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La « fertigation » au secours des petits agriculteurs et au service de la protection environnementale n
Système d’irrigation à Deir Alla
Difficile de répondre à l’augmenwww.enpi-info.eu tation de la demande pour des produits agricoles alors que les ressources naturelles sont limitées. Les petits exploitants de la vallée du Jourdain espèrent cependant voir bientôt leur situation s’améliorer. Une technique d’irrigation innovante et prometteuse devrait en effet avoir un impact positif sur leurs méthodes agricoles tout en préservant les ressources naturelles pour les générations futures. Le projet de coopération transfrontalière ENSIAP – financé par deux partenaires du Nord, l’Italie et la Grèce, et deux partenaires du Sud, la Jordanie et le Liban – permet d’économiser les ressources hydriques grâce à l’irrigation au goutte-à-goutte. Le projet protège également les sols grâce à l’injection d’engrais directement dans l’eau destinée à l’irrigation (processus dit de « fertigation »). Un journaliste du Centre d’information pour le voisinage européen a rencontré des agriculteurs de la vallée du Jourdain. Voici son reportage. Texte: Mohammad Ben Hussein Photos: AFP © EU/Centre d’information pour le voisinage européen Deir Alla, Vallée du Jourdain – Sameeh Freij, petit exploitant jordanien, prend soin de ses cultures comme de ses enfants, les nourrissant et les regardant grandir. Tous les matins, à l’aube, il abandonne son lit douillet et se rend dans sa petite exploitation située au cœur de la vallée du Jourdain – le verger et le potager du royaume. Il se promène parmi ses cultures nichées dans un environnement superbe, et observe leur croissance et les inspecte, à la recherche de signes d’infestation parasitaire. Cette année, Freij est heureux, ses cultures ont été épargnées par les parasites et promettent de beaux rendements. Mais il attend avec beaucoup d’anxiété le moment des récoltes. « Cette peur accompagne les Cette publication ne fermiers jordaniens jusqu’au moment de la commercialisation de leurs produits. Les prix fluctuent sans cesse, » représente pas explique-t-il. « À chaque saison, c’est un peu la loterie. » l'opinion officielle de Comme des centaines d’autres petits agriculteurs, Freij doit la CE ou les s’accommoder de la situation agricole précaire en Jordanie, l’une des EU Neighbourhood Info Centre institutions de l'UE. nations du globe les plus pauvres en eau. Jadis un secteur prospère, La CE n'assume Reportage no. 130 l’agriculture voit sa contribution au revenu national diminuer au fil des aucune responsabilité Ceci est une série de reportages sur ans : si certains agriculteurs sont forcés de produire moins, d’autres quelle qu'elle soit les projets financés par l'UE, élaborée abandonnent carrément leur exploitation ou la louent à des expatriés. quant à son contenu. par des journalistes et des photographes sur le terrain ou par La fertilisation grâce à l’irrigation Suite aux conflits dans la région, associés à des facteurs politiques, les l' EU Neighbourhood Info Centre. possibilités de commercialisation de la production agricole se limitent © 2014 EU/Neighbourhood Info Centre au marché local et à certains pays pétroliers du Golfe. Et pendant ce
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EU Neighbourhood Info Centre – Reportage no. 130
« Les coûts de fertilisation de mon exploitation s’élevaient auparavant à 400 dollars jordaniens environ, contre 200 dollars. Les économies sont bien plus importantes que je ne le pensais »
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Nabeel Bani Hani, directeur du centre Deir Alla et coordinateur du projet
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Berardo Da Schio, agronome en chef de l’ENSIAP
n Sameeh Freij, petit exploitant jordanien
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Abdel Ghanem Thuneibat, petit exploitant jordanien
« Le projet contribuera à aider les petites exploitations à faire face à l’augmentation de la demande en produits agricoles et aux ressources naturelles limitées » Système d’irrigation à Deir Alla
temps-là, les coûts de production se sont envolés, emmenés à la hausse par l’augmentation des prix du carburant. « L’agriculture jordanienne est en péril, nous avons besoin d’aide pour garantir son avenir, » ajoute Freij en inspectant son nouveau système d’irrigation au goutte-à-goutte installé gratuitement grâce à ENSIAP. Ce projet de coopération transfrontalière vise à améliorer les conditions de vie et de travail des petits exploitants de Jordanie et du Liban, des pays où l’agriculture a un fort impact sur l’environnement en raison de la pression accrue sur les ressources environnementales. Freij, qui ne maîtrisait pas les technologies, a suivi des cours et des ateliers de formation et il est donc aujourd’hui capable de faire fonctionner et d’entretenir le nouveau système. Il peut ainsi irriguer efficacement ses cultures tout en utilisant davantage d’engrais sans risque pour l’environnement. Cette technologie innovante – qui offre une solution au coût et à la pénurie des ressources hydriques – lui a été offerte ainsi qu’à 19 agriculteurs des deux pays. Elle permet d’économiser l’eau grâce à l’introduction de l’irrigation au goutte-à-goutte. Elle soutient également la conservation des sols grâce à un procédé de fertilisation par irrigation directe (la « fertigation »). Un dispositif voltaïque simple, composé d’un panneau solaire, complète le système en fournissant l’énergie requise pour le pompage de l’eau d’irrigation. Un impact positif sur l’environnement Doté d’une enveloppe de 2 millions d’euros, ce projet CTMED baptisé ENSIAP (Améliorer la durabilité environnementale de la production agricole irriguée) a pour but de contribuer à réduire l’impact négatif de l’irrigation sur les masses d’eaux souterraines et de surface tout en diminuant la pollution par les engrais agricoles. Les responsables du programme soulignent l’impact positif de ce projet sur l’environnement, projet qui offre des solutions au problème de surexploitation des ressources naturelles et favorise une plus grande utilisation des énergies renouvelables. Ce projet a également un important impact transfrontalier : deux partenaires du nord (ICU pour l’Italie et CRES pour la Grèce) et deux partenaires du sud de la Méditerranée (NCARE pour la Jordanie et le ministère libanais de l’agriculture) sont associés à la mise en œuvre des activités du projet ; les connaissances sont partagées entre tous les partenaires, de même que les compétences et les expériences. Des cours de formation intensifs sont organisés en Grèce et en Jordanie ouvrant ainsi la voie à de possibles nouveaux développements. C’est particulièrement vrai pour les solutions techniques utilisant l’énergie photovoltaïque et les systèmes d’irrigation installés et testés sur le terrain : toutes les parties impliquées sont prêtes à en tirer des enseignements et à aller de l’avant. « Le projet entend promouvoir la viabilité environnementale dans le bassin méditerranéen, en luttant notamment contre le changement climatique », explique Berardo Da Schio, agronome en chef à l’ENSIAP. « Une des principales caractéristiques de l’initiative est la promotion de l’environnement durable pour les générations futures », explique-t-il. « Fondamentalement, le projet contribuera à aider les petites exploitations à faire face à l’augmentation de la demande en produits agricoles et aux ressources naturelles limitées afin que les besoins des générations futures puissent être satisfaits. » Ce projet entend former jusqu’à 960 agriculteurs aux meilleures pratiques agricoles et développer les coopérations afin de renforcer les échanges de connaissances grâce à un réseau international, indique Da Schio. Nabeel Bani Hani, directeur du centre Deir Alla et coordinateur du projet parle de véritable success story. « Nous avons utilisé un questionnaire pour sélectionner les agriculteurs qui allaient mettre en œuvre le projet sur la base d’un questionnaire spécifique et les résultats sont formidables, » indique-t-il. « J’espère que ce projet pilote encouragera l’utilisation de cette technologie à plus grande échelle, dans le reste du pays et dans la région, » ajoute-t-il.
« J’espère que ce projet pilote encouragera l’utilisation de cette technologie à plus grande échelle, dans le reste du pays et dans la région »
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La fertilisation diminue les coûts par deux Abdel Ghanem Thuneibat gère un programme similaire dans une autre exploitation de la vallée du Jourdain. Il a été impressionné par la forte diminution des coûts de production. « Les coûts de fertilisation de mon exploitation s’élevaient auparavant à 400 dollars jordaniens environ, contre 200 dollars. Les économies sont bien plus importantes que je ne le pensais. Je suis heureux d’avoir franchi le pas et d’avoir participé au programme, » ajoute-il. Abdel Ghanem Thuneibat est convaincu que ce nouveau projet rencontrera un vif succès chez les petits agriculteurs de Jordanie et de la région méditerranéenne. « Lorsque d’autres fermiers se seront rendu compte de l’intérêt de cette technologie pour leur exploitation, ils saisiront cette chance de profiter de ces installations, notamment les panneaux solaires, qui leur n Réservoirs et pompes permettant d’économiser l’eau faciliteront considérablement la vie, » ajoute-il, indiquant attendre avec impatience la mise en œuvre de nouvelles phases du programme. Une fois le programme clôturé à l’échelon national et ses résultats évalués – dans le courant de l’année – les organisateurs espèrent que le programme sera étendu à l’ensemble du bassin méditerranéen.
IEVP CTMED Coopération transfrontalière en Méditerranée http://www.enpicbcmed.eu/fr Le programme multilatéral de coopération transfrontalière « Bassin Maritime Méditerranée » fait partie de la nouvelle politique européenne de voisinage et de son instrument financier (IEVP) pour la période 2007-2013. Il inclut les régions de l’UE et celles des pays partenaires situés le long des côtes de la mer Méditerranée.
Amélioration de la durabilité environnementale de la production agricole irriguée au Liban et en Jordanie (ENSIAP) http://www.enpicbcmed.eu/documenti/29_153_20120402184055.pdf Ce projet a pour but de contribuer à réduire l’impact négatif de l’irrigation agricole sur les ressources hydriques et le changement climatique au Liban et en Jordanie grâce à une efficacité accrue de l’utilisation de l’eau, l’introduction de méthodes de production respectueuses de l’environnement et la diffusion de l’utilisation de sources d’énergie renouvelables. Durée : 36 mois Budget total : 1 997 743 euros Pays participants : Italie, Grèce, Jordanie, Liban
Pour en savoir plus Fiche du projet Coopération transfrontalière (CTF) : http://www.enpicbcmed.eu/documenti/29_153_20120402184055.pdf EU Neighbourhood Info Centre – Economie et commerce http://www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=4&lang_id=469
EU Neighbourhood Info Centre An ENPI project Le Centre d'information pour le voisinage européen est financé par l'UE dans le cadre du programme régional d'information et de communication en vue de mettre l’accent sur le partenariat entre l'UE et les pays voisins. Le projet est géré par Action Global Communications.
www.enpi-info.eu