NOVO N° 34

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Par Sylvia Dubost

10e édition du festival Premières consacré aux jeunes metteurs en scène européens. Né à Strasbourg, désormais binational et organisé à un rythme biennal à Karlsruhe, ce festival indispensable a révélé de nombreux artistes mais son avenir reste à écrire…

L’avenir, demain Permettre à de jeunes metteurs en scène de présenter leur premier spectacle et confronter ainsi des langages théâtraux venus de toute l’Europe : c’est avec ce double objectif que naît Premières en 2005. Pour Le Maillon et le TNS, les deux porteurs de projet, c’est l’occasion de lier la programmation internationale du premier et les réflexions pédagogiques en cours du second. Contrairement à ce qui se pratique dans les pays de l’Est, « en France nous étions alors pratiquement les seuls à former des metteurs en scène, se souvient Stéphane Braunschweig, alors tout frais directeur du TNS et de son école, et à leur donner la chance de réaliser de véritables spectacles. Ce devait être la possibilité de confronter les travaux de nos élèves à ceux d’autres grandes écoles européennes. » Pour Bernard Fleury, lui aussi tout juste arrivé au Maillon, il s’agissait aussi de « se confronter à d’autres formes. Le théâtre français est un théâtre de texte, alors qu’en Allemagne on se place dans la continuité du théâtre total de Wagner. » Bien plus qu’un festival d’écoles (les metteurs en scène invités n’en sont pas toujours issus), Premières s’est révélé le rendez-vous indispensable de la jeune création, avec une programmation exigeante portée par la directrice artistique Barbara Engelhardt : « Quelqu’un qui n’a pas son langage propre et reconnaissable n’aura pas sa place dans le festival. L’enjeu est de faire découvrir des écritures scéniques particulières, qui s’imposeront peut-être. Mon souci est aussi la conscience aigüe des questions sociétales, le rapport d’une génération au monde d’aujourd’hui. »

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Amatorki, Ewelina Marciniak, Premières 2014 – © Teatr Wybrzeze

De fait, en 10 éditions (celle de 2011 avait dû être annulée) il a révélé de vrais gestes artistiques et des metteurs en scène qui poursuivent aujourd’hui une carrière internationale : le Hongrois Kornél Mundruczó, la Serbe Sanja Mitrovic (lire cicontre), la Polonaise Marta Gornicka, le Belge Fabrice Murgia, le Français Matthieu Roy… Elle a aussi contribué à nouer des liens forts entre les écoles à l’échelle européenne. Avec l’arrivée du Badisches Staatstheater dans l’équation en 2013, le festival se tient désormais en alternance à Strasbourg et Karlsruhe… Jusqu’à quand ? La convention qui les lie s’achève cette année, les

financements sont, par les temps qui courent, tout sauf acquis et Stanislas Nordey, nommé à la direction du TNS en septembre dernier, indique seulement par communiqué de presse que ce « sera l’occasion de discuter ensemble de l’avenir de ce festival ». On espère que Premières ne finira pas sur la cartocrise et que, si la presse a encore un rôle à jouer, Le Monde et Libé viendront enfin couvrir ce festival unique en France, dont on espère suivre encore (au moins) 10 éditions ! PREMIERES, du 4 au 7 juin à Karlsruhe www.festivalpremieres.eu


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