J’AI 20 ANS, QU’EST-CE QUI M’ATTEND ?, les 19 et 20 février à l’Espace Bernard-Marie Koltès / Théâtre du Saulcy à l’Université Paul Verlaine, à Metz ; les 22 et 23 février au Théâtre Ici et là à Mancieulles www.compagnieppf.com
Ce que jeune veut pAR benjamin bottemer
J’ai 20 ans, qu’est-ce qui m’attend ? est un ensemble de cinq formes courtes dirigées par Cécile Backès et écrites par cinq auteurs différents. Un thème dont le romantisme est largement modéré par une démarche créatrice de l’ordre de l’enquête sociologique. Voici une vaste et récurrente question dont les pratiques artistiques les plus diverses se sont souvent emparées, le théâtre y figurant en bonne place. Cécile Backès, directrice artistique du projet et metteuse en scène, a choisi de s’attaquer au sujet avec une approche quasisociologique : à partir de 2010, elle part à la rencontre de jeunes gens entre Épinal, Forbach et Paris afin de recueillir une matière première qui sera ensuite présentée à cinq auteurs. « Nous avons eu la possibilité d’obtenir des témoignages variés de jeunes dans des situations diverses, explique-t-elle. Le sens du projet : faire du théâtre à partir de la réalité, partielle, non exhaustive ; une démarche qui emprunte au journalisme et à la sociologie. » Cécile Backès a ainsi évacué un « risque » : que les auteurs se réfèrent aux souvenirs de leur propre jeunesse. Autour des textes de François Bégaudeau, Joy Sorman, Arnaud Cathrine, Maylis de Kerangal et Aurélie Filippetti, deux sujets se dégagent : l’entrée dans la vie active et les problèmes de logement. « C’est un théâtre documenté plutôt que documentaire, car il s’agit de créer quelque chose de poétique ; au théâtre, on fabrique tout ! C’est à cause de ce paradoxe que le vrai théâtre documentaire ne me transcende pas. »
François Bégaudeau dépeint pour sa part un monde du travail qui ne serait fait que de stagiaires, que l’on appellerait tous Stéphane, parce que « c’est plus pratique ». La pièce, les pièces, neutralisent dans une certaine mesure cette « mythologie des 20 ans », l’âge de tous les possibles. Mais le spectacle est loin d’être dénué d’humour, même dans les témoignages recueillis auprès de militants de Génération précaire et de Jeudi noir. « Ils sont très drôles ! Ils ont un grand recul par rapport au sujet, une mise
à distance qui nous a beaucoup influencés » raconte Cécile Backès. Si les vingtenaires d’aujourd’hui ne sont plus ceux de mai 68, les rencontres ont laissé apparaître d’autres formes d’engagement et de prise de conscience, notamment via le Net et les réseaux sociaux : la metteuse en scène les explorera dans un second projet basé sur le même principe. « Même si la réalité d’aujourd’hui fait retomber l’illusion, il y a des idéaux qui perdurent. Qu’il n’y ait plus d’utopie n’est pas la question. » i
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