Mémoire du Travail de fin d'études. Lucie Aumjaud

INVENTER LA NOUVELLE RURALITÉ DE ROQUEMAURE Lucie Aumjaud Mémoire de TFE - 2014 - 2015 Directrice de mémoire : Catherine Farelle Professeur encadrante : Sylvie Servain

Ecole de la Nature et du Paysage - INSA Centre Val de Loire

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MEMBRES DU JURY

Président du jury : Marc Claramunt, Directeur de l’ENSNP, paysagiste Conseil de l’Etat, enseignant à l’ENSNP. Directrice de mémoire : Catherine farelle, paysagiste libérale, paysagiste Conseil de l’Etat et enseignante à l’ENSNP. Professeur encadrante : Sylvie Servain, géographe, maître de conférence en géographie et enseignante à l’ENSNP. Personnalité extérieure : Sébastien Giorgis, architecte, paysagiste, urbanisme, paysagiste Conseil de L’ÉTAT.

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PRÉAMBULE La majeure partie de ma famille habitant à la campagne, j’ai été témoin des grandes transformations qui ont atteint ces paysages tout au long de mon enfance. Ces évolutions m’ont particulièrement marquées.

Durant les traversées de la plaine narbonnaise jusqu’à la douce Montagne Noire en passant par les collines sèches du Minervois, le bercement de la route faisait naître une imagination fantaisiste qui me revient parfois.

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Dans le défilement des paysages je me racontais des histoires où j’entrais en scène avec l’environnement qui se dépeignait devant moi.

Des courses poursuites, des investigations scientifiques, ou encore des voyages à la recherche de nouvelles terres propices pour un nouveau village m’ont fait marcher de cime d’arbre en cime d’arbre, m’ont cachée sous l’épais humus des sapins, m’ont perdue dans la sinuosité des ruisseaux ou encore m’ont offert des espaces joyaux où me reposer à la tombée du jour. Mes délires enfantins se nourrissaient des scènes uniques construites par la fine et minutieuse variété des paysages de nature profonde ou habitée.

Un changement de vocabulaire des paysages que j’ai pu constater au cours des années, m’a perturbé dans mon imaginaire de petite fille. Pourquoi la construction de ce rond point ici à la place de mes broussailles de camouflage ? Pourquoi le point de tri des ordures est si loin du village sur la route des forêts de hêtre, devant la vue vers la montagne depuis laquelle je prenais mon envol ? Pourquoi mon rond de pinède vivrière et ma friche d’herbes soignantes n’existent plus sous ces habitations massives éblouissantes ? Pourquoi ma colline, si rase, si gaie est prise d’une gangrène de béton ? Le summum de désespoir a été lorsque, le Pastural, le champ des percherons que l’on gâtaient de notre pain dur, a été envahi en une année par une mer de pavillons, totalement hermétiques à la sensibilité et à l’émotion. Ces nouveaux voisins, les seuls sans jardin vivrier, les seuls dont on ne connait le nom, ne parlent ni entre eux ni avec nous, mais plutôt avec l’écho de la montagne.

Tant de décisions incompréhensibles et dures, comme le déplore aussi mon arrière-grand-mère avec la ferme de son enfance où elle aimait se promener le temps de capter de joyeux souvenirs, maintenant noyée au milieu des nouvelles zones pavillonnaires.

De là s’est manifestée le besoin de comprendre ce nouveau phénomène ; le phénomène de la périurbanisation qui touche la France depuis quelques années. Je le vois comme étant la réponse à une forte demande de logement pour une commune périphérique à une plus grande ville, dont le manque de connaissance et de savoir-faire l’a poussé à la construction d’ensembles bâtis répondants aux besoins des nouveaux arrivants, mais pas à ceux de l’harmonie et la convivialité de la commune. Cela donne des espaces en transition aux repères perdus avec leur nouvel adjectif « périurbain ».

Bien que les communes de moins de 5000 habitants n’abritent que 40 % de la population française, elles représentent 70 % de la croissance démographique. Ces communes de campagne sont celles qui ont le moins de moyens mais qui doivent paradoxalement répondre à des problématiques demandant des connaissances pluridisciplinaires qui les dépassent. C’est pourquoi j’ai choisi pour ce Travail de Fin d’Etudes de travailler sur ces territoires, d’après moi les plus sensibles, qualifiés populairement de « ruraux », qui connaissent un développement qu’il sera indispensable de maitriser en amont.

La problématique périurbaine est commune à de nombreux endroits en France ce qui m’a donné un vaste choix de site. La vallée du Rhône, avec ses bons vins et ses paysages provençaux à la douce vie m’a d’abord attirée. C’est autour d’Avignon, ville dynamique, que mon investigation s’est portée et qui m’a conduite vers la commune de Roquemaure dans le Gard. C’est d’après une première impression que j’ai choisi cette ville à l’atmosphère rurale qui présente des marques rigides de l’influence périurbaine. Les infrastructures récentes et les réseaux multipliés sur son territoire laissent entrevoir un prochain développement que j’aimerais anticiper en fonction du contexte local et de ses paysages, au nom de la réinvention des campagnes françaises.

Roquemaure, est un cas à la fois typique périurbain et à la fois particulier au vue de son contexte paysager qu’il serait judicieux d’exploiter. L’objet de ce mémoire est de s’interroger sur les relations à établir entre l’urbanisation et les espaces qui composent le territoire de Roquemaure pour installer une cohérence globale du projet communal pour les années à venir.

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INTRODUCTION

Depuis longtemps d’actualité, le sujet de la périurbanisation des territoires a été traité en différentes thématiques (sociale, urbaine, transport, énergie, logement, etc...) qui rejoignent systématiquement le paysage. Dans certains endroits en milieu rural, des réponses au phénomène de périurbanisation ont été apportées en s’appuyant sur les spécificités du site. On peut citer par exemple le cas de la Vallée de Saint-Amarin dans le Haut-Rhin, dont le projet s’est appuyé sur un ancien patrimoine industriel pour accueillir des activités et du logement. Bien que la périurbanisation exerce un même type de pression sur les territoires, les propositions de projet pour le développement harmonieux des petites communes, doivent être élaborées au cas par cas.

Pour répondre à la problématique « Comment penser le développement urbain de Roquemaure de manière à ce qu’il réponde à la demande en logement tout en révélant et en renforçant l’identité rurale propre à la commune ? », ce travail de fin d’études se ciblera plus spécifiquement sur les secteurs résidentiels.

La démarche choisie pour aboutir aux propositions de projet, consiste tout d’abord à étudier la manière dont le périurbain se manifeste à Roquemaure, et ensuite à analyser les paysages qui permettront de découvrir les faiblesses et les potentiels du territoire à investir.

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SOMMAIRE Préambule 4 Introduction 7 Au contact des villages 12 Mise en Situation 18

Chapitre 1 “ Le phénomène périurbain ”............................................21

1. Le périurbain difficilement maitrisé 2. Peut-on parler de rural aujourd’hui?

3. Un rural en sursis, qui doit se réinventer

22 26 40

Chapitre 2 “ S’inspirer du paysage ”..................................................43

1. Depuis Roquemaure je vois...

44 2. L’impression captée 52 3. Les ensembles Paysagers 54

4. Les unités de paysage façonnant le site 56

Chapitre 3 “ Replacer le contexte ”...................................................59

1. Les grandes étapes de l’Histoire de Roquemaure 60 2. La terre 64 3. L’eau 68 4. La nature 74 5. Les hommes 78

Chapitre 4 “ Vers une forme urbaine ”...............................................85

1. Un paysage urbain authentique mais fragile 2. L’arrivée du phénomène périurbain 3. la composition et les logiques urbaines

86 94 98

Chapitre 5 “Un territoire de contraintes”.........................................101

1. Les règles du jeu du territoire 2. Vers quelles perspectives ?

102 108

Chapitre 6 “ Le paysage comme matière première du projet”.........117

1. Deux échelles de travail 118

Repenser la ville autour de sa ruralité.

119 2. Les Massifs calcaires 124

3. La plaine et la terrasse viticoles 136 4. Le couloir du Rhône 158 5. L’ancienne Quironette 174 6. La plaine inondable 178

Chapitre 7 “ Habiter la campagne ”...................................................195

Guider le développement des quartiers vers un “habiter à la campagne”.

1- Construire le nouveau cœur urbain 2- Réorienter l’espace autour du piéton 3- Retrouver le socle paysager du quartier du coteau 4- Se retrouver et échanger autour de l’eau 5- Donner à la route de Nîmes le rôle d’interface

196 198 200 202 204 206

En conclusion 209 Bibliographie 210

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Roquemaure

AU CONTACT DES VILLAGES ESPRIT PROVENCE OU LANGUEDOC? C’est en suivant la vallée du Rhône que mes pas se sont portés à la recherche d’un site potentiel d’étude. Il fallait un endroit fort en caractère, où les paysages et ses terroirs font la fierté des habitants.

Entre Provence et Languedoc, l’interface de la vallée du Rhône s’est révélée être cet endroit ; là où des tapis de vignes mordues par le soleil et le vent ondulent dans les plaines et où se heurtent aux massifs rocheux bordés de pinèdes. Ici, les horizons aux silhouettes charismatiques devenant des points de repère délimitent l’espace qui paraît être à échelle humaine.

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En bord du Rhône, le cœur vivant d’Avignon, de 92 000 habitants, qui bat jusque dans ses campagnes, gouverne un territoire panaché. Dans son rayonnement, de petits villages s’organisent. Ils m’apparaissent comme étant des bijoux de pierre cachés dans les imperfections d’un socle rugueux qui font étinceler malgré eux la terre de leur coloris unique. Entre ces villages une mystérieuse différence d’ambiance se perçoit entre la rive droite et de la rive gauche du fleuve, entre la Provence et le Languedoc. Lorsque l’on s’y arrête le temps d’y perdre un regard, le village de Provence, simple et authentique, manifeste la fierté de l’excellence de son terroir auquel il est lié. Le village du Gard, quand à lui reste plus discret. Ses arènes traditionnelles occupant toujours une localisation privilégiée dans la ville, dévoilent l’importante place des festivités dans la vie locale qui se retrouvent dans la chaleurosité des habitants.

Navigant d’un côté à l’autre du fleuve, en passant le pont pour atteindre le côté gardois, je me suis retrouvée au centre d’une commune intrigante. Roquemaure tournée vers son intérieur, regardant les murs de son glorieux passé se délabrant doucement, impuissante, et avec de nouveaux quartiers incompris s’étalant tout autour. Ville malmenée par un imposant massif rocheux et des infrastructures massives hors d’échelle, ville détournée de ses paysages et de son fleuve, mais malgré tout, ville attachante.

La Provence depuis Séguret (Vaucluse)

CÉVENNES

MONT VENTOUX

Rhône

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Les coloris des villages Roquemaure

MONTS DE VAUCLUSE

LUBÉRON

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Esprit Languedoc - Sauveterre (Gard)

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Esprit Provence - Ch창teauneuf-du-Pape (Vaucluse)

AU DÉPART UNE FORME URBAINE La diversité des formes urbaines des villages autour d’Avignon semble être à l’origine de leur ambiances si différentes. Roquemaure et ses communes voisines qui ont des parcours d’évolution bien distincts, sont de bons exemples. Comme une empreinte digitale, l’organisation spatiale marque une identité. Elle dicte la manière dont on entre dans la ville, la manière dont on chemine à l’intérieur et la manière dont on y vit. Cette forme est née à partir des éléments saillants d’un territoire, sur lesquels elle continue à s’appuyer pour se construire et croître.

La plupart du temps, le noeud central médiéval s’accroche sur un relief élevé où un château protecteur est édifié. Les remparts enserrent les habitations qui s’organisent dans une maille de ruelles étroites et tortueuses. À l’intérieur, de rares placettes qui arrivent à exister s’animent par de fréquentes rencontres entre les habitants des quartiers. Les faubourgs fortement marqués par l’activité agricole avec des corps de ferme plutôt volumineux, se prolongent en un tissu étendu d’habitations qui affecte la singularité de la forme urbaine et où un décalage d’atmosphère se perçoit.

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C’est par la maitrise de cette forme et par sa sculpture que passe le devenir d’une commune pour assurer la beauté d’y vivre. En plein dans ce cas, Roquemaure dégage des potentialités d’action par des espaces mis à l’écart, mais aussi par ses paysages caractériels auxquels elle tourne le dos et qui pourraient pourtant soutenir une logique urbaine de qualité.

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4 3 5

Situation des villes de la page suivante

Caderousse Provence – Alpes – Côtes d’Azur 2 700 habitants

Prise dans une digne d’enceinte.

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500 m

Châteauneuf-du-Pape Provence – Alpes – Côtes d’Azur 2 200 habitants

Figée par ses vignobles.

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500 m

Roquemaure Languedoc – Roussillon 5 400 habitants

Étalée et contrainte 3

500 m

Saint-Laurent-des-Arbres Languedoc – Roussillon 2 600 habitants

Déployée en étoile 5

500 m

Sauveterre Languedoc – Roussillon 1 700 habitants

Égrainée 4

N 500 m

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MISE EN SITUATION

Lille Paris Strasbourg Nantes

Lyon Bordeaux

Avignon

Toulouse Montpellier

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Nice

PROVENCE – ALPES – CÔTES D’AZUR Vaucluse Le Rhône

LANGUEDOC – ROUSSILLON Gard

Marseille

Roquemaure

Avignon

Aire urbaine d’Avignon

N 0

50 km

> Aire urbaine d’Avignon 97 communes 515 123 habitants (2011) Densité : 247,2 hab/km² Superficie : 2 083,5 km²

Roquemaure Communauté de Commune des Côtes du Rhône Gardoises SCoT du bassin de vie d’Avignon Aire urbaine d’Avignon

> SCoT du Bassin de vie d’Avignon 26 communes 253 909 habitants Densité de 448,6 hab/km² Superficie de 566 km² Objectif : + 31 000 nouveaux habitants d’ici 2020

19 > Communauté de commune des Côtes du Rhône Gardoises 3 communes 9 360 habitants (2010) Superficie de 47 km2 Densité de 240 hab/km²

> Roquemaure 5 422 habitants Densité de 206.8 hab/km2 Superficie commune : 26000 ha Superficie de la ville batie : 230 ha

0

50 km

Objectif : croissance de 1,2%/an (+ 700 habitants d’ici 10 ans. ou + 1 500 habitants d’ici 20 ans.)

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1

“ Le phénomène périurbain ” Pour commencer l’analyse du site, il est avant tout nécessaire de comprendre les moteurs de la dynamique périurbaine ainsi que la manière dont celle-ci agit sur le site. Cette approche permet de d’entrer dans le sujet de la problématique qui touche Roquemaure et de relever de premiers principes d’orientation.

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1. LE PÉRIURBAIN DIFFICILEMENT MAITRISÉ

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1.1- UNE TRANSFORMATION BRUTALE POUR LES PAYSAGES ET LES PETITES COMMUNES DE FRANCE Depuis de nombreuses années, le territoire avignonais a été modelé par les francs mouvements d’exode rural puis du retour à la campagne.

Tout comme les autres régions françaises, ces mouvements ont conduit à de nouveaux systèmes économiques et à de nouvelles dynamiques démographiques, occasionnant des changements dans le mode de vie des sociétés. Depuis les années 1960, de nouveaux espaces habités sont apparus en périphérie des villes et jusque dans les campagnes, avec l’arrivée d’une population venant des villes. Ces espaces sont qualifiés de périurbains. Sans appartenir ni à la ville ni à la campagne, ils se présentent comme des ensembles lâches rompant avec l’organisation historique des villes et celle des campagnes. Progressant vers les champs, ils effacent avec une rapidité exceptionnelle les structures anciennes qui avaient réussi à survivre à travers les temps.

C’est une réelle métamorphose qui s’opère dans les campagnes à cause de leur évolution soudaine. Celle-ci dépasse souvent les acteurs locaux qui manquent de compétences spécifiques dans le domaine du territoire pour une planification cohérente et durable de la ville. C’est pour cette raison alarmante que j’ai choisi d’orienter mon mémoire autour de la problématique de la périurbanisation des campagnes, aussi appelés espaces ruraux, dont l’existence commence à être discutée. La mise en danger de l’avenir des espaces ruraux qui véhiculent pourtant une image attachante, est un sujet actuel qui doit être étudié au cas par cas.

Cette dynamique dans laquelle est incluse Roquemaure, appréhendée à différentes échelles, va permettre de définir un cadre où l’étude puis le projet se racontent. Il est avant tout nécessaire de cerner ce qu’est le rural, à quoi semble appartenir Roquemaure, pour mieux comprendre les problématiques actuelles qui le concernent.

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LA PÉRIURBANISATION : urbanisation diffuse qui est observable en milieu rural et au voisinage des agglomérations urbaines.

Encyclopédie Larousse.

1.2 - L’ESPACE RURAL, QU’EST CE QUE C’EST ? > Opposé à l’urbain Les définitions sur le rural restent vagues. Elles s’accordent à opposer ce terme à l’urbain. L’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) le précise en l’associant à une quantité d’habitants et à un nombre d’emploi (définition ci-contre). Avec ses 5 422 habitants et 1 497 emplois en 2011, Roquemaure n’est compris ni dans l’espace rural ni dans l’espace urbain comme définis par l’INSEE. La commune se rapproche de « pôle rural ». > Une référence à l’agriculture et à un art de vivre Éloignée d’une dizaine de kilomètres du pôle urbain d’Avignon, mais néanmoins de taille plus importante que les communes avoisinantes, Roquemaure est appelé par ses habitants « village ». Effectivement en visitant la commune la première une impression pousse à la qualifier ainsi. Bien que de nombreux auteurs se sont attachés à définir le rural, il semble que ce terme se réfère d’avantage à quelque chose de plus riche et complexe et dont le sensible occupe une certaine part. C’est une notion abstraite que pourtant tout le monde connait mais que chacun perçoit différemment. Cette représentation mentale se trouble en même temps qu’évoluent les territoires que l’on considérait autrefois sans hésitation comme ruraux.

Aux époques passées la présence de l’agriculture permettait d’identifier ce qui relevait de la campagne. La dimension agricole est encore aujourd’hui, dans les esprits comme dans les définitions, automatiquement associée au rural.

L’homme par ses techniques de culture traditionnelles adaptées au particularités d’un territoire, élaborait les paysages qui devenaient très typés. Paul Vidal de la Blache, géographe du début du XXe siècle, indiquait qu’il y avait en France 300 petites régions paysagères, correspondant à 300 systèmes agraires différents. À son époque, la majorité de la population était paysanne. Les paysages étaient entretenus par les petites exploitations familiales qui animaient la vie locale. Le village se subvenait à lui même ; les relations d’entre-aide et d’échanges de produits entre les habitants étaient essentiels pour l’équilibre de chaque foyer. Cette image d’un style de vie simple, solidaire et en contact avec la nature fertile est véhiculée par la notion de rural, mais elle reste aussi idéalisée.

RURAL : adj. “Qui concerne la vie dans les campagnes, qui concerne les paysans.”

Opposé à urbain. » URBAIN : adj. “Qui est de la ville, opposé à rural.”

Le petit Robert, 2001

ESPACE RURAL : “qui n’appartient pas à l’espace urbain.”

COMMUNE RURALE : “de moins de 2000 habitants.”

LE PÔLE RURAL: “composé des communes n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine et comptant 1 500 emplois ou plus.”

23 INSEE

ESPACE URBAIN : “Ensemble d’un seul tenant, composé de plusieurs aires urbaines et des communes multipolarisées qui s’y rattachent.” Une aire urbaine regroupe plus de 10 000 emplois.

INSEE VILLE : “(...) agglomération de population et de constructions rassemblant un effectif minimum de personne.”

Dictionnaire thématique d’histoire-géographie, 2007 “(…) dont la délimitation est fondée sur le seul critère de continuité de l’habitat.”

INSEE

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> Le rural, source d’inspiration Les campagnes ont été l’objet d’inspiration pour les peintres, notamment les naturalistes qui, dès la fin du XIXe siècle, peignaient des scènes quotidiennes du monde paysan. Leurs peintures qui se voulaient au plus juste de la réalité et de l’intensité de l’instant, remettaient à l’honneur ce monde rural.

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Jules Bastien-Lepage. La Toussaint (1878)

Source : « L’Atlas des paysages ruraux de France »

> Importance de faire exister ce terme Même si certains considèrent que le rural n’existe plus, c’est un terme auquel les français semblent s’attacher. De par l’image ancienne des sociétés agricoles, une source d’inspiration pour certains et d’évasion pour d’autres, le rural est relié à un art de vivre. À ce titre il est considéré comme une valeur du territoire français, aussi riche de coutumes que de paysages qui en font sa renommée internationale. Ainsi en France, le rural est quelque chose que l’on a besoin de faire exister car il supporte l’identité d’un territoire et de sa population, et donc leur fierté.

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Camille Pissaro. Moisson à Montfoucault (1876)

Source : « L’Atlas des paysages ruraux de France »

2. PEUT-ON PARLER DE RURAL AUJOURD’HUI?

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2.1 - UNE DIFFÉRENCIATION QUI DEVIENT FLOUE L’attractivité des territoires ruraux de ces 70 dernières années a métamorphosé ces espaces. La campagne en tant que domaine dédié à la seule activité agricole a disparu. Elle est devenue un espace aux multiples usages. L’article de Mora O. « vers de nouvelles ruralités » qualifie la ruralité comme un « arrangement composite d’usages résidentiels, récréatifs, et productifs, (…) ». Les paysages ruraux à proximité d’une grande ville se fragmentent et se banalisent à cause de la sectorisation des espaces. En effet, les réseaux de transports performants facilitent les circulations des citadins mais aussi les échanges commerciaux, conduisant à l’apparition de secteurs à mono-usage tels que des zones résidentielles pavillonnaires, des zones d’activités, des zones de loisirs, etc, détachés du contexte paysager. Leur développement, essentiellement stratégique se déroule principalement proche des grands axes.

Roquemaure Mitage et résidentialisation

Sauveterre Mitage

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Villeneuve-lès-Avignon Résidentialisation en nappe

Commune urbaine Commune rurale

Avignon Ville centre

Différents secteurs La périurbanisation visible.

ÉVOLUTION DES GRANDES VILLES

BANALISATION DES PAYSAGES

Activité et commercial

mants

or ts perf

Transpor

RÉSIDENTIALISATION DES VILLAGES Productif

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Résidentiel pavillonnaire

Récréatif

Schématisation de la situation des campagnes périurbaines.

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2.2 - LE CAS DE ROQUEMAURE DANS LE BASSIN DE VIE D’AVIGNON Roquemaure est prise dans un schéma semblable de périurbanisation ; c’est dû à sa proximité avec le pôle dynamique d’Avignon qui comme on va le voir, influence d’une certaine manière un vaste territoire. La suite s’attache à expliquer comment, pour pouvoir ensuite dégager des possibilités d’action.

Un territoire s’organise en bassins de vie où plusieurs communes entretiennent des relations d’échange essentielles à leur fonctionnement.

Une ville centre polarise chaque bassin.

Trois bassins de vie concernent le secteur de Roquemaure : celui d’Avignon, d’Orange et de Bagnols-sur-Cèze. Celui d’Avignon, tridépartemental, peut être classé d’ « hyper-bassin » car trois bassins du Vaucluse lui sont dépendants (Orange, Carpentras, et Cavaillon). Celui de Bagnols-sur-Cèze est relativement indépendant, bien que ses flux importants de déplacements quotidiens avec le territoire avignonnais

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BASSIN DE VIE : (…) Le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. INSEE.

Bassins de vie Aire urbaine d’Avignon

5 bassins de vie

CONCERNANT ROQUEMAURE

Le Bassin de vie d’Avignon :

300 000 habitants sur 45 communes.

marquent son attachement. Ces 5 bassins coopèrent pour les réseaux de transports afin de faciliter les déplacements. « Poumon économique du Vaucluse » d’après l’Agence d’Urbanisme de l’Aire Avignonnaise, l’hyper-bassin rencontre une insuffisance en offre de logements, créant ainsi une pression sur les bassins résidentiels voisins qui, dans le même temps, bénéficient de l’excédent d’emplois avignonnais. La croissance de l’emploi qui s’accentue depuis une dizaine d’années dans la centralité, est très supérieure à celle du nombre de résidences principales. Pour les avignonais poussés à déménager vers l’extérieur, les migrations domicile-travail doivent alors s’étirer jusqu’à des trajets de 40 minutes de route pour que l’équilibre entre les zones d’emploi et de résidence soit atteint.

Cette relation entre lieu de vie et lieu de travail permet de délimiter l’aire urbaine, aux limites plus précises.

Une population active Un excédent d’emplois Un déficit en logements Des emplois principalement tertiaires, le développement du secteur industriel Bassin de vie de Bagnols-sur-Cèze :

77 500 habitants sur 21 communes

Un territoire relativement attractif Un tissus économique dynamique mais qui a une offre d’emploi qui diminue Des emplois industriels et tertiaires.

29 Bassin de vie d’Orange :

63 000 habitants sur 15 communes.

Bagnols-sur-Cèze

Un défaut d’attractivité Une dépendance au bassin de vie d’Avignon surtout pour les jeunes actifs

Orange Carpentras Roquemaure Avignon Cavaillon

1 2 13 42 35 46 75

> L’aire urbaine d’Avignon, les marques de la dynamique périurbaine À Roquemaure, 70 % des actifs ayant un emploi travaillent dans une autre commune. Parmi lesquels, plus de 40 % travaillent dans une autre région. Il s’agit du bassin d’emploi d’Avignon, en région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, ce qui fait appartenir la ville à l’Aire urbaine d’Avignon, comme l’indique la définition.

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Aire urbaine : C’est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.

(INSEE)

Pôles d’emploi Limites des aires urbaines

Les Pôles d’emploi autour de Roquemaure

BAGNOLSSUR-CÈZE ORANGE

Aire urbaine de Bangols-sur-Cèze

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Roquemaure

AVIGNON

Aire urbaine d’Avignon

0

Les pôles d’emploi qui concernent Roquemaure.

25 km

D’après la carte des aires d’attraction des pôles d’empoi du Gard. INSEE 2007

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Vers Paris - Lyon Orange

A7

Vers Bagnols

10 min

30 min

*

Roquemaure

*

45 min

32 Vers Nîmes 0

2 km

20 min

FRET

TGV

A9

Avignon

*

> Un réseau de transport performant, vecteur de la périurbanisation L’importante mobilité domicile-travail vers les pôles urbains, est facilitée par un réseau de transport performant, vecteur majeur de la périurbanisation. Sur la rive gardoise, divers types de réseaux s’y trouvent. Roquemaure profite d’un bon maillage routier avec l’Autoroute A9 qui a une sortie vers la ville, mais aussi des routes nationales et des départementales. Le réseau ferroviaire est présent avec la voie ferrée exclusivement dédiée au transport de marchandises (Fret) reliant Givors près de Lyon, et Grézan près de Nîmes, et la ligne à grande vitesse, mais tout deux n’ont pas d’arrêt à Roquemaure.

Il est en projet l’ouverture de la ligne de Fret pour le transport de passagers, dont un arrêt est prévu à Roquemaure. Cette ouverture est intéressante pour la commune comme pour celles aux alentours car elle permettra de diversifier les modes de transports, actuellement dominés par le tout-voiture (80% des trajets de l’aire urbaine d’Avignon). Par ce projet, les échanges seront également facilités avec les villes les plus importantes et une nouvelle dynamique urbaine sera à prévoir autour de cette future gare.

10 min

*

Temps de parcours par les routes Gare ou arrêt existant ou en projet

L’intercommunalité de Roquemaure

Roquemaure, avec Montfaucon et Saint-Laurent-des-Arbres composent la Communauté de Commune des Côtes du Rhône Gardoise (CCCRG). Cette intercommunalité compte seulement 10 000 habitants, elle va être amenée à s’intégrer à une plus grande intercommunalité à l’horizon 2017. Le choix de cette entité, actuellement débattu concerne un rattachement soit à la Communauté d’Agglomération de Bagnols-sur-Cèze soit à celle du Grand Avignon, ce qui implique pour ces petites communes l’arrivée de nouveaux acteurs dans les prises de décisions. Étant incluse dans l’aire urbaine d’Avignon, l’intercommunalité de Roquemaure semble être naturellement guidée vers la communauté d’agglomération du Grand Avignon. À l’inverse, la zone de dépendance de l’aire urbaine de Bagnols-sur-Cèze, limitée avec seulement trois communes qui s’y rattachent, ne parait pas attrayante pour la petite communauté de commune.

COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU GARD RHODANIEN

COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DES CÔTES DU RHÔNE GARDOISES

COMMUNAUTÉ DE COMMUNES PAYS DE RHÔNE OUVÈZE

COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU GRAND AVIGNON

Aire urbaine du Grand Avignon Aire urbaine de Bangols-sur-Cèze

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Bagnols-surCèze

Orange

Roquemaure

Avignon

Roquemaure suceptible d’entrer dans la CA du Grand Avignon.

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> Un tissu économique dynamique Comme dans son bassin de vie, le marché de l’emploi de l’aire urbaine d’Avignon est dynamique, avec un nombre d’emplois offerts qui a doublé en 30 ans, de la même manière que le nombre d’actifs résidents.

Mais ce territoire a maintenant du mal à absorber les nouvelles populations actives comme de nombreux jeunes actifs, ce qui se traduit par un chômage relativement important. > À un type d’économie, un type de paysage.

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Dans l’aire urbaine, l’activité économique s’est progressivement orientée vers le tertiaire avec plus des trois-quarts des emplois qui relèvent de ce secteur en 2008. Il s’agit par exemple du tourisme qui génère des retombées économiques importantes grâce à la proximité avec de grands sites naturels de renommée internationale, tels les Alpilles, le Mont Ventoux, la Fontaine de Vaucluse, mais aussi grâce aux terroirs viticoles et aux sites historiques (le Pont du Gard, la Cité des Papes d’Avignon, le théâtre antique d’Orange).

L’évolution de ce secteur s’accompagne d’une diminution des emplois agricoles, bien que cet espace conserve sa spécificité notamment viticole.

Comme dans l’ancien temps, l’activité agricole, par ses pratiques sculptaient d’une manière singulière les paysages. C’est toujours le cas aujourd’hui sauf que l’activité a changé. L’agriculture occupe toujours une place majeure dans les paysages mais de nouvelles formes imposantes ont émergé avec l’évolution de l’économie. Il s’agit des zones d’activités. Elles concentrent 40% des emplois de l’aire urbaine d’Avignon et sont composées d’activités nécessitant de grands lots.

Ce sont principalement le transport, l’industrie et le commerce.

Elles se sont beaucoup développées en périphérie des villes et dans les campagnes, créant des ensembles visuellement homogènes. Les difficultés d’accessibilité pour atteindre les activités traditionnellement situées dans les centres villes provoquent une migration de celles-ci vers les zones à l’extérieur des villes, engendrant des problématiques au sujet de l’animation des centres.

Roquemaure

Zone artisanale de la Défraisse

35 Zone d’activité de l’Aspre

A9

FRET

TGV

Photo page suivante

Zones d’activité

Avignon

Limite communale de Roquemaure Les zones d’activités aux emplacements stratégiques.

N 0

4 km

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Le territoire de Roquemaure et de ses villes voisines ont vu émerger ces ensembles, raccrochés aux voies de circulation principales pour profiter de la facilité d’accès. La zone industrielle de l’Aspre au sud de Roquemaure, développée de façon isolée au dessus du massif agricole et naturel de Sauveterre mais proche de l’échangeur de l’autoroute, est un exemple de la sectorisation de l’espace. Bien que l’accroissement des activités économiques est souhaitable, ces zones doivent être le plus mixte possible et le plus proche de la ville pour éviter l’effet de fragmentation et de banalisation des paysages. Sa construction initiée au début des années 1990, la zone de l’Aspre prévoit de continuer sa progression sur le massif vers l’est. Il s’agit pour le SCoT dans un premier temps de la meilleure solution à autoriser, plutôt que de voir se multiplier d’autres zones d’activités autour des petites communes, les zones d’activité mixtes nécessitant certainement une étude plus longue et contraignante.

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Photo satellite de la Z.A. de l’Aspre.

200m

200m

Photo satellite de la zone artisanale de la Défraisse.

Au sein de Roquemaure, la zone artisanale de la Défraisse, construite à l’est dans les années 1980, a été pensée dans une logique de mixité en mêlant habitations individuelles et locaux d’entreprise. Malgré cela, elle reste un espace peu intégré au tissu urbain. De plus, le tracé de la rocade de Roquemaure qui la longe, construite après dans les années 2000, a provoqué l’enclave d’espaces agricoles qui ont alors été en partie reclassés en espaces destinés à recevoir des activités industrielles ou commerciales. L’étude développera ce point plus loin. Le travail sur l’intégration des zones d’activité sur un territoire semble perfectible.

2.3 - LE RÔLE JOUÉ PAR LES POPULATIONS > La démographie, une pression sur les espaces périphériques L’aire urbaine d’Avignon avec son demi-million d’habitants, bénéficie d’un fort dynamisme démographique avec une augmentation de 80 % de sa population en moins de 50 ans, contre une augmentation de 34 % au niveau national. C’est essentiellement à la périphérie de ses 4 villes principales (Avignon, Cavaillon, Carpentras et Orange) ainsi que dans les petites communes voisines que la croissance démographique est la plus forte. C’est la cas de Roquemaure qui a connu une croissance démographie très supérieure au taux du département entre 1968 et 1975 puis entre 1982 et 1990.

Dans cette situation démographique et avec une diminution de la taille des ménages, le territoire de l’aire urbaine d’Avignon connait une forte demande de logements. Le problème dans ce territoire, est que la plupart des résidences principales sont des logements individuels, souvent dispersés et très consommateurs d’espace. Elle envahissent les petites communes périurbaines qui se résidentialisent à l’extrême.

On se retrouve alors avec une forte pression de l’urbanisation sur les terres agricoles, que le Grenelle de l’environnement et la récente loi sur l’agriculture visent à limiter. Cette problématique est d’autant plus importante que la croissance démographique de l’aire urbaine d’Avignon devrait se poursuivre. Il a été évalué un gain de 65 000 à 140 000 habitants supplémentaires d’ici 2040, ceci accompagné du vieillissement de la population. Dans le périmètre du SCoT, plus réduit que celui de l’aire urbaine, l’objectif visé dans les orientations territoriales est une augmentation de 30 000 personnes pour 2030.

Dans cet objectif, Roquemaure considérée comme ville relais par le SCoT, doit viser une croissance démographique de 1% à 1,5% par an, alors que ces dernières années la ville toujours attractive, a obtenu 1% de population supplémentaire par an. La prescription revient à dire que la commune devra accueillir environ 700 habitants d’ici 10 ans, ou bien plus de 1400 habitants d’ici 20 ans, un nombre plutôt important pour les 5 422 roquemorois.

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> Le problème majeur de la résidentialisation des villages

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Prescription du SCoT pour Roquemaure : Une croissance de 1% à 1,5% par an.

C’est-à-dire environs 1400 habitants supplémentaires d’ici 20 ans.

La résidentialisation des villages est en effet un problème de taille pour les espaces ruraux. On l’a compris, la conjoncture actuelle du bassin de vie d’Avignon, pousse la population active hors de la ville centre, déficitaire en logements adaptés. Ils viennent alors se loger dans les petites communes voisines qui construisent progressivement en conséquence, mais en s’étalant. À Roquemaure, le centre ancien souffre d’un fort taux de vacance de ses logements. Un paradoxe face à l’arrivée de la population. Cela s’explique par la faible attractivité du tissu bâti existant. Le centre paupérisé est inadapté et ne répond pas aux besoins contemporains (lumière, terrasse, jardin, …). Pour la municipalité, considérant le coût élevé de la réhabilitation du cente et la demande en logements, il est plus facile et plus rapide d’ouvrir les espaces périphériques à l’urbanisation diffuse. Ce qui correspond également au souhait des nouveaux arrivants.

> Quelle est cette population arrivante ?

« D’acteurs qu’ils étaient, les nouveaux citadins deviennent progressivement des spectateurs, plutôt nostalgiques, d’un espace rural sur lequel ils n’ont plus prise. »

RÉGIS AMBROISE, article « Le paysage, clé d’entrée pour un développement durable des territoires”, Mars 2013.

Ces populations, quelques fois aussi appelés néo-ruraux, exercent une pression sur les acteurs locaux pour s’installer en maison pavillonnaire individuelle avec jardin, afin de pouvoir exhausser leur vœu d’habiter à la campagne et de profiter de ses atouts. Cela se révèle pourtant décalé de la réalité car ce désir est partagé par la majorité des nouveaux arrivants qui étouffent une part de l’identité architecturale et paysagère du lieu par le déploiement des habitats uniformes. « L’image de la vie rurale que se font les citadins n’est-elle pas un peu trop idyllique ? » comme questionne Laugier Robert dans son article « L’étalement urbain en France » (février 2012). Ils emportent avec eux un mode de vie toujours urbain, sans relation directe avec la terre. La notion de solidarité et d’entre-aide propre au monde rural n’est elle pas mise de côté ? L’art de vivre à la campagne semble avoir été oublié par commodité. Peuton continuer à calquer un mode de vie totalement urbain dans un contexte que l’on considère rural ? N’y a-t-il pas un effort d’intégration à faire de la part des nouveaux arrivants voulant profiter des atouts de la campagne sans se confronter à certains inconvénients ?

Les plans d’urbanisme trop laxistes autorisant les zones pavillonnaires sans règles spécifiques de construction n’est qu’une satisfaction de court terme pour la ville qui peut profiter, certes, d’un nouveau dynamisme mais au prix de la détérioration de ses paysages qui font pourtant sa valeur. Il semble que c’est dans le déploiement des zones résidentielles que réside la plus forte perturbation de l’identité des paysages des communes rurales. Elles constituent des espaces prioritaires sur lesquels intervenir pour rétablir le lien entre les paysages et la ville. Pour cela, il faut proposer un nouvel axe de développement urbain qui soit apte à s’accorder avec les modes de vies des nouvelles populations et qui s’accorde aussi avec le contexte environnemental, afin de maintenir la qualité des paysages ruraux.

Quartier résidentiel à l’ouest de Roquemaure.

Photgraphie : Ville de Roquemaure

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3. UN RURAL EN SURSIS, QUI DOIT SE RÉINVENTER

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Pour résumer, Roquemaure se présente comme une commune rurale qui grossit au fur et à mesure que les habitants arrivent. Elle se construit en fonction des besoins de ces nouvelles populations, mais aussi en fonction d’autres paramètres comme la temporalité ou l’économie qui semblent avoir été nommés en tant que nouveaux constructeurs de ces espaces périurbains. Il en ressort un caractère particulier aux couronnes périurbaines émergentes qui s’organisent de manière sectorisée. Les manières d’urbanisation qui ont évolué en fonction des époques et que l’on pourrait qualifier de « modes », ont donné ces différences de typologie à la ville avec ses différences de densités, de style de bâtiments, de matériaux ou encore de végétaux.

Les nouveaux quartiers des villes rurales ont un vocabulaire qui s’apparente de plus en plus à l’urbain. Les grands axes routiers qui viennent irriguer les petites villes éloignées apportent avec eux un nouveau rapport de vitesse et de dimensions qui paraissent démesurées par rapport à leur environnement. L’indispensable voiture vient se coincer jusque dans le cœur des villages. Les vielles pierres cohabitent désormais avec de nouveaux matériaux : PVC, métal crépis et aluminium. Le paysage du village et de sa campagne, autrefois pittoresque, est devenu méconnaissable. Communément qualifié de « rural », il s’identifie maintenant difficilement à cause de son ambiguïté et sa ressemblance avec le milieu urbain. La limite entre le rural et l’urbain devient mince, confuse, surtout pour une petite commune telle que Roquemaure qui se cherche. Doit-elle s’accrocher aux vestiges anciens qui avaient construit son unité ? Doit-elle aller vers l’urbain et devenir une petite ville ? Ou doit-elle se réinventer pour proposer un nouveau chemin clair et sensé en fonction des caractéristiques de son environnement ? La dernière proposition, plus judicieuse, s’appuie sur la connaissance du fonctionnement des territoires pour élaborer une logique de développement, comme le faisaient avant les ruraux. Il s’agit alors d’inventer la nouvelle ruralité, avec son nouveau vocabulaire, pour ces espaces en transition que l’on aimerait toujours appeler ruraux.

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SCHÉMA : Le village qui évolue fait-il encore partie du rural ou devient-il urbain ?

Un nouveau parcours doit être tracé vers sa nouvelle ruralité.

> LES VALEURS DE LA NOUVELLE RURALITÉ < 1) L’AMÉNAGEMENT ET LA GESTION SELON LES LOGIQUES DU TERRITOIRE Jusqu’à présent, l’utilisation rationnelle du territoire par les hommes, et sa compréhension, ont guidé les pratiques et les modes d’urbanisation d’une commune.

Ils en ont fait un ensemble uni et fonctionnel marqué d’une spécificité ou identité. Pour cela, le premier principe garantissant le renouveau de la ruralité de Roquemaure impose de s’inscrire dans la continuité du lieu.

Pour cela, une connaissance fine du site est indispensable.

Les pratiques anciennes mais également contemporaines apportent de bons indices pour la détermination des traits de caractère sur lesquels s’appuyer.

Ce principe nécessite d’évaluer les atouts et des faiblesses du territoire et de ses paysages et de réinterroger les modes d’urbanisation pour élaborer au mieux le projet de la ville.

2) UNE COMMUNE ET DES LIEUX DE VIE À ÉCHELLE HUMAINE La petite taille des communes rurales facilite l’appropriation des habitants de leur lieu de vie ainsi que leur implication dans les actions locales. Le rapport avec le territoire est plus étroit que dans une grande ville, mais quelquefois celui-ci s’en retrouve excessivement distendu, notamment par l’omniprésence de l’automobile et des espaces qui lui sont dévolus.

Le sentiment d’habiter un village à taille humaine est un marqueur de la qualité de vie dans une commune rurale. Mais au delà, cela favorise le lien social. Le projet d’aménagement de Roquemaure est avant tout un projet de « vivre ensemble », où l’intégration de nouveaux habitants doit être anticipée.

3) L’INTERDÉPENDANCE DE LA VILLE RURALE ET SA CAMPAGNE Paysages, espaces naturels ou cultivés sont des ressources qui ont permis de faire émerger un espace bâti habité. Leur relation complémentaire a permis leur développement respectif. La terre nourrit la ville et la ville entretient la terre. Les sociétés devenues moins agricoles ont ralenti ces échanges qui se sont raréfiés, provocant une séparation entre deux mondes qui ne se soutiennent plus.

Cette interdépendance a été à la base d’un certain équilibre du territoire qu’il est nécessaire de retrouver, favorisant la cohésion d’ensemble de la population habitante et agricole.

La problématique

Comment penser le développement urbain de manière à répondre à la demande en logement tout en révélant et en renforçant l’identité rurale propre à Roquemaure?

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2

“ S’inspirer du paysage ” La connaissance des caractéristiques du territoire et de son fonctionnement, présentés dans ce second chapitre, permettront de guider la réorientation du développement de Roquemaure, selon les valeurs de la nouvelle ruralité.

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1. DEPUIS ROQUEMAURE JE VOIS...

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LES HORIZONS La montagne rocheuse de Saint – Geniès s’immisce dans la ville. Sur elle, la petite tour ronde, vestige d’un ancien moulin à vent, semble observer discrètement la ville. C’est depuis celle-ci que j’aime regarder Roquemaure, en étant éloignée de l’agitation de la ville et d’où les grandioses horizons

se déroulent. L’exercice de la contemplation permet de relever que plusieurs éléments charismatiques lointains comme proches marquent le fond de plan du paysage roquemaurois. Chacun évoque une histoire qui leur est propre.

Les Dentelles de Montmirail

Dent de Marcoule

Mont Ventoux Plateau de Lacau

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Massif de Châteauneufdu-pape Plateau viticole de Roquemaure

N

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Massif de Sauveterre

Plateau de Vaucluse

10km

Le champ de vision depuis Roquemaure

Bleuté des lointains visible depuis Roquemaure

Une vue globale depuis la petite tour ronde

Horizon vers la dent de Marcoule Horizon vers le massif de Sauveterre

Horizon vers le Mont Ventoux

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1

HORIZON VERS L’EST L’horizon vers l’est captive le regard avec ses reliefs tant connus de la Provence qui repoussent la ligne de l’assise du ciel. Bien qu’éloigné de 40 kilomètres, le Mont Ventoux impose sa puissance sur les paysages roquemorois. Quand la brume s’efface en laissant place à un temps clair, la silhouette Dentelles de Montmirail

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du géant, repérable depuis de nombreux points de vue à Roquemaure, rappelle sa dominance sur son royaume provençal. Les hauts monuments médiévaux ponctuels identifient les localités par leur silhouette singulière.

Mont Ventoux

Château de l’Hers

Château de Châteauneuf-du-Pape

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Plateau de Vaucluse

Tour carrĂŠe de Roquemaure

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1

HORIZON VERS LE NORD Plus au nord s’étire la vaste vallée du Rhône qui marque un plat sur l’horizon vallonné. La rive gauche du Rhône se repère par les reliefs rocailleux et couverts de garrigue de Châteauneufdu-Pape. Dans la partie gardoise, rive droite, c’est Montagne de Saint Geniès

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Plateau de Lacau

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un ensemble plus élevé de plateaux qui annonce le début des Cévennes. Plus proche, le Château de Montfaucon, par un clin d’oeil amical, se surélève de la masse boisée des terres humides que les franges des peupliers organisent.

Château de Montfaucon

Dent de Marcoule

Vallée du Rhône

Reliefs de Châteauneuf-du-Pape

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1

HORIZON VERS L’OUEST Les horizons sont proches de ce côté sud. On observe d’ici l’implantation de la ville. Un gradient végétal progresse du cœur de ville plus minéral jusque au plateau de la Plane plus haut, seulement construit de maisons isolées. Le cimetière à l’écart des habitations s’identifie facilement par les plantations de cyprès alignés. Le plateau viticole du quartier

La vallée du Rhône

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de la Plane, séparé des quartiers de Roquemaure par l’autoroute imperceptible, montre à la ville ses pentes incultivables colonisées par des sombres pinèdes. Au fond, le massif de Sauveterre rocailleux à la végétation de garrigue, comme la montagne de Saint-Geniès symbolise la limite franche avec la commune de Sauveterre à l’arrière.

Massif de Sauveterre

La Plane

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2. L’IMPRESSION CAPTÉE Le regard sensible tient une première place dans l’analyse d'un territoire en brossant un état du paysage résultant d'influences autant diverses que complexes.

Une première approche dégage des intuitions sur les forces et les faiblesses, révélatrices des enjeux majeurs du territoire étudié.

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Roquemaure frappe avant tout par ses imposants réseaux de transports sectionnants, ainsi que par la grande digue qui la sépare du Rhône. Ses paysages sont des ensembles bien définis par des caractères forts et expressifs. Les horizons, dessinant les silhouettes emblématiques, jouent le rôle d’outils de repère. La petite ville, se découvre très contrastée dans sa typologie bâtie : le centre historique très délimité par sa densité et architecturalement très riche, s’entoure d’espaces à la fois construits ou vides, peu attrayants, difficilement qualifiables.

Carte sensible du site de Roquemaure

1

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N

1

3. LES ENSEMBLES PAYSAGERS Le territoire d’étude est inclus dans l’entité naturelle du Gard Rhodanien définie par l’Atlas des paysages du Gard (carte ci-dessous). Les paysages associés se déclinent sur tout le linéaire relativement étroit de la vallée du Rhône. Ils sont caractérisés par des terrains aux pentes douces qui descendent vers le fleuve et où alternent des plaines plus ou moins humides.

Pour ce présent mémoire, l’approche pour définir les ensembles de paysages, plus précis, est basée sur les impressions et les ambiances qu’offrent le site.

On identifie ainsi trois ensembles (carte ci-dessous) qui se déclineront ensuite en unités de paysage : les plaines rhodaniennes, les terres caillouteuses et la terrasse de Châteauneuf-du-Pape.

Site

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LA TERRASSE DE CHATEAUNEUF-DU-PAPE Montfaucon

Rhône Saint-Laurent-des-Arbres

Châteauneuf-du-Pape

Source : DREAL Languedoc-Roussillon

Roquemaure LES TERRES CAILLOUTEUSES LES PLAINES RHODANIENNES

Les grands ensembles paysagers : Les plaines rhodaniennes Les terres caillouteuses

Sauveterre

La terrasse de Châteauneuf-du-Pape Bâti

Grands ensembles paysagers.

> Les plaines rhodaniennes

> Les terres caillouteuses

> La terrasse de Châteauneuf-du-Pape

Cet ensemble se caractérise par son aspect plat, sillonné par de nombreux cours d’eau dissimulés sous une moutonneuse ripisylve.

L’eau est l’élément qui prédomine.

Elle manifeste sa présence sous diverses formes au cours des saisons, avec des évènements d’inondation en fin d’année et avec le développement d’une végétation généreuse à l’arrivée du printemps. En grande partie inconstructible, les paysages des plaines rhodaniennes aux cultures très variées et où se sont égrainés des corps de ferme, offrent des ambiances intimistes et des décors de scène théâtraux.

Bien qu’étroitement liés au Rhône comme le témoigne le socle alluvionnaire, ils ne communiquent plus avec le fleuve à cause de l’édification de la frontière de la digue, imperméable à tous les sens du terme. Cette dernière, à la hauteur qui empêche les perceptions lointaines, tel un mur, interrompt l’horizon de l’ensemble paysager.

La présence minérale, avec les imposants massifs calcaires qui semblent émerger brutalement des plaines cultivées, est le fil directeur qui gouverne ce paysage. De la plus petite échelle comme à la plus grande, la roche intéresse. Des hommes en ont donné des noms, la « rocca maura », la roche noire en langue d’Oc, pour ce rocher autrefois couvert d’une végétation sombre. Les terres caillouteuses est aussi un ensemble tapissé par la vigne. L’entretien de la culture met à nu les sols aux tons orangés et fait ressortir leur structure rocailleuse. Lorsque le soleil estival cogne sur ces terres, la sècheresse hostile qui s’impose encourage le visiteur à se rapprocher du maillage arboré à l’ombre opaque. Les cordons de pins pignon, de cyprès ou d’essences spontanées permettent la contemplation sereine de la poésie pittoresque des espaces modelés par le travail de l’homme.

Le sillon du Rhône sépare cet ensemble du territoire roquemorois. Depuis la rive gardoise, l’ancienne terrasse du Rhône, qui compose au loin l’horizon, sollicite l’imaginaire.

Il s’apparente un paysage de Toscane, à cause de ses amples vallonnements cultivés de vigne, et ponctués par le village de Châteauneuf-du-Pape en hauteur. La silhouette de celuici, marquée par les vestiges de son château papal, est le poinçon de son vignoble qui en font sa richesse. Ce territoire a été un des plus grands concurrents pour l’activité viticole roquemoroise dont les vins étaient, à une époque passée, les plus recherchés.

Aujourd’hui Châteauneuf est l’un des crus les plus renommés des Côtes-du-Rhône. Son vignoble en monoculture a ses parcelles rationalisées au maximum, et on ne trouve pas, par exemple, de haies bise-vent comme ailleurs en Provence qui réduirait le sol utilisable par les vignes.

Cet ensemble d’une certaine noblesse presque hautaine, est entretenu d’une manière très soignée, valorisant au maximum le vignoble.

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4. LES UNITÉS DE PAYSAGE FAÇONNANT LE SITE LES MASSIFS CALCAIRES

LA PLAINE ET LA TERRASSE VITICOLES

LE COULOIR DU RHÔNE

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L’ANCIENNE QUIRONNETTE

LA PLAINE INONDABLE

1

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LE COULOIR DU RHÔNE

L’ANICENNE QUIRONNETTE

57 LA MONTAGNE DE SAINT GENIÈS

LA PLAINE ET LA TERRASSE VITICOLES LA PLAINE INONDABLE

LE MASSIF DE SAUVETERRE

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1 km

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3

“ Replacer le contexte ” Le premier contact avec les paysages du roquemorois appellent la connaissance de données plus techniques afin de déceler les principes des lignes directrices du territoire. Le contexte, dont l’histoire entame la présentation, se raconte en quatre thèmes : la terre, l’eau, la nature et les hommes.

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1. LES GRANDES ÉTAPES DE L’HISTOIRE DE ROQUEMAURE AU QUATERNAIRE

( - 1.8 MA À - 10 000 ANS) Naissance de la Vallée du Rhône

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Avant l’arrivée des hommes, il y a le socle qui a conduit à l’état actuel du territoire. La mer se retire et de nombreux lacs se forment, puis se comblent progressivement. Vers – 400 000 ans, des mouvements tectoniques correspondants à la formation de la chaîne des Pyrénées provoquent la surélévation de la région, ce qui modifie le réseau hydrographique. Le Rhône qui coulait plus à l’ouest de Roquemaure, va prendre son emplacement actuel mais en laissant la trace de son ancien lit : ses anciennes terrasses couvertes de galets de quartzites sont observables aujourd’hui à Roquemaure, à Châteauneuf-duPape ou encore à Lirac.

XIe SIÈCLE Édification du Château, Roquemaure

l’origine de

C’est au XIIe siècle que Roquemaure est nommé pour la première fois dans les textes. Le Rhône, frontière naturelle entre le Royaume de France et le Saint Empire Romain Germanique, était au temps des croisades l’axe commercial principal pour les échanges entre le sud et le nord de l’Europe. Le Comte de Toulouse dont le domaine s’étendait une peu plus loin que la rive droite du Rhône, voulait contrôler le commerce et a profité de l’éperon rocheux en bordure du fleuve pour y édifier un château. En vieux provençal, un rocher surmonté d’une forteresse était une « rocca », et sa végétation sombre qui la couvrait l’a qualifié de noire ou « maura », d’où l’origine du nom de Roquemaure.

Le château destiné à protéger les bateaux de marchandises était doté d’un péage pour financer cette protection. C’était un des plus importants péages du Languedoc ; il a duré 700 ans. De l’autre côté,

Limite du Royaume de France Frontière actuelle Cours d’eau N

Comté de Toulouse Saint Empire Romain Germnique Situation de la région en 1180.

DU XIIIe AU XIVe SIÈCLES Construction du « castrum »

sur la rive provençale, sur la même faille de Roquemaure qui est à l’origine de la formation de sa barre rocheuse, s’est dressé le Château de l’Hers qui percevait également le péage.

Les habitants s’organisent à l’intérieur d’un village clos de murailles. L’accroissement de la population, va développer la ville vers l’ouest avec la création de nouveaux remparts. En ce temps là, toutes les églises étaient fortifiées pour résister à l’ennemi, comme l’était la Collégiale, l’église principale dans le centre-ville, dont le clocher était une tour défensive.

De ces deux forteresses qui vivaient du fleuve, seule Roquemaure a vu sa population s’accroitre autour de son rocher, sur les pentes et les plateaux voisins. Au XIIe siècle, le château de Roquemaure était un des plus importants du Languedoc.

Au début du XIXe siècle il sera vendu à titre de bien national et, avec son rocher, utilisé comme carrière de pierre. Il ne reste aujourd’hui que les vestiges de la tour carrée et de la tour de la reine.

N

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Plan de 1654, montrant le château, le port et le village enserré par les remparts.

Source : Archives de Roquemaure.

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1309 Arrivée des Papes à Avignon

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1556 Grands travaux d’assèchement, déclin de la ville

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La présence des papes à Avignon a fortement développé le commerce à Roquemaure qui grâce à son port non loin d’Avignon a permis de répondre aux besoins considérables de la cour pontificale. Le commerce du vin est prospère pour le territoire de Roquemaure qui va énormément s’enrichir et devenir un nom : « la Côte du Rhône ».

Jusqu’au XIX ème siècle, la ville vivra très bien grâce au bon fonctionnement de son port.

Cette année marque un tournant pour l’avenir de la ville. Un peu en amont de Roquemaure, l’île de la Quironette, cultivée par les roquemorois a été rattaché à la terre par l’assèchement d’un bras du Rhône, afin de faciliter l’accès et la culture. Au fil des ans, des bancs de sables appelés « îlons », se sont accumulés en aval de l’ancienne île de la Quironette. Ils deviennent des espaces cultivés que les habitants rattachent à la terre au fur et à mesure de leur formation.

L’évolution rapide des terres au nord de la ville a provoqué le comblement progressif du port de Roquemaure qui est devenu inaccessible pour les bateaux dès le début du XIXe siècle. La ville essentiellement tournée vers l’activité fluviale s’est vu chavirer dès lors de l’inutilisation de son port.

< île de la Quironette

La principauté d’Orange, en 1627.

Source : Banque Nationale de Fance

N

1817

1864

Grande épidémie de fièvres

Le phylloxéra destructeur

infectueuses

des vignobles

Du bras du Rhône asséché, il n’est resté que des marres d’eau stagnantes contre la barre de Roquemaure, à l’emplacement de l’ancien port, qui servaient d’égout. Ces eaux devenues malsaines ont infecté par infiltration l’eau des puits que les habitants consommaient. Une grande partie de la population était atteinte de fièvres infectieuses et de nombreux décès ont été constatés. La classe aisée a alors fuit cette contrée devenue inhabitable et Roquemaure continua à décliner.

Ce n’est qu’en 1820 que le Conseil d’Etat, Directeur Général des Ponts et Chaussées, a décidé de faire creuser un Canal d’Assainissement, le canal de Miémar, redonnant le souffle aux habitants.

Le phylloxéra, un insecte venu d’Amérique, est apparu pour la première fois à Roquemaure puis a causé la destruction de l’ensemble du vignoble français. Comme seuls les plants américains greffés avec la vigne française étaient résistantes à l’insecte, tous les vignobles furent greffés afin de perdurer. Malgré cette mesure, la qualité des vins avaient perdu de leur qualité.

1970 Canalisation du Rhône

Cette année correspond au début de la construction des dignes par la Compagnie Nationale du Rhône, insubmersibles pour une crue dont la période de retour estimée est supérieure à 1000 ans.

C’est une avancée considérable pour la Vallée du Rhône qui a subi de nombreux traumatismes occasionnées par les violentes crues rhodaniennes.

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12

2. LA TERRE

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2.1 - ENTRE L’INFLUENCE DES ALPES ET DU MASSIF CENTRAL Entre reliefs alpins et ceux liés au Massif Central se trouve le couloir du Rhône. Dans cette vallée, la commune de Roquemaure est engoncée dans de plus petites formations qui ont résisté malgré l’érosion.

HAUTS RELIEFS LIÉS AU MASSIF CENTRAL

RELIEF MOYEN

PLAINE

HAUTS RELIEFS LIÉS AUX ALPES

VALLÉE DU RHÔNE

CÉVENNES

MONT VENTOUX PLAINE COMTADINE LES GARRIGUES MONTS DE VAUCLUSE

Site

64

LUBÉRON

CAMARGUE

N

La vallée du Rhône prise entres deux ensembles montagneux.

123 m

La Plane 92 m 50 m

Traslepuy

Coupe schématique: alternance de plaines et de massifs élevés.

50 m

Montfaucon

Saint-Geniès-de-Comolas

île de Miémar

Roquemaure

Châteauneuf-du-Pape

Montagne de Saint-Geniès

La Plane Plaine de l’Hers Truel

Traslepuy

Le pontet

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e

up

Co

massif de Sauveterre

Sauveterre 123 m N

1 km

0

Des reliefs originaux enserrant la ville.

Massif de Châteauneufdu-Pape Roc du Château de l’Hers 30 m

Roquemaure 25 m

30 m

Rhône

90 m

100 m

70 m

45 m

24 m

0 0

500 m

12

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2.2 - L’ORIGINE GÉOLOGIQUE DE LA VALLÉE La vallée du Rhône s’est formée dans un bassin sédimentaire du Crétacé, au Miocène (- 23.5 à - 5.3 Ma), suite à des activités géologiques de différentes nature. Sa physionomie actuelle résulte de phases de transgressions et régressions marines, d’activités fluviales et de mouvements tectoniques provenant plus particulièrement de la surrection des Alpes.

Tout au long de son existence, le fleuve a de nombreuses fois changé son cours à cause des évènements géologiques comme au Pliocène (- 5.3 à -1.8 Ma), lorsque la formation des Alpes se termine et la mer se retire pour une dernière fois. Les phénomènes d’érosion et d’accumulation s’intensifient à des endroits précis.

Le Rhône structurant le territoire.

Jusqu’au quaternaire (-1.8 Ma à aujourd’hui), le Rhône et ses puissants affluents charrient des masses considérables de matériaux détritiques (galets, graviers, sables arrachés aux reliefs), qui s’accumulent et qui forment les hautes terrasses alluviales de Châteauneuf-du-Pape et de Lirac. À Roquemaure un petit secteur surélevé est aussi composé de ces anciennes alluvions. Leurs matériaux sont bien visibles dans les vignes où de gros galets roulés en quartzite provenants des Alpes se dévoilent sur un sous-sol de sédiments calcaires. Par la suite les différentes périodes glaciaires qui surviennent vont favoriser le développement de nouvelles grandes terrasses alluviales qui viennent s’étager à différentes altitudes dans la vallée.

66

Les galets de quartzite assurent un équilibre thermique pour les vignes.

C’est cette organisation aux terrasses alluvionnaires rongées par l’érosion et mêlées aux très vieux massifs calcaires du Crétacé qui font la particularité du socle de la vallée du Rhône. Avec l’arrivée de l’homme ces géomorphologies se sont habillées de vignes, de boisements, de villes et dont le Rhône est le parrain.

130 m

Haute terrasse alluviale

Photo ci-contre

*

100 m 70 m 40 m

Sables du Pliocène

10 m

Coupe schématique : les anciennes terrasses du Rhône, excellants sols pour la viticulture.

FORMATIONS GÉOLOGIQUES : (Du plus récent au plus ancien)

Laudun

Plaine alluviale et basse terrasse

Courthézon

Dépression lacustre et flèche littorale Terrasses basses

Saint-Laurent-des-Arbres

Lirac

Châteauneuf-du-pape

Roquemaure

Terrasses moyennes Bédarrides

Coupe

Hautes terrasses -1.8 Ma

Pliocène

- 5.3 à -1.8 Ma

Sauveterre Tavel

Miocène

Sorgues

Pujaut

- 23.5 à - 5.3 Ma

Crétacé (calcaire) - 135 à -65 Ma

67

Védène

Rochefort-du-Gard Villeneuve-les-Avignon

Saze

Avignon

0

4 km

N

Carte géologique simplifiée : Le socle du territoire majoritairement composé par les dépots du Rhône.

D’après la carte géologique d’Avignon - BRGM

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Sables du Pliocène Sables du Miocène

Rhône Plaine alluviale

Haute terrasse alluviale

Calcaire du Crétacé 0

1 km

12

3. L’EAU

34567

3.1 - LE RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE ET L’INONDATION Pour comprendre le paysage rhodanien mais aussi les ouvrages hydrauliques actuels et des époques passées, il est avant tout nécessaire de cerner le fonctionnement hydrographique de ce territoire, à une échelle un peu plus large.

Zoom page suivante

Saint-Geniès-de-Comolas

Châteauneufdu-Pape Roquemaure

Saint-Laurent-des-Arbres

68

Montfaucon

Rh

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SYSTÈME NIZON - GALET SYSTÈME MONTFAUCON - ROQUEMAURE - SAUVETERRE Lirac Sauveterre

Tavel

Pujaut

SYSTÈME PUJAUT ROCHEFORT-DU-GARD Rochefort-du-Gard Villeneuve-lès-Avignon

SYSTÈME VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON - LES ANGLES

Avignon

Les bassins versants du Gard Rhodanien.

N

Sur la rive droite de la vallée du Rhône a été délimité un ensemble comprenant des bassins versants dits « du Gard Rhodanien » où coulent plusieurs petits affluents directs du Rhône qui sont soumis à des crues torrentielles importantes.

Ce réseau de cours d’eau dont quelques uns sont naturels mais souvent rectifiés, se compose de nombreuses « roubines », un terme local pour appeler les canaux de drainage artificiels.

Aboutissant auparavant au Rhône, tous ces cours d’eau se jettent désormais dans le contre - canal adossé à la haute digue, tout deux construits par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) dans les années 1970.

LE RHÔNE : 812 km de long 1 500 m3/s de débit 3e plus grand bassin de France (100 000 km2) Source : Alpes suisses Embouchure : Méditerranée

Le système Montfaucon-Roquemaure-Sauveterre défini par le Schéma d’Aménagement Hydraulique des bassins versants du Gard Rhodanien, a une morphologie de plaine d’environ 40 km². C’est un ancien champ d’expansion des crues du Rhône.

Montfaucon

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Saint-Geniès-de-Comolas

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Le système Montfaucon - Roquemaure - Sauveterre avec ses différents cours d’eau.

0

4 km

12

34567

3.2 - LES OUVRAGES CONTRE L’INONDATION Au fil du temps, les débordements ont fait réagir les hommes qui ont mis en place des mesures pour la maîtrise du risque d’inondation.

Certaines, qui n’existent plus que sous forme de traces, renseignent sur les logiques utilisées avant la construction de l’actuelle digue.

1

Carte page suivante

Dans les plaines alluviales cultivées, le système hydraulique se composait de nombreux canaux artificiels appelés localement « roubines ». En 1662, le contrôle de l’aménagement des voiries s’étendait jusqu’aux cours d’eau qui devaient être entretenus par les propriétaires riverains pour le bon fonctionnement des routes. Une ordonnance de cette date prescrivait la plantation régulière d’arbres le long des routes, les fruits revenant aux propriétaires des terrains.

Digue du XIXe siècle

70

1 Roquemaure lors d’inondation (avant 1970).

Archives de la ville de Roquemaure

Au niveau du Rhône, les moyens les plus utilisés des deux derniers siècles pour la protection des riverains et des terres étaient les digues.

Elles étaient transversales par rapport au cours du fleuve avant 1843, puis ont été ensuite remplacées par des digues longitudinales. Cette année là, une digue aussi appelée « chaussée insubmersible » de 2 581 mètres de long a été construite. On la rencontre encore dans la ville tandis que sa partie sud a été détruite lors de l’élargissement du Rhône.

Perré Digue de la Pousterle

Digue insubmersible de 2 581 mètres Enrochement

71

Ouvrages disparus

N

Ouvrages de protection contre les crues.

D’après le cliché de E. Dandel - Plan de 1895

Ouvrages existants

12

34567

3.3 - UN ENDIGUEMENT TOTAL DU RHÔNE > Une digue justifiée par les catastrophes passées L’imposant ouvrage de la digue, construit par la Compagnie Nationale du Rhône (C.N.R.) au début des années 1970, sous entend le danger du fleuve et les catastrophes certaines qu’il a généré dans le passé. En effet, l’historique recense à Roquemaure 69 épisodes de crues depuis l’année 585, dont 13 sont classés en indice 3 par le Plan de Prévention des Risques d’inondation (PPRI), correspondant à une crue couvrant plusieurs communes du bassin et qualifiée « d’ampleur exceptionnelle, occasionnant des dégâts considérables ».

72

Les documents d’évaluation et de planification des zones inondables du Rhône actuels (comme le plan de Prévention des Risques d’Inondation Rhône – Cèze – Tave pour Roquemaure) se sont basées sur les données de la crue historique de 1856 qui fut, avec celle de 2003, unes des plus importantes. Les digues de la Compagnie Nationale du Rhône sont insubmersibles pour une crue d’une telle ampleur, avec une période de retour estimée supérieure ou égale à 1000 ans. Autant dire que le risque d’inondation par submersion du Rhône est proche de zéro. Pourtant il est toujours présent sur la commune de Roquemaure, en se manifestant d’une autre manière. En effet, près d’un tiers de la superficie du bassinversant est constitué de zones inondables par débordement de cours d’eau et d’expansion de crues dans les plaines alluviales du Rhône. À cela s’ajoute les inondations par ruissellement, plus localisées. Malgré les nombreuses catastrophes d’inondation qu’a connue Roquemaure, la conscience du risque semble diminuer, constatant des choix de développement urbains moins précautionneux.

1942 1963 1973 Un lit radicalement transformé par l’endiguement du début des années 1970.

2014

73

Avant l’endiguement, les berges sauvages du Rhône.

Source : Archives de la ville de Roquemaure

12

4. LA NATURE

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4.1 - UN PATRIMOINE VÉGÉTAL VARIÉ Une trame végétale composée de grands ensembles boisés et de fines haies.

Montfaucon

Saint-Geniès-de-Comolas

74 Châteauneufdu-Pape

Roquemaure

1

2 3

4

Sauveterre

N 0

1 km

Garrigue.

1 Végétation arborée et haies persistantes.

2 Végétation de milieu sec.

3 Végétation hydrophile : ripisylves et cultures préférant les milieux humides.

4

75

12

4.2 - LES HAIES BRISE-VENT, PARTICULARITÉ DES PAYSAGES LOCAUX

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Le climat à Roquemaure est méditerranéen. La pluviométrie annuelle faible, avec moins de 700 millimètres par an et l’ensoleillement élevé, avec plus de 2700 heures par an, conduisent à avoir des végétaux adaptés aux conditions chaudes et sèches. C’est le type méditerranéen.

La vallée du Rhône est balayée par le Mistral, un fort vent du nord, froid et sec, qui souffle en moyenne 180 jours par an, avec des vitesses allant jusqu’à 100 km/h. Les pratiques locales se sont adaptées à cette force, redoutable ennemie pour les cultures, par la plantation de haies brise-vent orientées est-ouest. Ces haies mono-spécifiques de cyprès et de peupliers, qui se sont surtout développées à partir des années 1830, sont une caractéristique marquante des paysages de la vallée du Rhône.

2

76

1 Un jeu de fermeture et d’ouverture des vues dans la plaine au sud grâce aux haies.

2

La verticalité des peupliers s’impose au nord, dans la plaine humide.

Photographies : Ville de Roquemaure.

4.3 - LA QUALITÉ ÉCOLOGIQUE DU SILLON RHODANIEN

Natura 2000

Échelle européenne

Des délimitations identifient des zones à préserver pour leur richesse écologique (présence espèces ou de milieux remarquables). Les Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF 1 et 2) s’étirent sur l’ensemble du Rhône qui présente un intérêt élevé pour la faune dont 45 espèces animales patrimoniales ont été recensées. Les inventaires concernent des espaces plutôt vastes, où il n’est pas spécifié de localisations particulièrement sensibles. Il en est de même avec la sylvécorégion d’alluvions récentes et le site Natura 2000, classé au titre de la directive Habitats. Ce dernier, instauré à l’échelle européenne a une forte portée sur les projets d’aménagement, par ses mesures prescrites.

Tous ces secteurs et ces inventaires n’ont pas de portée juridique. Ils ne bloquent pas les projets de développement économiques. Leur présence et leur valeur doivent être prises en compte lors d’élaboration des documents d’urbanisme au risque de leur annulation. Le SCoT du Bassin de Vie d’Avignon y a défini des trames vertes et bleues permettant ainsi d’assurer une protection à ce sillon.

Zone fonctionnelle de nature remarquable (ZNIEFF 2) Échelle nationale

Zone écologique de nature remarquable (ZNIEFF 2) Échelle nationale

Roquemaure Sylvécorégion d’alluvions récentes Échelle nationale

0

1 km

Les secteurs d’intérêt écologique.

77

12

5. LES HOMMES

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Claude Nova, ancien professeur à Roquemaure, témoigne :

5.1 - LE TRAVAIL DE LA TERRE

« Avant la voie ferrée, il y avait des jardins, ensuite on trouvait des propriétés de productions diverses, légumes et céréales. Les moulins du quartier étaient des moulins à blé. »

Traditionnellement, dans la vallée du Rhône, une agriculture diversifiée était en contre-bas des villages perchés. Le système agricole du début du XIXe siècle associait les vignes et les oliveraies dessus et en bas des pentes, avec des cultures céréalières, maraichères et de jachère dans les plaines. Suite au changement des sociétés devenant moins agricoles, la variété des types de productions s’est progressivement réduite au profit de l’activité viticole.

« Plus près de chez moi, il y avait une ferme avec un troupeau de moutons. Le troupeau existe toujours mais la bergerie a été éloigné à cause du développement des nouveaux lotissements.

78 Cette ferme possédait aussi quelques vaches jusque dans les années 1970 et les habitants allaient y acheter leur lait à l’heure de la traite. » « Dès 1962, avec de l’implantation de la première centrale nucléaire française à Marcoule, beaucoup de petits agriculteurs se sont tournés vers l’industrie et ont travaillé à la centrale. Pour les jeunes surtout c’était mieux rémunéré que le travail de la terre. »

> Les marques de l’agriculture traditionnelle

Oliviers, vignes et fruitiers sur terrasses

Maraîchage et cultures céréalières

Coupe : Organisation de l’agriculture traditionnelle.

> L’agriculture et les générations futures Ces dernières années, l’activité agricole à Roquemaure a rencontré une forte diminution de presque la moitié de ses emplois, mais la part des agriculteurs est toujours supérieure à celle du département.

Le président de la Cave coopérative des vignerons de Roquemaure, explique que les exploitations souffrent d’un manque de la relève des nouvelles générations pour la suite de l’activité. Les causes majeures étant les charges et les règlementations strictes appliquées au domaine agricole.

Lors des départs en retraite, les agriculteurs encore actifs rachètent les terres de leurs confrères dont le nombre se réduit petit à petit. Le travail d’entretien devenant plus important, l’emploi de machines performantes devient nécessaire, en même temps que la rationalisation des parcelles. Le besoin d’efficacité représente un risque pour la qualité des paysages cultivés par l’effacement des espaces non productifs, tels que les ripisylves, les talus en friche, les haies bocagères, qui ont un rôle pour l’équilibre écologique du milieu.

Les espaces cultivées de Roquemaure présentent une excellente qualité paysagère qu’il faut préserver. Ils sont potentiellement porteurs

Vignes Vergers Autres cultures (céréales, oléagineux, fourrages, ...)

d’activités de loisir de plein air, ou d’un « tourisme vert » axé sur la découverte des terroirs comme il en existe avec le vin. Pour cela, il faudrait miser sur l’amélioration de points d’accueils dans cette campagne productive et sur le maintien et l’installation des petites exploitations diversifiées et de qualité (biologiques par exemple). La production et la vente locales permettraient d’établir des échanges solidaires entre Roquemaure et sa campagne.

79

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0

De petites cultures assez disverses où prédomine la viticulture.

1 km

12

34567

5.2 - LA VITICULTURE 2007

> Un lieu, un nom, la première AOC Roquemaure est une ville est identifiée comme lieu d’origine de l’appellation « Côtes du Rhône » pour les vins de la vallée. Son histoire est étroitement reliée au commerce du vin.

Le Rhône séparant le royaume de France (côté gardois) et le Saint Empire Romain Germanique (côté Vauclusien) était qualifié de « mer » et sa rive française était alors nommée « la Côte du Rhône ».

Ce nom a ensuite été donné à une plus grande unité administrative dont Roquemaure était le chef-lieu.

2009

80

2012

C’est par son port, profitant d’un emplacement favorable à l’abris du château, que transitaient toutes denrées produites à Roquemaure et dans les villes voisines, comme le vin, connu très tôt pour son excellente qualité. En effet, les vins de la Côte du Rhône étaient reconnus dans toute l’Europe. Par le fleuve, ils remontaient vers la Bourgogne et la Suisse ou descendaient vers la mer Méditerranée pour ensuite être embarqués vers l’Angleterre et la Hollande. Le port était devenu, à l’époque des papes à Avignon, le plus important de la Côte du Rhône.

Au XVIII e siècle, la zone de production des vins de la Côte du Rhône était parfaitement délimitée et contrôlée par de strictes règlementations ordonnées par les consuls, afin de garantir une la qualité de leurs vins.

Cette politique marque l’invention de la pratique des appellations contrôlées.

L’extension du nom « Côte du Rhône » s’est diffusée en dehors du département originel en devenant « les Côtes du Rhône » en 1864, effaçant, avec la fin de la batellerie sur le fleuve, l’origine du nom de l’appellation.

La culture de la vigne s’étend.

Carte d’après le recensement de l’Institut national de l’information géographique et forestière.

> Un terroire prisé Aujourd’hui les Appellations d’Origines Contrôlées marquent l’identité d’un produit et d’un terroir. Leur délimitation est approuvée par le comité national de l’Institut national de l’origine et de la qualité, ou INAO (sigle de son ancien nom Institut national des appellations d’origine) et des règles de production sont inscrites dans un cahier des charges bien précis. L’aire d’appellation des Côtes du Rhône s’étend le long du Rhône, et concerne 171 communes dans 6 départements, du sud de Vienne en Rhône-Alpes, jusqu’au sud d’Avignon. Elle inclus d’autres appellations renommées : les 18 Côtes du Rhône Villages, ainsi que 16 crus aux cahiers des charges plus exigeants pour assurer la qualité du produit.

Le territoire de Roquemaure est l’aire de production de l’AOC des Côtes du Rhône et des crus Tavel, produisant un vin rosé, et Lirac pour le vin rouge, rosé et blanc.

Les terroirs produisants le cru Lirac.

81

12

34567

> L’AOC et l’urbanisation

82

Vis-à-vis de l’urbanisation, les parcelles classées AOC ne bénéficient pas d’un statut particulier sur le plan d’urbanisme. Elles figurent simplement en zone agricole et peuvent donc être déclassées pour devenir urbanisables, et ce sans contraintes spécifiques. Dans ce cas là, la parcelle concernée ne perd pas automatiquement son appellation bien qu’une mise à jour de la délimitation s’impose car il n’est pas utile de laisser en zone AOC des hectares urbanisés. Le code rural (Art L 112-3) rend obligatoire la consultation de l’INAO pour tout projet de document d’urbanisme concernant une commune AOC. Depuis de nombreuses années, cet organisme travaille pour trouver un système de compensations ou de taxation de la plus value foncière à l’occasion du passage d’une zone agricole en zone à urbaniser, mais le sujet reste toujours au niveau de la réflexion. Dans certaines régions, comme par exemple dans le Val de Loire, des Zones Agricoles Protégées (ZAP) sont créées sur les zones AOC, pour renforcer leur protection.

Les terroirs AOC ont un caractère non transposables car la délimitation se base sur des facteurs naturels (sol, sous sol, climat, etc).

Sur les hautes terrasses alluviales, se sont développés des sols argileux à gros galets roulés qui ont la capacité d’emmagasiner la chaleur de la journée pour la restituer la nuit, rendant une certaine constance de température, bénéfique aux vignes. Ce sont ces sols qui donnent « la puissance » en bouche des vins rouges du Lirac. Sur les coteaux et en bas des pentes, les sols secs et sableux sont propices à la culture des cépages pour des vins rosés tandis que les cépages blancs ont investi les sols arides de garrigue qui apportent « la finesse » et la « complexité aromatique » des vins (Vins Rhône).

Il est important de préserver ces terres en les maintenant en secteur agricole. À Roquemaure la ville et la zone de production classée sont séparées par la barrière physique de l’autoroute A9 que l’urbanisation ne doit pas franchir pour ne pas s’étendre sur ces terres de grande valeur.

Montfaucon

Saint-Geniès-de-Comolas

Châteauneuf-du-Pape

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Roquemaure

Fr TGV

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A9

N 0

La délimitation AOC sur le territoire de Roquemaure.

1 km

84

4

“ Vers une forme urbaine ” La ville fonctionne avec les paysages qui l’entourent, qui la touchent, qui l’interpellent et ainsi qui orientent sa manière de se développer. Le paysage urbain est aussi et surtout façonné par l’homme, sous l’influence des évènements de l’Histoire, des méthodes de construction des époques et en fonction des besoins des habitants. À Roquemaure, l’urbanisation n’a pas toujours été menée de façon cohérente, avec ses extensions sans continuité directe avec la ville ancienne. L’étude de la forme urbaine de Roquemaure permet de saisir les problématiques et potentiels à investir pour retrouver le sens de la qualité urbaine roquemoroise.

85

123

1. UN PAYSAGE URBAIN AUTHENTIQUE MAIS FRAGILE

4567

1.1 - UNE HISTOIRE D’AMOUR CONFLICTUELLE De cette ville, on se prend d’empathie car les épreuves de sa vie lui ont été particulièrement rudes. Roquemaure se raconte comme étant le fruit de l’union passionnée mais pourtant interdite entre les civilisations des hommes et le Rhône impétueux. La bonne entente de ces derniers a installé la prospérité au commerce de ce petit point stratégique, mais aussi la violence de leurs querelles amoureuses a engendré des périodes économiquement critiques. Avec le temps et la maturité, la petite ville a tenté de se relever en se déliant de la dépendance extrêmement forte avec le fleuve qui l’a conduite à la déchéance. Roquemaure en est arrivée à lui tourner totalement le dos par l’édification d’une imposante barrière que constitue la digue. Cette bouleversante relation entre un père au tempérament maintenant apaisé mais attristé du rejet de sa fille, se doit d’être renouée par le dialogue.

86

Cela illustre un premier aspect imagé de l’histoire de Roquemaure et son lien avec le fleuve. Le paysage urbain a été construit lors d’évènements et par des éléments que la connaissance de l’histoire révèlera. Ainsi, ce chapitre présente la manière dont les périodes passées, avec leur modes de construction, leurs usages, leur société, etc, ont modelé la ville jusqu’à son état actuel. Cela permettra au projet de bien s’insérer dans la dynamique actuelle et d’en impulser une nouvelle, adaptée aux enjeux dégagés.

1943

87

1973

2013

Source: IGN et GĂŠoportail.

123

4567

1.2 - S’INSPIRER DE L’EXISTANT - LE CENTRE ANCIEN L’étude de la ville ancienne permet d’identifier les traits caractéristiques qui ont construit l’identité rurale de la ville. S’appuyer sur ces indices pour la restructuration de Roquemaure, sans vouloir reproduire à l’identique comme par nostalgie, est quelque chose d’essentiel pour rester en accord avec le contexte paysager, historique, architectural local.

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Roquemaure, ville fortifiée reliée à son château par un pont devenu aujourd’hui la rue du Château.

Source : D’après la carte de 1710. Archives de Roquemaure.

Le cœur de Roquemaure évoque une époque médiévale rayonnante par son architecture qui ne peut laisser indifférent. La configuration du bâti de ce temps passé semble ne pas avoir beaucoup évolué jusqu’à nos jours. La trace des anciens remparts limitent ce vieil ensemble avec ses bâtiments très denses et hauts jusqu’à trois étages, qui forme en plan un médaillon caractéristique. Cette organisation est illustrée dans des ouvrages anciens. Roquemaure a un patrimoine architectural médiéval égal à peu d’autres communes de sa taille. Ce centre n’a pu voir le jour sans l’existence initiale du château de Roquemaure assurant sa protection ainsi que celle du port qui a conduit la ville vers la richesse.

Un pont permettait la liaison entre la ville habitée et le château entouré d’eau. Aujourd’hui une rue qui a remplacé cette connexion.

Le château, existant dès le XIIe siècle, premier bâtiment de la ville, est le symbole de ce cœur ancien comme celui de la ville. La seule tour qui reste sur les sept qui se dressaient est caractéristique par son plan carrée appelée « la tour des princes de Soubise », ou plus populairement la tour carrée. Celle-ci, assez haute dans un territoire plutôt plat, se distingue depuis le lointain. Dans les rues du coeur médiéval comme dans les paysages alentours des percées visuelles pointent dans sa direction ; ce sont des vues à préserver. Ce monument qui présente des fragilités appartient aujourd’hui à un propriétaire privé.

Une tour circulaire dite « Tour de la reine » fait aussi partie des vestiges du château. Elle appartient à la ville qui souhaite l’ouvrir pour le public après son aménagement.

La forme urbaine héritée du Moyen-âge.

Source : Carte d’Etat Major du XIXe siècle. Géoportail.

Une forme urbaine historique marquée par des monuments d’une grande qualité.

LE PATRIMOINE HISTORIQUE ET ARCHITECTURAL :

1.3 - UN PATRIMOINE ARCHITECTURAL PROTÉGÉ Le centre possède des monuments historiques dont la valeur patrimoniale est protégée par des périmètres d’un rayon de 500 mètres.

Une étude de redéfinition des limites de protection plus cohérente par rapport au contexte urbain est en cours de validation. Ces bâtiments apportent une certaine prestance à l’architecture du centre.

Monuments historiques remarquables protégés Périmètre de protection des monuments, en cours de validation Tour de ville Emplacement de l’ancien port Agglomération d’origine Ancien château

89

N 0

200 m

123

90

La tour carrée, une figure emblématique de Roquemaure et une silhouette repère dans le territoire.

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Des bâtiments évoquants une glorieuse époque passée. Place de la mairie.

123

4567

1.4 - UNE QUALITÉ DES BÂTIS PLUS ORDINAIRES À l’extérieur de l’enceinte, les faubourgs concentrent des bâtiments dotés de larges portails principalement en pierre taillée, intrigants. Il s’agit des portes cochères, les entrées des locaux de stockage des fermes, adaptées à la taille des charrues, à l’époque où la population agricole dominait. Dans les ruelles où se concentrent ces bâtiments agricoles, plus bas et plus étendus que ceux du centre ancien, l’imaginaire du quotidien d’un temps passé aux habitudes tout autres se manifestent pour le visiteur. De telles rues authentiques peuvent apporter pour certains une nostalgie, mais pour d’autres, elles renvoient à un imaginaire qui pique la curiosité et qui permet de ne pas oublier l’histoire locale.

92

Ainsi, il faut préserver ces traces et s’en inspirer pour la continuité de l’unité de la ville. La reproduction à l’identique des bâtiments pour de nouveaux quartiers n’est pas souhaitable car la configuration doit être cohérente avec les besoins de la société actuelle et avec le contexte environnemental.

Des bâtisses configurées pour une utilisation agricole.

1.5 - LA VACANCE DES LOGEMENTS ET LA PAUPÉRISATION DU CENTRE Malgré sa grande qualité architecturale, le centre-ville est concerné par un important nombre de logements vacants et la paupérisation. Mal entretenues et inadaptées, les veilles maisons se vident pour remplir les lotissements d’habitation construits en périphérie. La rénovation de ce patrimoine pourrait répondre à une partie de la demande en logement ainsi que de revaloriser le quartier centre par la vie et le dynamisme des nouvelles familles. À Roquemaure, il serait donc nécessaire d’investir le bâti vacant avant de s’étendre.

LA VACANCE DES LOGEMENTS : La part des logements vacants à Roquemaure s’élève à 11%, contre 7% à l’échelle nationale. Le centre ancien concentre cette vacance.

La rue étroite des remparts.

Le délabrement s’observe sur la place de la Pousterle qui accueille le marché.

93

Certains bâtiments vétustes ne sont plus adaptés aux besoins actuels.

123

2. L’ARRIVÉE DU PHÉNOMÈNE PÉRIURBAIN

4567

2.1 - L’ÉVOLUTION DE LA VILLE

Cadrage

Vers Bagnols-sur-Cèze

Vers Givors

Vers Orange

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94

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1825

Vers Nîmes

Vers Avignon

La situation de 1825 dévoile un cœur de ville dense qui s’organise avec les corps de ferme dans la campagne.

D’après la carte d’Etat Major.

Vers Grézan (Nîmes)

1942 Le chemin de fer avec sa gare arrive à Roquemaure.

Il transportait à l’époque des passagers.

D’après des orthophotographies de l’IGN (idem pour les cartes suivantes).

Vers Orange

A9

TGV

Vers Paris

Vers Marseille

Dé

vi

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n

Vers l’Espagne

1963

1973

1990

Actuel

Il y a l’émergence de quelques quartiers pavillonnaires.

Ce sont les premiers signes de la périurbanisation.

La création de l’autoroute A9, qui relie Orange à l’Espagne scinde le territoire communal en deux. Elle est une importante voie de communication qui facilite le déplacement des habitants.

L’accroissement important de la population roquemoroise entre les années 1975 à 1990 s’observe nettement dans la dynamique urbaine, avec la création de nouveaux quartiers de moins en moins denses et le mitage dans la campagne.

Les réseaux de transport se multiplient avec la construction de la rocade de Roquemaure en 2000 et de la ligne TGV.

123

4567

2.2 - UNE OPPOSITION FRANCHE ENTRE LA FORME ANCIENNE ET RÉCENTE.

Les Récollets

96

Les Ponts Longs Le moulin à vent

Saint-Joseph ÂGE DES DIFFÉRENTS QUARTIERS : Moyen-Âge XIXe siècle Années 1960 Années 1970 QUARTIERS ANCIENS : 15 % surface bâtie

Années 1990

Truel

QUARTIERS PAVILLONNAIRES : 65 % surface bâtie Une surface bâtie majoritairement composée de récentes constructions.

Années 2010 N

0

200m

Bâti isolé

habitat collectif > / = 100 lgts/ha maison individuelle 11 lgts/ha maison individuelle 14 lgts/ha

500m2

900m2

habitat mixte 30 lgts/ha

300m2

maison individuelle 15 lgts/ha

600m2

maison individuelle 15 lgts/ha

650m2

maison individuelle 10 lgts/ha

maison individuelle 10 lgts/ha

950m2

Espace non qualifié

maison individuelle 11 lgts/ha

97

850m2

800m2

DES DENSITÉS MOYENNES CONTRASTÉES : > / = 100 logements/ha 30 logements/ha 15 logements/ha 10 logements/ha 3 logements/ha 3 lgts/ha

Espace non qualifié, peu construit 800m2

Des densités très faibles pour les quartiers récents composés exclusivement de maisons individuelles.

Taille moyenne des parcelles

3. LA COMPOSITION ET LES LOGIQUES URBAINES 3.1 - UNE SÉPARATION ENTRE LES QUARTIERS À L’EST ET À L’OUEST DE LA VOIE FERRÉE La ville se retrouve déséquilibrée en distribution d’équipements. Les quartiers à l’ouest de la ville, séparés par la voie ferrée sont pénalisés par cet éloignement et l’utilisation de la voiture semble devenir un automatisme. L’unique usage résidentiel appauvrit les quartiers en dynamisme. Pour cette raison, un rééquilibrage des activités, des services et des équipements est nécessaire. Des lieux appropriés pour leur installation devront être trouvés en fonction des besoins des habitants et de l’organisation globale de la ville.

LES ÉQUIPEMENTS ET LES TYPES D’ACTIVITÉS : Édifice remarquable Équipement de loisir Activité commerciale, agricole ou industrielle Bar Hébergement Pharmacie Banque Poste Établissement scolaire Arrêt de bus Le quartier à l’ouest, éloigné des équipements. e

ut

Les équipements et les espaces commerciaux se concentrent à l’est de la ville.

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123

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5

“Un territoire de contraintes” La connaissance des caractères constituants l’identité du territoire de Roquemaure décelés par son analyse technique, historique et urbaine fait émerger des grands axes directeurs. Ils sont les premiers grands principes qui devront être pris en compte pour la bonne intégration du développement de Roquemaure dans son contexte paysager.

Ce cinquième chapitre présente les contraintes du territoire et les perspectives d’action qui se présentent pour la ville et ses paysages.

101

1. LES RÈGLES DU JEU DU TERRITOIRE

1234

567

1.1 - L’EMPRISE INTOUCHABLE DES RÉSEAUX DE TRANSPORT Ce territoire est particulier pour son caractère sectionné par les axes de circulation routière, autoroutière et ferroviaire. Ces réseaux marquent profondément le paysage du roquemorois par leur vocabulaire d’infrastrucutre qu’ils véhiculent et qui bouscule celui se rapportant au rural. En sectionnant la ville en deux, la voie de chemin de fer isole les quartiers résidentiels à l’ouest.

L’autoroute A9 s’impose dans les paysages.

La voie de chemin de fer, où circulent les wagons de marchandises du Fret.

1

102

2

Marge de recul inconstructible Vers Paris

Vers Bagnols-sur-Cèze

Vers Orange

Montfaucon

Saint-Geniès-de-Comolas

Châteauneuf-du-Pape 1 2

103

Roquemaure

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A9

Sauveterre

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Vers Nîmes

Les réseaux de transport irriguent Roquemaure.

Vers Avignon

0

1 km

1234

567

1.2 - DES CONTRAINTES LIÉES À L’EAU > Le Plan de Prévention du Risque d’Inondation Rhône – Cèze – Tave Les dispositions réglementaires du PPRI de Roquemaure interdisent toute nouvelle construction en zone inondable, quelle que soit l’importance du risque en terme de hauteur d’eau ou de vitesse de courant. Ce Plan, approuvé en 2000, révèle la vaste partie de la commune en zone inondable. Deux classement sont définis : la zone R1, de « grand écoulement » où le risque est très élevé et la zone RS à risque faible.

(RS) Risque faible Non concerné par une crue centennale et protégé par les digues CNR.

(RSa) Risque faible (sur le POS de Roquemaure) Risque de submersion lié à un problème d’assainissement pluvial.

104

(R1) Zone à risques très élevés

> Des zones à protéger

Roquemaure

Le POS de la ville identifie des zones à protéger. Il s’agit de la station d’épuration et des captages d’eau potable. Ce dernier est un secteur sensible et donc inconstructible. Proches de la ville, ces espaces peuvent coupler d’autres usages en rapport avec l’eau et la nature, tels que le loisir, profitant aux habitants.

Captages d’eau potables et la station d’épuration à protéger.

Montfaucon

Châteauneuf-du-Pape Saint-Laurent-des-Arbres

Roquemaure 105

Sauveterre

N 0

D’après la carte du PPRI en vigeur dans le POS de Roquemaure, 2000.

1 km

1234

567

1.3 - SYNTHÈSE DES CONTRAINTES AU REAGRD DE L’URBANISATION

DES CONTRAINTES RÈGLEMENTAIRES

DES CONTRAINTES PHYSIQUES

+

Risque d’inondation élevé

Le Rhône

C’est la plus forte contrainte de ce territoire. Elle limite extrêmement les possibilités d’extension.

Une limite rigide qui peut devenir dangereuse lors des épisodes inondables. Marqué par le contrecanal et la haute digue.

Risque d’inondation faible

Importance de la contrainte

106

_

Zone de captage d’eau potable

Les massifs calcaires

Zone sensible à la pollution. Inconstructible.

Reliefs escarpés. Classés en zone naturelle au POS.

Zonage des mesures environnementales

Voie ferrée FRET

Peu contraignantes pour la ville qui les emploi comme espaces dédiés au loisirs.

Scinde la ville en deux. Les communications se font par de petits tunnels essentiellement routiers.

Marge de recul

Autoroute A9

Interdiction de construire dans l’espace concerné.

Une limite au développement de l’urbanisation vers l’ouest, et préserve les terres agricoles de qualité de l’urbanisation.

AOC

Bâti

Bonnes terres pour la viticulture essentiellement.

Présente des quartiers construits selon une forme prédéfinie et peu en lien avec leur contexte.

Montfaucon

Châteauneuf-du-Pape Saint-Laurent-des-Arbres

Roquemaure

107

Dév

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D9

80

80

TGV

N5

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et

A9 Sauveterre

N

De nombreux éléments contraignent Roquemaure et ses possibilités de développement.

0

1 km

2. VERS QUELLES PERSPECTIVES ?

1234

567

2.1 - DES AXES DE CIRCULATION IMPLUSANT OU LIMITANT LES PROJETS DE LA VILLE Vers Givors (Lyon)

Vers Paris, et Lyon

Bagnols-sur-Cèze Orange

Courthézon

Laudun

Roquemaure Sauveterre Sorgues

108

Le Pontet Villeneuve-lès-Avignon AVIGNON Vers Grézan (Nîmes)

Aramon

Avignon TGV

Vers Montpellier

Des projets ferroviaires à l’étude autour d’Avignon.

LES RÉSEAUX FERROVIAIRES : Gare fermée, en projet de réouverture Gare existante Gare TGV existante Ligne du Fret en étude pour la réouverture au transport de passagers Ligne TGV Autres lignes reliées à Avignon

L’empreinte des infrastructures routières morcelle le territoire en secteurs qui semblent évoluer indépendamment de la ville d’origine et du contexte environnant. Le développement urbain a été orienté et est toujours orienté par ces infrastructures qui agissent par endroits comme des barrières infranchissables et à d’autres endroits comme des éléments qui impulsent un développement. Elles créent des poches vides enclavées qui se détachent et interpellent l’imagination pour une nouvelle vocation. La municipalité y a projeté des intentions d’aménagement.

L’ouverture d’une nouvelle gare pour le transport de passagers, sur la ligne aujourd’hui exclusivement dédiée au transport de marchandises Fret, est un projet majeur pour Roquemaure ainsi que pour les communes voisines qui vont profiter d’un nouveau moyen de communication assurant la liaison avec d’autres villes et leur bassin emplois. L’affluence des circulations ainsi que l’attractivité des terrains à proximité du futur quartier gare de Roquemaure est à anticiper en l’organisant. En effet, comme il a été vu en première partie, la rapidité des changements dans les territoires ruraux mal préparés est ce qui a conduit à une mauvaise intégration des extensions, majoritairement résidentielles, des communes dans le contexte local. Le projet signifie qu’une nouvelle polarité autour de la gare se développera à Roquemaure, qui aura une influence sur les quartiers isolés à l’ouest de la voie ferrée.

Ce projet d’ouverture des gares qui concerne la longue ligne allant de Givors à Grézan, attend encore l’accord des régions Languedoc-Roussillon, PACA et Rhône-Alpes pour son lancement.

1 Création d’un espace de loisir sur l’île de

ÉLÉMENTS DÉGAGEANT DES POTENTIELS :

*

Miémar et mise en place de l’itinéraire de découverte Viarhôna.

Projets de la ville

2 Réabilitation du centre ville.

Espaces à potentiel de développement implusé par les axes de communication

3 Création d’une Zone d’Aménagement

Concertée (activités industrielles et habitat mixte).

Infrastructure linéaire favorisant un développement Infrastructure linéaire contraignante

4 Nouvelle gare pour le transport de passagers.

* * *

A9

TGV

1

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2

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Ro ut

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N 0

Des potentiels sites à urbaniser se dégagent par la configuration de la ville et de ses vides.

500 m

1234

567

2.2 - LES PROJETS CONTRÔLÉS PAR UN JEU D’ACTEURS Les divers projets en terme d’organisation urbaine, impulsés par la municipalité de Roquemaure et répondant aux besoins locaux, doivent être approuvés par d’autres acteurs d’une autorité supérieure.

Ces derniers mettent en place des outils obligatoires ou incitatifs de degré d’importance de contrôle différents dont le règlement doit être respecté. La non conformité à ces règles peut conduire à l’interdiction et à l’abandon des projets. Le schéma d’acteur établi pour les quatre projets à Roquemaure identifie les acteurs, leur relation et la nature de leur action.

110

LES COMPOSANTES DU JEU D’ACTEURS :

Pour les prochaines années, Roquemaure et sa petite intercommunalité vont être amenés à s’intégrer à une plus importante intercommunalité où un PLU intercommunal prescrira des orientations menant à un équilibre durable d’un grand territoire. Cette échelle intercommunale est essentielle pour répondre à des problématiques telle que la résidentialisation des communes en milieu rural périurbain. Le présent travail au niveau de la commune de Roquemaure vise à donner une proposition expérimentale de la manière dont traiter le problème localement. Cette expérimentation et sa démarche pourront se transposer à d’autres communes concernées par une dynamique similaire.

Acteur Outils règlementaires et obligatoires Outils incitatifs Degré d’importance du contrôle par les outils sur le territoire de Roquemaure Implique Impose Doit être pris en compte dans ...

Des projets conformes aux prescriptions pour aboutir à leur concrétisation

Le jeu d’acteur à Roquemaure.

111

1234

2.3 - TRAVAILLER LES FRONTIÈRES ENTRE LA VILLE ET SES PAYSAGES La ville se retrouve enserrée par de nombreuses limites rigides qui la contraignent pour son développement urbain. La contrainte physique majeure de la montagne de Saint-Geniès a pourtant insuflé l’édification du port et du château, points d’origine de la ville. Les infrastructures de transports rapides (ligne TGV, chemin de fer, autoroute et déviation) occupent une emprise démesurée par rapport à la ville qui se veut village. Elles deviennent les nouveaux remparts ou les nouvelles douves qui éloignent des paysages. C’est seulement au sud dans la plaine que la progression semble possible. Malheureusement la contrainte de l’inondation qui semble cachée, y est bien présente.

112

4 L’autoroute A9 Limite rigide

Ces limites, vues comme des contraintes pour le développement de la ville, ont la possibilité de devenir les liens qui accrochent la ville à ses paysages. Elles sont les lignes de départ des grandes unités de paysages, et à ce titre elles doivent jouer le rôle d’interface. Une épaisseur plus ou moins large dédié à cet usage, ainsi que la manière de traiter l’interface doivent se définir au cas par cas, en fonction des endroits.

5 La voie de chemin de fer Limite rigide

6 La plaine cultivée Limite diffuse

567

2 Le Canal de Miémar

3 La Montagne de Saint-Geniès

1 La zone artisanale, la déviation, la digue

Limite rigide

Limite rigide

Limite rigide

2 3 1

113 4 5

6

N

Typologie des limites de la ville bâtie - des contraintes pour l’urbanisation.

0

400 m

1234

567

QU'EST-CE QUI FAIT LE VIDE À ROQUEMAURE ?

2.4 - INVESTIR LES VIDES DE LA VILLE La composition de la forme urbaine de Roquemaure possède des vides dans son centre comme dans ces quartiers périphériques. Ils se révèlent tous différents par leur nature, leur usage, leur surface, leur situation.

Ces vides représentent des potentiels à investir où il est possible d’agir. En fonctionnant de manière complémentaire avec un ensemble bâti existant, ils servent, tel un liant, à coudre les relations entre les ensembles peu accordés qui composent la ville ou la campagne. Ils ont le rôle d’espaces – couture, essentiels pour redonner une continuité urbaine à la commune.

Concrètement, dans la logique du SCoT reprenant les principes dictés par la loi SRU et du Grenelle de l’environnement, l’économie de l’espace est un enjeu fondateur pour l’avenir de la qualité urbaine et pour le maintien des espaces agricoles. Un urbanisme dense est vecteur de qualité de vie en rapprochant les habitants des services, des équipements mais aussi en se rapprochant les uns des autres, confortant 114 ainsi la vie du village. Habiter dense rend nécessaire l’existence d’espaces publics aux usages adaptés et avec un statut défini (parc de loisir, placette, chemin piéton, jardins partagés, ...). Pour résumer, cela revient à dire que la qualité du cadre de vie de la commune rurale nécessite une bonne complémentarité entre densité et espace public.

LES VIDES DU CENTRE Des placettes rares et précieuses.

Limiter le stationnement.

1 La place de la mairie : symbolique et vivante.

2 Le cours de la Pousterle : le marché hebdomadaire, un parking le reste du temps.

LES VIDES LIMITROPHES Les vides, aux usages bien définis, devenant une étendue qui guide vers l’évasion.

3 L’île de Miémar : espace de loisir sportif à diversifier pour le centre compact.

4 Les berges du Rhône : ouvrant les vues et sous contrôle de la CNR, espace de contemplation.

5 La sortie sud vers Avignon : entre vocation agricole et industrielle, espace à requalifier.

6 Les vides des champs : l’agriculture s’invite dans les quartiers. Des enclos à mieux employer pour finir la ville.

7 Le creux de l’autoroute : linéaire et inatteignable, à traverser.

8 La montagne de Saint-Géniest : symbole naturel de la ville, à souligner.

Une parcelle vide destinée à être bâtie dans les quartiers résidentiels proches de la future gare.

LES VIDES DES QUARTIERS RÉSIDENTIELS Des vides résiduels divers, à intégrer.

9 Des champs isolés et judicieusement placés : à bâtir densément en revisitant les règles architecturales locales.

10 Des rues très larges : la marque de l’usage prédominant de la voiture à atténuer au bénéfice des déplacements piétons et cyclistes.

3 8

2 1 4

10

9

115 9 7

5

10

6

N 0

1 km

116

6

“ Le paysage comme matière première du projet” Dans ce territoire gouverné par ses contraintes, se dégagent des perspectives d’actions pour installer une cohérence globale à cette ville rurale. Au sujet de l’identité du lieu, la lecture fine des paysages révèle de précieux indices, accroches clés pour l’élaboration du projet. Ce sixième chapitre présente la manière dont le paysage est utilisé comme matière première du projet.

117

1. DEUX ÉCHELLES DE TRAVAIL

118

12345

67

LA VILLE

LES QUARTIERS À L’OUEST DE LA VOIE FERRÉE

Repenser la ville autour de sa ruralité.

Guider le développement des quartiers vers un “habiter à la campagne”.

“Inventer une nouvelle ruralité pour Roquemaure” est un titre ambitieux qui se traduit par un travail de restructuration globale mettant en lien les différents secteurs de la ville entre eux et avec leurs paysages, et en les rééquilibrant en matière d’usages. Par cela, le travail à l’échelle de la ville est nécessaire pour faire de la commune un ensemble fonctionnel, adapté à la dynamique démographique de la ville, vecteur de qualité de vie. Pour approfondir des solutions possibles sur la dynamique de résidentialisation du village, le travail à l’échelle des quartiers à l’ouest de la voie ferrée, actuellement à usage exclusivement résidentiel, permet l’émergence de propositions concrètes pour le renouveau de ces tissus.

1.1 - À L’ÉCHELLE DE LA VILLE :

REPENSER LA VILLE AUTOUR DE SA RURALITÉ.

Guider la ville vers l’expression d’une ruralité consiste à intégrer les trois valeurs introduites précédemment qui sont :

1) L’aménagement et la gestion selon les logiques du territoire

2) Une commune et des lieux de vie à échelle humaine

3) L’interdépendance de la ville rurale et sa campagne

Les valeurs de la nouvelle ruralité comme base de réflexion.

En adaptant ces valeurs au territoire roquemaurois, on arrive à un schéma identifiant des zones distinctes aux fonctions et usages également bien définis. La phrase maitresse « un cœur qui dialogue avec ses campagnes » représente simplement la logique choisie ici pour faire de Roquemaure un ensemble fonctionnel et cohérent avec son contexte.

La reconstruction d’un coeur

La mise en place d’un dialogue dynamique

Un coeur qui dialogue avec ses campagnes.

Le renforcement et la valorisation des campagnes

Le cœur représente le noyau habité, commercial et harmonieusement équipé, centre actif de la vie urbaine.

Les campagnes, espaces de production, de découverte et de récréation, mettent en avant les ressources qu’offrent le territoire. Enfin, le dialogue est l’acte essentiel pour la cohésion de l’ensemble. L’interface entre le cœur et ses campagnes, est le lieu de liaison dynamique où divers échanges - humains ou commerciaux - permettent de consolider une bonne relation.

Une attention plus particulière se portera sur cette lisière d’échanges.

119

12345

SCHÉMA DIRECTEUR À L’ÉCHELLE DE LA VILLE

67

1- La reconstruction du Coeur : Deux noyaux complémentaires.

LE COEUR HISTORIQUE

120

LE FUTUR COEUR, QUARTIER GARE

Rénover l’habitat ancien.

Affiner la place du Marché.

Unir par le commerce de proximité.

Diversifier les activités de la zone artisanale.

Relier les deux rives pour révéler leur rivalité et leur complémentarité culturelle.

Renouveller l’habitat en densifiant et en les connectant au vocabulaire rural.

Mettre en valeur l’histoire médiévale par la mise en place d’itinéraires de découverte.

Construire certaines dents creuses à la manière du centre en laissant une porosité.

Faire des berges du canal et du Rhône des espaces dédiés au loisir et à la détente.

Protéger le cimetière.

Déplacer la cave coopérative pour libérer de l’espace pour des équipements accompagnant la construction de la gare, et la rendre plus visible.

2 - Le renforcement et la valorisation des campagnes : Des espaces ressources.

LA CAMPAGNE NOURRICIÈRE Terres fertiles à préserver. Encougager l’installation de maraîchers.

LA CAMPAGNE NOBLE SUPPORTANT LA VILLE Terres de vins à préserver et à animer de points d’accueil.

Préserver et ouvrir vers des animations culturelles le hameau de Truel aux indices authentiques du monde rural.

LA MONTAGNE DE LA VILLE Préserver la montagne et découvrir ses garrigues.

Faciliter l’accès à la montagne et à ses points de vue.

3 - La mise en place d’un dialogue dynamique : Un rôle assuré par les quartiers résidentiels.

HABITER LA CAMPAGNE Densifier progressivement le quartier du coteau et favoriser son intégration aux paysages par l’emploi des trames anciennes.

HABITER PROCHE DE L’EAU Visualiser l’eau, suivre sa poésie.

Créer des connexions vivantes.

Réorienter les quartiers vers la culture commune de l’eau et de l’inondation.

Connexions à établir guidant vers des points d’intérêt paysagers. Guider découvrir - relier.

Utiliser la zone de captage d’eau potable et les terres humides à des fins sociaux pédagogiques et de loisir.

ENTRER PAR LES CHAMPS Recomposer l’entrée et atténuer son caractère routier et en la reliant au Rhône et à la campagne.

Ancien moulin à vent

La montagne de la ville

Tours médiévales

Coeur historique Futur coeur, quartier Gare

Future gare

Ancien moulin à vent

La campagne noble supportant la ville

Château de l’Hers

Arènes

Habiter proche de l’eau Entrer par les champs

Habiter la campagne Captage d’eau potable

*

Chapelle Saint-Joseph

La campagne nourricière

Ancien moulin à eau, privé

Chapelle de Truel

N

12345

1.2 - CAPTER L’ESSENCE DES PAYSAGES

67

Cinq unités de paysage sont en contact avec la ville. Chacune se distingue par des caractéristiques fortes telles que son histoire, sa morphologie, son utilisation ancienne et contemporaine, etc. Elles manifestent des logiques qui vont servir de base au projet qui se construit peu à peu.

L’analyse s’oriente en direction des accroches qui permettent d’établir des liens pour la réinscription de la ville dans son contexte paysager.

122

LES MASSIFS CALCAIRES

LA PLAINE ET LA TERRASSE VITICOLES LE COULOIR DU RHÔNE L’ANCIENNE QUIRONNETTE LA PLAINE INONDABLE

LE COULOIR DU RHÔNE

L’ANICENNE QUIRONNETTE

123 LA MONTAGNE DE SAINT GENIÈS

LA PLAINE ET LA TERRASSE VITICOLES LA PLAINE INONDABLE

LE MASSIF DE SAUVETERRE

0

Carte des unités de paysage.

1 km

N

2. LES MASSIFS CALCAIRES Préserver et découvrir

124

Objectifs

- Faciliter l’accès vers les hauteurs et aménager les points de vue pour l’ouverture au public.

- Préserver l’aspect naturel de la montagne.

- Rendre une qualité architecturale et paysagère aux quartiers pavillonnaires.

- Anticiper le développement que va impulser par la future gare en départageant les circulations routières et les circulations douces, et en les traitant de manière à apporter une qualité paysagère à espace public.

Montagne de Saint - Geniès

Future Gare

125

Massif de Sauveterre

12345

67

Ces massifs intrigants, émergents brutalement du sol marquent une limite aux paysages du roquemorois. La roche calcaire grise froide couverte d’une végétation sèche contraste avec les terres alluviales orangées des plaines plus luxurientes.

2.1 - DES SILHOUETTES SE DÉTACHENT

Les deux massifs sont classés en secteur naturel au Plan d’Occupation des Sols de Roquemaure ; il est impossible d’y construire. Il existe une exception pour la carrière qui possède une zone dédiée au développement de son activité.

Activités économiques sur les massifs Deux reliefs encadrant les plaines et la ville.

SAINT-GENIÈS-DE-COMOLAS

île de Miémar 2

MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS

ROQUEMAURE

Carrière

126

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Plaine de l’Hers

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MASSIF DE SAUVETERRE Zone d’activité de l’Aspre

SAUVETERRE N 0

500 m

1 Le massif de Sauveterre depuis la plaine inondable.

127

2 La montagne de Saint-Geniès et la carrière.

12345

67

2.2 - LA MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS, BELVÉDAIRE DU ROQUEMOROIS

**

Coupure par les infrastrucutres routières Points de vue faciles d’accès Points de vue dont les chemins d’accès ne sont pas balisés

Autrefois point de repère depuis le Rhône pour les bateliers, la montagne de Saint-Geniès est aussi un élément depuis lequel on peut observer le territoire. Par son caractère naturel de garrigue, il est agréable de cheminer dessus, lorsque le Mistral ne souffle pas.

Carrière

128

Traslepuy

La montagne de Saint-Geniès bien visible.

V

*

La Montagne de Saint-Geniès Montagne de Saint-Geniès

TG

*

165

La montagne de Saint-Geniès offre des points de vue.

Des infrastructures qui sectionnent.

Route en balcon

129

*

* *

88

Quartier de l’Escatillon

Roquemaure

quartier du moulin à vent

La Plane Voi

quartier Saint-Joseph

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12345

67

2.3 - AU CONTACT DE LA MONTAGNE, UN DÉVELOPPEMENT À ANTICIPER. > Anticiper le quartier de la future gare 1

Coupe

Quartier de l’Escatillon 2

Cimetière Centre - ville

A9

Cave coopérative

*

Future gare Ancienne gare (privée) Vo i

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130

Rou te d eN îme

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Les Ponts longs

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moulin à vent

N 200 m

0

La montagne de Saint-Geniès comme liaison de la ville.

Ville ancienne Quartier de l’Escatillon

Antenne La voie ferrée Fret

L’autoroute

Les réseaux de transports sectionnent la ville comme la montagne. L’arrivée de la future gare va engendrer des modifications dans l’organisation les quartiers autour, mais aussi pour les équipements tels que la cave coopérative qui occupe une place importante dans le tissus urbain. Son déplacement vers des espaces plus proches des espaces agricoles mais aussi plus visibles depuis l’itinéraire de la route des vins serait plus approprié dans la logique d’optimisation de l’espace qui va devoir se faire. Le cimetière, lieu de recueillement, doit être protégé, par une épaisseur non construite et à soigner.

L’ancien moulin à vent

Le canal de Miémar

80 60

60

60

40

La Montagne de Saint-Geniès s’impose dans la ville.

25

0

500 m

> Le contact avec l’ancienne ville Au pied de ce relief, la ville et le port se sont construits à une époque où le Rhône coulait le long de la barre rocheuse. Le quartier de l’Escatillon marque à la fois l’emplacement du port, aujourd’hui disparu, ainsi que l’entrée nord de la ville. L’arrivé à Roquemaure se fait par une route très étroite, qui se resserre jusqu’à ce que le passage d’une seule voiture n’est possible. La traversée pour le piéton ou le cycliste est périlleuse à cause d’une absence de circulation délimitée. Les bâtiments de part et d’autre qui tombent en ruine ternissent l’image de l’entrée.

Un soin doit être apporté à cet espace, marqueur de la première impression pour les visiteurs de Roquemaure. En parallèle, la circulation automobile, cycliste et piétonne doit être rendue plus facile et sécurisante. Certains bâtiments délabrés pourraient être repris d’une manière plus qualitative et en offrant une place plus grande pour les laisons douces. La déviation passant au nord doit être obligatoire pour les poids lourds qui souhaitent aller en direction d’Avignon, plutôt que d’emprunter l’étroite route d’entrée.

1 La montagne contraint l’arrivée.

2 Une entrée peu accueillante.

131

12345

67

2.4 - LA COUPURE DE LA VOIE FERRÉE La voie ferrée, ne doit pas rester une éternelle séparation pour les quartiers pavillonnaires à l’ouest, malgré l’importance de l’infrastructure. Les traversées par les tunnels posent question pour la future restructuration du quartier gare car les flux de véhicules, de piétons et de cyclistes seront certainement plus intenses. Pour anticiper le conflit d’usage et pour une bonne sécurisation, une séparation claire des voies par type d’usager est nécessaire.

Quartier de l’Escatillon montagne de Saint-Geniès 1

Centre - ville

A9

Coupe 2 Future gare 2

Vo i

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Les Ponts longs

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Coupe 1

moulin à vent

132

Saint-Joseph

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Peu de passages permettent la traversée de la voie ferrée.

1 La voie ferrée séparant la ville.

N 0

200 m

Voie ferrée Fret Route Passage au dessus de la voie ferrée Tunnel

4m

0

Coupe 1 : Le chemin de fer suélevé oblige à emprunter les tunnels.

5m

2,35 m

133 Coupe 2 : Certains tunnels très étroits n’ont pas de passages réservés aux piétons.

2 Les quelques passages pour piétons ne permettent pas un croisement facile. Ils sont à améliorer.

12345

67

2.5 - DES QUARTIERS PROCHES DE LA GARE ET DU CENTRE

Ancien Moulin à vent

c me Blo gram dia

Quartier de l’Escatillon

Cimetière Centre - ville Cave coopérative

A9

*

Future gare Ancienne gare (privée) Vo i

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134 Ancien Moulin à vent Nîm

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Les Ponts longs

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Quartier du moulin à vent

N 0

200 m

Plan du quartier de la gare.

MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS

MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS

1942 Le parcellaire des actuels pavillons issu de l’ancien parcellaire agricole.

actuel

Les quartiers pavillonnaires des années 1960 ont des rues larges et cloisonnées par des murets en crépis unis. Ces derniers, par leur opacité, empêchent les vues vers l’extérieur mais aussi vers les jardins, faisant ressortir la minéralité. Seule la vue de la montagne, au dessus des murs permet d’évoquer la présence d’un extérieur naturel.

Ce secteur habité, en contact direct avec la montagne, nécessite un traitement des rues plus soigné et plus appropriable pour le piéton. Une meilleure ouverture avec les éléments naturels environnants (la montagne de Saint-Geniès, le bois à l’ouest, la roubine de Vallats au sud) par une connexion vivante, permettrait l’ancrage du quartier dans son paysage.

Minéralité de la montagne.

La route en balcon marque la limite entre le bâti et la montagne.

La voie ferrée, une limite physique cachée par des haies.

80m

Protège du Mistral

60m

Cimetière

Cave coopérative

Quartier des années 2010 Quartier des années 1960

Grandes parcelles Quartier des années 1970

*

Future gare

30m

Les parcelles baties sur les traces l’ancien parcellaire agricole.

La roubine de Vallats : une coupure entre les quartiers pour les voitures, mais traversable pour les péitons.

Des voies en impasse.

Construction dans les années 1960.

Densité de 15 logements / hectare.

Des parcelles moyennes (500m2).

Quelques indices de l’organisation ancienne se manifestent parmi les pavillons.

Parcelle agricole restante, typiquement bordée de haie brisevent. Elle sera à bâtir du fait de sa situation stratégique.

N 0

135

50 m

3. LA PLAINE ET LA TERRASSE VITICOLES

Affirmer la spécificité des quartiers du coteau

136

Objectifs

- Amener à la découverte des paysages de vignes et guider vers les points d’intérêt.

- Réorienter l’espace habité autour du piéton par le profilage de l’espace public et par l’ouverture des impasses.

- Utiliser les dénivelés pour donner des ouvertures visuelles aux quartiers.

- Dans les secteurs résidentiels existants, élaborer une logique d’aménagement qui s’inspire des pratiques anciennes pour la bonne insertion de nouveaux logements à l’unité de la ville.

137

26

1 2 31 4 5 3 4 7 5

3.1 - DES STRUCTURES NETTES ET MARQUÉES

MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS

5 Vue ci-contre

138

BOIS DE CLARY TRASLEPUY

1

L’ancienne terrasse allluviale du Rhône, la Plane, cultivée de vignes.

2

La viticulture omniprésente.

3

Une zone plus humide cible l’ancien emplacement de l’étang de Traslepuy, aujourd’hui asséché.

4

Des domaines viticoles, points d’attraction, marquant une certaine noblesse.

5

Des bosquets ponctuels de pins parasol.

6

De petits chemins d’une grande qualité paysagère, circulant entre les champs.

7

Une route balcon, itinéraire du chemin de Grande Randonnée (GR)

3

ROQUEMAURE

7

LA PLANE 1

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MASSIF DE SAUVETERRE N

12345

3.2 - LA MULTITUDE D’AMBIANCES DE LA PLAINE

La route belvédaire traversant les bois de la montagne de Saint-Geniès.

La terrasse alluviale, la Plane

La cuvette de Traslepuy, plantée de haies brise-vent

140

Depuis la route belvédaire, la plaine viticole présente une dépression où il se trouvait il y a des années l’étang de Traslepuy.

67

Les bosquets de nobles pins parasols.

141

Quelques anciens bâtiments de la plaine accueillent les touristes (cave, maison d’hôte).

Photographie ci-dessus : Ville de Roquemaure.

12345

67

3.3 - LA VILLE ENTRE EN CONTACT AVEC LA TERRASSE DE LA PLANE. > Un relief sur lequel s’est développé la ville Le relief de la terrasse alluviale de la Plane arrive plus progressivement dans la ville, que celui de la montagne calcaire de Saint – Geniès. Cette topographie touche plus particulièrement les quartiers pavillonnaires à l’ouest de la voie ferrée surélevée ; elle structure différemment la terrasse de la Plane du reste de la plaine viticole. Son organisation ancienne comme contemporaine s’est adaptée aux pentes.

Axonométrie

142

La terrasse comme un promontoire.

Montagne

La Plane

Principaux points de vue de Saint-G

eniès

1 2

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Quartiers résidentiels

Centre ancien

75 60

Quartiers résidentiels

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> Le dégagement des vues grâce au relief

Sur la terrasse, les trouées dans les haies laissent passser le regard.

1

143

2 La vue se dégage depuis la route où tout arrêt est impossible.

12345

Vignes Cyprès

> Les arbres emblématiques

1

Chênes et pins

Vigne

Oliviers

2

1 Une rupture de niveau entre deux parcelles cultuvée, est plantée d’oliviers.

144

Les arbres emblématiques de la plaine et de la terrasse viticoles.

67

145

2

L’ambiance boisée sur la terrasse viticole où des bosquets apportent l’ombrage.

12345

67

> Les haies, éléments struturants du quartier Les quartiers pavillonnaires à l’ouest de la voie ferrée sont pris dans un maillage boisé hérité de l’ancien tramage bocager qui encadrait les parcelles agricoles.

Autrefois très distinctes, les haies rectilignes étaient positionnées traditionnellement perpendiculairement aux pentes, sur de brutaux changements de niveau. Elles n’ont pas la fonction de brise-vent, contrairement à celles dans le reste du territoire, mais elles étaient utilisées pour maintenir les terrasses des champs. Aujourd’hui altéré par l’urbanisation, ce patrimoine arboré a laissé quelques marques dans le quartier résidentiel : des jardins très boisés et des bosquets proviennent de l’évolution des anciennes haies.

Le moulin à vent

146

Les Ponts Longs La Plane

Saint-Joseph

Cadrage cartes suivantes

Truel 0

Les trames boisées constituent la strucutre du quartier.

200 m

Une agriculture plus diversifiée occupait autrefois ce paysage.

Une ponctuation d’oliveraies dans les quartiers résidentiels comme dans l’ensemble des terrains cultivés indique l’activité oléicole traditionnelle.

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Aujourd’hui

moulin à vent

Le moulin à vent

A9

Les Ponts Longs

Saint-Joseph

Chapelle Saint-Joseph N

Vignes Oliviers

En 1942 moulin à vent

Le moulin à vent

Système des haies orientées nord-sud Maintien des terrasses

Système des haies orientées est-ouest Brise-vent

Les Ponts Longs

SaintNom des quarrtiers Joseph Patrimoine bâti existant encore aujroud’hui

Chapelle Saint-Joseph

Saint-Joseph

N

Cultures ligneuses (oliviers ou fruitiers) Boisement

Une maille boisée très présente, mais dont la forme a évolué au fil des années.

147

12345

67

> Les quartiers résidentiels accrochés au coteau

Le moulin à vent Les Ponts Longs pe

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Bloc diag

Saint-Joseph

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Le coteau accueille les maisons individuelles.

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50 m

Oliviers

des parcelles agricoles Des haies épaisses, parallèles légèrement remembrées. aux courbes de niveau La monoculture de vigne domine.

Des situations en blevédère non exploitées et inaccessibles pour le piéton

L’autoroute, une barrière brutale

75

70

58

A9

68

Le quartier des Ponts Longs Bâti très peu dense

149

45

Des haies sur les ruptures de niveau

N

Construction dans les années 1990.

Densité de 10 logements / hectare.

De grandes parcelles (800m2).

0

L’implantation des habitations sur le coteau.

50 m

12345

67

> Le parcellaire

LE QUARTIER HAUT Des parcelles et des maisons allongées perpendiculairement à la pente.

LE QUARTIER BAS L’orientation du parcellaire et des bâtiments ne suit plus la logique de la topographie mais l’exposition au soleil (des maisons plein sud).

150

N

+

Sens de la pente

_

Quelques parcelles en friches entre les habitations LE QUARTIER HAUT

151

Des chemins labyrinthiques, finissant fréquemment en impasses

Un bâti aux parcelles plus petites et moins boisées en bas du quartier Le parcellaire s’organise en étoile

Un espace construit à usage exclusif d’habitation

LE QUARTIER BAS

12345

Quelques maisons sur un seul niveau (R).

67

Schéma de la maison classique, placée au milieu de la parcelle, et possédant un emplacement pour la voiture. Comment traiter le renouveau de ces maisons?

> La typologie du bâti Avant 1960, cet espace n’était pas bâti excepté par quelques fermes. Les pavillons actuels ont pris différentes formes, avec des extensions et des hauteurs allant du R à R+1 majoritairement. Certaines maisons plus nobles et plus hautes, qui apportent un certain cachet, se distinguent.

C’est dans la qualité architecturale, dans la logique d’implantation des bâtis et dans le soin apporté aux espaces publics que l’identité du quartier va pouvoir s’affirmer.

152

Pavillon classique des quartiers résidentiels avec ses extensions (R+1).

Maison plus traditionnelle provençale (R+2).

Une maison qui se distingue dans le quartier par son caractère typé.

L’utilisation exclusive de tuiles.

> Les matériaux rencontrés dans la quartiers pavillonnaires.

Les couleurs utilisées pour les pavillons restent assez discrètes mais uniformes dans les tons de beige à rose. Le bleu pour les volets revient souvent. C’est dans l’utilisation de matériaux naturels et locaux que l’intégration des constructions au paysage semble la meilleure.

Des pavillons au crépis rose et volets peints en bleu.

Les murs séparatifs influencent l’ambiance de la rue. Quand ils sont choisis, les matériaux naturels font ressortir l’authenticité du lieu.

153

12345

67

> L’espace public des quartiers du coteau Les quartiers résidentiels ont été construits à usage exclusif d’habitation. L’utilisation de la voiture a facilité les déplacements du quotidien et l’installation dans un endroit éloigné et spacieux. Les vues dégagées par la topographie et la présence arborée sont des qualités paysagères qui ont guidé les choix d’installation des habitants.

La configuration urbaine qui résulte de la construction de ces quartiers a provoqué une certaine privatisation par les riverains des rues aboutissant souvent en impasses. Cette organisation révèle un dessin de l’espace décidé essentiellement autour de la voiture. Les déplacements piétons ou cyclistes sont peu favorisés à cause des longues distances, qui pourraient être réduites par l’ouverture de certaines voies sans issues.

154

N 0

200 m

Des voies en impasses qui rendent l’espace peu intéressant. Les rues dans le sens de la pente ouvrent les vues vers l’horizon.

Voies carrossables principalement dans le sens de la pente Abscence de continuité - impasses

155

Des rues larges oĂš les voitures et les piĂŠtons doivent cohabiter.

12345

67

Même si ce secteur résidentiel satisfait ses habitants qui souhaitent continuer à profiter de son calme, il n’est qu’un simple support pour les habitations qui l’uniformisent. L’implantation des maisons n’a pas suivi de plan cohérent global pour favoriser l’expression des atouts du site. Bien qu’éloigné du centre ancien au fort caractère, ces quartiers accrochés au coteau, doivent faire ressortir les traits saillants de leur identité. Un bon ancrage dans le paysage et une meilleure liaison avec le reste de la ville permettra une cohésion d’ensemble essentielle à l’unité et au dynamisme de la ville. Cela profitera à la qualité du cadre de vie des habitants.

156

Les quartiers ne peuvent rester aussi peu denses dans le contexte démographique local. C’est pourquoi leur restructuration ainsi que celle de leurs espaces publics, plus attentive à la place du piéton, permettra de donner les lignes directrices aux futures habitations des nouveaux arrivants qu’il faudra intégrer à l’existant. Le réinvestissement des friches ou des parcelles bâties trop grandes devra être judicieusement employé. Actuellement dotée d’un Plan d’Occupation des Sols (POS), Roquemaure est en élaboration du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Dans le cadre de la restructuration des quartiers résidentiels qui va impliquer une densification, le futur PLU devra intégrer une réglementation spécifique pour les ventes des propriétés (la division des parcelles d’une certaine taille, l’emplacement préféré pour les nouvelles constructions, ...).

157

Les murets des propriétés cloisonnent les rues qui deviennent des couloirs d’une qualité paysagère plutôt pauvre.

12345

67

4. LE COULOIR DU RHÔNE

Rétablir une liaison vivante

158

Objectifs

- Composer l’interface entre la ville et le Rhône par des activités de loisir et de découverte, en utilisant les digues et les berges du canal de Miémar.

- Faire du centre ancien le quartier culturel qui révèle les traces de l’histoire de Roquemaure.

- Recomposer l’entrée sud et accompagner l’arrivée dans la ville en renforçant l’expression de la vocation agricole et son animation pour les quartiers résidentiels proches.

159

12345

67

4.1 - SEUILS ET AMBIANCES

2

1

Le Rhône au lisse sillon n’a pas toujours été aussi paisible qu’on peut le percevoir aujourd’hui. Instable jusqu’au XVIIIe siècle, il a souvent été considéré comme une menace. Il est à la fois pour les deux régions qu’il sépare, une figure forte du territoire. Le paysage fluvial rhodanien ne ressemble à aucun autre à cause de son endiguement des années 1970 qui a limé le caractère naturel et dessiné les lignes courbes et amples du tracé du fleuve. L’aspect de ses berges se rapporte davantage à un ouvrage d’ingénierie, bien qu’une végétation spontanée commence à s’étendre.

160

1 Sérénité de l’horizontalité - Vue depuis la rive gauche provençale.

2 Digue dénudée, cuisante en été et glacée par le Mistral en hiver, mais qui offre de larges vues.

Roquemaure

161

12345

4.2 - DES REPÈRES DANS LE PAYSAGE RHODANIEN > Le chateau de Roquemaure

Ch. de Roquemaure

Ch. de l’Hers

1 2

La silhouette verticale visible depuis la rive provençale.

162

1 En hiver la ville et la montagne de Saint-Geniès en second plan se dévoilent.

1 Le château de Roquemaure en été, moins visible à cause des feuillages opaques.

67

> Le château de l’Hers

DE LA VILLE VERS LE CHÂTEAU DE HERS :

Ch. de l’Hers

Ch. de Roquemaure

N

Deux châteaux, deux péages.

Depuis la ville, le château se manifeste dans la zone artisanale.

Carte de 1710. Archives de Roquemaure.

163

Indice de sa présence malgré les barrières visuelles.

2 Le château de l’Hers en premier plan sur le Rhône.

Du haut de la digue on ne voit que lui.

12345

67

4.3 - UN DÉTACHEMENT AFFIRMÉ ENTRE LA VILLE ET LE FLEUVE

Ch. de Roquemaure

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Coup

Ch. de l’Hers

*

ENTRE LE RHÔNE ET LA VILLE, UN ESPACE À VOCATION PEU AFFIRMÉE : Zone artisanale de la Défraisse

3 Habitations 1

Espace agricole Zone à vocation industrielle et commerciale

164

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Entre le Rhône et la ville, un espace non qualifié à recomposer.

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Rhône 250 m

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De nombeux ouvrages ont conduit à la séparation progressive de la ville avec son fleuve.

Domaine viticole privé

Haie de cyprès

Château de Châteauneuf-du-pape

1 L’ouverture du champs souligne la noblesse du domaine arboré. En fond, la silhouette du chateau de Châteauneuf-du-Pape est menacée d’effacement par une haie de cyprès récemment plantée.

165

2 L’entrée sud donnant sur des grandes surfaces, seules entourées de champs. La déviation des années 2000 crée des enclaves à requalifier.

3

3 Locaux d’entreprise de la zone artisanale de la Défraisse, peu fidèle à l’idée d’artisanat. Espace peu intéressant visuellement, peu vivant par le manque d’interaction avec malgré son excellant emplacement proche du centre.

12345

67

4.4 - L’ANCIENNE DIGUE DE 1843 OU CHAUSSÉE INSUBMERSIBLE Ancienne digue

Alignement de platanes

Arènes

Ancienne digue

166

Coupure

Cette digue du XIXe siècle retient l’attention du promeneur. Sa position en hauteur et dissimulée comme un passage secret, permet de découvrir d’une autre manière la ville. Son linéaire s’oppose au monotone par ses percées visuelles vers le lointain, mais aussi par la variété d’éléments intrigants sur son parcours. Depuis le quartier du Château, des escaliers en pierre taillée invitent vers l’ancienne digue. À première vue enfichée, elle ne semble pas totalement abandonnée par un débroussaillage certainement régulier. En s’y aventurant, guidé par le bas muret, diverses ambiances se succèdent. Des arrières de maisons, de jardins ou d’entreprises se déroulent au fur et à mesure de la progression vers le sud. Un escalier descend à un jardin. On apprend qu’il s’agit d’une demande d’un ancien propriétaire pour plus facilement accéder à sa propriété. En certains points, des percées se dévoilent vers le château de l’Hers et plus loin sur celui de Châteauneuf-du-Pape. Derrière, c’est celui de Roquemaure qui surveille le promeneur. De vieux platanes alignés se manifestent. Peut-être étaient-ils utilisés pour ombrager la chaussée qui était l’usage de la digue auparavant ? Contrairement à l’autre entrée, le parcours aboutit brutalement en cul-de-sac broussailleux. Un escalier discret en pierre derrière l’abri-bus indique la sortie menant à la large rue conduisant à la zone artisanale. L’autre partie de cette digue semble se poursuivre quelques mètres plus loin, mais le passage d’accès est inaccessible. La découverte finit au carrefour, sur la très routière départementale menant à Avignon.

Coupure

Zone artisanale de la Défraisse Quartier pavillonnaire des années 2010 1966 - Aucune maison n’a été construite au delà de la digue.

Actuellement - Une digue ignorée après la contruction de la digue de la CNR.

167

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Perceptions en cheminant sur la digue.

Domaine communal

67

La digue de 1843 est un élément historique qui semble oublié. N’étant mentionnée ni dans le patrimoine architectural, ni dans les parcours de découverte de la ville, elle représente pourtant une trace témoin du combat de Roquemaure envers le déchainement des eaux. Bien que l’urbanisation semble avoir tenté d’ignorer son existence, cet ouvrage d’ingénierie assure toujours sa fonction de barrière mais cette fois urbaine, isolant la zone artisanale du cœur de ville. Doit-elle disparaître progressivement, comme les autres ouvrages hydrauliques mis en place aux temps anciens ? Son sectionnement par de nouvelles voies transversales désenclaverait les quartiers à l’est qui pourraient mieux échanger et interagir avec le centre. Cela bénéficierait également à la zone artisanale de la Défraisse qui gagnerait en dynamisme.

Aussi, l’accès au Rhône en serait facilité. Mais sans contrainte et sans complexité, sur quelles lignes directrices s’appuierait le dessin de la ville ? Sur un quadrillage orthogonal par défaut ? Ce scénario parait bien triste face au potentiel de curiosité que véhicule cette digue.

La ville, rurale ou pas, s’apprécie par la diversité et la qualité des espaces qu’elle propose pour l’habitant, sensible à certaines ambiances, situations, ou à certains détails. Cette digue a le potentiel de proposer des expériences sensorielles intéressantes. Les espaces exclusivement dédiés au piéton sont primordiaux pour replacer la ville à échelle humaine, une des valeurs de la ruralité.

Ainsi, pour le projet d’ensemble de la nouvelle ruralité de Roquemaure, cette ancienne digue devra être ramenée au statut d’élément structurant pour l’urbanisation actuelle et future. Sa réouverture piétonne apportera un nouvel espace de respiration pour les habitants, comme en manque le centre médiéval.

Avec le quartier du château et le centre médiéval auxquels la digue est reliée, la dimension historique et culturelle devra être mise en avant pour devenir le fil directeur de ce grand quartier. Cela se traduira par la rénovation de certains bâtiments de grande qualité architecturale et des bâtiments délabrés du centre, par l’aménagement de la digue en espace de détente et de cheminement, et enfin par la mise en place d’animations touristiques comme par exemple un parcours de visite thématique sur l’histoire de la ville et de la vallée du Rhône.

La moité de la digue appartient à la commune

Départ

Ligne droite en frichée

Boisé et ouvert à l’est

169

Derrière la tour

Apperçu du château de l’Hers

Derrière le mur, les jardins

De vieux platanes alignés

Fin du parcours, étroitesse

Descente par l’escalier derrière l’abri-bus

12345

67

4.5 - L’IMPOSANTE DIGUE DE LA COMPAGNIE NATIONALE DU RHÔNE > La digue drainante.

Construite exclusivement avec des matériaux drainants, la digue est un ouvrage qui doit rester dégagé pour assurer son bon contrôle par les services de la Compagnie Nationale du Rhône. La plantation d’essences ligneuses est donc exclue sur l’ensemble. Les arbres par leur système racinaire risquent de fragiliser la digue et les gros troncs pourraient devenir dangereux lors des crues. Seule la berge du contre-canal la plus éloignée du Rhône peut accueillir une végétation d’essences locale, mais toujours sous contrôle.

Pour un aménagement paysager, les possibilités d’action sur cet ouvrage sont réduites ; la priorité est la sécurité des habitants vivant sous la protection de la digue. Néanmoins, la CNR reste favorable aux nouvelles idées proposées, qu’elle devra d’abord évaluer en fonction du risque.

D 980

Corridor vérétal spontané contrôlé Arbres à racines profondes exclus

Contre canal

Rhône

Digue ensemensée (prairie) Végétation ligneuse interdite, tondue tous les ans

Chemins de contrôle

170

Limon compacté Limon en place Gravier remanié

Gravier roulé

Gravier déversé

et enrochement

Schéma de la digue dite “mixte” construite exclusivement avec des matériaux drainants.

D’après la CNR

*

30 m

171

*

24 m

Une digue à la hauteur du puissant Rhône, mais démesurée pour Roquemaure. Au premier plan, le contre-canal.

12345

> Le rôle du contre-canal Le contre-canal permet d’assurer le drainage du surplus d’eau des plaines en recueillant toutes les eaux de surface pour lesquelles le débouché naturel au Rhône est supprimé à cause de l’endiguement.

Il collecte également les eaux d’infiltrations et les eaux provenant de la nappe phréatique. Il se jette dans le Rhône, en aval du barrage de Villeneuve-lès-Avignon. L’évacuation de l’eau par ce canal est facilité par son assez grande ampleur permettant de véhiculer des débits d’orage très importants. > Les accès vers le fleuve En tant que piéton, difficile d’accéder au Rhône que l’on ne peut qu’imaginer. Un seul passage est prévu pour passer la déviation. Il s’agit d’un souterrain tagué, difficilement accessible pour les personnes à mobilité réduite. Le tracé de chemins spontanés indique le choix de téméraires qui ont bravé la traversée aérienne de la route. L’arrêt véhicule est impossible. Il serait judicieux ici d’améliorer l’accès du Rhône par la voie piétonne principalement. Bien que la digue n’est que peu aménagée pour la promenade, c’est un espace qui intrigue et, en 172 conséquent, attire.

Par le tunnel ou la route ?

Des accès piétons inquiétants

Les haies de tuyas, la déviation puis la digue empêchent toute visibilié du paysage rhodanien.

Traversée du contre-canal.

67

> La gestion des digues L’entretien, la surveillance et le contrôle des digues aujourd’hui est partagé entre plusieurs organismes : l’inventaire des aménagements est confié à la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), le contrôle à la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL). Le Syndicat Mixte d’Aménagement du Gard Rhodanien est en charge des études et diagnostics des digues, servant de base de réflexion pour l’entretien et la surveillance des ouvrages.

173

La Viarhôna

Actuellement la municipalité de Roquemaure projète avec la CNR d'accueillir la Viarhôna, une piste cyclable qui longe le Rhône sur 700 km visant à relier le Lac Léman à la mer Méditerranée. La partie sud de cet itinéraire touristique est actuellement en cours de définition. Il est prévu que des boucles secondaires dans les villages soient reliées au tracé principal se déroulant sur les digues de la CNR, pourtant non ombragées, pour proposer un autre type de découverte du couloir du Rhône (historique, gastronomique, naturel, etc.). C'est pour l'économie et la vie locale de Roquemaure une belle opportunité.

5. L’ANCIENNE QUIRONETTE

Maintenir l’agriculture et animer le contact avec la ville.

174

Objectifs

- Préserver les espaces agricoles de l’ancienne Quironette.

- Utiliser les berges comme espace de loisir pour le centre-ville dense.

175

12345

67

LES TRACES D’UNE ANCIENNE ÎLE La Quironette est une ancienne île rattachée à la terre par les paysans et dont l’extension par l’accumulation de limons a conduit au comblement du port de Roquemaure, en aval, qui faisait la richesse de la ville. Son territoire ainsi que celui de l’île de Miémar sont formés de dépôts fluviaux récents qui donnent des terrains très plats. Tout comme l’ensemble du sillon rhodanien, ils sont reconnus pour leur qualité écologique par des zonages tels que Natura 2000 et ZNIEFF de type 1. Une végétation arborée luxuriante est associée au milieux humides.

L’agriculture maitrise ces espaces qui ont toujours été travaillés par l’homme, et que les lignes des haies de peupliers témoignent. L’île de Miémar, quadrillée par les chemins rectilignes et les vastes champs, n’est pas un lieu propice à la promenade à cause de cette configuration srticte qui ferme les vues.

176

L’île de la Quironette cartographiée sur la carte de 1627.

Source : Banque Nationale de France.

La ville possède des terrains de sport un peu isolés de l’autre côté du canal dont les berges sont légèrement aménagées comme lieu de détente. La municipalité souhaite améliorer l’aménagement en renforçant son usage de loisir. C’est un choix qui se prête bien grâce à la situation proche du centre-ville. Les berges, d’aspect naturelles, peuvent annoncer le départ d’un parc naturel et de loisir qui peut s’étirer jusqu’aux terres de la Quironette.

Montfaucon

Montfaucon

Montfaucon

Quironette

Le Rhône

Port

*

*

Roquemaure

XVIe siècle - Rattachement de la Quironnette à la terre.

île de Miémar

Roquemaure

1780 - Extension de la Quironnette et formation de l’île de Miémar par l’accumulation de limons.

île de Miémar

Roquemaure

Aujourd’hui - Le nom de la Quironette n’existe plus. Le canal délimite l’île de Miémar.

Cartes effectuées d’après les cartes anciennes recueillies par Claude Nova.

La Quironette, un nom disparu mais une territoire bien réel.

Le Canal de Miémar séparant Roquemaure de l’île de Miémar.

177

6. LA PLAINE INONDABLE

Échanger et se rencontrer autour de l’eau

178

Objectifs

- Préserver l’agriculture de la plaine et renforcer la polyculture en soutenant l’installation de petits exploitations agricoles.

- Utiliser la route de Nîmes comme lieu d’échanges entre l’agriculture et les habitants.

- Guider le développement et la composition des quartiers autour de l’eau.

- Constituer une lisière fédératrice et vivante qui finit la ville.

179

12345

67

6.1 - L’EAU, L’ÉLÉMENT MAJEUR DE LA PLAINE La plaine inondable correspond aux zones les plus basses du territoire local, il s’agit de l’ancien lit majeur du Rhône et ainsi l’ancien champ d’expansion de ses crues. L’eau représente l’élément majeur de cette unité qui concerne une grande partie de la ville et des espaces cultivés au sud, mais qui est pourtant dissimulé dans le paysage de la plaine.

L’unité de la plaine inondable et ses canaux

île de Miémar

Canal de Miémar MONTAGNE DE SAINT-GENIÈS

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Le Pontet MASSIF DE SAUVETERRE

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> Les indices de la présence de l’eau Il n’y a pas de hauts arbres sans eau ! Les boisements se concentrent en certains endroits de la plaine. Ils accompagnent le discret chemin de l’eau. Les roubines, des canaux artificiels de drainage entretenus par les agriculteurs, se rencontrent fréquemment. Autrefois totalement débroussaillés, celles-ci se garnissent maintenant des quelques haies.

L’emploi des ripisylves s’est révélé assez important pour la gestion des roubines, en limitant l’érosion de leurs berges et en freinant les eaux.

La ripisylve accompagnant les roubines.

Les essences emblématiques de la plaine.

181

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67

> Le risque d’inondation, toujours présent dans la plaine mais oublié La construction de l’imposante digue semble avoir conduit à un certain oubli du risque d’inondation, en constatant une progression accrue de l’urbanisation dans la plaine à partir des années 1970. Soixante pourcent des zones urbanisées de Roquemaure sont inondables.

Même si le risque de submersion du Rhône est quasiment nul, l’inondation par débordement en nappe de cours d’eau du sous bassin-versant de Roquemaure et par le ruissellement pluvial venant des coteaux est bien présente. Indirectement, la remontée des eaux de Rhône dans la partie sud (la plaine de l’Hers), engendre une contrainte sur les capacités des exutoires ces cours d’eau de drainage.

Sur l’ensemble de la plaine, malgré des travaux de rectification, le réseau des roubines connaissent un problème de calibrage avec par endroits des canaux sous dimensionnés, occasionnant l’inondation des zones les plus sensibles. Grâce aux pentes très faibles de la plaine, les écoulements sont lents, ce qui limite les dommages malgré des hauteurs d’eau pouvant atteindre 1 mètre. L’amélioration des réseaux de drainage ne suifferait pas à réduire l’inondabilité de la plaine concernée par les multiples formes d’inondation.

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INDIQUÉ DANS LE POS :

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Cours d’eau Secteur inondable à risque élevé

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Secteur inondable à risque faible

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Zone de protection des capatages d’eau et des centrales d’épurations

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Les secteurs inondables de la plaine.

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> La contrainte de l’inondation dans la forme urbaine L’existence du risque doit être mieux pris en compte dans le dessin de la commune pour son bon fonctionnement. La conscience du risque pour les habitants comme pour la commune doit être remis à l’ordre du jour.

Cela doit se traduire par une interdiction de construire en zone inondable à cause avant tout du danger et des dommages que cela représente pour la population sinistrée. De plus, la construction des maisons dans cette zone ainsi qu’en amont, imperméabilise les terres et accentue l’effet de l’inondation. Dans la ville, malgré des débordements, ce sont des canaux bétonnés qui assurent l’évacuation de l’eau. Il devient nécessaire de perfectionner leur efficacité par l’association avec d’autres ouvrages d’évacuation, de collecte et de drainage. Une plus large épaisseur donnée à l’eau dans la ville peut d’une part permettre cette amélioration et d’autre part assurer une meilleure visibilité de l’eau et des dangers qu’elle implique. Pour les quartiers concernés par l’inondation, l’eau doit occuper une place centrale. La roubine de la ville qui traverse différents quartiers et la plaine cultivée, se présente déjà comme un fil directeur. Il serait intéressant de la marquer davantage en affirmant un rôle de lien fédérateur qui guide le développé de la ville et rassemble les quartiers autour de l’eau.

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À Roquemaure, 995 déclarations de sinistre ont été déposées en 2002.

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> Le chemin de roubine de la ville La roubine de la ville émerge mystérieusement de dessous la route d’Avignon. Tantôt dans un tunnel sous terre, tantôt à l’air libre, elle traverse la ville en s’immisçant à l’arrière des maisons qui se sont imposées sur son chemin. Après le franchissement de la voie ferrée, elle prend plus d’ampleur pour s’entourer d’un manteau arboré dans la plaine cultivée.

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LES TYPES DE CANAUX INFLUENÇANT LA VISIBILITÉ DE L’EAU : Canal entouré d’une ripisylve Canal à végétation raze Tunnel

Dans la ville, l’espace dédié à l’eau est très réduit.

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1 La roubine passe entre les maisons.

La roubine de la ville

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2 À un entroit dans les quartiers, une épaisseur plus humide, accueillant un bassin, accompagne le chemin de la roubine.

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3 Dans la plaine, la ripisylve marque le chemin de l’eau.

3m

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6.2 - LA POLYCULTURE, POUR UNE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE ET PAYSAGÈRE > Des scènes dans la campagne La composition des champs variés dans la plaine donne au paysage une atmosphère accueillante et invitante. Autant variée par ses cultures que par ses éléments ponctuels qui animent l’espace, la plaine est un ensemble qui cache des décors de scènes théâtrales provençales.

Le hameau de Truel marque un point culminant dans cette belle campagne, où la très ancienne chapelle Saint-Sauveur inspire une certaine authenticité rurale.

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Cette campagne ainsi que le hameau sont à préserver et à guider vers leur découverte par différents moyens (itinéraires thématiques, festivals, animations). La polyculture, pouvant profiter directement à la ville par des circuits courts, doit être renforcée, notamment en incitant l’installation du maraichage qui nécessite de petites parcelles et qui est aujourd’hui en difficulté. Cette campagne, proche de la ville, productive et d’une grande qualité paysagère doit être soutenue par une connexion avec la ville.

Claude Nova, ancien professeur à Roquemaure, témoigne :

“ Roquemaure possédait un marché important de légumes et de fruits, près du hameau de Truel. Dans les années 1980, on voyait des champs de tomates pour les conserveries. Désormais ces champs ont été plantés d’arbres fruitiers ou semés de luzerne. » De fins chemins propices à la promenade.

Verges de pêchers

Friches

Vignes

Prairies humides et élevages

Haies brise-vent de cyprès et de feuillus

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Pacellaire perpendiculaire aux chemins et au cours d’eau

La roubine de la ville accompagnée par les boisements N

0

Une polyculutre qui offre des scènes paysagères variées.

50 m

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> La route de Nîmes comme lien entre la campagne et les quartiers résidentiels La route de Nîmes, plutôt fréquentée, est une jonction entre l’unité paysagère viticole et celle de la plaine inondable. Cette route n’est actuellement qu’un simple passage entre les quartiers résidentiels qui vont être amenés à se réorganiser. Son emplacement entre ces quartiers, sa facilité d’accès et le futur besoin de commerces et d’équipements la rend très intéressante pour l’installation d’activités commerciales.

Traversant les espaces cultivés avant d’entrer dans Roquemaure, la route peut devenir le lieu d’accroche de l’activité agricole avec la ville, actuellement trop dissociés.

Un soutien solidaire entre la ville et sa campagne peut se manifester sur cette route mettant en avant l’identité locale par la vente de produits locaux par exemple. Faisant partie de l’itinéraire de la route des vins des Côtes du Rhône, la route de Nîmes semble intéressante pour accueillir la cave coopérative qui occupe aujourd’hui une place trop importante proche de la future gare, où une densification de l’habitat est nécessaire. Sa qualification d’interface dynamique et solidaire sera bénéfique pour la vie des quartiers résidentiels où des animations autour de l’agriculture pourront également s’organiser.

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La route de Nîmes arivant dans la ville.

vers le centre-ville

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Le moulin à vent

Route de Nîmes

Des parcelles en friche offrant des espaces libres pour un nouvel usage

Les Ponts Longs Des champs en contact direct avec la route marque la présence de l’agriculutre jusqu’à l’intérieur de la ville.

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Saint-Joseph

Chapelle Saint-Joseph

La route de Nîmes en contact avec des champs et friches, des espaces à intégrer aux quartiers.

N 0 vers Nîmes

vers le hameau de Truel

50 m

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6.3 - LE CONTACT AVEC LA VILLE : UNE LIMITE DIFFUSE À RESTRUCTURER > L’espace habité et l’espace cultivé mêlés La lisière de la ville édentée a grignoté l’espace agricole jusqu’à ce que limite entre la ville et la campagne soit ambiguë. La faible densité du bâti allonge des rues qui se finissent tristement en impasses. Les distances, deviennent interminables à parcourir à pied, dans ces couloirs cadrés par les murets en crépis. L’individualité des pavillons et la privatisation de l’espace ici sont reines. Par endroits, l’ouverture des cultures happe le regard et plonge le visiteur dans le monde agricole qui offre généreusement ses vues lointaines et verdoyantes, si gaies.

Comment se fait-il qu’il y ait un tel contraste ? La frange urbaine manque d’un liant progressif qui permet de profiter de la qualité de chaque espace. L’espace bâti, cloisonné et fermé, mériterait d’être davantage perméable aux vues et plus connecté avec sa campagne.

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Photographie : ville de Roquemaure

friches à qualifier

Parcelles régulières, au bâti uniforme

Route de Nîmes, frontière interface entre les deux quartiers

vers le centre-ville

191

Des champs entre les parcelles bâties.

Des rues finissant en impasse

Roubine de la ville canalisée par un fossé étoit qui s’élargit en un espace végétalisé.

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Construction dans les années 1990.

Densité de 10 logements / hectare.

De grandes parcelles (950m2).

Un bâti mêlé aux champs cultivés et en friche.

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50 m

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> Entre la plaine et la ville, une lisière comme écotone humain Comme l’initie la route de Nîmes, interface entre les quartiers et lieu vitrine des produits locaux, faire de la frange urbaine une lisière d’échange entre les quartiers habités et l’agriculture de la plaine permettrait une cohérente finition de la ville. La gestion des limites de l’urbain et la maîtrise des épaisseurs de cette lisière semblent essentielles pour construire une forme urbaine identifiable et fonctionnelle.

Par sa proximité avec les établissements scolaires, les quartiers résidentiels et par la présence de la roubine de la ville, la lisière urbaine à l’ouest de la voie ferrée semble se manifester comme un point de convergence. Il paraît judicieux d’en faire une lisière fédératrice qui rassemble les habitants, autour d’activités collectives, pédagogiques et de loisir qui manquent à l’ouest de Roquemaure. La roubine de la ville, traitée d’une manière plus épaisse a un rôle de guide vers la lisière et vers la campagne qui doit être renforcé par un plus dense réseau de circulations piétonnes. L’animation de la lisière peut s’inspirer des caractéristiques agricoles et écologiques de la plaine et de la présence de l’eau. Un périmètre de captage d’eau potable est indiqué dans le POS comme un secteur sensible aux pollutions ; il est inconstructible.

Il peut être compris dans une thématique d’animation autour de la découverte de l’eau, de ses dangers (l’inondation) et de ses atouts (richesse écologique).

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ÉCOTONE : “Zone de transition et de contact entre deux écosystèmes voisins, telle que la lisière d’une forêt, une roselière, etc. » Larousse en ligne.

Maternelle École Collège

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Une frange urbaine édentée.

Une lisière à recomposer pour finir la ville et préserver les espaces cultivés.

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“ Habiter la campagne ” Dans la dynamique donnée à la ville, « un coeur qui dialogue avec ses campagnes », le dialogue est le maillon essentiel pour l’équilibre global.

Ce sont les quartiers pavillonnaires, très étendus, qui doivent assurer ce rôle, tout en gardant leur fonction résidentielle. Les indices révélés par l’analyse des paysages ont guidé vers des pistes de projet pour la restructuration de ces quartiers, que ce dernier chapitre s’attache à présenter.

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PROPOSITION À L’ÉCHELLE DES QUARTIERS :

GUIDER LE DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS VERS UN “HABITER À LA CAMPAGNE”.

La ville qui va être amenée à accueillir 700 personnes d’ici 10 ans et plus de 1 400 d’ici 20 ans, doit décider de secteurs pour les loger. La logique choisie ici est de ne pas étendre l’urbanisation sur les terres agricoles. La rénovation des bâtiments vétustes et vacants du centre ne peut répondre que de manière limitée à la demande en logements, et ce sont les quartiers pavillonnaires, notamment ceux à l’ouest de la voie ferrée, très peu denses, qui se révèlent les plus à même d’assurer cette fonction. À proximité, l’ouverture de la future gare pour le transport de passagers est un argument de plus pour ce choix car le secteur profitera d’un nouveau mode de déplacement, facilitant l’accès aux villes importantes et à leur bassin d’emploi.

Ces quartiers là, déconnectés de leur ville mais aussi du contexte paysager, présentent pourtant le potentiel de renouer le dialogue entre les campagnes nobles dont les produits représentent une certaine fierté 196 locale, et la ville animée, aux allures de joyau.

Il s’agit donc de faire des ces quartiers les nouveaux initiateurs d’échanges, où l’on habite la campagne. Habiter la campagne signifie de pouvoir retrouver les paysages roquemorois à travers ces lieux de vie utilisés et rencontrés au quotidien.

Situation actuelle

Situation projetée

Principe de la proposition : les tissus pavillonnaires font partie intégrante des paysages des campagnes et de la ville, qui se rencontrent.

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2- Réorienter l’espace autour du piéton 1- Construire le nouveau cœur urbain

3- Retrouver le socle paysager du quartier du coteau

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4- Se retrouver et échanger autour de l’eau

5- Donner à la route de Nîmes le rôle d’interface

Schéma de principe de la proposition à l’échelle des quartiers.

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1 - CONSTRUIRE LE NOUVEAU CŒUR URBAIN

Montagne de Saint-Géniest

Future gare

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Moulin à vent Les Ponts longs Vo ie

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> Utiliser l’impulsion donnée par le future gare pour restructurer et densifier les quartiers pavillonnaires proches en renforçant l’identité de ce nouveau coeur de ville. > Construire les parcelles non bâties en habitat dense à la manière du centre, tout en préservant une porosité. > Gérer les eaux pluviales en donnant de l’épaisseur aux canaux. > Références : La camapgne qui s’invite dans les quartiers habitas par des venelles longeant les arrières de jardins.

Les parcelles actuellement vides, en friche, et les espaces lâches parmi les maisons, éveillent l’imagination.

Leur construction devra tout autant permettre cette évasion de l’esprit, par des appels physiques ou visuels, dans un ensemble bâti respectant les pratiques locales.

Une réhabilitation de bâtiments, utilisés comme logement et locaux de travail, qui préserve le caractère du village. Pelussin (42).

Photographie personnelle

199 Source : “Ville désirée, ville durable : un projet à partager.”

Crédit photo : Serge Mouraret.

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2 - RÉORIENTER L’ESPACE AUTOUR DU PIÉTON

Montagne de Saint-Géniest

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Les Ponts longs

Moulin à vent

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> Améliorer les mobilités piétonnes par l’ouverture des impasses et en rendant plus facile la traversée de la voie ferrée. > Apporter une qualité architecturale et paysagère à l’espace public par le reprofilage des rues principales. > Inviter vers les vues en créant des points belvédaires. > Connecter les quartiers aux grandes promenades vers les campagnes.

> Références : Des cheminements qui séparent les flux des voitures et ceux des piétons. La Chapelle des Marais (44).

Source : “Aménager durablement les petites communes”.

Crédit photo : Stéphane Spach.

Tout en se densifiant, le nouveau centre nécessitera une restructuration minutieuse des espaces publics, essentiellement les rues et quelques parcelles devenues publiques.

Des animations et des évènements pourront inciter les habitants à se retrouver dans ces espaces puis à se les approprier, donnant naissance à diverses initiatives, souffle de la vie villageoise.

Des espaces publics qui privilégient les modes de déplacement doux. Saint-léger sur Dheune (71)

Source : “Aménager durablement les petites communes”.

Crédit photo : Laure Der Madirossian.

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3 - RETROUVER LE SOCLE PAYSAGER DU QUARTIER DU COTEAU

Montagne de Saint-Géniest

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Les Ponts longs

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> Organiser les nouvelles constructions en s’appuyant sur le relief et sur les cultures en terrasses. > Transformer quelques parcelles en fiches en morceaux de campagne pour la vie des tissus résidentiels. > Références : À Miribe – Lanchâtre (38), une attention a été accordée à l’insertion des habitations sur la pente, mais aussi au lien avec le village, et à la mixité des usages (logements, petites entreprises, espaces publics).

Source et photographie : CAUE 38.

Sur le coteau regardant à l’est, le quartier est le lieu de passage obligé pour accéder aux vues sur la vallée et aux champs de vigne. Il doit marquer la liaison entre la ville et cette campagne de vignobles au grand nom. Les trames dessinées par les anciennes pratiques de culture, aujourd’hui enfouies parmi les récentes constructions, doivent être révélées pour que le quartier puisse exprimer son identité, évoquant son histoire par les indices anoblis.

Après le réaménagement de la rue, les habitants se sont appropriés l’espace public de leurs rues qu’ils fleurissent et entretiennent eux même. Larroque (81).

Photographie personnelle.

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4 - SE RENCONTRER ET ÉCHANGER AUTOUR DE L’EAU

Montagne de Saint-Géniest

Les Ponts longs

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Moulin à vent

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Plaine inondable

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> Fédérer et animer autour de la roubine de la ville et des paysages d’eau associés. > Donner plus de visibilité à l’eau. > Utiliser la zone de protection de captage d’eau potable comme lieu pédagogique de rassemblement : Installer des animations liées à l’agriculutre et à l’eau. > Préserver et valoriser l’ariculutre variée de la plaine. > Installer des points d’accroches dédiés à l’échange entre l’agriculture et les habitants et au développement des circuits courts.

La densification des quartiers du coteau et ceux proches de la gare, appelle à la complémentarité d’un lieu inspirant au calme et à la sérénité.

L’eau, la végétation et l’ouverture de l’espace, présents dans la plaine inondable, sont les marques favorables à un cadre de qualité, à condition qu’ils soient bien employés. En lisière urbaine et proche du cours de la roubine de la ville pourront s’ancrer des installations de dynamique collective et vectrices de flânerie, telles que des jardins partagés, des zones agricoles expérimentales et pédagogiques, ou encore des itinéraires de découverte des cultures.

> Références : À Langouët (35), une zone inondable à proximité d’un lotissement sert de terrain Source : “Aménager durablement de sport. Des noues drainantes sont les petites communes”. insérées au dessin du lotissement.

Crédit photo : Stéphane Spach.

Des actions qui soutiennent les projets individuels mais aussi collectifs de jeunes exploitants, pour le renouvellement des Source et photographie : Terre de lien. générations dans l’agriculture.

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5 - DONNER À LA ROUTE DE NÎMES LE RÔLE D’INTERFACE

Montagne de Saint-Géniest

Les Ponts longs

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Moulin à vent Ancien moulin à vent

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Saint-Joseph Plaine inondable

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Chapelle Saint-Joseph

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> Souligner les usages existants et à créer par le séquencement de la route :

Commerce de proximité et espaces dédiés à l’échange.

Habitat et partimoine.

Continuité piétonne traversante.

> Recomposer le seuil de l’entrée et finir la ville.

> Références : La lisière urbaine traitée par des jardins privés ouverts, aménagés dans la continuité des espaces naturels. Langouët (35).

Source : “Aménager durablement les petites communes”.

Crédit photo : Stéphane Spatch.

La route de Nîmes, large, généreuse, est centrale aux quartiers à l’ouest de la voie ferrée et conduit directement au centre. Cette position judicieuse doit être exploitée comme une colonne vertébrale fédératrice où divers usages rendus lisibles seront apportés le long de la route. En matière de commerce et de valorisation de l’agriculture locale, un point de vente dédié aux circuits courts pourra s’implanter, ainsi que la cave coopérative actuellement située en zone identifiée à densifier. Parallèlement, la lisière de la ville devra à la fois s’affirmer comme espace d’échanges et également être hiérarchisée dans ses fonctions (différenciation des circulations douces, des espaces privés et des espaces de production agricole).

Des jardins qui peuvent se partager sont à l’extérieur de cet ancien monastère devenu village.

Sainte Croix en Jarez (42).

207 Photographie personnelle

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EN CONCLUSION

La commune de Roquemaure possède une grande richesse dans ses paysages ainsi que dans son patrimoine historique. La périurbanisation se manifeste par un effet de résidentialisation, uniformisant la ville sur de vastes zones. L’analyse détaillée a permis d’identifier les faiblesses de ce territoire contraint et qui doit encore accueillir de nouveaux habitants. Parallèlement, des potentialités d’action ont été révélées pour installer une logique urbaine cohérente, vectrice de qualité de vie pour les habitants. C’est dans la complémentarité dynamique entre la ville et la campagne que s’installe le projet local.

La structuration des quartiers à l’ouest de la voie ferré représente un enjeu important pour l’ensemble de la ville qui voit venir une nouvelle polarité avec la future ouverture de la gare pour le transport de passagers. L’impulsion qu’émettra cette prochaine ouverture rend nécessaire l’intervention dans ces quartiers. Le projet propose d’investir ces derniers de manière à les restructurer et à accompagner leur renouvellement afin d’accueillir la nouvelle population et de préserver les campagnes de l’urbanisation. Les habitants bénéficieront d’un cadre de vie de qualité grâce à la création d’espaces adaptés à leur mode de vie mais aussi à la dynamique agricole locale. Les échanges entre l’agriculture et les habitants sera favorisée, de même que les initiatives collectives. Le projet urbain doit se faire progressivement, en permettant aux habitants de s’approprier et de s’identifier à leurs nouveaux espaces, parties intégrantes du village.

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Syndicat

Mixte

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Histoire de Roquemaure Clavel Bernard, « Je te cherche vieux Rhône : Ou les métamorphoses d’un dieu », éd. Actes Sud, 2000 (1984 Première édition).

Maigret Chantal, « Le château oublié de Roquemaure (Gard) - XIe-XIXe siècle », Dans: Archéologie du Midi médiéval, Tome 21, 2003. pp. 115-139. > Images : Toutes les photographies et les cartes non sourcées sont personnelles.

Les photographies aériennes proviennent de Google maps <www.google.fr>, Bing maps <www.bing.com> , ou Géoportail <www.geoportail.gouv.fr>.

Archives départementales du Vaucluse, Avignon.

Archives municipales, Roquemaure.

SIG : Documents cartographiques fournis par l’IGN, et par le Syndicat Intercommunal d’Information Géographique du Gard (SiiG).

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier les personnes qui m’ont apporté leur aide et leur soutien tout au long de mes recherches qui ont permis d’enrichir mon mémoire. Je souhaite remercier particulièrement mes professeurs, Catherine Farelle et Sylvie Servain pour leur intérêt, leur disponibilité et leurs précieux conseils.

Merci aux professionnels du territoire qui se sont impliqués dans mon projet qui ont partagé leurs connaissances : M. Sébastien Giorgis, architecte, paysagiste et urbaniste à Avignon, M. Raphaël Picard, urbaniste à la Communauté de Commune des Côtes du Rhône Gardoise, M. Partick Manetti, premier adjoint à Roquemaure, Ingrid Hautefeuille, responsable du pôle planification et aménagement à l’Agence d’urbanisme Rhône Avignon Vaucluse, Myriam BouhaddaneRayaud, paysagiste et urbaniste du CAUE du Gard, et M. Philippe Millasseau, urbaniste à Agen.

Je remercie également M. Claude Nova pour m’avoir fait partagé sa passion des secrets de Roquemaure, et Pascale Mac Wing de l’office de tourisme de Roquemaure pour sa gentillesse réconfortante.

Enfin grand merci à mes colocataires et à la « coloc du kébab » pour tous les moments partagés réconfortants et encourageants, mais aussi à ma famille et à Damien.

INVENTER LA NOUVELLE RURALITÉ DE ROQUEMAURE Les territoires qui connaissent l’influence d’un grand pôle urbain ont subi, suivant les dynamiques des époques, de nombreux remodelages dans leur organisation. Après avoir éprouvé la longue et marquante période d’exode rural qui a vidé les campagnes et fait prospérer les grandes villes, ces espaces périphériques rencontrent depuis le milieu du XXème siècle un mouvement inverse de population, laquelle se trouve attirée hors de la ville et dans les espaces ruraux. Ce sont les phénomènes de la périurbanisation - le développement des franges urbaines - et la rurbanisation - départ vers les zones rurales.

En limite des départements du Gard et du Vaucluse, la commune de Roquemaure à l’ambiance rurale connaît l’influence de trois pôles urbains majeurs : Orange, Bagnols-sur-Cèze et l’agglomération d’Avignon. C’est avec cette dernière que la commune tisse plus le plus de liens car elle représente une source d’emploi importante pour les roquemaurois. En terme de cadre de vie c’est bien la campagne, comme à Roquemaure, qui attire car elle évoque pour le citadin un idéal de style de vie calme et proche de la nature. Elle offre également des terrains disponibles et financièrement plus abordables.

Roquemaure apparaît au coeur de cette dynamique d’attrait vers la campagne. Une dynamique créatrice et destructrice à la fois car le besoin en logements puis en équipements et commerces a amené la commune à « improviser » le développement de nouveaux secteurs, uniformes et à usage unique qui se sont greffés aux quartiers existants, d’époque différente. Il s’agit notamment de l’apparition de zones pavillonnaires où les habitations ont été construites d’après un modèle standard, dénué de caractère, comme par défaut de connaissance des pratiques et des savoirs-faire locaux. Ce sont des ensembles déconnectés du contexte paysager qui semblent dévaloriser la commune en la sectorisant et en rendant plus difficile encore l’affirmation de son identité.

Parallèlement à cela, la situation spatiale de Roquemaure se révèle totalement contrainte par des éléments physiques enserrant la ville comme dans des remparts et qui limitent fortement ses possibilités d’extension. Ces barrières qui sont le Rhône à l’est, les zones inondables agricoles au sud, l’autoroute et les cultures viticoles AOC à l’ouest et le massif rocheux de Saint-Geniès au nord, possèdent pourtant des valeurs paysagères d’une grande richesse mais non exploitées.

Ainsi cette conjoncture, où un développement urbain maladroit est placé dans un cadre paysager admirable inextensible, appelle à la nécessité d’une restructuration urbaine pour améliorer la cohésion d’ensemble de la commune et la guider vers un devenir de qualité. Pour cette recomposition, l’utilisation du potentiel paysager local vers lequel Roquemaure n’est pas assez tournée semble être une base très judicieuse. Il s’agira de proposer de donner une valeur d’image et d’usage à ces espaces vus actuellement comme une contrainte par la municipalité. C’est aussi l’imagination d’une structure paysagère qui mette en réseau des espaces à grande valeur paysagère avec les tissus urbains, profitant à la qualité de vie des habitants et au dynamisme de la commune.

Cette logique d’aménagement centrée sur le paysage rejoint celle décidée pour les orientations du SCoT du Bassin de Vie d’Avignon, dont Roquemaure participe. Ce même sens de réflexion aux échelles locale, intercommunale et départementale est très important pour la cohérence spatiale et temporelle du territoire global. La communauté de commune de Roquemaure comprenant seulement trois communes et moins de 20 000 habitants, va être amenée à s’intégrer à une plus grande intercommunalité à l’horizon 2017. Le choix de cette entité, actuellement débattu concerne un rattachement soit à la Communauté d’Agglomération de Bagnols-sur-Cèze soit à celle du Grand Avignon, ce qui implique pour ces petites communes l’arrivée de nouveaux acteurs dans les prises de décisions.

Quelle position doit adopter Roquemaure en tant que ville d’ambiance rurale, face à l’influence des grands pôles urbains ? Comment exploiter au mieux les potentialités paysagères de Roquemaure pour repenser son modèle urbain, tant pour sa forme que ses dynamiques, de manière à préserver et magnifier la qualité de vie ? Quelle nouvelle ruralité pour l’avenir de la commune gardoise ?

Lucie Aumjaud

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