EMILY LOIZEAU, concert le 17 octobre dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsations, à Nancy, le 26 octobre à la Salle des Fêtes de Schiltigheim, le 5 décembre à La Vapeur, à Dijon www.nancyjazzpulsations.com + www.ville-schiltigheim.fr + www.lavapeur.com
La quête du sens est au cœur du dernier album d’Emily Loizeau. Cette artiste aux ressources infinies puise dans les poèmes de William Blake non pas des éléments de réponse mais bien des jalons à sa réflexion intime.
chemin de vie pAR Emmanuel Abela
PHOTO Diane sagnier
Votre album débute par Tyger, un hommage à Lhasa de Sela. Aujourd’hui, son héritage semble immense. Quelle relation entretenezvous à son œuvre ? Je suis une grande admiratrice de sa musique, de ce qu’elle donnait sur scène et d’elle en tant qu’être, en tout cas dans ce que j’en percevais : sa grande liberté, son honnêteté et cette manière d’être intransigeante dans sa volonté de ne se laisser enfermer par rien et de se situer au plus près d’une vérité. Je l’avais vue sur scène au Grand Rex, ça fait partie des 5 concerts qui m’ont renversée et ont changé quelque chose en moi. C’était comme quand on regarde le ciel la nuit pour repérer une étoile et suivre sa direction. On regarde là-haut, on voit qu’elle est toujours là, et ça nous rassure. Dans cet hommage, vous utilisez des vers du poète William Blake. Comment en êtes-vous arrivée à intégrer tous ces extraits de poèmes dans vos compositions ? J’étais déjà en train d’écrire quand je me suis replongée dans Blake que je connaissais mais de manière assez inconsciente et presque oubliée. Comme elle était comédienne en Angleterre, ma grand-mère a beaucoup dit ses textes. Quand je suis tombée sur le poème The Tyger sur une affiche que j’ai retrouvée dans le grenier de mes parents, une vieille musique d’enfance me revenait. Du coup, j’ai affiché ce document dans la chambre de ma fille et je lui ai dit ce texte
à mon tour, tous les soirs. Ça m’a donné envie de relire Les Chants de l’Innocence et de l’Expérience. J’y ai trouvé des choix extrêmement forts dans les allégories, les images – la présence de l’animal – et la musicalité des textes, d’où l’envie de les chanter. À partir de ces extraits que vous augmentez de vos propres textes, vous créez un cycle sur la vie : la naissance, l’enfance, la mort, la création et la rédemption. Ces thèmes apparaissaient dans mes propres textes. La résonance et la parenté des poèmes de Blake m’ont frappée ; j’y
entendais un écho très fort au disque que je cherchais à écrire, un disque introspectif. Ces poèmes constituent des jalons de ce cheminement que j’ai essayé de traduire sous la forme d’une histoire intime mêlée à une réflexion existentielle sur la filiation, la transmission et sur ce que cela représente que de naître, vivre et mourir. i
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