Agriculture Urbaine - N°1 - PRODUCTION

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N°1

PRODUCTIVITÉ

Laboratoire expérimental d’agriculture urbaine



EDITO

L’agriculture urbaine est à la mode. Qui oserait déclarer, sans peur de passer pour un dangereux rétrograde, que la ville n’a sûrement pas besoin d’être verte, et encore moins de se laisser envahir par une cohorte de bien-penseurs aux pieds nus, nous expliquant que l’avenir de la cité se passera les mollets dans la boue? Depuis qu’on s’est aperçu que les limites de notre planète n’étaient pas extensibles, et surtout que le prix du litre d’essence n’allait plus permettre de rouler seul au volant de son s.u.v pour se rendre en week-end, un climat morose s’est sournoisement installé. Les premiers signes de cette situation ne datent pas d’hier, le premier choc pétrolier en atteste, mais la véritable prise de conscience ne semble éclore que maintenant. Car finalement, c’est le porte-feuille qui est venu finir de convaincre les plus réticents. Et c’est à cet instant que débuta la panique, la peur inhérente à la perte du pouvoir d’achat. Les lendemains ne seraient plus chantant, et les valses incessantes de caddies de supermarchés remplis à ras bord, virevoltants frénétiquement sur fond de musique pop allaient devoir se faire plus rare. Désormais remonté à bloc et gorgé de lumière tungstène, le consommateur n’est pas content et il le fait savoir, c’est le commencement.

Adrien Jacquet, architecte aventurier

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SOMMAIRE N°1 / PRODUCTION / DÉC 2012

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INTRODUCTION

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CARTE

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PARKING

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PIGEON

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MÉTHANE

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LOOP

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FLEURS FUNÈBRES

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AUTONOMIE VEGETALE

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MICROCAMPUS

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COLONIE

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CONCLUSION

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INTRODUCTION

Depuis la révolution industrielle du XIX ème siècle, les villes occidentales ont progressivement tourné le dos à leurs outils de production. Ils furent relégués au mieux en périphérie mais également jusqu’aux pays en voix de développement. Notons à cela deux raisons majeures : le déplacement des nuisances environnementales dans des contrées aux législations plus souples, ainsi que le profit lié au faible coût de la main d’œuvre.

pourrait se révéler être un formidable moteur de développement urbain, économique, ou environnemental. Pourquoi alors ne pas associer ces procédés à la technologie dont nous disposons, et ne plus forcément les dissocier, mais les intégrer pleinement à la conception de la ville de demain, et faire ainsi fonctionner main dans la main progrès et bon sens...

Mais à l’heure de la hausse du coût des matières premières, et de la naissance d’une conscience écologique ce schéma devient de moins en moins approprié. La morale, mais surtout nos finances qui déclinent aussi rapidement que l’image de notre modèle économique occidental, nous font maintenant considérer l’avenir d’un autre œil. Des villes comme La Havane ou Port-Au-Prince à Haïti pourraient devenir de futurs modèles en terme de productivité. Certes elles ne brillent pas forcément par leur indice de développement humain (IDH), mais elles ont su préserver, et même encourager une sorte de mixité entre l’agriculture et l’urbanisme. A la suite de l’effondrement du bloc soviétique, Cuba a su lancer une véritable politique d’économie verte, visant à maximiser sa productivité tout en minimisant les transports. Il en résulte une hétérogénéité positive où l’agricole est parfaitement inséré au tissu urbain, et cela en partie grâce à une forte évolution des mentalités. Car ce développement, comme à Haïti, touche toutes les couches de la population, de la sphère familiale jusqu’à la communauté. On retrouve ainsi une production de fruits, légumes, fleurs, herbes et plantes médicinales ou d’engrais pour diversifier l’alimentation. La réduction des déchets, le réemploi, le recyclage et le compostage rendent également l’environnement plus sain. Tout est canalisé par un développement important de jardins ouvriers, dits de subsistance, qui viennent contribuer d’une manière majeure à l’harmonie du système. Mais les exemples sont nombreux, on pourrait citer la ville du Caire et son réseau de chiffonniers les Zibbalin qui contribuent activement au recyclage des déchets de la capitale Égyptienne. Ou encore le Chili qui exploitait le guano sur ses archipels du Pacifique au XIX ème siècle, et qui vient récemment de remettre cette pratique au goût du jour sur ses côtes, afin de ré-exploiter cet engrais naturellement riche et conforme à l’agriculture biologique, etc... Ces différentes méthodes de production nous prouvent bien une chose, nos villes ont tout intérêt à s’inspirer de leurs consœurs de l’hémisphère sud, car ce qui pouvait paraître jusqu’à lors comme une économie de subsistance

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CARTE

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PARKING ? ?

De nos jours, avoir une voiture coûte de plus en plus cher, tant d’un point de vue économique qu’écologique. Le développement des transports en commun, et l’apparition de nouveaux services tels que la location de voiture à l’heure, ou du vélib’ posent des questions sur l’intérêt de posséder une automobile. L’idée est de transformer sa place de parking en potager, garantissant ainsi une meilleure utilisation de l’espace. Le locataire ou propriétaire s’installe dans le périmètre réglementaire de son emplacement attitré. L’espace est donc optimisé, utilisé à 100% du temps. Il donne a chacun la possibilité de cultiver fruits, légumes ou fleurs. Il offre un espace de stockage et de travail extérieur. Il permet également de tisser du lien social entre les voisins qui se retrouvent la pelle à la main pour échanger de bons conseils.

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PIGEON

Le centre ville de rennes est une zone dense, où peu d’espace est laissé vacant. Chaque parcelle est mise à contribution, et les rares endroits disponibles sont immédiatement sujets à des projets immobiliers. A court terme, les seuls espaces exploitables sont les places publiques. L’idée serait alors de les investir en utilisant le moins d’emprise au sol, soit pour multiplier des actions agricoles au maximum, soit pour impacter un minimum l’espace publique, qui n’est pas expansible. En s’intéressant au problème des pigeons dans la ville, c’est la possibilité de transformer une nuisance en bénéfice. En effet, la fiente de pigeon est une matière riche, qu’on utilise dans de nombreux pays pour fertiliser les terres agricoles, notamment en Capadoce, où sa valeur est ouvertement reconnue. Ayant une haute teneur en azote, ces déjéctions peuvent se substituer aux engrais chimiques. La construction d’une tour de 12 mètres de haut permet d’accueillir environ 3500 pigeons, en utilisant seulement 3m² d’espace au sol. Une tour de ce type permet la production annuelle de 60 tonnes de fiente, soit de quoi fertiliser 8 fois la superficie du thabor. On peut donc imaginer que la multiplication de ces édifices pourrait contribuer d’une manière substantielle à la production agricole biologique.

12kg 12kg

60T 60T 1 pigeon = 12kg de fiente/an 1 pigeon = 12kg de fiente/an soit 60t/an soit 60t/an

Europe Europe 20kg 20kg

USA USA 80kg 80kg

Afrique Afrique 5kg 5kg

100kg 100kg

300kg 300kg

Consommation Consommation d’engrais d’engrais par an et par habitant. par an et par habitant.

100kg d’amnonitrate (engrais 100kg d’amnonitrate (engrais chimique) chimique) = = 300kg de fiente en taux d’azote 300kg de fiente en taux d’azote 100kg 33.5U/AZ 100kg 33.5U/AZ 100kg d’engrais chimique 100kg d’engrais chimique = = 33.5kg unités d’azote 33.5kg unités d’azote 800kg = 800kg =

1Ha 1Ha Soit pour 1Ha, Soit pour 1Ha, 800kg de fiente 800kg de fiente de pigeons de pigeons Azote 14.79% Azote 14.79% Phosphore 34.63% Phosphore 34.63% Potasse 19.49% Potasse 19.49% Chaux 31.13% Chaux 31.13%

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La multiplication des tours à l’échelle du centre historique permettrait d’atteindre l’autonomie dans l’utilisation d’engrais pour la ville de Rennes. Plusieurs pigeonniers suffiraient à approvisionner l’ensemble des parcs et jardins municipaux. L’excédent pourrait être vendu aux particuliers ou même redistribué gratuitement aux habitants souhaitant cultiver une parcelle dans un jardin ouvrier. Le développement de ce projet à l’ensemble de l’agglomération apporte une valeur pédagogique, il fait signe et démontre qu’avec peu de moyens nous serions capables de faire évoluer les consciences.

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METHANE

Pour avoir une politique écologique cohérante, la question du traitement des déchets est une donnée essentielle. Chaque Francais «produit» 370 kg de déchets par an, ce qui équivaut à 30 millions de tonnes, qui doivent être traitées chaque année sur ses 30 millions, seul 20% sont véritablement recyclés (principalement verre, papier et plastique), et le reste est brulé dans les centrales d’incinération, enterré, ou encore laissé à l’air libre (décharge, sauvage ou non). Pour réduire l’impact des déchets sur l’environement, il faut - tout en réduisant la production de déchet - travailler sur la valorisation des déchets par des procédés de compostage, de recyclage, ou de méthanisation. La technique de méthanisation, déja utilisée dans l’agriculture (élevage) peu aussi être utilisée avec une partie des déchets domestiques, les déchets putricides (29 % des 370 kg/an), ainsi que les déchets végétaux d’entretien de voiries, et les denrées alimentaires périmées issues de la grande et moyenne distribution. Le principe d’une usine de méthanisation est simple,les déchets sont placés dans de grands digesteurs, ou des bactéries vont détruire leurs chaines carboniques, en dégageant du méthane et un digestat comprenant de l’eau, des matières solides non digérables et des minéraux, il est possible de séparer l’eau et la matière solide, l’eau qui est riche en nutriment peu servir pour l’arosage, et la matière solide riche en azote et autres minéraux permet de faire de l’engrais. Le CH4 produit peu être utilisé de plusieurs manières, il peut servir pour approvisionner une flotte de véhicules fonctionnants avec un moteur à gaz, ou encore alimenter un cogénérateur pour produire de l’éléctricité et de la chaleur. Pour l’instant, la méthaniation est surtout utilisée dans le monde rural, mais le procédé peu être utilisé en agglomération, la pollution olfactive générée par le traitement des déchets putricides domestique étant moindre que celle générée par le traitement du lisier de porc par exemple, et peu être encore largement réduite par une bonne isolation des différentes parties de l’usine. De plus, la technologie ayant évoluée, il est maintenant possible d’avoir des usines fonctionnant avec les déchets d’une plus petite zone tout en gardant une réelle rentabilité, à l’échelle d’un quartier de 20 000 habitants.

l’électricité et la chaleur peuvent être directement utilisées par les bâtiments alentour. Dans le cas d’une usine au Blosne récupérant le déchets des 20 000 habitants, cela permet de chauffer et d’approvisonner en electricité 1 000 habitants (cf axonométrie). Il faudrait donc 10 usines de ce type pour traiter tout les déchets méthanisables produit dans Rennes intra-muros.

Electricité CH4 Digesteur

Cogénérateur

Chaleur

Eau

Le quartier du Blosne est particulièrement propice à l’installation de ce type d’usine, la faible densité du bâtie permet d’implanter facilement l’usine et la présence de beaucoup d’espace verts (jardin privé et cœur d’îlot) permet d’utiliser localement une partie du digestat, alors que

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≈3 1 800 200 0.192 200 0.8

20000 6240 4992000 1248000 1198 1248000 4992

Une majorité des projets visants à traiter les déchets produits en ville sont pour l’instant d’immenses complexes d’usines (souvent d’incinérations) qui ont pour but de rassembler tout les déchets d’une agglomération sur un seul site, en dehors de la ville. Pourtant, grâce aux nouvelles technologies en matière de tri et de valorisation des déchets, il est possible de changer l’étendue des zones à traiter, et de choisir précisement la nature des différents outils les plus adaptés pour chaque forme d’urbanité. Le rôle de l’architecte sera donc d’intégrer ces nouveaux projets à leur contexte, tant par la forme que par les programmes annexes qui restent à inventer!

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LOOP

Du champ à l’assiette, c’est un tiers des denrées alimentaires qui sont perdues. La souveraineté et la sécurité alimentaire ne sont pas assurées, ni dans le monde ni même en France. Les chiffres nous disent que 41% des français passent une journée ou plus par semaine dans leur potager ou leur verger. L’agriculture pour soi devient une passion, c’est le plaisir de créer quelque chose de ses propres mains et de retrouver le vrai goût des aliments. Aussi, cela s’intègre parfaitement dans les préoccupations écologiques, qui dominent actuellement la réflexion sociétale, c’est en quelque sorte la réalisation très concrète d’une utopie. Dans ce quartier pavillonnaire, coincé entre deux voies de chemin de fer, l’espace du jardin privatif est mutualisé en partie afin d’y implanter une trame potagère. Les habitants ont alors une surface imposante afin de venir cultiver euxmêmes leur fruits et légumes. A la croisée des deux lignes de train, une zone de compost est installée: les déchets ménagers, après un temps de maturation, se transforment en un engrais efficace pour les potagers du quartier. Un cycle alimentaire est ainsi injecté au sein de ce lieu. L’habitant est donc responsable de son gaspillage et gère luimême sa/ses culture(s).

déchets ménagers

déchets ménagers fruits & légumes

compost

fruits & légumes

compost potagers

BAC A COMPOST 1m

potagers

ENGRAIS POUR 3 ARES BAC A COMPOST 1m ENGRAIS POUR 3 ARES

des francais rêve d’un jardin potager

des francais rêve d’un jardin potager

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Le concept est de reprendre l’idée du jardin partagé et de l’appliquer à toutes zones pavillonnaires. Ce projet radical imposera aux habitants la notion de gaspillage et celle du partage en prenant le potager comme la représentation symbolique de la Terre. Il nous fera prendre conscience de l’importance et du soin nécessaire qu’il faut acquérir pour manger sainement dans une période où l’homme consomme plus qu’il ne produit. Il servira aussi de lien entre voisins et cassera des barrières sociales à travers l’échange et l’agriculture.

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FLEURS FUNÈBRES

10m

On peut trouver une explication au fait que certains aliments nous viennent de l’autre côté du monde mais pour une matière secondaire tels que les fleurs, on ne peut admettre une telle démarche. Le projet porte sur le cycle de vie des fleurs. Juste derrière le mur du cimetière, où il y a suffisamment d’espace, les fleurs sont cultivées, vendues, utilisées et correctement recyclées par compostage. Le cimetière du Nord et le canal forment une parcelle non utilisée qui sera convertie en champ de fleurs. L’eau du canal étant à proximité, elle sera utilisée pour l’arrosage. Rien de l’éxistant ne sera conservé exepté la maison romantique de la poésie qui complète l’atmosphère triste de l’éternité et du paysage. Le bâtiment de service qui comporte un magasin, un lieu de stockage et de compost est connecté directement au mur en pierre du cimetière. Il est possible de se débarrasser des vieilles fleurs à travers des ouvertures dans le mur du cimetière. Pour cultiver pendant l´hiver des serres modulaires sont reparties dans les champs. L’architecture du bâtiment est très simple pour bien garder la piété des environs, près du cimetière. Elle correspond à la division d´interieurs modulaires qui peuvent être facilement ajustés en fonction de la capacité requise. Le système peut d’ailleurs être appliqué aux autres cimetières.

50m

100m

Circuit actuel de la production florale: Les fleurs sont produites aux Pays-Bas, elles sont ensuite acheminées à Amsterdam (Bourse aux fleurs 1/3 du commerce mondial de fleurs coupées) puis vendues par camion en France.

1000 kms - 48 h Nouveau circuit de proximité: Les fleurs sont produites, vendues, utilisées et recyclées dans un seul et même lieu.

0 km

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Saint-Laurent

Cesson-Sévigné

Pacé

Système modulaire

Les champs, les serres et le magasin composent un système modulaire reproductible dans d’autres cimetières rennais.

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AUTONOMIE VEGETALE

L’hôpital est un morceau de ville dans la ville. Comment pourrait-on organiser ce territoire en vue de productivité? La circulation au sein du complexe doit évidemment rester fluide, mais qu’en est-il des parkings aux entrées de l’hôpital? Aujourd’hui, ils occupent 50 000 m2 de surface au sol. Si l’on imaginait minimiser leur emprise en construisant des silos à voitures aux entrées de l’hôpital, un nouvel espace serait alors libre de tout usage et laisserait la place à une infinité de possibles. Ici, dans le cas d’agriculture urbaine, ces nouvelles parcelles sont investies de différentes manières. Certaines, au centre de l’hôpital ou tout simplement propice à cet usage, deviennent espaces verts. D’autres sont mises à disposition pour la production alimentaire. On peut très bien imaginer qu’il s’agisse de potagers mais le CHU Pontchaillou possède 907 chambres, soit environ 2 700 repas par jour, sans compter le personnel. On peut donc envisager une production hors sol, sous serre et en hydroponie, qui est la plus efficace en terme de rendement. 75 m2 de culture peuvent produire jusqu’à 3 700 kg de légumes en un cycle de 3 mois. Avec 26 000 m2 de serres, on peut donc prétendre à 1 000 t. En prenant en considération le perpétuel mouvement d’un hôpital, flux, réseaux, extensions... il est nécessaire que les structures soient légères ou bien qu’elles permettent un maximum de flexibilité d’usages pour anticiper les nouvelles opérations. Les serres et les silos semblent tout à fait adapter.

= 907 chambres = 2700 repas / jour

Situation actuelle

50 000 m² de parking

Nouvelle situation

12 000 m² de parking 26 000 m² de serres créés

12 000 m² d’espace vert en plus

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HYPOTHESE En supposant que l’ensemble de ces surfaces ai un ratio similaire à l’hôpital (1/6 de l’aire est occupée par les parkings), on obtient :

zone industrielle Saint Grégoire

centre commercial Longchamps

1 400 000 m² de parking

CHU Pontchaillou + camps Villejean

8 300 000 m² de surface totale

réaménagement des parkings

700 000 m² de serres 34 500 t de production / 3 mois

La voiture est une thématique essentielle de la ville durable. Elle est principalement remise en cause pour les pollutions qu’elle représente tant carboniques que visuelles. Ici, l’objet était de questionner une nouvelle forme urbaine à partir de l’espace du parking. Une meilleure gestion permettrait de libérer d’importantes surfaces de productions à l’échelle de la ville. Les hôpitaux comme les centre commerciaux, zones industrielles, campus... pourraient être revus. La solution coûteuse des silos est délicate si on l’envisage à court terme, mais, en considérant un investissement prospectif, on peut imaginer que la flexibilité et la pérennité structurelle de tels ouvrages permettent l’évolution du programme.

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campus Beaulieu

zone industrielle route de Lorient

zone industrielle Sud-Est

centre commercial Alma

L d p v f m s c c s c n o


MICROCAMPUS

Le campus «aux allures de parc» c’est 95% de simulacre dédié à réconforter une image d’indépendance à fort caractère identitaire cher aux universités. 95% d’espace ornemental en fin de compte inapproprié. Comment conjuguer cet espace d’appartenance avec le thème de la production? L’agriculture urbaine, à première vue antinomique car déjà et toujours la ville est densité et l’agriculture espace, peut trouver ici un compromis au premier degré. Sur un total de 17 hectares, 16 sont non-bâtit et peuvent donc accueillir des micro-champs d’agriculture bio-intensive. Ce procédé a bien des avantages, en plus d’être soutenable il permet avec une surface minimum théorique de 380 m² une autosuffisance alimentaire en régime végétalien quand aujourd’hui on en cosomme 2500 m² *. Sachant que les résidences étudiantes sur le site propose 240 places pour 16,2 hectares non-bâtit, la solution apparaît évidente. Une première distribution de l’espace rend compte des capacité d’un tel dispositif: chaque étudiant dispose de 670 m². Si l’on soustrait à cette parcelle les 380 m² de son autosuffisance alimentaire en régime. végétalien, le reste (290 m²) peut être partagé selon une grille programmatique pré-établi en terme de ratio entre circulation, équipement (réserve, réféctoire?) et loisir (parc) en fonction du campus en question. Ce système de production n’est évidemment pas géré par les étudiants même si ils peuvent y participer. * le régime végétalien n’est pas une fin en soit.

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Ré-évaluer dans son contexte l’ambition du projet au vue de l’enjeu stratégique du site, point névralgique entre la dernière réserve d’urbanisation de Rennes (nord-est / projet Viasilva) et le grand campus de Beaulieu. De manière générique,étendre ce principe d’occupation des sols à travers tout les campus de Rennes. Et à plus grande échelle, questionner en amont la conception des campus universitaire. Campus qui se veulent de plus en plus indépendants et responsables, qui tentent de plus en plus à ressembler à la ville...

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COLONIE

65 % de l’habitat en France est constitué de logements pavillonnaires. Ces pavillons “vivre à la campagne” fonctionnent en zones closes, sans relation directe avec l’espace public et le paysage. De l’autre côté du canal, la zone industrielle St Grégoire produit elle aussi son cota d’espaces non définis. La colonisation végétale des ces espaces vacants s’avère être appropriée pour l’une ou l’autre rive. Seuls les essences et la densité de plantation varient. Cette nouvelle forêt orthonormée produit deux choses: soit de la cagette pour l’industrie, soit du bois de chauffage. Alors que l’activité sylvicole française est un paradoxe (en déficit avec 40% inexploités), cette intervention vient redynamiser la filière en ville. La berge fertile constitue une ossature, crée un lieu de développement pour la ville et ses habitants. La recolonisation végétale ordonnée fabrique ce lien manquant. Le « vide » devient alors un « plein » biologique, écologique et économique. La super-structure, trait d’union entre les deux rives, abrite les différents pôles: le sciage, déchiquetage, séchage, assemblage. La main d’oeuvre et l’outillage sont mutualisés dans cet unique bâtiment.

pôle multimodal mutualisation MO + outillage

peupleraie = emballage 4.09 ha, densité 1100t/ha

chênaie/frênaie = chauffage 3.35 ha, densité 1100t/ha

RENDEMENTS

peupleraie : 12 M3 Matière sèche / ha / an dans ce cas : 49.03 M3 = 37.06 T = 12 355 cagettes /an [3 T = 1000 cagettes] chênaie - frênaie : 8 T MS / ha / an dans ce cas : 55.28 T = 105.03 stères = 17 500 L Fioul économisés /an [6 st = 1000L Fioul]

chênaie/frênaie = chauffage 3.56 ha, densité 625t/ha RENDEMENTS/

peupleraie : 12 M3 Matière sèche / ha / an dans ce cas : 49.03 M3 = 37.06 T = 12 355 cagettes /an [3 T = 1000 cagettes] chênaie - frênaie : 8 T MS / ha / an dans ce cas : 55.28 T= 105.03 stères = 17 500 L Fioul économisés /an [6 st = 1000L Fioul]

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10 ha

25 ha

Lieux de colonisation potentielle à Rennes 35 ha peupleraie = 105 700 cagettes 35 ha chênaie-frênaie = 88 600 L Fioul

Lieux de colonisation potentielle à Rennes 35 ha peupleraie = 105 700 cagettes 35 ha chênaie-frênaie = 88 600 L Fioul

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OUVERTURE

A travers cette première étape, le thème de la production a été abordé sous différents angles. Bien qu’elle s’articule autour d’une problématique commune, l’hypercontextualisation des champs d’interventions enrichit les réponses apportées. Produire en ville ne se conçoit pas de la même manière lorsqu’on traite une zone pavillonnaire, un grand ensemble, ou une place publique au cœur du centre historique. Les projets se sont naturellement classés en deux types de familles. La première regroupe ceux qui ont cherché à rentabiliser l’espace, à l’utiliser d’une manière plus prolifique que ce qu’elle était. C’est le cas de fleurs funèbres, micro-campus, colonie, parking ou encore autonomie végétale. A chaque fois la problématique est de rendre le terrain plus productif et mieux organisé. En effet, une friche à côté d’un cimetière pourrait accueillir un champ horticole, fournir les fleuristes avoisinants qui travaillent en relation avec le deuil, et même intégrer la notion de recyclage de ses propres déchets végétaux pour nourrir à nouveau les plantes. C’est un circuit court pensé directement in-situ mais qui offre, comme les autres projets, la possibilité d’être reproduit en d’autres lieux dans la ville.

L’ensemble des projets ont une valeur générique, car la résolution d’une problématique in-situ peut être reproduite à l’échelle de la ville. La productivité s’inscrit cependant dans un cycle qui intègre d’autres étapes, notamment la consommation ou la distribution. Cette dernière apparaît comme la suite logique du processus de développement de l’agriculture urbaine, car il faut maintenant imaginer des systèmes de redistribution, à la fois pour les nouvelles productions créées, mais également celles déjà existantes en périphérie.

La seconde famille s’inscrit plutôt dans une démarche de valorisation des sites, où comment rendre productif des lieux qui n’offrent ni espaces vacants, ni possibilité de requalification. On retrouve ici pigeon, méthane et loop. Ils illustrent la difficulté d’agir dans un tissu urbain dense où chaque intervention doit minimiser et rationaliser son emprise au sol. L’exemple du pigeonnier interroge la possibilité de projeter sur les places publiques, et dans la ville en général. Il ne serait pas raisonnable de transformer ces lieux en potagers à grande échelle, ni d’en modifier l’usage ou la symbolique. En détournant l’image du monument, il provoque. C’est un signal d’alarme pour le citadin qui peut alors prendre conscience de la nécessité de faire évoluer son mode de vie, et d’envisager d’autres possibles.

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ENSAB 2012 Atelier Patrick Chavannes Pierre Arnou Adrien Boucicaud Antoine Conor Adrien Conq Franรงois-Xavier Curis Pierre-Alexandre Deconinck Adrien Jacquet Zuzana Kucerova


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