olivier Keriven poésie 1974 - 2004

Page 1

OLIVIER KERIVEN

POESIE

1974.2004 Une production OK MUSIC et NOTES sur ECRITS


VOLUME 1

UNE ETREINTE MAGNOLIA


REVOLUTION . Lilas carminés Eclos Eclatés en cellules Fleurs de sang Fleur sang Caricatures de répression traquées Irradiées Collées aux murs Par les rues aveugles Nuit tombée aux affrontements hurlants Grenade enragées Engagées Cris de haine ou de victoire La peur Toutes ces couleurs Maelströms croyances Morts imaginées En feux de joie … … Et la chambre après Mutants de révolution blêmes Enfants entassés à la lueur d’une bougie Brouillards lacrymogènes dans la tête Explosions retardées dans les yeux Pleurs Nerfs vibrants Papiers arrachés Pansements sales Matelas éventrés … … Plus tard Aube endormie Deux garçons enlacés Orgasme vital Et la fille à genoux Ses mains posées sur ses cuisses Psalmodiant le vent qui va tourner …


MONDE COLORIAGE J’ais pris l’habitude de fréquenter Un monde qui semble Si réel et pourtant L’ombre des chandelles s’y tord bizarrement … Un mur parmi cinq n’existe pas On ne s’y abreuve que de jus de carotte Dans de petits verres incrustés de vitraux Et les habitants Se cherchent en courant Par les rues s’interpellant Tous ont Comme un petit souris Qui appelle à la mélancolie Les usines les fabriques Ailleurs déplacés Par des jardins des squares remplacés Parcs pour enfants sages Malgré Des allures de gamins délurés Les dames et les monsieur Portent des noms démodés Et, à soixante ans passés, Se tenant par la main, Déambulent parmi les massifs de bégonias C’est un monde coloriage Où l’on oublie son âge Petits chapeaux et rues pavées Ferme les yeux et voyage Si tu veux m’y retrouver …


SEINE FIGéE Quand le ciel de la pyramide Limite la vision Le ciel en dégradés humides Mille fois criant le nom Desseins forgés par le passé Décrochent sans passion Insouciant parmi les traînées Vierge de tous les sons Cherche le visage de l’enfant Nu Inaperçu Négligeant les restes écœurants D’un festin Perdu Ce monde n’existe plus pour moi Est-ce que j’existe sans lui … Qui le croit ? Pourquoi les croix restent brisées Oubliées Dérisoires Au bord des routes déchirées C’est la fin des pouvoirs Quand les fougères atteignent les toits Temps et poussière Survivant pas la peine d’une foi Rouillée comme le fer La ville est morte balayée Rues laissées aux vents Brille la Seine au sommeil figé Lumière Rebelle Attends …


LA PETITE FILLE Tous sont tombés d’accord pour colporter la rumeur La petite fille est folle Elle s’allonge, le dos sur la terre et éclate de rire En attendant que l’herbe lui pousse au travers Sans envies de fuir Elle dessine dans la boue avec ses omoplates De curieux paysages mous Puis court et se gratte Tous sont tombés d’accord pour colporter la rumeur La petite délurée est un démon Au jour de son anniversaire elle fume en pleurant Des cigares si gros si fiers Que sa tête tourne en tombant La fillette se transforme se cache en femme Triste ou gaie elle donne Forme à ses drames Toi et moi nous savons La petite fille est folle Et c’est mieux ainsi …


LA PLUIE BRULE Fuites obliques de pierres laiteuses Coulent emportant les murs en poussière Fillette assise au sol curieuse Surprise pourquoi le ciel en colère Soleil blanc branches à terre cassées Quadrillent les rues vides si longtemps Tu observes les feuilles desséchées Si seulement il restait le vent Cyclamen par la fange délavée Le sang des nuées te serait fatal Caches toi du ciel chargé Protèges le diamant de leurs jeux sales Protèges toi car la pluie brûle Tu sais les nuages ont perdus La couleur des larmes … N’oublies pas …


VARIANTES Innocence crénelée Réfractaire à la loi Perdre le croire De la voie féminine D’épices en supplices Démolir les délices

niée la voie lactée niée la mère nié l’envers nié le contraire croissants de lune cachés côtes brumeuses envisagées

Contorsions vaudous crissent Fenêtres joyeuses remplissent Que serons-nous Tu me dis vous Esclave ou fou Je me dissous

loin de douceurs imaginées lentement les fautes délaissées

d’autre demain refuses ma main qu’appeler mien m’effiloche pour rien …


Des circonvolutions incandescentes Lucioles de toutes les nocturnes . Les rêveries brûlantes De lointains appels … Des chants entrelacés De balafons tapis de sens, Conversation des djembés Ricochant de la lune à la forêt … Le vin de palme Eveille les villages, les feux De la transe habituelle, vitale … La panthère trace dans la pénombre Des dédales d’histoires Parmi les branches Les perroquets endormis Les singes évanouis … Et tu es là … Je te sens, Subjuguant l’obscurité Des parfums de ta peau . Je t’entends respirer Dans le sommeil de la jungle . Je te sais … Vibrer profondément, Chanter sans bruit La danse des étoiles, Assise sur la mousse Parmi les fleurs géantes Les lianes protectrices,


Attentive Au grand rythme vert … Tu attends Le retour du rythme De l’immémoriale simplicité Du cœur de ton cœur … Laisses moi chanter pour toi le sens de la douceur, Les fontaines de perles Hors de la nuit Hors du jour Laisse moi te raconter … Bassin parfumé De roses en pétales Tapissé de boutons à peine éclos . Ici s’ébattent Des familles de cacatoès Des rossignols délurés Cachés parmi les jonquilles . La mémoire des nénuphars Imprimée de mondes mosaïques D’un moutonnement d’espaces De places où l’espoir s’épanouit . Mouvements nouveaux Renouveaux de noblesse Mille printemps mille desseins Tourner sur soi-même Jusqu’à l’euphorie Derviche ébloui Ton visage en surimpression Derviche toupie Dessinant ton centre de gravité Parmi les bambous, Les feuilles au sol . Par instants, Simplement, Je touche le bonheur


Feuilles de noisetiers Cercles en giration Parterres de jonquilles Ondées sans autres conséquences Que le bonheur des azalées Le long des canaux Assieds-toi dans l’herbe avec moi Ferme les yeux et vois, Dans la plaine, un troupeau d’orignaux, Et le vent, symphonie magistrale … Formons le cercle, tu veux ? Entrons en résonance, Le ciel et la terre Sont si proches Avec toi … Prends mon bras et marchons Parmi les ormeaux feuilles dentelées, Ornements d’un paradis à découvrir . Appuis ton dos Contre le tronc d’un arbre Et ferme les yeux … Sens, Sens l’appel qui nous donnera La force de n’être plus Les orphelins de la création Sens la force l’oscillation … Viens … Sauvons-nous Loin de la médiocrité la mesquinerie, Osons oublier le non-sens De ne plus savoir aimer … Rameaux posés A même le sol Suis tes signes Je t’attendrai


Pas tout à fait le silence … Juste des visions de jade Comme disséminés le long du manche La contrebasse de Scott LaFaro Comme le frémissement des feuilles L’orme protégeant ce vieil ermitage Si loin … Pas tout à fait le silence Respiration nocturne Chapelet de notes ivoirines … Quoi ? Penses-tu que les mots Puissent faire partager des sensations ? Que dois-je faire ? Etouffer ou laisser déborder Même si cela doit tout gâcher Je ne peux pas toujours cacher Les folies que je brise . La violence de la peur Contre la violence des sentiments Choisir Me taire si il le faut . Pas tout à fait le silence Je parle trop, je sais ! Parle, toi …


Les trajets étoilés de mille ciels Reflets adoucis par la Seine Vieilles pierres et réverbères Les rues sont vides, cette nuit … Peut-être deux amoureux Assis sur le rebord d’un pont … Promenade à deux Les vitrines sont éteintes Les rêves sont intacts, Comme une glace aux fruits Dévorée dans le froid Devant Notre-Dame Oubliée par ses lumières, Dévorée comme un ultime recours Face au temps, Aux jours vides … Instants dérobés Complicité vitale … Permission de l’heure suspendue, Repoussant le moment De séparer nos mains Collées l’une à l’autre … De ton visage transfiguré dans la pénombre Par la lueur diffuse d’un écran de cinéma, De ton sourire quand tu tournes la tête Vers moi en conduisant, A tes cheveux sur mon épaule Lorsque nous nous sommes endormi . Vivre, vivre enfin Sincèrement Simplement Chaque instant de chaleur, De partage Les débats les silences La lueur des bougies Auréolée de tes yeux … Vivre, vivre enfin …


UNE HISTOIRE D’AMOUR SANS AMOUR C’est l’histoire d’une fille . Une fille, une dame, une femme … Comme tu veux . Une fille qui, tous les soirs à la même heure, prend l’autobus . Soir après soir, le même bus, dans la même direction . Station après station, d’un arrêt à un autre . Les deux mêmes arrêts, bornes fixes, et elle entre les deux, telle un cobaye dans un labyrinthe, en connaissant à l’avance les embûches, les moindres leurres, les souricières . Un dédale dont elle s’échapperait éternellement par la même porte, sans tourner en rond ailleurs que dans ses rêves . Cette fille … Cette femme, peutimporte son nom, ressent, ce soir, un besoin, une exigence : crier . Déchirer ce véhicule, si grand, si petit à la fois, d’un éclair arraché à ses cordes vocales fatiguées . Lacérer le brouhaha rassurant engendré par ces gens qui n’ont d’autre consistance, pour elle, qu’emplir l’espace de leur respiration au ralenti … Possible, mais aujourd’hui ses mains tremblent, vibrent autrement . Son sang crépite, irriguant la moindre parcelle de son corps . Torrent irrésistible renversant sur son passage tous les jeux de cartes sans gagnante … Sans hasard . Le faut-il ? Hurler ! Emettre un râle . Celui qui prélude au plaisir . Celui de la dernière expiration, de la première inspiration … C’est l’histoire d’une fille … Qui pleure lentement, assise sur un siège d’autobus . Ne crois pas que ce soit la défaite qui la fasse pleurer . Non ! C’est la joie . La joie d’avoir senti son cri éclore de l’intérieur . La joie d’avoir permis au moule de se briser en elle . D’avoir oser la jouissance, le laisser-aller, l’orgasme de son cri, l’explosion de son cœur . N’y vois pas les larmes de l’humiliation mais la tendre rivière d’après la chair de poule . Et si les gens autour d’elle détournent leurs yeux de son regard . Elle n’en a que faire . Elle sait quoi faire … Que faire … Quoi faire … C’est l’histoire d’une fille qui se lève à la station d’avant . La station d’avant, tu comprends ? Elle se fraye un passage jusqu’à la porte, les yeux à demi-clos, arborant un air amusé. Et pourtant d’un sérieux … Elle pose un pied sur le marchepied, puis, descend, appuyant fermement de tout son poids sur les marches comme pour bien y laisser ses empreintes . Et le bus repart . Si c’était dans son caractère, elle danserait bien autour du poteau indiquant l’arrêt . Mais elle sait qu’elle n’a nul besoin d’exagérer . Elle reste juste plantée là, respirant goulûment cet air déjà si différent , à mille deux cent mètres seulement


en arrière du cours de son histoire . Elle embrasse son sac à main puis se met en marche empruntant la piste encore enfumée laissée par le bus qui disparaît au coin de la rue . D’abord, elle progresse en catimini, à pas feutrés, indienne suivant sa tribu parmi les fougères à la tombée de la nuit . Puis sa démarche se fait plus assurée . De temps à autre elle s’arrête sous un réverbère afin d’observer les moustiques voleter à l’aveuglette autour de la lumière . Elle s’écarte de la ligne droite, s’intéresse à la vitrine d’une boutique endormie derrière son rideau de fer ou, peut-être, avale avec curiosité la détresse d’un homme solitaire accoudé au bar d’un café encore ouvert . Elle frotte, sans aucune raison, son imperméable le long des lattes de bois d’un banc planté au milieu du trottoir puis reprend sa marche, sereine . C’est l’histoire d’une fille qui arrive à sa station, celle de tous les jours . Il y a bien longtemps que l’autobus est loin maintenant . Plissant ironiquement ses yeux, elle fait semblant de descendre du bus évanoui, simplement, juste pour remettre ses pas d’aujourd’hui dans ceux d’hier . Il ne lui reste plus que trois cent mètres à marcher avant de se retrouver devant sa porte, sa maison, son logement, sa vie … Maintenant, elle se bien qu’elle n’est plus obligée de se presser . Ni même de rentrer si l’envie lui en prend . Peut-importe qui peut bien l’attendre ! Elle soupçonne qu’elle est seule à sourire, seule à pleurer désormais … Si l’un ou l’autre patiente, la guette … Et alors ! Doit-elle se rendre malheureuse pour autant ? Elle y va car elle appréhende le fait qu’il lui suffit d’un peu de force, même si tout la fait paraître usée, fatiguée … Juste un soupçon d’elle même pour sentir le vent de la liberté . C’est l’histoire d’une fille, d’une femme … Comme les autres .


Errance de dentelle Humblement honorer Les gouttelettes la consolation D’un soir l’interrogation L’irréalité l’irréalisé D’un ciel jonglé De joyaux d’ivresse, Ravissement … Les jonques ombres découpées Sur la lune éclatée Délayée dans la baie … Qui sommes nous au-delà des marées ? Nymphes et parcelles de neige Enchevêtrement de pactes de signes Origines de parallèles abandonnées . Parles-moi … Je … perméable … à la transmission . Tiens dans tes mains Le vent des vastes steppes, Des communes de grizzly Priant parmi les arbustes . Du puma solitaire, De la marmotte étonnée … De là-haut, enfin … dans ta main … Combien de temps pourrais-je vivre Sans la chaleur d’une amie, L’amour d’une maîtresse, La présence d’une femme … Le vent pousse des larmes Dans un souffle Vers la calme volupté De la montagne . Tu as pris mon souffle, ma vie est à toi Je chante à l’infini


La douceur De danser avec toi … Longues nappes de violoncelles Douces fusions dérivant Autour de mes veines Formes extrêmes D’extases « florescentes » Simple sourire Expression mature Intemporelle Messages mésanges Nerfs connectés A la respiration des jardins Motifs nomades Fresques de bonheur noisette … Refus des directions obliques Pour toi je veux briser Les cycles de l’échec . … Effluve de lumière Tu es le miroir La transparence de mes passions Tu m’aspires Vers l’issue désirée Chaque jour plus claire Plus profonde Exprimée Hors de la mémoire De la terre … Prends-moi …


Les plus subtils Des messages Sont inscrits sur tes lèvres … Dans l’encens Incandescent De tes regards Qui me poussent à enfouir Ma tête dans tes cheveux Les yeux mi-clos, Je suis là contre toi La chaleur la puissance De ton ventre contre le mien Tu te recules Mes mains à plat Sur le haut de tes épaules Tu ris, Oscille ton visage Découvrant le pouvoir de ta séduction … Sublime réalité C’est toi que je vois Tu sais Combien je désire ton cœur, ton corps L’espace l’étincelle Délivrée par ton instinct, Ton âme … Les plus subtils … Inscrits Tes lèvres


LA SOLITUDE DU BOUFFON Multitude de jours passés A faire naître des sourires Pour les petits, grimacer Donner à oublier le pire Blaguer les garçons, les messieurs Rire aux éclats, les filles les dames Plaisanter les jeunes, tutoyer les vieux D’insolences, de farces, de drames Jouer mille tours Jusqu’au lever du jour Conter sans fin des bêtises Casser les horloges, détraquer les visions Effacer ce qui défrise Raccourcir les espaces aux jours si longs … Enfin, lorsque tous sont partis dormir Chemins de rien, nuits sans fond Ne plus savoir comment fuir La solitude du bouffon …


HEURE OU ILLUSION Cette nuit il m’a dit Si tu me laisses Posséder mes mots Sans rien voir Qui croire ?

ton savoir dans le noir

Il m’a dit tu pars Il parle à ma place Est-il encore temps D’oublier Ou prier ?

emporté submergé

Je veux me garder Ils ne pourront rien Suis-je vraiment sûr De mes pleurs ? C’est l’heure …

si j’ai peur si je meurs


Textes extraits des recueils : « Pré en Bulles » « Poésies » « Tu marches avec le sable »

1974 / 1986 1987 / 1991 1992 / 1993


VOLUME 2

CHER MAITRE


A la mémoire d’Allen GINSBERG ( 1926 – 1997 ) .


PROLOGUE Et le corps déployé des trains, Lancés à perdre haleine, Déboulonne la raison . Se rit-il ou non des échecs ? J’ai vu un monde total . Tout y semblait possible, Mais, comment dire ? … Pas seulement exotique . Tout était là . Tout d’abord, un bâtonnet d’encens, inutile, Simple et fastueux . Comment a-t-il bien pu user de transformation, Mutant en une sorte de cercle enfermé Au cœur d’un microprocesseur, seul … Tout d’abord, il y avait … Taj Mahal Taj Mahal Un cri érigé Un appel d’une urgence Que ne pouvait expliquer le mystique . Réalité franche, élémentaire . Le feu rafraîchi par le vent, Complexe, mais modestement …


Mystérieux Mystérieuse Jazz Jazz Libre Bouquets fuseaux Extrémité légendaire Message lysergique Hâtons-nous … Après Culminer … Pas maintenant Mystérieux Mystérieuse Tout se déchire ! Tout se mélange ! Tout se déverse ! Exactement … Ecartelé . Espaces divers … Plusieurs temps . Traversé … Transpercé . Ruptures divergentes . Je m’imagine sombrer mais, quel étonnement, Lorsque la douleur s’évanouit, Laissant place au flot simultané Unissant enfin ce qui semblait disséminé . Voyage le long du voyage, Exploration .


ACTE 1 Cher vieil Allen Inconscient prêtre d’éveil, De la nuit à l’inconscient de ton corps consacré . Les plus grands esprits … “ I saw the best minds of my generation destroyed by Madness, starving hysterical naked … ” Ces mots, tu me les a confiés Et le cri d’espace, aboli, Percutait mon cortex fleurissant . Alors … Tel un rebond, Je suis parti loin … Loin … Le temps s’est éclipsé, tu vois, ce mélange, Déchirant la lumière des projecteurs, les tapis, les piliers « Little Wing » Et tes mots, Ma voix naissante Oubliant la durée … Leur durée . Rebondir encore plus loin . Demain, je tomberai Peut-être … Tu sais, de partout en totalité, Emporté, encore … Regarder la pluie qui tombe, Drue, toujours, sans compter . Canevas abriter La galerie l’esquisse


L’étrave le galet Etourdi et fragile Explorer élaborer … Et tout s’efface de nouveau Le sens se dédouble légèrement La douleur est infime mais présente En sera-t-il ainsi à chaque retour ? Renaissance Dans quel sens ? Tu sais, il serait juste de tout te dévoiler … Tout d’abord, il y avait cette fille, Et puis cette autre, et cette autre encore … Je découvrais rapidement Que l’amour était la seule force Qui nous permettrait de lutter . Et puis, le voyage … Il me semble durer depuis si longtemps, Ou bien s’est-il arrêté sans que je m’en aperçoive … Des filles encore, Des nuits, des jours . Beaucoup lire Ecrire peu Toujours ces cœurs, ces sourires, Ces peaux imaginées De mains et de mots . J’essaie d’entrer profondément, Mais la douleur m’étreint … … Un mur . Allen, tu sais, toi, La coupure psychédélique, Le Bouddha molécule . S’il le faut : coller mon œil au kaléidoscope . Je n’ai fait qu’entrevoir . Dans quel sens me faut-il refaire le chemin ?


Ce jour là … Peut-être La poésie sera quotidienne . Cela a-t-il une réelle importance ? Mangue mangue Parfum de mangue Saveur Mangue mangue Et si je fais comme si de rien n’était … Tout semble si simple . La pluie tombe doucement Les gouttes se scindent en labyrinthes Feuilles sombres Des insectes chantent doucement, Aspirant doucement la nuit . Tout semble si présent Pluie éternelle Chaque bouquet de fleurs à sa place Et les lueurs des bougies Au travers des paravents ajourés Bambous et orchidées Bois vernis et tissus de soie rouge Rêve de son corps en mouvement Parmi les vases, les fumées d’encens ; Une statuette posée devant la glace Rêve de mon rêve, Assise, souriante, sur les tissus blancs . Parmi les senteurs épicées, son parfum . Tout semble si simple . Rêve de mon rêve … Permanence …


ACTE 2 Troisième étage Porte fenêtre Sans rideaux La pluie tombe sans discontinuer Le feu passe au vert Vingt-trois heures Quelques voitures Phares, flaques Il y a vraiment beaucoup de voitures Qui attends ces hommes, ces femmes, Seuls, traversant la nuit Parmi les bruits mélangés De moteurs et de pluie ? Peut-être écoutent-ils de la musique, En rêvant, les mains posées Machinalement sur le volant . Sont-ils pressés, ou bien Traînent-ils le long d’un trajet inutile Sans nul espoir de tendresse à l’arrivée ? Nulle tendresse à l’arrivée Et je les regarde passer . Je me trouve approximativement A la hauteur des réverbères Saturés de gouttelettes phosphorescentes . Moi Sans plus Nuit stylo M’identifiant à leurs rêves Comme pour oublier les miens . Les miens, comme un couteau …


Comme un couteau d’infini Un couteau de temps rebelle Une lame qu’on dit froide Mais qui me dévore instantanément Une brûlure qui me harcèle D’un bout à l’autre du temps … Le feu vient de repasser au vert ! Appartement silence Le temps s’efface Seul le rythme des moteurs Espacés, aléatoires, Tellement prévisibles, Quand le vide frappe le rythme … Fenêtres, rectangles au loin C’est là tout l’horizon de mon savoir . Recommence le jeu Comme un flash-back en avant ? … Qui se cache derrière les barrières de lumière ? Quelles solitudes quels bonheurs … Arrêtez tout ! Je ne peux plus perdre pied maintenant Que me manque la force ou la folie ? Qu’importe . Hasards directions mascarade encore . Sœurs frères rapprochons nos corps … ça y est ! Je me lâche … Heureusement, quelque fenêtre s’éteint, Me réveille . Je suis … Bientôt Le temps n’a aucun sens Pour moi, le sexe est un délire schizophrène . En effet, un fragment de mon être Croit encore en l’amour sans limite .


C’est effarant, mais qu’y puis-je ? Jamais je ne me serais cru cynique à ce point Jamais je ne me serais cru … Présence, présence … Parle moi . Rappelle toi pourtant lorsque tu me racontais … Tu sais, cet après-midi, Moi aussi, j’ai vu de grands esprits Laisser, sans le savoir, sans le vouloir, Déferler le souffle des mandalas Déchaînés et calmes, tout à la fois . Je les ais vu jouer avec les sons, les mots, Jouer avec leurs sens en cascades, De l’un à l’autre . Depuis tellement longtemps, tu le sais bien, Pour moi cela semble continuer . Mais ils ne peuvent encore voir Que tout est neuf . Que leur sont donnés l’esprit et l’instant . Ils créent la réalité poétique à leur image . Dis moi ! Dois-je leur révéler l’importance Ou bien les laisser aller, au risque de se perdre ? De perdre la conscience qu’ils effleurent aujourd’hui, Du bout des ailes, tes des anges inconscients … Je ne sais . Et même . Même si je suis fatigué, Quelle chance de sentir encore … Sentir encore le spontané flamboiement . Une pierre de solitude Fleurit en cordes vocales désaccordées . Ville perte Ville attente Mélodies bancales Tes chants sont de nuit comme de jour . Ils créent des enchevêtrements Que, seul, j’entends . Mille cœurs, mille veines, Qui battent au ciel noir .


Entends-tu, par-delà les rues vides, Derrière les horreurs télévisées . Entends-tu le sourd glissement régulier de la basse, Plus loin que la fatigue, imperturbable . Entends-tu l’étonnante liaison Du feu et de la glace, Ensemble découverts … Le rythme se joue du temps . J’expulse, dans un murmure, Le précieux, la passerelle, Le pigment exprimé, Le fragment, la douce beauté . Ah ! Je peins ce phalanstère . J’ose respirer l’inaltérable à la fiole des firmaments . J’hésite de sensibles finesses . Palmeraie pénétration Charmilles en floraison Apaisent la lame, l’ovale et la courbure . Je confie le fleuve au courant … Je m’étends, Déployant les bois de multitudes ornées, Comme le radeau inscrit des textes indécis . J’ondule, je m’enveloppe Dans un fondu obscur de plaisirs vaporeux, Graciles et fluides empreintes de guérison . Aide évidence Furies artificielles Où les futaies perdurent … Alors les voies m’appellent … Entretiens la forge, l’îlot inventif d’innocence, La chaumière naïve, la fragile lucarne . Entretiens, sans les briser, l’acuité, la trace, Le reflet … Portique lumière Ou tunnel délicatement ralenti ? Galamment, le calme arrondi et paresseux, Les galets de la mousson, le givre et la crinoline, Tel un abri de jade, un repaire …


Janvier, étonnant gingembre, Prodigieux iris opalin . Tiens ! Mon gilet rayonne De graines diffuses, de farines abstraites … Anomalie ? Je suis comme envahi Par tant de grâce, de goyaves et de bienveillance . Sceptique ? Je griffonne de naturelles éraflures, Indigo, ou bien grenat, Des empreintes de quartz Dans le sable jaune du rivage …


ACTE 3 Cher vieux Maître, Nous le savons, Cela n’est pas vraiment sérieux . Cet endroit où toi et moi sommes assis Dans la mue éternelle . Tu me dis, encore et encore, Va plus loin, en avant, en arrière, Sur le fil important de notre instant … Tu es loin et je suis bloqué . Faudra-t-il toujours souffrir ? Je sais : je dois chercher l’angle adéquat . De toute façon, Je n’ai jamais prêté croyance En vos tueurs psychiques . Toujours je les ai nié de stridences . Je les ais là, pourtant . Omniprésence de pouvoir . Si je hais, je crie : Crève ! Si je me moque : Basta ! Demande un peu aux médecins, Ils sont calés ! On me les a décrits … Ils savent des choses . Courses sans fin parmi les cafards . Ceux là même qui colonisent les rames de métro . Je finis par m’habituer à la saleté et à la peur, Aux néons violents, Ciels des quais parcourus, piétinés . Les sens modifiés s’en moquent bien . La police est partout . Mon cœur bat à l’accéléré .


Inspecteurs en civils, Clochards hurlants en direction de galaxies de béton . Sourires fuyants, prostituées, regards . Junkies aux yeux éclatés, Passants fixant le vide . Les entrailles de Paris Ne furent que longues nuits de folie décalée A la recherche de la chaleur corporelle D’une quelconque extase . Des matins de nouvelle vie … Afin de nier les fonctions . C’est tellement facile à dire, Si différent . Faire comprendre, Impossibilité … Et … De nouvelles vies Jeunes Issues du feu De l’intérieur Du cœur Du ventre du rêve … Femme Impossible de savoir Sourires si neufs Présents à jamais Tout change en ces moments Tout se transforme Rien à redire Rien à reconstruire différemment … Attendre ton image Tu viens, je le sais . Que penseras-tu ? Attendre ton image de femme Tes jambes Collants noirs, muscles lisses Ta taille, si fine .


Ta taille, appliquer les paumes de mes mains . Tes seins, libérés des peurs de ta jeunesse . Tes seins, prêts à recevoir l’offrande de ma caresse . Il n’est rien en toi dont je ne désire l’approche . Le reste n’est que de mon imagination . Je ne veux me souvenir d’aucune couleur Afin de te découvrir tout à l’heure, Découvrir la peau de tes suisses, Découvrir la chaude respiration de ton ventre Lorsque je pose, un à un, mes doigts Sur les courbes émouvantes de ta vie . Tes fesses, tes hanches, Retrouver encore l’émotion Lorsque ta main, délicatement, effleure mon sexe … Alors, il semblait important De construire les îles sur les tombes . Des espaces de souvenirs imaginés En lieu et place des cimetières, Posés là, statiques . Et repartir avant d’oublier … A chaque escale, tout concours à me pousser Vers une espèce de défiance de la réalité extérieure Au profit d’une certaine évidente réalité intérieure . Il se peut que j’ai consciemment choisi des routes Qui m’éloignaient, peu à peu, D’une sorte de vérité commune, Tout en prétextant rechercher Une vérité qui dépasserait le commun . Il est fort possible que je sois allé Beaucoup trop loin dans cette direction … Aujourd’hui, je crois m’approcher Au plus prêt de ma vérité . Dois-je couper les ponts ? Je ne crois pas, mais … Aspiration, si belle, De ta cuisse qui cherche à s’arrondir . Je m’élève vers le ciel . Je m’ancre dans la terre .


Des deux, la jonction, douce tempête, Fusion mer et torrent, A la fois élévation, ferveur, Et tendre évidence . Le long de tes jambes, Mes yeux attardent mes mains . Ne trouves-tu pas … L’expression … La formulation courageuse ? Il est fou . Le pied, l’attache du mollet, Si fine, donnant vie aux jambes, Promesses de hauteur . Existe-t-il une âme Qui saurait me rendre compréhensible certain phénomène ? Celui qui, étrangement, bloque Toute velléité de pensée Autre que le laisser aller, Le débordement, Le trop plein, l’énergie d’amour, Jusqu’à même arrêter Le frémissement du vent et des arbres . Seul reste le vide . Un vide puissant, pesant ; Comment donc un trop plein Peut-il se changer sournoisement en vide Rien que par la simple opération D’un retour sur soi-même ? De certaines fonctions, On a beau connaître par cœur le fonctionnement, On en est pas moins atteint par ses effets . Je sais bien ce que ta voix, Qui est la mienne … Essaies-tu de bâtir Une théorie une théorie relative à l’insomnie ?


Le vent brûle les toiles, Achevées ou non . Insinuerais-tu Que l’extase sexuelle Ne constitue pas l’unique solution ? Bien sur que si . Mais le vent brûle les toiles … Et puis, il y a aussi, bien sûr, Le fait que ton cœur batte trop vite . Faire l’amour est vital . De quoi parle-t-il ?


ACTE 4 A perdre haleine, je cours De passages en impasses De visions en décharges violentes Chute entropie, enlisement Mégalopole d’abandon, sacrifice … Ville citadelle Rue aux pouvoirs éthyliques Troubles de tungstène Portails jaunis, Issues hérissées de barreaux cobalt, D’étalages de métal, de pluie dures . Urba Cataractes Bruines passées Lampadaires de souffre Meurtrissures de sang terne Flashs blancs-cendres … Interdits . Souvent, je m’imaginais Que mes partenaires remplissaient un devoir . Je sais, je sais … J’aurais tant donné . Des dévastations d’acier tranchent la lumière grise De méandres désemparés en anéantissements Détonations commotions L’alcool en écho contre les vitrines Inflammation lasse Impuissance devant la cruelle asphyxie Dioxyde distorsion Absence insensible Anémie divagation Insupportable hostilité Rauque hérissée Fièvre dégradation … Désordre .


Nous heurtons, veules, pauvres, Indigence fétide, ignorée, épuisée . Je renonce à rayer l’inquiétant étouffement, la suffocation . Ecchymose, cyanure de fer, Narcose insidieuse, électrostatique . Explosion venimeuse, conflagration, grisou … épreuve . J’estime, en fait, ne pas être celui dont vous auriez besoin . C’est juste une question de langage . Bien sur, Ils utilisent les même mots que toi . Lorsque tu te trouves en leur compagnie, ton regard brille . Tes phrases, en cascades, se bousculent, Se frottent contre leur parole . Crois-tu réellement que je ne te vois pas Allumer cigarette sur cigarette ? Tu crois ? Je sens bien, dans ces moments là, le temps s’effacer pour toi . Je décolle, je suis subversive . Je décolle, je suis marteau . Je n’oublie rien, subterfuge biologique . Je me dis : « Essaye encore de délier le tourment embrouillé, Essaye de démolir le maléfice encéphalique affaibli … » Je … Déstructuré … Déséquilibré Elément … Froid … Consumé Misérable effroi … Tant pis ! Echec . Brutal . Chancelant . Vite . Est ce que ton désir effréné d’un amour Comment dire … Absolu ou intégral ? Est ce que cette quête ne se serait pas convertie en vice ? Seul ce vice me donne forme d’existence . Te donnes vie, tu veux dire ! Vie ou consistance .


Qu’importe alors ! Le fantôme ne joue plus … Pose des bombes inutiles Le long des artères éclatées, Car mieux vaut erreur que vide .


ACTE 5 Allen, te souviens-tu ? Quelque « abandonnati » sans âge Retraçait à notre usage Les lignes et les fuites … Marinetti n’était pas responsable d’un futurisme dévoyé Kafka se défiait des ombres par les ponts Et les ruelles de Prague … Artaud le Momo chez les Tarahumaras … folie Breton, Tzara … folie Nush Eluard … la respiration Nous pleurions lorsque Marx et Bakounine S’apostrophaient par delà la Manche démontée Trotski en fuite Meyrink errait dans les rues d’Amsterdam Refusant de se laisser abuser Niant l’égarement qui le poussait A la recherche de la lumière verte … Frida Khalo, parmi les cactus, Une gitane fumant au travers de ses doigts Ou était Diego ? Nous deux, observant méticuleusement Nos mains se mélanger aux feuilles . Haight Hashbury, les Anges de l’Enfer, Un bus kaléidoscopique, Big Sur et les joyeux lurons, Le vin ivre du zen, Rocheuses ou Yucatan, L’Himalaya, Mexico ou Tanger … Et puis Paris, enfin . Ecoute, au loin ! J’entends encore le Pourpre Sage …


Panama Red et le Vif Argent … Regarde ! Au-delà de l’horizon … Les Morts Reconnaissants … Tribus traversées dans la solitude Et le partage … En totalité . Chuchotez … Chuchotez … Vos vertiges me font mal . Je suis un grain de terre Je désirais juste toucher La puissance des corps . L’infini, c’était un crime … A quoi bon ? Molécule Des sexes d’hommes, par milliers, érigés A la périphérie de mon champ de vision Démence Partons ! Le paradis nous attends … Des peaux frottées au sang de la passion Démence Je me nourris de passion … Œil sacré en rotation zéro Exhibe le ciel désolation non linéaire Matières fatiguées Transitions Pluies Temps échange le miracle, la station vert . Enfants déserteurs de l’autre coté du rivage Le sceptre, le chant, la nuit des chimères, Le feu, le principe, certains damiers Filigranent l’exil, l’abîment certaines odeurs .


Les bâtisseurs de Zénon Les anomalies de Pythagore Delirium, armes, visions Mémoires à la porte de l’hiver Les embûches de Klee Les ruches cosmogoniques de Platon Simulacres, vérités aveugles Labeurs, fantômes de sommeil . Délassement écrit, voie boréale Hexagramme céleste Un oiseau de paradis, Conscience justification, Accord de la chanterelle et du diamant, Suit les racines, refuges du fleuve . Des rossignols translucides donnant la réplique A l’hélianthe tigrée … La forme de l’air se recueille . Expression magique, résonance à la source des nuages . Alors, l’alliance du gréement et de l’amulette, Aphélie du bonheur, indice camarade Au promontoire des temples . Flocon … Acquiescement … Epi permanence … crinière bleue … humus illuminé . La dilatation constante fascine le chaos . Lorsque je ferme les yeux je vois des flèches, Des cultures monochroniques, des expansions virtuelles . Un espace perdu au ressac d’un interface . Un mirage fractal, cognitif, interne . Des sabliers de feu ébréchés, héritiers artificiels . Marées, fournaises, sommeils solaires . L’hydrocortisone introduit des intervalles artificiels . Voie lactée automatique échafaudant d’avant-derniers projets, Des visites persistances, des mondes d’incertitude . « Grande Théorie Unifiée » ou entropie stellaire ? « Tunnel dangereux » aurait ironisé Einstein, Décalant des quasars le long d’une manche de tweed . Fin ! Atome ! Sphères de penthium fauchant des hordes de cyberpunks Dirigés par un disciple oublié de Jung .


Gamins imaginaires transmigrant le long des visages mangeurs Gouffres monades habités de hasards sous pression . Ombres, illusions Clepsydres Sumériens Chiffre primordial gravé Sur un masque finlandais Guerres aztèques, échiquiers samoans . Alors, la tribu du bienheureux embellit le jardin Les Néréides au clair-obscur adoptent le sillon Escarpé de Thulé . Là où les écureuils de Laponie, de fioles en euphorie, Aux soupirs ardents des théorbes caressant Elfes et Korrigans . De la légèreté candide de l’Utopie … par pudeur . Des troubadours félins, de sentes en échoppes, attirés Par le passage limpide du philtre d’extase . L’anneau hilarant éveille les amants de Lesbos, La mutation intime d’Aphrodite … Accalmie A Lhassa, un lama immobile contemple le mouvement clandestin . L’anachorète d’Euréka esquisse la volupté des cèdres, Ebauche une lueur, un compagnon . Il caresse l’empreinte hirsute d’une faune cactus . Rhizome cotonnade serpolet sous l’auvent … recueillement . La tanière élégiaque de la glaise, le sensible instant Du frôlement . Harmonie attirance tabatière et méditation … Miracle . Un établi abandonné parmi les broussailles Tumulus embrasé aux frondaisons d’un grimoire Onguent de ramure, feuilles frissons, L’arôme réconfortant de la résonance Action, thé, grâce et, quelque part, Une muse, l’esprit d’une ondée in-quarto Le temps du rêve serpentant en liberté, Le doux couchant de la forêt manuscrite . Etoffe Quiétude Signe Nuance Dôme Alors … Les tambours Inuits aspirent les saules


Elixir Navajo ; mescal flamboyant, Ornent la glèbe de coloris ondoyants … Mystère Limpide Comprendre Soin et ardeur . Et la machine, à dessein, quitte l’argile, Le fils et l’homme, les tombeaux de changements, Planètes, fusées, labyrinthes, palais androïdes, Humains, ères, lendemains, explorant la création à rebours, Le dieu baleine, paradoxe neuromantique, Tombe d’un soleil crypté, choc standard, onde noire . Si je respire, un microprocesseur synchronique, Un paradoxe de photons cybernétiques, Tachyons évitant les trous noirs de Ptolémée, Naines blanches, effet Doppler, particules subatomiques . Et l’humanité, par delà les démons temporels, Double mémoire, ultime étoile, univers robots . Espace futur Fonction Cygnus … Souffle repos Famille première Je reconnais le bruissement de l’oasis Un moine paisible, un brin de démence Sagesse, non ! Soulagement . Apaisement … … …


EPILOGUE Naître ou mourir Seuls les fous y voient différence Seuls les fous les confondent Seuls les fous le savent peut-être … Cher Maître, les mers, dans quelque direction se porte mon regard, n’ont pas de rivages apparents . Et le temps nous est compté … Si un abject égoïsme menace de tout chavirer, Un souvenir ne m’est plus indispensable pour les aimer, Mais, comme tu l’avais pressenti, il me porte témoignage de L’espace, de l’inévitable haine et de l’ultime fleur …

FIN


Texte écrit en 1998 . Texte interprété à la scène en intégralité ou par extraits de 1998 à 2003 par les groupes Chaman et Poétic Vibes .


VOLUME 3

4°GENERATION ( CHER MAITRE II )


Mongolie … Mongolie … De Samarkand à Oulan Bator … Tribus irréelles planants avec lenteur, Colonnes fusiformes dans le désert, Herboristes de lamelles / circuits insatiables A la recherche des onze dimensions … Moment aléatoire Couple de faible intensité Les théories sont réactions d’égalités variables, Produits de nanitudes nucléaires … Moment blanc Lumière brune Où donc siègent les deux forces ? Actions communes des quartz OA et OB . Direction les proto-étoiles piézo-électriques … Le présage embellit-il le précurseur ? Jack, mort à 45 ans d’une hémorragie intestinale … Willhem passant ses derniers mois en prison … L’enchantement et l’euphorie sont-ils à l’origine de ces motifs ? Découverte catharsis / Invention de la tendresse … Une hétérogénie quelconque enveloppe le reste lacustre D’une forte fragrance de mélisse, Renforçant tous les penchants hétéroclites, Mûrissant dans l’instant les plaisanteries divisibles . Imaginez gemmes plus chatoyantes Que les trapèzes délimités par l’indulgence et l’énergie reproductible . En cette aurore, les napées entrent en rotations délicates . Alors, tout y passe : Les mixtures, les cromlechs, de solides caisses de bois emplies de soma . Même l’insondable attente du délice fugitif … Et aussi John Keats correspondant du passé avec un camé malade de genèses, Des devins, des phytophages changeants, des joyaux, de la citronnelle, des ramboutans, des non-partitions de musiques pentatoniques …


Et un secret : Isaac Newton, dans ses rêves, pénétrait le Kenya nomade . Puis vint un phénix à l’aspect minéral … Des camaïeux s’ébattent dans les intervalles, Les cajoleries et l’abandon …


AUTO-EROTISME BLUES Quand je crois voir la lune se refléter dans une fenêtre d’immeuble, Ce n’est jamais qu’un réverbère … Ainsi danse Maya, déesse de l’illusion . Regarde ces deux papillons de nuit ! Ils sont attirés par la lumière, comme nous . Et, comme nous, ils se brûlent … Allen . Où es-tu ? Désespoir des jours et des nuits solitaires … Ils t-ont quitté ( les jours et les nuits ), vieux bodhisattva indispensable Te souviens-tu des longues après-midi allongé seul sur ton lit ? ( Etait-ce dans les « Journaux Indiens » ? ) Le sexe à la main, n’essayant pas d’oublier … Bien au contraire . Où sont nos fantasmes, « old grey beard » ? Je voudrais Qu’elle ait réellement envie de toucher ma peau, De la regarder, de la lécher, de l’embrasser, De l’aimer en fait, comme elle est et comme j’aimerais la sienne … Qu’elle me trouve attirant, qu’elle désire me sentir, me caresser, Poser son corps contre le mien et écouter nos souffles s’apaiser … Que ma main l’emporte loin, si loin et si prêt à la fois, Qu’elle ait l’irrépressible envie de nos désirs réunis … Qu’elle rythme nos folies de ses langueurs, Qu’elle me demande de l’admirer, de la vénérer, De lui apporter le plaisir de ma tendre dévotion …


LES DEUX AMIS . Il était une fois deux amis . L’un ne vivait que de tempérance et cherchait la permanence . L’autre ne vivait que de passion et recherchait l’extase perpétuelle . Pourtant ces deux amis s’aimaient . Ils n’arrivaient pas à mélanger leurs aspirations mais ne pouvaient pas se détacher l’un de l’autre … Quand l’un méditait, il se demandait ce qui l’amenait à l’exaltation mystique : Etait-ce sa pondération naturelle ou bien la sensibilité de son ami ? Quand l’autre s’enivrait de laudanum, il se demandait ce qui l’amenait à la béatitude : Etait-ce sa faculté au ravissement ou bien le sens de la pérennité de son ami ? Néanmoins, un jour, celui des deux qui ne vivait que d’excitation en vint à proposer l’acte de chair à son compagnon . Jamais, entre eux, ce pas, qui rapproche autant les gens que parfois il les éloigne, n’avait été franchi … Son ami en vint à douter et lui objecta ces mots : Pondération, mesure, retenue, continence, réserve, circonspection, modération … Ce à quoi l’autre lui répondit : Chaleur, émotion, lyrisme, ardeur, élan, emportement, fièvre … Tous deux s’enfermaient dans leurs mots réciproques, allant jusqu’à oublier les concepts mêmes qu’ils représentaient … Alors, ils en vinrent aux mains . Ils se poussèrent, se tapèrent, roulèrent au sol tout en criant à qui mieux mieux . Hasard … Rencontre … Leurs mains … Leurs sexes … Ils eurent alors une vision, un émerveillement … Leurs souffles se mêlèrent . Ils ne devinrent plus qu’un . Ils connurent tout ce que l’autre connaissait . Virent tout ce qu’il avait vu et, surtout, ressentirent tout ce qu’il avait ressenti … Ensemble, ils rêvèrent de continuation .


Lorsque leurs deux corps se séparèrent et roulèrent au sol, ils se retrouvèrent seuls … Chacun ayant réintégré sa demeure première . Alors, ils se regardèrent et se mirent à pleurer …


MA SŒUR . Mon ange Ma poupée

Ma terreur destructrice

Loin du soleil gercé veille la lune chaude Couvrant de sa lumière les épitaphes Idées lointaines Mondes lointains Cœurs lointains Mon royaume Ma vision

Ma déchéance désenchantée

Loin des rivages fracassés respire la soie Couvrant de son envie le grain de tes sens Idées lointaines Mondes lointains Cœurs lointains Ma morale Mon refuge

Mon erreur injustifié

Loin des jours humiliés veille le doux secret Couvrant de son habit la volupté de la perte Idées lointaines Mondes lointains Cœurs lointains Unis dans le rêve lumineux des squelettes effacés …


ENCORE UN POEME POUR ALLEN … Je veux vivre Je veux me lever à l’aube pour faire du yoga, Respirer et m’entraîner au Kung Fu pieds nus dans l’herbe Je veux lire les soutras assis sous un arbre Je veux une petite maison en rondins perdue dans la forêt Je veux vivre Et m’asseoir sous le porche pour fumer ma pipe Je veux rigoler jusqu’à l’aube avec mes vieux amis Je veux voyager sur un échiquier à la lueur des chandelles Je veux être initié au tantrisme par des gens beaux et gentils Mais, si ils sont gentils, n’en seront ils pas automatiquement beaux ? Je veux vivre Je veux une grosse boite pleine à ras bord de bonne herbe à fumer Et une femme douce et tendre pour faire des ronds de fumée avec moi Je veux que nous dansions nus sous la lune Je veux m’allonger à coté d’elle et écouter son cœur battre Et retrouver mon corps et mon cœur en harmonie Je veux vivre Je veux un ordinateur portable branché sur la grande ondulation Toutes les nuits j’écouterais des voies venues des 7 coins de l’espace Et trouver quelqu’un qui se sentirait seul et perdu sous les étoiles Lui parler de caresses, de mots doux / Peut importe sa réelle apparence Nous jouirons ensemble d’un bout du monde à l’autre En gracieuses vibrations électriques Je veux vivre Avec celle et ceux qui voudront partager Je veux vivre Et prolonger ce poème à l’infini …


Silence Réapprendre le silence Secret Réapprendre le secret Douces formes de rêves Dans le silence du secret Ne plus laisser sortir que l’indispensable Ou le délicatement gentil … Garder le reste en intérieur Jusqu’à ce qu’il devienne une pierre cachée Dans l’ombre de mon cerveau et la lumière de mon cœur . Que restera-t-il pour l’extérieur ? De légères fuites raisonnées, Des traces d’humbles réfractions, De fins reflets sans équivoques, D’infimes douceurs sans retours, De légers espaces simplifiés, Des mots choisis sans risques de doutes, Des clairs sans obscurs, Des non-surgissements stables, Et d’autres choses sans réelle importance … Cela serait bien et bon . Mais cela suffirait-il pour vivre ?


ORGONE SUTRA Forêt capable Les bois poussent Recherches des futaies Pertinence de la sylve Laies et multiples Directions labyrinthes Biologie des châtaignes Controverse du chêne Offrande des frênes Lignes des sapins Développements radeaux Fagots rarissimes Cohérence des rondins Poutres bûches / principes de distraction Détours de ramures Herbiers des évasions Spéculation pimprenelle Armoise métaphysique Energie graminée Libido végétale Expression des feuilles Graines fondamentales Organismes racines Tiges vivantes Réalité des cactées Tropisme du physique Epices étroitement liées Simples activités Floraison du système neurovégétatif Manifestations colorées Odeurs cosmiques Pistil primordial Eclosion omniprésente Univers sentimental Expérimentation embaumée Nuances de rythmes Expansion bigarrée / contraction chamarrée Accomplissement diapré Palette de fonctions


Brillance structurelle Nichées identiques Oisillons essentiels Organisme paradisier Oiseaux mouches en coalescence Bio énergie des écureuils Essence églantine Formes ellébores Circulation des hiboux Mulots lapins daims / flux énergétiques Ultime dormance Réflexions althæas Ile verte / chlorophylle serpentine Jade pistache pomme tilleul Eau amande / vertigineux tatouages Enfants de l’avenir …


Juste une toute petite pièce isolée au premier étage de cette petite maison Une seule fenêtre en forme de triangle donne sur l’arbre qui protège la maison de la rue … Une bizarre fenêtre … Triangle légèrement aplati, une croix fine de métal noir en son milieu, épousant l’allongement délicat du carreau … Qu’y a-t-il dans cette petite pièce aux murs entièrement peints de blanc ? De la moquette au sol, bien entendu … On s’y déplace certainement pieds nus . Un cactus et une petite plante verte dans un angle … De petits cailloux blancs parsemant la terre dans les pots … Un petite image représentant un mandala, ou bien est-ce un paysage, posé contre un mur à même le sol … Une table basse très simple … Divers objets éparpillés dessus … Un lecteur de cd portable et quelques boîtiers éparpillés sur la moquette … Deux ou trois coussins … Une petite lampe diffusant une chaude et douce lumière … La moquette n’est pas très épaisse, mais le ou les habitants de ce lieu viennent d’un endroit où ce n’est pas bien grave … Que me racontes-tu, petite fenêtre ? Qui sont ces gens ? Existent-ils seulement ? J’ai l’impression que c’est moi que l’on attends Peut-être suis-je cet habitant et ais-je tout oublié C’est cela . Je suis amnésique et cet endroit vient de me rappeler mon futur . Mon futur ? Petite fenêtre, tu me fait perdre la boule …


Communauté Communiqué Rochers dans l’espace / Sens sur rocher Ou dedans le dedans du cœur de la pierre Qui est là ? Le cœur du problème Alors, le problème respire, si il a un cœur … Il transforme aussi les sources d’énergie quantique en sang ? Le problème n’est pas là mon petit, si je puis dire … La pierre est … comment dire ? … Une fille de comète, peut-être … Qui sait ? Le soleil se vide de sa lumière C’est comme une plaie dans l’espace Mais qui pleure de cela ? Les lamas continuent à donner leur laine au peuple de la montagne A moins qu’ils ne méditent au cœur même de la Société / Mégalo-tentacule Mais nous savons bien que tout ceci possède une réelle importance . Petite pierre Fleur de planète Coule de ma main vers l’antarctique Dérive lentement, j’attendrais ton retour Le sol et le ciel ne sont rien de moins qu’un tableau De non-évidences fragiles et de prairies bleues lorsque la nuit tombe …


4° GENERATION Les enfants de la 4° génération ne sont plus des enfants tout à fait Ils apparaissent çà et là, s’étonnant eux-même d’être différents En quoi sont-ils si différents ? Peut-être est-ce parce qu’ils cultivent l’extase comme sens de la vie ? Ou d’autres choses encore … Ils ne peuvent se contenter des modes ou formes d’amour imposés par leurs ancêtres Est-ce une véritable mutation ? Il semblerait que ce soit réellement biologique Ils ne peuvent agir ni penser autrement Pour eux, toute peau est une sœur qu’il faut toucher, caresser, apaiser Pour eux, tout être est une demande d’amour Et ils sont là pour donner … Bien sûr, les premiers ont dû comprendre qu’il valait mieux se cacher Toute évolution de l’humain est jugée indésirable L’immobilisme est de règle De plus, la jalousie inconsciente face au futur entraîne la violence Les humains de la 4° génération sont poursuivis, humiliés, réduits au silence Mais certains résistent face à la peur, se camouflent sous des costumes excentriques Ils expérimentent le bonheur en cachette Ils n’ont pas peur des animaux, des plantes et des rochers Ni des machines ou des extensions virtuelles Ils savent que leur avenir se trouve dans l’espace Peut-être que leur faculté d’empathie naturelle leur permettra de s’entendre avec les autres formes de vie qui sillonnent les galaxies Les enfants humains de la 4° génération ne sont plus des enfants tout à fait Ils sont voici Ils sont voilà Ils sourient car ils savent le pouvoir d’un amour autre Dépassant les schémas obsolètes des évolutions antérieures


Femme Homme Ils ont compris que le nœud de l’ancien problème se situe à l’intersection du cœur et de la peau de l’esprit et de la main caressante de l’orgasme et de l’offrande Ils sont compréhension compassion Mais, chût …. Ceci est un secret .


Textes écrits entre 2001 et 2004 .


Un grand merci à Gwenaël, Johanna, Janice … et Marie-France, my love.

Copyright : Olivier KERIVEN . 2005 . NOTES sur ECRITS . 2006 . NOTES sur ECRITS / OK MUSIC . 2010


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.