études à la Zitouna puis à l’Institut des hautes études et, en parallèle, à l’École des beaux-arts de Tunis. Il est recruté comme professeur d’arabe dans les écoles françaises mais, lors des évènements violents de janvier 1952, il incite à la grève, ce qui lui vaut d’être renvoyé. Il part alors en Suède où il rejoint l’Académie des beaux-arts de Stockholm où il y perfectionne son art avant de revenir à Tunis après l’indépendance. Adepte de l’expression figurative, il devient rapidement le porte-drapeau de la peinture tunisienne et ses œuvres acquièrent une grande renommée. Elles illustrent même les ouvrages scolaires, les timbres, etc. Il occupe pendant longtemps une place privilégiée dans l’administration publique des arts et de la culture, en tant que haut responsable du ministère de la culture, et fonde l’Union nationale des arts plastiques de Tunisie, dont il assure la présidence jusqu’à son départ volontaire, ainsi que l’Union maghrébine des arts plastiques.

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Galerie Ammar Farhat 3, rue Sidi El Ghemrini 2026 Sidi Bou Said + 216 71 775 087


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MUSIQUES URBAINES La Kobba du parc du Belvédère est pour nous une puissance d’évocation intacte de l’architecture arabo-andalouse. textes Ahmed Zaouche photos Emmanuel Lafay


Tentations

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L’édifice permet d’apprécier les belles frondaisons du parc du Belvédère qui réunit, au cœur de la ville, une flore d’une richesse exceptionnelle.


Tentations

Provenant d’un palais hafside du XVIIe siècle aujourd’hui disparu, cette Kobba (pavillon) est l’un des monuments les plus discrets de la capitale. Surplombant le parc du Belvédère, l’édifice offre une vue extraordinaire sur le golfe de Tunis et le Boukornine. Son architecture précieuse et sobre est typique de l’art arabo-andalou : plâtre ajouré, coupoles côtelées, voûtes croisées, bonnets d’évêque, panneaux de calligraphie, mosaïque de pierres calcaires et de marbres polychromes découpés en losange, etc. Quant à la construction, elle obéit à des tracés et des logiques géométriques d’une grande précision (proportions codifiées, rapports d’échelles, nombre d’or).

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La forêt de colonnes graciles, la profusion desstucs et la lumière rose nacrée du soir tombant en ont fait un des hauts lieux de la musique andalouse et tunisienne du début du siècle. Aujourd’hui encore, ce lieu est fréquenté par les amoureux et les élèves d’architecture qui viennent s’y ressourcer à l’abri du tumulte de la ville. Elément omniprésent dans l’imaginaire orientaliste, la Kobba a également inspiré de nombreux poètes, photographes et peintres. N’ayant d’autres vocations que d’accueillir les flâneurs le temps d’une halte rêveuse, espérons qu’il en sera toujours ainsi.

La Kobba (coupole) repose sur un tambour octogonal dont les charges sont transmises par des demi voûtes richement ouvragées


Un lieu en lévitation dont la puissance d’évocation est intact

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La lumière est filtrée par des claustras en stuc finement ouvragés.


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Fên

Rencontre avec le designer Aziz Ariyer

Théma

Les promeneurs solitaires de l’Orient

Une nuit au

Sumahan on Water d’Istanbul

Culture


Culture

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aziz sariyer Aziz Sariyer est depuis quelques années une figure incontournable du design turc. Né à Istanbul en 1950, il est le fondateur de Derin design studio. Il dessine des objets, des meubles, des espaces et s’occupe des aspects techniques liés à l’industrialisation des composants d’ameublement. Aziz Sariyer a participé à différentes expositions internationales avec ses projets de design. Il a collaboré également avec les principaux producteurs internationaux du secteur du meuble. Nous avons tenu à voir de plus près son travail dans un entretien qu’il livre à MdT. Propos recueillis par Shasha photos: Derin Studio


Délivrez vous un message à travers vos créations ? Résoudre un problème en utilisant la contrainte même du problème. C’est peut être flou pour vous !

Comment pouvez vous définir votre approche du design ? Imaginer des meubles, les dessiner et les fabriquer constitue l’essentiel de mon travail. Je reste focalisé sur les meubles tout en explorant partiellement d’autres domaines. Je suis très proche des souhaits de mes clients et je leur apporte en quelque sorte la touche finale !

FACE 1 - FACE 2 RANGEMENT Aziz Sariyer design 2003 60x60xh :180cm

Pensez vous que la culture turque influence votre production ? J’absorbe le monde qui m’entoure de manière générale. Mon approche de la vie est globale et il est possible que je sois inconsciemment influencé par ma culture turque, je la porte en moi. Dans tout mon design il reste une constante qui est l’utilisation de formes géométriques directement issues des techniques de proportions orientales. Comment vous positionnez vous dans le monde du design ? Tout d’abord mon travail est une constante recherche de l’objet fonctionnel, la justesse du dessin est essentielle. Nous sommes quelques designers turcs à être reconnus mondialement, mais il semblerait que je sois une figure montante du design !

ZIG ZAG BIBLIOTHEQUE

Aziz Sariyer design 2005. Différents éléments constituent cette bibliothèque en médium laqué. Les éléments sont modulables et offre plusieurs configurations.

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Culture

WAIT SOFA

Aziz Sariyer design 2003 235x66xh:35/55cm

PAUSE TWO BIBLIOTHEQUE

Aziz Sariyer design 2005. Extension de la bibliothèque PAUSE présentée en 2003, PAUSE TWO se développe horizontalement et peut être utilisée dans la zone living et home office. Structure portante en panneaux d’aluminium alvéolaire anodisés à développement horizontal.

CURL DAYBED SOFA

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Aziz Sariyer design 2003 214x70xh:37/57cm

QUIRIZIA ALTREFORME BANQUETTE

Aziz Sariyer design 2008



Culture

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Crédit Photo: © Ara Güler


Culture

Théma photographie

Les promeneurs solitaires de l’Orient textes M.Karray, Y. Barrada, S.Tarifkan Shasha textes Ara Güler Cyrine Bouagila photos Ara Güler : les éditions du Pacifique photos Mouna Karray : galerie El Marsa photos Yto Barrada : galerie Polaris photos Sadegh Tarifkan : Sadegh Tarifkan Courtesy

Les promeneurs solitaires de l’Orient incarnent une génération de photographes qui ont porté un regard neuf sur notre environnement et nos modes de vie. Ils sont pour nous un témoignage d’une culture « orientale » en mutation, de villes en évolution et surtout de la richesse d’un art né de la pluralité. L’Orient de ces promeneurs n’est pas celui fantasmé par les peintres orientalistes, cet Orient est sincère, parfois brutal. Il reste intrigant sous l’œil d’Yto Barrada et de Sadegh Tarifkan. Ara Guler, grand reporter de l’agence Magnum fait un état des lieux d’Istanbul, ce travail revèle toute sa sensibilité et l’extrème beauté de la ville. Mouna Karray travaille l’esthétisme de la désolation, le mur devient support, c’est aussi une grande symbolique de l’effondrement, de la fin d’une période. Serons-nous en attente d’une renaissance ou suivons nous une évolution logique ? Istanbul, Casablanca, Sfax, Téhéran sont réunies dans la focale de ces talentueux photographes qui livrent un précieux legs de la mouvance des cultures partagées.

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Culture

Ara Güler L’oeil d’Istanbul

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Crédit Photo: © Ara Güler

Photographe du siècle en Turquie et grand reporter à l’agence Magnum, il est le seigneur d’Istanbul, à l’image de sa ville, en équilibre fascinant entre l’Orient et l’Occident. Son travail de mémoire sur sa ville révèle un impressionnant réalisme poétique proche de l’œuvre de Robert Doisneau ou Willy Ronis. Ara Güler nous plonge dans son Lost Istanbul, des clichés poignants et mis à l’honneur dans le cadre de la saison de la Turquie en France.


Témoin de son temps Istanbul, 1950-1960. Dans une Turquie qui se modernise, l’ancienne capitale ottomane est en profonde mutation. Ara Güler, jeune stambouliote étudiant en économie, un appareil photo en bandoulière, arpente sa ville en saisissant ce moment fort et unique de la transformation d’une cité millénaire en ébullition. Ému et inspiré par ce qu’il voyait se dissiper sous ses yeux, Güler capte avec nostalgie le vieil Istanbul condamné à s’évanouir et l’atmosphère menaçante qui règne sur une société turque livrée à son sort. Cette initiative purement personnelle couvre ce qui est voué à disparaître de l’histoire de sa ville et de son identité en oscillation entre tradition et renouveau. Il a eu face à la fatalité, un reflex d’historien.

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Le philosophe La valeur documentaire prime sur l’esthétique selon Ara Güler qui ne cesse de répéter aujourd’hui au fil des interviews qu’il ne se considère pas comme un artiste. Il se plaît à se considérer davantage comme un photojournaliste, chroniqueur visuel de l’histoire contemporaine, que comme photographe. Du moins, il est photographe de la réalité puisqu’il n’appuie sur le déclencheur que quand le moment lui semble important. Face à une vérité qui l’interpelle, bouleversés, ses yeux prennent la photographie pour remède historique avec le noble espoir de préserver une trace indélébile de son Istanbul, un souvenir à transmettre aux générations futures.

Crédit Photo: © Ara Güler


Culture

Ara Güler a beau réduire, sans doute par humilité, ses œuvres à de simples « archives », ses clichés « habités » éveillent en nous ce qu’Orhan PAMUK appelle le hüzün, selon lui le « sentiment le plus fort et le plus permanent de l’Istanbul de ces derniers siècles ». Une triste mélancolie se libère des clichés d’une simplicité délicatement soutenue par une grande élégance née d’un puissant contraste entre un noir profond presque violent et un blanc éclatant poignant baigné dans une douce lumière. Dans une approche intimiste, le cadrage, souvent serré et dense crée une force qui concentre l’attention du public sur l’essentiel : une ambiance perdue, une atmosphère nostalgique d’une grande poésie. Il est vrai que sur ces photographies, la forme compte mais le sens est là. Et comment ! Avec exigence.

Un regard sur l’âme d’Istanbul «Ara Güler ne photographie pas l’image fortuite des rues d’Istanbul mais leur âme» Orhan Pamuk On l’appelle « l’Œil d’Istanbul ». Ara Güler, œil…pupille et pépite d’Istanbul! Sans nul doute, cet œil stambouliote est en éveil et ne se contente jamais de voir, il regarde. Ni décor pittoresque, ni carte postale ! Ce regard d’humaniste, respectueux et sensible, est une prise de conscience qui nous montre des « choses », habituelles certes, mais en prenant soin de nous conter subtilement leur histoire nimbée de nostalgie. Tristes mais envoûtantes, les photos de Güler sont ivres de souvenirs et nous livrent généreusement l’insaisissable : l’âme de sa ville, vulnérable et énergique à la fois, une substance portée par des hommes qui créent la vitalité d’une mégapole

cosmopolite, d’une cité millénaire avec un patrimoine architectural aux splendeurs diverses.

l’Istanbul de Güler « L’intérêt qu’éveille le paysage est enrichi par les sentiments que suscite l’homme qui y évolue » Orhan Pamuk Ara Güler nous conte par l’image l’histoire de sa ville dont les hommes sont au premier plan, des hommes du petit peuple qui insufflent obstinément une vie qui transpire de chaque rue. La vie stambouliote quotidienne grouillante est à l’honneur grâce à des anonymes des quartiers populaires: ouvriers, pêcheurs, dockers, marchands, artisans en voie de disparition, femmes voilées pressées et enfants égarés dans leurs jeux. La ville captée jour et nuit, tôt et tard, sous la brume, sous la neige ou dans la fumée, se nourrit toujours de la force propre de ses habitants qui semblent pourtant soucieux, fatigués, usés pour et comme leur ville. Avec ses fêtes, ses petits cafés, ses tramways, ses bateaux à vapeur, ses ferrys du Bosphore, son pont de Galata et toute l’activité fébrile de son port…Istanbul est usée mais inlassablement animée par le courage et la souffrance des conditions de travail et de vie de ses hommes. Un conte adressé aux générations futures.

Portraitiste d’Istanbul 46

Pendant plus de cinq décennies, Güler est le peintre attentionné respectueux et compatissant d’Istanbul. Il ne vit pas dans sa ville mais vit sa ville. Le portrait qu’il dresse d’Istanbul dans sa déambulation nostalgique est une invitation qui est loin de signifier la moindre plainte ou lamentation. Juste un hommage à des charmes perdus. Tout le talent d’Ara Güler est qu’il réussit à montrer la réalité « crue » du peuple sans jamais étaler la misère. C’est toute la mystérieuse force de l’amour porté dans le cœur et dans les yeux d’un homme sincèrement stambouliote. Sa ville est unique et il le dit. En photos. Cyrine Bouagila

Le livre : Version française aux Editions du Pacifique (www.editionsdupacifique.com) et anglaise aux Éditions EDM ( www.edmbooks.com) L’exposition : jusqu’au 28 février à Paris, Galerie du Pacifique, 5 rue saint romain, Paris


Le mur

invitation au passage. Au fil des ans ils dessinent le paysage urbain.

La photographe tunisienne Mouna Karray travaille dans une volonté constante de révéler ses préoccupations, par la question de l’identité, du deuil, du non-vu, des limites. La série Murmurer présentée dans ce thème interroge les limites physiques, les frontières et l’abandon. Sfax est sa ville natale mais aussi une grande ville portuaire et industrielle du sud de la Tunisie. Elle porte en elle les stigmates d’un urbanisme galopant qui a fait des espaces publics des lieux incertains. « Ces lieux disparaissent mais aussi réapparaissent cependant que leurs limites et frontières résistent curieusement aux changements… » Mouna Karray Ces murs peuvent être interprétés de différentes façons ; ils sont à la fois un barrage, une limite réelle mais d’autres fois une

Parcours Née en 1970 à Sfax en Tunisie, Mouna Karray entre en 1989 à l’Institut Supérieur d’Animation Culturelle de Tunis. Durant quatre années, elle s’y initie au cinéma, à la vidéo, puis à la photographie. En 1995, elle réalise à Tunis sa première exposition personnelle, Alchimère Son travail se rapproche plus d’une psychanalyse de son environnement qu’un simple état des lieux. Elle substitue et transforme pour mieux révéler des préoccupations. Dans la série Au risque de l’identité elle dresse le portrait d’une femme qu’elle adoptera par la suite en se substituant à ses modèles. Elle reproduit leur tenue vestimentaire et recrée les mêmes gestes puis se photographie.

Elle réalise aisément cette intrusion dans l’intimité. Cette démarche a très probablement débuté lors de sa période japonaise (de 1997 à 2002). Dans Tokyo mon amour, le photographe devient modèle et se met en scène dans un corps à corps amoureux avec la ville de Tokyo, réalisé dans la rue ou le métro et sous forme de planches contact. C’est également à Tokyo qu’elle initie les premiers diptyques du projet Au risque de l’identité. Mouna Karray n’est pas dans une démarche historiciste. Elle met en avant une dimension personnelle qui donnera le ton à son œuvre. L’esthétisme de la photo provient de ses sentiments et ses questionnements. www.mounakarray.com

Mouna Karray Les murs de Sfax

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Série Murmurer 2007 Smoke tirage argentique 100x100 cm


Culture

SĂŠrie Murmurer 2007 Porte devant arbre tirage argentique 100x100 cm

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SĂŠrie Murmurer 2007 Portail tirage argentique 100x100 cm


« J’essaie d’exorciser la violence du départ (...) tout en vivant l’expérience du retour » Yto Barrada Derrière la série Iris Tingitana se cache la contestation. Ces paysages floraux sont désormais menacés par la spéculation immobilière. Tanger est en danger, le travail d’Yto Barrada est un moyen de pression. La reconnaissance de son travail lui permettra de médiatiser de telles actions. Cette jeune femme énergique court partout, New York, Paris à la galerie Polaris et Tanger. Vous la trouverez tout particulièrement à la cinémathèque pour laquelle elle participe à un sauvetage architectural organisé par un groupe d’amis, cinéastes, écrivains, peintres. Yto Barrada est née à Paris en 1971 et grandit à Tanger.

Elle retournera à Paris pour suivre des études de sciences politiques à la Sorbonne puis s’envole pour New York afin de suivre des études à l’International Centre of Photography. Cette femme de tous les continents a longtemps interrogé les aspects liés à l’immigration et aux déplacements. Elle partage avec Mouna Karray cette expérience de la limite physique. Son projet sur le Détroit de Gibraltar s’est étalé sur plusieurs années (1999-2003). Mêlant photographie, vidéo, objets et textes, elle met en relief les stigmates de ce lieu chargé d’histoire.

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Yto Barrada A Life Full of Holes

A Life Full of Holes – The Strait Project June 26 - August 22, 2004 Fille rouge, C-print, 1999 Galerie Polaris Courtesy


Culture

Couronne d’oxalis - Forêt Perdicaris, Rmilet, Tanger. Iris Tingitana. 125 x 125 cm / 2007 Galerie Polaris Courtesy

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A Life Full of Holes – The Strait Project June 26 - August 22, 2004 Fille au bébé - Salé / Le détroit C-print 2002 / 60 x 60 cm Galerie Polaris Courtesy


Sadegh Tarifkan Le prisme made in Iran

The lost of our identity Sadegh Tarifkan Courtesy

Sadegh Tarifkan est iranien, né en Irak en 1965. A l’âge de cinq ans il retourne en Iran avec ses parents. En 1990 il est diplômé de l’Université d’Art de Téhéran.

Crise identitaire Nous découvrons le travail de Sadegh dans le cadre de l’exposition Paris Photo en 2009. Ses photographies nous ont retenues par la tension qu’elles révèlent. Pour cause, Sadegh est dans une démarche assez réactionnaire, il dénonce les dérives d’une société où la culture et le régionalisme se dissolvent au nom de la modernité. Avant d’être photographe Sadegh a longtemps observé le monde qui l’entoure. « Maintenant je prends tout ce que j’ai pu observer et l’emmène au studio. Mon studio est mon lieu de création, le prisme de ma vie et de ma culture. Les idées naissent ainsi, sous forme de vidéos ou de collages ». Sadegh est très observateur, il se base sur des faits concrets pour tenter d’enrayer la

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Culture

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Sacrifice Sadegh Tarifkan Courtesy

crise culturelle qui touche son pays. Environ 9 millions d’individus ont entre 16 et 24 ans en Iran. Comment protéger cette population des attaques culturelles extérieures ? Sadegh parle de « cultures destructives ». Jour après jour, le budget consacré à l’éducation et aux projets culturels ne cesse de diminuer tandis que la place de la télévision par satellite et des sites web augmente. Cette crise identitaire ne touche pas uniquement les jeunes générations, elle est globale en Iran. Les médias investissent beaucoup dans la diffusion d’un mode de vie superficiel et matérialiste. Allons nous trouver un moyen de ramener ces jeunes générations à mieux connaître leur propre culture et leur identité ? www.tirafkan.com

La série Sacrifice (2004) traite de trois histoires qui se sont déroulées à différentes périodes et en différents lieux. Un crime passionnel, l’infidélité et la folie sont retranscrits dans ces images. Des sujets généralement tabous dans la culture de Sadegh, qu’il tente de mettre en image.



culture Culture

Loin de l’effervescence d’Istanbul, le Sumahan on the water est un havre de paix. Dés l’entrée, un sentiment d’apaisement nous envahi, mais également la surprise d’être si proche de l’eau à travers les larges baies vitrées du lobby bibliothèque. Un ascenseur massif tranche la transparence des lieux. Les 20 chambres s’articulent le long d’un interminable couloir, silence ouaté et larges portes sombres vous accompagneront avec le sentiment d’avoir embarquer sur un paquebot. Le petit déjeuner servis sur la terrasse semble être le point d’orgue de ce lieu, la ville qui ne dort jamais, offre le spectacle matinal des vapurs, cargo et toutes sortes d’embarcations. Le coucher de soleil et les illuminations du pont du Bosphore seront réservés pour le diner.

L’enchantement et la magie d’une ville aux milles couleurs font du Sumahan un hôtel exceptionnel. Du mobilier sur mesure en bois, des charpentes métalliques, une mise en lumière discrète, des rangements aux finitions parfaites feront le bonheur des amateurs de design contemporain. Les salles de bains sont entièrement recouvertes du marbre clair de Marmara. Ce marbre sert depuis des siècles à la construction des bains turcs. Depuis 2007, un spa fitness a été crée pour satisfaire la clientèle européenne. Le Sumahan est une véritable saga familiale, Nedret Cenani hérite de cette usine il y a presque 20 ans. Son diplôme d’architecte en poche elle décide avec son mari, architecte également, de restaurer ce lieu en

Une nuit au

hôtel. Derrière cet édifice se cache une longue et rocambolesque aventure. Passées des mains du sultan Mahmut II au XIXe siècle à celles d’un businessman arménien durant la Première Guerre Mondiale et enfin à un certain Tevnik Cenani, venu de Bulgarie en 1912, l’édifice a traversé une période historique mouvementée. Il est ensuite récupéré par l’Etat qui s’en sert d’entrepôt. La petite fille de Tevnik Cenani visite ce lieu pour des recherches et découvre qu’elle en est l’héritière légale ! Le potentiel du bâtiment s’impose. Elle se lance donc dans une lourde opération de restauration. Loin des clichés arabisants, le parti pris a été de révéler la charpente en acier, de rester dans une position très moderne et chaleureuse.

Sumahan on the Water www.sumahan.com

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Culture

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Dar Kamila

Résidence de l’Ambassadeur de France

Dar Ben Miled

Dans l’imaginaire de Jelila et Farouk Ben Miled

Dar Ben Abdallah En attendant le paradis

Villa Guesnon l’Arabisance perchée

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A vivre


Art de vivre

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Dar

Kamila Voilà plus de deux siècles, Borj Monastiri, une maison au nom d’un notable tunisien proche du Bey, fut bâtie entre mer et vergers au cœur de la Marsa. Alors doux refuge des princes dignitaires et notables de Tunis il devient le Dar al Kamila, un nom évoquant la perfection. Cette demeure s’est au fil du temps discrètement réfugiée des regards derrière ses hauts murs et blottie au cœur de ses jardins somptueux. textes Cyrine Bouagila photos Pol Guillard


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Au cœur de la demeure, sur le patio, un portique porté par de fines colonnettes, surmonté de stuc finement sculpté et encadré de faïences polychromes annonce l’accès aux appartements privés, ancien harem de dar el Kamila.


Art de vivre

62 Al kamila, la discrète, nous ouvre ses portes Al Kamila s’entrouvre mais ne délivrera certainement pas tous ses secrets à de simples visiteurs de passage. Derrière le grand portail d’entrée, se déploie une majestueuse allée menant à une grande cour d’honneur bordée de part et d’autre de portiques mauresques aux arcades striées, noires et blanches, encadrant un paysage verdoyant.

Les jardins Comment résister à un tour dans les jardins d’Al Kamila ? Le parc de plus de trois hectares est savamment entretenu, une petite armée de jardiniers s’active avec le sourire. Des sculptures divines ou angéliques et

d’anciennes œuvres trônent dans cet écrin de verdure et accompagnent discrètement le flâneur dans son parcours bucolique. La retraite est apaisante, l’éden est palpable. On se soustrait peu à peu de la ville, on se plonge volontiers dans la magie des jardins des palais orientaux, les sens sont en éveil, la nature s’est vêtue de ses plus beaux apparats. Depuis, le Dar al Kamila, des balcons en encorbellement ou sur consoles offrent des pauses suspendues à cette verdure aux formes variées et aux diverses essences. Les jardins recèlent aussi des surprises comme sa piscine, ancienne « jebia », nichée au fond du parc. Quelques bancs invitent à la lecture sous un mandarinier ou au bord de l’étang. Le kiosque de bois ouvragé est délicatement posé sur un socle en pierre.

A la manière des jardins de l’Alhambra, chaque moment de la journée est propice à une contemplation. Ce kiosque offre un moment précieux d’évasion, où le temps semble suspendu.

Au cœur d’Al Kamila Retour à la cour d’honneur. La sobriété de la façade et la particularité des appartements de l’ambassadeur juchés à l’étage rappellent le passé d’Al Kamila qui n’était au départ qu’un borj ou « maison de campagne » sans apprêt particulier. L’accès de la demeure Al Kamila nous raconte timidement qu’il n’a pas été conçu pour les réceptions et son escalier d’accès à l’étage, raide et plutôt sombre, confirme cette impression. Mais, une fois les marches montées, oubliée cette nonchalance !


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Art de vivre

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Portiques mauresques aux arcades striées bordant la grande cour d’honneur et invitant à un tour d’évasion dans les jardins d’al Kamila.


Art de vivre

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Pauses suspendues depuis Dar al Kamila entre ciel azur et verdure luxuriante.


Art de vivre

Ancienne terrasse couverte par une coupole convertie récemment en chambre d’une ambiance épurée moderne tranchant avec le cachet traditionnel du reste de la demeure.

L’une des chambres se distingue de l’ensemble traditionnel par son aspect épuré moderne, il s’agit d’une extension récente sur une ancienne terrasse couverte par une coupole.

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Du côté opposé à la cour, un perron flanqué d’escaliers latéraux annonce les pièces de réception, la partie de la maison réservée à l’apparât : de vastes pièces au décor italianisant et hispano-mauresque, des frises de stuc, des lambris de faïences napolitaines, un dallage de marbre et de hauts plafonds de bois peints, dorés et polychromes. Cette succession de grands espaces mène à une aile assez insolite de la demeure. La grande salle, réservée aux diners officiels, surprenante par son architecture inspirée du Djérid est surmontée de larges coupoles en brique pleine. Il s’agirait d’une extension remontant à une cinquantaine d’années, un véritable hommage à l’architecture du sud tunisien, qui accueille au niveau du jardin une piscine intérieure baignée de lumière. L’atmosphère de cette demeure est vibrante. Les inspirations multiples et les différents travaux d’agrandissement et d’embellissement au cours des deux siècles de son existence en ont fait toute sa richesse. Cet imprévu palimpseste a contribué à l’harmonie de l’ensemble. Du mariage des céramiques traditionnelles tunisiennes aux faïences napolitaines, du Djéridien assorti à l’ottoman, d’un style conjugant les traditions artistiques hispano-maghrébines et les influences décoratives italiennes, l’orient et l’occident sont en fusion. Un vrai souffle de tolérance ! Cyrine Bouagila


Historique La première moitié du 19e siècle fut particulièrement tourmentée pour cette demeure fragilisée. D’un propriétaire à un autre, habitée par le bey Hussayn II, puis offerte au ministre Khaznadar, elle est enfin cédée à Ismail Sunni. Le palais ruiné, renaît quand le bey le donne, à la deuxième moitié du 20e siècle, au Consul de France Léon Roches en contrepartie de sa réparation et son entretien. Roches l’aurait alors baptisé ‘la Kamila’ et devint le lieu de séjour des consuls de France. Durant la période coloniale, Al Kamila commença à accueillir les résidents généraux et depuis 1962 devint résidence permanente du chef de la représentation diplomatique française.

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Art de vivre

le kiosque de bois ouvragé, un coin d’évasion plongé dans le jardin, l’un des joyaux du parc.

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Le salon du kiosque, un précieux moment de détente où le temps semble suspendu


Ci-dessous : Au fond de l’aile « djéridienne » de la demeure, les briques pleines du sud de la Tunisie font de ce coin-feu, un refuge des plus chaleureux Ci-dessous à droite : Pièce de réception, le grand salon est une vaste pièce au décor d’inspirations multiples. Une harmonie surprenante naît des frises de stuc sculpté jouxtant les faïences napolitaines surmontées par les plafonds de bois richement peints.

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Accessible depuis le niveau du jardin, les larges coupoles et arcades en brique pleine créent un espace piscine d’une atmosphère particulièrement douce et lumineuse.


Art de vivre

Dar Ben Miled 70

Au cœur du village de Sidi Bou Said, nous allons à la rencontre des architectes Jellila et Farouk Ben Miled, qui en 1965, transforment d’anciennes ruines habitées par un artiste peintre. Ils conçoivent un lieu d’habitation unique, où chacune de leur personnalité a pu s’exprimer. textes C.A photos Pol Guillard

« Au début ce n’était qu’un tas de ruine. Très romantique comme cadre ! C’est également un lieu qui nous a permis d’édifier une architecture moderne tout en restant ancrés dans la tradition.» Quand deux architectes décident de concevoir un espace, il faut s’attendre à voir quelques conflits à l’horizon. Georges Candilis un ami proche du couple, venu visiter la Tunisie, en profite pour saluer le couple Ben Miled. Il a longuement observé les lieux : il avait ce sentiment que deux conceptions s’étaient affrontées. Deux personnalités rivales ont fini par créer un lieu d’un esthétisme rare.


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Art de vivre

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La maison est entièrement tournée vers le jardin. De mai à octobre, la famille vit quasiment dans les espaces extérieurs. Différentes zones ont été aménagés afin de profiter des points de vues variés sur le village et la mer. Un revêtement en pierre permet de laver à grande eau et ainsi de créer de la fraicheur les jours de grande chaleur. Le bigaradier, le citronnier, le jasmin, l’ambre et le bougainvillier stimulent les sens et orchestrent de leurs couleurs ce jardin. La maison est conçue de manière à ce que chaque membre garde son indépendance. De nombreux demi-niveaux composent les volumes. Cette configuration favorise les vues en plongée et contre plongée. Nous ressentons fortement les variations de lumière naturelle et les différents cadrages sur le paysage. Nous retrouvons dans leur intérieur, les souvenirs de voyages, des peintures d’amis de passage en Tunisie, des pièces rares de l’artisanat tunisien et des


meubles d’influences européennes. La composition est maitrisée. Ainsi dans cette atmosphère de palais ottoman, nous retrouvons l’ensemble, table et chaises, dessiné par Eero Saarinen (1956) et des meubles d’ébénistes issus de familles italiennes islamisées qui ont su conserver et adapter leur savoir-faire. Un élément est récurrent chez les Ben Miled : le lit sur un podium. Ils ont su mêler la tradition du lit dans l’alcôve des maisons traditionnelles de la Médina et les habitudes hippies des années 60’. La grande baie vitrée du salon est un hommage à la nature. Le découpage de la menuiserie est réalisé de telle sorte que chaque carrée forme un tableau différent sur le paysage. Jallila et Farouk se marient alors qu’ils sont encore étudiants à Paris. Pour cadeau de mariage Farouk avait le choix entre un équipement en électroménager ou cette vieille ruine. Son attachement au village de Sidi Bou Said et le grand potentiel de ce terrain ont eu raison de lui. Le couple a longtemps été très actif dans la préservation du village. Mais leurs efforts ont été mis à rudes épreuves par le tourisme de masse et de la trop grande publicité, qui charrie l’été, un grand un nombre de visiteurs et dans leurs sillages les nombreux bazars de pacotille qui polluent les rues et les places.

L’alcôve gannariya

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Art de vivre

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La double hauteur du salon laisse place à un escalier et une coursive qui mènent à la chambre du couple. Les murs sont recouverts d’une importante collection de tableaux orientalistes. Les éléments de décor traditionnels sont réinterprétés comme par exemple le motif de carreau de céramique Jnah Khroutifa (aile d’hirondelle) dessinent les chevrons de contre marches.

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Art de vivre

en attendant le paradis

Dar Ben Abdallah La réputation du peintre Jellal Ben Abdallah ayant franchie les frontières de la Tunisie, certains japonais, attirés par le bon goût du peintre en matière d’architecture auraient reconstitués cette demeure dans les moindres détails au pays du Soleil Levant. Visite guidée ! textes C . Atallah photos Pol Guillard

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Salon à deux travées, l’une voûtée l’autre au plafond naturel et aux poutres décorées de frises.


Art de vivre

Voilà plus de quanrante ans que Jellal et Latifa Ben Abdallâh s’installent dans le village de Sidi Bou Said. Ils nous accueillent dans leur havre de paix juché sur un terrain en gradins à l’extrémité du village. L’édification de cette demeure commence par un long travail (de 1960 à 1970) de rassemblement d’objets : poutres, briques, colonnes et chapiteaux en marbre, arcades d’une ancienne loggia, etc. A une époque où le patrimoine ancestral était associé à l’archaïsme, où la modernité prenait sens dans le béton et le plastique, Jellal Ben Abdallah a, d’une certaine manière, conservé les restes de ce patrimoine voué à la destruction. Débute alors la conception de leur maison sur les bases de reliques trouvées ça et la.

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Des éléments dispersés et chargés d’histoire se côtoient dans un ensemble harmonieux. Le hanout hajem, le chapiteau corinthien, la porte cloutée, sont désormais détournés pour mieux servir ces nouveaux espaces. La construction fut une incroyable prouesse technique : après acquisition, le terrain s’avère être pratiquement inconstructible du fait de la fragilité des sous sols extrêmement argileux. L’occupation raisonnée de l’espace fut réduite au minimum. Douze pieux de 27 mètres furent réalisés afin d’asseoir les fondations et assurer la stabilité de l’édifice. Seuls la piscine et son amphithéâtre reposent une roche. Passé la contrainte technique, l’ensemble forme un assemblage justement proportionné de volumes, en saillies.


La rencontre des différents volumes crée un espace intérieur complexe multipliant les vues depuis les alcôves. La peinture ne quitte jamais Jellal, elle est omniprésente, dans ses toiles autant que dans les cadrages qu’offre l’architecture de la maison, sur le golfe de Tunis. Chaque espace est propice à un moment de la journée afin de contempler les variations et les richesses de la nature. La répartition au sol est finement maitrisée : des volumes occupés par les espaces de vie sont conçus sur un système de voûtes croisées en brique plate. Ces voûtes reposent sur des colonnes et découpent l’occupation au sol par de petits espaces. La limite spatiale est visible mais impalpable.

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Art de vivre

La façade principale depuis la porte d’entrée semble faire échos à ce qui a de plus cher à Le Corbusier « l’architecture est un jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière...»

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Le jardin est constitué en terrasses surplomblant la mer. La piscine en forme de goutte d’eau affleure le sol. Elle est enlacée par un amphithéâtre éclatant de blanc. Le poisson au fond de la piscine a été dessiné par le peintre.

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Art de vivre

Villa Guesnon Située à Sidi Bou Saïd, la villa Guesnon est l’œuvre de Guy et Reymond, célèbres architectes français et figures majeures de l’architecture dite « Arabisante » ou néo-mauresque qui s’est développée en Tunisie entre 1900 et 1930. textes Ahmed Zaouche photos Pol Guillard

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Perchée sur les hauteurs de Sidi Bou Said, cette maison belvédère offre une vue imprenable depuis le jardin sur le golfe de Carthage

Cette maison de maître témoigne du talent des architectes des Beaux-Arts comme Raphaël Guy qui ont participé activement à une réelle renaissance architecturale au Maghreb en renouvelant le répertoire décoratif local et en essayant de combiner un répertoire ornemental issu de la tradition tunisoise avec une typologie spatiale moderne et occidentale. Composée de deux niveaux, le volume cubique de la villa est flanqué à l’Est d’une tour d’escaliers typique de l’architecture de Guy et dessert une grande terrasse offrant une vue imprenable sur Carthage. La hauteur de cette tour d’angle ainsi que le volume saillant de l’entrée cassent la monotonie du gabarit de la villa qui est coiffé d’un acrotère fin aux motifs crénelés.


Une succession de battants étroits forme une grande baie vitrée éclairant les salons de l’étage. Le tout est orné d’un auvent en tuiles que soutiennent de vigoureux corbeaux en bois.

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Art de vivre

Un détail caractéristique de l’architecture de Guy et que l’on retrouve à l’hôtel de ville de Sfax ou encore à l’Institut Pasteur de Tunis. L’entrée de la maison est nichée dans un portique se déployant sur deux niveaux. Alors qu’au rez-de-chaussée, les linteaux des ouvertures sont droits, les percements de l’étage sont inscrits dans des arcs outrepassés rompant savamment la logique des ouvertures du moucharabieh. Celui est garni d’auvents à consoles en bois. Les baies du rez-de-chaussée sont d’une grande finesse : des panneaux de bois ouvragés et peints sont garnis d’étoiles à sept branches, de fins claustras et de vitraux multicolores dans le goût des maisons de la médina. Restaurée par la famille Abdelkafi qui a su redonner à l’édifice son lustre d’antan, la villa Guesnon vit surtout en été…

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Sitôt le soleil réapparu, MdT espère vous faire (re)découvrir cet intérieur singulier. Les nombreux amoureux de l’architecture domestique orientaliste tunisienne ne devront pas rater l’exposition « Maisons de maître à Tunis, 1900-1930 » qui sera présentée tout au long du mois de juin 2010 au Palais Kheireddine, Musée de la ville de Tunis.

Les ouvertures du portique d’entrée sont richement ouvragées et ornées de vitraux de multicolores dans le goût des grandes demeures patriarcales de la médina de Tunis


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Vue de la façade principale extraite du portfolio de Raphaël Guy : « l’architecture moderne de style arabe »



Ossature Poétique Meubles d’exception

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Ossature Poétique 88

Dans le chantier d’une authentique maison à patio de la médina de Tunis et datant du 18e siècle, nous avons tenu à raconter l’histoire de luminaires, de tapis et de chaises d’exception. Tout ce monde a trouvé sa juste place dans cet univers déconstruit et chargé de poésie. mises en scène : Shasha photos : Pol Guillard assisté par Sofiane Ben Hadad remerciements : Prestige Project, Comptoir d’Amilcar, Zina, Caravansérail, Khaled Ayed, Zoubeir Mouhli, Ahmed Zaouche, Cyrine Bouagila et Aziz Belhadj.


Prestige Project : Elephant Stool in limited collection (wood) by Charles & Ray Eames, VITRA, 3000 DT. Chaise PRETZEL Limited collection by Georges Nelson, VITRA, 5000 DT. Zina : Lampe sur pied, abat jour en parchemin plissé, 650 DT. Comptoir d’Amilcar : Lampe faço­n Nogushi, grand format 150 DT, petit format 90 DT Caravansérail : tapis ancien (prix sur demande)

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Prestige Project : Elephant Stool in limited collection (wood) by Charles & Ray Eames, VITRA, 3000 DT. Elephant stool in plastic collection by Charles & Ray Eames, VITRA. 372 DT. Chaise STEELWOOD by Ronan et Erwan Bouroullec, MAGIS. 875 DT Comptoir d’Amilcar : Lampe courte sur pied, abat jour en papier, socle en fer forgé, 250 DT. Lampe haute sur pied, abat jour en papier, socle en fer forgé, 220 DT. Tapis berbère blanc en laine 90 DT. Tapis en laine, damier rouge et blanc, 90 DT. Zina : Pouf en céramique blanche 150 DT. Lampe tige 120 DT. Caravansérail : tapis ancien (prix sur demande)


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Prestige Project : Chien PUPPY by Ron Arad, MAGIS. 187,500 DT. Chaise Clover by Ron Arad, DRIADE. 1100 DT Zina : Lampe Kendyl en céramique 90 DT, lampe Kendyl en cuivre martelé 100 DT. Lanterne étoile 260 DT. Caravansérail : tapis ancien (prix sur demande)


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Prestige Project : Elephant stool in plastic collection by Charles & Ray Eames, VITRA. 372 DT Comptoir d’Amilcar : Lampe façon Nogushi, 90 DT. Lampe haute sur pied, abat jour en papier, socle en fer forgé, 170 DT. Zina : poissons en cuivre martelé et nickelé argent et or, 35 DT l’unité Caravansérail : écharppe en soie écrue, 150 DT, écharppe en soie gris, 120 DT. Tissage à la main.

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Prestige Project : Tabouret. STOOL ONE by Konstantin Grcic, MAGIS. 600 DT. Pot de fleur HEAVEN by J. M. Massaud, EMU. 1562,500 DT CaravansĂŠrail : tapis ancien (prix sur demande)


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znik style

Léger souffle d’orient sur la déco

Marque page en cuivre et pasementerie. 18DT. ARTESIA

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Plateau blanc et clouté sur les bords. EL HANOUT


Photophore en cuivre martelé 80DT. EL HANOUT

Pochette à savon, 5DT et savon 2DT, l’unité Comptoir d’Amilcar

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Assiette noire calligraphiée 180DT. EL HANOUT


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Des TISSUS

La galerie Atrium propose un large choix de tissus et d’objet en kedhel (pierre calcaire). MdT à composer pour vous des tissus, des papiers peint et des objets pour habiller vos intérieurs. compositions : shasha et Cyrine Bouagila photos : Pol Guillard

ATRIUM GALLERY, Av, 7 Novembre-Carthage (A côté de l’Amphithéâtre de Carthage) 2016 Tunisie Tél. : (+216) 71.73.37.96 / 71.20.68.02 Fax : (+216) 71.73.25.03 / 71.20.62.80 e-mail : atrium.gallery@wanadoo.tn Site Web : www.artemis.com.tn

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Tissu Casamence Palazzo 167Dt/m Tissu en velours gris moiré Casamence Oxford 148Dt/m Tissu en velours bleu turquoise Foresti 114Dt/m Boule en marbre Kedhel 250Dt Bol en marbre Fousana 450Dt Peau de vache 500Dt


Plateau en micro mosa誰que noir 2500Dt Boule en marbre Aziza 250Dt Tissu en velours vert Foresti 114Dt/m Bol en marbre Aziza (petit) 200Dt Bol en marbre Aziza (grand) 250Dt

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Papier peint Rose « Goa » Casamence Camengo 288Dt/ le rouleau (10 m/52 cm) Tissu en velours marron Foresti 114Dt/m Tissu en lin bleu nuit Sahco Tendenza 158Dt/m Tissu à carreaux Sahco Astor 87Dt/m

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Papier peint noir Sahco 350Dt/ le rouleau Chaise en cuir 300 Dt Tissu noir et gris Casamence Kabuki 128Dt/m Tissu taffetas noir 45Dt/m Tissu en lin bleu 45Dt/m Tissu en lin gris Sahco Breeze 85Dt/m

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MELI MELO

Verres à eau 30cl Uptow Luminarc 25,990DT les 4 unités. Marmitte 22 cm revêtement anti-adhésif LEDA ALLUFLON – 179,000 DT Faitout 24 cm revêtement anti-adhésif LEDA ALLUFLON – 149,000 DT

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Sélection MdT pour Objets pour un quotidien tout en beauté !


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Lampe à poser rouge ou blanche 29,900 DT l’unité.

Lampe à poser rouge 59,90 DT

Faitout 24 cm revêtement anti-adhésif LEDA ALLUFLON – 149,000 DT

Sauteuse 26 cm revêtement anti-adhésif LEDA ALLUFLON – 159,000 DT

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plateau en métal 36 cm STUDIO NOVA – 5,900 DT


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Stanliver L’icône du style avant gardiste en Tunisie

Stanliver mélange les styles et ose en premier les tons vifs et francs. Source d’idées déco et produits nouveaux, l’enseigne Stanliver enchaîne les ouvertures sur le territoire tunisien depuis juillet dernier. Ainsi Stanliver compte déjà en moins de 6 mois des points de vente à Menzah V, centre Zephyr à La Marsa et la Soukkra Qualité insolite à une époque où prévaut le culte futile du nouveau, du spontané et du geste unique, telle est la philosophie de l’enseigne. Les créateurs de Stanliver dessinent appliques, lampadaires, salons et séjours avec un esprit innovateur et un peu étrange qui souvent le caractérise. Ils s’inspirent des modèles cultes pour vous les proposer à des prix abordables à des couleurs toujours plus étonnantes pour un intérieur à la fois timide et extraverti. Beaucoup d’audace caractérise les ambiances des show rooms où se marient les teintes fleuries aux couleurs éclatantes et fraîches. La couleur explose toujours sans jamais être envahissante pour un intérieur heureux simplement.

La nouvelle vague de décoration Stanliver vous invite à profiter de la vague 100% décoration pour connaître des produits nouveaux et des graphismes originaux et cela via un large éventail de produits de décoration : papier peint, verrerie, tableaux, chaise design et mille et une forme de bougies. Les jeunes créateurs impliqués trouvent un langage moderne pour interpréter un style de vie citadin, ils imaginent un design fonctionnel mais humain, innovant mais sobre, accessible au plus grand nombre mais de qualité. Mobilier, rideaux, arts de la table, luminaires continuent à passionner les adeptes Stanliver parce que l’utile, l’authentique, et le naturel demeure des valeurs fondamentales pour l’enseigne. Stanliver et la verrerie La ligne de verres résolument pratique et basique que l’enseigne présente joue l’évolution dans le respect de la tradition. Des verres de toutes les couleurs égaient les ambiances et ensoleillent en ces jours d’hiver

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Show room centre commercial Zephyr La MARSA


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Show room Av. Ahmed Tlili MENZAH V

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Salon du Meuble de Tunis du 5 au 14 Février 2010 Le Salon du Meuble de Tunis est une exposition vente mais aussi un salon professionnel qui regroupe plus de 200 exposants qui présenteront les nouvelles collections et tendances de l’année 2010. Les meubles exposés répondent aux besoins des consommateurs particuliers, des entreprises hôtelières, des promoteurs immobiliers, et des collectivités publiques. Une large gamme est exposée: chambres à coucher, chambres pour enfants, salons en tous genres, salles à manger, meubles de bureaux, meubles pour collectivités publiques, cuisines complètement aménagées avec mention spéciale des articles massifs faits main. Pour maintenir un haut niveau de qualité des produits exposés, une sélection stricte des exposants est opérée. Une commission formée par l’organisme professionnel du secteur et l’organisateur du Salon veille dans ce sens. Par ailleurs, cet événement qui est surtout grand public attire régulièrement plus de 110000 visiteurs, soit une affluence moyenne record pour un salon en Tunisie. Le Salon du Meuble de Tunis est la vitrine de référence du meuble en Tunisie.

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ABC Abdenadher Aïn Zaghouan,BP 318, Tunis Tél. : 71 725 777 Fax : 71 760 046

Elements Centre CARREFOUR Boutique n°9 Tél : +216 71 778 928 www.elements.com.tn

Abdelmomen Chemingui CREATION JUMEAUX Rue Hammadi Rejeb Beni Khiar 8060 – Tunisie Tel: +(216) 98 55 60 59 Fax: +(216) 72 22 84 10 E-mail: creajum@yahoo.fr

Enzocuisine 58, Av. Fattouma Bourguiba. La Soukra. Tél / Fax : 70 938 166 www.enzocuisine.com

Alisée ZI Sidi Daouad 2046 - Tunisie Tél: 70 937 227 Attitude Tanit Center- Jinène Eddounia Boutique N°21, La Marsa Mitoyen Carrefour Tél. : 70 939 558 attitude@hexabyte.tn Bisazza Reimex S.A, 41 Rue 8600 Charguia 1. Tél. : 71 772 299. GSM : 97 655 871. E-mail : r.h@reimex.com.tn Black & Blum ltd. 2.07 oxo tower wharf, bargehouse street, london, se1 9ph, uk tel: +44 (0)20 7633 0022 fax: +44 (0)20 7633 0202 design@black-blum.com www.Black-blum.com Caravan Serail 72 bis rue El Nouairi Sidi Fradj, 2046 la Soukra. Tunisie Carré Déco Tanit Center, Jinène Eddounya Boutique N°39, La Marsa mitoyen Carrefour Dom - 156, avenue de l'UMA. Soukra Center Tél. : 70 948 482 - Fax : 70 948 515 - 2, av. de République, La Marsa Tél. : 71 983 451 - GSM : 24 615 000 Domelec Tanit Center, Résidence La Marsa mitoyen Carrefour Tél : 25 044 440 Fax : 25 401 804 contact@domelec.com

Jinène

Edifia 92-94, av. Hédi Chaker, Belvédère Tunis. Tél. : 71 797 964 - Fax : 71 892 508 info@edifia.com.tn www.edifia.com.tn Edra Via Ciovassino 3, Milano Tel. +39.02.86995122 Fax. +39.02.86913528 Email: edra.milano@edra.com www.edra.com Extra light N° 23 route de la Marsa 2045 l’Aouina - Tunis Tel: 70 727 837

Eddounya,

Reimex 41, Rue 8600, ZI Charguia 1 Tél. : 71 773 680 - Fax : 71 799 510 commercial@reimex.com.tn www.reimex.com.tn

Fuchi-ka: Route de la Soukra Km 13 Sidi Fradj, 2036 La Soukra Tél: 71 864 400

Rochebobois Avenue de l'UMA, La Soukra. Tél. : 70 948 420 Fax : 71 868 701 k.benali@roche-bobois.com www.roche-bobois.com

Hayson deco Jinène Eddounya (à côté de Carrefour) Sidi Daoud - Tunis. Tél. : 71 777 456 Fax : 71 777 408 info@haysondeco.com www.haysondeco.com

Salah sfar D.A.B s.a.r.l. 20 rue du Grenadier 2070 La Marsa – Tunisie Tel/Fax: +(216) 71 74 73 68 philippedab@hexabyte.tn

Hanout 2 et 4 rue JF Kennedy ,71 Avenue Habib Bourguiba Carthage Hannibal

Salottitalia ZI MghiraI Lot 65, Fouchana , Ben Arous. Tél: 79 408 709. - Fax : 79 408 783 info@salottitalia.net www.salottitalia.net

Interieurs Rte de la soukra ,Km 13 2036 Sidi Fradj Tunis Tél : +216 71 863 611 www.interieurs.com.tn Kahenart Av. du Théatre Romain Carthage Hannibal Tunisie Fax : +(216) 71 730 670 kahenart@topnet.tn

Tanit Center Résidence Jinène Eddonia, La Marsa Mitoyen Carrefour. Tél. : +21670 938 667 - Fax : 70 938 727 carthago@carthagoceramic.com.tn

Le Comptoir d’Amilcar Avenue Habib Bourguiba 2016 Carthage Présidence Tél: 71 775 789

Tarak Kamoun ORIENTAL DESIGN Route de Tunis Km 2 8020 Soliman – Tunisie Tel : +(216) 72 290 188 Fax : +(216) 72 290 212
 od@orientaldesign.com.tn

KBR 147 Av de la Liberté, 1002 Tunis Tel. : +216 71 802 446 Fax : +216 71 802 856 kbr@kbr-net.com

Valpaint Tanit Center, Résidence Jinène Eddonia, La Marsa Mitoyen Carrefour Tél : +216 72 681 051 - Fax : 72 681 071 valpaint.tunisie@valpaint.com.tn

Loft Rue du lac lock Ness, Les berges du Lac-Tunis. Tél. : 71 862 251 - Fax : 71 862 264 lac@loft.com.tn

Zina Paris 19, rue La Vieuville 75018 Paris Tél. : 01 42 23 69 46 E-mail : zina_contact@yah

Meubletub Route de l’aéroport Tunis - Carthage, Rue n°7 - Z.I La Charguia 1 Tél : +216 71 205 339 www.meublentub.com Pearl Luxury Group. Tél. : (0) 44 207 208 2478 www.pearl-luxury-group.com Pergola: 58 Avenue Fattouma Bourguiba, 2036 La Soukra Tél: 70 939 615 Prestige Projects Centre commercial Pyramide du Lac ñ Rue Lac Victoria - les berges du lac - Tunis Tél. : + 216 71 962 287 Email :lazgheb@prestigeprojects.net www.prestigeprojects.net

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