Hors série n°8 du magazine NOVO

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B i e n n a l e d e l a p h o t o g r a p h i e d e M u l h o u s e h o r s - s é r i e

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Photographies de Dorothée Baumann (Suisse), Cristina de Middel (Espagne), Isabelle Le Minh (France) et Michel François (Belgique) Dans le cadre de la Biennale de la Photographie de Mulhouse

Musée des Beaux-Arts Exposition du 15 juin au 15 septembre tous les jours (sauf mardis et jours fériés) de 13h à 18h30 Entrée libre

Media Création / D. Schoenig - Visuel : Isabelle Le Minh, Camera body#5, huile sur toile, 2012, courtesy Galerie Christophe Gaillard, Paris.

Play & Replay


sommaire Édito r 05

Anne Immelé nous éclaire sur les enjeux de la Biennale r 06

Hors-série n°8 Juin 2013

Isabelle Le Minh met en jeu la photographie, son histoire et ses pratiques r 09

Dorothée Baumann confronte ésotérisme et documents de laboratoire r 12

Christina de Middel fait vivre en images une expérience avortée en Zambie dans les années 60 r 14 Michel François interroge le temps avec une œuvre spécifiquement conçue pour la Biennale r 16 Nathalie Wolff et Matthias Bumiller jouent en double mixte avec les images et les mots r 18

Marie Quéau lie des images de bataille avec des mises en scène au cours de séances de paintball r 20

Laura Martin nous plonge au cœur de son carnet de route brésilien r 21 La Biennale organise des soirées de projections et rend hommage au travail de Joachim Schmid r 22

Daniel Gustav Cramer utilise la photographie comme langage de l’interstice r 24

OURS Directeur de la publication Philippe Schweyer Rédacteur en chef Emmanuel Abela Direction artistique et graphisme starHlight On participé à ce numéro hors-série : Redacteurs Cécile Becker, Betty Biedermann, Caroline Châtelet, Sylvia Dubost, Myriam Gerwill, Mickaël Roy, Vanessa Schmitz-Grucker, Fanny Soriano et Claire Tourdot. Couverture Photographie de Michel François S. aux boules, affiche 120 x 180 cm, 2000 Ce magazine est édité par médiapop médiapop / 12 quai d’Isly – 68100 Mulhouse Sarl au capital de 1000 euros / Siret 507 961 001 00017 Direction : Philippe Schweyer / ps@mediapop.fr 06 22 44 68 67 – www.mediapop.fr

Dépôt légal : juin 2013 ISSN : 1969-9514 / © Novo 2013 Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Imprimeur Estimprim / PubliVal Conseils Abonnement : www.novomag.fr Novo est gratuit, mais vous pouvez vous abonner pour le recevoir où vous voulez. Abonnement France 6 numéros : 40 euros / 12 numéros : 70 euros Abonnement hors France 6 numéros : 50 euros / 12 numéros : 90 euros Vous souhaitez diffuser Novo auprès de votre public ? 1 carton de 25 numéros : 25 euros 1 carton de 50 numéros : 40 euros Règlement par chèque à l’ordre de médiapop

biennale de la photographie de mulhouse www.biennale-photo-mulhouse.com Play & Replay 15 — 23 juin Expositions jusqu'au 15 septembre

Novo est diffusé gratuitement dans les musées, centres d’art, galeries, théâtres, salles de spectacles, salles de concerts, cinémas d’art et essai, bibliothèques et librairies des principales villes du Grand Est.

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artpress.com En vente sur

L’histoire d’aujourd’hui, la mémoire de demain Les Unes, les photos, les articles, qui ont marqué 40 ans d’histoire de l’art contemporain Préfaces de Catherine Millet, Alfred Pacquement, Olivier Kaeppelin, Maurice Olender, Nicolas Bourriaud Format 25x34 - 288 pages

(46,55 � au lieu de 49 � + frais de port offerts)


Play & Replay

à l’approche de la première édition de la Biennale de la photographie, il me reste à convaincre mes amis de Strasbourg, Nancy, Metz, Dijon, Besançon, d'Allemagne, de Suisse ou du Luxembourg de venir passer quelques jours à Mulhouse. Je sais que même les Parisiens qui me feront confiance n’auront pas de mots assez forts pour me remercier. Mais d’abord, ça se passe souvent comme ça :

édito

Par Philippe Schweyer

– Mulhouse !? Je pensais plutôt à aller à Arles… – Si tu viens, dans vingt ans tu pourras dire que tu y étais ! – D’accord, mais pourquoi une biennale ? – Parce que les années paires, il y a déjà Mulhouse 00, une biennale d’art contemporain qui rassemble la fine fleur des jeunes artistes européens… Avec ces deux biennales, Mulhouse devient un vrai rendez-vous estival pour les amateurs d’art ! – Tu ne trouves pas que la photo est déjà omniprésente ? Des photos, j’en vois défiler toute la journée… – Justement, il est temps d’aiguiser ton regard ! Tu pourras même recevoir une affiche de Michel François et demander à Dorothée Baumann de photographier ton aura ! – C’est vrai ? – Puisque je te dis que Anne Immelé, la directrice artistique, est une vraie spécialiste de la photographie. Sa programmation défend des artistes internationaux tout en cherchant à nous faire découvrir de nouveaux talents. Elle a bossé comme une dingue avec les membres de son association, L’Agrandisseur. Crois-moi, elle a du nez et ce serait trop bête de rater les expos de Dorothée Baumann, Isabelle Le Minh et Christina De Middel. – Oui, mais à Arles il y a des projections… – A Mulhouse aussi, il y aura des projections ! Et tu pourras te balader dans toute la ville pour voir des expos ! Tout le monde participe : le musée des Beaux-arts, la Kunsthalle, la Filature, la bibliothèque, la galerie Hors-Champs et même la Vitrine, une boutique associative qui prétend que Mulhouse est la capitale du monde ! – Pas la peine d’en rajouter ! Quand est-ce que tu me conseilles de venir ? – Viens pendant la semaine d’ouverture ! Il y aura des rencontres, des conférences, des installations in situ… Tu peux aussi venir plus tard, les expos durent jusqu’à la fin de l’été. – C’est vrai que ça peut être sympa… – Si tu viens, tu comprendras pourquoi ça s’appelle Play & Replay… – Au fait, c’est quoi ce titre en anglais ? – C’est un clin d’œil. Depuis l’avènement du numérique, l’usage de processus post-photographiques s’est généralisé. Les artistes jouent et rejouent avec des photographies déjà existantes, les leurs ou celles des autres. – Il n’y aura que des artistes qui trafiquent leurs images ? – Au lieu de me poser toutes ces questions, commence par lire le hors-série de Novo… Et ensuite, prends ton billet pour Mulhouse. Cet été, c’est là que ça se passe si tu aimes la photo ! – Tu m’as presque convaincu… – J’ai failli oublier une chose… – Quoi encore ? – Le 22 juin, il ne faut absolument pas rater la soirée de finissage à la friche DMC, une ancienne usine où tout est à réinventer… Alors, tu viens ?

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Agnès Geoffray, Contor, 2005

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Le jeu De la vérité Par Sylvia Dubost

Directrice artistique de l’association L’agrandisseur et de la Biennale, Anne Immelé nous éclaire sur les enjeux de la manifestation. Quels rapports Mulhouse entretientelle avec la photographie ? Mulhouse a en effet une histoire avec la photographie depuis le XIXe siècle, en lien avec son passé industriel, notamment grâce à Adolphe Braun. Il avait développé une entreprise de reproduction de photos : les fleurs servaient de motifs pour les tissus, et les œuvres d’art étaient éditées en cartes postales. Depuis les années 50, la photographie a joué un grand rôle dans l’éducation populaire, notamment avec l’AMC, dirigée par Paul Kanitzer. Et puis la programmation photo de La Filature est reconnue au niveau national. D’autre part, les politiques culturelles de la ville se sont orientées depuis plusieurs décennies vers l’art contemporain, avec l’école supérieure d’art, Mulhouse 00, la Kunsthalle, la commande publique autour du tram. La Biennale s’inscrit donc dans ces deux perspectives.

Comment compose-t-on la première édition d’une Biennale ? Une première édition est un manifeste, il s’agit de poser les grands axes des prochaines éditions : inviter des photographes internationaux ; exposer des photographes émergents, et si possible organiser leur première exposition en France (c’est le cas cette année avec Dorothée Baumann) ; choisir des œuvres qui proposent une réflexion sur la photographie et s’inscrivent dans le champ de l’art contemporain ; défendre une dimension esthétique forte en même temps qu’un regard lucide et critique sur la société et la production d’images ; attirer un public national et international, tout en touchant tous les Mulhousiens. C’est pour cette dernière raison qu’on a invité Michel François, qui va produire des affiches disséminés dans l’espace public : dans le quartier des Coteaux, au Nordfeld, où on va travailler avec les écoles, les collèges, les lycées et les jardins familiaux. Nous voulons aborder des questions artistiques mais que cela touche aussi la ville. Et ce ne serait absolument pas possible sans la synergie entre les lieux qui accueillent la Biennale.

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banale, souvent détruite, qui porte une un site web sur lequel il demande aux trace affective forte, est ici fétichisée internautes de lui donner des consignes, qui viennent parasiter le cours de sa par l’artiste. vie quotidienne et à partir desquelles il produit des photographies. Le titre Mais est-ce encore de la photo ? Cela pose une vraie question : qu’est- Play/Replay renvoie aussi au rapport au ce que la pratique photographique ? Je temps : la photo joue avec l’instant, et fais partie de ceux qui pensent que la on peut répéter, différer, rejouer. prise de vue est essentielle, mais que les étapes de la sélection et de l'agencement L’approche thématique ne limite-tdes images le sont tout autant. à tel point elle pas les possibilités de montrer que certains photographes issus d'une des coups de cœur ou des artistes pratique photographique classique vont dans leur singularité ? s'affranchir de l'étape de la prise de vue. Il y a des coups des cœurs, forcément ! Ce qui est très important aujourd’hui, Cette thématique est plutôt une c’est la question du choix. Dans la problématique, d’ailleurs, pour pratique classique, face à la planche laquelle je voulais montrer une contact, le photographe y était aussi variété d’approches, sans en montrer confronté. Aujourd’hui, le choix se fait trop, pour que chaque artiste puisse dans un déluge d’images. La question avoir une exposition individuelle. Et de la photographie choisie, de ce qu’elle chaque travail est singulier ! Marie véhicule, de la manière de l’utiliser Quéau a photographié des parties dans un processus plus large se pose de de paint ball qui reconstituent des batailles historiques. Ces images manière plus aiguë. sont ambivalentes : elles paraissent Le titre de cette édition suggère aussi authentiques – et inquiétantes –, l’idée de jeu. Comment apparaît-elle ? et pourtant c’est un jeu. Celles de Dans le travail de ce couple d’artistes, Michel François ont une dimension Que nous dit cette édition de la Matthias Bumiller et Nathalie Wolff, qui anthropologique, poétique et politique. montre l’absurde qui surgit dans le réel Je veux montrer des images qui photographie d’aujourd’hui ? Elle pose la question du statut et va créer un flip-book spécialement interpellent de toutes les manières documentaire, de son authenticité. pour la Biennale. Edouard Boyer a créé possibles. On entend beaucoup parler de postphotographie, à cause de la révolution numérique. Ce terme renvoie aussi à ces étapes de création qui ont lieu après la prise de vue, qui permettent de retoucher et de se réapproprier les images. Ces procédés ne sont pas nouveaux : les Surréalistes et les Situationnistes les ont beaucoup utilisés. Aujourd’hui ils sont encore plus présents, l’image se modifie facilement. Isabelle Le Minh joue avec cette idée, en renvoyant à une icone de la photo argentique : Henri Cartier-Bresson. Elle efface une partie de ses images et leur donne une temporalité différente. La post-photo est aussi le fait de ne pas produire ses propres images mais de Edouard Boyer, Bio-graphie puiser dans un corpus. Joachim Schmid collecte et s’approprie ainsi des photos existantes. La photo amateur, la photo Pourquoi alors ce thème, Play/Replay, pour cette première édition ? Le choix des œuvres et des artistes se veut une réflexion sur l’usage actuel de la photographie. La thématique permet de poser la question de l’ambivalence photographique, d’interroger la manière dont les artistes s’approprient ce médium. À travers les expositions et projections, nous allons montrer les images d’une nouvelle génération de photographes, influencée par l’esthétique du web mais dont certains revisitent l'histoire de la photo argentique. Le but est de questionner le médium lui-même et le monde dans lequel il s’inscrit, dans une dimension critique mais aussi avec une part ludique. Il y a ainsi une dimension politique forte chez Dorothée Baumann, qui travaille à partir d’une banque d'images scientifiques (les IAPS). Laura Martin pose la question des communautés de São Paulo et des gestes qui font le lien entre elles. À Mulhouse, cette question du vivre ensemble se pose aussi.

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Avec Worshipers of the Sun, l’artiste Isabelle Le Minh propose une exposition où les œuvres interrogent la photographie même. Par Caroline Châtelet

ExpOsition et réflexiOn Isabelle Le Minh, Worshipers of the Sun du 15 juin au 15 septembre au Musée des Beaux-arts de Mulhouse www.theshadowswilltakecareofthemselves.net

Expression imagée, « les adorateurs du soleil » est employée par Charles Baudelaire en 1859 dans Le public moderne et la photographie, texte critiquant, entre autres, certaines réactions du public face à ce nouvel art. L’emprunt par l’artiste de la formule n’a donc ici rien d’anodin, comme le choix de sa traduction. Et si Worshipers of the Sun risque, à sa façon, de raconter quels rapports (éternels ou renouvelés) se déploient entre la photographie et ses publics, le passage à l’anglais – langue véhiculaire du monde contemporain –, résonne avec la Biennale de Mulhouse, en prenant acte des nouveaux usages du médium. Ou pas... « Ou pas », eh oui, car tout comme Play & Replay énonce le goût des photographes pour la démultiplication des regards et leur méfiance pour l’univocité, à la vision du journaliste fait toujours face celle de l’artiste. Ainsi, Isabelle Le Minh précise que l’exposition « présentera des pièces où les usages amateurs de la photographie, évoqués par Baudelaire, ont été détournés – telle l’installation Re-Play (After Christian Marclay) – ou d’autres qui mettent en jeu la fascination que l’image ou la lumière peuvent

exercer sur nous, comme Flicker (After Paul Sharits) ». S’il appartient au spectateur de tracer son parcours dans Worshipers of the Sun, gageons que celui-ci découvre dans les œuvres aux références et citations multiples de l’artiste – dont son cycle After Photography où chaque pièce se réfère à un précédent travail de photographe – une mise en jeu pertinente de la photographie, de son histoire, de ses pratiques et de ses techniques. Exposez-vous de nouvelles œuvres ? Il y a Les Liseuses, série sur laquelle je suis encore en train de travailler. Ce sont des reproductions de portraits de femmes réalisés en studio au début du XXe siècle. Toutes ont été photographiées avec un livre à la main, que j’ai remplacé par des ouvrages sur la photographie : La Chambre claire de Roland Barthes, Sur la Photographie de Susan Sontag, Le photographique. Pour une théorie des écarts de Rosalind Krauss, la Petite histoire de la photographie et L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin. Ces « classiques » figurent fréquemment dans d’autres ouvrages

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Isabelle Le Minh, Camera body #5, made in China by Bruce Cheng, huile sur toile, 50 X 60 cm, 2012

théoriques et sont aisément identifiables. Chaque portrait est accompagné d’une bande peinte à l’huile, reprenant une couleur présente sur la couverture de l’ouvrage reproduit. Pourquoi cette insertion ? C’est un rappel visuel qui amène le spectateur à s’interroger et lui donne un indice pour identifier le livre présent dans l’image. J’avais aussi envie de rapprocher ces portraits de la peinture, d’où le recours à un procédé d’impression proche du tirage au charbon, qui fut très populaire à la fin du XIXe siècle. Et comme j’aime faire émerger des correspondances, des liens entre les œuvres que j’expose, Les Liseuses feront face à Re-Play (After Christian Marclay), pièce où des photographies amateur retournées face au mur forment le mot « MORE ». L’exposition présente des œuvres constitutives du cycle After Photography. Quelle est son origine ? Un faisceau de raisons, dont le passage de l’argentique au numérique, qui a conduit à une dématérialisation et à un nivellement des images. Après mes études à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, mon approche était plutôt documentaire. Prenant progressivement conscience qu’avec la multiplication et la diffusion massive des images tout avait déjà été photographié, je me suis interrogée sur l’intérêt de poursuivre dans cette voie. Et puis, lorsque j’ai commencé à enseigner en école d’art, le rapport très direct qu’ont les étudiants avec la photographie, leur manque d’exigence et de culture visuelle m’ont amenée à me questionner sur ce qu’était devenu ce médium aujourd’hui, avec le sentiment que la révolution numérique avait profondément modifié la nature de notre relation à la photographie. J’ai le sentiment que l’histoire et les objets de la photographie constituent un monde en train de disparaître. Mon travail est donc aussi à comprendre comme un hommage, en particulier à la photographie argentique. Pressentiez-vous que ce cycle serait un travail au long cours ? Assez clairement, oui, puisque je l’ai dès le début défini comme un « Work in progress » en fixant des règles du jeu précises. Travailler sur la photographie en tant qu’objet de réflexion, cela ouvre beaucoup de pistes à explorer, des objets de la photographie à son histoire, son iconographie, ses fondements théoriques et tout le reste.

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Comment votre formation scientifique et votre parcours d’ingénieur-brevet influencent-ils votre travail ? Globalement j’ai un esprit rigoureux et méthodique, j’aime les procédures de classement et l’élaboration de protocoles et j’élabore souvent des pièces dans une approche problème/solution. Certaines, telles Listing, semblent avoir resurgi directement de ce passé dans les brevets : le fait de lister des œuvres et des pratiques d’artistes en définissant des catégories de plus en plus précises relève du domaine de la propriété industrielle. Mon travail d’ingénieur était assez frustrant par son aspect théorique, puisque j’évaluais des inventions sur la seule base de documents. Au début, la photographie fut donc pour moi une manière de sortir d’un champ théorique et bureaucratique pour expérimenter de manière concrète le réel. Ce qui me plaisait, c’était le côté manuel dans la fabrication des images, la possibilité de manipuler les supports. Encore aujourd’hui, je considère que je produis avant tout des objets plutôt que des photos. Qu’il s’agisse de vos pièces ou de vos expositions, vous utilisez des citations, des références, à d’autres artistes, par exemple. D’où vient ce goût ? Il y a quelque chose de l’ordre du jeu, la possibilité d’enrichir un travail, de l’inscrire dans une continuité, de faire (re)découvrir des œuvres, sans compter une fascination pour les artistes appropriationnistes ou, plus récemment, les œuvres de certains artistes de ma génération tels Yann Sérandour ou Jonathan Monk. Parfois, la référence vient a posteriori, comme dans Re-Play : c’est lors de la conception du travail que je suis tombée par hasard sur une photographie de l’installation White Noise, où Christian Marclay a recouvert les murs d’une galerie de photographies retournées, constituant ainsi un bruit visuel.


— J’ai le sentiment que l’histoire et les objets de la photographie constituent un monde en train de disparaître. —

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Comment remettre en question des décennies de pratique scientifique autour des sciences affectives ? La photographe Dorothée Baumann confronte ésotérisme et documents de laboratoire ; en résulte un lieu d’expérience critique et de rencontre. Par Betty Biedermann

Lab0ratoire De la conscience Dorothée Baumann, Pleasure, Arousal, Dominance du 15 juin au 15 septembre au Musée des Beaux-arts de Mulhouse www.dorotheebaumann.ch Expérience participative, photo d’Aura Vision réalisée avec le soutien de Pro Helvetia

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Dans les kiosques, nous sommes confrontés aux imageries spectaculaires des couvertures de magazines de vulgarisation scientifique. Ces images participent d’un fantasme de puissance, selon la photographe suisse Dorothée Baumann, qui s’inquiète du pouvoir grandissant des sciences offertes au capitalisme. Pour dépasser les contenus de ces magazines, l’artiste s’est immergée pendant trois ans au Brain and Behaviour Laboratory (BBL) à Genève. Ce fut l’occasion pour elle d’aller voir les coulisses d’un lieu unique de recherche scientifique, où l’intégration à cet environnement ne s’est pas fait sans difficultés. Elle témoigne : « Comme je ne pouvais pas y aller seule, il fallait des badges, c’était difficile ; j’étais toujours devant des contraintes dès que je voulais faire quelque chose. J’ai aussi fait des mini-expériences, mais il fallait que je négocie avec un chercheur, j’ai toujours dû me battre pour arriver à faire mon travail. Il y avait de la résistance, des contraintes. »

Dorothée Baumann a su construire avec les chercheurs du BBL une relation de confiance qui l’a amenée à prendre plus de libertés au sein du laboratoire et à compléter ses séries photographiques documentaires par des mises en scène : « Après ils ont commencé à me faire un petit peu confiance, ils m’ont laissé entrer le soir et j’ai commencé à faire des mises en scène dans le lieu, avec les choses qui sont sur place. J’ai changé des choses, j’ai déplacé des objets, je me suis amusée avec les éléments sur place. C’est pour ça que la série de photos est une espèce de mélange entre des documents réels et des images que j’ai créées. Parfois on ne sait pas toujours comment ça a été créé, parfois on le voit... » En résultent de surprenantes compositions en noir et blanc, d’une rigueur froide qui contraste avec les autres œuvres issues de ce séjour, comme cette série d’images destinées à la recherche, les International Affective Picture System (IAPS), qu’elle exposera également. Ces images représentant des scènes censées provoquer en nous


Dorothée Baumann, Pleasure, arousal, dominance, 2011

des sentiments tels que le plaisir, l’excitation et la domination, sont utilisées partout dans le monde depuis quarante ans. Dorothée Baumann s’interrogea sur la pertinence de leur utilisation qui promeut un système d’évaluation psychique des gens sur la base de valeurs américaines dépassées. « Je me suis dit que pour démonter ou critiquer cette masse d’images, j’avais envie de toutes les montrer pour qu’on puisse en prendre conscience, en tant qu’archive, en tant que collection. » Parallèlement, la photographe se demande comment mettre en valeur un

système de connaissance de soi alternatif aux sciences humaines actuelles. « J’étais dans ce centre, mon envie était d’en questionner l’autorité, comment ça circule, ce qu’ils font, finalement ce sont des modèles qui se créent. Comment questionner ça différemment ? Comment remettre les choses en place, quel modèle pourrait questionner cette science tellement puissante ? Probablement quelque part dans l’ésotérisme. » C’est ainsi qu’elle s’est naturellement orientée vers la perception médiumnique et machinique de l’aura. Lors de la Biennale, les visiteurs sont invités à participer à une expérience : faire photographier leur aura et accrocher le portrait résultant dans l’espace d’exposition. Ces images sont imprimées sur polaroid et font la même taille que les IAPS. La confrontation entre les photographies du BBL, les IAPS et les images d’aura est porteuse de sens : pour Dorothée Baumann, il s’agit d’opposer à la puissance de la science subordonnée au système capitaliste, celle de l’être humain qu’il ne suppose même pas. « Nous avons chacun des sens que nous n’utilisons pas ; nous nous privons de certaines de nos capacités. C’est intéressant par rapport à l’évolution d’une science hyper puissante qui essaye de numériser l’individu, de le mettre dans un schéma, de prévoir, de contrôler... La question que je me pose c’est : comment amener l’homme à prendre conscience de sa propre puissance face à un monde qui sera de plus en plus dans le contrôle ? » Pour le visiteur, c’est une chose de savoir qu’il a une aura, c’en est une autre de la voir et de prendre conscience que son corps s’étend au delà de ses limites jusqu’alors supposées. Nous avons des parties de notre corps que nous ne connaissons pas, que nous ne maîtrisons pas : l’expérience proposée par Dorothée Baumann est presque violente. Un médium sera présent pour aider à décrypter les images créées, et offrir à chacun un langage pour interpréter ces nouvelles perceptions de soi. À vous de décider quelle importance vous attribuerez à cette expérience : folklore ou revendication politique ? Ce qui compte, pour l’artiste, c’est de « [s]’intéresser à des processus, provoquer des expériences, aller à la rencontre, et ne pas forcément utiliser des modèles ou des choses déjà offertes. »

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Cristina de Middel, The Afronauts du 15 juin au 15 septembre au Musée des Beaux-arts de Mulhouse www.lademiddel.com

Mission tO Mars Par Cécile Becker

C’est l’histoire d’une initiative héroïque : le lancement d’un programme spatial en Zambie en 1964. Un projet avorté faute de financement mais qui continue de vivre avec les Afronauts, images de Cristina de Middel. Une série éditée en livre, dont Martin Parr a acheté 35 copies...

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Cristina De Middel, The Afronauts, tirage couleur 100 x 100 cm, 2012

« Je suis tombée sur cette histoire par hasard, alors que je faisais des recherches sur des experts américains en psychologie comportementale. Je suis arrivée sur un site Internet qui recensait les dix expérimentations les plus folles de l’histoire de l’humanité. Et le projet spatial zambien occupait la première place. »

« Je n’ai jamais été en Zambie, j’ai quasiment tout fait en Espagne. Dans mon métier de journaliste, j’étais un peu fatiguée de cette relation entre la vérité et la photographie. J’ai alors voulu raconter des histoires, des fictions qui sont basées sur des faits réels. Et en photo, c’est quelque chose qui n’est pas très commun. »

« J’ai conçu les storyboards, repéré les lieux, dessiné les combinaisons. Puis, quand j’ai photographié le modèle dans son casque d’astronaute, sorte de bulle géante, j’ai soudain pris conscience de la puissance rêveuse de ces images, et je m’y suis accroché. C’est le shooting qui a déterminé l’esthétique de cette série. »

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Michel François, artiste protéiforme installé sur la scène internationale, propose une affiche spécifiquement réalisée pour la Biennale... Par Vanessa Schmitz-Grucker Michel François du 15 juin au 15 septembre au Musée des Beaux-arts de Mulhouse + dissémination d’affiches dans la ville Pour le Musée des Beaux-arts : Affiches produites par Mulhouse Art Contemporain Pour l'affichage urbain : En partenariat avec le CCC, Centre de création contemporaine de Tours

— Ma démarche n’est ni sociologique, ni politique, ni même poétique. Je fais une image, je l’imprime dans un format défini et je la distribue. —

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ImaGes sCulptées Votre intervention, pour cette première Biennale photographique, se fait en plusieurs temps et se joue à la fois dans un espace clos et dans l’espace public. Il y a un regard particulier sur votre pratique de l’image puisque vont être affichées des images d’images qui auront été affichées. Comment se décline cette mise en abyme ? Depuis 1996, j’ai pris l’habitude de publier des affiches d’images différentes toujours au même format, 120 x 180 cm, qui accompagnent mes expositions de sculptures. Elles sont imprimées en milliers d’exemplaires et je les accompagne d’affichages urbains dans les différentes villes ou dans des lieux qui me sont proposés. Pour la Biennale, les organisateurs ont récupéré un certain nombre de ces affiches, qui ont été imprimées par le passé, et nous allons réaliser une campagne d’affichage dans les rues de Mulhouse notamment dans les quartiers en banlieues. Parallèlement à cette campagne, on publie une nouvelle affiche qui sera imprimée et distribuée

en mille exemplaires. Elle sera aussi dans une salle du musée et, là, sur les murs, on va afficher les images de la campagne d’affichage dans les rues de Mulhouse. Le thème de la Biennale est Play & Replay. Comment rejouez-vous l’image ? Dans mon cas, il n’y a aucune intervention ultérieure sur l’image, si ce n’est le fait de l’imprimer, de l’agrandir et de la distribuer. C’est ma méthode de rejouer quelque chose qui a été photographié. Ces deux images d’une même sculpture qui se regardent, c’est encore une mise en abîme mais c’est aussi une façon de jouer et de rejouer une image ? L’image se rejoue à plusieurs niveaux. Elle représente deux sculptures sur le campus universitaire de Mexico City qui dans les années 1970 était un terrain vierge. C’est une coulée de lave sur laquelle ont été déposées une série de sculptures monumentales qui correspondaient à une forme d’utopie moderniste dans les formes et dans les intentions. Finalement la végétation


Michel François, Volver (Paseo escultorico, 2011) Edition Biennale de Mulhouse, 2013. 120 x 180 cm

a repris le dessus, c’est devenu un immense terrain vague à l’abandon, fréquenté par des marginaux, une zone où il y a de la drogue, de la prostitution et les sculptures sont devenues un support à graffiti et se sont dégradées, corrodées. Il y a donc le constat d’une certaine forme d’échec de ces principes et de ces projets modernistes. En même temps, elles sont toujours là et en les photographiant aujourd’hui, on les ré-actualise. De ce point de vue, c’est bien un replay. À un autre niveau, le fait de voir le même objet photographié sous deux angles différents, c’est encore une façon de rejouer. Elles reprennent place dans une modernité autre. Elles se dégradent mais quelque chose d’autre vient à la place, une autre modernité, une autre réalité. Je n’ai pas d’états d’âmes par rapport à ça. C’est

simplement un constat. On pensait que l’art allait changer la vie des gens, qu’on allait tous partager un avenir radieux et ces objets cristallisaient ces projets de société mais ça a pris une autre allure, une autre voie. C’est comme ça. Personnellement, je trouve ça magnifique qu’une forme de sauvagerie urbaine et que la végétation aient repris le dessus. Quelle est l’intention artistique ? Ma démarche n’est ni sociologique, ni politique, ni même poétique. Je fais une image, je l’imprime dans un format défini et je la distribue. Ensuite, ce que les gens en font ne me regarde pas. C’est une mise à disposition de l’image. D’ailleurs, elle est muette dans le sens où il n’y a pas de commentaire, pas de signature, pas de texte qui justifieraient son apparition

— Je fais confiance aux images avec leur part de mystère et d’irrésolution. —

ici ou là dans les espaces privés ou dans les espaces publics. Et je fais confiance à ce flottement du sens. On vit dans une société de l’image mais au fond, elles ne sont souvent que l’illustration d’un texte ou d’un commentaire qui les accompagnent, c’est rare de voir des images seules. En ce qui me concerne, je fais confiance aux images avec leur part de mystère et d’irrésolution. Cet espace de flottement fait-il écho à la notion du Temps ? La volonté de montrer le même objet sous deux angles différents, ça introduit une notion de temps, je crois. Il y a dix ans, j’avais fait une autre affiche en diptyque. C’était un morceau de roche de 4 mètres de haut que j’avais photographié au Texas des deux cotés et que j’avais mis en regard. C’est le même objet mais de faire 3 pas à gauche, 3 pas à droite, ça introduit du temps. De la même façon, il y a du temps entre les deux images. Il s’agit aussi de cela lorsqu’on parle de ces sculptures monumentales : elles sont d’un autre temps en référence à un projet moderniste qui est devenu obsolète. Il n’y a pas de moral, simplement un constat : la nature, l’usure, ainsi que l’inscription dans l’époque actuelle avec les graffitis, le temps est passé là-dessus à plus d’un titre...

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En invitant le spectateur à jouer avec les images et les mots, la Biennale donne à la Bibliothèque Grand’Rue l’occasion d’explorer une autre facette du domaine des arts. Dans une approche ludique et poétique, Nathalie Wolff et Matthias Bumiller réinventent notre quotidien. Par Myriam Gerwill

Jeu duO (Double mixte) Matthias Bumiller et Nathalie Wolff Le Troisième but // Spiel auf zwei Tore du 15 juin au 15 septembre, à la Bibliothèque Grand’Rue Flip book HOULA HOP, édition réalisée pour la Biennale 2013

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Les artistes Nathalie Wolff et Matthias Bumiller se sont rencontrés à Rome, en 1996, dans des circonstances drôles et hasardeuses. Arrivé à la caisse de la villa Borghèse, Matthias paya des cartes postales avec un billet de 1000 lires et remercia la caissière d’un Grazie mille. Nathalie, à son tour, régla ses achats avec un billet de 2000 lires, puis gratifia la caissière d’un Grazie due mille ! L’alchimie prend, le duo ne se quittera plus. Cette anecdote illustre parfaitement les relations qu’entretient ce binôme franco-allemand. De leurs actions communes, non concertées et spontanées, complémentaires ou en oppositions, nait l’œuvre. Tous deux anciens résidents à la Schloss Solitude de Stuttgart en 1992/93 pour Mathias Bumiller et en 2002 pour Nathalie (diplômée de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg), ils créent un espace à

eux, entre eux, qui apporte toutes les nuances à leurs photographies et livres d’artistes. L’édition Totale éclipse, créée en 1999 par Nathalie et Matthias, nous éclaire également sur les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Au rythme d’une publication par an, le duo d’artiste publie ses propres livres, flipbooks et séries de cartes postales. Leur premier livre d’artiste fut précisément publié le 11 août 1999, date d’une éclipse totale du soleil. L’appellation Total éclipse propose, encore une fois, une lecture à double sens. Elle illustre d’une part cet évènement de manière littérale et d’autre part présente une belle métaphore de leur duo. Tels la lune et le soleil, Mathias et Nathalie, gravitent l’un autour de l’autre, ou se cachent l’un derrière l’autre. Sans cette différence, sans cette dualité, aucun jeu ne serait possible.


Nathalie Wolff et Matthias Bumiller, Le Troisième but, 2009

Jeu de mots, jeu de hasard Les œuvres de Matthias et Nathalie, sont en premier lieu le résultat de jeux : jeux de mots, jeux collectifs, jeux de hasard. Dans le livre d’artiste Die Beerchen ! Die Beerchen !, le mot se déplace selon les besoins du sens du langage. Des illustrations de baies écrasées font écho à un texte, où Georges Perec se remémore le dessin d’un ours brun. On peut dès lors se demander quelle relation existe entre les baies et l’ours brun de Perec. Cette interaction nait en réalité d’une erreur de traduction, d’un jeu d’homonymes. à savoir Beeren/les baies et Bären/les ours. De cette fausse symétrie, le petit ours se transforme de manière absurde en petite baie. Un rapport trivial entre les mots, entre le texte et l’image, propice à la plateforme de jeu des deux artistes. Cette approche ludique et poétique est également présente avec leur série des Vacances. Des lieux-dits, Rennen, Killer, Baden, etc., deviennent tout à coup leur terrain de jeu. Nathalie et Mathias jouent ici avec les mots en réinterprétant leur sens, en les détournant de leur nature principale, sans jamais occulter leur signification première. Leur génie consiste à créer d’heureuses collisions

entre un nom propre et un nom commun. Un nom de ville plutôt banal devient soudain riche de possibilités. Et de cette confrontation ironique, il s’ouvre à de multiples interprétations et usages. Multiplicité qui après coup apparait presque comme une évidence.

La transfiguration du banal Ces évidences, cette trivialité se retrouvent dans d’autres de leurs travaux, et notamment dans la série des cartes postales Voyage en Transylvanie. Lors de ce périple, Matthias et Nathalie photographient de manière très littérale ce qu’ils voient. Ils capturent le banal, le commun. Et derrière cette apparente banalité, Nathalie et Mathias repèrent l’étrangeté du quotidien au point de le rendre absurde. Une bougie inutilisable, deux WC dans la même pièce, une épicière envahit par les produits qu’elle vend. Chaque image révèle l’absurdité même de la situation, et prouve que Matthias et Nathalie savent déceler les moments étranges de la vie que l’on ne remarque pas la plupart du temps. Par là même, ils nous révèlent la poésie insoupçonnée et cachée du quotidien. Avec ce type de cliché, les deux

artistes confrontent l’observateur à une réalité qui lui semble impossible ou fausse. Le quotidien se réinvente.

Une réalité ou des réalités? Ces potentialités du quotidien, du banal, permettent à Mathias et Nathalie de se heurter à la réalité et de la questionner. Dans la série Nos vacances, la réalité du panneau, nom d’un lieu, est détournée au profit d’une autre réalité, celle du sens commun d’un mot. Cette réalité de départ se déplace ainsi vers une autre vérité qui est tout aussi juste. Entre attente et surprise, la scène est jouée puis rejouée autrement. Il existe plusieurs réalités, plusieurs potentialités, plusieurs nuances. Le troisième but questionne également la réalité habituelle puisque le stade de foot photographié présente sur le même terrain de jeu non pas deux buts mais trois. La réalité ne correspond encore une fois pas à la pensée commune. Mathias et Nathalie jouent avec cette réalité, avec ce qui est vrai et ce qui est faux. Une scène est jouée et peut être rejouée autrement.

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Par Cécile Becker

KiDs with Guns This is for fight / This is for fun, livre de Marie Quéau, photographe strasbourgeoise, lie des images de batailles fixées dans l’inconscient collectif avec des mises en scènes au cours de séances de paintball. Jeux de détails et parallèles esthétiques.

Marie Quéau, This is for fight / this is for fun du 14 juin au 15 juillet Installation à la Vitrine www.mariequeau.com

Pourquoi avez-vous souhaité opposer ou rapprocher la violence et l’amusement ? Il s’agit plutôt de deux notions qui découlent de la mise en scène elle-même dont j’ai été témoin, du sujet en quelque sorte. L’amusement est lié au paintball et la violence émane de la présence des uniformes : l’une des rencontres rejoue la bataille de Stalingrad et c’est l’uniforme (force de l’Union soviétique et du Troisième Reich) qui marque le plus dans cette série. Tout se joue dans le détail : insignes, forme des armes ou encore tatouages. C’est la proximité entre des signes parfois opposés qui rapproche ces deux possibilités : la violence et l’amusement.

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Comment jouez-vous avec les images ? Il y a différentes natures d’images et différentes époques : hier, aujourd’hui, archive, reportage, fiction sans contexte. Mais il s’avère que l’ensemble a été réalisé dans un même temps et qu’il n’y a aucune image d’un autre photographe. Il s’agit ici de construire les images par une esthétique bien définie et sciemment utilisée. On remarque parfois une superposition de formes et de sens, des images réfléchissant d’autres images de la culture visuelle nationale, et c’est peut-être cette démarche qui pourrait s’apparenter à du jeu ou plutôt à du détournement. Comment évoquer l’Histoire avec des images assez contemporaines ? Pour moi, l’Histoire se loge partout et émerge parfois au travers de motifs appropriés ou non. Dans cette série, je fais plutôt appel à une mémoire iconographique, moment immortalisé par l’acte photographique qui fait passer l’image au statut d’icône.

Marie Quéau, This is for fight / this is for fun, 2012

À quel point Full Metal Jacket de Kubrick a-t-il influencé votre travail ? C’est plutôt une scène précise du film, celle des dortoirs où les soldats défilent en caleçons armes sur l’épaule en entonnant cette hymne : « This is my rifle, this is my gun, this is for fighting and this is for fun ». Il me semblait intéressant en tant que titre car il est à la fois cri de ralliement et incarnation de la virilité de la guerre. Tout en désamorçant la dureté de certaines images, il incarne ce que j’ai pu ressentir sur le terrain : le jeu mais aussi des moments si crédibles qu’ils créent presque des anachronismes ou du moins une incompréhension quant aux époques qui se côtoient.


Par Fanny Soriano

Laura Martin, extrait de l’ensemble d’images Une ville pour tous

COSMOPOLIT-IQUE

Citoyenne du monde, pays après pays, Laura Martin va depuis plus de vingt ans à la rencontre des autres. Petite immersion dans son carnet de route brésilien : Mutiraõ – une ville pour tous.

Laura Martin, Mutiraõ du 14 juin au 7 juillet à la Galerie Hors Champs www.intime-universel.com

Invitée par Anne Immelé qui suit son travail depuis quelques années, l’artiste strasbourgeoise dévoile, à l’occasion de cette Biennale, des clichés réalisés en 2010 lors de sa résidence artistique au Musée d’Art Contemporain de l’Université de São Paulo (MAC USP). L’exposition mulhousienne « rejoue » l’exposition de São Paulo, et déplace la question du vivre ensemble de différentes communautés à la dimension du territoire mulhousien. Il s’agit pour elle de « se pencher sur la question des communautés, du vivre ensemble. De s'intéresser à des questions assez universelles que l’on se pose sur comment accueillir l’autre, comment faire avec la différence, la reconnaître… »

Sensible à la question des communautés et de l’exclusion sociale, Laura Martin est allée à la rencontre de ces Brésiliens, de toutes origines, parfois oubliés, qui composent le São Paulo d’aujourd’hui. Elle a ainsi fait la connaissance de différentes associations et structures sociales, épaulée par le Service éducatif du MAC USP, « des gens remarquables [qui] croient vraiment, et en toute humilité, à l’action de la culture, des œuvres, des images, pour permettre à d’autres de mieux comprendre, de mieux construire par euxmêmes. » Parlant peu le portugais, elle s’est inspirée du Théâtre-Image d’Augusto Boal pour communiquer avec ses modèles, leur demandant, entre autres, d’exprimer, avec leurs mains, les mots qui les touchaient le plus. Une manière d’en apprendre plus sur leur imaginaire, leur histoire. « Une quête de sens individuelle et collective », précise-t-elle. Mutiraõ peut d’ailleurs se traduire comme « l’action d’un groupe pour construire ensemble. » Au milieu de ces portraits, quelques clichés de São Paulo

et de son architecture imposante – la ville compte plus de 2500 gratte-ciels. « Du paysage humain au paysage urbain. » Des souvenirs de ses instants de transits, à pied ou en taxi, entre deux rendezvous avec les associations. Local vs. Global. Comme cette cantine et cette pépinière, nichées sous une hostile et austère branche d’autoroute, bruyante, polluée, mais néanmoins réappropriée par les habitants. Cette recherche d’authenticité se retrouve jusque dans sa technique : l’artiste, qui s’est mise tardivement au numérique, conserve de l’argentique ce réflexe d’utiliser peu de pellicule et de peu retoucher ses photographies. Seuls importent le modèle, la qualité du cadrage et de la lumière. Et elle n’hésite parfois pas à reposer son objectif, afin de mieux profiter du moment présent. Pour elle, l’appareil n’est que le « crayon qui permet d’écrire. » D’écrire une nouvelle rencontre.

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IMAGINER, DETOURNER, PROJETER Par Claire Tourdot

De l’image fixe à l’image mouvante il n’y a qu’un pas. La Biennale de Photographie organise des soirées de projections et rend hommage au pionnier Joachim Schmid.

Matthias Bumiller et Nathalie Wolff Le Troisième but // Spiel auf zwei Tore du 15 juin au 15 septembre, à la Bibliothèque Grand’Rue Projection Rien ne va plus – Part I, le 20 juin à la Filature et le 21 juin à la Galerie T66 à Freiburg Projections Bilder von der StraSSe (1982-2007) et Rien ne va plus – Part II, le 22 juin aux friches DMC www.schmid.wordpress.com

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Parmi la palette d’outils permettant une réinterprétation du médium photographique, la projection est sans nul doute le plus sensoriel. Immergé dans une bulle visuelle et sonore, le spectateur voit, écoute, adapte son regard au fil des images projetées. Nul besoin de fournir l’effort de compréhension exigé dans l’espace d’exposition, il suffit de se laisser porter par le flot de l’écran animé. L’immobilisme de l’image se trouve soudainement enrichi d’un souffle de vie, apporté par la mise en mouvement. Diaporamas, plans fixes filmés, travaux d’archives, effets numériques, etc., la projection ouvre les portes d’une personnification sans limite dans l’ère du post-photographique. Le dynamisme de cette frontière poreuse entre fixité et mobilité amène chaque artiste à jouer avec les représentations et à réinventer son propre travail. Mais plus que la mise en mouvement, c’est la nécessité d’une bande sonore qui apporte un réel renouveau du genre. Jusque là muette, encadrée ou imprimée,

la photographie est désormais parlante, non seulement grâce à sa signification mais aussi grâce à un choix sonore arbitraire. L’interaction de l’image et du son surprend d’abord, émerveille ensuite, laissant place à une atmosphère éphémère. L’univers sonore prend le pas sur le visuel pour un moment d’immersion totale, au cœur du travail du photographe. Avec l’envie constante de questionner la photographie aujourd’hui, Anne Immelé donne carte blanche aux étudiants de la HEAR-Haute école des Arts du Rhin, à la Galerie T66 de Freiburg, à La Chambre et Stimultania de Strasbourg, ainsi qu'à des photographes qu'elle a invité comme Melissa Catanese, Pierre Soignon ou Agnès Geoffray. Les projections Rien ne va plus Partie 1 et 2, présentent le travail de ces jeunes artistes prometteurs ou déjà confirmés. Cette nouvelle génération du Play & Replay, du jeu, de la répétition et du détournement, s’interroge sur l’état des sociétés contemporaines, capturant


l’anonymat de la masse aussi bien que l’hyper-individualité. Avec Inward, Camino Laguillo (ES) immortalise des silhouettes fantomatiques la nuit dans leurs voitures tandis que Baptiste Perrin et Bruno Grasser (Hear-Strasbourg) utilisent le son comme hors champ, inspirés par l’esthétique cinématographique. Plus personnelle, Lana Mesic aborde, grâce à un processus d’effacement, son changement de nationalité dans Erased. La photo peut aussi être tournée en dérision, écartée de son idéologie première. Par un effet de mise en abyme, Tiane Doan na Champassak photographie le roi de Thaïlande, toujours accompagné de son fidèle appareil photo dans The King of Photography. Simone Demandt (DE, galerie T66) détourne les images publicitaires dans des paysages exotiques. Jaques Lopez (HEAR-Mulhouse) propose lui une parodie de vidéo Youtube, dans laquelle les photos de l’album Bunker Archeologie de Paul Virilio sont atteintes

d’étranges bug et glitch. La réflexion se poursuit au delà du visuel, notamment grâce à la référence littéraire. La Vie Dangereuse de Marine Lanier mime le parcours d’aventurier du bourlingueur qu’était Blaise Cendrars. Les photos argentiques d’Amélie Laval (HEAR-Strasbourg) sont accompagnées d’une voix off récitant des extraits de la Maladie de la Mort de Marguerite Duras. À l’origine des pratiques post-photographiques, l’artiste Joachim Schmid. C’est dans les années 80 que le berlinois débute une chasse aux trésors démesurée, furetant dans les marchés aux puces, les arrières boutiques de studios photos et les rues des quatre coins du globe à la recherche de clichés perdus. Avec comme particularité d’avoir fondé toute son œuvre sur des photos qui ne sont pas les siennes, le chineur/plasticien se considère tout d’abord comme un archiviste. L’important n’est pas de prendre soi-

même ses photos mais de savoir se les approprier. L’image trouvée à l’état de débris, dès l’instant où elle se détache de son propriétaire, perd son caractère personnel et stimule l’imaginaire : à chacun de lui réinventer une histoire propre. Joachim Schmid donne une nouvelle existence à ces clichés abandonnés par le renversement de valeurs sentimentales en valeurs esthétiques. La Biennale de Photographie rend hommage à cette œuvre singulière en projetant la collection Bilder von der Straße (1982-2007). Constituée de 1000 photos trouvées entre 1982 et 2007 au hasard des espaces publiques, la projection prend la forme de l’archive brute, silencieuse et sans effets visuels, afin de signifier au mieux l’esthétique particulière de l’artiste. Photos d’amateurs, moments d’intimité, clichés ratés ou déchirés,... l’œuvre de Joachim Schmid est un témoignage polymorphe et humaniste d’une société condensée.

Joachim Schmid, Bilder von der Straße Nr. 217, Los Angeles, März 1994

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Le centre d’art contemporain de Mulhouse invite cet été l’artiste allemand Daniel Gustav Cramer. Pour sa première exposition personnelle en France, il présente un ensemble de dix œuvres dont certaines font la part belle à l’utilisation de la photographie comme langage de l’interstice. Par Mickaël Roy

L’invisible, à saute-moutons

Tales (Lago Maggiore, Isola Bella, Italy, August 2012), 2013 2 C-prints, each 25 x 20.5 cm, framed

Daniel Gustav Cramer, Ten works du 31 mai au 25 août 2013 à la Kunsthalle www.kunsthallemulhouse.com

On se souvient de Daniel Gustav Cramer pour l’installation de piles de livres renfermant des histoires de fantômes présentée en 2011 à La Kunsthalle lors de l’exposition Salons de lecture. Le propos s’intéressait alors à rendre lisible la façon dont l’emploi de l’écriture dans l’art contemporain pouvait faire œuvre. De retour à Mulhouse, cette fois-ci pour investir la totalité de l’espace d’exposition, Daniel Gustav Cramer ne se détache pas de l’intention intrinsèquement narrative qui irrigue toute œuvre ou tout groupe d’œuvres dans son travail.

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C’est ainsi que le format même de l’exposition est ici envisagé par l’artiste comme l’espace possible de rencontres entre des fragments d’objets visuels ou sensibles, en attente d’une (ré) conciliation. Par l’action d’une écriture – virtuelle – qui s’emploierait à tisser des liaisons entre chacun d’entre eux, là où les séparations se font discontinuités au gré des voyages de Daniel Gustav Cramer. Les photographies qui en résultent, saisies instantanément et le plus rapidement possible, dans un temps étendu, découpent une réalité anonyme devant, derrière et à côté desquelles peut s’écrire une histoire encore invisible et latente. Car le spectre de suggestion de l’image photographiée est envisagé par l’artiste non pas dans un face-à-face avec l’objet représenté mais à l’égard de sa charge toute suggestive. À l’image d’une photographie de maison prise de front qui vaut d’avantage pour ce qu’elle dira de sa périphérie et de ses marges, de ce qui n’est pas donné à voir et qui disparaîtra, déjà et toujours, dans le

motif vu. Daniel Gustav Cramer défend l’idée selon laquelle le regardeur, en prise à l’impossibilité d’établir un récit tout à fait littéral, est invité à s’emparer de l’environnement de perceptions qui s’organise sous ses yeux. Qu’il soit soumis à recompositions, à combinaisons, et à constructions elliptiques, le schéma narratif s’accommode du vide, des silences et des respirations, de tous ces temps propres à produire les rêveries d’une promenade solitaire. En somme, Daniel Gustav Cramer ne fait pas de la photographie comme un photographe. Il écarte, comme un sculpteur. Et ce faisant, he minds the gap.


WWW.MUSEE-WURTH.FR TÉL. : 03 88 64 74 84

DES PHOTOGRAPHES RENCONTRENT DES ARTISTES COLLECTION WÜRTH

Toutes les activités du Musée Würth France Erstein sont des projets de Würth France S.A.

Haute école des arts du Rhin

HEAR 2013

24 > 30 JUIN CONCERTS ET EXPOSITION DE FIN D’ÉTUDES Vernissage exposition le 28 juin à 18h - Strasbourg

ON ÉTAIT TELLEMENT AILLEURS 14 juin > 13 juillet Exposition collective, Solène Bouffard, Claude Horstmann, Joséphine Kaeppelin et Julia Wenz. Vernissage le 13 juin à 18h - La Chaufferie - Strasbourg

www.facebook.com/hear.fr

WWW.HEAR.FR Depuis janvier 2011, la Haute école des arts du Rhin regroupe l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, l’École supérieure d’art de Mulhouse et l’Académie supérieure de musique de Strasbourg.

CIRCUITS BIJOUX Cet automne, l’atelier Bijou de la HEAR s’expose Du 4 septembre au 4 octobre, vitrines du Palais Royal - Paris Du 19 septembre au 2 mars 2014, musée des Arts décoratifs - Paris PLAY > URBAN Résidence croisée avec la Wits School of Arts - Johannesburg. Exposition, performances, rencontres. Du 1er au 22 octobre, Le Maillon et espace urbain - Strasbourg

Conception : Atelier Gaïa. Impression : Estimprim.

5 JUIN 2013

> 5 JANVIER 2014

Jean-Michel Basquiat par James Van Der Zee (détail), 1982 © Donna Mussenden Van Der Zee

MÉMOIRES DE VERRE


PROGRAMME Semaine d’ouverture 15 — 23.06 Tout au long de la semaine d’ouverture, des projections, performances, visites, ateliers et rencontres avec les photographes (entrée libre)

Samedi 15.06

Dimanche 16.06

Samedi 22.06

• Musée des Beaux-arts, à 15h : Paroles d’artistes avec Isabelle Le Minh • Musée des Beaux-arts, de 14h à 18h : Expérience participative, photo d’Aura Vision de Dorothée Baumann

Parcours de visites des expositions de 10h30 à 16h • Bibliothèque Grand’Rue, à 10h30 : Visite guidée de l’exposition avec Anne Immelé, commissaire • Galerie Hors Champs, à 12h : Rencontre-brunch avec Laura Martin, • Musée des Beaux-arts, de 14h à 18h : Expérience participative, photo d’Aura Vision de Dorothée Baumann • Musée des Beaux-arts, 14h : Visite de l’exposition Play & Replay avec Anne Immelé, commissaire • La Kunsthalle, 15h : Visite guidée de l’exposition Daniel Gustav Cramer • La Vitrine, 18h : Rencontre autour du livre et de la projection de Marie Quéau

Mardi 18.06 • Galerie Hors Champs, à 18h30 : Vernissage de Mutiraõ une ville pour tous de Laura Martin

• Bibliothèque Grand’Rue, à 10h30 : Visite de l’exposition Le troisième but // Spiel auf zwei Tore avec les artistes • Musée des Beaux-arts, de 14h à 18h : Expérience participative, photo d’Aura Vision de Dorothée Baumann • Musée des Beaux-arts, à 15h : Paroles d’artistes avec Cristina de Middel • Devant le Musée Historique, à 14h : Atelier photographique Parents-enfants proposés par les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques (sur inscription) • La Filature, à 20h30 : Projection du Collectif berlinois Exposure12 THE FLOOD WALL. Musique live de Trami Nguyen

Jeudi 20.06

InfOrmations pratiQues

This is for fight/this is for fun → Du 13.06 au 13.07 La Vitrine – 53, avenue Kennedy Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h. Fermé les dimanches et jours fériés

Play & Replay → Du 15.06 au 15.09 Musée des Beaux-arts - 7 Place Guillaume Tell Ouvert du mercredi au lundi de 13h à 18h30 Fermé les mardis et jours fériés Tél. : 03 89 33 78 11 Le Troisième but → Du 15.06 au 15.09 Bibliothèque Grand’Rue - Grand’Rue Ouvert du mardi au vendredi : 10h-12h, 13h30-18h30 ; le samedi : 10h-17h30 Horaires réduits pendant les vacances scolaires d’été : du mardi au vendredi : 10h-12h, 14h-18h ; le samedi : 10h-12h, 14h-17h30 ; Fermé les dimanches et jours fériés. Mutiraõ → Du 13.06 au 07.07 Galerie Hors Champs - 16, rue Schlumberger Ouvert du mercredi au samedi, de 13h30 à 18h30 ; les dimanche 16 juin et 7 juillet, de 14h à 18h ; ou sur rdv au 03 89 45 53 92. info@horschamps.fr

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• Musée des Beaux-arts, de 14h à 17h : Expérience participative, photo d’Aura Vision de Dorothée Baumann • La Filature, scène nationale à 18h30 : Table-ronde « Quelles perspectives à l’ère de la post-photographie ? » avec Joerg Bader, Edouard Boyer, Olivier Castaing • La Filature, scène nationale à 20h30 : Projection RIEN NE VA PLUS

Vendredi 21.06 • T66, Kultuwerk, Freiburg, à 20h : Projection RIEN NE VA PLUS P. I

TEN WORKS → Du 31.05 au 26.08 La Kunsthalle Mulhouse 16 rue de la Fonderie, horaires : mercredi, jeudi, vendredi : 12h-18h ; jeudi nocturne jusqu’à 20h ; samedi et dimanche : 14h-18h. Projections → 15 + 20.06 La Filature - 20, allée Nathan Katz Contact : Association l’Agrandisseur 06 99 73 81 80 + agrandisseur@gmail.com Projections à Freiburg → 21.06 T66 Kulturwerk Talstrasse 66, D-79102 Freiburg Contact : 00 49 (0)7 61 38 29 84 t66-kulturwerk@online.de Projections/ Concert live → 22.06 FRICHES DMC Bat. 75 13, rue de Pfastatt Mulhouse Contact : Association l’Agrandisseur 06 99 73 81 80 + agrandisseur@gmail.com

FRICHES DMC : Soirée de finissage à partir de 22h avec deux programmes de projections, dont Joachim Schmid, Bilder von der Strasse. Musique live du groupe Pauwels. En partenariat avec la HEARHaute école des Arts du Rhin.

Organisateurs et Partenaires La Biennale de la photographie est organisée par l’association l’Agrandisseur, avec le soutien de la Ville de Mulhouse, de la DRAC Alsace, de Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture et du Consulat général de Suisse à Strasbourg. En partenariat avec Le Musée des Beaux-Arts, les Bibliothèques/ médiathèques, la galerie Hors Champs, la Vitrine pour les expositions ; Mulhouse Art Contemporain pour la distribution d’affiches de Michel François et Le Centre de Création Contemporaine de Tours pour l’affichage urbain de Michel François ; La Filature Scène Nationale, la HEAR- Haute école des Arts du Rhin, la galerie T66 Freiburg, La Chambre et Stimultania (Strasbourg) pour les soirées de projection. Partenaires media NOVO, CAMERA Association l'Agrandisseur 28 rue de Stalingrad 68100 Mulhouse 06 99 73 81 80 agrandisseur@gmail.com


Janine Bächle, Doppelbelichtet Jacynthe Carrier, À l’Errance Melissa Catanese, Dive Dark Dream Slow Shani Chevalier, Emmanuelle Neff, Sarah Ung, Le songe de Boustrophédon Cristina de Middel, The Afronauts Sylvain Couzinet-Jacques Tiane Doan na Champassak, King of photography et The father of pop dance Agnès Geoffray, LAST Camino Laguillo, Inward Marine Lanier, La vie dangereuse Lana Mesic, Erased Marie Prunier, Fantaisie nocturne Sarah Ritter, Les lumières Pierre Soignon, Macaron & Leakerli et Now and After

Daniel Gustav Cramer

30.05 — — 25.08 ENTRÉE LIBRE

Tél : 03 69 77 66 47 www.kunsthallemulhouse.com

Conception : médiapop + TUBS★MJHIU

Programmation Agrandisseur :

Daniel Gustav Cramer, Three Sheep, 2013 – Serie of 10 photographies – Courtesy Boltelang, Sies & Höke, Vera Cortes and the artist. ©Daniel Gustav Cramer

PrOjections Rien ne va plus

Etudiants de la HEARHaute École des Arts du Rhin : Célia Freyburger, Instants Bruno Grasser, Parking Amélie Laval, Ce serait votre chambre personnelle Jacques Lopez Virilio Glitch Moussa, Moussa, Individualités collectives Baptiste Perrin, De Marbre Emilie Saccocchio, Geste I et II CHENG Xiaobo, Horizons

GUESTS \\ SUE-ÉLIE ANDRADE-DÉ / GIACOMO BRUNELLI / THIBAULT BRUNET / JEAN ROBERT DANTOU / DAVID FAVROD / MATTHIEU GAFSOU / ISMINI GOULA / LÉA HABOURDIN / BIRGIT KRAUSE / MARIKEL LAHANA / MICHEL LE BELHOMME / ÉMILE LOREAUX / GIAN PAOLO MINELLI / BRUNO PULICI / MAYA ROCHAT / AUGUSTIN REBETEZ / DOROTHÉE SMITH / THOMAS ZICOLA EXP12 \\ EVA BRUNNER / DOROTHEE DEISS / MARK DE LONGUEVILLE / OONA EBERLE / ISABEL KIESEWETTER / DAGMAR KOLATSCHNY / CLAIRE LAUDE / ANNA MESCHIARI / GEORGE PAPACHARALAMBUS / ULRIKE SCHMITZ / NICOLE WOISCHWILL

Propositions de la galerie T66-Freiburg :

Vincent Chevillon, Spw’d Viola Korosi et Yoann Hagnere, Murmures Marion Pedenon, Le syndrome de glissement Marianne Maric, Sarajevo

Propositions de la Galerie Stimultania, Strasbourg : Guillaume Chauvin, Entre Sibérie et Aujourd’hui Benas Sarka, Grey, almost white

15 JUIN 2013 / 20H30 PLAY & REPLAY BIENNALE DE LA PHOTOGRAPHIE DE MULHOUSE LA FILATURE / SALLE JEAN BESSE LIVE MUSIC / TRAMI NGUYEN

expexposure twelve 12

© DAVID FAVROD

Propositions de La Chambre, Strasbourg :

THE FLOOD WALL I © DOROTHÉE SMITH / C OURT ES Y Galerie Les Filles du Calvaire

Simone Demandt, L.I.T Daniel Schlindwein, Night land Eric Jan Van de Geer, 51°55'51''N-4°28'45''O


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Photo : ©Laurent Chehere / Conception : médiapop

MU L E US O H

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