Bulletin bois 117/2015

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Bulletin bois 117/2015 Lotissements Habitat et surfaces d'activités ‹Am Neuhausplatz›, Köniz Ensemble résidentiel et commercial ‹Sihlbogen›, Zurich-Leimbach Parc résidentiel ‹Les Cadolles›, Neuchâtel Aménagement de l'aire ‹Suurstoffi›, Rotkreuz Résidences ‹Schorenstadt›, Bâle Lotissement ‹Hunziker Areal›, immeubles I + J, Zurich-Leutschenbach

Une composition de trois volumes blancs étagés dans la pente forme le parc résidentiel ‹Les Cadolles›, sur les hauters de Neuchâtel. Architecture: frundgallina architectes fas sia, Neuchâtel


Solution à grande échelle Ce numéro illustre à nouveau la part croissante qu’occupe le bois dans la construction car de plus en plus de bâtiments à plusieurs étages recourent, tout ou en partie, aux produits ligneux comme matériaux de construction. Avec l’assouplissement ces dernières années, des normes en matière de protection incendie, des solutions constructives en bois ont prouvé leur faisabilité, avec pour la plupart, une architecture de très belle facture. La voie est aujourd’hui ouverte pour appliquer ces résultats à plus grande échelle. Ainsi, afin de conclure en beauté l’année, six lotissements bâtis aux quatre coins de la Suisse, à Berne, Zurich, Neuchâtel, Zoug et Bâle vous sont présentés, qui prouvent une fois encore que le bois est porteur d’avenir et trouve sa place dans des opérations immobilières de grande ampleur. Pour quelques projets décrits dans ce cahier, ce sont des solutions hybrides à grand échelle qui sont concrétisées, avec une enveloppe en ossature bois préfabriquée. Les entreprises générales, qui ont réalisées trois des exemples documentés, reconnaissent aujourd’hui les avantages que représente le bois sur un chantier. L’avancement est plus rapide et la logistique sur place est facilitée. Aux ‹Cadolles› à Neuchâtel, il suffisait d’une journée pour poser 70 mètres linéaires de façade en ossature bois, qui avec des vitrages intégrés en atelier, mettaient rapidement hors d’eau le bâtiment. Pour d’autres projets, à l’instar de ‹Sihlbogen›, le pas est définitivement franchi en faveur de ce matériau écologique. Le souci d’explorer de nouvelles solutions, qui réduisent l’empreinte carbone et consomment peu d’énergie grise, est le grand moteur de cette évolution. C’est donc une part importante de l’édifice, y compris la structure porteuse, qui est conçue en bois. Sans chercher à se révéler en façade, le bois est de plus en plus présent dans les aménagements intérieurs et propose une touche chaleureuse appréciée par les habitants. Pour les concepteurs, la possibilité de laisser apparent un élément de gros-œuvre, comme c’est le cas pour deux des bâtiments de la coopérative ‹Mehr als Wohnen› à Zurich, permet une économie appréciable sur les coûts de finitions. En parcourant les pages de ce cahier, vous découvrirez six projets représentant au final 588 logements, complétés de 23 maisons individuelles, pour un total de 104 000 m2 de surface de plancher. Ces ensembles résidentiels sont des jalons susceptibles de motiver et convaincre les investisseurs, concentrés à générer le rendement attendu, qu’une solution bois est financièrement compétitive. Pour d’autres, inquiets face aux enjeux climatiques, ce matériau renouvelable qui pousse naturellement en Suisse, est prometteur et porteur d’innovations.

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Audanne Comment et Roland Brunner Communication technique Lignum


Habitat et surfaces d’activités ‹Am Neuhausplatz›, Köniz Le nouveau bâtiment propose un rez-dechaussée commercial qui anime la place Neuhaus dans le quartier Liebefeld, au cœur de Köniz, et surmonté par trois niveaux de logements. C’est grâce à l’effort conjugué des propriétaires et de la commune que ce projet s’est concrétisé. Les propriétaires qui avaient à cœur de valoriser leur bien-fonds, souhaitaient y ériger un volume proposant des appartements de qualité, renonçant à maximiser à tout prix le rendement immobilier. La commune, de son côté, souhaitait une opération qui s’inscrive dans le tissu urbain en y aménageant un espace public, et qui soit par ailleurs écologique. Un mandat d’étude parallèle permet de retenir le projet le plus séduisant, et sur cette base, de définir l’architecte, le maître d’ouvrage et l’investisseur. En effet, après avoir calculé le rendement qui alimenterait les caisses d’une fondation à visées sociales et culturelles, la valeur intrinsèque de l’objet restait un aspect important. C’est grâce à la Fondation Stanley Thomas Johnson que le bâtiment ‹Am Neuhausplatz› voit le jour. Les axes importants de la rue de Köniz et la rue de Säge se croisent ici pour relier Berne à Köniz et Niederwangen. Le centre historique de la commune, avec ses commerces, son administration communale et son château se trouve à quelques enjambées. Le projet occupe au sol deux parcelles et reprend le langage d’un immeuble voisin, en proposant des commerces au rez-de-chaussée. L’expression d’un front bâti commun achève de dessiner la place Neuhaus. L’immeuble de cinq niveaux adopte la courbure d’un quart de cercle et offre un dégagement extérieur avec différentes zones publiques. Cet espace libre participe au caractère de la place, lui apportant

une contribution significative, par son traitement, sa matérialité et ses plantations. Une nouvelle lignée d’arbres sert d’écran végétal entre le trafic et le bâtiment. Ce dernier comprend 32 logements aux étages, et un loft au rez-de-chaussée, ouverts sur les jardins. Les appartements traversants aux étages, ont des espaces de jour qui donnent à la fois sur les jardins à l’arrière, et sur la place qui contraste par son ambiance urbaine et dynamique. Côté verdure, des balcons en porte-àfaux prolongent la salle à manger et permettent de se relaxer au soleil, tandis que des loggias intégrées au volume offrent un espace de transition entre l’intimité du séjour et la rue. Le volume comprend un rez-de-chaussée disposant d’une hauteur d’étage plus importante, avec un vitrage placé en retrait de l’alignement des façades, offrant de ce fait un couvert contre les intempéries. Les entrées s’organisent depuis la place de 455 m2 servant d’espace public. Celle-ci est également utilisée comme zone de stationnement pour les livraisons ou pour de courtes durées, et comme accès pompier. Au sous-sol, 495 m2 de surfaces ouvertes sur les jardins accueillent de l’artisanat, des services ou des ateliers. Au même niveau, un parking souterrain disposé sous la place est desservi par une rampe placée au sud du terrain. Le sous-sol et le rez-de-chaussée sont en construction massive, tandis que les quatre niveaux supérieurs sont réalisés en ossature bois préfabriquée. Les parois porteuses se superposent dans les logements et les solives ne franchissent pas de portée importante, ce qui simplifie les calculs et abaisse les coûts. Les parois radiales réalisées en ossature bois portent les dalles d’étage, collaborantes bois et béton, pour une portée maximale de 5,7 m. Les planches juxtaposées qui forment le cof-

fage perdu, restent visibles aux plafonds des appartements et reçoivent une simple lasure. Les façades de l’édifice ‹Am Neuhausplatz› lui don­nent un caractère bien reconnaissable. Elles sont composées de lattes verticales posées en claire-voie qui laissent entrevoir le pare-pluie noir en arrière-fond. Des bandes continues sur la hauteur des logements passent devant les loggias, et les lattes peintes dans des tons gris métallisé, forment des filtres qui protègent l’intimité des appartements.

Situation


Coupe transversale

20 m


Niveau 4

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Lieu Könizstrasse 231–237, 3097 Liebefeld Maître d’ouvrage Fondation Stanley Thomas Johnson, Berne Architecte et pilote de projet Büro B Architekten AG, Berne Planification des coûts E’xact Kostenplanung AG, Worb Ingénieur civil smt ag Ingenieure + Planer, Berne Ingénieur bois Timbatec Holzbauingenieure Schweiz AG, Thoune Ingénieur CVS Gruner Roschi AG, Köniz Ingénieur électricité R + B engineering AG, Berne Physique du bâtiment, écologie Gartenmann Engineering AG, Berne Architecte paysagiste extrã Landschaftsarchitekten AG, Berne Artiste Reto Leibundgut, Bâle Entreprise totale Frutiger AG Generalunternehmung, Thoune Entreprise bois Kühni AG, Ramsei Bois mis en œuvre Structure: Planches juxtaposées 586 m3, BLC 162 m3; Panneaux: contreplaqué 18 m3, OSB 337 m2, plaques de plâtre fibrées 9050 m2; Revêtement de façade: lattes 9200 m ou 62 m3 Coûts CFC 1–9 CHF 20,5 millions Coûts CFC 2 CHF 17,0 millions Dont CFC 214 CHF 2,5 millions Surface de terrain SIA 416 4175 m2 Surface de plancher SIA 416 7693 m2 Volume bâti SIA 416 24 646 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 690.– Durée de construction Septembre 2013 – mars 2015 Photographe Alexander Gempeler, Berne




Composition toiture: Substrat 100 mm Lé de protection 35 mm Etanchéité Isolation 300 mm Pare-vapeur Dalle mixte bois béton: béton 100 mm planches juxtaposées 140 mm Composition planchers: Chape ciment 60 mm avec chauffage au sol Isolation phonique 20 mm Isolation 20 mm Dalle mixte bois béton: béton 140 mm planches juxtaposées 160 mm Composition parois extérieures: Plaque de plâtre fibrée 15 mm Lattage 40 mm/Isolation Pare-vapeur Plaque de plâtre fibrée 15 mm Montants 240 mm/Isolation Plaque de plâtre fibrée 15 mm Lé de façade, ouvert à la diffusion Sous-construction 10 mm Lattes posées en claire-voie 50/65 x 100 mm et 65/80 x 100 mm, lasure gris métallisé

Coupes constructives

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Ensemble résidentiel et commercial ‹Sihlbogen›, Zurich-Leimbach L’ensemble ‹Sihlbogen› est un projet pilote qui adopte les exigences de la société à 2000 watts. Des solutions constructives innovantes, comme l’emploi de madriers porteurs pour les parois, ménagent les ressources naturelles. Les besoins annuels en énergie s’avèrent minimes et les habitants ont renoncé à leur voiture pour recourir à l’autopartage. Le cumul de ces mesures permet une consommation d’énergie par personne qui respecte les exigences environnementales d’un développement durable. L’industrialisation et la poussée démographique de ces dernières décennies ont conduit à coloniser les terres jusqu’aux abords des rivières, comme la Sihl. Ces surfaces qui autrefois absorbaient les débordements des crues s’avéraient pendant longtemps trop hostiles pour être habitables. L’industrie, qui avait cependant besoin d’approvisionnement en eau fut la première à s’y installer. Or, les

rives constituant d’agréables zones vertes commencèrent à être appréciés par les promeneurs. Entretemps, l’industrie, moins dépendante de l’énergie hydraulique, se retira et laissa place à de nouvelles habitations. Par sa géographie, la plaine de la Sihl constitue une porte d’entrée sur la ville et offre un environnement verdoyant tout en restant proche du centre de Zurich. En parcourant la rivière sur plusieurs kilomètres, le lien étroit qui existait entre la Sihl et l’industrie se perçoit encore aujourd’hui; s’y côtoient la brasserie Hürlimann, la fabrique de papier Sihl, le quartier de Manegg, etc… Issu d’un concours, le projet Sihlbogen est développé pour répondre aux enjeux urbains à l’échelle de l’agglomération zurichoise. L’ensemble offre une limite au tissu diffus de maisons individuelles présentes à Leimbach. Il soigne le rapport de voisinage qui s’instaure avec le village, qui se voit ainsi renforcé dans son statut de centre. L’aire A remodèle l’en-

trée de Leimbach par une grande place, et propose une mixité d’usage entre habitations et commerces. Cette nouvelle articulation constitue une tête de pont vers le centre de Zurich et transforme sa perception. À Sihlbogen, les deux parcelles accessibles du village ont été gagnées sur l’emprise de la rivière et libérées elles aussi de toute activité industrielle. Des places de parc extérieures accueillent les visiteurs au pied du bloc A, tandis qu’un parking souterrain est destiné aux employés actifs dans le nouveau quartier. Dans l’aire B en revanche, 140 logements sont répartis entre deux volumes qui contredisent par leur implantation la linéarité du tracé ferroviaire et offrent des vues dynamiques sur la rivière. Au sol, des espaces piétonniers sont libérés du flux de voitures. Le bâtiment de la zone A est réalisé en construction massive, comprenant des façades en maçonnerie avec isolation périphérique, des dalles et un socle en béton armé. Les deux immeubles sur l’aire


B sont également appuyés sur un socle en béton armé, d’où s’élève en revanche une construction hybride bois-béton, stabilisée par cinq noyaux de contreventement que forment les distributions verticales. Les parois extérieures porteuses et quelques parois intérieures sont en madriers bruts, d’une épaisseur de 100 à 120 mm, posés verticalement. Pour répondre aux prescriptions de protection incendie, ils sont recouverts de plaques de plâtre fibrées. La façade ventilée est dotée d’une isolation de 160 mm, protégée par des plaques de céramique, et la toiture compacte est portée par des éléments en caisson. Les planchers intègrent un système de prédalles mixtes bois - béton. Un panneau de contreplaqué destiné à rester apparent constitue le coffrage perdu, les armatures du béton sont déjà disposées en usine. La réalisation du coffrage est ainsi rapide et précise, puis le béton est coulé sur le chantier. Les balcons au sud sont en béton coulé sur place et recouverts par un

plancher en mélèze. Les parois disposées entre les loggias et les appartements sont habillées à l’extérieur d’un lambris peint. Les sanitaires sont intégrés aux noyaux des cages d’escaliers. Le renouvellement d’air s’opère automatiquement grâce à des dispositifs installés sur les fenêtres et la diffusion de chaleur est assurée par des radiateurs, ce qui évite au maximum le passage de gaines et les perforations des planchers et des cloisons. Une pompe à chaleur aérothermique et une chaudière à pellets apportent l’énergie nécessaire à l’eau chaude sanitaire et au chauffage. Des collecteurs solaires et une installation photovoltaïque constituent un apport complémentaire en énergie renouvelable. Dans le secteur A, les commerces présents dans le socle, un bureau de poste et des services de proximité, renforcent non seulement l’effet de centre, et diminuent d’autant les déplacements des habitants. La station ferroviaire au pied des immeubles, reliée au réseau RER, complète l’offre en

places de stationnement pour des voitures en autopartage, qu’elles soient conventionnelles ou électriques. Ceci, comme les zones de recharge pour vélos électriques, ont permis de déroger par rapport au nombre de places de stationnement réglementaires. Pour avoir renoncé à la construction d’un garage souterrain, l’économie est reversée annuellement à chaque ménage. La coopérative zurichoise d’habitation Zurlinden réalise, à travers cet ensemble, le troisième lotissement répondant aux objectifs d’une société à 2000 watts. Le bilan transparent dans l’utilisation des ressources est ainsi convaincant.

Situation

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Sous-sol, secteur B

Rez-de-chaussée, secteur B

Etages 1 - 6, secteur B

Coupe longitudinale, secteur B

Coupes transversales, secteur B

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40 m



Composition toiture: Gravier 60 mm Lé de protection Etanchéité Isolation 120–240 mm Pare-vapeur Eléments en caisson: OSB-3 22 mm nervures 260 mm/isolation panneau trois plis 27 mm Etriers souples 32 mm Plaque de plâtre cartonné 18 mm Composition planchers: Revêtement de sol 10 mm Chape 80 mm Lé de protection Isolation phonique 20 mm Isolation thermique 20 mm Dalle mixte bois - béton 240 mm Etriers souples 32 mm Plaque de plâtre cartonné 18 mm Composition planchers loggia: Lame en mélèze 30 mm Lattage 40 mm Lattage de mise à niveau Béton coulé 260–290 mm Composition parois extérieures: Plaques de plâtre fibrées 2 x 15 mm Equerre 50 mm/Isolation Isolation 30 mm Madrier vertical 120 mm Lé de façade Isolation 160 mm Sous-construction 35 mm Plaque de céramique 45 mm Composition parois extérieures: Plaques de plâtre fibrées 2 x 15 mm Isolation 50 mm Madrier vertical 140 mm Lé de façade Isolation 160 mm Sous-construction 35 mm Lambris 25 mm Coupe constructive, bâtiment secteur B

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Lieu Leimbachstrasse 21+23, 31–39, 41–49, 8041 Zurich Maître d’ouvrage Coopérative d’habitation Zurlinden, Zurich Architecte Dachtler Partner AG, Zurich Direction des travaux Caretta + Weidmann Baumanagement AG, Zurich Ingénieur civil Henauer Gugler AG, Zurich Voie SIA vers l’efficacité énergétique Bureau d’architecture Preisig Pfäffli, Zurich Ingénieur CVCS RMB Engineering AG, Zurich Ingénieur électricité Kälin & Müller AG, Zurich Physique du bâtiment Wichser Akustik & Bauphysik AG, Zurich Architecte paysagiste Raymond Vogel Landschaften, Zurich Concept mobilité Planungsbüro Jud AG, Zurich Conception bois Hermann Blumer, Waldstatt Ingénieur bois SJB Kempter Fitze AG, Herisau Entreprise bois Zimmereigenossenschaft Zürich und Jäggi + Hafter AG Holzbau, Zurich Bois mis en œuvre Structure: bois massif 441 m3, bois massif recollé 95 m3, BLC 74 m3, nervures et liaisons en contreplaqué de bouleau 354 m3; Panneaux: trois plis 27 mm 2640 m2, OSB 3590 m2, revêtement de protection incendie en plaques de plâtre fibrées 5700 m2, contreplaqué bouleau 18 mm 12 540 m2; lames de terrasse en mélèze 2650 m2 Coûts CFC 2 CHF 54,67 millions (aire B) dont CFC 214 CHF 6,23 millions (aire B) Surface de terrain SIA 416 21 000 m2 Surface de plancher SIA 416 23 100 m2 Volume bâti SIA 416 72 200 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 685.– Durée de construction Juillet 2011 – septembre 2012 (B1), septembre 2011 – mars 2013 (B2), février 2013 – mars 2015 (aire A) Photographe Daniel Sutter, Zurich

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Parc résidentiel ‹Les Cadolles›, Neuchâtel À l’orée de la forêt, sur les hauteurs qui dominent la ville de Neuchâtel, un parc résidentiel met en valeur les qualités paysagères du lieu. Trois volumes blancs aux formes brisées s’insèrent dans la pente et s’ouvrent vers une vue époustouflante sur le lac et les Alpes. Le déménagement définitif en octobre 2005 de l’Hôpital des Cadolles vers le site de Pourtalès marquait une étape importante dans la nouvelle planification hospitalière du canton et laissait derrière lui une friche de 29 500 m2 à réaménager. Situé sur les coteaux qui surplombent la vieille ville, l’hôpital de 1914 avait pourtant trouvé sur ces hauteurs tout ce dont rêvait d’offrir une institution moderne, de l’air pur, de la lumière et du soleil, sans oublier le calme propice au repos des malades. Construit durant la première guerre mondiale, à une époque où nul ne connaissait encore les bienfaits des antibiotiques, plusieurs corps de bâtiments étagés dans la pente devaient permettre d’isoler les malades et d’éviter les contagions. Les pins sylvestres à proximité avaient pour réputation de favoriser la guérison

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des maladies pulmonaires et respiratoires. Dès lors que les bâtiments furent désaffectés, un concours d’investisseurs, organisé par la ville, amena à conserver le volume principal, en aval de la parcelle. Remporté par l’entreprise générale Bernasconi et le bureau Bauart Architectes et Urbanistes, ce premier concours détermina les grandes lignes d’un second concours, d’architecture cette fois, organisé en vue de la densification du site. À l’arrière de l’ancien hôpital, trois nouveaux volumes de huit niveaux de logements retinrent l’attention du jury. Piloté par l’entreprise Bernasconi, le bureau frundgallina reçut pour mission de développer son projet en vue d’une réalisation. Le bureau Bauart réaffecta quant à lui l’hôpital pour y accueillir des appartements, et lui ajouta une aile à l’architecture contemporaine. À l’arrière, les volumes projetés, de profondeurs égales, sont disposés en éventail sur le terrain et traités de manière identique. Le plus imposant atteint une longueur de 93 mètres et possède cinq entrées correspondant à autant de cages d’escaliers. Sa silhouette est décomposée en trois hauteurs qui témoignent de

l’important dénivelé. Le second immeuble de 70 mètres est l’élément central qui assied la composition. Leurs formes brisées dynamisent les espaces extérieurs et favorisent une appropriation par les habitants. Le sol est libéré de l’emprise de la voiture, qui est cantonnée à un parking souterrain. Le troisième bâtiment enfin est de dimension plus modeste et comprend au rez-de-chaussée une crèche publique pour une trentaine de bambins. Pour réaliser l’opération, la Ville de Neuchâtel a accordé un droit de superficie et acquis en contrepartie un immeuble à loyers subventionnés. Elle exigeait en outre le respect d’une mixité intergénérationnelle et sociale et un projet en phase avec un développement durable. Ainsi, même si tous les logements sont traités sur une même base par les architectes, la population cible est très variée. Le petit immeuble passe aux mains d’une vingtaine de propriétaires, une cinquantaine de logements avec services s’adresse aux personnes âgées, autant sont en loyers libres, et une vingtaine est subventionnée. Le langage architectural est sobre. Le bâti


forme un cadre neutre qui met en valeur la vie qui s’y déroule. Le détail est simple et économique. Les mêmes fenêtres dessinées en pleine hauteur se retrouvent sur chacune des faces. L’effet de générosité est produit par la présence de balcons d’une profondeur inhabituelle (2,5 mètres) qui courent sur l’entier des parois sud. Ils prolongent les logements traversants et offrent de véritables pièces à vivre extérieures qui valorisent un rapport au paysage instauré par des vues proches et lointaines. Ces balcons aménagés racontent un bout de l’histoire des habitants et rendent moins anonymes cet ensemble de 143 logements. L’expression très minérale des résidences cache cependant des parois à ossature bois posées sur les longues façades des trois immeubles. D’une hauteur d’un étage, la longueur des éléments s’adapte à la portion de façade occupée par chacun des appartements, afin de respecter les exigences de compartimentage données par les prescriptions de protection incendie. Le recours à des éléments préfabriqués a permis d’optimiser la durée de chantier. Les ossatures ont été hissées sur place par les grues et posées

à une cadence soutenue. Au plus fort du chantier, une équipe de six hommes était capable de poser en trois jours 500 m2 de façades. Pour répondre aux exigences feu EI30, les ossatures ont été isolées en atelier par 160 mm de laine minérale, puis emballées par des plaques de plâtre fibrées, appliquées sur un pare-vapeur. Les fenêtres ont été intégrées à l’ossature dans les ateliers du charpentier. Sur le chantier, il restait à raccorder soigneusement les lés de pare-vapeur et habiller les nez de dalles. Au sud ou sud-ouest, suivant l’orientation de l’immeuble, les façades ont été crépies sur 40 mm de polystyrène expansé. Au nord ou nord-est, l’isolation ajoutée est plus conséquente et permet d’intégrer les caissons de stores. La hauteur maximale autorisée par les normes incendie pour de telles façades était de huit niveaux jusqu’en 2014. Aujourd’hui, des façades de plus de trente mètres peuvent être réalisées entièrement en ossature bois.

Situation

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Lieu Avenue des Cadolles 8–12, 2000 Neuchâtel Maîtres d’ouvrage Ville de Neuchâtel; Prévoyance.ne, La Chaux-de-Fonds; Bernasconi Entreprise Générale SA, Les Geneveys-sur-Coffrane Entreprise totale Bernasconi Entreprise Générale SA, Les Geneveys-sur-Coffrane Architecture frundgallina architectes fas sia, Neuchâtel Direction des travaux Bernasconi Entreprise Générale SA, Les Geneveys-sur-Coffrane Ingénieur civil GVH-Ingénieurs Civils SA, St-Blaise Ingénieur électricité Vuilliomenet Electricité SA, Neuchâtel Ingénieur CV Axima SA, Neuchâtel Ingénieur sanitaire TP SA, Neuchâtel Ingénieur bois Gaille Construction SA, Fresens Entreprise bois Gaille Construction SA, Fresens Bois mis en œuvre Structure: Bois massif 13 m3, BLC 145 m3; Panneaux: Plaques de plâtre fibrées 8050 m2 Surface de plancher SIA 416 19 409 m2 Volume bâti SIA 416 79 000 m3 Durée de construction Mars 2011 – Mars 2014 Photographe Milo Keller, Paris

2700


Coupe transversale

Situation

40 m

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Parking -3

Niveau 0

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Niveau 3

B창timent A

B창timent B

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Composition toiture: Substrat végétalisé 80 mm Couche drainante 20 mm Etanchéité lé de bitume polymère bi-couche Isolation thermique 140 mm Pare-vapeur soudé en pleine surface Dalle béton, en pente 250–350 mm Enduit plâtre 10 mm Composition parois extérieures: Plaque de plâtre fibrée 12,5 mm Pare-vapeur Montants BLC 160 mm/Isolation Plaque de plâtre fibrée 12,5 mm Colle 7 mm Isolation thermique, au nord 160 mm Isolation thermique, au sud 40 mm Crépi fin, grain 1,5 mm, avec treillis 8 mm

Coupe constructive

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Aménagement de l'aire ‹Suurstoffi›, Rotkreuz Ces dernières années, la pression immobilière ressentie dans la commune de Risch-Rotkreuz amena à proposer plus d’espaces commerciaux et résidentiels. Le développement de l'aire ‹Suurstofi› en est d’ailleurs l’expression. Sur la zone ‹Langweid› qui lui est adjacente, d’importants volumes protègent cette nouvelle zone résidentielle des nuisances sonores causées par la ligne ferroviaire. Neuf immeubles de tailles assez modestes, se tournent vers les terrains agricoles alentours, jouissant de l’ambiance champêtre qui s’en dégage. En 2011, une étude en procédure sélective est organisée pour donner un visage à la zone 3. Suite à cela, les bureaux Müller Sigrist et Masswerk Architectes sont mandatés pour concrétiser leur proposition. Le projet respecte les grandes lignes définies dans le plan d’amé­ nagement, mais plutôt que de bâtir une structure sérielle, les architectes disposent de manière plus aérée neuf corps de bâtiments sur le terrain. Ainsi, c’est l’image d’immeubles pavillonnaires posés au milieu d’un jardin qui domine. Ces nouvelles constructions se réfèrent, tant du point de vue de la forme que des couleurs à leur environnement bâti. Le consortium ‹GP Suurstoffi Baufeld 3 Sàrl› regroupe les deux bureaux d’architectes en charge de la planifica-

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tion. Alors que les résidences 1 à 4 reprennent des procédés constructifs existants, comme des balcons biseautés, visibles sur certaines maisons, les immeubles 5 à 9, par leur forme compacte, créent une transition avec la nouvelle aire bâtie à l’est. Le traitement différencié de ces deux formes se retrouve également dans leurs concepts constructifs respectifs. Pour l’une, des cloisons porteuses en bois définissent sans équivoque des espaces intérieurs, ouverts vers divers dégagements visuels. Une forme géométrique stricte accueille au sud et à l’ouest une épaisseur constituée de balcons aux formes biseautées, transformant du coup la perception qui se dégageraient des volumes. L’habillage ajouré des balcons et le choix de grands vitrages augmentent l’effet d’élégance aérée qu’ils produisent. Les immeubles 5 à 9, comprennent des appartements allant du 1½ pièce au 4½ pièces, répartis entre trois à quatre unités par étage, et ouverts pour la plupart, sur deux voire trois côtés. Tous les appartements disposent d’espaces extérieurs qui fonctionnent comme des ‹pièces vertes›, augmentant ainsi considérablement leur attrait. La disposition du séjour, cuisine et salle à manger dans un espace continu créent le sentiment d’un paysage plutôt que de cellules fermées successives. La dimen-

sion généreuse des ouvertures offre une vue sur les espaces de verdure extérieurs, et l’horizon au loin. Les volumes expriment en façade la présence du bois. Ainsi, un lambrissage ventilé, teinté d’une lasure gris argenté, protège le bois des intempéries et réfléchit délicatement la lumière. Des carrelets coniques disposés verticalement lui donnent une expression retenue, filigrane et élégante. La texture bois et la teinte argentée créent un effet harmonieux qui se marie à la verdure des jardins. La vêture extérieure des maisons 1 à 4 est composée d'une tôle profilée, qui par la finesse de ses détails et par son aspect légèrement brillant, souligne l’effet de légèreté. En arrièreplan, la structure bois qui contraste avec ses couleurs chaudes, est bien visible au niveau des balcons. Ainsi la superposition de ces deux couches efface en partie le contour en faveur d’une expression légère et pavillonnaire. Les neuf résidences sont conçues en bois, appuyées sur une dalle en béton couvrant les garages. Les parois extérieures et intérieures des maisons 1 à 4 sont en ossature bois revêtues des deux côtés par des plaques de plâtre fibrées faisant office, entre autres de panneaux de contreventement. Les dalles et la toiture sont réalisées en éléments mixtes bois et


béton. La cage d’escalier et les paliers sont en béton préfabriqué et répondent ainsi aux exigences d’incombustibilité pour les voies d’évacuation, tout en simplifiant le montage étage par étage des bâtiments. Dans les résidences 5 à 9 en revanche, les accès centraux sont en béton armé coulé sur place et stabilisent le bâtiment. Autour de ces noyaux centraux, les dalles jusqu’en toiture sont en panneaux de bois lamellé-croisé, dont la face inférieure reste apparente dans les logements. Les parois intérieures sont elles aussi en panneaux de bois lamellé-croisé de grande taille. Elles sont toutefois revêtues de plaques de plâtre fibrées. Les parois extérieures sont, elles, réalisées en ossature bois, isolées par 280 mm d’isolation aménagée dans l’épaisseur des montants.

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4 Situation

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Maison 3, rez-de-chaussée

Maison 4, rez-de-chaussée

Maison 3, étage type

Maison 4, étage type

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20 m


Maisons 1/3, coupe transversale


Maison 5, coupe transversale

Maison 9, coupe transversale 20 m


Maison 9, rez-de-chaussée

Maison 5, rez-de-chaussée

Maison 9, étage type

Maison 5, étage type

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Lieu Suurstoffi 19–35, 6343 Risch-Rotkreuz Maître d’ouvrage Zug Estates AG, Zoug Architectes Masswerk Architekten, Kriens (maisons 1–4), Müller Sigrist Architekten, Zurich (maisons 5–9) Direction et économie de la construction Archobau AG, Zurich Architecte paysagiste Maurus Schifferli, Landschaftsarchitekten, Berne Ingénieur civil Funk + Partner AG, Urdorf Ingénieur CVC Peter Berchtold Ingenieurbüro, Sarnen Ingénieur sanitaire GRP Ingenieure AG, Rotkreuz Ingénieur électricité Scherler AG, Lucerne Physique du bâtiment Pirmin Jung Büro für Bauphysik, Rain Ingénieur pour l’exécution Wismer + Partner AG, Rotkreuz Concept mobilité TEAMverkehr.zug AG, Cham Ingénieurs bois Pirmin Jung Ingenieure für Holzbau AG, Rain (maisons 1–4), et Merz Kley Partner AG, Altenrhein (maisons 5–9) Entreprises bois Hecht Holzbau AG, Sursee, Tschopp Holzbau AG, Hochdorf, et Bisang Holzbau AG, Küssnacht (maisons 1–4), et Zaugg AG, Rohrbach, et Fussenegger Holzbautechnik AG, Buchs (maisons 5–9) Bois mis en œuvre Structure maisons 1–4: bois massif recollé, BLC et planches juxtaposées 2800 m3; Structure maisons 5–9: bois massif recollé et BLC 365 m3, bois lamellé-croisé 1485 m3; Panneaux maisons 1–4: plaques de plâtre fibrées 17 000 m2; Panneaux maisons 5–9: OSB 43 m3, panneaux de plâtre fibrées 95 t; Revêtement de façade 5–9: lambris en sapin 5200 m2 Surface de terrain SIA 416 18 656 m2 Surfaces de plancher SIA 416 127 569 m2 (total, parkings inclus), 7700 m2 (maisons 1–4), 9666 m2 (maisons 5–9) Volumes bâtis SIA 416 91 002 m3 (total, parkings inclus), 24 900 m3 (maisons 1–4), 32 410 m3 (maisons 5–9) Durée de construction Juillet 2013 – août 2015 Photographe Claudia Luperto, Winterthour

Composition toiture: Gravier 60 mm Etanchéité Isolation avec pente 200 -340 mm Barrière-vapeur Panneau lamellé-croisé 160 mm

Composition toiture: Gravier 60 mm Etanchéité Isolation avec pente 200 -340 mm Barrière-vapeur OSB 12 mm Planches juxtaposées 140 mm

Composition planchers: Revêtement de sol 20 mm Chape ciment 70 mm Isolation phonique 60 mm Alourdissement en gravier 100 mm Panneau lamellé-croisé 160 mm

Composition planchers: Revêtement de sol Chape ciment 80 mm Isolation phonique 40 mm Dalle mixte bois béton: béton 130 mm planches juxtaposées 110 mm Composition parois extérieures: Plaque de plâtre fibrée 15 mm Barrière-vapeur Plaque de plâtre fibrée 15 mm Montants 280 mm/Isolation Plaque de plâtre fibrée 15 mm Lé de façade Sous-construction Revêtement de façade

Maisons 1–4, coupe constructive

Maisons 5–9, coupe constructive

Composition parois extérieures: Plaque de plâtre cartonné 18 mm Isolation 60 mm Barrière-vapeur Plaque de plâtre fibrée 15 mm Lattage vertical 120 mm/Isolation Lattage horizontal 120 mm/Isolation Plaque de plâtre fibrée 15 mm Lé de façade Sous-construction Revêtement de façade

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Résidences ‹Schorenstadt›, Bâle Le lotissement ‹Schorenstadt›, avec ses quarante-trois maisons mitoyennes et vingtdeux appartements en propriétés, adopte le profil d’une société à 2000 watts. Labellisé Minergie-P-Eco, il propose un habitat naturel et durable, proche du centre-ville de Bâle. Afin d’exploiter au mieux le potentiel du site bâlois de Schoren, dans le quartier de Hirzbrunnen, six bureaux d’architectes sont invités en janvier 2007 à participer à un mandat d’étude parallèle par le Département des constructions et le groupe pharmaceutique Novartis, propriétaire des terrains. Le projet du bureau Burckhardt + Partner convainc grâce à une structure urbaine composée de volumes différenciés, qui malgré une densification efficace, réussit à donner un rôle majeur à l’expression de la privacité. Le complexe, qui jouxte au sud la zone de détente ‹Lange Erlen› et son parc animalier, se compose de quatre rangées de maisons, et de deux immeubles partagés entre locataires et propriétaires. Au nord, adossé à la rue des Faisans se trouve le plus petit de ces immeubles. Au rez-de-chaussée, trois marches supplémentaires confèrent aux logements une généreuse hauteur d’étage, plutôt inhabituelle. Le long du tracé ferroviaire désaffecté à l’est, les maisons en rangée adoptent une typologie permettant une flexibilité d’usage, grâce à des surfaces habitables qui peuvent se muer en

surfaces d'activités. Au centre du terrain se trouvent trois rangées de maisons, avec des organisations spatiales différenciées. Le rez-de-chaussée et le jardin sont légèrement rehaussés par rapport au terrain naturel, de sorte à ménager une certaine intimité depuis la rue. Au sud enfin, le second immeuble marque la fin de la composition spatiale. Les appartements s’ouvrent sur plusieurs orientations, ce qui offre le privilège de suivre la course du soleil, du petit matin au crépuscule. Six ateliers, quatre maisons à patio, trois maisons avec jardin, trente villas urbaines, vingt-deux appartements en propriétés varient l’offre en logements, avec l’idée d’intéresser un large public et favoriser une mixité sociale. Quelques maisons s’organisent sur quatre niveaux, dont un attique ouvert sur une grande terrasse. L’intimité de chacune des terrasses est favorisée par une disposition en alternance de pleins et vides. Les choix des matériaux s’opèrent dans le respect des normes Minergie-P-Eco. A l’intérieur, d’élégants parquets contrastent avec les parois et les plafonds blancs, alors que les sanitaires sont traités comme des touches de couleur qui individualisent chaque habitat. Répondant parfaitement aux critères MinergieP-Eco, le bois est le principal matériau de construction pour l’ensemble de l’opération immobilière car, outre son aspect écologique, il confère confort et bien-être à ses habitants.

Après avoir arrêté le choix constructif, il semblait évident de donner à ce matériau naturel une certaine visibilité en façade. Ainsi, des bardeaux prégrisaillés recouvrent l’ensemble des édifices et donnent un caractère homogène bien reconnaissable à l’ensemble. Le socle accueille un vaste parking et des caves, disposés en sous-sol. A partir de celui-ci, l’entier de la construction est en bois, que ce soient les maisons en rangée ou l’immeuble plurifamilial implanté au nord, à l’exception toutefois de sa cage d’escalier. Les parois extérieures sont en ossature bois, dans lesquelles sont intégrés des poteaux en lamellé collé et des sommiers en lamibois. Les dalles et les toitures sont constituées quant à elles d’éléments à caisson. L’immeuble implanté au sud se différencie par une construction hybride : l’ensemble de la structure poteaux dalle est en béton, protégée par des parois extérieures non porteuses réalisées en ossature bois. Pour obtenir la certification Minergie-P, le bâtiment se doit d’être bien isolé et doté d’une aération douce. Le réseau à distance de la ville de Bâle (IWB), fournit la chaleur nécessaire grâce à une installation de traitement des déchets combinée à une centrale thermique au bois. La répartition de la chaleur a lieu à travers l’aération. L’architecture et l’orientation du complexe sont conçues de manière à valoriser les gains de chaleur passifs. Sur les toits, des cellules photovol-


taïques produisent par ailleurs de l’électricité qui, stockée dans le réseau, est achetée par les Services Industriels de la Ville. Chaque logement est équipé d’appareils ménagers à basse consommation énergétique et tous les lavabos reçoivent des robinetteries économes en eau. Grâce à une excellente desserte par les transports publics, la voiture devrait être moins sollicitée par les habitants du quartier.

Situation


Maisons en rangée 100, plan

Maisons en rangée 200, plan

Maisons en rangée 400, niveau 0

Maisons en rangée 500, niveau 0


Maisons en rangée 100, coupe transversale

Maisons en rangée 200, coupe transversale

Maisons en rangée 400, coupe transversale

Maisons en rangée 500, coupe transversale

40 m

2717


Immeuble plurifamilial 600, niveau 0, niveaux 1+2

Immeuble plurifamilial 300, niveau 0, niveaux 1+2

Lieu In den Schorenmatten/Fasanenstrasse, 4058 Bâle Maître d’ouvrage Implenia Schweiz AG, Modernisation & Development AG, Bâle Entreprise totale/direction des travaux Implenia Schweiz AG, Buildings Nordwest, Bâle Architecte Burckhardt + Partner AG, Bâle (phases SIA: 3.1–5.3) Ingénieur civil Gruner AG, Bâle Physique du bâtiment Gartenmann Engineering, Bâle Ingénieur CVCS Waldhauser + Hermann AG, Bâle Ingénieur électricité Pro Engineering, Bâle Conseil en développement durable Implenia Nachhaltigkeit Ingénieur bois Pirmin Jung Ingenieure für Holzbau AG, Rain Entreprise bois Implenia Schweiz AG, Rümlang Bois mis en œuvre Structure: Planches juxtaposées 390 m3, BLC 500 m3, bois massif recollé 1200 m3; Panneaux: trois plis 12 000 m2, OSB 7000 m2, plaques de plâtre fibrées 25 500 m2, panneaux de fibres de moyenne densité ouverts à la diffusion 3000 m2; Revêtement de façade: tavillons 5000 m2 Coûts CFC 1–7 CHF 47 millions dont CFC 214 CHF 8,875 millions Surface du terrain SIA 416 11 000 m2 Surface de plancher SIA 416 16 807 m2 Volume bâti SIA 416 54 397 m3 Durée de construction Septembre 2012 – août 2015 Photographe Tom Bisig, Bâle

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Immeuble plurifamilial 600, coupe transversale

Immeuble plurifamilial 300, coupe transversale



Composition toiture: Substrat 100 mm Lé de protection 30 mm Etanchéité Isolation 120 mm Etanchéité Eléments en caisson: trois plis 27 mm nervures 240 mm/isolation trois plis 27 mm Lattage 30 mm sur étriers souples Plaque de plâtre fibrée 18 mm Villas, composition planchers: Revêtement de sol 10 mm Chape ciment 80 mm Isolation phonique 40 mm Eléments en caisson: trois plis 27 mm nervures 240 mm/isolation 60 mm/ remplissage en gravier 100 mm trois plis 42 mm Lattage 30 mm sur étriers souples Plaque de plâtre fibrée 18 mm Immeuble, composition planchers: Revêtement de sol 10 mm Chape ciment 80 mm Isolation phonique 40 mm Dalle mixte bois-béton: béton 130/150 mm planches juxtaposées 90/110 mm Lattage 30 mm et étriers souples Plaque de plâtre fibrée 18 mm Composition parois extérieures: Plaque de plâtre fibrée 18 mm OSB-3 15 mm, joints étanches à l’air Montants 360 mm/Isolation Voligeage 27 mm, horizontal Bardeaux en épicéa 3 x 8 mm

Coupe constructive, villa contiguë

Coupe constructive, immeuble

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Lotissement ‹Hunziker Areal›, immeubles I + J, Zurich-Leutschenbach Un nouveau quartier de treize habitats a été inauguré mi-2015 dans l’enceinte Hunziker, à Zurich-Leutschenbach. Les volumes bâtis, comme les dégagements et surfaces vertes générés ont été le fruit d’intenses réflexions. Ce projet urbain mené par la coopérative ‹mehr als wohnen› encourage des formes d’habitat et de travail qui correspondent aux attentes actuelles, vers un monde plus écologique et plus durable. Remportant un concours international, Futurafrosch associé à Duplex Architekten, renonce à proposer une solution aboutie, mais s’applique plutôt à définir une méthodologie, utile aussi bien à esquisser un plan d’ensemble qu’à développer des prototypes de logements. Les bâtiments sont pensés à la fois pour euxmêmes et à la fois pour les espaces publics qu’ils définissent en négatif. La forme urbaine découle d’une structure bâtie dont l’expression architecturale forme le décor extérieur. Au final, cinq bureaux d’architecture se partagent la réalisation de ces treize immeubles. Initié à l’occasion du jubilé de l’Association faîtière des coopératives d’habitation zurichoises, ce travail de recherche appliquée fonctionne comme une vaste plateforme d’innovations en faveur de l’habitat communautaire, amenant des solutions alternatives touchant à des thèmes aussi variés que le processus coopératif, le développement urbain, l’offre en matière de logements et la qualité de vie. Différentes manières de construire sont testées grandeur nature, dont deux constructions en bois: l’immeuble I développé par Futurafrosch, et l’immeuble J, par pool Architekten. Le premier, l’immeuble I, s’inspire de la conception d’une ville: une surface privative définit l’unité minimale servant de lieu d’intimité à un individu. Des façades porteuses libèrent l’espace intérieur qui peut ainsi être fragmenté en deux, voire trois chambres à coucher, avec ou sans kitchenette et salle de bain. Autour de ces surfaces confinées s’étendent de généreux espaces ouverts, lieux de convivialité prévus pour rendre agréable le vivre ensemble, reprenant le rôle social d’une place publique. Ce système flexible permet de combiner différentes tailles d’appartements, faits d’espaces communautaires et de cellules privées. Un espace central de distribution est éclairé naturellement par des puits de lumière. Plus convivial qu’un simple couloir, celui-ci encourage les rencontres et les échanges entre habitants des différents étages, rompant ainsi l’anonymat, trop souvent de règle dans les ensembles locatifs. Dans le bâtiment I, des unités de tailles variables sont destinées aux familles. Sachant que le terme générique de famille regroupe en fait des modèles disparates qui sont de plus, susceptibles d’évoluer dans le temps, la diversité des appartements devait permettre d’accompagner ces lentes mutations. Ce sont principalement des appartements en cluster de 3,5 et 4,5 pièces qui sont proposés, quelques studios et des chambres individuelles sont également à disposition. Ce nouveau type d’habitat met sur le marché immobilier une solution alternative, très appréciée des familles monoparentales, par exemple. Les parois intérieures laissent apparaître le bois brut composant la structure. L’ambiance des espaces communautaires en revanche, est marquée par une certaine minéralité, en lien avec

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l’expression urbaine de la place. Les cellules familiales, plus introverties et plus intimes, ont ainsi une ambiance lumineuse plus douce, grâce aux reflets dorés du bois massif composant les parois du cluster. La construction hybride qui caractérise ce projet permet une utilisation efficace de chacun des matériaux. Les propriétés du bois se prêtent bien aux espaces réduits, intimes, dont les parois massives sans finitions supplémentaires rendent les espaces accueillants. Grâce à la technique de construction en bois massif, le montage est simple. Ce système est idéal pour les façades et la structure, et offre de bonnes propriétés pour réguler le climat intérieur. Le concept feu accepté par les autorités a permis de conserver les surfaces en bois apparentes sur les cinq niveaux de logements, abaissant les dépenses liées aux finitions. À l’extérieur, les façades en béton, pierres artificielles et fibres-ciment sont ventilées. L’immeuble J quant à lui, profite d’un emplacement ouvert sur un grand dégagement à l’est. Il se tourne alors naturellement vers ce parc, en orientant les appartements autant que possible dans cette direction, en lui présentant sa façade principale. En revanche, l’étroitesse de la rue était telle à l’ouest qu’il fallait trouver une astuce: l’emprise volumétrique étant donnée, une cour découpe le bâtiment et sert de distribution. L’ordonnancement dense de six appartements par étage libère un espace extérieur – équivalent à deux appartements – orienté au sud. Ces deux terrasses, en partie couvertes, remplacent des balcons individuels, délimitant ainsi un volume bâti aussi compact que possible, plus favorable d’un point de vue énergétique. Grâce à cette découpe, les appartements jouissent ainsi de deux, voire trois orientations. Leurs plans sont simples et remplissent les exigences pour des surfaces de taille éco-standard définies par la coopérative. On y trouve deux studios (31 m2) et vingt-deux appartements de 3,5 à 5,5 pièces (84 m2 à 118 m2). Au troisième niveau se trouve une orangerie et au premier niveau une terrasse commune. Deux distributions verticales desservent les quatre étages sur rez-de-chaussée. L’une est intégrée à une cage qui accueille par ailleurs un ascenseur, tandis que la seconde, extérieure, traverse la grande terrasse et permet de rejoindre facilement la ruelle et les diverses cours aménagées. Des surfaces artisanales et une buanderie occupent le rez-de-chaussée, tandis que le sous-sol abrite des places de stationnement, les caves et les locaux techniques. Le socle est en béton armé, surmonté de quatre (immeuble J) ou cinq (immeuble I) niveaux d’appartements en bois structurel non revêtu. L’ensemble des éléments porteurs, comme les planchers, les parois extérieures et mitoyennes, les poteaux et les sommiers sont en épicéa massif, préfabriqués en atelier et assemblés sur place sous forme de modules. Les bâtiments sont revêtus d’une peau ventilée en écailles de fibres-ciment. À la faveur d’un concept de protection incendie spécifique à l’objet, il a été possible d’ériger un immeuble de cinq niveaux en conservant le bois apparent dans les logements. De ce choix découlent des qualités spatiales et haptiques qui rendent les appartements uniques, et permettent une réalisation particulièrement économique.


Situation

Lieu Dialogweg 2, 8050 Zurich Leutschenbach (immeuble I), Genossenschaftsstrasse 11, 8050 Zurich Leutschenbach (immeuble J) Maîre d’ouvrage Coopérative d’habitation ‹mehr als wohnen› Architectes Futurafrosch GmbH, Sabine Frei & Kornelia Gysel, Zurich; cheffe de projet: Sonja Grigo (immeuble I), pool Architekten, Mischa Spoerri et Raphael Frei, Zurich; collaborateurs: Martin Gutekunst, Nikolas Lill, Ana Hernández Pérez, Cyril Arnet et Jennifer Cisullo (immeuble J) Entreprise totale/direction des travaux Steiner AG, Zurich Ingénieurs civils Edy Toscano AG, Zurich (immeuble I), Ernst Basler + Partner, Zurich (immeuble J) Physique du bâtiment Mühlebach Partner AG, Wiesendangen, et Lemon Consult GmbH, Zurich Paysagiste Müller Illien Landschaftsarchitekten, Zurich Ingénieur CVCS 3-Plan Haustechnik AG, Kreuzlingen (immeuble I), Gruenberg + Partner AG, Zurich (immeuble J) Ingénieur électricité IBG B. Graf AG Engineering, Baar Conseil en développement durable Planung und Beratung GmbH, Zurich Conception bois Hermann Blumer, Waldstatt Ingénieur protection incendie Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See Ingénieur bois Sohm AG Schweiz, Widnau Bois mis en œuvre Structure immeuble I: bois massif recollé 33 m3, BLC 20 m3, élément en bois massif 84 m3; Structure immeuble J: bois massif recollé 8 m3, BLC 135 m3, élément en bois massif 364 m3; Panneaux immeuble I: trois plis 27 mm 122 m2 et 42 mm 132 m2, OSB 15 mm 2025 m2, 18 mm 1438 m2 et 25 mm 113 m2; Panneaux immeuble J: OSB 18 mm 2400 m2 et 22 mm 870 m2 Coûts CFC 214 CHF 1,61 million (immeuble I), CHF 1,67 million (immeuble J) Surfaces de plancher SIA 416 5130 m2 (immeuble I), 4021 m2 (immeuble J) Volumes bâtis SIA 416 16 430 m3 (immeuble I), 13 390 m3 (immeuble J) Durée de construction Juillet 2012 – mars 2015 (immeuble I), juillet 2012 – novembre 2014 (immeuble J) Photographes Karin Gauch & Fabien Schwartz, Zouge (immeuble I), Niklaus Spoerri, Zurich (immeuble J)


Immeuble I, coupe

Immeuble I, niveau 0

Immeuble I, niveau 2

2724

20 m


Composition toiture: Substrat Lé de protection Étancheité Isolation avec pente Pare-vapeur OSB 15 mm Caissons préfabriqués Composition planchers: Revêtement de sol 5 mm Chape anhydrite 60 mm avec chauffage au sol Isolation phonique 20 mm Isolation thermique 30 mm OSB 15 mm Caissons préfabriqués 320 mm Composition parois extérieures : Bois massif 120–140 mm OSB 18 mm Panneau de plâtre fibrée 15 mm Montants 200-220 mm/Isolation Lé de façade Lattage 35 mm Écailles fibres-ciment 2 x 10 mm

Immeuble I, détail sur fenêtre


Immeuble J, coupe

Immeuble J, niveau 0

Immeuble J, niveau 2

2726

20 m


Composition toiture: Substrat Lé de protection Étancheité Isolation avec pente Pare-vapeur OSB 18 mm Bois massif 120–140 mm Composition planchers: Revêtement de sol Chape anhydrite 60 mm avec chauffage au sol Isolation phonique 20 mm Béton 80 mm Lé de protection OSB 18 mm Bois massif 140–180 mm Composition parois extérieures: Bois massif 80 mm Panneau lamellé-croisé 80–100 mm Montants 180 mm/Isolation Lé de façade Lattage 48 mm Écailles fibres-ciment 2 x 10 mm

Immeuble J, détail sur fenêtre


Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno Mühlebachstrasse 8 En Budron H6, CP 113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Mont sur-Lausanne Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 044 267 47 87 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch Bulletin bois, décembre 2015 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur

Rédaction Roland Brunner, Lignum, et Audanne Comment, Lignum-Cedotec Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt Medien AG, Zoug Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum

ISSN 1420-0252

Le Bulletin bois paraît quatre fois par ­année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 140.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des diffé­rents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.


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