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VILLAS DE RÊVE SUR LA CÔTE D’AZUR Dream villas on the French Riviera

DES VILLAS DE RÊVE SUR LA CÔTE D’AZUR DREAM VILLAS ON THE FRENCH RIVIERA

Valérie Ward

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A la fin du XIXe siècle l’aristocratie européenne, russe et anglo-saxonne se rend sur la Côte d’Azur pour ses vertus thérapeutiques. Le tourisme hivernal se développe, notamment grâce à l’arrivée du train dans la région. C’est la Belle Epoque, avec son architecture élégante et son faste. Parmi les demeures historiques et prestigieuses ouvertes au public, on compte quelques joyaux... At the end of the 19th century the European, Russian and Anglo-Saxon aristocracy started going to the French Riviera for its therapeutic virtues. The advent of the train in the region encouraged winter tourism during the Belle Epoque, a prosperous period that is well known for its elegant architecture. Here are some of the most iconic historical and prestigious properties open to the public.

La Villa Eilenroc au Cap d’Antibes Construite autour de 1865 cette villa néo-classique est commandée par le néerlandais Hugh-Hope Loudon, qui aime passer l’hiver sur la Riviera. A la fin du XIXe siècle il était d’usage de donner le nom de l’épouse à la demeure où elle résidait. Celle-ci a l’originalité d’avoir pour nom l’anagramme de Cornélie: Eilenroc. Personne n’aurait pu prévoir la suite des événements: trouvant le lieu trop désert, Madame Loudon quitta la maison... et son époux. Ce chagrin d’amour précipita sa vente: son propriétaire l’aurait vendue pour un dixième de sa valeur. L’écossais James Wyllie la rachète en 1873 et fait aménager le parc par de célèbres jardiniers. Il a fallu faire venir des tonnes de terre pour bâtir le parc de 11 hectares, planter une oliveraie et des arbres aujourd’hui deux fois centenaires. La roseraie comprend 150 variétés de roses au nom de personnes célèbres (Catherine Deneuve, Philippe Noiret...) et depuis 2011, un jardin de senteurs.

En 1927 un couple d’Américains, les Beaumont, s’y installe. La maîtresse des lieux transforme le style intérieur de la maison en y ajoutant sa touche Art Déco. Les chambres avec vue sur la mer, la salle de bain à la baignoire et au lavabo en marbre vert, construits sur place, avec une douche multi-jet d’origine, contribuent au charme de cette villa qui a accueilli Léopold II de Belgique et le roi Farouk d’Egypte. Léguée à la ville d’Antibes en 1982 par Hélène Beaumont, la villa surnommée «le joyau de la Côte d’Azur» est devenue un écomusée et ouvre ses jardins au public plusieurs fois par mois. La promenade de toute beauté, au départ de la villa, qui longe le sentier du littoral de 3,7 km, vaut le détour.

Villa Eilenroc, Cap d’Antibes

Built circa 1865 this neo-classical villa was commissioned by a Dutchman, HughHope Loudon, who liked to spend the winter on the Riviera. At the end of the 19th century it was customary to name the property where the wife resided after her. This house stands out as its name is the anagram of Cornelie: Eilenroc. No one could have anticipated the events that followed: as Mrs Loudon thought the place too isolated, she decided to leave the house... and her husband. Brokenhearted, Mr Loudon sold it in a hurry, supposedly for one-tenth of its value. A Scotsman, James Wyllie, bought it in 1873 and decided to design and develop the vast garden with the help of famous landscape gardeners. Tons of soil had to be brought to build the 11-hectare park, plant an olive grove and trees that are now two-centuries old. The rose garden contains 150 varieties of roses named after famous people (Catherine Deneuve, Philippe Noiret...) and since 2011 it comprises a fragrant garden.

In 1927 the Beaumonts, from the United States, moved into their new home. The lady of the house transformed the interior design of the property and added her personal Art Deco touch. The charm of this villa, where Leopold II of Belgium and King Farouk of Egypt stayed, has much to do with it. Of particular interest are the rooms with a sea view, the marble handbasin and bathtub – that were built on site and included a multi jet shower. The property was bequeathed to the city of Antibes in 1982 by Hélène Beaumont. Known as the “Jewel of the Côte d’Azur” the site has become an eco-museum and opens its doors to the public many times a year. The breathtaking 3.7 km coastal trail that starts from the villa is worth the visit.

La Villa Ephrussi de Rothschild à St Jean Cap Ferrat

De style renaissance, cette villa est sans conteste l’une des plus majestueuses de la Côte d’Azur. Située sur une presqu’île, imaginée par la Baronne Béatrice de Rothschild, elle a été construite entre 1905 et 1912. Les travaux sont titanesques pour aménager le lieudit de la Colle-Blanche, un ancien chemin muletier. Déterminée et érudite la Baronne épuise quatre architectes en faisant détruire ce qui ne lui convient pas et en demandant des maquettes à taille réelle. Les heureux élus sont finalement Marcel Auburtin (Prix de Rome) qui établit les plans généraux et Aaron Messiah qui devient l’architecte d’exécution. Inspirée à la fois de la Renaissance florentine pour la façade Est, d’influence vénitienne pour la façade Nord, du Palais des Doges de Venise et du Casino Farnese de Caprarola pour la façade Ouest, la maison est à part dans le paysage niçois. De la mise à niveau de la crête à la dynamite, à l’installation de l’électricité, du chauffage central et du téléphone, la Baronne se montre exigeante,

Villa Ephrussi de Rothschild, St Jean Cap Ferrat

The Renaissance-style villa is undoubtedly one of the most majestic of the French Riviera. Located on a peninsula, the property was imagined by Baroness Beatrice de Rothschild between 1905 and 1912. The hamlet called Colle-Blanche, a former mule track, had to be entirely reshaped to accomodate the villa, leading to gigantic works. The Baroness was a driven and educated woman who knew what she wanted: four architects resigned, as she had anything she disliked destroyed, and requested full-scale mock-ups. The lucky few were ultimately Marcel Auburtin (Prix de Rome) who drew the general plans and Aaron Messiah who became the implementation architect. Inspired by Florentine Renaissance for the eastern facade, of Venetian influence for the northern facade, influenced by the Dodge’s Palace and the Casino Farnese in Caprarola for the western facade, the

souhaitant avoir le confort moderne tout en s’assurant que l’esthétique est toujours respectée, aussi bien dans des jeux de perspectives que dans ceux de la transparence de l’intérieur vers l’extérieur, ouvrant le regard vers la Méditerranée. Par sa naissance puis par son mariage Béatrice de Rothschild devient l’une des plus grandes collectionneuses du siècle. Elle laisse plus de 5000 objets d’art, du mobilier précieux, des porcelaines de Meissein et de la Manufacture de Sèvres, des dessins et des tapisseries du XVIIIe siècle, des peintures de Fragonard, Boucher, Renoir et Monet... Dite «Villa Ile de France», elle est également connue pour ses incroyables jardins qui se déploient sur 7 hectares en bord de mer. Le plus grand rappelle les voyages de la Baronne, notamment le paquebot Ile de France sur lequel elle traversa les océans. En 1934 l’architecte paysagiste Louis Marchand conçoit les jardins thématiques: à la française, espagnol, florentin, japonais, exotique, lapidaire et provençal qui house holds a unique place in the region. The Baroness was very demanding and wished for every modern comfort while ensuring aesthetics were always respected. She paid close attention to the use of perspectives and to the transparency from the interior to the exterior, revealing the Mediterranean. She had the crest outside leveled with dynamite, and had electricity, central heating and the telephone installed inside the villa. By birth and also by marriage Beatrice de Rothschild became one of the greatest collectors of the century. Upon her death she left more than 5,000 pieces of art, invaluable furniture, porcelains from Meissein and the Sevres Manufactury, drawings and tapestries of the 18th century, paintings from Fragonard, Boucher, Renoir and Monet... Known as “Villa Ile de France” the property is also famous for its unequalled gardens, that spread over 7 hectares overlooking the sea. The main garden recalls the travels of the Baroness, including the Ile de France cruise ship on which she crossed the oceans. In 1934 landscape

complètent cet ensemble riche d’oliviers centenaires, de figuiers de barbarie et de pins d’Alep. Aujourd’hui traités de manière biologique avec des lâchers de coccinelles et des engrais organiques, les plantes s’épanouissent tout comme les fleurs de la roseraie remarquable. Léguée à la Fondation de France, elle devient un musée. Sa gestion est confiée à Culturespaces dans les années 1990; la villa obtient le label de Monument Historique en 1993.

La Villa Noailles à Hyères

Bâtie sur la colline du château qui domine la ville d’Hyères, la Villa Noailles a été commandée par le vicomte de Noailles et son épouse Marie-Laure. Il s’agit de l’une des premières constructions de style moderne en France. Fonctionnelle, la villa est d’inspiration rationaliste, avec des éléments décoratifs épurés, des toits et terrasses inondés de lumière. Après le refus de Ludwig Mies van der Rohe et des désaccords avec Le Corbusier, le couple confie la construction de la villa à l’architecte Robert Mallet-Stevens, architect Louis Marchand designed thematic gardens: the French garden, the Spanish garden, the Florentine garden, the Japanese garden, the lapidary garden and the Provence garden, which are part of a beautiful garden filled with centenary olive trees, prickly pears and Aleppo pines. Nowadays the gardens are treated organically, notably with the release of ladybirds, and use of organic fertilisers. The plants bloom, as do the flowers of the remarkable rose garden. Bequeathed to the Fondation de France, the villa became a museum and its management was delegated to Culturespaces in the 1990s. The villa was classified as a Historic Monument in 1993.

Villa Noailles, Hyères Set on the hill of the castle that overlooks the city of Hyères, the Villa Noailles was commissioned by the Viscount of Noailles and his wife Marie-Laure. It was one of the first modern constructions in France at the time. The villa was very functional and drew inspiration from the rationalist style, with its purified decorative features, its roofs and terrasses inundated by light.

qui s’y emploie entre 1923 à 1925, en collaboration avec Léon David pour les extensions et annexes réalisées de 1925 à 1933. La villa passe alors de 500 à 2000 m2, ce qui la rend encore plus agréable avec ses nombreuses chambres d’amis, sa piscine couverte, un gymnase et un jardin «cubiste» réalisé par Gabriel Guévrékian. Conçue comme un paquebot, elle comprend des ponts cheminée, un jardin en forme de proue et un mur d’enceinte s’apparentant au bastingage d’un navire. Botaniste passionné, le vicomte de Noailles fait planter des essences méditerranéennes sur 4 hectares et aménage le vaste parc au pied de la villa qui devient le rendez-vous de l’avant-garde: le couple de mécènes fait appel à de nombreux artistes. Ils reçoivent Salvador Dali, Picasso, Ernst, Man Ray, Cocteau, Buñuel...et font appel à de talentueuses personnalités. Louis After Ludwig Mies van der Rohe’s refusal and disagreements with Le Corbusier, the couple entrusted Robert Mallet-Stevens with the construction of the villa. He worked on the project from 1923 to 1925, in collaboration with Leon David for the extensions and annexes made from 1925 to 1933. The villa expanded from 500 to 2,000 m2, and became even more pleasant with its numerous guest rooms, a covered swimming pool, a gym, and a “cubist” garden designed by Gabriel Guevrekian. Conceived as a cruise ship, the villa comprises bridges, a garden shaped as a prow, and an encircling wall similar to a ship’s rail. The Viscount of Noailles was an accomplished botanist who made sure Mediterranean essences were planted over 4 hectares and designed the landscape of the park at the foot of the villa. The property became the place to be for their avant-garde friends: the patrons asked many artists to join them. They hosted Salvador Dali, Picasso, Ernst, Man Ray, Cocteau, Buñuel... and also requested prominent personalities to work for them. Louis Barillet was commissioned

Barillet est en charge des vitraux, Pierre Chareau, Eileen Gray, Djo-Bourgeois et Francis Jourdain du mobilier, et de nombreux artistes comme Brancusi ou Giacometi des œuvres d’art. La villa n’a pas de vue sur la mer mais elle est baignée de soleil. Elle est conçue avec beaucoup de modernité dès son origine, avec le chauffage central, le téléphone, les vitres coulissantes. Elle est rénovée au début des années 1990 et accueille aujourd’hui des artistes en résidence.

Fleuron du patrimoine architectural, la villa est classée au titre des Monuments Historiques et labellisée Patrimoine du XXème siècle. Ses jardins sont labellisés «Jardin remarquable». for the stained-glass windows, Pierre Chareau, Eileen Gray, Djo-Bourgeois and Francis Jourdain for the furniture, and many artists like Brancusi or Giacometi, for the works of art. The villa does not have a sea view but it is sun-drenched. From its inception it was designed with modernity in mind, with its central heating, its telephone, and its sliding windows. It was renovated in the 1990s and now hosts artists-in-residence.

An emblem of architectural heritage, the villa was classified as a Historic Monument and labelled as Twentieth Century Heritage. Its gardens have earned the classification of “Outstanding gardens”.