Bulletin bois 106/2013

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Bulletin bois 106/2013 Temps libre Maison de la ‹forêt aux ours› du parc animalier Dählhölzli, Berne Observatoire, Schaffhouse Surélévation d’un bâtiment du camping, Sutz-Lattrigen Transformation et extension de l’auberge de jeunesse St-Alban, Bâle Refuge du Goûter, F-Saint-Gervais Forum Mont-Noble, Nax Centre naturel de la zone alluviale de la Thur, Flaach

Les larges baies vitrées aux cadres en chêne de l’extension de l’auberge de jeunesse St-Alban à Bâle, offrent aux hôtes un dégagement sur la frondaison des arbres. Architectes: Buchner Bründler AG Architekten BSA, Bâle


Le bois meuble nos loisirs Qu’est-ce que le temps libre? Ce terme n’a de sens que dans un contexte social. En Europe aujourd’hui, le temps libre se définit le plus souvent comme le contrepied au travail, compris comme le centre de notre action quotidienne. Il correspond donc selon notre acception, à une période dont l’individu dispose comme bon lui semble, à un temps de repos après un dur labeur. Le temps libre n’est cependant plus exploité à cette fin, mais pour une multitude d’activités: si l’on excepte bien entendu la vie familiale, sport, culture, nature ou montagne sont quelques-uns des domaines que chacun aspire à retrouver une fois la porte du bureau fermée ou l’outil rangé. Le temps de travail n’a par ailleurs cessé se de réduire au fil des décennies. Le dimanche comme unique jour de repos a été rejoint il y a bien longtemps par le samedi et aujourd’hui qui n’a pas cinq semaines de vacances est déjà presque pris en pitié. Les activités de temps libre, de loisir, procurent cependant paradoxalement du travail. Les économistes sont presque unanimes lorsqu’ils déclarent que le temps libre est, depuis les années 1970, un marché en pleine expansion. Pour ne prendre qu’un exemple, le temps libre est en Allemagne le plus gros employeur. En effet chez notre voisin du nord, près d’un poste sur six peut lui être rattaché. La demande croissante dans la valorisation du temps libre se reflète donc, entre autres, dans la nécessité de nouvelles infrastructures et parmi elles, de bâtiments spécifiques aussi variés que les activités qu’ils abritent. Le bois a-t-il un rôle à jouer dans ce marché et quelles qualités peut-il donc mettre en avant dans des programmes aussi hétéroclites, parfois contradictoires ? Il permet par exemple des réalisations légères et rapides en combinaison avec une haute efficacité énergétique. Si ces qualités se situent bien évidement au premier plan pour le refuge du Goûter, elles ne jouent clairement aucun rôle dans la maison de la forêt aux ours à Berne ou dans le théâtre à Nax. Dans ces cas, le critère décisif sera pour la première, la faculté du bois à entrer en résonnance avec un autre matériau naturel, la pierre sèche, pour le second, sa faculté à couvrir de larges espaces à un coût réduit. Concernant l’observatoire à Schaf­ fhouse, la simplicité de la construction pour aller à l’essentiel joue également un rôle de premier plan dans le choix du bois. Pour l’auberge de jeunesse de Bâle ou le camping de Sutz, c’est la facilité de façonnage du bois qui autorise des aménagements intérieurs polyvalents ou son aspect écologique qui le prédestine au revêtement de façade du centre naturel à Flaach. Au-delà de ces aspects, pour le concepteur, c’est finalement la capacité particulière du matériau bois à soutenir l’expression architecturale qui lui importe. Pour l’utilisateur qui aspire à la détente en revanche, c’est peut-être bien l’aspect chaleureux, naturel, presque enjoué du bois qui l’amène à se retrouver lui-même. Sans doute est-ce ce que chacun cherche, en définitive, dans son temps libre.

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Roland Brunner Communication technique Lignum


Maison de la ‹forêt aux ours› du parc animalier Dählhölzli, Berne Lorsqu’en 2009 la commune de Berne reçut en cadeau d’état deux oursons orphelins, il fallait trouver un écrin à la mesure de ce présent. Si le parc animalier Dählhölzi fut pressenti pour accueillir les plantigrades, il était néanmoins nécessaire d’aménager un milieu naturel adapté et de construire un bâtiment qui puisse mettre en valeur les animaux et informer les visiteurs. Pour la ville de Berne, les ours ont une signification particulière puisqu’elle en héberge depuis 1513. Cependant lorsque l’épouse du président russe a fait don au président de la ville de Berne des deux ours Misha et Masha comme cadeau d’état, il n’était pas pensable de les accueillir dans la traditionnelle fosse aux ours, car cette espèce requiert pour se développer un espace naturel accru. C’est donc dans un enclos de 6000 m2 en limite du parc animalier du Dählhölzli que les plantigrades ont élu domicile. L’intervention consistait à créer pour les deux ours bruns de Russie qui doivent se trouver toute l’année à l’air libre, un milieu attractif et proche de la nature, comparable à leur habitat traditionnel. Dans ce but, la zone forestière aux confins de la forêt du Dählhölzli a donc été aménagée pour favoriser une activité variée, avec entre autres plusieurs possibilités de bains pour les animaux. Afin d’assurer la sécurité, une clôture de 4 m avec une protection contre les fouilles ceinture l’ensemble. Les ours peuvent ainsi se mouvoir toute la journée librement dans ce vaste parc. Les anciennes installations ont été intégrées au projet et l’ensemble est désormais relié à la zone aquatique anciennement destinées aux pingouins et qui sert aujourd’hui de bio filtre. Celle-ci se prolonge au-delà de l’enclos, serpente, et borde la place sur laquelle se dressent des arbres séculaires. En limite de cet espace, la maison de la ‹forêt aux ours› rend hommage à ce précieux cadeau. L’architecture de l’ouvrage cherche à interroger la nature des vastes forêts vierges, espace de vie originel des deux ours bernois. Son essence se

révèle dans le changement de direction, les jeux d’ombres et de lumière, le sentiment tactile du bois et de la pierre et les hauteurs variables des espaces qui s’ouvrent sous la toiture. Tout jaillit de cette attitude: le changement constant, le caractère authentique, les sensations fortes. Un couloir étroit conduit à l’intérieur de l’édifice de pierre et de bois. Les parois ont le caractère des vieux murs de pierres sèches et des constructions en madrier archaïques. Tout a été monté à la main, dans le respect des règles de l‘artisanat, pierre après pierre et madrier après madrier, sans recours à des moyens de levage puissants. Des filières en bois intégrées aux murs assurent le cas échéant leur stabilisation. Parcourant le bâtiment, elles supportent un texte rédigé par deux écrivains où s’entremêlent les mots et les lettres, latines ou cyrilliques, pour signifier le pays d’origine et d’accueil des deux pensionnaires. La toiture formée de pièces de bois empilées coiffe l’ensemble et les liaisons des poutres superposées, assurées par des chevilles en bois dur, paraissent comme autant d’ornement. Par des cheminements sinueux on déambule alors d’un banc à l’autre, on trouve des niches et des cavernes avec des informations sur les ours et l’on suit la rumeur jusqu’à un petit cinéma présentant des films sur l’Est lointain de la Russie. Et lorsque l’on parvient aux façades vitrées, il est possible de profiter d’un contact direct avec l’ours et son milieu, séparé par le seul le vitrage de protection. L’ouvrage ébruite le mystère des ours et de la forêt. Ainsi le couloir étroit d’accès à la hauteur surdimensionnée prépare le visiteur à la recherche de l’essentiel et thématise l’indicible, l’esprit de la forêt, les ours, et de la Russie, qui sert de fondement au développement de l’architecture. Car dans la forêt d’autres lois s‘imposent: ici les murmures et les parfums ainsi que les jeux des lumières et des ombres imposent leur règles. Loin de tout sentier et chemin, sans dégagement sur l’horizon, la vue perd de son importance. L’ouïe et l’odorat prennent alors la relève sollici-

tés par de subtils parfums et des murmures. Chaque craquement dans le sous-bois, le froissement des feuilles, le bourdonnement des mouches, les senteurs des champignons et de la mousse humide sont à l’origine des émotions. Ils contribuent à l’orientation et à évaluer les dangers potentiels. Les ours, avec leur sens de l‘odorat particulièrement développé, sont à l’aise dans cet environnement. Les visiteurs, en revanche, n’ont pour la plupart aucune expérience des forêts profondes, habitués qu’ils sont aux stimuli visuels du quotidien. Dans ce contexte la maison aux ours est propice à une communion avec les mammifères et offre un lieu protecteur où l’on aime s’attarder et profiter du moment. Parfois on entend un craquement dans les parois en bois massif ou l’on entend siffler le vent dans les lucarnes de toiture. L’édifice développe alors un sentiment de calme et de plénitude, prémisse d’une véritable rencontre avec soi-même.

Situation

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Rez-de-chaussĂŠe accessible aux visiteurs

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10 m


Elévation façade sud-ouest

Coupe

Coupe à travers les couloirs

Coupe à travers la salle d’observation

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Coupe sur niche

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Coupe sur passage

Coupe bloc entrĂŠe


Toiture

Lieu Parc animalier Dählhölzli, 3005 Berne Maître d’ouvrage Parc animalier Dählhölzli et Office des bâtiments de la ville de Berne Architecte Architekturbüro Patrick Thurston, Berne; collaborateur: Cyrill Pfenninger, Michael Wehrli Textes gravés Beat Sterchi, Berne (auteur), et Karina Akopian, Bienne (auteur) Ingénieur civil Diggelmann & Partner, Berne Ingénieur bois Indermühle Bauingenieure, Thoune Construction Gfeller Holzbau, Worb (montage), E + F Abbundwerk, Wangen an der Aare (finitions), et Stoneworks Lippert, Evilard (murs en pierres sèches) Bois mis en oeuvre Structure: bois massif sapin blanc 180 m3 et chêne 2 m3; Lambris de toiture en épicéa 50 mm 490 m2 Coûts CFC 1 – 9 CHF 2,85 millions Coûts CFC 2 CHF 1,59 million dont CFC 214 CHF 429 100.– Surface de terrain SIA 416 6100 m2 Surface de plancher SIA 416 370 m2 Volume bâti SIA 416 2125 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 746.– Durée de construction Juin 2011 – mars 2012 Photographe Ralph Hut, Zurich

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Observatoire, Schaffhouse Situé en plein champ comme flottant au-dessus de la végétation, le nouvel observatoire de Schaffhouse permet d’accueillir les intéressés dans des conditions optimales. Simple mais parfaitement fonctionnel, il recourt au bois pour sa structure et s’entoure d’un revêtement formé de lattes ajourées prégrisées. L’ancien observatoire public de Schaffhouse datait de 1960. Sa situation centrale lui permettait d’accueillir facilement le public mais présentait aussi un inconvénient: la joie de contempler les étoiles était en effet limitée par la pollution lumineuse. De plus, le développement des arbres à proximité dissimulait une portion croissante de la voute céleste. Avec les années, une rénovation devenait en outre toujours plus urgente. Les architectes reçurent donc en 2009 le mandat direct pour une nouvelle construction à un emplacement plus favorable. La construction se situe un peu en hauteur au nord-ouest de Schaffhouse. Elle s’élève en plein champ et semble flotter au-dessus de la végétation en raison de sa fondation partiellement sur pilotis et de son socle foncé. Le nouvel observatoire, achevé en mai 2012, se compose de trois parties, enveloppées d’une façade en bois. Les locaux chauffés s’orientent au nord avec le foyer, la salle de formation, le planétarium, les sanitaires et les locaux techniques au rez, tandis que l’étage accueille l’espace de détente et la centrale de ventilation. Cette partie est en ossature bois fondée sur une dalle béton et revêtue de lattes verticales ajourées. Le planétarium s’orne quant à lui de tôles d’aluminium et héberge en toiture un espace à ciel ouvert. La plateforme d’observation orientée au sud, avec les télescopes, est fondée sur pilotis, et séparée du reste du bâtiment. Les deux télescopes, complètement indépendant du reste de l’ouvrage, prennent appui sur leur propres fondations afin d’éviter toute vibration engendrée par les visiteurs. Ils sont protégés des intempéries par une toiture escamotable en acier et en aluminium. Entre ces éléments se trouve une terrasse ouverte vers le ciel mais néanmoins protégée latéralement par les façades, qui peut être utilisée pour diverses activités. Cet espace intermédiaire permet une alternance entre le bâtiment, la nature et la voûte

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céleste constellée d‘étoile. La complexité des parties de construction a été réduite dans la mesure du possible. Ainsi tous les revêtements en OSB des éléments en caisson de toiture, des planchers ou des parois sont apparents et uniquement peints en blanc. Où cela était nécessaire en raison des directives de protection incendie exigeant des revêtements incombustibles, des plaques de plâtre fibrées ont été mises en œuvre comme parement. L’observatoire est chauffé à l’aide d’une pompe à chaleur avec sonde géothermique. La distribution de chaleur a lieu par le chauffage au sol du rez. L’éclairage a recours à des lampes basse consommation ou à des leds, en grande partie alimentées par l’installation photovoltaïque de 5 kWp située en toiture de la zone chauffée. Grâce à une technique du bâtiment judicieuse, l’ouvrage est pratiquement autonome en ce qui concerne l’énergie. La conception et la concrétisation du nouvel observatoire se sont concentrées de manière remarquable sur l’essentiel et rien n’est superflu ou luxueux. Malgré tout, le standard Minergie a été atteint sans problème.

Situation


Coupe transversale

Coupe longitudinale

Rez-de-chaussĂŠe

Etage

20 m

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Lieu Weiherweg 1, 8200 Schaffhouse Maître d’ouvrage Naturforschende Gesellschaft Schaffhausen Architecte Sandri Architekten, Peter Sandri, Schaffhouse; collaborateur: Tina Wilck, Susanne Näf, Christoph Roost Ingénieur civil Wüst Rellstab Schmid AG, Schaffhouse Ingénieur technique du bâtiment Rolf Mäder, Schaffhouse, et Daniel Meister, Schaffhouse Ingénieur électricité Kurt F. Oetterli AG, Schaffhouse Planétarium SkySkan Europe GmbH, Munich Entreprise bois Renggli AG, Sursee Bois mis en œuvre Structure: montants d’ossature 32 m3, lamibois 3 m3; Panneaux: OSB 15 mm 375 m2 et 22 mm 520 m2, plaques de plâtre fibrées 15 mm 350 m2 Coûts CFC 1 – 9 CHF 1,55 million Coûts CFC 2 CHF 1,25 million dont CFC 214 CHF 218 700.– Surface de terrain SIA 416 1290 m2 Surface bâtie SIA 416 337 m2 Surface de plancher SIA 416 451 m2 Volume bâti SIA 416 1521 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 822.– Durée de construction Septembre 2011 – mai 2012 Photographes Peter Sandri et Christoph Roost, Sandri Architekten, Schaffhouse

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Composition toiture: Gravier 40 mm Etanchéité Isolation 160 mm Frein vapeur Eléments en caisson: OSB 22 mm nervures 280 mm/Isolation 60 mm OSB 22 mm, peint Plaque de plâtre fibrée 15 mm (en fonction de la partie de construction) Composition plancher: Revêtement de sol 2 mm Lé de séparation 5,4 mm Plaque de plâtre fibrée 15 mm Elément en caisson: OSB 22 mm nervures 280 mm/Isolation 60 mm OSB 22 mm, peint Composition paroi extérieure: OSB 22 mm, peint, ou revêtu d’une plaque de plâtre fibrée 15 mm Frein vapeur Montants 220 mm/Isolation OSB 15 mm Papier coupe-vent Lattage 30 mm, vertical Lattage 30 mm, horizontal Lambris 30 mm Composition plancher du rez: Chape ciment 80 mm, teintée dans la masse, avec chauffage au sol Frein vapeur Isolation 160 mm Lé d‘étanchéité Béton armé 250 mm Béton maigre 50 mm Grave 250 mm

Coupe façade foyer-entrée

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Surélévation du bâtiment d’infrastructure du camping de Sutz, Sutz-Lattrigen La surélévation, réalisée en 2012, est destinée à augmenter les capacités d’hébergement du camping de la bourgeoisie de Sutz, sur les rives du lac de Bienne. L’extension s’appuie sur le socle réalisé dans une première étape en 2004. Puisque la surélévation avait déjà été envisagée lors de la première étape, les paramètres de la distribution et de la technique du bâtiment étaient fixés. Ceux-ci ont été intégrés dans la deuxième phase de conception, tout comme les changements de programme intervenus ultérieurement. Les architectes ont nommé le bâtiment D3 du camping ‹Grand Sachem›. Avec ce surnom, ils font référence aux atours dont ils ont paré l’ouvrage. Ainsi au-dessus du socle massif en béton, des éléments cylindriques en bois, dans une succession rapprochée, habillent l’étage. Cet attribut rappelle les plumes de la parure du chef indien et évoque la vie dans les tipis, l’association étroite avec la nature et le grand air, autant d’ambiances qui s’adaptent parfaitement au contexte d’un camping. La surélévation accueille, hormis sept chambres à trois lits et quatre chambres doubles avec salle de bain et loggia, un local polyvalent avec cuisine qui se prolonge par une terrasse. Un bureau pour l’administration prend également place au même niveau. L’accès à la surélévation a lieu par un escalier droit auquel on accède au rez à travers une porte vitrée. Un corridor central de largeur variable dessert l’ensemble des pièces. Des ouvertures disposées en pignon, derrière les rondins de façade, procurent une lumière tamisée à cet espace. Au contraire, dans les chambres, de vastes fenêtres en bandeau offrent une large vue sur la nature proche et lointaine. Les diverses fonctions des espace sont signalées au sol par les différences de teinte des chapes. Quelques aménagements précis, comme les portes gris clair, les placards intégrés ou le mo-

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bilier sur mesure en panneau de contreplaqué, contrastent avec l’esthétisme épuré des espaces et leur confèrent une certaine noblesse. Afin de respecter les délais de construction particulièrement réduits, le choix des concepteur s’est porté sur un réalisation en ossature. L’architecture et l’atmosphère des espaces résultent de ce choix constructif. Les panneaux trois plis des revêtements intérieurs des ossatures stabilisent les éléments préfabriqués et cons­ tituent dans le même temps les parements finaux des parois et des plafonds. Le calepinage de ces plaques procurent – en relation aux cadres et aux allèges de fenêtre – une échelle différenciée aux espaces dont les matériaux sont laissés largement bruts. Ce mode constructif simple fait l’impasse sur un habillage intérieur supplémentaire, et évite tout risque lié à la physique du bâtiment par le choix d’une composition ouverte à la diffusion. Ainsi l’ensemble des éléments de parois ou de toiture sont isolés par de la fibre de cellulose. Le revêtement extérieur des parties de construction est assuré par un lambris en diagonale en sapin/épicéa qui assure ainsi la perméabilité nécessaire. Au contraire des façades ventilées, une variante de toiture chaude a été retenue: la problématique de la diffusion de vapeur a été prise en compte par la mise en œuvre d’un frein vapeur et par une couche d’isolation supérieure de 60 mm posée en pleine surface. Pour cette réalisation la conception et la construction ont revêtu une importance égale. Il semble même que la logique constructive ait soutenu l’architecture, dans une volonté commune d’atteindre un ensemble cohérent.

Situation


Lieu Kirchrain 40, 2572 Sutz-Lattrigen Maître d’ouvrage Burgergemeinde Sutz-Lattrigen; direction de projet: André Wält Architecte Bart & Buchhofer Architekten AG, Bienne; équipe de projet: Stephan Buchhofer, Florian Wittwer Entreprise bois schaerholzbau AG, Altbüron Bois mis en œuvre Bois massif 35 m3; Panneaux: trois plis 19 mm et 27 mm 1260 m2; lambris 22 mm 740 m2; Revêtement de façade: bois demi-ronds 670 pièces Coûts CFC 2 CHF 1,7 million (surélévation) dont CFC 214 CHF 370 000.– (surélévation) Surface de plancher SIA 416 504 m2 (surélévation) Volume bâti SIA 416 1885 m3 (surélévation) Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 900.– (surélévation) Durée de construction Mars – juillet 2012 Photographe Thomas Jantscher, Colombier

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Coupe

Coupe longitudinale

Etage surélévation

Rez-de-chaussée existant

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20 m


Composition toiture: Végétation extensive 80 mm Etanchéité Isolation 60 mm, avec forme de pente Frein vapeur Eléments en caisson: lambris diagonal 22 mm, brut de sciage nervure 240 mm/Isolation lé d’étanchéité à l’air panneau trois plis 27 mm, apparent Composition paroi extérieure: Panneau trois plis 19 mm, apparent Montants 220 mm/Isolation Lambris diagonal 22 mm, brut de sciage Coupe-vent Lattage vertical 10 mm, Lattage horizontal 40 mm, imprégné en autoclave Bois demi-ronds d = 100 mm, imprégnés en autoclave Composition dalle sur existant: Chape anhydre 70 mm Résilient acoustique 20 mm Béton léger 175 mm Béton armé existant 220 mm

Coupe façade

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Transformation et extension de l’auberge de jeunesse St-Alban, Bâle Avec ses espaces spacieux et lumineux, cette ancienne soierie construite en 1850/1851 apparaît comme un archétype des bâtiments industriels de cette époque. Elle fut transformée en 1979/80 en auberge de jeunesse. Devant la hausse constante de la fréquentation et afin de mettre les installations en conformité avec les critères contemporains d’hébergement, le maître de l’ouvrage a initié en 2007 un concours d’architecte sur invitation afin de procéder à la réhabilitation de l’ensemble. Si les façades de l’édifice furent largement conservées par l’intervention précédente, tel ne n’était pas le cas de l’intérieur qui, profondément remanié, ne conservait pratiquement rien des aménagements originaux. La ligne conductrice de l’intervention a donc résidé dans la clarification des relations spatiales intérieures, la mise en valeur de la qualité contextuelle du bâtiment ainsi que dans l’extension nécessaire des espaces. Si l’on fait abstraction de la nouvelle construction qui s’est greffée à l’ouest, l’opération la plus importante a consisté à modifier l’accès à l’auberge de jeunesse. Le bâtiment s’oriente désormais vers l’espace public et on l’atteint depuis la place arborée voisine en franchissant une passerelle qui enjambe le chenal jouxtant l’établissement. Grâce au recul qu’elle autorise, elle rend la qualité de l’ouvrage perceptible au visiteur avant même qu’il ne pénètre dans le bâtiment. Le canal n’est plus seulement situé à l’arrière du bâtiment, inerte et inutile, mais grâce à la passerelle, il acquiert une fonction clé dans l’ambiance du lieu. La passerelle se développe ensuite en surplomb, le long de la face nord du bâtiment. A son extrémité se trouve la terrasse semi-publique de l’auberge de jeunesse. Les lames de chêne en portique qui habillent la passerelle et l’extension forment le lien entre ces éléments et matérialisent comme une parenthèse autour de l’immeuble originel en

briques rouges. Rappelant les troncs et branches des arbres alentours, ces composants verticaux créent la transition entre l’espace interne et externe. A l’intérieur de l’auberge la nouvelle organisation offre de la générosité aux espaces d’accueil. Tous les secteurs fonctionnels tels que les bureaux, la salle de séminaire et les distributions verticales ont été placés désormais au sud, du côté de la colline. La structure initiale avec les voûtes de la cave aux teinturiers et les poteaux existants ont été mis au jour et les cloisons de séparation ont disparu. Les hôtes profitent alors d’un espace continu, de la réception, à travers la cave des teinturiers, jusqu’à l’espace couvert à l’extrémité du bâtiment. Des portes fenêtres de plain-pied ouvrent complètement le foyer qui fait face à la passerelle et permettent de le prolonger temporairement jusqu’au canal. Les 48 chambres de l’ancien établissement pour un total de 195 lits ont été réorganisées. Chaque chambre comprend dorénavant une zone tampon en contreplaqué de pin maritime entre le corridor public et l’intimité de la chambre. Cet espace abrite la zone humide avec un lavabo, ainsi qu’une armoire à bagage, séparé de la chambre à proprement parler par une porte coulissante. Malgré la proportion réduite des pièces, cette configuration procure aux clients un sentiment d’espace. La structure de ces étages est entièrement réalisée en maçonnerie silico-calcaire lasurée de blanc. Contrastant avec les cloisons en bois et les portes en fer brut des douches communes, les portes en chêne des chambres, mises en retrait du corridor, marquent de leur empreinte ces niveaux aux teintes claires. L’extension accueille au total 21 chambres pour 42 lits. Le béton apparent et le chêne sont ici les matériaux dominants. Chaque chambre double profite d’une petite salle de bain et en façade, de larges baies vitrées aux cadres en chêne

qui s’étendent sur la hauteur de l’étage. Les chambres pourtant simples offrent ainsi aux hôtes un vaste dégagement sur les espaces extérieurs qui, grâce à la frondaison des arbres, baignent les pièces de reflets apaisants. Grâce au filtre constitué par les lames verticales disposées en façade, les occupants profitent d’une intimité accrue ainsi que du luxe des espaces extérieurs. Cet étagement offre de la profondeur à la façade qui, considérée de l’extérieur, semble disparaître dans le vert profond. Dans toutes les interventions sur l’existant ainsi que dans le rendu de l’extension, une matérialisation directe, robuste et tactile a été mise au premier plan. Par analogie au passé industriel du bâtiment, une expression brute et intacte de l’architecture a été recherchée qui prenne en compte de manière pragmatique les exigences fonctionnelles de l’auberge de jeunesse, d’une part, et d’autre part, permette une expérience immédiate des matériaux.

Situation

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Coupe

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Rez-de-chaussée

1er Etage

Elevation façade nord

20 m

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Détail du cheminement de la passerelle/coursive: les porteurs HEB, encastrés dans la maçonnerie, sont surmontés d'une grille de planches en chêne de 40 mm d'épaisseur. Le garde-corps est constitué d'un treillis en acier chromé fixé aux portiques formés de lamelles de chêne de 80 x 240 mm de section.

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Lieu St.-Alban-Kirchrain 10, 4052 Bâle Maître d’ouvrage Fondation suisse pour le tourisme social, Zurich Architecte Buchner Bründler AG Architekten BSA, Bâle; direction de projet: Sebastian Pitz, Thomas Klement; étude: Daniel Buchner, Hellade Miozzari, Christoph Hiestand, Beda Klein; exécution: Daniel Buchner, Sebastien Pitz, Thomas Klement, Jenny Jenisch, Hellade Miozzari, Daniel Dratz, Florian Rink, Claudia Furer, Annika Stötzel, Konstantin König, Oliver Teiml Ingénieur civil Walter Mory Maier Bauingenieure AG, Münchenstein Acoustique applied acoustics GmbH, Gelterkinden Physique du bâtiment Gartenmann Engineering AG, Bâle Chauffage/ventilation Zurfluh Lottenbach GmbH, Lucerne Sanitaire/électricité Ingenieurbüro Hanimann, Zweisimmen Protection incendie Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See Entreprise bois Hürzeler Holzbau AG, Magden (passerelle et portiques), Schreinerei Schneider AG, Pratteln (fenêtres), Bach Heiden AG, Heiden (portes), Lachenmeier AG, Bâle (aménagement intérieur) Bois mis en œuvre Chêne massif 17,7 m3; Panneaux contreplaqués en pin maritime 21 mm et 24 mm 1500 m2; Portes intèrieurs 103 pièces Coûts CFC 1 – 9 CHF 10,5 millions Coûts CFC 2 CHF 9,3 millions Surface de terrain SIA 416 1164 m2 Surface bâtie 950 m2 Surface de plancher SIA 416 4039 m2 (total), 835 m2 (extension), 3204 m2 (existant) Volume bâti SIA 416 11 520 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 810.– Durée de construction Janvier 2009 – mars 2010 Photographe Ruedi Walti, Bâle

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Refuge du Goûter, St-Gervais (FR) Situé sur une arête, comme suspendu dans le vide le long de la légendaire ‹Voie royale› qui conduit au toit de l’Europe, le nouveau refuge du Goûter apparaît comme un ovoïde futuriste. Il héberge dorénavant les alpinistes dans un lieu accueillant, bénéficiant des dernières technologies constructives et énergétiques. Construit à 3850 m dans des conditions extrêmes, sa réalisation a nécessité un engagement soutenu de tous les intervenants. La première construction sur l’arête du Goûter date de 1854. Ce n’est alors qu’une simple hutte de pierre n’offrant qu’un abri précaire à ceux qui tentent l’ascension du Mont-Blanc par cette voie moins astreignante que l’accès direct par Chamonix. Durant le siècle dernier, les constructions vont se succéder jusqu’au refuge de 1962, qui fait figure à l’époque de construction d’avant-garde. Mais le public toujours plus nombreux le rend bientôt exigu. La construction dans les années 1990 d’une annexe ne sera qu’un pis-aller, si bien que le Club Alpin Français, maître d’ouvrage, va envisager la construction d’un nouveau refuge, moderne, confortable et disposant d’une capacité d’accueil suffisante. Une fois la décision prise, il faudra plus de six ans aux concepteurs pour mettre sur pied ce projet de tous les superlatifs. Extérieurement le refuge se présente comme un ovoïde dont la forme est étudiée pour offrir une faible emprise aux vents violents pouvant atteindre plus de 240 km/h. Au vu des difficultés d’approvisionnement en matériaux à cette altitude, la légè­ reté du bois le prédestinait naturellement à la structure. Le souci écologique a conduit au choix d’une essence locale, l’épicéa certifié BQS (bois qualité Savoie), les pièces soumises aux intempéries étant réalisées en mélèze ou en douglas.

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La structure est composée de cadres en lamellé collé, liés par tiges filetées encollées. Les tronçons sont préassemblés en plaine et acheminés par hélicoptère, tout comme l’ensemble des matériaux de construction, sur la plateforme où l’assemblage final entre les composants a lieu. Les planchers sont constitués d’éléments à caisson qui possèdent une capacité portante élevée pour un poids réduit. L’isolation est assurée par des panneaux de fibres de bois qui ont été retenus pour leur faculté perspirante et pour leur haute capacité thermique qui permet d’emmagasiner la chaleur la journée lorsque le soleil frappe les tôles de revêtement pour la restituer la nuit. Pour le revêtement à facettes de l’enveloppe, c’est la variante en tôles inox qui a été retenue pour ses qualités en termes de pérennité. Les joints entre les plaques sont conçus en creux afin de réduire au minimum la prise au vent des façades. La structure prend appui sur une fondation en treillis métallique à demi suspendue dans le vide. Le premier niveau comprend la zone d’entrée avec les vestiaires et les locaux techniques. On accède ensuite par l’escalier intérieur au 2e niveau qui accueille le réfectoire de 120 places, la cuisine ainsi que le desk d’accueil et le bar. Les niveaux 3 et 4 hébergent quant à eux les dortoirs et le logement du gardien. Toutes les garanties sont offertes en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne la protection incendie dans ces lieux où l’évacuation des occupants peut être problématique. La résistance au feu du système porteur et du compartimentage coupe-feu est ainsi de 60 minutes et la construction de 1990, désormais inoccupée, est cependant conservée comme abri de sécurité. Trois saisons printemps-été ont été nécessaires pour achever l’édifice, la période où l’intervention des ouvriers est possible se limitant à cinq mois par an. Jusqu’à la pose du toit et des fenêtres, les conditions météo extrêmes à cette

altitude, la température moyenne n’excédant pas 7°, ont soumis les artisans à rude épreuve, les contraignant parfois à interrompre les travaux. En hiver, si le travail cesse en altitude laissant la montagne retourner à sa solitude glacée, les hommes s’affairent alors en plaine pour préparer les éléments qui seront montés lors de la prochaine période estivale. Cette construction est écologiquement exemplaire tant par le matériau mis en œuvre, le bois, que par son autonomie énergétique. En effet, elle fait la part belle au solaire grâce aux panneaux photovoltaïques et thermiques qui assurent non seulement l’alimentation électrique mais également l’eau chaude sanitaire et le fonctionnement du fondoir qui approvisionne le refuge en eau.

Situation


Lieu Aiguille du Gouter, FR-74170 Saint-Gervais Maître d’ouvrage FFCAM (Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne), Paris Architecte Groupe H, Paris et Deca-laage, Chamonix (FR) Cellule de pilotage Thomas Büchi, Hervé Dessimoz, Bernard Benoit Ingénieur bois Charpente Concept France SAS, St.Pierre-en-Faucigny (FR); collaborateur responsable: Thomas Büchi Ingénieur civil Betech Sàrl, Annemasse (FR) Ingénieur CVSE Cabinet Strem, Lyon (FR) Entreprise bois Labat & Sierra, Silligny (FR), CBA Montagne, Saint Jean d’Avelanne (FR) et Dasta Charpentes Bois SA, Plan-les-Ouates Bois mis en œuvre Structure: BLC mélèze/douglas 45 m3, épicéa 400 m3; Panneaux: OSB 15 mm 1300 m2; Plancher: caissons alvéolaires préfabriqués 685 m2; Revêtement de façade: tôle inox Coûts CFC 2 CHF 6,0 millions dont CFC 214 CHF 2,7 millions Surface de plancher SIA 416 681 m2 Volume bâti SIA 416 3040 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 1970.– Durée de construction Juin 2009 – août 2012 Photographe Lucien Fortunati, Epagny (FR)

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Niveau accès

1er étage

Coupe longitudinale

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2e étage

3e étage

20 m

Coupe transversale

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Composition toiture: Revêtement en tôle inox Panneau trois plis 27 mm Lattage 27 mm Lattage 120 mm Lé d’étanchéité Isolation fibre de bois 80 mm OSB 22 mm Nervures 250 mm/Isolation Frein vapeur OSB 18 mm

Détail

Composition plancher sur vide: Revêtement de sol OSB 25 mm Isolation 80 mm Lé d’étanchéité Sommiers BLC 240 x 520 mm / Eléments en caisson 250 mm, isolés Composition paroi extérieure: OSB 18 mm Frein vapeur Montants 200 mm/Isolation fibre de bois Isolation fibre de bois 80 mm Lé de façade Lattage 27 mm, vertical Lattage 120 mm, horizontal Panneau trois plis 27 mm Revêtement tôles inox Revêtement intérieur de paroi dans le réfectoire: Lambris bois 15 x 120 mm, 15 mm d’intervalle Lé noir Isolation 30 mm

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AxonomĂŠtrie de la structure

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Forum Mont-Noble, Nax Sur le plateau de Tsébetta un couvert polyvalent abrite des manifestations musicales et théâtrales durant l’été. Avec la maison de la nature, il complète le centre culturel et de loisirs de l’Espace Mont-Noble. Simple et raffiné, cet abri permet des représentations avec les Alpes en toile de fond, dans un espace en phase avec son environnement. La commune de Mont-Noble, issue de la fusion de Nax, Vernamiège et Mase, constitue désormais une entité située aux portes du Val d’Hérens. Afin de compléter l’infrastructure de la nouvelle commune et accueillir des manifestations culturelles, la fondation Tsébetta, dont le but est la sauvegarde et mise en valeur du plateau éponyme en tant que site naturel, de délassement et de jeu en plein air, a souhaité réaliser un ouvrage polyvalent. Il s’agissait de maximiser l’espace disponible tout en conservant une grande simplicité afin de limiter les coûts. Pas d’isolation ou d’infrastructures coûteuses, mais un bâtiment aux multiples usages, susceptible d’accueillir des représentations théâtrales ou des expositions, qui semble vouloir prolonger l’espace naturel environnant. Ainsi la façade n’est pas close par un revêtement opaque mais par des tentures qui, glissant le long des poteaux de la structure, permettent aux spectateurs de découvrir en lever de rideau, les Alpes en arrière plan par-delà la vallée du Rhône. Ces éléments protègent également la scène et les spectateurs en cas d’intempéries, tout comme le vaste avant-toit en façade ouest. Le plancher de la scène, formé de lames de sapin, se prolonge à l’extérieur par des espaces recouverts de gravier ou de copeaux de bois. La protection constructive des détails est réduite au minimum, cette conception intègrant les spécificités climatiques locales, une atmosphère froide et sèche, pour assurer la pérennité de l’ensemble. Les pieds de poteaux s’appuient ainsi directement sur une filière en béton, protégés néanmoins en façade ouest par la saillie de la toiture. Les gradins, pour ainsi dire recyclés puisqu’ils ont été acquis pour un franc symbolique,

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occupent une niche qui reste ouverte sur le côté donnant vers la nature. Sur l’autre face, un bloc construit intègre le bar et protège les spectateurs de la place munie de tables et de bancs qui jouxte la construction et accueille à l’occasion les promeneurs. A l’arrière, l’estrade s’adosse à un ensemble où sont aménagés la régie et différents locaux technique à l’étage, tandis que le rez accueille un dépôt communal. Le thème des lamelles verticales qui composent les façades de la maison de la nature voisine, est repris et adapté au nouveau bâtiment. La partie principale ouverte de l’édifice abritant la scène et les gradins est constituée de cadres en lamellé collé qui structurent la façade et délimitent l’espace sans l’enfermer. Ils définissent une façade transparente et un espace fluide en continuité avec la place et le paysage. Les contreventements en barres d’acier élancées, grâce à leur logique constructive respectée, s’intègrent

Situation

parfaitement à l’ensemble. Pour la partie arrière, vers la déclivité, la typologie est conservée, mais les montants d’ossature resserrés semblent vouloir accélérer le rythme de la structure. En l’absence d’isolation ce sont les panneaux de fermeture et de stabilisation qui assurent la peau de façade. Au rez, en correspondance du bar, ils aménagent en pivotant le comptoir et un auvent accueillant les convives. Le bois reste naturel, son vieillissement faisant partie intégrante de la scénographie du lieu. Le traitement sensible de l’ensemble et le soin apporté à la réalisation des détails a valu à l’ouvrage d’être distingué comme Premier prix de la région ouest par le jury du Prix Lignum 2012.


Coupe longitudinale

Niveau scène

Etage

10 m

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Composition toiture: Lé d’étanchéité Panneau trois plis 42 mm Sommier BLC 140 x 460 - 1000 mm Composition parois extérieures: Montants d’ossature 80 x 160 mm Panneau trois plis 27 mm Composition planchers: Panneaux trois plis 27 mm Solives 140 x 240 mm

Coupe façade

Lieu Forum Mont Noble, plateau de Tsébetta, 1973 Nax Maître d’ouvrage Fondation Tsébetta, Nax Architecte schmid + jimenez architectes, Nax Direction des travaux schmid + jimenez architectes, Nax, et Blanc & Schmid SA, Nax Ingénieur civil et bois bertrand granges ingénieurs conseils SA, Sion Entreprise bois Astori Frères SA, Sion (charpente), Pralong Moix & cie SA, Euseigne (menuiserie) Bois mis en œuvre Structure: BLC et ossature duo épicéa 64 m3; Panneaux: trois plis 27 mm 1000 m2, OSB 15 mm 200 m2; Revêtement de sol: sapin massif 215 m2 (scène) trois plis 27 mm 150 m2 (étage) Coûts CFC 2 CHF 612 000.– dont CFC 214 CHF 241 000.– (charpente), CHF 91 000.– (menuiserie) Surface de plancher SIA 416 616 m2 Volume bâti SIA 416 2781 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 220.– Durée de construction Mai 2010 – juillet 2010 Photographe Alexandar Kortus, Genève

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Centre naturel de la zone alluviale de la Thur, Flaach Afin de protéger la vallée de la Thur des inondations, la rivière a été revitalisée en cinq étapes de 1983 à 2005. Depuis 2006, la sixième et dernière section, entre Kleinandelfingen et le Rhin est mise en œuvre vraisemblablement jusqu’en 2020. La rivière forme ici la plus grande zone alluviale du Plateau suisse, proposant ainsi des milieux naturels particulièrement riches en biodiversité. Les mesures d’assainissement et de renaturalisation visaient à concilier quatre objectifs: protéger le territoire de la zone alluviale de la Thur entre Ellikon am Rhein et Flaach des hautes eaux, revitaliser la Thur, améliorer les conditions de production agricoles dans les zones d’Ellikon et de Flaach ainsi que conserver les zones alluviales comme lieu de villégiature permettant aux visiteurs un contact avec la nature. Afin de présenter les richesses de ces lieux, un centre naturel a été créé un peu en aval du secteur, profitant de la proximité d’infrastructures touristiques existantes. L’intervention a permis également de moderniser celles-ci et d’offrir ainsi un ensemble cohérent aux visiteurs. Le projet, important pour la région de Flaach, se divise donc en plusieurs parties: au sud la zone des bains avec les bâtiments des vestiaires, au milieu le restaurant qui s’oriente vers le Rhin et le centre de nature qui accueille des expositions, et finalement au nord, la place de camping avec le bâtiment de réception et les deux blocs sanitaires. Pour l’ensemble du périmètre un aménagement

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paysager de qualité supérieure a été conçu avec des zones de compensation et de reboisement, les différentes espèces sélectionnées étant adaptées au contexte local. L’accès principal et les zones de stationnement sont prévus pour recevoir des voitures comme des bus, et l’ensemble est accessible en vélo ou en transports publics. Dans le secteur des bains, la piscine a été rénovée et approfondie. Un nouveau vestiaire a été créé et certains équipements ont été modernisés, à l’image du système de traitement de l’eau, qui est maintenant à la pointe de la technologie. Le nouveau bâtiment du restaurant accueille dorénavant un magasin pour le camping et un kiosque. La salle à manger a une capacité de 100 convives et la terrasse accueille 80 personnes supplémentaires. Depuis le salon-bar aménagé de façon confortable, il est même possible de profiter pleinement du paysage rhénan. A l’étage se trouvent une salle de formation pour 40 personnes et des bureaux pour les guides du centre et la direction. Une exposition permanente sur les zones alluviales de la Thur, accessible à chacun, prend place à l’intérieur du centre naturel, qui accueille également des expositions temporaires au sein des 270 m2 de la zone d’information. Une réception centrale oriente les visiteurs sur les activités proposées. Une passerelle reliée à la toiture du bâtiment permet d’atteindre directement une tour d’observation de 14 m de haut, depuis laquelle on profite d’une vue dégagée sur la zone alluviale. On accède ensuite au sentier didactique en empruntant un escalier.

Un peu plus loin, le bâtiment d’accueil du Touring Club suisse est le bureau de coordination du camping. Il comprend une salle de détente spacieuse ainsi que les pièces de service avec vestiaire, cuisine, ainsi que des bureaux. Un bâtiment sanitaire supplémentaire permet en outre à l’établissement de satisfaire aux exigences d’un camping quatre étoiles. L’architecture a été choisie de telle manière qu’elle s’insère dans la nature et en particulier dans la végétation existante. Dans cet aménagement, le bois domine. Pour les bâtiments, la plupart en construction bois, du sapin blanc et du pin ont été mis en œuvre, cette dernière essence est également utilisée pour les revêtements de façade de l’ensemble. De vastes avant-toits, prenant appuis sur des poteaux de sapin blanc juste écorcés, invitent à la détente. Les espaces intérieurs et extérieurs fusionnent à travers les larges baies vitrées, de sorte que le vaste et généreux paysage se reflète dans l’expression des bâtiments. Le bois, abattu à proximité, provient des forêts de la Thur. L’ensemble du façonnage a eu lieu en suivant les phases de la lune. Après le séchage à l’air, le bois a été transformé en planches, en équarris et en lamellé collé ou laissé en fût et préparé pour le montage. De manière cohérente avec la destination du centre, le chauffage des bâtiments est assuré par une pompe à chaleur, en profitant de l’eau du Rhin et c’est logiquement que l’ensemble des installations respectent les standards les plus modernes en matière d’accès aux personnes à mobilité réduite.


LÊgende A Bain de Flaach B Restaurant C Centre naturel D Passerelle et tour de centre naturel E Parc du centre naturel F Bâtiment d'accueil camping G Sanitaires H Camping I Rhin

Plan de repĂŠrage

2321


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Lieu Steubisallmend 2, 8416 Flaach Maîtres d’ouvrage Commune de Flaach (bâtiment d’exploitation bain), cantone de Zurich (centre naturel), Stiftung PanEco, Berg am Irchel (restaurant, commerce du camping, kiosque, sentier didactique, passerelle et tour), et TCS Camping (bâtiment d’accueil et installations sanitaires); Représentant PanEco: Urs Tappolet, Rüdlingen Architectes Aluba AG, Flaach (restaurant, commerce, kiosque et centre naturel), Christian Schüpbach AG, Alten (bâtiment d’accueil et installations sanitaires), Hunziker Betatech AG, Winterthur (bâtiment exploitation des bains et installation des bains), et Josef Kolb AG, Romanshorn, et Ueli Rhiner, Sax (passerelle et tour) Architecte paysagiste Semalit Landschaftsarchitektur AG, Winterthur Architecte d‘intérieur/exposition Martin Birrer Design, Bern (restaurant, commerce, kiosque et centre naturel) Ingénieur civil Hunziker Betatech AG, Winterthour (bâtiment d’exploitation des bains, restaurant, commerce, kiosque, centre naturel, bâtiment d’accueil et installations sanitaires), Wagner + Brühwiler AG, Gossau (tour) Ingénieur électricité WKS Elektroplanung AG, Schaffhouse (bâtiment exploitation des bains, centre naturel, restaurant, commerce, kiosque, bâtiment d’accueil et installations sanitaires) Ingénieur technique du bâtiment Müller + Pletscher AG, HLKK-Ingenieure, Winterthour (bâtiment d’exploitation des bains, centre naturel, restaurant, commerce, kiosque, bâtiment d’accueil et installations sanitaires) Ingénieur bois Josef Kolb AG, Romanshorn (bâtiment d’exploitation des bains, restaurant, commerce, kiosque, centre naturel, passerelle et tour, bâtiment d’accueil et installations sanitaires) Entreprise bois Bosshard Söhne AG, Buch am Irchel (bâtiment d’exploitation des bains, restaurant, commerce, kiosque, centre naturel), Kaufmann Oberholzer, Schönenberg/Roggwil (plancher du restaurant, commerce, kiosque et centre naturel), Knecht AG, Oberwil (passerelle et tour, bâtiment d’accueil et installations sanitaires)

Bois mis en œuvre Structure: BLC 148 m3, bois massif recollé 46 m3, pin massif 30 m3, poteaux en fûts 11 m3; Panneaux: trois plis 27 mm 2800 m2, lamibois 27 mm 740 m2, OSB 15 mm et 18 mm 1330 m2, plaques de plâtre fibrées 15 mm 1000 m2; Lambris en pin 1690 m2 (bâtiment d'exploitation bain, restaurant et centre naturel) Coûts CFC 2 CHF 3,23 Mio. (restaurant), CHF 0,88 Mio. (centre naturel), CHF 0,95 Mio. (bâtiment d’accueil), CHF 0,83 Mio. (installations sanitaires) et CHF 0,34 Mio. (passerelle et tour) dont CFC 214 CHF 580 000.– (restaurant), CHF 320 000.– (centre naturel), CHF 253 000.– (bâtiment d’accueil), CHF 243 000.– (installations sanitaires) et CHF 228 000.– (passerelle et tour) Surface de plancher SIA 416 1026 m2 et 993 m2 (restaurant et centre naturel, intérieur et extérieur), 218 m2 (bâtiment d’accueil), 253 m2 (installations sanitaires) Volume bâti SIA 416 5702 m3 (restaurant et centre naturel), 1516 m3 (bâtiment d’accueil), 1138 m3 (installations sanitaires) Durée de construction Octobre 2010 – août 2011 (bâtiment d’exploitation bain, restaurant, centre naturel et bâtiment d’accueil), mars – mai 2012 (installations sanitaires), juillet – août 2011 (passerelle et tour) Photographes Stiftung PanEco, Berg am Irchel, Urs Tappolet, Rüdlingen, Josef Kolb AG, Romanshorn, Christian Schüpbach AG, Alten, et Boris Golz, Arnsberg (D)

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Batiment d’accueil: rez-de-chaussée 10 m

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Passerelle et tour: situation

Passerelle et tour: élévation

20 m

Passerelle et tour: coupe

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Centre naturel et restaurant: rez-de-chaussée

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Centre naturel et restaurant: étage


Centre naturel et restaurant: coupe

20 m

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Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno Mühlebachstrasse 8 En Budron H6, CP 113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Mont sur-Lausanne Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 044 267 47 87 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch Bulletin bois, mars 2013 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur

Rédaction Roland Brunner, Lignum, et Denis Pflug, Lignum-Cedotec Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt-Zehnder-Druck AG, Zoug Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum

ISSN 1420-0252

Le Bulletin bois paraît quatre fois par ­année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 140.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des diffé­rents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.


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