Lyon People Janvier 2012

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n’ont pas oublié qu’ils avaient de la mémoire. Ils connaissent non seulement le métier mais disposent également d’un trésor de guerre, en l’occurrence leurs copieuses indemnités de licenciement – on parle de deux millions de Francs. Cause de cette inattendue prodigalité : ils ont négocié leur départ avec leur complice Olivier de Montille, DRH du groupe ! Qui ne tardera pas à les rejoindre, pactole en poche ! Non contents d’avoir abusé leur ancien employeur, les voilà en mesure de fonder leur propre réseau de journaux d’annonces ! Vous ne devinez pas le titre choisi ? On vous le donne dans le mille : « Paru Vendu » s’implante dans l’Est avec 13 titres et 605 000 exemplaires sur les régions Est/Champagne/Picardie. Le premier numéro voit le jour à Creil en mars 2000. En parallèle, ils s’appuient sur un réseau de franchisés et se tournent vers le groupe Hersant pour financer leur développement. C’est dans ce cadre qu’en 2003, France Antilles devient actionnaire de Paru Vendu. L’affaire aurait pu en rester là mais… nul besoin d’être psychothérapeute pour comprendre l’angoisse qui étreint de nombreux salariés et cadres de la Comareg quand la rumeur de la cession de leur entreprise à France Antilles se fait plus précise. A l’heure du rachat, c’est la consternation !

Propulsés au sommet par leurs protecteurs du groupe Hersant, Michel Moulin et ses amis font une entrée triomphale au Danica. L’écume aux lèvres. Première action symbolique du nouveau pouvoir : débaptiser les 140 titres du groupe ! Une démarche ô combien symbolique car il en va des villes comme des journaux ! Mettre à poil en un tour de main le réseau Bonjour, c’est l’acte d’humiliation suprême. Pour justifier rationnellement leur comportement, les vainqueurs invoquent le procès intenté par Air France qui souhaitait récupérer la marque ombrelle « Bonjour » qui coiffait Le 69, Le 38, Le 73…. « C’est la souris qui s’est faite plus grosse que le bœuf ! » commente, amer, un cadre du groupe. Paru Vendu, inconnu au bataillon est imposé comme marque unique.

Tel un général victorieux, Michel Moulin hisse son drapeau sur la Comareg. Au mépris de toute logique marketing et du travail réalisé avant lui. Jouissance suprême, le petit caporal recouvre la région lyonnaise, berceau historique de la Comareg, de panneaux 4X3 annonçant sa prise de pouvoir. Les premiers résultats de cette politique à la hussarde (en parfaite harmonie avec l’absence de finesse du personnage) ne

se sont pas fait attendre. Le directeur régional de la Comareg pour la région Rhône-Alpes, démissionne de ses fonctions. « Je ne veux pas travailler avec des bandits ! » aurait-il déclaré en claquant la porte. Et de passer avec armes et bagages chez Spir Communication, éditeur du Top Affaires. Michel Moulin et Philippe Bost s’installent à la direction générale mais l’embellie ne va pas durer. Car le premier n’a qu’une obsession : devenir président ! De la Comareg, de l’ASSE, du PSG… En interne, c’est l’enfer pour ceux qui résistent comme Denis Vermeloux. Mais les résultats sont encore bons, personne ne se soucie de l’avenir. Et surtout pas l’actionnaire qui n’a qu’une idée en tête, faire remonter le plus vite possible les résultats à la holding afin de rembourser son prêt. C’est ainsi 35 millions d’euros qui filent directement vers la société mère, chaque année. Il faut dire que Comareg (396 M€ de CA en 2007 pour 40M€ de résultat) est encore une belle vache à lait que Philippe Hersant pense pouvoir traire indéfiniment. Des bénéfices qui lui permettent de racheter La Provence et Nice Matin, des journaux « nobles » qui accaparent toute l’attention du fils de Robert. Dans ces conditions, impossible Z

Le 69 des années de fête (1995-2000)

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« Quand le 69 tousse, la Comareg s’enrhume ! » avait-on coutume de dire au sein du groupe de presse gratuite. Dans les années 90, nul besoin de sortir les mouchoirs. Le 69 domine joyeusement le marché publicitaire local au grand dam de Publiprint et du Top Affaires. Le service commercial de l’hebdomadaire compte une trentaine de jeunes gens sur la seule agglomération lyonnaise. Les jeudis, une fois le journal bouclé, c’est la fête jusqu’au bout de la nuit.

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Photos © Archives Lyon People

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2 3 1 - A la Manade, Armelle, Nicolas, David et Mathieu autour de Claire Meunier, directrice du 69. 2 - Loïc Bocqueret, ancien directeur régional de la Comareg, aujourd’hui DG de Cup Service. 3 - L’arbre de Noël des enfants du 69. Réquisitionnés à l’animation : Fabrice Mirabel (aujourd’hui directeur de Tendances), José Kijas (aujourd’hui patron de la régie France Antilles en Guadeloupe) et Marco (aujourd’hui rédacteur en chef de Lyon People). 4 - Le départ de Kiki, le 25 mars 1997. 5 - . La Manade. Pierre Foureix, aujourd’hui directeur commercial de Solemco et Claire Meunier. 6 - Myriam Berthier, aujourd’hui directrice de Sealiah Odyt.

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